IN TME CUSTODY OFThE
BOSTON PUBLIC LIBRARY.
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LE
GRAND DICTIONAIRE
STORIQUE,
T> I X I E M E E D I T I O iJy
Où l'on a mis le Supplément dans le même ordre Alphabétique,
corrigé les fautes cenfurées dans le Did:ionaire Critique de
Mr. Bayle, & grand nombre d'autres , et ajoute'
PLUS DE 6ooArTICLES ET ReMARQJJES
IMPORTANTES.
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TOME (QUATRIEME.
Digitizëd by the Internet Archive
in 2009
Iittp://www.arcliive.org/details/legranddictionai04mor
LE GRAND DICTIONAI
HISTORIQUE,
OU
LE MÉLANGE CURIEUX
LHISTOIRE SACRÉE
ET PROF AN E. ^^-^
QV I CO NTIENT EN A'BREGÉ >é4 f
LES VIES ET LES ACTIONS REMARQUABLES
Des Patriarches, des Juges, des Rois des Juifs, des Papes , des faints Percs & anciens Doâeurs Orthodoxes ; des Evêques, des
Cardinaux , &c autres Prélats célèbres j des Hérefiarques & des Schifmatiques, avec leurs principaux Dogmes :
Des Empereurs, des Rois, des Princes illuftres,& des grands Capitaines:
Des Auteurs anciens & modernes , des Philofophes , des Inventeurs des Arts , & de ceux qui fe font rendus recommandâblesi
en toutes fortes de Profeffions , par leur Science , par leurs Ouvrages , ou par quelque aftion éclatante.
L'ETABLISSEMENT ET LE PROGRES
Des Ordres Religieux Se Militaires , & la Vie de leurs Fondateurs.
LES GENEALOGIES
De plufieurs Familles illuftres de France & d'autres Pais.
L'HISTOIRE FABULEUSE
Des Dieux , & des Héros de l'Antiquité Païennei
LA DESCRIPTION
Des Empires, Royaumes, Républiques, Provinces, Villes, Ifles, Montagnes, Fleuves, & autres lieux confiderabîes de
l'ancienne & nouvelle Géographie , où l'on remarque la fituation , l'étendue & la qualité du Pais , la Religion , le Gouver-
nement, les mœurs & les coutumes des Peuples. Oti l'on voit les Dignitez: Les Magiftratures ou Titres d'Honneur : Les
Religions & Sedes des Chrétiens , des Juifs & des Païens : Les Principaux Noms des Arts & des Sciences : Les Adions
publiques & folemnelles : Les Jeux: lesFêtes,&c. Les Edits & les Loix, dont l'Hiftoireeftcurieufej Et autres Chofes,
& Aâions remarquables.
AVEC
L^Hiftoire des Conciles Généraux & Particuliers , fous le nom des lieux où ils ont été tenus.
Le tout enrichi de Remarques ^ de Recherches curieufes , pour l'é clair cijfement des difficultés
de l'HiJioirey de la Chronologie , ^S de la Géographie.
Par M^LOUIS MORERI, Prêtre, Dodeur en Théologie.
DIXIE' ME EDITION où l'on a mis le Supplément dans le même ordre Alphabétique , corrigé les fautes cenfurées
dans le Diftionaire Critique de Mr. Bayle, & grand nombre d'autres , & ajoute' plus de éoo
Articles et Remar qjj esImportantes.
TOME QUATRIEME.
Pierre Brunel, R. & G. WetsteiN;,
r riERRE tîRUNEL, K. K \j. WETSTEIN
A AMSTERDAM Chez >
t David Mortier, Pierre de Coup.
A LA HATE Chez f Adrien Moetjens, L. & R Van Dole^
AVTRECHT Chez f Guillaume Vande Water.
0.
M D C C XVIL e
Avec Trivilege de nos Seigneurs les Etats de Hollande ^ de Wejl-Frife,
^.dkm^\'7
V.
L E G R A N D
DICTION AIRE
HISTORIQUE,
OU
LE MÉLANGE CURIEUX^
D E L'H IS T
R E
SACREE ET PROFANE.
N
CETTE Lettre eft mife entre les demi-
voycles. S. Auguftin a remarqué que les An-"
tiens la mettoient pour l'ordinaire entre E & S ,
pour rendre la prononciation plus douce , com-
îne qttetiens pour quoties , ■vkenjimus pour vice-
I jimus , &c. Les Anciens Jurifcohfultes fe fer-
voient de cti deux lettres NL , qui veulent
dire, non liquet, pour témoigner que les plai-
doyez des Avocats ne fufEfoient pas , ou pour
feire condamner , bu pour faire abfoudre lés criminels. Aufone re-
marque que la lettre N. eft tirée du Z. des Grecs ,
Zitajacens, fifurgat, erit nota qu£ legitur N.
^- S, Auguftin , li. z. c. i. emend. Aufone j de litter.monofyh
NA. ,;
NAAMAN , Général de l'Armée du Roi de Syrie , étoit lépreux.
Il fût d'une efclave, qui étoit auprès defa femme, que s'il vouloir
aller au Royaume d'Ifraël , Elifée le guériroit.Cefutran3i5o.
du Monde. Il obtint d'abord du Roi fon Maître, des lettres pour le Roi
d'Hraël,par lefqueUes il le prioit de guérir Naaman. Joramquiregnoit
en liraël , confidérant cette ambafladecomm«unpiégequeleRoideSy-
lie lui vouloit drelTer , s'affligea extré mement & demanda li on le croyoit
on Dieu, pour guérir ainii de la lèpre ceux qui en étoient frappez. Mais
Elifeé fit dire au Roi delui envoyer promptement Naaman, qui vint à fa
porte avec un grand équipage ; ôc le Prophète lui iitfavoir , fans même
lui vouloir parler, qu'il s'allât laver fept-fois dans le Jourdain. Ce Sei-
gneur confidéra ce traitement comme un mépris , &: il s'en retournoit
«1 colère. Mais fes ferviteurs lui ayant remontré, que puis que ce qu'on
défiroit de lui étoit très-facile , il devoir au moins le tenter. Il les crut,
& s'étant allé laver fept fois dans le Jourdain, il fut guéri. Ilenvintaufli-
tôt rendre grâces au Prophète , & lui offrit de grands préfens , dont il ne
youlut rien recevoir. * IV. des Rois, c. y.
NAAS , ou Uahas, étoit Roi des Ammonites, Après avoir ravagé le pa'is
Tm. ir, " ~
NAA. NAB.
des Jabcens dans la Tribu de Jùda , il preflbit fort leut ville de Jabès dé
Galaad , l'an 1963. du Monde, & ne vouloit faire d'autre compofition aus
habitans qui demandoient de fe rendre, que de les laifler fortirenleuv
arrachant l'oeil droit. Saiil en fut averti , & ayant mis trois cens trente
mille hommes fur pied , il vint attaquer les Ammonites par trois en-
droits ,& les défit entièrement. Naas prit la faite. C'eft le même qui de-
puis reçut chez lui en 2978. David perfécuté par Satil. AuiB ce Roi
Prophète ayant fûla mort du Prince Ton Bienfaiteur , en fit témoigner
fon déplaifir à Hanon fils de Naas l'an 1996. *I. des Rois, ir.é>iz. IL
c. 10. Jofeph , i. 6. Hifl. Torniel , A. M. 2959. », 7. 2974 »• S- ^993' "'
3. Salian, -li. M. 2963. zp-feq.
NAAS. Cherchez Ifaï.
NAASSON,un des prédecefTeurs , félon la chair, du Fils de Dieu,'
étoit fils d' Aminadab. Il fut Chef de la Tribu de Juda , quand les Hé-
breux fortirent de lafervitude d'Egypte. * Nombres, c. i.i'. 7. S.Mat-
thieu, CI.
[NAB , Rivière de Franconie , qui paffe dans le haut Pâlatinat & fe
décharge dans le Danube, au deffus de Ratisbonne. Baudrand.]
NAB AL, Juif qui demeuroit aux environs du défert deZiph prèsdfi
Carmel de la tribu de Juda, ce que je remarque pourdittinguer celieu
du Mont Carmel où demeuroit Elle. Ce Nabal étoit riche , mais brutal.
Un jour David, que Saiil pourfuivoit dans le defert, lui ayant envoyé
dix de fes gens pour lui demander quelques rafraîchiflemens , illes retu-
fa & répondit avec mépris. David voulut fe venger de ce refus ; mais Abi-
gâïl femme de Nabal , qui étoit une perfonne de grande vertu , agit lî
bien par fes prières & par fes préfens qu'il fe retira. Cependant Nabal
mourut dix jours après en 2977. du Monde, & David époufa Abigaïl,
* I. des Rois , 25. Torniel , Salian & Sponde , A. M. 2977-
NABATHEENS, peuples de l'Arabie Petrée. S. Ifidore eftime qu'ils
ont tiré leur nom de Naboth ou Nebajoth fils d'Ifmaël. Ils habitoient
Petra,& leurs terres avoient l'Arabie déferte au Levant, laPaleftineau
Couchant, l'Arabie heureulé au Midi, & la Syrie au Septentrion. Ce
font les mêmes que Gabinius défit dans un grand combat , comme nous
l'apprenons de Jofeph , li. 14. Ant. c.ii.c^i.de klk , t. 6. Strabon ,l't. 16,
Plme , li. 6, Denys l' Afriquain. ^ a dto .
^ NAB.
NABIS Tyran de Lacedemone, étoit redoutable' à caufe de fa
cruauté Philippe fils de Demetrius, qui étoit en guerre avec les Ro-
mains, lui céda la Ville d'Argos. L. Quintius réprima rinfolencc de ce
cruel tyran; &par la prife d'Argos en ss9- de Rome, il fitcefferlesm-
humanitez qu'il y éxerçoit par lui & par fa femme. On lui laifla pour-
tant Lacedemone, où il fut tué quelque tems après. * Florus-, k.-i..
Tite-Live, Polybe, &c ■,".
NABOLASSAR. Cherchez Nabuchodonofor l'ancien, ou I.-de ce
NÂBONASSAR, premier Roi des Chaldéens ou des Babyloniens,
depuis le démembrement de l'Empire d'Affyrie , eft célèbre à caufe de la
faraeufe Epoque. Cefl le terme d'où Ptolomée dit qu'il avoitûesOb-
fervations Aftronomiques.jufquesà fontems. Torniel, Sponde, Sa-
lian & divers autres placent cette Epoque enl'année 3367.duMonde,
ayant commencé un Mercredi 26. Février de la même année 3906. de la
Période iulienne,747. avant Jesus-Christ, le i. delà VIII. Olympia-
de, & la 6. de Rome n'étant pas encore achevée. -LePerePetaulamet
l'an 3137. & d'autres Auteurs ont leurs fentimens particuliers. Il faut
avouer que le commencement de ce nouvel Empire ues Chaldéens eft
'lent obfcur;& ce qu'on en peut conjeéturer eft que les Baby-
NAB. NAC/
mes de Jerufalem. Ce fut alors qu'il prit tous les Thréfors -du Temple
& les Vafcs facrei que Salomon avoir fait faire. Cependant Sedécias fut
rois à la place du Roi; & il fe révolta encore. Pour le punir, l'armée des
Chaldéens entra en Judée , la fubjugua toute ,& affiégea Jerufalem , le
10. jour du ro. mois de l'an 3444. dts Monde , neuvième du règne de
Sedécias. Ce Siège dura jufqu'au 5. jour du quatrième mois de l'an
3446. que les Chaldéens étant entrez dans Jerufalem par la porte des
poiirons,& s'étant rendus tout à fait maîtres delà Ville le 9. jour dumê-
me mois, il firent éprouver aux habitans toutes les eruautez dont des
barbares vidlorieux font capables. Sedécias qui fe fauvoit fut pris & me-
né à Nabuchodonofor , qui étoitàReblatha de Syrie. Après lui a voir re-
proché fou infidélité & fon ingratitude , il fit égorger les enfans en fa
préfence, lui fit crever les yeux, le chargea de chaînes, & l'emmena
à Babylone. Cependant il envoya Nabuzardan ,_çour achever de rui-
ner Jerufalem. Ce Prince ayant fubjugué les Ethiopiens , les Arabes ,
les Iduméens, les l'hiiiftins, les Syriens, les Perfes, les Medes, les
Aflyrieiis,& prefque toute l'Afîe, voulut être adoré comme Dieu. Il
fit faire une Statue d'or, 8c par un Edit public il commanda à tousfes
fujets>de l'adorer. J'ai dit ailleurs comme les compagnons de Daniel
ayant refufé de l'adorer, ce Roi irrité les fit jetter dans une fournaife
ardente. Le même Daniel lui avoit déjà expliqué le fonge de cette
cxtrememw..v ,-- ^ , ,«•, .- . ..-,, ■»,
Ioniens s'étant révoltez contre les Medes, qui avoient ruine laMonar- ...
chie AfTvrienne fondèrent fous NabonalTar Capitaine ou Gouverneur i Statue myftique,qm fignifioit les quatre Monarchies. Le Roi fit enfui-
Àe\ MpHp<; un État qui s'augmenta beaucoup dans la fuite, fous Nabu- , te celui de l'arbre dont la tête touchoit le Ciel, qui couvroitlaterrede
chodonoror. Les Auteurs nlfont pas d'accord, fur la queliion qu'on fait '-' '^-"'■'^" ^ ^ '•--'^- '^— ' ^"- '- '"'— '^ "'■-'- ^"
pour favoir qui eft ce Nabonaffar. Il eft conftantque ce n'eft point Sal-
aranafar , comme Cedrene , Rainold , Butinge , Funccius , Mercator ,
X:odoman & d'autres l'ont afl'nré; parce que ce Salmanafar étoit Roi des
AlTyriens , régna à Niuive,& eut pour fils Sennacherib. Au contraire Na-
bonaffar régna à Babylone, ScMerodach que Ptolomée nommeMar^o-
hmpade a été fon fils & fon, fucceffeur. 11 eft auffi très-fûr , qu'il n'eft ni
Te"latDhalazar,niPhul,commeGenebrard le croit; m aucun de ceux , ,. .- . ■ r-
Gni°font aEvmt OU apièsla VIII. 01ympiade;maisplùtôtBaladan, dont , tel.foit par une maladie qu on nomme Lycantropie, fou par un trouble
il eft i^arlé dans Ifaïe & dans le IV. Livre des Rois , f A. 20. en ces ter- 1 de fon imagination , caufé parla Juftice Divine, Il fut chaffé de fon Pâ-
mes-Me/ <î^^c/;; Baladan films Baladan Rex Babyloniontm. Les Curieux : lais dans la campagne, où il demeura fept ans, paiffant l'herbe , comme
fes branches, & à l'ombre duquel tous les animaux fe retiroient; mais
qui fut coupé & couché par terre, en un moment. Daniel expliqua en-
core ce fonge à Nabuchodonofor, du changement qui devoit arriver en
fa perfonne. Il fut étrange & incroyable; car ce Prince viftorieux de
toute r Afie , au moment qu'il admiroit la magnificence de Baby]one,qu'ii
avoit rendue une des plus fuperbes Villes du Monde , & qu'il fe laiffbit
emporter à un mouvement déréglé de vanité & de complaifance, fut
transformé en bœuf; non qu'il le fût véritablement; mais il crût être
pourront confulter les Auteurs que je cite. ^ I.desParaiipomenes,<:. 31.
Ptolomé-,/. 4. ^Imag. c. 8. Scaliger,^/. ^.deemend.ump.p.'igi.ip-leq.
Kriftman , de Connecî. Annor. Origan , T. /. Uphem. Remold , »» Pruun.
Yzu\.\,ili 9. de doa. temp. c 51. e:? /ec^. li. lO.c.-J .cfeq.zy- P. U. Ration.
te;np. li. i. iy 3. Torniel,^. M. 3306. 3331. Genebrard,/. i. Chron.
U'obo Emmius,Zi. 2. Chron. er li. 5. Salian,?» Prif. T. IV. n. 14. e/
A. M. 3326. V 3324. »• i5- Sponde, ^. M. 3306. T\x\xm.%,tn Chron.
<.' c. h- Jean George Herart, c. 227. nova Chron. Lange, de Annis
Chriffiji. 2. c. 12. Ifaac Voliîiis , c. 9. C^;-o»./<jcr.« , Calviûus ,?» C^ro».
Paul Guldin ', li. 5. cont. Calvif. Riccioli, C^ro;;. reform. P.I.l.s.c.S- zirc.
Cherchez Baladan. ' t >•
NABONNIDE, Nabonnadius , Nabonnidoque ou Labmet ,
Roi de Babylone, ainfi nommé par les Auteurs Profanes, ayant tué
Balthazar dernier, de la race de Nabuchodonofor , régna 17. ans à Ba-
bylone. J'ai déjà remarqué ailleurs que le Canon Aftronomique , Be-
rofe,Jofeph,Siilpice Severe,faint Maxime, Scaliger, Petau & divers
autres alTurent que ce Prince eft le même que Darius le Mede , & que Tor-
niel, Salian, Sponde, &c. ne font pas de ce fentiment. Cherchez Da-
rius le Mede. ,, , ^, , , , r
NABOPOLASSAR ou Nabolassar. Cherchez Nabuchodonofor
l'ancien ou I. de ce nom.
NABOTH , Juif, natif de Jefreel , poffedoit paiflblement une vi-
gne. Achab Roi d'Ifraël voulut favoir, pour agrandir fes Jardins; mais
Naboth la lui refufâ. Ce refus chagrina le Roi , &: Jezabel fon époufe
ayant appris de lui-même le fujet de fa triftclTe,fe railla de fa fimplici-
té. Cependant elle écrivit aux premiers de la Ville , d'où étoit Na-
both, qu'on trouvât deux faux-temoins qui diflent qu'il avoit mal parlé
du Roi- Cela fut exécuté, & Naboth fut accufé, condamné & lapidé en
vin même jour, l'an 3123. du Monde. Jezabel en porta la nouvelle à
Achab, qui fut d'abord voir cette vigne, où le Prophète Elielui prédit
la vengeance que Dieu prendroit de ion crime.* III. des Rois 22. Tor-
niel, ^. M. 3135. ». 2. „ - , r, , ,
NABUCHODONOSOR I. ou l'ancien , Roi de Babylone , K
le même que Berofe &ks autres Auteurs nomment Nabolaflar. Ilfuc-
céda à fon père Ben-Merodach l'an 3407- du Monde, & régna 21. an ,
jufqu'en 3429. que fon fils Nabuchodonofor II. qu'il avoit déjà affo-
cié à la Couronne, lui fuccéda. * Torniel & Salian, A. M. 3.1.08.
C7C,
(l3= Il faut fe fouvenir au fujet de ce Roi, -que divers Auteurs ont
confondu les deux Nabuchodonofor, le père & le fils ;& qu'on ne penfe
pas que le premier, qui eft nommé Nabolafl'ar,foit le même que Ptolo-
mée appelle Nabopohflar ou Nabocolaffar , comme Scaliger femblc
l'avoir dit. Torniel fait cette diftindlion & veut que Nabolaff'arfoit Na-
buchodonofor le pere,& l'autre foii fils. Comeftor, Hiji. Scol. in c. 5.
Baniel. Scaliger ,/i. 5. de Emend. temf. Ptolomée, li. 5. Almag. c. 14.
Torniei; A. M. 3408. 3429. c^c. " '
N A B U C H O D O N O S O R II. dit /« Grand, fils du premier ,
commença fon règne du vivant de fon père. Il fit la guerre contre les
Afl'yriens & les Egyptiens ; & étant mal fatisfait de Joakim Roi des
Juifs, qui s'étoit allié avec Nechao Roi d'Egypte, il l'attaqua dans fes
Etats , prit Jerufalem , emporta fes richeffes , & fit ce Roipnfonnier. Ce-
la arriva l'an 3428. du Monde, 128. de Rome, en la XVIII. Olym-
piade. Enfuite Nabuchodonofor fe retira dans fon pais, pour re-
cueillir la fucceffion du P^oyaume de fon père, dont ilappritlamortou
dans la Judée, ou dans les Provinces voifines. Plufieurs Auteurs ettiment
avec Eùlébe & laint Jérôme, que ce fut alors que Daniel, Ananias,
Mifaël & Afarias furent tranfportez en Babylone. Nabuchodonofor
avoit lailTé Joakim fur le Trône , s'étant contenté de lui impofer un
grand tribut. Ce Prince aveuglé fe révolta trois ans après ; mais il lui
en coûta le Royaume. Depuis fon corps, félon la predidion de ]ere-
mie, fut jette hors. de Jerufalem , fans fèpulture. Joachim nommé aufti
Jéchonias lui fuccéda. "Nabuchodonofor le vint encore prendre & l'em-
mena captif à Ba'oylone,avec fa femme, fes enfans, & dix mille hom-
es animaux. A près ce tems, la Raifon lui fut rendue ,& il fut remis fur
le Thrône;reconnoiffant,par ce châtiment épouvantable, la puiffancc
& la bonté du Vrai Dieu. 11 ne vécut qu'un an après, qu'il employa fi
bien par les confeils de Paniel , que S. Auguftin , S. Jérôme , S. Epipha-
ne , Thêodorct , &c. citez par Pererius , ne doutent point de fon falut ,
fe fondant fur ce que depuis fa pénitence, l'Ecriture ne parle point d'au-
cune faute qu'il ait faite. 11 mourut l'an 3471. du Monde, 171. de Ro-
me,la XLVIII. Olympiade, ran43.defon règne. Ce fut la ç. année du
même règne qui étoit la 127. de Nabonaflar, 3433. du Monde, qu'arri-
va cette Hclipfe de Lune dont parle Ptolomée ; & qui eft le fondement le
plusjufte de toute la Chronologie de fon règne. * IV. Livre des Rois ,
Daniel , Jeremie , Ifaie , &c. Pererius , lib. 5. in jDa«/e/. Jerfeph. /;. 10. Ant.
Torniel , Salian & Sponde , in Annal, -vet. Teft. A. M. 3429. ^feq. Gene-
brard , Gordon , Mercator , Funccius , Lange , Scaliger,Petau, Calvifius ,
Riccioli, &c.
NABUCHODONOSOR, Roi de Ninive, dont il eft parlé dans
le Livre de Judith. Le Colofle que Nabuchodonofor vit en fonge , avoit la
tête d'or; la poitrine & les bras d'argent; le ventre & les cuiffes d'airain ôc
les jambes de fer. Les quatre métaux , dont cette ftatuë étoit faite , repi-d-
fentoient les quatre grandes Monarchies du Monde; celle des AlTyriens ,
celle des ferfes, celle des Grecs & celle des Romains. La tête d'or repré-
fentoit la Monarchie des Afl'yriens confiderable par fes grandes richefles
& par fa puiffance. Ce fut Ninus qui en jetta les fondemens , & elle ne finit
qu'à Sardanapale, ayant duré 1300. ans comme dftjuftini;. i.&i 500.11
on confidére fa durée par le Royaume des Chaldéens , qui en étoit une
fuite. La poitrine 8c les bras d'argent repréfentoient l'Empire desPerfes
commencé par Cyrus , agrandi fous Cambyfe , 8c fini fous Darius. L'Em-
pire des Grecs ou des Macédoniens, qui repréfentoient le ventre ôcles
cuiffes d'airain, fut établi; par Alexandre le Grand , 8c ne dura que fort
peu. Mais celui des Romains, repréfenté par les jambes de fer , devint le
maître de tous, il dura 1160. ans, depuisla fondation de Rome, jufqu'à
fe prife par Alaric Roi des Gots. 11 a été lui feul plus grand , que tous les
autres enfemble. Le fer qui le repréfentoit fignifioit les guerres qu'il lui
a falu effuyer , pour s'établir &: pour fefoûtenir. Ce Colofle elfroyable
par l'idée qu'on en donne fut renverféparune petite pierre, qui fadéta-
cha de la montagne. Se qui en tombant lui cafla le pied d'argile ,donti!
étoit foûtenu, * Daniel c. 2. Judith, Salianus ,Torniellus, Anno Mundi
2572. [S'il y a jamais eu «n Niîtoéo<&»o/o/- à Ninive , différent du pré-
cèdent,il eft bien certain que ce ne fut pas lui qui vit la ftatuë, dont par-
le l'Auteur ; puis que Daniel alTure très-clairement que ce fut un Roi de
Babylone , qui eut ce fonge. Dan. c. II. ]
NABUZARDAN, grand Maître de la milice de Nabuchodono-i
for le Grand, Roi de Babylone. Ce Roi , après la prife de Jerufalem , en
3446. du Monde , l'envoya en cette ville, pour achever de ruiner le Tem-
ple, le Palais du Roi, tous les édifices publics qui pouvoient être confide-
rables , 8c les murailles. Ce qui fut exécuté. Nabuzardan tira de prifon le-
Prophète Jeremie. * IV. des Rois , c. 25. Jeremie , c. 39. ep-yéj.
NACCHIANTE, connu fous le nom de Naciantus (Jaques) Re-
ligieux de l'Ordre de faint Dominique, 8c puis Evêque deChoziadans
fEtat de Venife , étoit de Florence. Il s'avança dans l'étude de la Théo-
logie , qu'il enfeigna aux Religieux de fon Ordre à Rome ; ?:C le Pape Pauî
III. le fit Evêque. Nacchiantefe trouva au Concile de Trente, il fut efti-
mé par lès Ouvrages , 8c mourut le fixiéme Mai de l'an mille cinq cens
foixante neuf. Nous avons dclui. De Papier Conciliipotejiate. De maxi-
me Pont'ificatu , max'imoque Sacerdotio Chr'tfii. Enarratio in Epiftolam ad
Ephefios. Interpretaiio Epifl. ad Romanos: Medulla fiacrs. &criptur& , ct-c.
* Antoine de Sienne , ^ibl. Domin. Ughel , Ital. Sacr. Le Mire , de Script.
fic. XV 1. Ghilini , Tiieat. iHuom. Letter. eyc.
NACHOR, fils de Sarug, ayeul d'Abraham, naquit l'an 1880. du
Monde. A l'âge de 30. ans, il eut Tharé, 8c mourut âgé de 148. ans, en
2027. du Monde. Il eft différent de Nachor fils de Tharé, 8c frère d'A-
braham 8c d'Aran, Se qui époufaMelcha fille de ce dernier. 'GenereXII.
Torniel 8c Salian , in Annal, vet, lefi. Pererius , in Genef. ce.
NA-
NAC. NAD. NAE. ,
NACLANTUS. Cherchez Nacchiante.
.NAPAB& Abiu .Lévites .fils d'Aaron. Ils avoient négligé de rem-
P'ir leurs encenfoirs du feu Saint, qu'on avoitfoin d'entretenir; 8c ayant
P^is d'un feu étranger dans leurs encenfoirs , ils moururent dans le Ta-
bernacle même, l'an 2,54;. du Monde. Un feu, que Dieu lança contre
eux , les tua fur le champ. * Levitique^io. Voyez Abiu , Torniel , A. M.
2545. nitm. A.
NADAB ,Roi d'ifraël , fuccéda à fon père Jéroboam l'an 3081. du
Monde. Il fut imitateur des focrikges & des impietez de fon père. Il eft
vrai qu'il ne les continua pas long-tems , parce qu'après un règne de
deux ans , Baafa , un de fes Généraux ,1e tua en trahifon , & fe faifit du
trône. * III. des Rois , c 1 5. Torniel & Salian, ^. M. 308 1. c 3081.
NADASTI , (François) Préfident du Confeil Souverain de Hon-
grie, fut un des principaux Chefs de la révolte des Hongrois, qui com-
mença en 1665. les autres étoient le Comte de Serin, Frangipani,&Ra-
gotski. L'an 1 666. François Weffelini Palatin de Hongrie , étant mort , le
Comte NadalU fit fupplier l'Empereur de lui accorder cette dignité,
mais ce Prince, qui n'étoit pas alTuré delà fidélité de NadalH, ne voulut
pas élever à un polie qui eft le plus important du Royaume, un homme
qui etoitdéja Préfident du Confeil Souverain ,& qui ne s'étoitaquis que
trop de crédit & d'autorité dansl'efprit des peuples. Quelques mémoi-
res difent que Nadafti , indigné de ce refus , gagna un Charpentier qui tra-
vailloit à un nouveau bâtiment que l'Empereur faifoit faire dans fon Pa-
lais, pour loger l'Impératrice Eleonore,& engagea ce traître à mettre le
feu à cet Apartement, afin que dans le tems que l'Empereur fe fau-
veroit de l'embrafement , les Conjurez (qui dévoient fe mettre en
cmbifcade) lui puffent ôter la vie, ou du moins fefaifirdefaperfonne.
Le Palais fut embrafé le z3.deFévrier 1668. mais Nadafti ne pût exécu-
ter fon deflein. Croyant mieux réiiffir, par le poifon que par le fer , il in-
vita l'Empereur , l'Impératrice & toute la Cour à venir prendre le 5. d'A-
vril 1668. le divertiffement de la Pêche, àPuttendorf : &ordonnaàfon
Cuilinier de faire une Tourte de pigeonneaux empoifonnée ,pour pré-
fenter devant l'Empereur qui airaoit extrêmement la patifferie : mais la
Comteffe Nadafti eut horreur de ce crime, & commanda à ce Cuifînier
de faire promptement une Tourte pareille à celle qui avoit été empoifon-
née , & la fit fervir fur la table de l'Empereur. Nadafti n'ofa fe venger con-
tre fa femme , & chercha quelque autre moyen , pour attenter à la vie de
fon Prince. II tâcha en 1669. & 1670. d'empoifonner le Puits, dont il
croyoit que l'on tiroit l'eau pour fes cuifines: mais tous ces détettables
artifices n'eurent aucun effet. Enfin Nagiferents , Secrétaire de la Ligue
ayant été pris en 1670. on trouva dans fes Papiers des preuves que Nadafti
avoit part à la conjuration du Comte de Serin ,& des autres Chefs. Na-
dafti ne fe crût plus en fureté, lors qu'on lui eut donné avis de l'emprifon-
nement de Nagiferents , & il affembla cinq cens hommes pour le condui-
re à Venife, mais ils arrivèrent trop tard d'un jour. Le Lieutenant Colo-
nel du Régiment de HeiCer vint inveftir fon Château ,& le furprit dans
fon lit. De là il le conduifit à 'Vienne , où ce perfide Miniftre fe condamna
d'abord lui-même, & prefenta une Requête à FEmpereur, par laquelle
il le prioit de fe contenter de le punir dans fa vie , & dans fes biens , & d'é-
pargner fes enfans qui n'avoient point de part àfon crime. Néanmoins
quelque tems après , il écrivit au Grand Vizir , qui étoit alors à Andri-
nople:mais fa Lettre fut interceptée; & lui ayant étérepréfentée,ilne
voulut pas la reconnoître;mais il fut convaincu, quand on l'obligea de
montrer fon cachet, dont on confronta l'empreinte avec celle de la Let-
tre. Son procès ayant été inftruit dans les formes delà Juftice, il fut con-
damna avoir le poing droit coupé , & la tête tranchée : & tous fes biens
confifqïïêz àrEmpereur,& fa famille dégradée de noblefle. (La même
Sentence fut rendue contre le Comte de Serin ,& contre Frangipani.)
Mais l'Empereur lui fit la grâce de le décharger de la condamnation à
avoir le poing coupé. Les principaux Chefs d'Accufarion contre lui ,
croient. Qu'il avoit fait des Ligues défendues contre fon Seigneur légiti-
me , ^ eflayé par des moyens illicites de faire pafler le Royaume de Hon-
grie en d'autres mains : qu'il avoit plufieurs fois attenté à la perfonne mê-
me de l'Empereur, Se fuborné des gens pour le tuer, & pour l'cmpoifon-
ner: & qu'il avoit écrit une Lettre fcandaleufe,à tous les Etats du Ro-
yaume , pour les obligera prendre les armes contre l'Empereur. L'exécu-
tion de la Sentence fefitle3o. Avril i67i.dansrHôtel de ville de Vien-
ne. Il fut mis enfuite dans un cercueil , & expofé fur un échafaut à la vue
du peuple. Sur le foir on le porta en l'Eglife des Auguftins , pour y être in-
humé. L'Empereur permit au Chiaous Hagi Ibrahim , qui étoit alors à
Vienne , & à tous les Turcs de fa fuite , d'affifter à cette exécution. Ce
Chiaous voyant à terre la tête de Nadafti , dit à l'Interprète de l'Empe-
reur, il "vient de recevoir la punition, qu'il cherchait depuis long-tems , e/ :^uil
abienméritée. Les Enfans de Nadafti , qui étoient condamnezà quitter le
nom & les armes de leur famille , prirent celui de Crutiemberg. * Hif-
toirc des Troubles de Hongrie. SU P.
NADIN.Fort dansIeGomtédeZara,enDalmatie. Soliman IL s'en
rendit maître par compofition,la Garnifon qui n'étoit que de 150. Ita-
liens, ne pouvant pas réfifter aune fi puiflante armée. L'an 1647. le Gé-
néral Pifani reprit cette forterefle , que les Vénitiens cédèrent enfuite
aux Turcs. En i68z. les habitans de Nadin, l'abandonnèrent de nuit,
après y avoir mis le feu ; & accuferentles Morlaques de cet incendie. Le
29. Mars 1683. Mehemet Aga s'approcha de Nadin à la tête de cent cin-
quante Chevaux, dans le deflein de s'y rétaUir; mais un bon nombre de
Sujets de la République réfolurent de l'occuper, & d'ôter cette retraite
à leurs ennemis: ce qu'ils exécutèrent, dansle tems que le Général Donà
étoit Gouverneur de cette Province. * P. Cotonelli , Befcription de la
Morée. SU P.
NAERDEN. Cherchez Narden.
Cn. NiEVIUS Poëte Latin , avoit porté les armes , & de foldat il
devint faifeur devers. Il fit repréfenter une de fes Comédies, pour la pre-
mière fois l'an 5i9.deRome. NseviuscompofauncHiftoireenvers,&
diverfes Comédies. Sa Poëfie un peu fatirique , ofFenfa la famille des Me-
tellus,qui étoit très-puilTante. Aufli fut-il chafl'é de Rome. Il fe retira
à Utique en Afrique , où il mourut en 5 5 1 . de Rome. * Aulu-Gelle, U. 1 7 .
c.zi. Saint Jérôme , in Chron. VolTius , de Hiji. Lat, lt,l,c,l. de Poet. c. I.
JeOrat.JnJl.li.4..c.iQ,Seôî,2'<yii»
Tem. IV,
NAE. NAG. NAH. NAÎ. 3
[ NjÏVIUS Pollio , étoit fi grand qu'il furpaflbit d'un pied tous
les plus grands hommes de foii teins. Voyez Pline , Hift. Nat. Liv. vu.
c. 16. Columella , de R. R. Liv. 1 1 1. c. 8. 8c S. Augujiin , Let. xiv. de l'Ed»
des Bénedidlins. ] •
N^VIUS. Cherchez Affius Nœvius.
N/EVIUS (Gafpard) Médecin Alleman étoit de Chamm'tz dans la
Mifnie.'Il voyagea en Italie, où il fe rendit très-habile, & à fon retour il
fut Médecin de Maurice èc Augufte , Eledleurs de Saxe. On a un de fes
Traitez adreffé à Matthiole, & quelques autres pièces de fa façon. Con-
fultez les Auteurs citez après Jean Nsevius.
NiEVIUS (Jean) Médecin renommé dans fon Siècle , fvere de
Gafpard Naevius , naquit en 1499. Il étudia en Italie &i il eut , comme fon
frerc, beaucoup de part en l'amitié du même Pierre André Matthiole , à.
qui il fournit des mémoires pour fon Ouvrage des plantes ; ce que cet'
Auteur avoue dans la Préface de fon Livre. Jean Nasv-iusmourutle7.
Juillet de l'an 1574. âgé de 75. ans. * Petrus Albinus,;» Chron. Mifn.
Matthiole , in Epifi. in Vit. Germ. Medk. vc
NAG AYE , ou Horde des Nagayes : Peuples de la Tartarie dé-
ferte , vers la mer de Sala. L'an 1400.1a Tartarie Occidentale fut diviféc
en deux Royaumes , l'un appelle de Zavolh , au delà du Hcuve Volga ; &c
l'autre de Crim , ou de Precops , au deçà de ce Fleuve , vers la mer de 'Za-
bache. Du Royaume Zavolh, ftfe forma enfuite trois Hordes , ou Ban-
des, favoir de Nagaye,de Cafan ,8jd'Aftracan. La Nagaye eft tribu-
taire de l'Empereur de Mofcovie. * Horniiis, Orb. imper. Tavernier,
Voyage de Perfe, U. 2- SU P.
[nagera Ville d'Efpagne en Caftille la Vieille , autrefois Epifco-
pale. U eft fait mention de fon Evêque dans un Aéle de l'an 11 Oi. Ban-
drand, in Di6îion, P. de Marca, in Marca Hijp.~\
NAGOLDE. Cherchez Nalgode.
NAHUM d'Elcefe,un des XII. petits Prophètes , a prophetizé com-
me on l'eftimCjfous le règne d'Ezechias. Nous avons trois Chapitres de
fa Prophétie. Jofeph afiure qu'il vivoit du tems de Joatham ; mais ce
fentiment n'eft pas fuivi , non plus que celui de l'Auteur de la grande
Chronique des Hébreux 8c de Genebrard ,qui mettent ce Prophète au
tems de Manafles. * Jofeph , U. 9. «. 1 1 . S. Jérôme , Prof, in Nah. S. Epi-
phane , in Vit. Proph. Chriftophle à Caftro ,li 4. c. 4. de Proph. Serrarius ,
Ribera,8cc. in Nah. Salian,^. -M. 3315. ». 19. Torniel , 3311.». 3. es"
4. Henri Philippi, in Manuali Chronol. zsfc.
NAJAC, petite Ville de France en Rouergue. Elle eft fituée fur l'A-
veirou entre 'Ville-Franche en Rouergue 8c S. Antonin. Najac a été célè-
bre durant la guerre des Huguenots , elle eft renommée par fon vitriol.
NAÏADES, Nymphesdes Fontaines 8c des Fleuves, que les Payens
honorpient comme des Divinitez. Ce nom vient de >««K^i lignifie cou-
ler. ■* Servius le Grammairien. SU P.
NAJARA, petite Ville d'Efpagne dans la Province de Rioja autre-
fois de la Navarre 'èz. aujourd'hui de Caftille la Vieille. Elle a titre de Du-
ché , 8c eft fituée entre Logrono i^ Calahorra. Mariana en fait mention ,
pariant de la bataille qui s'y donna entre Pierre , dit k Cruel , 8c Henri ,
Rois de Caftille.
NAIBOD A ( Valenrin ) natif de Cologne vivoit fur la fin du XVI.'
Siècle. Il s'attacha particulièrement aux Mathématiques 8c àl'Aftrono-
mie. Il voyagea en Italie i^ il s'y arrêta à Padouë , où U compofa des Com-
mentaires fur Ptoloinée. Il a fait auffi , Aftronomicarum Inftitutiontim Lib.
111. Comment, in Alchabilitun , in Spharam Joannis à Sacrobofco , c?c. On
rapporte une chofe finguliere de Naiboda , c'eft que s'entretenant un
jour avec fes amis, il leur dit qu'il mourroit bien-tôt de mort fubite , Si
qu'il en étoit perfuadé par fon horofcope qu'il a voit fait depuis peu. On
fe moqua de ce qu'il difoit; cependant cinq ou fix mois après, il difparut
tout d'un coup. On criit d'abord qu'il étoit allé faire quelque voyage ;
mais fon hôte s'ennuyant d'attendre fit ouvrir la porte de la Chambre
qu'il luilouoit , 8c on y trouva le cadavre du malheureux Naiboda,à demi
pourri. On aflure que quelques Savans envieux de fon mérite l'avoienC
fait aflaffiner. Tomafini, in eleg. deSl. Viror.
NAILLAC (Philibert de) trente -troifiéme Grand -Maître de l'Or-
dre de Saint Jean de Jcrufalera ,dont le Couvent étoit en ce tems-làà
Rhodes , fuccéda en 1396. à Ferdinand d'Heredia. Il étoit de la Langue
de France & Grand Prieur d'Aquitaine. Sigil'mond Roi de Hongrie, lui
demanda du fecours contre Bajazet,ce qui l'obligea de fe trouver dans
l'armée Chrétienne avec la fleur de fes Chevaliers l'an r 396. LesFran-
çois par un point d'honneur s'étant avancez les premiers, & ayant percé
jufques aux Janifl'aires de la Gardé de Bajazet, furent iriveftis, & la plu-
part mis en pièces. Le Grand Maître fit la retraite en combattant vail-
lamment , & accompagna toujours le Roi Sigifmond qu'il conduifit à
Rhodes , où ft le traita avec une magnificence Royale. Bajazet enfuite ap-
prochant de Conftantinople , pendant que l'Empereur étoit venu deman-
der du fecours en France , l'Impératrice qui craignoit l'événement du
fiége , envoyales joyaux de l'Empire au Grand Maître. En ce même tems
Théodore Porphyrogenete , Defpote de la Morée , Duc de Sparte 8c frère
de l'Empereur de Conftantinople, intimidé à la nouvelle de l'arrivée des
Turcs, paffa à Rhodes, 8c vendit au Grand-Maître &i à la Religion fon
Defpotatde Sparte 8c de Corinthe, pour unegroflTefommed'argent, qui
lui fut payée : mais l'Evêque de Sparte , Grec de nation , fouleva le peuple
8c cette vente ne fut exécutée qu'à l'égard de la Seigneurie de Corinthe
qui fut enfuite remife entre les mains du Defpote : lequel rendit les de-
niers qu'iï avoit reçus ; 8c donna le Comté du Soleiï , 8i la Baronnie de Ze-
tonne,pour doinmages 8c intérêts. Auffi- tôt que Bajazet eut levé le liè-
ge de devant Conftantinople lé Grand Maître renvoya lesjoyaux qui lui
avoient été confiez. Aprèsla défaite deBajazet, 8c la retraite de Tamer-
lan, l'Ordre jouît de quelque repos ; ce qui donna heu au Grand Maître de
Naillac de dreffer une Flote , avec laquelle il courut les côtes de la Carie ,
où il prit un fort Château fur les Turcs, fitué dans la Prefqu'lfle, fur les
ruines de l'ancienne Halicarnafle , Capitale du Royaume de Carie. Il for-
tifia encore cette Place , 8c la nomma le Château Saint Pierre. Quelques
Hiftoriens aflurent qu'il y avoit une race de gros chiens, qui gardoient
les dehors du Château ,8c qui par un inftinél admirable dilcernoient les
Chrétiens d'avec les Turcs : aboyant aprèsceux-ci,8cconduilantlesau-
tres jufques fous Içs murailles du Château. L'an i403' le Grand Maître
^ A 2 ' ^' moyen».
4 NAÎ. NAK. NAL. NAM,
moyenna la paix entre le Roi de Cypre , & la Seigneurie de Gènes ; & ter-
mina une guerre de fi pernicieufe confequence entre des Chrétiens. En
ce tems,le Soudan d'Egypte envoya un Ambafladeur à Rhodes fOÙ l'on,
conclut une trêve, pendant laquelle il y auroit liberté de commerce en-
tre les Sujets du Soudan ,& les Nations Françoifes & Latines. La Reli-
gion qui etoit fort puilTante obtint encore , qu'elle auroit fix Chevaliers
ou Religieux , dans fon ancien Hôpital de Saint Jean de Jerufalem , pour y
recevoir les Pèlerins : & qu'il feroit permis de ceindre de murailles le faint
Sépulchre. L'an 1 409. le Grand Maître de Naillac fe trouva au Concile de
Pife,oii les Cardinaux affemblez lui donnèrent la garde & les clefs du
Conclave. Après l'éledion duPapeAlcxandreV.il tint un Chapitre Gé-
néral à Aii: en Provence, & y fit de beaux Reglemens pour le bien delà
■ Religion. En 1417. le Soudan d'Egypte demanda du fecours aux Cheva-
liers de Rhodes contre les Turcs, qui étoient entrez fur fes terres :& le
Grand Maître lui envoya deux Galères, mais il défendit aux Capitaines
de defcendreà terre , parce que la Religion avoit paix avec le Turc fur
terre , & non pas fur mer. Cet illuttre Grand Maître ayant mis ordre aux
affaires de la Religion dans l'Italie , retourna à Rhodes en i4ir. & y
finit fes jours, après un règne de vingt-cinq ans, pendant lequel il avoit
donné des marques d'un courage & d'une prudence extraordinaire. Il
eut pour Succeffeur Antoine Fluviani. * Bofio , Hiftoire de l'Ordre de S.
Jeande Jerufalem. fichent. Privilèges de l'Ordre. SU P.
NA 1 LO R (Jaques"! Impolleur, natif du Diocefe d'York en An-
gleterre, après avoir fervi quelque tems de Maréchal des Logis dansie
Régiment du Colonel Lambert , il fe retira parmi les Trembleurs ( qui
eft une Sefte d'Hérétiques) &s'aquittantde réputation, parfesdifcours
& par (a fimplicité apparente , qu'ils le regardèrent comme un faint hom-
me. Voulant profiter de la bonne opinion qu'on avoit de lui , il réfolut
en 1656. d'entrer dans Brillol , en plein jour , monté furun cheval , dont
un homme & une femme tenoient les rênes, fuivis de quelques autres ,
qui chantoient tous Saiyit, Saint , Saint , le Dieu deSabaoth. LesMagif-
trats l'arrêtèrent , & l'envoyèrent au Parlement , oii le Procès ayant été
inftruit , Nailor Rit condamné le 15. Janvier 1657. comme blafphema-
teur& Seduéleur du peuple , à avoir la Langue percée avec un fer chaud ,
& le front marqué d'unelettreB, pour lignifier Blafphemateur; &^ être
enfuite conduit à Briftol.où il entreroit à cheval, ayant le vifage tourné
vers la queue , ce qui fut exécuté : & Nailor fut après renfermé pour le
refte de fes jours. * Davity , de l'Angleterre. SU P.
NAIM, ancienne Ville delà Paleftine, dans la Galilée, près du mont
Tabor. H n'en refte que quelques maifons, où l'on ne trouve que quel-
ques familles d'Arabes. Il eft marqué , dans l'Evangile de faint Luc , que
ie Fils de Dieu honora cette Ville de fa préfcncc ,&quemênieily ref-
fufcita le fils d'une veuve. Le Poète Sedulius fait mention de Naïm , U. 4.
NAIM ANS peuples. Cherchez Kaimachites.
NAKSIVAN, ou Naxivan, Ville d'Arménie, à trois lïeuës du
Mont Ararat,& à fept du Fleuve Arax,fur les Frontières delà PerfeSc de
]a Turquie. Ce mot vient de Nak,cfi\ fignifie Navire , & de Sivan , qui
veut dire demeuré ou pofé : & les Arméniens difent qu'elle a été ainfî
nommée , parce que ce fut le lieu où Noé vint habiter en fortant de l'Ar-
che , après le Déluge. Ils aiTurent auffi que ce Patriarche y efl: enterré.
C'eft une aflTez grande Ville , mais qui fut ruinée par l'Armée d'Amurat
Empereur des> 'Turcs. On y voit les telles de plufieurs belles Mofquées ,
que les Turcs ont abattues , parce qu'elles fervoient aux Perfes : les Séna-
teurs d'Abubequer ne voulant point entrer dans les Mofquées des Seda-
teurs de Haly , ni ceux-ci dans celles des autres. C'eft pourquoi ils les
détruifirent tour à tour,felon le fort de la Guerre. Les Arméniens faifoient
autrefois un grand négoce de foyes,en cette Ville, ^ui commence à s'y
rétablir , parce qu'on travaille, inceffamment à la rebâtir , & qu'il y a un
Kam ou Gouverneur , qui y commande , car elle eft Capitale d'une partie
de l'Arménie. Entre les ruines de Nakfivan , on trouve celles d'une gran-
de Mofquée.qui étoit une des plus fupetbes de l'Afie , & on croit qu'elle
fut bâtie en mémoire de la fépulture de Noé. En fortant de la Ville , on
voit une tour , dont l'architedure eft des plus belles. Ce font comme qua-
tre Dômes joints enfemble , qui fupportent une efpece de Pyramide , la-
quelle femble être compofée de douze petites Tours ; mais vers le milieu
elle montre quatre faces , qui vont en diminuant , & finilTent en aiguille.
Tout l'édifice eft de brique : le dehors & le dedans font couverts d'un beau
vernis , avec plufieurs fleurs , & autres figures de relief. On dit que c'eft un
ouvrage de Tamerlan , quand il fit la conquête de la Perfe. Entre Nakfi-
van & Zulfa , vers le Midi & le Septentrion , il y a dix Convens de Chré-
tiens Arméniens , dont chacun eft accompagné d'un Bourg , fituez à deux
ou trois lieues les uns desautres. Ils reconnoiflent le Pape , & font gouver-
nez par des Religieux de S. Dominique, de leur nation. Pour avoir tou-
jours un nombre fuffifant de ces Religieux , on envoyé de tems en tems
à Rome des enfans du pais, qui y apprennentla Langue Latine &rita-
lienne.avec les Sciences néceflaires à leur profeffion.On y compte environ
fix mille Chrétiens , qui f ji vent le Rite Latin , à la referve de l'Office & de
la MelTe , qu'on chante en Arménien. L'Archevêque étant élu, il va à Ro-
me , où le Pape confirme fon éleftion. Un des fix Bourgs, nommé Kifouk,
litué fur les frontières du Curdiftan , eft fort célèbre parmi les Armé-
niens , qui croy ent que S. Barthelerni & S. Matthieu y ont été martyrifez ;
& difent qu'ils en ont encore quelques Reliques. Plufieurs Mahometans
y viennent en dévotion, & principalement ceux qui ont des fièvres. 11 y
a deux ou trois de ces Convens, où l'on reçoit charitablement les Chré-
tiens qui viennent de l'Europe , quoi que les Religieux y foient pauvres , à
caufe de la tyrannie des Gouverneurs , à qui ils font obligez de faire fou-
vent des préfens. *Tavernier, Foy^^e de Perfe. Le Chevalier Chardin,
Foyi!fcc»i673.Voyez Aerener , Bourg à j.lieuësdeNaxivan. SU P.
NALGODE ou Nagolde, que Poflevin nomme mal Nalgen-
de , Religieux de l'Ordre de faint Benoît de la Congrégation de Cluni ,
vivoit dans le X. Siècle, vers l'an 915. fous le règne d'Henri l'Oifeleur
& il écrivit la vie de S. Odon , fécond Abbé de Cluni. ♦ Poffevin, j» Appar.
Sacr. Voffius , U. 3. de Hift. Lat.
[NAMAQUAS , Efpece de Cafl^res découverts par les Hollandois efi
166 1 . vers leCap deBonneEfperance. Ilsfont naturellement blancs,mais ils
fe noirciffcnt la peau pour paroître plus beaux. Dapper, Defcr. de l'Afrique.']
[NAMATIUS , Maître des Offices fous l'Empereur Honorius , l'an
iSfAM.
ccccxïi.Ilen eftfaitmentîon dansie Code Theodofîen,ï. 15;. ^«i!,^«;?)(?J«i.]
NAMAZ: les Turcs appellent ainfî la Prière, qu'ils font cinq fois
le jour: favoir, i. entre le point du jour, & le Soleil levant. 2. à
midi. 3. entre midi & le Soleil couchant. 4. après que le Soleil eft coit-
ché. & 5. à une heure 6c demie àtnmt..*'R\ci.\iï, de l'Empire Ottoman.
SVP. ^
NAMNES, qu'on fait Roi des anciens Gaulois, étoit fils de Galàte
II. dont je parle ailleurs. La conformité de nom a fait croire qu'il fonda
la Colonie de Nannetes,&c la Ville de Nantes. Ces faits paroiflent pour-
tant bien fabuleux. * Dupleix , U. 2. des mern. des Gaules , ch. zz.
NAMUR , Ville & Evêché du Païs-Bas , capitale du Comté ou
Pais de Namur , qui eft une des dix-fept Provinces. Le Comté de Na-
mur eft entre le Hainaut , le Brabant , le Luxembourg & le Pais de Liège.
Il eft de peu d'étendue, & montueux; mais propre pour la chafle,&ar-
rofé de la Meufe & de la Sambre. Il n'a environ que 12. lieues de lon-
gueur, Scim peu moins de largeur. On y trouve des mines de fer & de
plomb , & des Carrières de diverfes fortes de marbres , avec des pierres ou
mottes de terres propres à brûler, que l'on appelle Houles. Ses Villes
après Namur font Bovines, Charlemont, Valcour, Til-Ie-Château Se
Charleroi, avec environ 180. Bourgs ou Villages & plufieurs bonnes
Abbaïes. La ville de Namur , Namurctnn , fur la Sambre & à côté de la
Meufe , eft entre deux montagnes , avec un Château extrêmement fort.
L'Eglife Cathédrale dédiée à S. Aubin , y fut érigée eni 569. & Antoine
Habet d'A.rras , Dodleur , de l'Ordre de faint Dominique, en fut le pre-
mier Prélat. Cet Evêché eft Sufiï'ragant de Cambrai. Outre la Cathé-
drale, on trouve à Namur l'Eglife Collégiale de Nôtré-Dame. Il yen
avoit une autre de S. Pierre , fondée en 1 202. par Philippe le Noble.Com-
te de Namur, mais elleaètéunieàcelledefaint Albàn.Namuradiverfes
autres Eglifes & Mpnafteres , de beaux édifices & elle eft riche & agréa-
ble. Il y à unConfeil Royal de la Province, d'où l'on apipelle à celui de
Malines. Pontus Heuterus a cril que Namur étoit la Kcr^etecenna , Neme-
iocerna ou Nemetacum deCefar,que les Modernes prennent pour Arras.
On doit encore confidérer, comme une fable ce que quelques Auteurs
fe font imaginez, que le nom de N^raur eft tiré de celui d'une Idole dite
Nam ou NanHs,oa d'une muiaille bâtie par lis R.omains,d'oùl'onadit
A^iz-w)»fr , muraille neuve, ou muraille voifine. Nous pourrions dire lai
même chofe de tout ce que ces Auteurs, amis des fables,' ont écrit des
anciens Comtes & Marquis de Namur. Flodoard parle fous l'an 024.
de Beranger Comte de Namur qui prit alliance avec N. de Mons, fille
de Reiner II. Comte de Hainaut & d'Albradc,& fœurdeReincrIII.
Celui-ci fit prifonnierle même Beranger. Albert I.Cornte de Namur
époufa Ermengarde de Lorraine fille de Charles de France , Duc de
Lorraine qui mourut en 991. ou 94. & il en eut Albert II. qui fuit,
Hadwige de Namur, femme de Gérard, Comte d'Alfa ce & Duc de la
Haute Lorraine; Et Emme, mariée à Othon, Comte de Los. Aeeert If.
de ce nom. Comte de Namur prit alliance avec Regulinde, fille de Go-
thelon le Grand, Duc de Lorraine , dont il eut Albert 111. du nom,
marié avec Itte , veuve de Frédéric de Luxembourg , Duc de la BafTe
Lorraine. Albert III. eut de cette alliance Godefroi qui fuit: Frédéric,
Evêquede Liège: Henri, Comte de la Roche: Albert Comte de Ja-
phe;Et Alix, femme d'Othon, Comte de Chinl- Godefroi, Comte de
Namur époufa en i . noces Sibylle , fille de Roger ,• Comte de Porcean , &:
en 2. Ermenfon Comteffe de Luxembourg. Delà i. fortirent, Elizabeth
femme de Gervais, Comte de Rhetel ; & Flandrine, femme de Hu-
gues, Sr. d'Antoing;&c de la Z.Henri , qui fuit; lit Alix de Namur , fem-
me de Baudouin IV. dit /«£««^/»-, Comte de Hainaut, moi^ln ri70.
Ce Baudouin prit auffi le titre de Comte de Namur. Il laula Bau-
Do-JÏN V. dit le Courageux , Comte de Hainaut, de Flandre & de Na-
mur , dont le fils puîné , fut Philippe de Flandre , dit le Noble , Com-
te de Namur qui mourut fans enfans en 1212. de Marie de France fa
femme , fille du Roi Philippe Augufte. Ce Philippe avoit une de fes
fœurs loland de Hainaut 2. femme de Pierre de Courtenaill.dunom
dont le Fils Philippe de Courtenai furnommé à la Lèvre, prit le
titre de Marquis de Namur. Il eut pour cela de grandes guerres contre
"Waleran II. du nom. Duc deLimbourgquiyprétendoientàcaufedefa
femme. Elles furent terminées par un 'Traité pafle à Dinant au mois
de Mars de l'an 1222. Nonobltant cela Philippe de Courtenai étant
mort au Siège d'Avignon l'an 1226. Henri fon frère prit encore le ti-
tre de Marquis de Namur. Mais enfin le Duc de Limbourg en refta pai-
fible poffelTeur. Henri dit tA-veugle, Comte de Namur & de Luxem-
bourg, père d'EuMENsoN II. du nom .rhariée au mois de Mai de l'an
1214. à W ALER AN II. du nom. Duc de Limbourg. De cette al-
liance vint Henri I. Comte de Luxembourg , &c. dont il prit le
nom & les armes, comme je le dis ailleurs fous le nom de Luxembourg.
11 fut furnommé le Gra»i7&/eBii)»*/,c'eft-â-direlcBlond; Scileuten-
tr'autres enfans de Marguerite de Bar, qu'il époufa en 1240. Ifabeau,
féconde femme de Gm de Dampierre , Comte de Flandre , à qui il
céda tout le Comté de Namur. Gui mourut en 1303. & Ifabeau en
1295. Je parle ailleurs de leurs enfans. Jean fut Comte de Namur &
Sieur de l'Eclufe & il mourut l'an 1330. Il époufa en i. noces Mar-
guerite de Clermont dite Bourbon, fille de Robert de France, qui mou-
rut fans lignée en 1309. & fut enterrée dans l'Eglife des Jacobins de Pa-
ris. Jean prit en 1313. une 2. alliance avec Marie d'.Artois, fille de Phi-
lippe d'Artois, Sieur de Conches, &:c. dont il eut Jean II. du nom.
Comte de Namur, mort fans poilerité en 133'j. Gbi , Comte de Na-
mur, décédé aufli fans lignée l'an 1336. Guillaume I. qui fuit: Henri
dettinéà l'Eglife , mort jeune vers l'an 1334. Robert , Sieur de Beaufort,
fur Meufe, mort fans lailler des enfans légitimes, le dix-huitième Avril de
l'an 139t. Louis Comte de Rouci & Sieur deBailleul : Jean & Thibaud ,
morts jeunes; Et Marie qui époufa en i. noces Geofroi, Comte de
Vianden,cn 2. Thibaud de Bar, Sr.de Pierrepont,& en 3. Simon de
Spanheim. Guillaume I. du nom , Comte de Namur époufa en r.
noces Jeanne de Hainaut, Comteffe de SoiiTons, fille unique de Jean de
Hainaut, Sieur de Beaumont; & il prit une 2. alliance en 1352. avec
Catherine de Savoye , Dame de Vaud , fille de Louis de Savoye If. du
nom Baron de Vaud, veuve d'Azon Vifcond, Seigneur de Iviilan &
de Raoul de Brienne, Comte d'Eu. Guillaume Comte de Namur mou-
' rut
NAN.
intVin 1391. îaiflant trois enfans qu'il avoit eusdefaî.feinrae,favoir
GuiLtAuME II. Comte de Namur, qui mourut en 1418. fans avoir
eu pofterité de fes deux femmes, i. Marie de Bar, liile de Robert I.
DucdeBar & de Marie .de France; & 2. Jeanne d'Harcourt, fille de
Jean IV. du nom, Comte d'Harcourt & d'Aumale&: de Catherine de
Bourbon : Jean III. du nom , auffi Comte de Namur, mort fans
lignée, le 16. Mars I^2.8. Et Marie de Namur , alliée i. à Gui de
Châtillon IL du nom. Comte de Soiflbns ôc de Blois , puis à Pierre
Breban , dit Clignet , Sieur de Landreville , Amiral de France. Après
cela le Comté de Namur revmt aux Comtes de Flandre; .& Philippe le
£on III. du nom , Duc de Bourgogne , Comte de Flandre , &c. re-
cueillit cette fucceflion dont fa potterité a joui. Louis XIV. Roi de
France la prit, fur la fin de Juin, l'an 1691. Guillaume III. Roi
de la Grand'-Bretagne la reprit le i. de Septembre en 1695. *Pontus
UemeraSjde 2>elg li.i.c.'^. Gramaïe, Namurc. Sainte Marthe , la Ro-
que, Guichenon, &c. Guich'àrdm,Defcr.desPaïs-Bas. Gazci, Hift.Ec-
(le/.dii Pais- Bas. Le M ire, &c.
NAN'' 'HANG , Ville autrefois confidérable , mais depuis prefque
ruinée, durant les guerres des Tartarej. Elle eft de la Province de Chiam-
li, àmis le Royaume de Ja Chine. * Martini, Atlas Sinic.
NANCHIN. Cherchez Nanquin.
NANCI , Ville Capitalede Lorraine, ancienne demeure defesDucs,
eft fituée à cent pas du bord de la Meurte, au milieu d'une plaine dont
elle reçoit beaucoup d'ornement. Les Auteurs Latins la nomment Nan-
cium& Nanceium. Elle eft divifée en deux parties; en haute ou ancienne
Ville , où eft le Palais des Ducs ; &en baffe ouVilleneuve. Safituation,
fes édifices faints & profanes , fes belles rues , & fes grandes places ,
concourent à la rendre une très-jolie Ville. La vieille eft dittinguée de
la neuve, par fes folfez & autres fortifications ; 8c auflî-tôt il s'y trouve
une grande place bordée de divers Hôtels bâtis à la moderne. Elle fait
face à trois grandes rues. On voit dans cette partie de la Ville la Chicane
qui eft le lieu où l'on plaide, la Maifon de Ville, diverfcs Fglifes & Mo-
nafteres&un Collège de Jel\iïtes. La vieille Ville a la Paroiffe de faint
Epure, ScFancicn t'alaisdes Ducs de Lorraine. Son entrée eft affez ma-
gnifique. On trouve d'abord une belle cour, fermée de quatre grandes
aîles , qui font foùtenuès de Portiques , avec quelques groifes Tours
bafles enrichie? de figures & de bas reliefs. L'une lert d'arfenal , & l'autre
fert de montée. Le Jardin eft aufli très-propre. Il occupe le delTus d'un
baflion, où ètoieht autrefois les murailles de la Ville. Il en refte encore
quelques groffes Tours rondes, qu'on voit du côté de la Carrière qui eft
îa place du manège. La ville de Nanci a quatre portes. Chambre des
Comptes, Senéchauflee , &c. Elle a été fouvent affiegée & prife. Char-
les dernier Duc de Bourgogne, la prit en 1475. f"r René Duc de Lor-
raine, qui la reprit au commencement d'Oâobre de 1476. Charles ne
pouvant fupporter cet affront , la vint d'abord afijéger; mais il y perdit
la vie & la bataille , le cinquième Janvier de l'année fuivante. On voit
encore près de la Meurte une Chapelle avec une grande Croix de pierre,
où font, fur des plaques de cuivre, des infcriptions qui marquent les
particularitez de ce combat. Cette Ville fut extrêmement fortifiée en
1587. durant les guerres civiles de France. La France la prit en 1631.
&on a fait ruiner en 1661. fes fortifications, qui ont été depuis réparées.
NANCIAM , Ville d'Afie, en Chiamfi, Province de la Chine.
Confultez Martini.
NANGAZACHI , grande Ville du Japon, avec un très-beau Port ,
dans l'Ile de Ximo , dans la Province de Figin. Le Pape Sixte V. y
mitle Siège d'un Evêché SufFragant de Goa ; mais aujourd'hui il n'y a plus
dePrélat,. bien qu'il y ait encore plufieurs Chrétiens, à ce que l'on dit.
NANGIS. Cherchez Guillaume de Nangis.
NANI (Jcan-Baptifte) noble Vénitien Procurateur de faint Marc,
étoit fils de Jean Nani, qui avoit pofTedé la même Charge de Procurateur,
& de Marine Landi. llnâquit le3o^Août,de I'ani6i6. Onl'élevadans
les Lettres, & il y fit en peu de tsms un grand progrès. Son père étoit
habile & forma lui-même ce fils dans les affaires. Il l'avoit avec lui à
Rome, où il étoit Ambafladeur de la République de Venife, auprès du
Pape Urbaiîi VlII. Ce Pontife qui fe connoiffoit fi bien en gens, prédit
que Jean-Baptifte Nani deviendroit un excellent Homme. 11 ne fe trom-
pa point. Nani fut admis dans le Collège des Sénateurs, l'an 1641. Peu
après , il vint AmbafTadeur en France , où il demeura cinq ans, & il s'y
aquit une grande réputation. Le Cardinal Mazarin Miniftre d'Etat
s'entretenoit fouvent avec lui. Nani lui donna les moyens de donner
la paix à l'Europe, & fes confeils produifirent en quelque façon le Trai-
té de Munftcr de l'an 1648. Ce fut en cette année qu'il retourna à Veni-
fe, après avoir obtenu de la France un fecours confidérable d'Hommes
& d'argent, pour la guerre de Candie contre le Turc. Comme fes négo-
ciations avoicnt été utiles à fa République , fes confeils le lui furent en-
core beaucoup. On le fit pafler dans le Collège des confultes politiques ,
8c il y fut Surintendant des affaires de la guerre & des finances. En 1 654.
on l'envoya Ambafl'adeur à la Cour de l'Empereur. 11 y fit depuis un
fécond voyage, après féleftion de Leopold, 8c de là il eut ordre de repaf-
fer en France en 1660. Il s'y trouva au mariage du Roi 8c à laconclu-
fion de la paix des Pirenées. Il y obtint un nouveau fecours pour la guer-
re de Candie, &: le Sénat de Venife extraordinairement fatisfait d'une
conduite fi prudente, le choifit pour remplir la Charge de Procurateur de
S.Marc, vacante par la mort de Leonardo Fofcoli. Peu après, en 1663.
le grand Confcil le nomma Capitaine Général de la Mer; mais comme
l'air de la marine étoit tout-à-fait contraire à fa fanté , on ne voulut pas
expoferunhommede ce mérite Se fi néceflaire à la République. Il con-
tinua à rendre des fervices confiderabîes à fa Patrie. Le Sénat a coutume
de donner l'emploi d'écrire l'Hiftoire de Venife à un des priiicipaux No-
bles de la République. Nani en fut chargé, 8c il en compol'a la première
partie que toute l'Europe a beaucoup eftimée. M. l'Abbé Talemant
l'aîné , de l'Académie Françoife , l'a traduite en nôtre Langue. On tra-
vailloit à imprimer la féconde Partie, quand Nani eft mort le 5. Novem-
bre 1678. la 63. année de fon âge. [Cette féconde Partie de l'Hiftoi-
re de Nani a été traduite depuis , par M. Mafclari 6c imprimée à
Amfterdam en 1701.] Il a compofé d'autres Pièces qui n'ont
pas été publiées , comme la Phaifale de Lucain paraphralée , des
«NAN. I
confidérations fur les Annales' de Tacite , des Difcours divers , Sec. On
l'avoit aufli nommé pour fe trouver l'an 1677. aux Conférences de la
la paix de Nimegue,mais les hfpagnols le recuferent. Divers Auteurs
parlent avantageufement de lui. Voyez Ion éloge parmi ceux des hom-
mes de Lettres de Lorenzo CralTo.
NANKING. Cherchez Nanquin^
NANNl, Ville de la Chine, en la Province de Chiamfi, fur le Con-
fluant des rivières Puon Se Li, vers les confins du Royaume de Tunquin;
*iVIartin Martini, Atlas Smkus, O" Hift.
NANNl ou N A N N I u s (Pierre) Chanoine d'Arras , 8c Profeffeur ,"
dans l'Univerfité de Louvain, étoit d'Alcmaer en Hollande, où il naquit
en 1500. Il avoit beaucoup de génie, une mémoire excellente, avec un
fonds de bonté admirable. Son inclination le portoit aux Lettres, 8c il s'y
rendit très-habile. Ses Ouvrages témoignent qu'il étoit bon Critique,
excellent Grammairien , Orateur habile , 8c qu'il favoit la Théologie,
le Droit 8c les Mathématiques. Il a lailTé des Oraifons, Se des Notes
fur prefque tous les Auteurs Clafllqucs , 8c fur des Traitez de quelques
Pères. Mifcellaneorum five irvnuix.7m Decas. De claris Roms, Corne-
lus. Scholia in Cantica. In Sapkntiam. ArMotationes m Injiittitiones
Jiiris Civilis, vc Pierre Nanni enfeigna durant 18. ans à Louvain^
& il y mourut le 11. Juillet de l'an 1557. -âgé de 57. ans. Confultez Le
Mire, Valeré André, Melchior Adam, Paul Jove, Ghilini, 8cc.
NANNINI (Rémi) Religieux de l'Ordre de faint Dominique,
étoit de Florence 8c fut efiime entre les Théologiens 8c les Prédicateurs
de fon tems. Le Pape Pic V. le fit venir à Rome, pour y travaillera une
édition des Oeuvres de S. Thomas. Le P. Nannini compofa lui-même
divers Ouvrages, dont le plus confidérable eft un Commentaire fur tou-
te l'Ecriture avec l'Hiftoire des perfonncs illuftres,des plantes, des ani-
maux, des pierres, des Fleuves, des Montagnes, 8cc. dont il eft fait
mention dans la Bible. Il mourut à Venife 1 an 1581. Confultez Antoine
de Sienne, Ghilini, 8cc;
NANNON, FrifondeNation,vivoitfurlafinduIX. Siècle en 880.
Il étoit favant pour le tems , il fut Précepteur de Radbode , quator-
zième Evêque d'Utrecht , 8: laiifa quelques Ouvrages de Philofophie.
*Jean deBeka,OT Chron. Ep'i/c. UltrajeBVzXiîxt AnàK,mBîl;LBelg.p.6T],
NANQUIN, NANIvING ou Nanchin , grande Provmce de la
Chine, avec une Ville de même nom. On lui donne auffi le nom
deKiangnang. La Province de Nanquin eft divifée en quatorze Parties^
qui ont toutes une grande Ville; favoir Nanquin, Fungiang , Sucheu ,
Sunkiang , Changceu , Chiakian , Yangcheu , Hoiagan , Lucheu ,
Ganking, Taiping, Ninque, Cuicheu, 8c Hoeicheu. Ces Villes en
ont fous elles environ cent 8c dix de moins confiderabîes. Celle de Nan-
quin eft Capitale , elle a eu auffi le nom de Ingtien ~8c de Kiangning.
C'étoit autrefois le féjour de la Couràcaufede fes beaux édifices & de la
fertilité de fon terroir. Elle eft fur la Rivière de Kiang , Se a eu le Palais
de fes Princes, que lesTartares ont ruiné. Cette Province donne fon
nom au Golphede Nanguin ou de Gaing, que les Portugais appellent
Enfeada de Nanquin. * Martin Martini , Atlas Sinicns , c' Hi/i.
N ANTEPvRË , Bourg de l'Ile-de-France, à deux lieuës de Pans ; entre
cette Ville 8c S. Germain, 8c près delà Rivière de Seine. Ilefttrès-renom-
mé,pour avoir été le lieu de la naiiTance de fainte Geneviève Patrone dePa-
ris. Les Latins le nomment Nctxptodunmi 8c Nemetodurum. Le nom dé
Nanterrcfe trouve dans les anciens Auteurs de nôtreHiftoire. Onytint
en 59 1 ,imc AfTemblée confidérable de Prélats 8c des Grands du Royaume,
pour le Baptême du Roi Clotairell. *Gregoire de Tours, li. 10. c. 18.
NANTERRE, nom d'une Ancienne Famille de Paris, à laquelle
le Bourg de Nanterre a donné fon nom , qui a eu dans le XV. Siècle
SiLoN DE Nan TERRE Coufeillcr du Roi , 8c un des quatre Pré-
fidens au Mortier de fa Cour de Parlement de Paris. Il étoit fils de Jean
8c on le confidera comme un des plus doèïes Jurifconfultes de fon tems.
Aufli pour recompenfer fon mérite on fèleva dans les Charges de Con-
feiller &c puis dePréfident en mil quatre cens neuf. Le Roi Charles VI.
lui donna trcs-fouvent des témoignages publics de foneftinie. LesPar-
tifans du Duc de Bourgogne l'obligèrent en 141 8. de fe défaire de fa
Charge, qu'il exerçoit avec un zèle qui étoit trop avantageux au Pvoi 8c à
l'Etat, pour plaire'à ceux qui s'en étoient déclarez les ennemis. Ce fage
Magiftrat fut pcre de Philippe 8c de Matthieu de Nanterre. Ce-
lui-ci fut Premier Prélident du Parlement de Paris, depuis l'an mil qua-
tre cens foixante-cinq. LeRoi Louis XL le tranfmit à Touloufe, pour
mettre en fa place Jean Dauvet qu'il airaoit beaucoup. Le Sieur de Nan-
terre obéit ; 8c il fut rappelle peu de tems après à Paris, où il fe contenta
de tenir la place de fécond Piéfident, qu'il exerça avec une très-grande
pro'oité, 8c il mourut en 1487. *Blanchard, Elog.desPrem. Préf. a" des
Préf. au Mortier du Parlcm. de Paris.
NANTES fur la Loire 8c l'Ardre , Ville de France dans la haute
Bretagne, avec titre de Comté 8c Evêché Suffragant deToms. Les Au-
teurs Latins la nomment Namiets ou Nannetum Condovicum. Sans s'ar-
rê,ter aux fables de ceux oui s'imaginent que cette Ville fut bâtie par
Nantes un des defcendans de Noé, nous pouvons afilirer qu'elle eft ttès-
ancienne, 5^: que Cefar, Ptolomée 6c Grégoire de Tours en parlent avan-
tageufement. Elle eft encore très-coniidérable, 8c fa fituation eft fi biera
choifie, que pour le commerce 8cla beauté du pais qui l'environne , ora
ne la peut pas fouhaiter plus accomplie. C'eft aufli avec raifon que Ber-
trand d'Argentré la nomme l'œft de la Bretagne. Elle a eu fes Comtes
pardculiers ; 8c depuis elle a été le Siège des Ducs. L'Evêché eft Suff"ra-
gant de Tours, comme je lai dit, &c l'Evêque de Nantes eft Confeiller né
du Parlement de Px.ennes. Outre le Siège Epifcopal, il y a encore à Nan-
tes, Préfidial , Généralité , Chambre des Comptes , 8c Univerfité,
Nantes eft aulfi très-forte &z a- un beau Château. La Rivière de
Loire y a un très-beau Port, elle y reçoit l'Ardre, 8c contribue au grand
commerce qui s'y fait; auffi bien que le Flux, 8c Reflux de la mer qui y
fait remonter les plus groffes barques 8c les vaiiTeaux de médiocre gran-
deur. Les plus grands s'arrêtent quatre lieuës audeftous de Nantes. Cette
Ville fituée fur m rive droite de la Loire eft au pied de quelques colines ,
dontelle occupe une partie qui eft féparée par l'Ardre. Le Château dont
j'ai parlé eft flanqué de groffes Tours rondes du côté de f^ porte dans la
Ville,- Se de quelques demi-lunes du côte du Faux-Bourg faint Clément.
A3 Cç
é
nan. nap.
CeFaux-Boiire eft ferme de murailles. Il y en a frms autres à Kantes,
le Marché, la Foffe & celui de Pillemil. L'Ëglile Cathédrale de famt Pier-
re èft ornée de deux hautes Tours & de quelques Tombeaux des Ducs
de Bretagne On y trouve auffi la Collégiale de Nôtre-Dame , avec un
très-grand nombre d'autres Eglifes, Monaltercs & un Collège de Pères
de l'Oratoire. Je dois encore remarquer que la ville de Nantes a beau-
coup fouffert en diverfesoccafions. Neoraene étoit defcendu des anciens
Jlois de Bretagne dont il fe rendit Souverain, après la fanglante Bataille
de Fontenay l'an huit cens quarante-un. Ce fut à la follicitatiou du
Comte Lambert. Celui-ci au defefpoir de ce que le Roi Charles le Chau-
w lui avoit préféré Renaud, Comte de Poitiers , à qui il avoit donne la
■Ville de Nantes, perfuada à Neomenc de fe révolter ; & enfuite avec le
fecours des Bretons il tua -le même Renaud 8c fe rendit maître de Nantes.
Sa conduite déplût à Neomene qui le chafla de cette ville. Alors Lam-
bert furieux alla implorer la protedion desNormans. Il les amena, par
la Rivière, devant Nantes , qu'ils prirent par efcalade le jour de la faint
Jean de l'an huit cens quarante-quatre. Ils égorgèrent la plupart des
habitans qui s'étoient réfugiez dans l'Eglife de faint Pierre, ils maffacre-
rent , fur le grand Autel, l'Evêque qui difoit la MeffcSc emmenèrent tout
ce qui reftoit d'hommes en vie. L'an huit cens cinquante un le même
Comte Lambert prit encore Nantes , & y furprit par trahifon les Fran-
çois qui y étoient. Neomene mourut peu après ; & le Roi Charles le
Chauve donna Nantes à Herifpoux fonfils, qui l'étoit venu trouver à An-
gers. Voyez ce que j'ai dit ailleurs des Comtes de Nantes, en parlant de
la Bretagne , d'Alain I. ditBarbe-Torte & d'Alain II. dit le Rebru Comtes
de Bretagne. En 1 34X. les Anglois affiégerent cette Ville, fans la pouvoir
prendre. Ils furprirent le Château, le foir du Mardi-gras de l'an mil
trois cens cinquante-cinq. Gui de Rochefort le reprit & fit mourir les
Anglois, en punition d'avoir violé la trêve. Le Roi Henri IV. étoit l'an
1598. à Nantes, & après avoir reçu la Province de Bretagne, qui avoit
pris le parti de la Ligue, avec Philippe- Emanuel de Lorraine, Duc de
Mercœur,&C. fon Gouverneur , il fit au mois d'Avril, l'Edit deNan-
'tes en faveur des Prétendus-Réformez, qui ne fut enregillré en la Cour
que le vingt-cinquième Février de l'année fuivante. *Du Chefne, Re-
cher.desant.desrM. Argentré, & Auguftin du Pas , Hijl. de Bref. Since-
lus , lier. Gall. Sainte Marthe , Gall. Chrifi.
Conciles de Nantes^
Le Pape Vitalien fit célébrer en 658. un Concile à Nantes, où il fut
permis à S. Nivald de Rheims, de renouveller un Monaftere. Salappius
étoit alors Evêque de Nantes. Nous avons vingt Canons d'un Concile
célébré en cette ville. On eftime ordinairement qu'ils furent faits en-
viron l'an 895. fous le Pape Formofe ; mais il y a plus d'apparence qu'on
lesdrefla en cette aflemblée de 658. Flodoard en parie dans lei. Livre
ch.8. Hildebert de Tours prélida à un Synode tenu à Nantes en 11 17.
fous le Pontificat d'Honorius II. comme nous le voyons par les Epî-
tres 65. & 66. de ce Pape; & dans les Ades de la vie de Walon ou
Gualon, Evêque de S. Paul de Léon, qui fe trouva à ce Concile. Bricce
gouvernoit alors l'Eglife de Nantes. On met un autre Concile tenu en
cette Ville en 1145. mais nous en avons peu de connoiflance. Vincent
dePilenis, Archevêque de Tours , ayant aflemblé un Synode à Rennes,
le Lundi après la Fête de l'Afcenfion, il en célébra un autre à Nantes,
le Mardi après la Fête des Apôtres S. Pierre & S. Paul , de la même année
1163. ou 1164. Gabriel de Beauvau, Evêque de cette Ville, publia des
Ordonnances Synodales en 1641.
[NANTIGISE , Evêque d't/r^ci en Catalogne , qui affifta à un
Concile de Barcelone tenu en 906. V. MarcseHifp. L. IV. p. 377. cy
fiqq.1
NANTILDE, Reine de France, étoit fœurde Landri,& Demoifelle
fuivante de la Reine Gomatrude. Le Roi Dagobert I. prit quelque in-
clination pour elle , & l'époufa en 629. lorfque la Reme fut répudiée
fous prétexte de ftérilité. Plulieurs Auteurs fe font imaginez que Nan-
tilde avoit été Religieufe , trompez par un Manufcritd'Aimoin, où ils
lifoient Monafterio pour Umifteric , comme je l'ai remarqué en parlant
de Dagobert I. Nantilde étoit une très-habile PrincefTe, qui gouverna
très-fagement le Royaume , après la mort du même Roi Dagobert en
638. & durant la Minorité deClovisII. fon fils. Elle employa dans les
affaires le fage Ega,& mourut en 641. ou 647. félon d'autres. Elle fut
enterrée à faint Denis auprès du Roi fon mari. Confultez les Chroni-
ques de S. Bénigne de Dijon , de Beze, de S. Arnoul de Mets, &c.
I- NAPE'ES, Nymphes des Forêts & des Bocages, félon la croyance des
Payens. Ce nom vient de v«ar®- , qui lignifie un Bocage, ou un Vallon
couvert d'arbres. * Servius le Grammairien. S UP.
NAP LES, grande & belle Ville d'Italie , avec titre d'Evêché. Elle
cil capitale du Royaume de Naples , à qui elle donne fon nom. Les Au-
teurs Latins la nomment Neapolis , les Italiens Napoli ,\ti Efpagnols Na-
foles. Elle eut premièrement le nom de Parthenopé , qui lui fut donné,à
ce que l'on prétend, de celui d'une Sirène. C'eft ce que les Auteurs an-
ciens aflurent, & fur tout Silius Italiens, lib. 12.
Si Naples n'eft, comme on le dit, que la troifiéme Ville d'Italie peur
la grandeur, c'eft peut-être la première pour la force & la beauté. Àuffi
les Italienslui donnent le nom de Gentille, & elle fe glorifie d'empofter
le prix fur toutes les autres Villes d'Italie.en beauté, ou du moins en peuple
& en belle fituation , qui y attire toute la Noblefle du Royaume. Elle
a d'un côté la campagne ; & de l'autre la vue fur la pleine mer, qui y for-
me un grand Port , fort aiTuré. Les anciens Romains eftimoient fi fort
la bonté de fon air, que la plupart des Grands avoient leurs rnaifons de
plaifance aux environs. Il y a peu de Villes dans l'Europe , oii si y ait
plus grand nombre d'Eglifes qu'à Naples. La Métropole eft dédiée à
S. Janvier, un des quatorze Patrons de la Ville. Il y a une Chapelle bâtie
à la moderne qui eft très-belle, tant par les Statues de bronze que par les
peintures. Cette Eglife a encore un Dôme peint par le Domenichino.
On conferve dans la Chapelle, dont j'ai parlé, du Sang de S. Janvier dans
unvafedeverreoù il eft congelé; & quand on l'approche de la tête du
même Saint, il devient liquide &fc forme en petites boules. Les Eglifes
de S. Jean de Carbonara, celle de faint Pierre, des Dominicains où l'on
NA?. •. ,
conferve le Crucifi* qui parla, à ce qu'on dit, à S.Thomas d'Aquin,d«
Tbeatins , des Jefuïtes , des Carmes , des Cordeliers , des Chartreux ,
rAnnoDciade,&c. méritent d'être vues. Le Château de roe?(/eft dans
la mer, fur un Rocher de forme ovale , & il fut bâti par Guillaume III.
Normand. Il y a enfuite le Château-neuf, fait par Charles I. frère de
S. Louis, & augmenté par Ferdinand d'Arragon. Il contient le Palais du
Gouverneur, avec un vaftemagazin, où il y a beaucoup de machines de
guerre. Le Château Saint Elme eft un Cavalier au deffus de la Ville,
fur un haut rocher, d'où il commande à tous les environs. Ce Château
fut bâti par l'Empereur Charles V. Il y a encore le Torrion des Carmes;
la Tour S. Vincent , & le Château Capotian. Le Palais du Viceroi eft
fort beau : les autres plus confiderables de Naples font ceux de Tolède ,
desUifins,de Caffignan,desCaraffes,du Prince de Sulmone,de Stige-
liane,^ceux des Ducs d'Atri, de Matelone, Gravine, &c. La rue dite
la Strada di Toledo eft la plus belle de Naples. Elle eft pavée de pierre
de taille, & embellie de grand nombre de Palais & de Maifons magnifi-
ques. La plupart des maifons font couvertes de plate-formes, où l'oii
fe promené lé foir. Naples a aulS de belles places , où la Noblefle s'af-
femble,felon fes rangs. Elles font toutes entourées de baluftres de fer &
peintes au dedans. C'eft où la Noblefle fe promené. Le Mole eft admira-
ble. Il s'avance un quart de mille dans la mer ; avec le Phare au bout,
où il y a une fontaine d'eau douce. Naples a deux Académies de beaux
Efprits , gl'jirdenti & grotwfi. Le R o y a u m e de N .i p l e s eft le
plus grand Etat d'Italie. ' 11 s'avance en forme de prefqu'Ile , ayant la
Mer Ionienne au Levant, le Golfe de Venife au Septentrion, la Mer Tir-
rhene au Midi , & les Etats de l'Eglife au Couchant. On le divife ordi-
nairement en douze Provinces, qui font la Terre de Labour , la Princi-
pauté Citerieurc , la Principauté Ultérieure , la Bafilicate , la Calabre
Citerieure, la Calabre Ultérieure , la Terre d'Otrante , la Terre de Bari ,
la Capitanate , le Comté de Moliile , l' Abruzze Citerieure & l'Ultérieure,
Toutes ces Provinces font fi peuplées, qu'on compte plus de deux mille
fept cens Villes , Bourgs ou Paroiflés. Peut-être que toutes ces chofes
font un peu changées aujourd'hui. Nous pouvons dire de même du redc.
Car on y marque ordinairement vingt-trois Archevêchez, environ cent
vingt-cinq Evêchez, quarante- cinq ou cinquante,Prindpautez,foixante-
quinze ou quatre-vingts Duchcz ; quatre-vingts §<: dix on cent Marqui-
fats; foixante-cinq Comtez; & mille Baronnies ,• dont il y en a quatre
cens de fort anciennes. Les Villes les plus confiderables après Naples ,
font Acerenza. Amalfi, Lanciano, Capouë ,• Gayete , Gravine , Co-
zence, Otrante , Manfredonia , Noie, Nocere, Roflane, Reggio,
Salerne, Tarente, Conza , Sorento , . Brnndufe , Bari, Benevent qui
eft au Pape , &c. Les Rivières font le Volturne ; Triunto , l'OfFante, le
Galefl"e,&c. Les Lacs deFondi&d'Averae,& les Monts de Vefiive,
Pofilippo , Faleme , &:c. font les plus confiderez. L'air du Pai'is eft ad-
mirable; la terre eft extrêmement fertile , & tout y eft abondant. Ce
qui fait dire aux Italiens , que Naples eft un Paradis habité par des Dia-
bles. Ils difent encore Napoïi odor'îferazff gentile,maUgente cattiva. Les
Napolitains furent fort fidèles aux Romains. , Mais leur Etat pafla aux
Gots dans le V. Siècle. Belifaire , Général des Armées de l'Empereur
Juftinien prit Naples en cinq cens trente-fept, ayant fait entrer des
foldats dans la Ville par des Aqueducs.. Totila la reprit en cinq cens qua-
rante-trois. Les Lombards en furent depuis les maîtres , Se. la gardè-
rent jufqu'à ce que leur Royaume fut aboli par Charlemagne , l'an 774.
Les enfans de Chaiiemagne partagèrent cet Etat avec les Grecs, qui de-
puis le foûmirent tous; mais ils en furent dépoiîédez de la plus grande
partie par les SarrafinS,dans le IX. & X. Siècle. Ces Barbares furent fou-
vent battus; mais ils y revinrent toujours, & s'y rendirent très-puif-
fans , jufqu'à ce que V.s Normans, Fierabras , Dreux , Robert Guifchard ,
qui fut Duc de la Calabre &de la Pouiile.les en chafferent entièrement
dans l'onzième Siècle. Ils régnèrent jufqu'au mariage de Henri IV.
fils de l'Empereur Frédéric Barberoulfe, qui époufa en 11 86. à Milan,
Confiance fille pofthume de Roger, Duc de la Fouille. Elle eut Fré-
déric II. Empereur, mort en mil deux cens cinquante & père de Con-
rad, mort en mil deux cens cinquante-fept. Celui-ci eut Conradin ;
mais le Royaume fe fournit à Mainfroi, bâtard de Frédéric II. qui fut
dépouillé par Charles d'Anjou, frère de faint Louis, que les Papes Ur-
; bain IV. & Clément iV. avoient invefti de ce Royaume, comme je
le marquerai dans la fuite. Les Pririces de la Maifon d'Anjou polTede-
rent cet Etat aflTez long-teras, jufqu'à la Reine Jeanne II. qui mourut
en mil quatre cens trente-cinq. Cette Princelle fe voyant dans la dif-
grace du Pape Martin V. qui avoit donné lin veftiture du Royaume à
Louis III. Duc d'Anjou, adopta Alphonfe V. de ce nom. Roi d'Ar-
ragon; Mais l'ingratitude , la vanité & les mauvais traitemens de ce
Prince, obligèrent la Reine d'inftituer pour fon héritier le même Louis.
Celui-ci étant mort, elle fit un Teftament en faveur de René d'Anjou,
frère de Louis. Ce fut le propre jour du décès de Jeanne , le 22. Fé-
vrier de l'an 1435. René perdit le Royaume, dont les Arragonois joui-
rent jufqu'à la conquête qu'en fit le Roi Charles VIII. & puis Louis XII.
Mais enfin , le grand Capitaine Gonfalve en chaflTa les François, contre
le Traité fait entre le même Roi Louis XII. & Ferdinand Roi d'Ef-
pagne ; & depuis ce tems les Succeflêurs de ce dernier en font maî-
tres. Il eft vrai qu'ils relèvent du Saint Siège à qui appartient le fief, &
qu'ils lui font tous les ans hommage d'une haquenée blanche Se de fir
mille ducats , que l'AmbaflTadeur préfente au Pape , le jour de la Fête
de faint Pierre. Au refte,la Ville & le Royaume de Naples ont produit
de grands Hommes , dont je parle ailleurs. Entre les Savans de Na-
ples on peut conlidérer particulièrement Stace , Sannazar , le Marini ,
Alexander Ah Alexandre , &c. Confultez cependant divers Voyages
d'Italie , & des Relations particulières de Naples , Strabon , Pline , "Ti-
te-Live, Procope , &c. citez par Leander Alberti , Francius, Falcus ,
Hetempert, Acciajole, Pandulphe, Collenucio , Cappacio& Summoneta
Hiftoriens de Naples , Blondus , Nauclere , Volaterran , Sabellic , Paul
Jove , Guichardin , les Auteurs de l'Hiftoire de Provence , &c. [Lifez
particulièrement la Guida de' foraftieri curiofi di vedere le cofe più nota-
bili délia régal città di Napoli dairAbbateSarnelli,/»i2.^ J>7a/'/cii686.
O" le P. Cantel Jefuite dans fon Livre intitulé : Metrofolitanartim ur-
Hum uifioria.} Les Neapolicains fe révoltèrent en 1646, & 1647. &c.
que
NAP.
que la révolte commença dans la place du Marché , fous un miféraWe
Pêcheur, nommé Thomas AngeloMaia, vulgairement Mafaniello. Il
commanda durant qiiinie jours a deux cens mille hommes, qui luiobéil-
foienc aveuglément. On l'ait ce que le Duc de Guilé y fit depuis; car
nous avons des Mémoires particuliers de toutes ces chofes, & comme il
y retourna en 1654. &c. Marius Caralïé , Archevêque de Naples, célé-
bra dsux Conciles ; rovinciaux en 1568. & 1576. Le Cardinal Alphonfe
Caraffe , fon prédecelTeur , avoit publié des Ordonnances Synodales en
mil cinq cens lbi;;ante-cniq. Après cela, je dois donner une Succeflion
des Ruis de Naples,qui l'ont auffi été de Sicile. Mais il eft important de
faire auparavant deux ou trois Remarques , qui ne feront pas inutiles.
C'efl que le fief du Royaume de N.iples appartient à l'Eglife , dont les
Papes avoient chaflé les Sarrafins , outre les autres Droits qui ont été
éclaircis par le Cardinal Baronius, qu'on pourra confulter. Il faut aufli
remarquer que lorfque les Normans , puis les [-"rinces de la Maifon de
Souabe , & enfuite ceux de la M.iilbn de France, dits d'Anjou, ont pof-
fedé cet Etat , ils ont été Seigneurs abfolus & de fait & de droit , tant de
l'Ile de Sicile , que du Royaume de Naples. Et même ces deux Etats
étoient alors compris fous le nom de Royaume de Sicile. L'injufl:e pof-
feflion de l'Ile de Sicile, commencée environ l'an 1167. par Pierre Roi
d'Arra^on, a produit les diftinétions de Sicile deçà & delà le Fare , des
deux biciles, du Royaume de Trinacrie , du Royaume de Naples & de Si-
cile. Ces Princes Arragonois voulurent prendre ces noms difFerens, pour
diftinguer les poffeffeurs de ces deux Etats & pour donner quelque fon-
dement a leur invafion. Le droit des Rois de France fur les Royaumes
de Naples & de iicile, tant deçà que delà leFare, eftfond,éfur l'invefti-
ture qu'en donna, enizôj. le Pape Clément IV. à Charles de France
Comte d'Anjou & de Provence, frère du Roi Saint Louis , tant pour lui
que pour fes héritiers en droite ligne, tant mâles que femelles. Au dé-
faut des defcendans du même Charles , Alphonfe de France , Comte de
Poitiers 6c de Touloufe , auffi frère de faint Louis, "étoit appelle à ce
Royaume; Er le même Alphonfe mourant avant Charles , le puîné des fils
du Koi faint Louis avoit le même droit. Le Pape Urbain IV. avoit fait
l'an mil deux cens foixante-deux le projet d'une même difpofition , qui
fut fuivie mot à root par fon fucceflé-ir Clément IV. Enfuite de cette
invelHture foufcrite par feize Cardinaux, Charles lé rendit maître de
tout le Royaume tant deçà que delà le Fare. Il a été pofledé parles deux
Branches d'Anjou de la Maifon de France. Le Roi René en fut entière-
ment dépolTedé. IllaiiTa fon héritage & fes droits à Charles IV. du nom
Roi de Naples & de Sicile ; & celui-ci inif itua l'on héritier univerfel en
tous les Royaumes, Duchez & Comtez, le Roi Louis XI. fon coufin
germain , Charles , Dauphin de France , fils du même Roi , & tous
leurs luccefleurs , Rois de France. Ce fut le ro. Décembre i48r. Ce
Teftament confirme les droits du Roi fur le Royaume de Naples; ce
qu'on pourra voir à fond dans le Traité publie par M. Du Pui.
Suaeffion Chronologique des Rois de Naples e? de Sicile.
Pour rendre plus facile cette Succeffion Chronologique , je la diftin-
guerai par fes Familles qui ont régné en cet Etat , en commençant par les
Rois defcendus de Tancrede de Hautevillc, Seigneur Normand. Car les
fils de ce Gentilhomme furent ceux qui s'y rendirent les plus illullres,
& qui établirent ce Royaume.
Kois Normans de Naples & de Sicile.
Robert Guichard, Duc de la Pouille de la Calabre, mort en 1085.
Roger I. & Boëmond fils de Robert Guichard.
En 10K5 Robert dit le BoJJu. durant 17. ans.
1102, Roger II. 27
1129 Roger m. 24
1152 ou 53 Guillaume I. dit le Mauvais, 14
u66 Guillaume II. dit le lion , 13
II 89 Tancrede le Bâtard, 3
1192 Guillaume III. 2
Confiance.
. La Princelfe Conftance mariée en 1186. à l'Empereur Henri VL
porta le Royaume de Naples & de Sicile dans la Maifon des Princes de
ijoiiabe.
Rois de la Maifon de Soitabe.
Henri VI. Empereur , mort en 1 197
Frédéric II. Empereur, mort en 1250
Conrad, mort en 1257. fut père de Conradin à qui on -fit
couper la tête, en 1268
Mainfroi le bâtard tué en 1265
LeFape Clément IV. donna en 1265. l'inveftiturc du Royaume de
Naples & de Sicile, à Charles de France, Comte d'Anjou & de Provence
qui fut couronné en 1266.
S.ois de la Maifon de France de la 1. Branche d'Anjou,
1266 Charles I. 10
1285 Charles IL dit le Boiteux, 2j
1309 Robert le Bon & le Sage, 34
1343 Jeanne l. 3P
La Reine Jeanne I. adopta par fon Teftament fait 1629. Juin 1380.
Louis de Fran*I. du nom Duc d'Anjou, Sec. fils du Roi Jean, qui fit la
II. Branche d'Anjou. Cependant Charles de Duras coufin de cette Rei-
ne , s'établit fur le trône ; ce qui fut un grand fujet de guerre. Je mets
la les noms des uns & des autres pour ne rien négliger.
1382 Charles III. de la Paix, ou le Petit, 4
13^6 Liàitlzs le Magnanime &C le Viâiorieux , 28
1414. Jeanne II. ou Jannelle, 20
La Reine Jeanne II. adopta le Roi René , ce qui lui donna un double
droit.
NAP.
46
Rois de la II. Branche d'Anjoti,
1382 Louis de France I. du nom,
1384 Louis II.
2
i3
1417 Louïs IIÎ.
1434 René le Bon,
1480 Charles lil.
Rois de Napks & de Sicile de la Maifon i Arragon.
Pierre III. Roi d'Arragon époufa en 1262. Conftance fille duBàtard
Mainfroi, & fit égorger tous les François, l'an 1182. en Sicile, où il
s'établit , & mourut excommunié 4. ans après.
1282 Pierre Roi d'Arragon, ' 4
iz86 Jaques I, 41
1327 Frédéric, r
1328 Pierre IL 15
1342 Loius, ri -
13 J5 Frédéric dit le Simple, 13
1368 Marie, femme de Martin , 34
1402 Marrin, veuf de Marie, 7
1409 Martin II. i
1410 Blanche, veuve de Martin , i,
1412 Ferdinand de Caftille, dit lejufte,
Jeanne II. Reine de Naples , adopta en 1420. Alphonfe V. Roi d'Arra-
gon , qu'elle déshérita trois ans après, à caufc de fon ingratitude.' C'eft
fur cette adoption que fondent leur droit les derniers RoiS de Naples.
Derniers Rois de Naples.
Alphonfe V. Roi d'Arragon , mort en 1458
1458 Ferdinand I. Bâtard , 3^
1494 Alphonfe II. I
149 s Le Roi Chartes VIII.
149^ Ferdinand II. t
1496 Frédéric, dépoffedé, 5 .
1501 Le Roi Louis XII. ■ 2.
1503 Ferdinand V. Roi d'Arragon, mort en 1516
1 516 Charies V. Empereur, 42.
1558 Philippe II, Roi d'tfpagne. 40
1598 Philippe III. 23
1621 Philippe IV. Roi d'Efpagne, ^ 44
i666_ Charles II. de ce nom , Roi d'Efpagne. 34.
Conlultez les Auteurs que j'ai déjà citez ci-deftus.
NAPLES , dite Napoli de Barbarie , Ville d'Afrique , proche de
Tripoli. On dit que Ion nom moderne eft Lebeda ou Lepe. Elle eft
différente de celles dont je parie ci-deffous.
NAPLES Ville de la Paleftine , dite auHi Sichem , dont les Géo-^
graphes parient différemment. Garamond Patriarche de Jerufalem , y
célébra en 11 20. un Concile pour la reforme des mœurs , comme nous
l'apprenons de Guillaume de Ty r. Les Auteurs parlent encore d'une Vil-
le de ce nom dans l'ionic; d'une dans le Royaume deCypre, &c. [On
nomme aujourd'hui cette ville Napouloufe. Il ne la faut pas confondre
avec Sebafte,c[\x\éio\t \imèmt<\\\tSamarie. Napouloufe eft au pied du
^ mont de Garizim , qu Eufebe & S. Epiphane ont placé mal à propos près
I dejeri.hopour contredire les Samaritains. Elle fe noramoit auffi Skàar,
Nahartho & Mrothia. Voyez Cellarius Hift. Sam. C. I.] ,
NAr LES (Garnier de) neuvième Grand-Maître de l'Ordre de S.
Jean de Jerufalem, fut élu après Roger de Moulins en 1187. II étoit na-
tif de Naples ou Napoh de Syrie , & Seigneur de la ville de Crac en
Arabie, laquelle il donna à l'Ordre. Cette ville eft maintenant appellée
Montréal , &: eft fituée fur les confins de la Paleftine. C'étoit la Capi-
tale de lArabiePetrée,du tems des Rois Arabes: aujourd'hui le Grand
Seigneur en fait comme un Arfenal , où il tient fes Thréfors d'E-
gypte & d'Arabie. Il y avoit un Château de ce même nom.c'ell-à-dire
appelle Crac, dans le Comté de Tripoli de Syrie, proche de Margat : mais
ce Château de Cracn'eft pas la Ville, dont le Grand-Maître Garnier de
Naples étoit Seigneur. 11 ne jouît de la Dignité Magiflrak qu'environ
deux mois : & fa mort fut caufée des bleffures qu'il reçût dans une Batail-
le contre Saladin, où le Roi de Lufignan fut fait prilbnnier avec les prin-
cipaux Seigneurs de fon Royaume. Voyant la défaite dé toute l'Armée,
il pafTa l'épée à la main à travers les Ennemis,&fereUra à Afcalon,où il
mourut dix jours après. Emengard Dapslui fucceda. * Bofio, H//i!o/ri; //«
ï Ordre de S. Jean de Jerufalem. Naberat, Privilèges de l'Ordre. SU P.
NAPO, Fleuve de l'Amérique Méridionale , dans le Pérou ^ où il a
fa fource. Il reçoit plufieurs Rivières, paffe à Avila dans la Province de
Quiros&fe jette dans la Rivière des Amazones. Confultez Texeira &
autres Auteurs qui parient du Pérou.
NAPOLI dit Malvafia, ou MALVOISIE, fur la côte Orientale
de la Morée. Elle fut affiegée en yain,par les Vénitiens l'an 1689. Lo-
catelli , guerra di Levante.
NAPOLI, ou Naples de Romanie, ville de la Morée , fur
la côte Orientale, aufond du Golfe à qui elle donne le nom , dans la Pro-
vince de Sacanie , ou petite Romanie. Les Anciens l'appelloient Nau-
flia & Anaplia. Elle eft fituée fur le haut d'un petit Promontoire, qui
fe fepare en deux. Un des cotez de ce Promontoire s'avance dans la Mer,
& forme un Port fpacieux, & très-fûr. L'autre côté qui regarde ia terre ,
rend le partage prefqueinacceflible: car il n'y a qu'un chemin fort étroit
8c fort rude entre le Mont Palamida,& le bord de la Mer. Le Port de
Napoli a fi peudelargeur à fon entrée, qu'il n'y peut paflerqu'une feule
Galère à la fois : mais le Baffin eft fort grand , & eft capable de contenir
une Armée Navale. Cette Ville étoit autrefois un Evêché Sufiragant de
l'Archevêché de Corinthe; & maintenant c'eft un fiége ArchiepifcopnL
Il y a foixante mille Grecs, & un Grand nombre d'autres habitans. L'an
1205. elle futprife par les Vénitiens hguez avec les François: mais peu
de tems après , le Roi Giovanizza s'en rendit maître, & ruina cette Ville
qui étoit riche & puiffante. Les Veniriens achetèrent cette Ville en 1 383.
de laVeuvedeHierreCornaro; & s'y étant rétablis, foûrinrent genereu-
fement les efforts de Mahomet II. qui l'affiegea inutilement en 1460.
Soliman fut auffi contraint de lever le Siège qu'il y avoit mis en 1537.
mais deux ans après , la République abandonna cette Place au Grand
Seigneur , pour acheter laPaix. L'an 1686. le Generaliffime Morofini,
après la prife de Navarin & de Modon, entreprit celle de Napoli. D'abord
iJ envoya le Général Koningsmarck fe faifirdu Mont Palamida qui com-
mande
I, NAR.
îîiandè la Ville, dont il n'cft éloigné que d'une portée de moufq'uet.
Pendant que ceux qui s'étoient poftez fur cette hauteur, foudroyoient la
' Place avec le Canon & les mortiers, Morolini rclolut de donner bataille
au Seraskier ou General d'Armée -, qui venoit au fecours*. il laiffa de-
vant la Place cequiétoit néceffaire pour continuer le Siège, & fit avan-
cer les autres Troupes vers Argos,oir le combat fut rude: mais enfin les
Turcs prirent la fuite , & fe fauverent du côté de Corinthe , abandon-
nant Argos , dont les Vénitiens le fàifirent. Prefque dans le même terns
les Vaifîeiux de la République s'emparèrent de la Forterefle de Ternis,
ou il y avoir une Garnifon de cent trente de ces Infidèles, & aflez bon
nombre d'habitans Grecs. Le ici. Août le Seraskier parut à la tête
de dix mille hommes , & defcendit vers les tranchées des Chrétiens. Le
Combat dura trois heures , fans que la vidoire fe déclarât pour,run ou
l'autre des Partis : niais le Géneraliffime Morofini étant furvenu, donna
de nouvelles forces à resTroupes,& milles Ennemis en fuite. Le Géné-
ral Konigsmark, le Prince de Brunfwic,& le Prince de Turenne y don-
nèrent des marques de leur valeur. Après cette Vifloire, Morofini prefla
te Siège avec plus de chaleur , de forte que les Afllegezfe virent contraints
d'arborer le Drapeau blanc pour capituler. Les conditions furent qu'ils
fortiroient avec armes & bagages, & qu'on les conduiroit à Tenedo. Na-
poli. Capitale de la Mbrée, & réfidence ordinaire du Sangiac defaPro-
vinre, rentra ainli fous l'obéiffance de la République. Les Vénitiens en-
trèrent dans le Château de la Mer,& y trouvèrent dix-fept pièces de
Canon de bronze , fept de fer, & un mortier à bombes. *P.Coronel-
Ijj Defiriptian de la Moréi. SU P. . ,• .
NARBON , qu'on prétend avoir été Roi.des anciens Gaulois , etoit
fils de Galate. On dit qu'il bâtit la Ville de Narbonne ; mais toutes ces
origines font fabuleafes. *Duplcix , liv. z. des Mém. des Gaul. c. 12.
NARBONNE fur l'Aude, Ville de France en Languedoc, avec
titre d Archevêché. Elle ell une des plus anciennes du Royaume, où les
Romains établirent une Colonie j comme dans la Capitale de la Gaule
Narbonnoifc. Elle ett fituée au milieu d'une campagne bafîe , arrofée
d'un bras de h Rivière d'Aude, qui apporte des barques chargées de la
Mer, dont elle n'eft; éloignée que de deux lieues. Les Latins l'ont nom-
mée diverfement , Narbo, Narbona , iiarho Martms,CWttas Atacmo-
rum, Colonia Decumanorum Qp-c. Je ne m'arrête point au fentiraent
de ceux qui s'imaginent que Narbon^ qu'ils prétendent avoir été Roi des
anciens Gaulois, fit bâtir cette Ville; ni aux fables qu'on a inventées à ce
fujet. Il me-fiiffit de remarquer que cette Ville ayant été foûmife aux
Rom.ùns, même devant les autres des Gaules, comme leditVelIeius
Patérculus-, ils en firent une eftime particulière. Et en effet, nous
voyons dans les Auteurs anciens que Craffus, Jule Cefar, Tibère, &c.
la peuplèrent trois différentes fois , la traitèrent favorablement , & lui
donnèrent des Privilèges confiderables. Les Proconfuls y firent leur de-
meure ordinaire, l'honorèrent d'un Capitole,& d'un Amphithéâtre, y
établirent des Ecoles municipales, y firent des Bains, des Aqueducs,&c.
& y mirent toutes les marques de la m_ajefl:é Romaine. Auffi ceux de
Narbonne voulant témoigner leur gratitude à leurs Maîtres, élevèrent
un Autel à Augufte : Ce que nous voyons par une Infcription qui fut
trouvée dans le XVI. Siècle. Aufone a tait un éloge magnifique de Nar-
bonne, dans la defcription qu'il fait des Villes lUuttres, carm. iz.
Sidonius Apollinaris fait auffi une defcription magnifique de cette
Ville, en écrivant à Cofentius de Narbonne fon ami, carm.i^.
Martial, Prudence, Theodulphe , Aimoin & divers autres lui don-
nent encore des éloges pompeux. Les Wiiigoths affiégerent Narbonne en
435. Le Com.tc Agripin , envieux de la profperité de Gillon, la leur livra
en 461. Les Sarrafins la prirent à ces derniers, environ l'an 731. Mais
Charles Martel les ayant vaincus, leur enleva bien-tôt cette Ville, qui a
eu, comme je le dirai ci-après , l'es Vicomtes Hc des Ducs , jufqua ce
qu'elle fut foûmife à la Couronne de France. Aurefte, l'£,glife de Nar-
bonne efl: très-illuftre & très-ancienne. On croit même quelle eft Mé-
tropole depuis le temsde Confliantin le Grand en 309. Le Proconful
Serge- Paul, que laint Paul avoit converti, annonça la Foi à Narbonne &
en fut le premier Prélat. Les Evêchez, fuftragans de cette Métropole
font BeikKr Agde, Nifmes , Maguelone ou Montpellier ,■ Carcaflonne ,
Lodeve,L'fez,faint Pons de Tomieres & Alet. L'Egliie ell dediee a
faint Juft&faMitPafteur: elle eft renommée par fes belles orgues, & par
les peintures "du Lazare reflufcitc. Quelques Auteurs ont allure que le
Palais de l'Archevêque étoit autrefois celui des Rois Wifigoths ; mais on
lait que ce Palais fut abbattu l'an 1 451. parce qu'il étoit hors de la Ville.
Elle étoit autrefois plus grande qu'elle n'elt aujourd'hui. On la dnife
en Cité & en Bourg, il y a cinq l^aroiflès.diverfes Maifons Ecclefiafti-
ques & Religieulès,& un Collège de Pères de la Doftrine. Entre les
Paroilièson ne manque pas de voir à Narbonne celle de laint Paul, qui
eft auffi Collégiale, & la grenouille qui eft dans le Bénitier. Sans cela les
Voyageursnecroiroientp.is avoir vu la Ville. Elle eft afl'ez bien fortifiée
& il n'y a que deux Portes. Les Ducs de Septimanie l'étoient aufli de
Narbonne, & les Comtes de Touloufe qui leur fuccéderent prirent aulFi
le même titre de Ducs de Narbonne. LaVille & le Diocefe étoient gou-
vernez fous eux par des Vicomtes. On dit qu'A i me h. i fut invefti de
Narbonne, par Charlemagne, en titre de Comté , qu'il porta auûl-bien
que fon fils G u IL L A u M E î . Ce'ui-ci fonda, l' Abbaïe de S. Guillau-
me le Défertdans le Diocefe de Lodeve. Les autres n'ont pris que le
titre de Vicomtes. Ai mer i IV. de ce nom mourut fans enfans en
1 1 34. Ses fœurs lui fuccéderent. Ermengaf. de l'aînée mourut
âufli fans pofterité , l'an 11 97. Ermenfinde époufa Amalric de
Lara I. de ce nom, dont il eut Pieb.re de Lara, Vicomte
de Narbonne. Celui-ci mourut l'an 1105. laiffant de Sancia ou Sancbe
fa femme Aimeri V. mort en 1139. & père d'AM alric II. qui
cpoufa Philippe d'Andufe & mourut l'an 1170. ayant eu Aimeri
VI. Vicomte de Narbonne. Il prit alliance avec Sibylle deFoix,& il
.mourut l'an 12.86. Son fuccelléur fut Amalric III. mort en 1325.
iaiflant de Jeanne défile Aimeri Vil. Ce dernier époufa Catherine
de Poitiers. Il mourut l'an 1366. ayant eu Amalric IV. mort
fans enfans l'an 1341. & Aimeri VIII. qui décéda l'an 1374. Ai-
meri Vlll. ^t Guillaume qui mourut l'an 1394. 8c fut peic
de Guillaume lil. le dernier de la Maifon des Vicomtes de Narbon-
NAR. '
né, qui mourut fans enfans l'an 1424. Il fit héritier Pierre dB
Tanières Sieur d'Apfchot fon frère utérin , à condition qu'il por^
teroit fon nom & fes armes, &: il lui fubftitua le Sieur de Tailleran , en
cas qu'il mourut fans faire fon Teftament & fans enfans. Pierre de Ta^
nieres fe fit nommer Gu^Jaume. Il n'eut point d'enfans, & il vendit le
Vicomte de Narbonne à Gafton, Comte de Foix. La Perrière dit (jue ce
fut en 1448. mais d'autres prétendent que cette vente fe fit l'an 1442.
Gafton de Foix Roi de Navarre donna , le 15. Juin de l'an 1468. le
Vicomte de Narbonne à Jean fon fécond fils. Celui-ci époufa Ma-
rie d'Orléans , fœur du Roi Louis XII. dont il eut Gaston db
Foix tué à la bataille de Ravenne , l'an IJ13. & Germaine de Foix,
Reine dArragon. LemêmeGafton de Foix par Contrat du 19. Novem-
bre 1507. échangea avec le Roi fon oncle la Cité, Ville, Seigneurie j
Viguerie & Vicomte de Narbonne , pour d'autres Terres. C'ett ainfi
qu'elle a été unie à la Couronne , quoi que nos Rois y culTent d'ailleurs
divers autres droits. * Strabon, U. 4. Martial, U. 8. epig. 72. Aimoin,
/;. 4. c. 57. Pliee,Pomponius Mêla , Ammian Marcellin, Grégoire de
Tours , Eutrope , &c. Papyre Maflbn , Defcr. flum.Call. cy notit. Epifc,
Gall. Merula,//. 3. Geogr. Jule Scaliger,</Ê Claris Urb. Call. IfaacPon-
tanus , Itiner. Gall. Narbon. Elie Vinet , Narbon. votum. Befle , Hifi dû
Carcajf. Du Chefne , Recher. des Antiquit. des Villes de France. Catel j
Bifi. e? Mém. de Lang. Sainte Marthe, T. I. Gall. Chrift. Du Puyj
Droits du Roi, La Perrière, Annal de Foix, Qyù
Conciles de Karbonrie.
Les Aiftes de la Vie de S. Paul de Narbonne, font mention d'un Con-f
tile , qui fut affemblé en cette Ville ; mais on ignore l'année. Les Prélats
de la Gaule Narbonnoife célebrerentun Concile à Narbonne en 589. Sept
Evêques s'y trouvèrent , & Migetius le Métropolitain y preCda. On y fif
quinze Canons, pour le règlement delà difcipline Ecclefiaftique. Catel
ôc Sainte Marthe parlent d'uri Synode que Daiiiel de Narbonne tint erï
788. contre Fehx d'Urgel.Sc ils en rapportent lesAdes. Catel, Hiji.
de Lang. p. 654. c 743. & Sainte Marthe, Gall. chrift. f. 368. T. 7,
Mariana tait menrion d'un autreSyftodeteiiùàFont-Ccuvertc ,dansle
Diocefe de Narbonne , pour fixer les limites de celui d'Urgel , /;. 8. Kift,
Ermengaude Archevêque de Narbonne, fils du Vicomte, aflembla en
994. un Concile contre les Gentilshommes qui ufurpoient les biens Ec-
cleiïaftiques. Raymond, Comte de Rhodes, Roger, Comte de Car-
caffonne , & plufieurs autres perfonnes de qualité s'y trouvèrent ; Catel Sî
Sainte Marthe en ont tiré les Ades des Archives de ff-glife. Le Cardinal
de laint Ange, Légat du faint Siegè , célébra durant le Carême de 1226.
ou 1227. un Concile à. Foix & à Narbonne, pour abfoudre le Comte de
Foix hérétique Albigeois. Guillaume dé Puy-Laurens, cap. 36. Pierre
Amelli étoit alors Archevêque dé cette ville; ci il alfembla lui-mcma
un autre Concile en 1235. AlexandreGerbinat, Grand Vicaire du Cardi-
nal François Pifani^ Archevêque de Narbonne , tint par ion ordre en 1 55 r.
un Concile, dont lè5 Ades furent imprimez a Touloufe en 15 52. Louis
de Vervins Archevêque de la même Ville , célébra un Concilffen 1609. &
fit deà Ordonnances falutaîres , pour la réforme des mœurs , .& pour l'avan-
tage de fes peuples. \^Picrre de Marca,<\m eft mort Archevêque de Pa-
ris, a publié & éclairci diverfes Antiquitcz de la ville de Narbonne dans
les Ch. V11.& VIU. du I. Livre de fon O uvrage intitulé jVfiirca Hifpani-
ca, imprimé à Paris en 1688. in fol.']
[NARCIS,Evêque de Gii'onne,dont ceux dé cette ville prétendent
encore avoir le corps entier. Ils difent que lors que Philippe III. Koi
de France l'affiegeaen 1285. il fprtit du tombeau de ce Saint un grandi
nombre de mouches, qui firent, périr l'armée Françoife. Cependant un
Hiftorien,qut eft dans le Volume que l'on vient de citer, & qui vivoir
alors , remarque que les François ayant pris Gironne ; & chacun voulant
avoir des reliques de ce Saint, ils le .mirent eu mille morceaux. Voyez
Marca Hifp. L. IV. p. 1467.
NARCISSE, étoit fils du fleuve Cephife &:de Liriope,& fa beauté
étoit extraordinaire. U méprifa Echo , qui l'aimoit & qui fut changée
en Echo; & étant devenu amoureux de lui-même, en fe voyant dan»
une fontaine , il mourut de dèplaifir, & fut métamorphofé en la fleuï
de Narcilîe. Ovide en fait mention dans le 3. Livre des MétamorphEH.
fêî.
NARCISSE ,Evèqae de Jerufakm , vivoit (iir la fin du II. Siècle. I!
célébra un Concile , pour la célébration de la Fête de Pâques. NarcifTc fut
calomnié par trois hommes , dont il reprenoit les vices trop fortement.
On l'accufa d'avoir failli contre la pureté , & chacun d'eux confirma cette
accufation par un ferment horrible. Mais Dieu les punit par le mal qu'ils
avoient fouhaité qu'il leur arrivât. Le premier fut brûlé dans fa maifon,
avec fa famille ;le fécond fut frappé d'un ulcère, qui fit tomber fon corps
en pièces; & le dernier perdit les yeux. Narcilîe, qui s'étoit exilé volon-
tairement , revint fur la fin de fa vieà Jerufiilem , où Dieu confirma enco-'
re fa Sainteté par plufieurs miracles. * Eufebe , ii. 6. Hz/î. c. S.cp.Baro-
nius, A. C. 198. 199.
NARCISSE, de qui S. Paul fait mention en fon Epître aux Romains
c. 16. Quelques Auteurs ont eftimé que c'eft ce Narcisse affranchi de
rEmpereur Claude, qui avoit tant de pouvoir fur l'efprit de fon maître,
& qu'Agrippine fit mourir , comme nous l'apprenons de Tacite ,li. 13.
Mais ce lentement eft contraire à la vérité.
NARDEN, Naerden & Narde, petite ville ^u Païs-Bas en
Hollande ,en Latin Kardenum. Elle eft capitale du Goitlandt, à trois
lieues d'Amfterdam & prefqu'autant d'Utrecht. On la ruina prefque en-
tièrement dansle XIV. Siècle , & la mer fubmergea ce qui en reftoit.
Guillaume de Bavière III. du nom. Comte de Hainaut & de Hollan-
de, furnommé ÏInJenfé, fit rebâtir l'an- 1355. la Ville de Narden an-
même endroit otl elle efl aujourd'hui. Ceux d'Utrecht la prirent l'an
1481, en faifant déguifer dès foldats en femmes qui y entrèrent un
jour de marché. Les habitansde Narden fe vengèrent peu après de cette''
fupercherie. La ville fut prefque toute brûlée l'an i486. Mais elle fouf-
frit bien davantage environ cent ans après, par la cruauté des tipagnois,
commandez par Frédéric de Tolède, fils du Duc d'Albe. Leshabitans
ouvrirent les portes de leur Ville à ce Général , qui les fit égorger de la
manière du monde la plus barbare. Les François prirent Narden en 1672,
N AR.
NAR. NAS.
9
fur
5c k rendirent après un fiége de que'ques femaines, par compofition.
l'an 1674. *]\!Ln\Mi,mBa.tav.DeJcr. MMa\s7Merms, in Theat.Holland.
Grotius & Strada , deBelloBelg. De Thon, &c.
[NARDl {^ean) de Florence a vécufurlemilieuduXVII. fiécle. Il
apublié à Florence en 1647. un commentairefur Lucrèce, ScàBologne
en 1656. un Ouvrage intitulé NoHes géniales. Son commentaire n'eft
pas tort eftimé. Voiei Tan. le Tevre dans fa Préface fur Lucrèce.]
NARDINO (Etienne) Cardinal , Archevêque de Milan dans le
3SP. Siècle , étoit naiif de Forli. Il vint jeune à Rome , il s'y fit con-
noître a la Cour, & comme il neman(.juoitnid'adreffe,nid'ambition,il
eut le moyen d'être Protonotaire Apollolique& Référendaire du Pape
Pie II. qui réleva à l'Archevêché de Mihn,& lui confia le Gouvernement
de la Marche d'Ancone. Les Cardinaux qui entrèrent dans le Conclave
en 1464. pour l'Eledlion d'un nouveau Pape, après la mort de l'ie II.
jurèrent entre eux, que celui qui feroit élu ne teroit point de nouvelle
promotion de Cardinaux, que ceux qui l'étoientdéjanefulTent réduitsau
nombre de vingt-quatre. Paul II. fut mis fur le Siège Pontifical. Deux
PréL;ts ambitieux Nardino & Théodore Lelio,Evêque de Trevife , lui
periuadercnt de fedifpenfer du ferment qu'il avoit fait dans le Conclave.
Lel'ape le crut,mais ils n'en eurent pas alors le Chapeau Rouge,comme
ils l'efperoient. Nardino fut Nonce extraordinaire à Naples, & Sixte
IV. le fit Cardinal en 1473. Comme ce Pape étoit perfuadéde fon ha-
bileté, il le nomma à la Lég'ition d'Avignon & puis à celle deRimini.
Nardino mourut le Z3. Odiobre de l'an 1484. à Rome , où il a fondé le
Collège de fon nom. 11 fit aulîi des préfens coniidérables à l'iiglife de
Milan. Garimbert , ii. 6. Onuphre, Ciaconius, Auberi,&c.
NARDO, Ville du Royaume de Naples, dans la Terre d'Otrante,
eft le Neritum des Auteurs Latins, avec titre de Duché, au Comte de
Converfano, & Evêché Suffragant de Brindes. Le Pape Alexandre VII.
avoit été t.vêque de cette Ville,avant fon élévation au Pontificat. Nardo
eft fituée dans une plaine agréable , à deux ou'trois milles duGolphede
Tarente.
NARENZA, en Latin A^<îro, Ville de Dalmatie fur la mer Adriati-
que, au Tu c. Elle a été autrefois conlidérable, mais elle eft préfente-
meut prefque ruinée.
- MARNI , fur la Rivière de Nera, Ville d'Italie, avec titre d'Evêché,
dans 1 Ombrie Province de l'Etat hcclefiaftique. Strabon la nomme
aanm, &i Narnia. Pline remarque , qu'on l'avoit appellée Nequinum ,
&que ce mot étoit tiré de nequitia, pour exprimer la malice des habi-
tans, qui avoient mieux aimé égorger leurs enfans,que de les remettre
à ceux qui a voient affiegé leur Ville. CeuxdeNarni fe vantent que leur
Ville a été la patrie de l'Empereur Nerva,ôtd'un Pape nomnié Jean;
peut-être que ce fut Jean XIII. Evêque de Narni. Jean-Baptifte Tuf-
ci de Bonetis, Evêque de Narni, publia en 1615. des. Ordonnances
Synodales.
NARSES, Roi de Perfe , fucceda à fon père Veranes III. en 295.
& régna environ l'ept ans. Ce Prince voyant que les Empereurs étoient
occupez à s'oppofer aux rebelles de l'Empire, furprit la Mefopptamie &
l'Arménie. Diocletien envoya Maximien Galère, qui fut d'abord battu;
mais en deux batailles qu'il donna enfuite,il mit les Perfes en déroute,
fit prilonnier Narfes.avec fa femme, fes enfans, fes fœurs & plufieurs
perfonnes de qualité. Il reprit encore la Mefopotamie , avec cinq Pro-
vinces, au delà du Tigte,Narfes mouritt en 301. *Eufebe in Chron.
Eutrope , lib. 9.
[NaRSêS Comte du facré Palais en CCCCXVI. dans la Cour de
Conftantinople , fous Thïodofe le Jeune. Il en eft parlé dans le Code
Theodofien l. i. de Cajirenjianis.']
NARbE>, Général de l'Armée Romaine, étoit Perfan de4nation,&
à la première bataille que Juftinien gagna contre les Perfes, en 518. il
avoit pris parti avec lui. Il fut premièrement Quefteur ou 'Tréforier de
l'Armée. De cet emploi il pafla à d'autres plus importans, ilfutdéfigné
Conful & fait Patricien ; & parut un fi grand homme de guerre , bien
qu'il fût Eunuque, qu'il fut choili pour s'oppofer à Totila Roi des Gots,
& relever les affaires en Italie, où elles étoient ruinées. Narfes aimoitla
Jultice, & avoit une particulière dévotion à la fainte Vierge. Auffi ce
fut par fon fecours, qu'il défit les Gots en deux batailles, en 552. & à la
dernière , donnée dans le même lieu, où Camille avoit vaincu les Gau-
lois dit Bufia Gallorur/ij'Totih y fut tué. Ce Capitaine remporta d'autres
vidloires en 553. contre Leutharis & Bucellin AUemans , qui étoient
entrez en Italie. Quelques Auteurs afl"urent, après Paul Diacre, que
l'Impératrice Sophie en colère contre Narfes, lui fit dire de quitter les ar-
mes & de venir filer avec les femmes, lui' reprochant ainfi qu'il étoit Funu-
que; Que ce grand homme répondit qu'il ourdiroitunetoile, qu'on ne
déferoitpas facilement; & qu'enfuite il appella les Lombards en Italie.
Le Cardinal Baronius, fondé fur le témoignage de Corippe Hiftorien de
ce teins, eftime que tout cela eft inventé ;& que Narfes avoit été déjà ra-
pellé à Conftantinople. Il croit auffi que c'eft le même Nariés, à qui faint
Grégoire a écrit trois Lettres ;&celuiqui s'étant révolté contre Phocas,
pour venger la mort de l'Empereur Maurice, fut furpris par le même
Phocas qui le fit brûler , vers l'an 604. Si cela eft , il faut croire que
Narfes étoit alors fort âgé. * Procope, lih. 3 . de bello Goth. E vagre, lib. 4.'
Nicephore, Agathias, Cedrene, Zonare, Paul Diacre, &c. citez par Baro-
nius, vi. 0.552.553.567. 605. eyâoô.
NARSING APaTAN, Ville de l'Inde dans le Royaume deGol-
conde, dans la prefqu'Ile deçà le Gange. Elle eft fur le Golphe de Ben-
gala, à l'Orient de Condapoli, 8c entre Pahor & Vixnapatan lur le même
Golphe.
NARSINGUE, ViUeSc Royaume de l'Inde.dans la prefqu'Ile deçà
îe Gange , vers la côte de Coromandel. Les Etats du Roi de Narfingue
ont été autrefois confîderables , mais ils font aujourd'hui foûmis à celui
deBifnagar. La Ville eft fur une Rivière, & elle eft grande 8c bien peu-
plée. La Narfingue produit diverfes pierreries. Autrefois le Prince de ce
Pais fe difoit Roi des Rois Se mari de mille femmes, 8c il recompenfoit
la valeur 8c les fervices de fes Officiers, par le don des plus belles filles
du pais.
NARSISSE. Cherchez Narciffe.
NAR VA , ou N E R V A , .Ville de la Livonie proche de k côte du,
Tome IV.
Golfe de Finlande , vers la Province d'Ingiie. Cette Ville eft forte,
& a un très-bon Château : elle eft fituée fm- un Fleuve de même nom,
qui fêpaioit autrefois la Livonie , de la Mofcovie. De l'autre côté de
la rivière eft la tortereflè d'iwanogorod , que les Mofcovites ont bâtie
un roc efcarpé , dont la rivière fait une prefqu'Ile , de forte que
\
la place a été jugée imprenable , jufqu'à ce q'ue Guftave Adolfe Roi.
de Suéde l'eût prife en 161 7. Au pied de cetteForterelTeilyaunBourg
que l'on nomme la Nerva Ruflienne ou Mofcovite , pour la diftinguer
de la Nerva Teutonique ou Allemande, qui eft la Ville dont je parle.
Ce Bourg eft habité par des Mofcovites naturels, mais fujets à la Cou-
ronne de Suéde. La rivière de Nerva, qui fort du Lac de Peipis, èc
fe décharge dans le Golfe de Finlande , eft fort rapide; elle a un Saut,
a une demi-lieuë au deftùs de la Ville, où les eaux tombent dans un pré-
cipice, avec un bruit effroyable, 8c avec tant de violence, que les ilôts
venant à fe brifer contre les rochers , fe réduifent comme en une va-
peur , laquelle rempliffant l'air fait un effet admirable ; car le Soleil
donnant delTus , le matin , fait voir un arc en-ciel auffi beau que ce-
lui qu'il a coutume de former dans les nues. Ce Saut fait que l'on
eft contraint de décharger là toutes les marchandées que l'on en-
voyé de Plefcou , 8c de Derpt à Nerva , pour être chargées fur le
Golfe de Finlande. La Ville de Nerva fut bâtie en 1113. par Wol-
mar II. Roi de Danemark. Le Grand Duc de Mofcovie la prit en
1558. 8c le Roi de Suéde la reprit fur les Mofcovites en 1581. Depuis
ce teras-là elle a appartenu aux Suédois, qui nepofledentleFortd'Iwa-
nogorod que depuis 1617. Les Mofcovites de la Nerva Ruffienne obfer-'
vent une cérémonie affèz remarquable la veille de la Pentecôte, qui eft le
jour de l'Annivcrfaire qu'ils font pour les Morts. Les femmes s'afl"em-
blentdans le cimetière, 8c étendent fur les fépulcres des mouchoirs bor-
dez de foye de diverfescouleurs aux quatre coins. Elles mettent fur ces
mouchoirs ounapes, plufieurs plats de poiflbn rôti 8c frit , des flans, des
gâteaux, 8c des œufs peints en rouge ou en violet. Le Prêtre encenfe les
iëpulcres , ?<. fait quelques prières , pendant que ces femmes pleurent
&c témoignent leur douleur par des cris épouvantables. En même tems
le Clerc qui fuit le Prêtre ,ama(re les préfens qui font fur les tombeaux,
dont fon Maître fait enfuite bonne chère. *01earius. Voyage de Mofco-
vie. sr/P; . ,
NASARO (Matheo ou Matthieu del) Graveur en Pierres étoit de Ve-»
rone. Il vint vers l'an 1520. en France, où le Roi François I. le retint à
fon fervice , &c l'employa à faire quelques delTeins pour des draps d'or ~
8c de foye & pour des tapiiTeries , qu'on travailloit pour lui en Flandre.
Matthieu del Nafaro y fitmêmeun voyage, pour en prendre la conduite,
8cenfuite.il porta en Italie l'argent qu'il avoit gagné en France. Ce fut;
prefque en ce même tems, que le Roi fut pris à la bataille de Pavie en
1525. A fon retour dans fes ^-tatSjil y fit revenir Matthieu del Nafaro,
8c le fit Maître de la Monnoye^ Un emploi fi conlidérable lui donna la
penféede fe marier en France, ce qu'il fit, 8c il vécut jufques un peu après
la mort du Roi François I. qui arriva le 31. Mars de l'an 1546.
NASI, mot Hébreu qui iïgnifie Prince, fe trouve fouvent dans les
Livres des Juifs. Il marquoit autrefois le fouverain Juge 8c le Prélident
de leur grand Sanhédrin , comime on peut voir d«ns R. Mo'ife en fon
Traité du Sanhédrin. Les Juifs ont encore retenu ce titre de Na/t ,
dans ces derniers tems; 8c leurs Rabbins, qui font leurs Princes ou Chefs-
dans les lieux de leur exil , fe l'attribuent pour marquer leur dignité.
*R. Simon. SU P.
NASICA. Cherchez Scipio Nafica.
NASO. Cherchez Aflorius Nafo.
NASAMONES, anciens peuples d'Afrique , dont Hérodote , Stra-
bon, Pline, Quinte-Curfe,&c. font mention. Ces Auteurs en parlent
pourtant diverfement; Car il y en avoit dans la Libye près de l'Océan
Atlantique; on en trouvoit d'autres près de la Merde Marmora, 8c d'au-
tres au Golphe de Sidra , dit les Seiches de Barbarie , Syrtis magna, ux-
cain parle de ces derniers , //. 9.
NASSAU , Ville 8c Comté de l'Empire dans la Veteravie. Son nom
Latin Najfovia eft le même, félon Berthius, que Naf s- gavia , comme fi
on vouloit dire un pais aquatique. La Ville de NafTau eft fur une coline
entourée d'une campagne màrécageufe , où eft la Rivière de Loëri ou
Lanh, entre Marpurg 8c le Fort deHermerttein. Le ComtédeNalTau
eft confidérable. Il donne fon nom à l'ancienne Maifon de Naflau, qui
a été féconde en grands Hommes. Elle a eu un Empereur , nommé
Adolphe, qui perdit la Couronne 8c la vie , l'an 1297. en combattant con-
tre Albert d'Autriche I. du nom, comme je le dis ailleurs. Je parle auffi
des Comtes de Gucldres de la Maifon de Nafl^au , depuis Othon qui
époufa l'héritière de Gueldres. C'étoit AlixfilledeWichardlII.morten
1061. Henri le Riche Comte de Nafl"au mourut en 1254. lailTant deux
fils Walrame &c Othon qui ont fait les deux principales branches de la
Maifon de NafTau. La I. vient de ce Walrame qui mourut ca 1289.
8c fut père de l'Empereur Adolphe. Cette Branche eft aujourd'hui foû-
divifée en trois autres , qui font NafTau-Sarbruck , Naflau-Wisbaden 8:
Idftein, 8c NafTau- Weilbourg.' La II. Branche vient de cet Othon qui
époufa Agnès, Comtefle de Solms ; 8c elle eft foûdivifée en cinq autres
qui font Nafiau-Orange , Naflàu-Siegen , NafiTau-Dillenbourg , les Prin-
ces de NafTau 8c Naflau-Hadamar. Je parle de la principale de fes Bran-
ches fous le nom d'Orange. * Berthius, livr. 3. Rer. Germ. Cluvier,
Defcr.Germ. La Pife, Hifioir. d'Orang. Tobias Weber, Géneal. Com.
Najfav. - -J
•NASSAU. Les Hollandois ont donné ce nom à divers Forts Se à une-
Ile de l'Amérique, afin de témoigner leur confîdération 8c leur eftime;
pour le Prince d'Orange de la Maifon de NafTau. Ainfi ils ont le Fort de
N A s s A u , ou Moure, dans la Guinée. Un autre de ce nom dans Motire
qui eft une des Iles Molucques, comme je l'ai remarqué en fon lieu,
L'Ile de Nassau, que ceux du Pais-Bas nomment Nafauiv Eylandt,
petite Ile d'Afie, qu'on trouve dans la mer des Indes. Il y a encore le;^
Détroit de Nassau ou de Vaigats , fur la Mer du Nort. '^
N A S S I B : nom que les Turcs donnent au Deftin , qui fe trouvej;
félon eux, dans un Livre qui a été écrit au Ciel, 8c qui contient la bon--
ne 8c la mauvaife fortune de tous les hommes, qu'ils ne peuvent éviter
en quelque manière que cefoit* Ils font fi fort perfuadez de ce Naffib,''
B qu'ils
lo NAS. NAT. NAV.
qu'ils s'expofent à toute forte de dangers, croyant qu'il n'en arrivera que
ce que leDeftinenaordonné. *Ricaut, de l Empire Ottoman. SU P.
NASSOUF BASSA, Grand-Vifîr, & Favori d'Achmet Empereur
des Turcs en i6ii. étoit né Chrétien , & fon père étoit même Prêtre
Grec, marié. Il fut donné pour enfant de tribut, & emmené à Conf-
tantin'oplc du tems de Sultan Amurat III. Etant entré dans le Serrail
au fervice du Ki(ler-Aga , c'eft-à-diredu Gouverneur des filles du Grand-
Seigneur, il fe fit aimer du Rouftein-Aga , ou Maître d'Hôtel de la
Sultane, vers lequel il étoit fouvent envoyé. Cette Princefie lui fit ob-
tenir le Gouvernement d'Alep, & enfuite celui de Diarbekir, d'où il
fut appelle pour être Grand Vizir, & pour époufer une des filles d'Achmet.
Mais bien-tôt après, l'Empereur ayant eu connoilTance de fes exaftions
& de fes crimes, envoya le Boftangi-BalTa pour lui demander le Seau
de l'Empire, avec fa tête. Nafl'ouf ayant eu la gorge coupée; parce
qu'on n'avoit pu l'étrangler, le 'Grand Seigneur le fit apporter dans un
méchant tapis , & le voyant il commanda qu'on lui coupât entière-
ment la tête , de peur , dit-il , que ce chien ne rejjufcite. Puis il fit por-
ter le corps en un lieu ovi tomboit l'égoût de fon Serrail, & de là com-
manda qu'on le jettàt dans la mer. 11 le fit néanmoins retirer de la
mer quelque tems après, à la prière de la Sultane fa fille, & permit
qu'on lui donnât une fépulture, mais fans pompe dans un cimetie;re pu-
blic. Le Grand Seigneur fit faire inventaire de tous les biens de Naflbuf
par le Garde de fon Threfor , qui trouva des richefles ineftimables.
*Du Pui, Hijioire des Favoris. SU P.
NATAGAI, Idole que les Tartares adorent comme Dieu delà terre,
& de tous les animaux. Il n'y a point de maifon où l'on ne garde avec
refped une image de ce faux-Dieu, accompagné de fa femme, & de
fes enfans : & la plupart font fi ftupides, ou fi infatucz , qu'ils préfentent
à manger à ces figures , & leur frottent la bouche avec la graifle de
leurs viandes, dans la croyance qu'elles vivent & qu'elles ont befoin de
nourriture. *Kircher, de la Chine. SU P.
NATALIBUS (Petrusde) Evêque de Jefolo , dite Emilium , qui eft
une Ville préfentement détruite, dans l' Ktat de Vcnife. Il vivoit dans le
XIV. Siècle, ou félon d'autres, dans le XV. & il publia des Vies de Saints,
qu'il recueuiUit avec plus de foin que n'avoit fait Jaques de Voragine.
*Vz[ée,!nChron.Hifpan.c.^. Vo&as , de mfi.Lat. ? oSevin, in jîppar.
Sacr. Gefner , in hihl. z^c.
NATALIS COMES. Cherchez Cornes.
[NATALIS, chef de Sardaigne {Dux Sardinii) fous Theodofe le
Grand , en CCCLXXXII. dont il eft parlé dans le Code Theodofien, /. 3.
ad l. Jnl. repetu.nd.']
NATALIUS, Confefleur, qui vivoit dans le II. Siècle, comme
nous l'apprenons d'Eufebe. Onditques'étant laiiTé e'mporter à l'avarice
& à l'ambition . il tomba dans l'hérefie des Théodofiens , qui le firent
leur Evêque. Dieu eut pitié de lui; car on ajoute que durant la nuit il
fut fouetté des Anges, & qu'ayant reconnu fonerreur,il fut fe jetteraux
pieds duPapeZephyrin , revêtu d'un cilice. CePontife le reçût avec pi-
tié. Natalius témoigna une grande douleur de fa faute, & même il em-
braffa les genoux de tous les Laïques, pour demander pardon de fon in-
fidélité. *Eufcbe, U. 5. Hifl. c. 28.
NATHAN, Prophète, vivoit l'an 1980. du Monde. Il prédit plu-
fieurs chofes avantageufes à David; 8c ce fut lui qui reprit ce Prince de
l'adultère qu'il avoir commis, comme je le dis ailleurs. Depuis il écrivit
l'Hiftoire du règne de ce même Roi, comme il eft marqué dans le der-
nier Chapitre du I. Livre des Paralipomenes , & dans le II. Livre des Rois,
aux Chapitres 7. 8. & 12..
NATHAN, fils, non pas naturel, mais adoptif de David. Conftil-
tezTorniel, A.M.^9'è■]. n. ^.và.içj^o.n.^.o'l.
NATHAN , Rabbin, qui vivoit à Rome dans le XII. Siècle, &
qui fit un Diaionaire CaldaïqueSc d'autres Ouvrages. *Genebrard, in
Chron.
NATHANAEL, Juif, que le Sauveur du Monde appella un vrai
Ifraëlite, comme il eft rapporté en S.-Jean, c. i. L'Abbé Rupert&quel-
ques autres Dosfteurs ont crû queNathanaël fut Apôtre, & que c'eft le
même que S. Barthelemi ; mais il eft plus fur de dire,avec S. Auguftin, que
parce que Nathanaël étoit Dodeur de la Loi, le Fils de Dieu ne l'ap*
pclla pas à l'Apoftolat. *S. Augultin, traôl. 17. i» Joann.
NATOLIE ou Afie Mineure &Anatolie , grande région del'Afîe.
Cherchez Anatolie & Afie Mineure.
NATION, étoit une Déeflé du Paganifme adorée chez les Romains,
qui lui faifoient des facrifices folemnels, à Ardée, ville àuLa(ium,o\x
elle avoit un Temple. Elle préfidoit à la naiCTance des enfans , & les
femmes, l'invoquoient pour faire d'heureufes couches. Son nom étoit
pris du mot Nafci, naître. *Ciceron, de Nat. Deor. l. 3. SU P.
NATTA , connu fous le nom de Marcus Antonius Natta
d'Aft, Juvifconfulte , qui vivoit dans le XVI. Siècle, qui étoit .renom-
mé par fa Science. 11 a laiflediversOuvrages & entre autres, De Dw,£;^.
XV. Conciliorum , Lib. III. De Paffîone Domini, Lib. Vil. isrc. Confultez
PoflTevin, Le Mire, &c.
NAVAGERO (Bernard) Cardinal , Evêque de Vérone, étoit de
Yenife, où fa Famille eft noble & ancienne. U fit de grands progrès dans
les Lettres , & fe fit confiderer à Venife, où il eut des Charges importan-
tes. On l'envoya Syndic en Dalmatie , il fut Baiie à Conftantinople ,
Ambaffadeur à Rome, en France 8c à la Cour de rEmpereur,8ciieut
d'autres emplois importans. André Gritti Doge de Venife , étoit fi char-
mé de l'éloquence de ce dode Sénateur, qu'il lui dit un jour qu'il moui-
roit avec plaifir, s'il étoit aiTuré qu'il voulût fe charger de faire fon Orai-
fon funèbre. Navagero le lui promit 8c le Doge lui en téiiioigna une
très-grande reconnoiffance. Pierre Lando, qui fut Prince de la Répu-
blique après Gritti , eut la même coniidération pour Navagero , qu'il
mit dans fon alliance en lui faifant époufer Iftriano Lando fa petite-fille.
Cette Darae mourut jeune, 8c Bernard Navagero ne fongca plus^ à de fé-
condes noces. Il fit fon plaifir de fes Livres. Sa vie étoit extrêmement
folitaire : 8c il ne fortoit de fon cabinet, que pour rendre fes fervices à la
République. Le Pape Pie IV. qui étoit très-perfuadé de fon mérite, le fit
Cardinal, au mois de Févrierde l'an 1561. 8c lui donna enfuite l'Evêché
de Vérone. Depuis il l'envoya Légat à Trente, où il fe trouva à la con-
NAV.
clufion du Concile, &delà il vint dans fon Diocefe de 'Vérone. Navà^
gero y travailloit à remplir tous les devoirs d'un bon Prélat, quand il
mourut, le 17. Mai de l'an 156;. âgé de 58. ans. Il avoit eu de fon ma-
riage Jean-Louïs Navagero, qui époufa Jeanne Donato; &^ Laura ,ma^
ciée à Gafpard Venerio noble Vénitien. La Famille de Navagero a eu
de grands Hommes i 8c entre autres André' Navagero eftimé par fa
capacité 8c par fon éloquence, qui mourut l'an 15 16. au retour d'u-
ne Ambaffade d'Efpagne. * Auguftin Valcrio, in vita Card. Navae*
Bembo, Hift. U. 10. Auberi, Ughcl, 8cc. ' ^
NA VAILLES (Philippe de Montault de Benac de) Duc de Na->
vailles. Pair 9,l Maréchal de France, Chevalier des Ordres du Roi , étoit
de l'illuftre famille de Navailles , qui eft une des plus anciennes du
Bearn. Il commanda l'Armée d'Italie, fous leDucdeModene en 1658.
en qualité de Capitaine Général : ôc l'année fuivante, après la mort de
ce Prince, il la commanda en chef, avec laqualitéd'Ambafladeur ex-
traordinaire vers les Princes d'Italie. 11 a auffi commandé en chef
l'Armée que le Roi envoya au fecours de Candie, l'an 1669. 8c depuis
il a eu encore le Commandement en chef fur toutes les troupes qui
étoient en Lorraine, Alface, Champagne 8c Bourgogne en 1673, Seau
commencement de 1674. En ce tems il prit Gray , qui fut l'ouverture
de la conquête de la Franche-Comté. Dans la Campagne de 1674. il
fervit en Flandres fous le Prince de Condé , en qualité de Lieutenant
Général : mais parce que le Duc de Navailles avoit déjà commandé en
chef, le Roi ordonna au Prince de partager l'Armée en deux corps,
ii de faire fervir Navailles feul , dans celui où étoit la maifon du Roi,
8c les trois autres Lieutenans Généraux, dans l'autre corps. En 167J.
lorfqu'il étoit dans fon Gouvernement de la Rochelle , fa Majefté l'ho-
nora du bâton de Maréchal de France. Au mois de Janvier 1676. il
fut envoyé en Catalogne, où il a commandé en chet l'Armée du Roi
pendant trois années, 8c jufques à la Paix de 1678. Il a eu long-tems
le Gouvernement de Bapaume , quelque-tems celui du Havre-de-Gra-
ce, 8c jufqu'à fa mort celui de la Rochelle, 8c du pais d'Aunis. Il fut re-
çu Chevalier de l'Ordre du S. Efprit en la Promotion de 1661. 11 a été
long-tems Capitaine-Lieutenant des deux cens Chevaux-Légers de la
, Garde du Roi. Enfin il fut nommé Gouverneur de Monfieur le Duc de
Chartres, en Avril 1683. mais il mourut en Février 1684. ■•Mémoi-
res du Tems. SU P.
NAVARIN, Ville de laMorée,dans la Province de Belvédère, pro-
che de Modon. Les Turcs l'appellent Javarim. Les Anciens la nom-
^moient Pylus Mejfeniaca. Il y a le vieux Navarm 8c le nouveau. Le
vieux Navarin eft bâti fur une hauteur efcarpée , pleine de rochers ?iC
dont la pente fe va perdre dans la Mer. Sa fituation eft forte naturelle-
ment, 8c l'Art n'y a pas peu contribué de fon côté. A la gauche, oS
voit fur un penchant le Nouveau Navarin , qui eft fortifié de bonnes
murailles, avec une Citadelle à fix battions, que les Turcs y bâtirent en
1571. au pié de laquelle eft un Port, le plus fpacieux de toute laMo-
rée.'Ce Port a deux ouvertures, qui font commandées par le Canon
du nouveau Navarin , fous lequel il faut paff"er indifpenfablement. En
1644. le Sultan Ibrahim, père de Mahomet IV. qui fut dépofé en 1687.
choifit ce Port pour le rendez- vous de fa Flotte , compofée de deuE
mille voiles , avec laquelle Seliélar BalTa s'y rendit le 21. Juin , 82
en partit enfuite pour aller en Candie. Navarin a paiTé de tout tems
pour une place importante, 8c c'eft ce qui l'a foûmife à de différentes
dominations. En 1498. qu'elle appartenoit aux Vénitiens , les Turcs
s'en rendirent maîtres, après la prife de Modon. Les Vénitiens y ren-
trèrent peu de tems après , mais les Infidèles les en chaflerent bien-
tôt. Eni686.IeGènéraliffimeMor«5finiparut à la vue du vieux Navarin
le 1. Juin, fuivi d'une Flotte de deux cens voiles, commandée par le
Général Konigfmark. Les afîîegez épouvantez , par une armée fi nom-
breufe, fe rendirent à compofition. Mais le nouveau Navarin fit une
grande réfiftance, cfperant de jour en jour le fecours du Scraskier.de
la Morèc , qui approcboit. Lors que les Vénitiens eurent nouvelle que
le Général 'Turc s'avançoit, ils réfolurent de l'aller chercher pour le com-
battre. Le General Konigfmark laiffa au Chevalier Alcenago le foin du
Siège, &Z. marcha à la rencontre du Seraskier,qu'il défit, 8c mit en déroute.
Cette Vidoire des Vénitiens jetta les affiegez dans le defefpoir de pou-
voir défendre la place, qu'ils rendirent par capitulation, 8c fe retirèrent à
Alexandrie. On confacra la Mofquée au culte de la vraye Religion,8c
on la dédia à faint Vito, parce que les Vénitiens avoient reconquis cette
Ville le jour que l'Eglife célèbre la mémoire de ce Saint. *LePereCo-
ronelK , Defcription de la Marée. SUP:
NAVARRE , Royaume de l'Europe, aujourd'hui en partie à la
France 5i en partie à l'Efpagne. 11 eft fitué entre le Bearn , les Pire-
nées, la Bifcaye, la Caftille 8c l'Arragon. Sa ville capitale eft Pampelune.
On le divifoit autrefois en cinq Régions ou Merindades , qui étoient
Meriniada de Pampelona, Merindada de Otite, Merindada de Sanguefa,
Merindadade EJielta&c Merindada deTudela. Il y avoit aufli les Provin-
ces de Guipufcoa , de Alava 8c de Rioja. Aujourd'hui on divife ce
Royaume en Haute 8c Baffe Navarre. Celle-ci, qui eft la moindre, ap-
partient aux François &c les Efpagnols ont ufurpé l'autre qui eft la plus
çonfidérable. Les Villes , outre Pampelune , font Viane , Tudelle ,
Eftoille ou Fftella , SanguefTa , Olite , Lumbier , 8cc. dans la Haute ;
Et dans la Baffe, Saint Jean de Pié de Port, Saint Palais, 8cc. CeRoyau*
me eft fterile &i inhabité , &c fur tout en ce qui dépend d'Efpagne. Ce
pais eft plus propre pour les pâturages que pour le labeur , quoi qu'on
y trouve en quelques endroits du blé 8c du vin. Il y a beaucoup de venai-
fon. La Baffe Navarre produit aulîi du millet, de l'avoine, des poires
8c des pommes, dont on fait du cidre, qui eft laboiffon ordinaire desha-
bitans. Les principales Rivières font rEbre,qui reçoit l'Arragon, l'Arga
8c l'Egba. Ce Royaume a eu de grands Princes. Il s'établit dans le IX.
Siècle, par la rébellion des Gafcons, contre les Rois Louis le Débonnaire
èc Charles le Chauve. Le premier Roi fut Eneco , furnommé Arifta ou
Harizetta , c'eft-à-dire Chefnaye. Ses defcendans en jouirent jufqu'en
1234. que Sanche VII. dit l'Enfermé ou le Fort , mourut fans enfans.
11 avoit deux fœurs, Berangere, mariée à Richard Cœur de Lion, Roi
d'Angleterre, morte aufli fans enfans, 8c Blanche, femme de Thibaud
V. Comte de Champagne , dont le fils Thibaud VI. fut Roi de Na-
varre
NAV.
varre. Il laiffa Thibaud & Henri III. qui furent tous deux Rois. Le
dernier laiflâ une fille unique Jeanne , qui fut mariée à Philippe le Bel,
Roi de France & de Navarre. Le Roi Louis X. dit Htitin, laiffa une
fille , Jeanne de France, héritière de Navarre. Elle porta cet Etat dans
la Maifon d'Evreux , ayant époufé, par Traité du z?. Mars 1316. Phi-
lippe , Comte d'Evreux. Celui-ci laiffa Charles le Mauvais , père d'un
autre Charles dit le Noble, Se le fécond Salomon, qui mourut l'an 142.5.
SclaifTa Blanche héritière de fon Etat. Cette PnnceiTe époufa Martin ,
Roi de Sicile; & en fécondes noces Jean Roi d'Arragonôc de Navarre,
duquel elle eut Charles , Prince de Viane , mort en 1641. fans enfans :
Blanche, première femme d'Henri IV. dit Y Impttijfant , Roi de Caitille,
morte en 1464. Et Eleonor , qui porta la Navarre à Gafton , Comte
de Poix & de Bigorre Vicomte de Bearn,& leur fille Catherine la porta à
Jean, Sire d'Albret , fur lefquels Ferdinand d'Arragon l'ufurpa en 1513.
comme je le dis ailleurs. Cette ufurpation ne fut que par droit de
bienféance, 8c contre toute forte de Loix divines Si humaines. Les
Efpagnols ruinèrent un très-grand nombre de Villages dans la Navarre,
en haine de Jean d'Albret. Son fils Henri d'Albret , eut de Marguerite
de Valois , fœur du Roi François I. Jeanne d'Albret , qui époufa An-
toine de Bourbon , Duc de Vendôme , & fut mère du Roi Henri le
Grand. Voyez ce que j'ai remarqué en parlant de Ferdinand V. d'Arra-
gon , de l'ufurpation de la Navarre. Les droits de ce Prince étoient fi
foibles , que Mariana , le plus judicieux Hiftorien que l'Efpagne ait eu,
nes'enefl point voulu fervir. Il les fondoit fur la guerre, 8c fur une Bul-
le prétendue du Pape qui expofoit la Navarre au premier occupant , à
caufe que Jean , difoit-il , étoit fauteur du Concile de Pife , 8c allié du
Roi Louis XII. alors ennemi du faint Siège. Mais cette Bulle tant allé-
guée ne fe trouve nulle part ; 8c quand elle fe trouveroit , pourroit-elle
donner le moindre droit à une Couronne , qui ne relevé que de Dieu ?
Ajoutons encore une circonftance qui fait mieux voir la mauvaife foi
des Efpagnols. Ilsdifent que cette Bulle prétendue fut publiée au mois
de Juillet , cependant la Navarre avoit été ufurpée au mois de Juin. On
dit aufli que l'Empereur Charles V. étant au lit de la mort recommanda
à Philippe II. fon fils de reftituer la Navarre. Philippe II. en mourant ,
l'ordonna de même à Philippe III. Le Roi François 1. reconquit prefque
toute la Navarre en 1510. & la perdit peu de tems après.
SucceJJton Chronologique des Rois de Navarre.
NAV.
II
Vers l'an Srj. Enico Ariita ou Harizett ,
3S
850 Ximen Innigue,
I
Sji Garfîas Innigue,
18
870 Sanche Garfîas,
3S
90s Garfîas II.
20
512.5 Sanche 11. dit Abarca,
37
•^Gt Garfîas IIÎ. dit le Trembleur',
Sanche le Grand.
1034 Garfîas IV.
20
1054 Sanche IV. dit le Sage,
20
Î074 Sanche V. fils de Rarair ,
20
1094 Pierre,
14
1108 Alphonfe,
19
I134 Ramire le Moine.
113s Garfîas V.
15
I150 Sanche VI. dit le Sage.
43
i 194 Sanche VII. dit l'Enfermé ou le Tort.
40
1234 Blanche I.
IZ34 Thibaud dit le Pofihume , le Grand 8c le Faifeut
de Chan-
fins.
20
Iiî4 Thibaud ÎI.
16
ÏZ70 Henri furnommé le Gros ,
3
3174 Jeanne I. morte en 1.304.
3
1284 Philippe le Bel,
30
13 14 Louis Hutin,
2
13 16 Philippe le Long ,
l
1321 Charles le Bel,
6
1318 Jeanne 11. morte en 1349.
1328 Philippe III. Comte d'Evreux , fumommé k
Bon èc le
5<î^e, . , . .
lî
1343 Charles II. dit le Mauvais,
43
1386 Charles III. dit le Noble,
40
, 1425 Èlanche 11.
16
1445 J«an 5 Roi d'Arragon ,
54
1479 Eleonor,
14, jours
1479 François Phœbus,
4
1483 Catherine, morte 1527,
1484 Jean d'Albret,
38
15 16 Henri d'Albret,
39
1555 Jeanne III.
7
1572 Antoine de Bourbon.
7
1582 Henri le Grand,
38
1610 Louis le Jujle,
33
1643 Louis le Grand
Rois de la Haute Kavarrt. '
ïjii Ferdinand, Ufurpateur,
1516 Charles V. Empereur,
1555 Philippe II.
1598 Philippe IIL
162 1 Philippe IV.
î666 Charles II. Roi d'Efpagne.'
3
39
9
43
^3
34
* Favin , Sijl. de Navarre. Arnould Oihenard, not. utriufq. Vafcon. Ste
Marthe, Hifi. Géneal. de :Fran. De Marca , Hifi. de Bearn. Du Pui , Droits
du. Roi , Mariana , Hijl. Hiff. Louis de Mayerne Turquet , Htfi. dEf-
(cgne, Gabriel Chapuis, HiJl. de Navarr, Jofeph de Texeira, Kiej de
Jome IV. ~ " '
quelques Rois de Navarr. Garfîas de Gongora deTorreblanca , Hifi. de
Navarre, tyc.
NA V ARREINS , Ville de France dans le Bearn, avec une Forterefle.
Elle eftfituée fur le Gave dit d'Oleron, entre Sauveterre& la même ville
d'Oleron; Scelle a été eftimée par fes fortifications. Terride alfîegeoit
en 1569. Navarreins, quand le Comte de Montgomery , qui comman-
doit une Armée d'Huguenots, l'obligea de lever le fiege. Elle a été
attaquée en divcrfes autres occafions.
NAVARRIN ou Navarino, Ville 8c Port de Mer de la Morée,
dans le petit Pais de Belvédère , au Turc. On la prend pour la J^j/^j
Mejfeniaca des Anciens. Navamno eft près de Maina , entre Modon ,
qu'elle a au Levant 8c Larcadia. La Ville efl: marchande 8c bien fortifiée;;
Voyez Navarin^
NAUCLERE (Jean) noble Allemand , natif de Soiiabe, vivoit
dans le XV. Siècle. Il étoit fils de Jean Verge, ou Vergehau, dont le nom
veut dire Nautonnier ; c'eil pour cette raifon qu'il prit un nom , qui
fignifie la même chofe en Grec. Il fut Prévôt de l'Eglife de Tubinge,8c
enfuite Profeffeur du Droit Canon dans l'Univerfité de la même Ville,
qu'Everard, Comte, 8c puis Duc de Wirtemberg y avoit fondée à fon
retour du voyage de Jerufalem l'an 1477. 11 compofa une Chronique de-
puis le commencement du Monde , jufqu'en 1 500. que Nicolas Bafelius
a augmentée jufqu'en 1514.8c Surius jufqu'en 1574. On ne fait pas biea
l'année de la mort de Naudere. Il vivoit encore en 1501. *Bdlarmin,
de Script. Eccl. GeûitT,inBibl. Poffevin , in Appar. Sacr. Yoffms,l.2. de
Hijl. Lat. Melchior Adam , 8cc.
NAUCRATE, Poète Grec, un de ceux qu' Artemife employa pour
travailler à l'éloge de Maufole.avec Theopompe,Ifocrate 8c Theodefte,'
quiremportaleprix. On en met un autre de ce nom ,Poëte Comique,
&C Athénée cite une de fes pièces au Livre 9. LilioGiraldi le confond
avec Nausicrate, dont parle Athénée dans le 7. Livre. Quoi qu'il eii
foit, le premier a vécu la CIII. Olympiade, l'an 386. de Rome.' Voyez
Na virate.
[NAUCRATIS; Ville Capitale d'un N^we delà baflTe Egypte, nom-
mé à caufe de cela Naucratique. Il eft près de l'embouchure du bras le
plus occidental du Nil , qu'on nommoit auffi , pour la même raifon ,
l'embouchure Naucratique. C'étoit la Patrie à'Athenee Auteur des
Deipnofophijles , comme il le témoigne lui même dans le livre onzième.
Hérodote remarque qu'il y avoit eu dans cette Ville de célèbres Courti-
fannes ; comme Rhodope , à qui les Grecs attribuoient une des Pyramides ,
quoi que, félon lui, il n'y eut aucune apparence. Athénée reprend Héro-
dote de ce qu'il confond cette Rhodope avec DoWgï/e, maîtrefle de Cha~
raxe frère de Sappho. On peut voir dans cet Auteur diverfes coutumes
des Naucratites. Herod.Lib.i. Athénée, Lih.XUl. zs)- alibi.']
NAUDE' (Gabriel) Chanoine de Verdun 8c Prieur d'Artige enLi-
mofîn, s'eft difi:ingué entre les hommes de Lettres du XVII. biécle. 11
étoit de Paris , 8c fit de grands progrès dans les Sciences , dans la Critique
8c la connoiffance des Auteurs, 8c dans l'intelligence des Langues. Ces
bonnes qualitez le firent confidérer. Il fut premièrement Bibliothécaire
des Cardinaux Bagni 8c Antoine Barberin à Rome, puis du Cardinal Ma-
zarin en France. Naudé avoit en fon particulier une très belle Bibliothè-
que. La réputation de fon mérite fe répandit au delà de la Mer Balti-
que. Chrittme,RieinedeSuede,lefitvenir à Stokolm. Elle s'entretenoit
fouvent avec lui de belles Lettres, 8c lui donnoit beaucoup de témoigna-
ges d'eftime. A fon retour de ce voyage, il mourut à Abbeville, le vingt-
neuvième Juillet de l'an 1653. Gabriel Naudé a fait divers Ouvrages:
Syntagma de ftudio militari. Apologie pour les grands Hommes accufez
de Magie. Inftrudtion touchant la chimérique Compagnie des Frères de
la Rofe-Croix. Avis pour dreiTer une Bibliothèque. Addition à la vie de_
Louis XI. tJn Traité de Politique , 8cc. Divers Auteurs parlent de lui
avec éloge. Confultez fa Vie écrite par le P. Ltjuïs Jacob.
NAUGRACUT, Ville 8c Royaume des Indes dans les Etats du
Grand Mogol. Le Royaume eft iitué vers les Montagnes du Nord , du
côté de la Tartarie. La Ville eft fur la Rivière de Ravée qui paffe enfuite
à Lahor avant que de fe jetter dans l'Indus. Outre cette Ville on y trouve
encore Kallamaca , 8cc.
NAVIERËS (Charles de) Gentilhomme de Sedan , vivoit dans le
XVI. Siècle. Il fit divers Ouvrages, comme un Poëme de la Renom-
mée, 8cc. 8c fut tué à la faintBarthelemi, l'an 1572. * La Croix du Mai-
ne, Bibl. Tranc.
[NAVIGIUS , frère de S. Auguftin , dont il parle dans fes Con-
feff. Liv.ix. CXI. n. 27. 8c dans fon Livre de ht^ie Heureufe, n. 7. 8c
14. Pofiîdius fait mention de fes filles dans la Vie de s. Auguftin, c.
26.]
ï^ AVIRATE étoit un Grec , qui étant allé en Egypte , trouva des
•Livres qu'une certaine Dame de ce pais, nommée Phantafia , avoit com-
pofez, 8c qu'on gardoit dans le temple de Vulcain à Memphis. Ce Grec
aituroit'que tout ce qu'il y a de beau dans l'Iliade 8c dans l'Odyfl^ée d'Ho-
mère étoit pris de ces Livres. Voyez Euftathius dans fon Commentaire
fur rOdyflëe. [Il faut écrire Naucrate, comme il eft écrit dans Euftathc ,
dans fa Préface de fon Commentaire fur l'Odyflee, à la fin de lap.1370.
de l'Ed. de Rome. Navirate n'eft pas un nom Grec. Outre cela, Euftathe
ne dit pas que Naiicrate eût été en Egypte, mais que ce fut Homere.qui,
étant à Memphis, y copia les Ecrits de Phantafie.]
NAVIRE ; Nom d'un Ordre de Chevalerie , apellé autrement
l'Ordre d'outre-Mer , ou du double CroilTant ; inftitué par le Roi faint
Louis en 1269. pour encourager les Seigneurs de France à faire le voya-
ge d'outre-Mer avec lui, par cette marque d"aonneur. Le Collier de cet
Ordre étoit entrelacé de coquilles de doubles CroiflTans, avec un Navire
quipendoitaubout. Le Navire & les Coquilles repréfentoient le voya-
ge par mer: 8c les CroiflTans montroient que cette entreprife étoit pour
combattre les Nations Infidèles, qui portent pour armes le Croiffant.
Les doubles Croiflans paflez en fautoir , étoient d'argent : les doubles
Coquilles, d'or; êc-le Navire reprefentè dans une Ovale, étoit arme
8c frété d'argent en champ de gueules , à la pointe ondoyée d'argent 8c
de finople. S. Louis permit aufli aux Chevaliers de cet Ordre de mettre
au Chef ou au Cimier de l'Ecu de leurs Armes, un Navire d'argent aux
Banderoles de France, fur un champ d'or, qui étoient des armes a cn-
^ "' B a <l^'^''i^
s2 NAU. NAX.
quérir qu'il leur donnoit par honneur. Les premiers qui reçurent cet
Ordre, furent les trois fils de Saint Louis, Philippe /d Hiirdt,}em Ini-
tan Comte de Nevers, & Pierre Comte d'Alençon : fon frère Alfonie:
fon Gendre Thibaud Roi de Navarre , & plufieurs autres Princes &
grands Seigneurs qui l'accompagnèrent en fon Voyage d'Outremer. Cet
Ordre du Navire, ou du double CroifTant, ne dura guère en France ,
après le décès de Louis; n'y ayant que les Nobles qm l'avoientaccompa-
ené en fon dernier voyage , qui en gardaffent la mémoire dans leur
Collier. Mais il fut fort illuftre au Royaume de Naples & de Sicile : car
Charles de France , Comte d'Anjou , frère du Roi S. Louis , prit cet Or-
dre pour lui & fes Succeffeurs Rois de Naples:& René d'Anjou, Roi de
Sicile, le rétablit en i448.fouslenomdel'OrdreduCroiffant.*Favyn,
Jhéatre d'honneur V de Chevalerie. SUP. ' r c
NAUMACHIE, lieu fort fpacieux à Rome, creufe en forme de
grand baffin , & rempli d'eau, avec des bâtimens tout autour, lefquels
fervoient de théâtres aux fpeftateurs des Jeux publics , qui s'y fai-
foient fur des vaifTeaux de mer , pour imiter les combats navals. Ce
nom eft compofé de v«S?, qui lignifie en Grec, navire: & de t^^^i
qui fjonifie combat. Les Naumachies les plus magnifiques de Rome,
furent" celles de Jule-Cefar, d'Augufte, de l'Empereur Claudius, de
Néron & de Domitien. L'Empereur Heliogabale en fit faire, qui
étoient remplies de vin. Pline, «x'. i6. c. 39. l^zm^nàt, m Hehogabd.
NÂUMACHIUS , Poëte Chrétien , dont Lilio Giraldi & Erafme
font mention. On ne fait pas bien en quel Siècle il peut avoir vécu , mais
feulement qu'Arfenne Evêque de Monembafîe , dite aujourd'hui Malva-
fia , dans la Morée , rapporte plufieurs vers de lui , in ColleH. [On en trou-
ve 69. vers hexamètres, touchant la manière dont une femme fe doit
conduire avec fon mari ,& touchant le mépris des richefies,danslere-
cueuil des Poètes Grecs, qui ont écrit en vers héroïques p.733.del'Ed.
de Genève.] , „ , t • >
N A U M B O R G fur la Rivière de Sala , en Latm Neoburgum ,
Ville d'Allemagne en Mifnie , Province de Saxe , avec Evêché Protef-
tant , autrefois Suffragant de Magdebourg. Elle eft entre Leipfîc &
Erford ; & autrefois elle dependoit de fon Prélat : mais aujourd'hui elle
eft à un Prince Séculier de la Maifon de Saxe, qui eft maître de toute
cette contrée, dite par les Allemans Stifft von. Naumburg. Les Princes
de Saxe prirent Naumbourg durant les guerres civiles de la Religion, 8c
on le leur céda par le Traité de PaflTaWjCn mille cinq cens cinquante-
deux. L'Evêché y avoit été transféré de Zaltz vers l'an lOiS. La
Ville eft affez agréable. Confultez Cluvier,Paul Lange, ie Epifc. Nèo-
hurt. CT'c.
NAUFLIUS IL du nom. Roi de Seriphe & d'Eubee, avoit un
fils nommé Palamede.qui fut condamné à la mort comme un traître ,
par l'impofture d'Ulyfle qui inventa contre lui cette fauflé accufation
pendant le fiége de Troye. Nauplius tâcha de fe venger de cette injufti-
ce,& voyant d'un lieu élevé la flotte des Grecs batuë de la tempête il
alluma un fanal du haut d'un rocher nommé Capharée , pour les y at-
tirer & les voir périr contre cet écueuil. En effet les Grecs y briferent
leurs vaiffeaux , mais Ulyfle & Diomede échaperent de ce péril : & Nau-
plius ne voulant pas s'expofer à la vengeance de ces deux grands Capi-
taines, fe précipita dans la mer. • Diodore. Hygin. JP/'. [ i. L'Auteur
de cet Article auroit dû dire quelque chofe de Nauplius \. du nom , s'il
y en avoir un. 2. 11 n'avoit que faire de citer Diodore, (\m\ ne dit rien
de tout ceci. H%in ne dit rien de la mort de Nauplius. Voyez Vab. ex vi.
Gjuintm Sny^rmus n'en dit rien non plus , dans fon livre des Retours.
3. Il auroit fallu dire que Nauplius étoit fils de Neptune &^ d'Amy-
nione , l'une des Danaïdes , ôc citer Apollodore , Biblioth. Lib. 1 1.
c. i.î
NAURUS , ou Neurus ; les Perfes appellent ainfî le premier
jour de leur année, qui commence à l'Equinoxe du Printems. Ce
mot fîgnifie nouveau jour. Il fe prend auiTi pour une année , & quand
les Perfes veulent exprimer leur âge , ils difent qu'ils ont tant de Nau-
lus, ceft-à-dire, tant d'années. Le Minatzim ou Aftronome a foin
d'obferver le moment auquel le Soleil atteint l'Equateur, & dès qu'il
en a donné connoiflance au peuple, tout le mondefe réjouît pour célé-
brer le C9.mmencement d'un nouveau Naurus. * Olearius , i^oyage de
Verfe. SUP.
NAUSEA (Frédéric) Evêque de Vienne en Autriche , etoit eftimé
par fa grande érudition , par fa probité & pgr fon lele, pour la défenfe
des veritei orthodoxes, contre les Novateurs. 11 étoit Jurifconfulte &
Théologien; & il fe fit admirer par fon éloquence dans la Chaire de Ma-
yence , à Vienne en Autriche , & ailleurs. L'Empereur Charles V. le
nomma à l'Evéché de Vienne. Naufea remplit les devoirs de l'Epifcopat ,
avec une grande fidélité, & mourut l'an 1550. après avoir beaucoup
travaillé pour l'Eglife. Il avoir publié des Homélies & divers autres
Traitez. * Callidius , in Caial. Script. Germ. P&ffevin , tn ^ppar. Le Mire ,
de Script. Stc. XVI. eyc.
NAUSICRATE. Voyez Naucrate.
NAXOS.Ifle de la mer Egée ou Archipel, une des Cydades, que
Sophien appelle Nicfia,& d'autres Strongyle. Les Turcs en font aujour-
d'hui les maîtres, & les habitans de l'Ifle leur payent fix mille piaftres de
tribut. Elle eft abondante en marbre & en bons vins ; c'eft pour cette rai-
fon que les Anciens l'avoient confacrée à Bacchus.quiyreçut Ariadne
abandonnée par Thefée. Il y a un Archevêque Latin. L'air de cette Ifle
eft admirable pour les vieillards. Strabon 8c Pline font mention de Naxos ,
8c Virgile, lu 3. j^neid.
NAXIA ou NixiA, il n'y a aucun Port dans cette IHe, & les
Vaiff'eaux qui vont pour y trafiquer,fetiennentdanslePortderiâede
Paro , à fix milles de Naxia. C'eft une des plus agréables 8: des plus
belles Ifles de l'Archipel, où refidoient autrefois des Ducs, qui pofle-
doient douze autres Ifles aux environs. Ces Ducs étoient de Nobles Vé-
nitiens,de la famille des Sanuts,à qui la République de Venife donna
cette Seigneurie en iiio. après l'avoir conquife fur l'Empereur de Conf-
tantinople : 8i qui en ont joui jufques en 1516. queSeliml. s'en rendit
le Maître. Il y a encore des Réfidens de ces Ducs , qui y payent tribut au
Grand Seigneur, comme les autres habitans. Le terroir y produit des
NAX. NAZ.
vins fort excdiens, c'eft pourquoi les Anciens l'avoient dédiée à Bac-
chus, dont le Temple, qui étoit tout de marbre , eft entièrement ruiné,
de forte qu'on n'y voit plus que les fondemens , 8c la porte , dont la hau-
teur eft de vingt-cinq ou trente pies, 8c la largeur environ de quinze. Ce
Temple étoit bâti fur une roche plate éloignée de l'Ifle d'un jet de pier-
re, 8c l'on y paflToit fur un pont de pierre de taille, qui fubfifte encore,
8c oîi l'on voit deflôis Seaux cotez les canaux qui portoient le vin dans les
refervoirs du Temple. Il faut aufiTi reniarquer que c'eft dans cette Ifle
qu'on trouve la bonne pierre d'Emeril. On y fuit la Religion Romaine
& celle de l'Eglife Orientale. Il y a un Archevêque Latin , 8c des Cha-
noines dans la Cathédrale , avec deux Eglifes oià les Jefuites Scies Capu-
cins ont établi des Miffions. Les Grecs ont ciuflî leur Archevêque , 8e
quantité de 'Monaiferes , entr'autres une Eglife dédiée à la fainte 'Vierge,
qu'ils appellent Panagia , c'eft-à-dire , toute-fainte. Les habitans de cette
Ifle ont une coutume aftez extraordinaire , après la mort du mari , ou de
la femme : car le furvivant ne fort point de la maifon , de fix mois entiers ,
pour quelque affaire que ce foit, non pas même pour ouïr la Méfie.
* Tavernier , Voyage de Perfe. ~
NAXIVAN. Cherchez Naksivan.
NAZARE'ENS , Sede particulière des Juifs, Les Auteurs Eccle-'
fiattiques en font fouvent mention. Ils étoient diflferens des autres , foit
pour les Sacrifices , foit pour les Livres Canoniques , foit pour l'ufage des
viandes ; s'abttenant de tous les animaux qui avoient vie comme les re-
putant immondes. On donna depuis aux Chrétiens le nom de Naza-
re'ens, peut-être à caufe de la Ville de Nazareth 011 !a Vierge fainte
avoit conçu, ?< où le Fils de Dieu a voit demeuré, ou parce que le lieu étoit
encore très-venerable aux Fidelles. [Il auroit fallu reformer entièrement
cet Article , pour faire dire à l'Auteur quelque chofe de raifonnable r. Les
Nazaréens ou plutôt les A^«2;iree»5,n'étoient point une Sèéte particuliè-
re des Juifs , c'étoient des gens qui faîfoient vœu de ne boire point de
vin , de ne manger point de raifins , ni de quoique ce foit , qui fût fait avec
des raifins , de ne point fe faire couper les cheveux , 8c de ne point fe
fouiller pour un mort, pas même quand cêferoit leur Père ou leur Mère 5
comme on le peut voir dans le VI. des Nombres. 2. Les Nazaréens dont
les Auteurs Ecclefîaftiques font mention ; étoient ks mêmes, dont il eft
parlétians l'Article fuivant; c'eft-à-dire une efpece de Chrétiens Judaï-,
zans. 3. Ni les anciens Naziréens , ni ceux , que l'on nomma Nazaréens
après Jefus-Chrift , ne differoient des autres Juifs , à l'égard des livres
Canoniques , ni à l'égard de l'abftinence des animaux. Nôtre Auteur
femble avoir confondu en partie les Samaritains ,&c les EJféens avec les
Nazaréens.] :
NAZARE'ENS qui croycnt tien en Jésus- Christ , mais
qui recevoient encore la Circoncifion. On dit même que depuis ils fui-
virent les erreurs d'Ebion 8c de Cerinthe. * Aûes 24. S. Epiphane,
huret. i9.Theodoret ,^Ê hîr.fab. li. 2. Baronius,i» /Jppar. Annal, e?
A. C. 9. e? 74- " ■
NAZARETH , Ville de Galilée dans la Tribu de Zabulon , elle* êlî
renommée, par la demeure que le Fils de Dieu y fit. La Chambre de la
fainte Vierge fut tranfportée de ce heu en Italie, comme je l'ai dit ail-
leurs, fous le nom de^Lorette. Les Religieux de faint François ont un
Monaftere 8c une Eglife à Nazareth, que les Pèlerins vont vifiter. Cet-
te Ville a été autrefois le Siège d'un Evêché &^ puis d'un Archevêché.
Mais le 'titre en a été transféré à Barleta en Itahe.dans le Royaume de
Naples, comme je le rembarque ailleurs; &i le Pape Urbain'VIIl. en
étoit Evêque quand il vint Nonce en France , fous le règne de Henri
le Grand.
NAZARETH , cette ville eft à trente lieues de Jerufalem , vers le
Septentrion. Elle eft iituée fur le penchant d'une montagne , où quel-
ques habitans avoient creufédans la roche de petites Grottes en forme
de Cabinets, 8c fur le devant ils avoient bâti une fale,faifant leurraaiforj
de ces deux logemens de plein pié i<. d'un feul étage. La Maifon de la
Vierge eft bâtie de cette manière. La fale de devant a vingt-fix pies de"
longueur de l'Orient à l'Occident, ?^ treize de largeur: fon entrée re-
garde le Midi. Au bout vers l'Orient il y a une petite cheminée, 8c à
côté dans l'épaiffeur du mur « une petite armoire. La fenêtre eft au
mur du côté de l'Occident, 8< donne coutle jour à cette fale. La Grotte
qui eft de plçin pié vers le Septentrion , contient feize pies de longueur ,
cinq 8c demi de largeur du côté de l'Orient ,8c dixàl'autre bout du cô-
té de l'Occident, parce que les murs font un peu de biais. Sa hauteur efl
d'environ dix pies. Oitcroitqu' après! AfcenfiondeJ es ûs-Christ ,
les Apôtres firent deux Chapelles de cette Maifon , drellant un, Autel
dans la fale vers l'Orient', 8c un pareil dans la Grotte. Ces faints Lieux
demeurèrent en cet état, jufques au tenis de Sainte Hélène, qui les en-
ferma dans l'enclos d'une Eglife très-magnifique, laifTant néanmoins
la fale dans fa première fimplicité , laquelle n'elî que d'une maflfonneric
grolliere, de pierres dures en forme de brique. Mais l'an 1291. Se-
raf Sultan d'Egypte s'étant emparé de la Terre-Sainte , ruïna les Vil-
les , renverfa les Eglifes , 8c extermina les Chrétiens. Ce fut alors que
les Anges, à ce que l'on croit, enlevèrent la fale de'cette fainte Mai-
fon, qu'ils portèrent par deffus la mer, premièrement en Dalmatie,
puis trois ans après en Italie dans la Forêt de Recanati , en la Marche
d'Ancone,fur le champ d'une pieufe Dame nomm.éeLorette: d'où les
mêmes Anges la tranfporterent au bout de huit moisà demi-lieuëdelà
fur une colline : & enfin un peu plus loin , au Ueu où elle eft à prefent.
Toutefois quelques années après les Chrétiens firent rebâtir à la même
place de Nazareth une Chapelle prefque femblable à celle qui en a été
enlevée. Elle eft bâtie de pierres de taille,, 8c de même largeur , parce
. que les murs qui ont trois pies Se demi d'épailfeur font compris dans
l'efpace de la première, 8c nefontpasrelevezfurlesmêmesfondemens.
Il y a deux Autels , l'un à lOrient , dédié à faint Jofeph : ^ l'autre au
Midi, à côté de la porte, pratiqué dans le gros mur. Se confacré à
Sainte Anne. La fenêtre , qui y donne jour , eft au-dellus de cet Autel , &c
non pas du côté du Septentrion, comme elle eft à la Chapelle de Loret-
te. De cette Chapelle on -defcend d'un degré dans la Grotte , par l'ou-
verture d'une arcade, vis- à- vis de l'Autel de Sainte Anne. La Grotte eft
toute naturelle. Se la roche nuë, excepté le mnr du côté de l'Occident
& du Midi , lequel eft fait de pierres , pour foûtenir le bâtiment qui efî:
deffus.
KAZ. NEA,
iîeflus. On voit deux Colonnes de marbre gris, l'une à la place où l'on
ditqu'étoit la Sainte Vierge lors que l'Ange vint la foluer: & l'autre oii
cet Ange s'arrêta pour lui parler. La Colonne ^ qui marque la place de
la 'Vierge , eft dans la Grotte , & celle qui deligne le lieu où étoit l'Ange,
eft au milieu de la porte, par où on nepafleplus, mais par l'arcade dont
je viens de parler.' Du côté du Septentrion, il y a un efcalier paroùles
Religieux de Saint François , qui font au nombre de huit ou dix , y def-
cendent de leur Convent , lequel eft maintenant prel'que ruiné , les Infi-
dèles n'ayant épargné que la Chapelle & la Grotte, qui ont étéconfer-
vez par une Providence particulière.
On tient par Tradition , que Saint Joachim & Sainte Anne ont
fait leur demeure dans cette Maifon : que la "Vierge y eft née ,
qu'elle y demeura après fon mariage avec S. Jofeph , & qu'elle y
conçût le "Verbe Divin , par l'opération du S. Efprit , le jour de l'An-
nonciation : qu'eniîn J e s u s- C h m s t y fut élevé au retour de Beth-
léem , & qu'il y vécut caché jufques à l'âge de trente ans. Quel-
ques-uns néanmoins croyent que la Sainte "Vierge a été conçue à Naza-
reth, mais qu'elle eft née à Jerufalem ,où Sainte Anne étoit allée avec
S. Joachim , pour célébrer la Fête des Tabernacles , & où ils demeurè-
rent quelque tems. A quelques cent pas du Convent, prefqu'au milieu
de la ville de Nazareth, on voit un ancien bâtiment de pierre de taille,
qu'on dit être un refte de la Synagogue où Nôtre-Seignéur expliqua le
paffage du Prophète Ifa'ie, qui parle de fa venuëau monde: cequiirrita
tellement ceux de la Synagogue , qu'ils le chaflerent dehors, & le vou-
lurent précipiter du haut d'un rocher. A trois cens pas ou environ de la
Chapelle de Nazareth, vers le Septentrion, eft une maifon où l'on tient que
Saint Jofeph avoit fa boutique devant qu'il eût époufé la Sainte 'Vierge.
Les Chrétiens y avoient fait une Chapelle, mais elle eft à demi ruinée ,
Sz occupée par un More. Un peu plus avant du même côté, au pié de
la montagne , on trouve une belle Fontaine , dont l'eau tombe dans un
grand Réfervoir de pierres bien cimentées. On l'appelle la Fontaine de
la Vierge , parce que l'on croit qu'elle y alloit ordinairement puifer de
l'eau. Et même Luther dit que l'Ange lui annonça le Myftere de l'In-
çarnatiori du Verbe , comme elle alloit un matin à cette Fontaine :
mais c'eft une rêverie de cet Hérefiarque , & la vérité eft que la Sainte
Vierge étoit alors retirée dans fa Cellule de Nazareth. Du tems <^s Rois
Chrétiens, après la conquête de la Terre-Sainte en 1099. cette Eglife fut
érigée en Archevêché, ôc l'on voit encore l'Hôtel Archiepifcopal , & le
Cloître des Chanoines aux environs des ruines de la grande Eglife , mais
prefque tout détruit , n'y reftant que quelques pilliers de pierres de
taille, des colonnes, 6c 'de grandes voûtes, qui marquent la magnifi-
cence de ces bàtimens, lors qu'ils étoient en leur entier. A l'égard de la
ville, ce n'eft plus qu'un pauvre village habité par des Arabes , qui profa-
nent des lieux fi faints. * Doubdan , Voyage de la Terre-Sainte. S UP.
NAZARI (Jean-Paul) Religieux de l'Ordre de faint Dominique
étoit de Crémone , où il naquit en 1556. & il eft mort âgé de plus de
quatre-vingts & dix ans. Il avoit enfeigné la Philofophie & la Théolo-
gie dans fon Ordre , où il eut les principales Charges. Le P. Nazari
fut auffi Théologien du Duc de Mantouë. Le Pape Clément VIII. l'em-
ploya pour difputer contre les Hérétiques de la Valteline. Depuis ceux
de Milan l'engagèrent à faire un voyage enEfpagne,pouryrepréfenter
au Roi Philippe IV. le malheur des habitans de cet Etat extraordinaire-
ment foulé par les gens de guerre. Son mérite le rendit vénérable à la
Cour d'Efpagne. On lui offrit un Evêché en Italie , qu'il refufa avec
ÏDeaucoup de modeftie. Auffi la charité feule lui avoit fait entreprendre
le voyage d'Efpagne; & l'intérêt n'y avoit point eu de part. Le Père
Nazari eft mort, vers l'an 1649. Il a laiiTé des Commentaires fur la
Somme de Saint Thomas, & d'autres Traitez de Théologie en IX.
Volumes. Voyez fon éloge parmi ceux des Hommes de Lettres de
l'Abbé Ghilini.
NAZARIUS, Orateur célèbre qui vivoit dans le 1"V. Siècle. C'eft
lui qui prononça en l'honneur de l'Empereur Conftantin un Panégyri-
que , qui commence ainfi. DiHurus Confiantini aagufiijftmas laudes ,
&c. Il avoit une fille nommée Eunomia , qui étoit favante^ Confultez
Eufebe ôc S. Jérôme, in Chron.
NAZIANZE, Ville de Cappadoce, premièrement Epifcopale fous
Cefarée; & puis Métropole fous le Patriarche de Conftantinople. Elle
eft célèbre pour avoir été le lieu de la nailTance de faint Grégoire le
Théologien , dit auffi de Nazianze. Le père de ce faint Doéleur fut
Evêque de Nazianze & il prit lui-même le foin de cette Eglife ; ce que
je remarque en parlant de lui.
NE. . •
NEALCES, ancien Peintre, qui s'aquit beaucoup de réptitation
par fes ouvrages. Pline parle de lui. On dit qu'ayant peint un
Cheval dans un de fes Tableaux , & étant en colère de ne pouvoir
pas alTez bien repréfenter a fon gré l'écume qui fort de la bouche de ces
animaux , lors qu'ils font échautez, il jetta par dépit fon pinceau contre
fon ouvrage ; & qu'il vit avec furprile , qu'en un moment le hazard avoit
produit tout ce que fon art n'a voit pu faire en beaucoup de tems. On
affure que Protogene reçût auffi de la fortune un fecours li favorable ,
en voulant peindre l'écume qui fort de la gueule d'un chien en colère.
Je parle ailleurs de lui. *Pline, HiJl.Nat. Lib.xxxv. c. 11. &c.
NEANDER (Michel) né dans la Sicile, a vécu en rjjo. & il mou-
rut le vingt-fixiéme Avril de l'an 1595. âgé de-yo.ans. 11 favoit les Lan-
gues & les belles Lettres, & fit divers Ouvrages, comme Praeptiones
^rîiutn organic^rum. C'eft un Recueuil de plufieurs pièces des Anciens.
Il publia encore un Recueuil d'anciennes Poëlies, morales Scfabuleufes,
intitulé Opas auremn , à Leipfîc, en 1559. in 4. Michel Neander étoit
Proteftant & fut Redeur à Ilfedt. Voyez fa Vie parmi celles des Philo-
fophes Allemans de Melchior Adam.
NEANTHES, deCyzique, Orateur, étoit Difciple de Philifque
de Milet, & vivoit du tems de Ptolomée Philadelphe, la CXXVI.
Olympiade , l'an 480. de Rome. Il fit un Traité des Hommes
Illuftres ; Un des. Heures ; Un des affaires des Grecs & divers au-
tres Ouvrages , qui font fouvent citez. * Porphyre , lib. 4. de abftin.
Athénée, //. 4. 9. e? 13. Clément Alexandrin, lib. 5. Strom. Am-
NEA. NEB. NEC.
n
monius, Stephanus de Byzance, Suidas, Gefuer, Poffevin , Voffius.
NEAPOLIS. Cherchez Naples.
NEARQUE, un des Capitaines d'Alexandre le Grand, qm vivoit
l'an 415'. de Rome. Il fit l'Hittoire de ce Prince. C'eft apparemment
le même qui après la mort de ce Roi, arrivée l'an 430. deRoinè, fut
GouverneurdeLycie & de Pamphylie; comme le dit Juilin. Strabon
parle fouvent de lui. Jultin , //'. r3. Hiftor. Strabon, lib. z. 11. 15.
e?' 16. Arrian, lib. 5. c? 7. Quinte-Curce, /;. 9. cj'c
NEBIO, Ville ruinée de l'Ile de Corfe en l'endroit où eft le Bourg
de Rofoli. Elle a été autrefois Epifcopale , fous la Métropole de Gen-
nes. Les Auteurs Latins la nomment Nebium & Cenjunum. L'Evêque
fait fa réfidence à Saint Florent. Julien Caftagnola Evêque de Nebio,pu-
blia en 1614. des Ordonnances Synodales.
NEBO, ou Nabo, Idole des Affyriens, qui rendoit des oracles.'
Quelques-uns difent que Belus étoit leur premier Dieu ; & Nebo ,
leur féconde Divinité. Ils ajoutent que par Belus, il faut entendre le So-
leil; 8c par Nebo, la Lune. * Voffius, de Idol. l. 2. c. 8. S. Jérôme,
in Efi. c. 46.
NEBRISSE ou Lebrixo , Ville d'Efpagne en Andaloufie , entre
Sevilleôc l'embouchure du Guadalquivir dans la Mer. Ptolomée & Pli-
ne font mention de cette Ville. Elle eft célèbre pour avoir été la patrie
d'A NToiNE DE Nebrisse, rcftaurateut des Lettres humaines ea
Efpagne. Cherchez Antonius Nebriffcnfis.
[NEBRIDIUS , eut diverfes dignitez & fut entr'autres Préfet de la
Ville, fous Theodofe le Grand, & fous Honorius fon fils. Il en eft
fait mention en plufieurs Loix du Code Theodofien , depuis l'an
cccLxxxii. jufqu'à l'an ccclxxxvi. On ne fait fi c'eft le même,,
qui eft nommé Proconful de l'Alie fous Arcadius en cccxcvi. Voyez
la Profopographie de J. Godefroi. S. Auguftin avoit un Ami particu-
lier du même nom, à qui il a écrit quelques Lettres. Voyez fa Vie
par les PP. Benediélins , imprimée à Paris en 1700. Liv* 11. Ci
10.
NECESSITE' , Déeffe adorée par les Fayens , comme la plus
abfoluë , & la Souveraine de toutes les Divinitez , à laquelle Jupiter
même étoit forcé d'obe"ir. Elle avoit dans Corinthe un Temple , dont
l'entrée étoit défendue à tous autres qu'aux Miniftres de la Déeffe, tant
on étoit faifi de crainte 8c de refpeft pour elle. Horace dans une Ode
qu'il adreffe à la Fortune , fait une très-belle peinture de la Neceffité ,
où il y a apparence qu'il l'a décrite telle que fes Statues la repréfen-
toient.
Te femfer anteit peva Necejfitas,
Clavos trabales ct* cuneos manu
Geftans ahena , nec feverus
Vncus abefl , liqnidumqtie flumbum.
La Necejfité , dit-il à la Fortune , marche toujours devant vous , por-
tant dans [es mains de bronz.e de longues chevilles , de gros coins , des
crampons d'une fermeté inébratzlable , C? dtt plomb fonda. Tout cet
équipage de la Néceffité, qui n'eftcompoféquedecequifert à attacher
fortement les pierres , les poutres, i>C tout ce qu'il y a de plus difficile
à joindre 8c de plus maffif, marque la fuprêmepuiffance de cette Déeffe
qui a été appeilée infurmontab'.e,8c la force dont elle lie 8c engage im-
pitoyablement les hommes à mille chofes malgré eux, fouvent contre
leur honneur &: contre leur confcience ; 8c cela par des nœuds plus fer-
m.es, comme l'on dit, que ceux d'Hercule , 8c aufquels perfonns ne
peut refifter. Pour le pas qu'elle prend devant la Fortune , c'eft pour
marquer , difent les Interprètes , que quelque grande que foit la Divi-
nité de la Fortune, 8c quelque abfolu que foit fonp^ouvoir, la Néceffité
eft encore au deffus d'elle. * Alexander ab Alexand. Génial. Dier. 1. 1 .SUP.
NECHAO , ou Pharaon Neco , Roi d'Egypte , commença de ré-
gner vers l'an 341 r. du Monde. On dit qu'en allant faire la guerre
aux Affyriens , il paffa fur les terres de Judée. Il affura le Roi Jofias
qu'il n'avoit pas deffein de l'attaquer ; mais celui-ci s'étant voulu op-
pofer à fon paflage, il fut tué dans la plaine de Mageddo, l'an 3415. du
Monde, 12 j. de Rome. Après cela Nechao mit Joakim fur le trône
de Judée, ôc fit alliance avec lui, Nabuchodonofor défit le même Ne-
chao , l'an 3429. du Monde. *IV. des Rois , c. 23. IL des Paralipo-
menes, c. 35. Jeremie, c.46. Jofeph, li.io.Ant. Hérodote, li. 2. u*
4. Torniel, A. M. 3425. c fiq.
NECHAO, Necho, ouNechepsos, Roi d'Egypte, fils de
Pfammitique , défit les Syriens dans une Bataille; 8c Joiias y fut bleffé
d'un coup de flèche, dont il mourut à Jaiifalem. Cette Vidoire le rendit
maître de prefque toute la Syrie. On dit qu'il entreprit de faire "un Canal ,
jufques au Golfe d'Arabie, 8cque fix-vingtsmillehommes périrent dans
ce travail. * Hérodote, Eutychius, dans fes Annales. SVP.
Le NECKAR, le Necker ou le Neckre, Nicer, Nicerus
£< Neccarus , Rivière d'Allemagne , qui a fa fource dans la Sotiabe , à
fept ou huit lieues de celle du Danube. C'eft au deffous du Village de
Sweinengen , dans un lieu dit Neckerfurts dans la Forêt Noire. Peu
après elle reçoit le Breim, paffe à Rotweil, 8c entrant dans le Duché
de "Wirtemberg , elle arrofe Tubinge , Effingue , coule près de Stugard,
à Hailbron , 8cc. 8c elle vient dans le Palatinat. Là elle paffe à Heidel-
berg groffie par les eaux de diverfes autres Rivières , à Ladembourg di fe
joint au Rhin près de Manheim. Vopifcus, AmmianMarcellin 8c divers
autres Auteurs anciens parlent du Neckar , auffi bien qu' Aufone :
Hoflibus exailis Nicrum fuper c? Lapodunum.
Confultez auffi Cluvier, Bertius , 8c c. -
NECQUAM ou Nekam, (Alexandre) Anglois,Chanoine Régulier de
l'Ordre de Saint Auguftin a été en eftime dans leXIII.Siéclc,8capaffé
pour être un des plus favans hommes de fon tems. On dit qu'ayant
réfolu de quitter le monde , .il fit deffein de prendre l'habit de Religieux de
faint Benoît, dans le Monaftere de faint Alban. Il en parla à rAbbé,lequel
voulant fans doute éprouver fa vocation , le retint affez long-tems fans
lui faire de réponfe pofitive. Ce procédé chagrina Necquam. H té-
moigna fon impatience par un billet qu'il écrivit à l'Abbé, 8c qui ne con-
tenoit que ces mots: Si vis, veniam. Si autem,tu atitem. Il fe lervoit
des deux derniers mots , avec lefquels on finit les Leçons , tirées de
l'Ecriture 8c des Pères dans l'Office Divin , pour faire connoître à l'Ab-
B 3 ^^
ï4
NEC. NÉE. NEG'.
bé qu'il vouloit une réponfe pofitive ou finir avec lui. Ce dernier , qui
avoit de refprit & de la fcience , répondit en ces termes a Nequam , fai-
fant même allufîon à fon nom par ces paroles : Si bonu$ es , venias ; St ne-
quam , mqumuam. Cette reponfe ne fut pas du goût du pollulant .le-
quel prenant pour une injure la réponfe del'AbbéJe retira a Exceller
& il y fut reçu parmi les Chanoines Réguliers de faint Auguftin. En
liic. il fut élii Abbé parmi les fiens, qu'il laifla héritiers d'un très-grand
nombre d'Ouvrages de fa façon , don" les principaux lont des Commen-
taires fur les Proverbes ,fur l'Ecclefiafte,fur le Cantique des Cantiques ,
fur lePfautier. LeHienes Scripturamm. Moralia in E-vàngdm. Ds Virtu-
tibus. Cur rilius Incarnatus. De furitate Afdrw, c^f. Ce grand homme
mourut en 1227. à Worchefter.
NECROPOLIS, ancienne Ville d'Egypte jdiftânte d environ tren-
te ftades, ou oUatre riiilles de celle d'Alexandrie, ainfi appellée de
ï£K/.ôç , mort , & VÔM5 , ■ville : comme qui diroit , Ville des morts; parce que
Cleopatre s'y fit mourir , par la morfure d'un afpic. * Plutarque , Vie
^Antoine. [Ceci eft un Roman, Cleopatre mourut à Alexandrie ,
dans le Maufoléc des Rois d' Egypte. Voiei Plutarque, m Antonio, p. 951.]
NECTANEBO , dernier Roi d'Egypte, étoit fils de Tachon ,
qu'il abandonna pour fe jetter parmi les Perles, qui firent de grandes
conquêtes en Egypte. Neftanebofe rétablit fur le Trône Scchaflafes en-
nemis; mais Ochus Roi de Perfe reconquit l'Egypte , à l'aide de Men-
tor & des Grecs. Neélanebo ainfi mal- traité de la fortune, & ne voyant
aucun moyen de s'oppoler à fes ennemis , s'enfuit en Ethiopie l'an 404.
de Rome. En lui finirent les Rois d'Egypte, dont Manethonavoit écrit
îès Dynafties , au rapport d'Eufebe & de quelques autres Auteurs.
NECTARIUS , Patriarche de Conftantinople , étoit de Tarfe ,
homme de grande naiffance ,qui avoit l'efprit propre au gouvernement
des affaires politiques, mais qui n'avoit ni la dodrine, ni la probité,
ni la bonne réputation néceflaire à un grand Prélat. Ceux qui étoient
affemblez , pour donner un Succeffeur à S. Grégoire de Naîianze , qui
avoit renoncé à cette Dignité , furent furpris , quand l'Empereur Thco-
dofe nomma Neâarius. On lui repréfenta qu'il n'etoit pas baptifé, &
que par les Canons il ne pouvoir être Evêque; mais cette confidération
ne faifant pas changer l'Empereur, on fe rendit à fa volonté. Ainfi il fut
mis au nombre des Brebis par le Baptême ;& bien-tôt après on l'établit
dans la Chaire de Pafteur,parla Confécration Epifcopale , qui fut faite
du confentement de tous les Prélats qui étoient à Conftantinople , au
Concile tenu en 38 t. Nedarius gouverna avec beaucoup de pieté; mais
comme il n'étoit ni auffi favant, ni auffi ferme, que fa Charge de-
mandoit,il donna la hardiefle aux Hérétiques de troubler la paix de fon
Eglife. De fon tems, il arriva dans l'Eglife de Conftantinople un acci-
dent, qui fournit un grand fuj et de controverfe, entre les Catholiques
& ceux qui nient le Sacrement de Pénitence. C'eft qu'une Diaconifle ,
qui étoit une femme veuve de qualité, ayant manifefté les aftions de fa
•vie paffëe au Pénitencier, celui- ci-lui donna une pénitence qui fitcon-
noître qu'un Diacre lavoir corrompue. Et en effet le Diacre ayant été
dépofé , cela fit foupçonner la vérité: ce qui caufa un grand fcandale.
Neflarins ne fâchant quel remède y apporter, par le confeil d'Eudé-
Kion Prêtre d'Alexandrie, ôta le Pénitencier, de forte que peu' a peu
la coutume de fe confeffer s'abolit. Le Cardinal BaroniusScle Cardinal
du Perron, traitent à fond les difficulté! qui fe rencontrent dans l'aéhon
de Nedarius. S. Jean Chryfoftome fuccéda à Nedarius mort l'an 397.
* Sozomene,ii. 7. Socrate,/;. 5. Baronius, A. C. 381. 390, 397. Du
perron, in Refp. adReg. Magtt£ Britan. li. z. c. 3. cp-c.
[NECTARIUS , Vicaire de la Province de Pont, fous Thé&-
dofe le Jeune, tn ccccxxxv. Il eft parlé de lui dans le Code Théodofien
il. 8. de principibus Agentinm in rébus, }
NEELLE. Cherchez Nefie.
NEGAPATAN , Ville d'Inde , dans H prefqu'Ifle au deçà da
Gange, fur la côte de Coromandel , 5c en la Province de Tanjaur. El-
le a été autrefois aux Portugais,; mais préfentement les Hollandois en
font les maîtres.
NEGOMBO, Ville en l'Ifle de Cejlan, dontles Hollandois font
les maîtres.
NEGREPELISSE, petite Ville de France dans le Quera. Elle eft fî-
tuée fur l' Aveirou , entre Bourniqifel & Albias , à deux ou trois lieues de
Montauban. Negrepeliffe étoit affez forte, & elle a été confîdérable du-
rant les guerres de la Religion. Les habitans qui étoient Huguenots fu-
rent eux-mêmes caufe de la ruine de leur Ville. Après le fiege de Montau-
ban en i6zt. le Roi Louis XBI. envoya quatre-cens Hommes duRe-
giment de Vaillac , pour être en garnifon à Negrepeliffe. Les habitans
les reçurent , & peu après ils leur coupèrent à tous la gorge en une nuit^
Le Roi voulant punir une trahifon fi barbare , vint afiréger cette Ville*
après avoir pris Sainte Foi & Saint Antonin en 1 622. Onl'emporta &les
habitans y furent tous paffez au fil de l'épée. Mais il arriva , durant les
défordres qui fuivent ordinairement ces fortes de viftoires , que le feu
fe prit à un coin de la Ville & qu'il la réduifit prefque toute en cendres.
NEGREPONT, Ifle de l'Archipel veis l'Europe, féparée de
l'Achaïe par l'Euripe. Les Anciens l'appelloient Eubœa , & Chalets.
Les Turcs la nomment Egribos, & ceux du païs Egripos;ôîo\x l'on a
formé le nom de Negrepont. Les premiers Francs qui y font allez ,
entendant dire aux gens du païs , s' ton Egripon pour eis ton Egripon ;
c'eft-à-dire , à Egripos , ont crû qu'ils appelloient ce lieu Negripon ; &
ont joint n avec Egripon. Voilà la véritable origine -de ce nom .ôcTon
en peut voir d'autres exemples, dans l'Article Se tin es. Il ne faut
donc pas fiiivre l'erreur des Italiens, qui l'appellent Nigroponte; com-
me s'il y avoit quelque Pont de Pierre noire, qui paffàt de k Bosocie
dans l'ide. Plufieurs Auteurs affment que cette Ifle faifoit autrefois par-
tie de la Bœocie, Province de l'Achaie,' dont elle fut féparée par des
tremblemens de terre, & par l'impetuofité des flots delamer ,quiy fit
un Canal. Elle a trois cens foixante- cinq milles de circuir; quatre-vingts-
dix de longueur, du Midi au Septentrion ; 6c quarante de largeur. Ses
deux plus célèbres Promontoires, font Capo Tigera oii Ccpo d^Oro: 8i
Capo Lithar. Le premier étoit anciennement nommé Capharitts : C'ett
la où Nauplius Roi de ce pa'is , fit allumer un grand feu la nuit pour y
attirer les Grecs qui revenoient de l'Expédition de Troye; ce qui leur fit
NEG.
prendre ce feu pour un Fanal , 8c cet écueil pour un Port , où ils vin-
rent brifer leurs vaiffeaux. La Ville Capitale porte le nom de l'Ifle. Elle
ett fur le bord de l'Euripe, vers la Terre-Fermed'Acha'i'e,oùron va par
un Pont-levis , qui conduit à une greffe Tour que les Vénitiens bâtirent
autrefois dans ce Canal , d'où l'on paffe fur un autre Pont de pierre ,
qui a cinq arches. Les Galères & les Vaiffeaux paffent à l'endroit où eft
le Pont-levis,qui fe levé moitié du côté de la Tour, 8c moitié du côté
de la Ville. Elle a environ deux milles de tour, mais il y açlusd'habitans
dans les Fauxbourgs , qui font peuplez de Chrétiens Grecs , qu'il n'y eii
a dans la Ville, où il ne demeure que des Turcs 8c des Juifs. On y voit
quatre Mofquées , dont l'une étoit autrefois l'Eglife Cathédrale dédiée
à S. Marc. Cette Eglife étoit un Evêché' Suffragant d'Athènes, lequel
fut après érigé en Archevêché. Les Jefuites ont auffi une Maifon, dans
les Fauxbourgs , pour enfeigner lajeuneffe. Le Gouverneur de cette Ifle
eft un Capitan Bâcha , qui commande aufli dans l'Acha'ie. Sous le règne
du Doge Pietro Ziani , l'Empereur de Conftantinople fit une donation de
cette Ifle à la République de Venife;8c Pietro Zanco en fut le premier
Baile.
Les Turcs l'attaquèrent au mois de Juin 1469. avec une flote de trois
cens voiles, Mahomet II. s'y trouva en perfonne.à la tête de plus de
fix-vingts mille hommes. Les afficgez s'étant défendus , avec toute la vi-
gueur pofljble , furent contraints de céder à la force d'une Armée li
nombreufe. Ceux qui gardoicnt la Porte Buraliana, l'abandonnèrent le
iz. Juillet , dont les Turcs s'en étaiit apperçus.ilsmonterentfurlesmu-
railles,8c delà entrèrent dans la Vflle , où Calbo &i Bondulmiero, deux des
Commandans de la Place , furent tuezles armes à la main. Erizzo , Pro-
vediteur 8c troifiéme Commandant ,fe retrancha dans un endroit affez
fort, 8c ne fe rendit que fous la parole du Sultan, qui lui promit la vie,
mais ce Barbare manqua de foi , & le fit icier par le milieu du corps. Il
laiffa une fille nommée Anne, que l'on préfenta à Mahomet, parce
qu'elle étoit extrêmement belle : mais cette génereufe Demoifelle mé-
prifa toutes fes careffes;ce qui irrita tellement le Sultan, que changeant
fon amour en rage , il lui coupa lui-même la tête avec fon fabre. Elle n'a-
voit pas encore vingt ans, quand elle fouffrit ce martyre , plutôt que de
tomber entre les mains d'un Infidèle.' Ce Barbare exerça après toute for-
te de-jLtuautez contre la Garnifon , 8^ contre les Chrétiens, qu'il trou-
va dans laVflle. Cette Ifle eft fi fertile , qu'après là Bataille de Lepante
gagnée fur les Turcs en i57r. le Pape Fie V. vouloit que l'Armée des
Chrétiens attaquât Negrepont , parce que fon terroir pouvoir fournir
dequoi facilement entretenir une grande Armée. La livre du moutoii
n'y vaut pas tout-à-fait un foû de nôtre monoye:lalivredepoiffonné
coûte que trois liards : la mefure de vin , qui fait environ une pinte de Pa-
ris , fe donne pour un foû ; les confitures de coîfts , de poires , 8c d'amaii-
des au vin cuit, qui eft meilleur là qu'en aucun lieudn monde, ne va-
lent que quinze deniers la livre. Proche de Capo Figera , eft la 'Ville E-
pifcopale de Carifto,que les François nomment Chàteau-roux,SuflTà-
gante de l'Archevêché de Negrepont. Rocco , entre la Ville de Negre-
pont 8c Carifto, étoit le fiege d'un autre Evêché. La Montagne de Carif-
to , proche la ville du même nom , eft célèbre à caufe du beau Marbre ql'e
l'on en tire : 8c de la Pierre Amiante , qui pouffe des filamens en forme
de filaffe,dont on fait de la toile, qui, au lieu de fe brûler, fe blanchie
au feu. L'Ifle de Negrepont produit une fi grande quantité de coton ,
qu'elle peut fournir des toiles à une flote entière. Il y a deux rivierei
dans ce pa'is , le Simflio , 8c le Cereo , dont l'une rendôit la laine des m ou-
tons blanche, §c l'autre noire , fi l'on en croit les Poètes. ■• P. Coroneir
li, DefcriptioK de la Morée. Spon , Voyage en 1675. SU P.
(t5* Les nouvelles deVenifedu3. Août, 1688. portent que M. Mo-
rofini,Doge de cette République , étoit allé mettîe le Siège devant Ne-
grepont. Si cette nouvelle eft véritable, il y a apparence qu'il s'en ren-
dra maître , les rebellions qui continuent toujours dans les Etats des
Turcs, leur ôtant tout moyen de défendre ni fecourir leurs places lors
qu'elles font affiegées. [Cela n'eft point encore arrivé, hc il n'y a patf
grande apparence que la Républiqiie prenne cette place en 1 693 . ]
NEGRES, peuples d'Afrique, dont le pais s'étend des deux cô'-'
tez du Fleuve Niger , entre le 'Z.aara , 8c la Guinée. Les plus riches
font ceux que les Arabes appellent de Genéoa , qui demeurent fur les
bords du Niger, parce que c'eft le chemin que prennent les Marchands
qui vont au Levant , 8c il y aborde quantité de gens de Barbarie , du
Biledulgerid ,& d'autres endroits. Ceux qui habitent le long de la Côte
de l'Océan, fe font civilifez , depuis que les Portugais ont négocié avec
eux, 8c plufieurs même ont embraffé le ChriftiaA'ifrne. On trouve auiîi
quelque civilité en ceux qui font du côté d'Orient vers la Nubie , 8c qui
confinent avec le pa'is des Abiflins. Mais ceux qui demeurent au dedans
du païs , que les Arabes appellent les peuples du Zinque , font farou-
ches 8c brutaux. La plupart des Nègres fe font continuellement la guer-
re , &i tous ceux qu'ils peuveM prendre de leurs ennemis , hommes ,
femmes, 8c enfans, ils les vendent aux Africains, aux Arabes, 8c aux
Portugais, qui trafiquent ordinairement fur leur Côte, 2c le long de
leur Rivière. Ils prennent d'eux en échange, des chevaux, des draps,
des toiles, de l'huile, du vin, 8c d'autres marchandifes qu'on y porte
de l'Europe. Ce pais eft. chaud; mais le voifinage du Niger, 8c d'au-
tres rivières qui le traverfent , le rend un peu humide. H y a auffi plii-^
fieurs grands Lacs qui viennent du débordement des rivières. Ces Lacs
font environnez de Bois , où l'on trouve plufieurs Elephans , 8c autres
bêtes fauvages. On n'y feme ni blé, ni orge, mais- feulement du mil-
let : leur principale nourriture eft de certaines racines qu'Us appellent'
Cnames; & d'une efpece de châtaignes , qu'ils nomment Gores. Ils ont
auffi des pois d'une groffeur extraordinaire 58c bigarrez de diverfescou-
leurs:8c de greffes fevesd'unrougevif8c éclatant. Les inondations du
Niger fuppléent au défaut de la pluye , qui n'y tombe qu'au mois de
JuiUet , d'Août ,8c de Septembre. 11 n'y a point de vignes dans tout le
pais, 8c l'on y fait du vin d'une liqueur qui dittille de certains Palmiers ^
8< qui eft de couleur de vin paiUet. Pour la faire fortir on donne deux
ou trois coups de coignée fur le tronc , 8c on met des calebaffes deffous
pour la recevoir. Chaque Palmier en rend trois ou quatre pintes dans
l'efpace de vingt-quatre heures. Cette liqueur eft douce le premier jour
qu'on la rëcueuille ; mais deux ou trois j ours après , elle devient plus forte.
Elle
NEH. NEK. NEM.
Elle ne fe garde pas long-tems , car dès le cinquième ou iîxiéme jour
elle commence à fe tourner envinaigreb*Marmol,(/e/'^/r/î«e .//■z'. i.
SU P. Voyez Négritie.
NEHAUSEL. Cherchez Newhaufel. '
NEHEMIAS, Juif, étoit Echunfon du Roi Artaxcrxès Longue-
main , & fon mérite lui avoir aquis beaucoup d^ part en l'eftime de
ce Prince. Il s'inforraoït avec foin de l'état de la Ville de Jerufalem ; &
ayant fù d'un nommé Hanani, qui fe trouva à Sufe.que la ruine de
cette Ville , & fur tout de les murailles , caufoit de grandes incommo-
ditez à ceux qui y étoient retournez , il en fut touché jufqu'au fond
du cœur. Même fa trillelfe parut ii fort furfon vifage .quekRoilui en
demanda la caufc. Nehemias l'avoua fincerement,& pria le Prince de
lui permettre d'aller revoir et^core une fois la Ville où répofoienc fes
percs; & d'en rebâtir les murs, ce qui lui fut accordé. 11 vint à jeru-
falem, l'an 3609. du Monde, & en dépit des epnemis de fa Nation, il
fit achever ce grand ouvrage. Enfuite on en fit la Dédicace folemnel-
lement. Ce fut alors que le feu facré,qu*i avoit été caché par Jeremie,
fe trouva; ou plutôt que l'eau épailTe qu'on avoit rencontrée .s'alluma
aux rayons du Soleil , ayant été répandue fur le bois & fur le facrifice.
Torniel fuivant Melchior Canus & Ribera,& quelques autres, eftime
que l'on retrouva auffi l'Arche d'Alliance & l'Autel de l'encens ; mais
cela n'eft pas bien prouvé. Quoi qu'il en ibit, Nehemias, depuis fon
arrivée à Jerufalem , gouverna les Juifs durant l'efpace de douze ans ,
avec autant de fagefle que de pieté ; n'oubliant rien pour les faire de-
meurer fidèles dans la nouvelle alliance qu'ils avoient contradtée fo-
lemnellement avec Dieu. Il aflembla une grande Bibliothèque, que les
uns veulent qui fût compofée de toute forte de Livres, & les autres de
ceux là feulement qui regardoient , bu la Religion, ou l'ctat des Juifs
L'an 362.1. il revint à la Cour d'Artaxerxès, & durant fon abfence,
les Juifs déchurent de la pieté où il les avoit rétablis, & violèrent la Loi
en plulieurs chofes de confequence. Nehemias apprit ces chofes avec
une douleur extrême; il pria le Roi de Perfedelui permettre de revenir
à Jerufalem ; il l'obtint , & à fon retour, qui fut l'an 3619. il corrigea
ces abus. On ne fait pas s'il vécut long tems après cela. Nous avons
un Livre de l'Ecriture fous fon nom * Efdras, I. €/ II. Eufebe , in
Chron.o-lib. 8. Demonft. fxjaw^. SalijJJR Sponde &iTom\â, in Annal,
■vet. Teji. A. M. 3609. 3611. ->,6%iy. tsc.
NEKIR , ou N E K E R : nom de l'un des Anges Inquifiteurs , qui
viennent examiner le mort dans le fépulcre , félon la fuperftition des
Wahometans. Quelques Hiftoriens l'appellent Guanekir, mms c'eftune
erreur qui vient de ce que les Arabes nomment les deux Anges Exa-
minateurs, Manguir gua Neguir : c'eft-à-dire , Monkir , & Nekir : & ceux
qui n'entendoient pas l'Arabe, ont pris guaneg:iir pour le nom du fé-
cond Ange, y joignant la particule ^rt« , qui lignifie c/. Voyez Azabe-
kaberi. * Rkmi,de l'Empire Ottoman. [ Les Mahometans croient qu^es
âmes & les corps font dans leurs fépulcres,jufqu'au jour du Jugement,
& que d'abord après la fépulturc l'Ange Munkir , armé d'une pefante
maffue , avec un autre nommé Nekir, fe préfente .aux rnorts & leur
fait ces quatre demandes: i. Qui eft ton Dieu.'' i. Qui efl; ton Prophè-
te.'' 3. Quelle eft ta créance .'4. Quel eft le lieu de ta dévotion .'Ceux qui
ont fait conllamment profeffion de la Religion Mahometane répondent
fans crainte : Mon Dieu eft celui qui t'a créé auffi bien que moi ; mon
Prophète eft Mahomet; ma créance eft Iflam (c'eft-à-dire, la créance
ftlutiire) le lieu de ma dévotion eft Caba, c'eft-à-dire ,1e temple de la
Mecque. Ceuxq.ui meurent hors de la Foi fontfaifisdecrainteàla vûë
de l'Ange , à «aufe de fon extrême grandeur , & le prenant pour Dieu
lui-même, l'adorent; ce qui leur attire un coup de mafluë, & les fait
renfermer dans leurs fépulcres, fans qu'ils voient rien de ce qui fepafle
au dehors. Mais les fidèles fe repofent tranquillement , & voient par
une petite fenêtre ce que l'on fait dans le Ciel. -^^/-tgé £/ei«f«ii/«r»m,
dans le IV. Tome des Oeuvres à'IJaac Barrow. ]
NEMBROD, (Nimrod) fils de Chus & petit-fils de Cham , vivoit
en 1879. du Monde. L'Ecriture dit que c'étoit un Chafleur iniigne *
& qu'il commença d'être puiflant. Elle ajoute : Fuit autem princiftum
regni ejus Babyton, e/ Arach , O' Achad , ZJJ' Chalanne in terra Scn-
naar. Ce qui nous perfuade que ce Nembrod eft le même que le
Bel ou Beliis des Profanes. Je iài bien que le Berofe,tel que nous l'a-
vons , fuppofé par Anniiis jle Viierbe , dit que ce Ne'mbrod eft le même
que le Saturne des Anciens ; & que Gérard Mercator veut qu'il foit
Ninus; mais comme ce fentiment eft contraire aux Auteurs anciens &
modernes, je me tiendrai à l'opinion la plus raifonnable. C'eft que
Nembrod dont le nom , félon famt Ifidore , veut dire Tyran , eft le
Bel qui fignifie Seigneur. * Eufebe dit qu'il régna 65. ans Genefe 10.
Saint Jean Chryfoftome , hom. 29. in Genef. Saint Jérôme , in Trad.Hcbr.
in Genef. Saint Epiphane,(> P<îk«Wo , Saint Auguftin,//. 16. e? i'&. de
Ctjit. D«;.Rupert,//.4.i» Gen (;.43.Jofeph. ii. !../<»<. c. 4.^6. La Chro-
nique d'Alexandrie, Eufebe, i?7 Chron. Mercator ,inChron.7txtx\mli.
ij. Comment. in Gen. nom. 64. Bellarmin , Genebrard , Gordon , Abu-
lenfis, Cajetan, Oleafter, Del Rio , Torniel, Salian, Sponde, &:c.
Cherchez auffi Bel. \_Nimrodne. fignifie pas tynn en Hébreu; mais plu-
tôt un Tigre. 11 y a bien de l'apparence que les Grecs ont confondu
leur Bacchus avec Nimrod , comme Bochart le fait voir dans fon Ca-
naan,lÀh. I. c. 2. Voiez Bacchus. Il eft remarqué qu'il étoit ^rawicA^î/-
/êj/r, parce qu'au commencement que les Colonies du Genre humain
fe répandoient , il falloit qu'on s'appliquât à la chafte , pour ne pas être
accablé par les bêtes fauvages. On peut apprendre la mêmechofe , dans
plufieurs fables Gréques. Voicz celle à! Hercule dans le 2.T.dela/>;W«-
thecfue Univerfelle. ]
_ NEME'E, Ville des Argiens,où l'on inftitua environ la LI. Olym-
piade,des Jeux à l'honneur d'Hercule. Ce'a étoit bien long-tems après
ceux qu'on dit avoir été établis d abord après la mort d'Archemorefils
de Lycurgue. Eufebe en parle dans la Chronique.
NEME'E fleuve de la Morée, dit Langia, où Periclès défit les Si-
cyoniens l'an 301. de Rome.
NEME'E , grande forêt du Peloponefe , maintenant de la Morf e ,
dans le pais d'Argos, à prefent la Roraanie, fameufe pour avoir été
le Théâtre d'un des plus illuftres travaux d'Hercule. Elle fervoit de re-
traite à un Lîoïi d'une effroyable grandeur , qui tenoit quelquefois la
campagne & que les grands defordres, qu'il avoit faits, dans le pais, a-
voient rendu redoutable. Hercule, venant d'égorger le fils de Molorchus
un des premiers Citoyens d'Argos , fe fignala par la défaite de ce Lion qu'il
étoufa, 8c on inftitua à Argos les jeux Neméens , pour étcrnifer la mémoi-
re de cette illuflre aftion. * Strabon , Diodore de Siple , Hygin.
NEMESIANUS ( Aurelius Olympius ) Voë'k Latin de Carthage-,
célèbre par fon efprit, vivoit dans le III. Siècle, vers l'an î8r. fous
l'Empire de Carus & de fes fi's Carinus ScNumerianus. Vopifcus par-
lant de ce dernier dit: Qu'il eut tant d'inclination pour les versvqu'il
en contefta même la gloire à Olympius Nemefianus, qui avoit écrit de
la pêche & des chofes maritimes. Nous avons encore de lui lePoëme
intitulé Cynegeticum & quatre Eglogues. Paul Manuce les publia en
r538. Banhius en procura une autre édition en 161 3. & nous en avons
encore une de Leiden en 1653. avec des Notes de Janus Vlitius. Li-
lio Giialdi raporte un fragment de Nemefianus que Sannazar lui avoit
fait voir. C'eft Sannazar, lequel ayant trouvé les Ouvres de ce Poète
écrites en Lettres Gotiques , les fit mettre en beaux carafteres & les
envoya à Paul Manuce._ Le célèbre Prélat Hincmar de Reims écrivant
à Hincmar de Laon fon nei.'eu, parle du Livre de Nemefianus , comme
d'un Ouvrage qu'on lifoit su Collège: Aliter refpondere nonpotui, nifi
ut -venatores fer£ lufira fequentes ageres ,audttu cr leôîione puer Scholarius
in libro , cjui infcrsbitur , Cynegeticon Carthaginenfis Aurelii didici , crc
[NEM ESI EN , Officier de l'Empereur Conftanfe en CCCCXXX.
11 en eft parlé dans le Code Theodofien. Voyez la Profopographie de
^Uifues Godefroi.']
NEMESIS , Déefle que quelques-uns faifoient fille de Jupiter 8j
de la Néceffité , & les autres de l'Océan & de la Nuit. Elle avoit foin
de venger les crimes, que lajuftice humaine laiffoit impunis; & avoit
auffi le nom à'Adraftée , parce qn'Adraftus fut le premier qui lui dé-
dia un Temple, '& de Rhamnufie , parce qu'elle fut adorée dans un.
Bourg de ce nom. * Paufanias in Arcad. Cartari,Je Imàg. Deur.Boca-
ce ,in Geneal. Deor. vc. Voyez la Théogonie d'Hefiode avec les notes
imptimées à Amfterdam en 1701.
[NEMESIUS.de Philofophe devenu Chrétien, & Evêque d'Emc-
fc,a vêcu,fclon les uns, vers l'an 380 & félon les autres, dans le cin-
quième fiecle. On en a un livre de Natura Hominis, imprimé à Ox-
ford en Grec & en Latin en 167 1.]
NEMESTRIN,Dieu des Forêts, chez les Gentils, ainfi nomméde
Nemus , Bois ou Forêt. * Arnobe , lib. 4. S. Auguftin , de Civit. Dei. Ii. 4.
NEMORALES ,Fêtes--'Ses anciens Payens,en l'honneur de Diane,
Déefle des Bois. '* Pline , Ii. 35.
NEMO URS , fur la Rivière de Loing , Ville & Duché de France dans
le Gâtinois. Ellea eu premierementfesSeigneurs,puis fes Comtes, juf-
qu'en 1404. queleRoi Charles VI. en fit une Duché &Pairie , commejc
le dirai dans la fuite. La ville de Nemours, que les Auteurs Latins nom-
ment Nemojium , eft agréable , à 1 8. lieuës de Paris. Elle a le Prieuré de S.
Jean avec un Fauxbourg dit de S. Pierre , où eft une Paroifle de ce nom 6c
l'Abbaïe de Nôtre-Dame de la Joye,des Religieufes de Citeaux. Ne-
mours a donné autrefois fon nom à une Maifon noble.
NEMOURS, Maifon. La Maifon de Nemours qui a pris fon nom
de la Ville de Nemours, a eu de grands Hommes; Philippe de Ne-
mours I. du nom, Sieur de Guercheville , vivoit dans le XÏI. Siècle,
fous le règne de Philippe Augufte. Il fut père de Gautier II. Sieut
de Nemours Maréchal de France en 1214. Celui-ci fut père de Phi-
lippe II. Sieur dé Nemours , Chambellan de France, qtii époufa en r.
noces Marguerite Dame d'Afcheres & en 2. Elifabeth, Dame de la
Haye & de PalTavant. De la i. il eut Gautier lII..Sieur de Nemours,
mort fans lignée; Philippe qui vendit la Seigneurie de Nemours au
Roi Saint Louis : Jean, Sieur de Guercheville Chanoine de Noyon
& de Tours, qui vendit auffi l'an 1274. au Roi Philippe le Hardi les
Droits qu'il avoit fur Nemours : Aubert Chanoine de Paris ; Et Guil-
laume qui époufa Agnès Dame Du Moulin. De fa 2. femme il eut
Gautier de Nemours, qui époufa Clémence de Dreux, dont il eut
Blanche , femme de Guillaume de Precigni & deux autres filles. De-
puis le Roi Charles VIL érigea Nemours en Duché & Pairie, qu'il
échangea pour d'autres terres avec Charles III. dit le_ Noble , Roi
de Navarre. Ce fut le 19. Juin de l'an 1404. Ce Duché retourna à la
Couronne en 1425. & il y fut jufques en 1461. que le Roi Louis XI.
le céda à jaques d'Armagnac qui prétendoit y avoir quelques droits.
Jaques laiflajean & Louis, morts fans enfans mâles. Ainfi le Koi ren-
tra dans ce Duché , conformément à une claule de Lettres de l'an 1404.
ce qui avoit été obfervé après la mort de Charles le No'le , qui n'eut
que Blanche, Reine de Navarre. Cependant Pierre de Rohan , Sieur
de Gié, qui avoit époufé Marguerite fille de Jean d'Armagnac, pré-
tendit encore au Duché de Nemours. Il mourut fans enfans; 8c cette
mort termina le procès en 1507. Le Roi Louis XI!. céda Nemoursà
fon neveu Gaston de Foix qui fut tué à la bataille de Ravenne , l'an
i^ti. Trois ans après, le Roi Erançois I. le donna à Julien de Me-
Dicis qui avoit époufé Philibertc de Savoye, tante de ce Monarque.
Enfuite le même' Roi mariant en 1528. Philippe de Savoye fon On-
cle, Comte de Genevois, 8cc. avec Charlotte d'Orléans, fille de Louis
d'Orléans I. du nom , Duc'de Longueville ,il lui fit encore don de ce
Duché rachetable de la fomme de cent mille livres. Ce Philippe de
Savoye mourut à Marfeille le 25. Novembre 1533. l.iilTant Ja-
ques de Savoye qui fuit ; &c Jeanne -2. femme de Nicolas de
Lorraine Duc de Mercœur. Jaqjues de Savoye prit allian-
ce avec Anne d'Eft, Comtefle de Gifors, veuve de François de
Lorraine Duc de Guife. Il mourut le 15. Juin de l'an 1585. Ses
enfans furent Charle.s-Emanvel, Duc de Nemours , mort en
1595. fans avoir été marié, Henri qui fuit 8c Marguerite, mor-
te en enfance. Henri de Savoye, Duc de Nemours, 8cc.
mourut en 1632. Ce Duc fit en 1623. un Traité avec le Roi
Louis XIII. au fujet de Nemours, qui refta toujours rachetable.
11 eft vrai qu'en 1625. le même Roi voulant gratifier ce Duc
lui donna un Brevet du 23. Octobre , qui porte que ni fa
Majefté , ni les Rois fes fuccefleurs ne pourront reiinir
le
j6
NEN. NEO.
le Duché de Nemours & le Comté de Gifors à la Couronne , du vivant
de ce Duc & de fes enf.ins. Le Traité de 1613. terminaks prétentions
des Ducs de Nem ours, q ui , fous les règnes de CliarlesIX. Henri III.-&
Henri IV ,avoient fait des demandes extraordinaires , fous prétexte des
Droits d'Anne d'Eft.iille de Renée de France. Henride Savoyeépouia
en 1618. Anne de Lorraine tille unique de Cliarles Duc d'Aumale; dont
il eut I. François de Paule, mort en enfance: 2. Louis Duc de Ne-
mours, mort en 1641. 3. Charles- Amede'e de Savoye qui tut tué
■en duel à Paris en 1652. laiflantEliiabeth de Vendôme, Marie-Jeaniie-
Baptifte Demoifelle de Nemom'S , depuis Ducheffe de Savoye , & Mariç-
Françoife-Elizabeth Demoifelle d'Aumale , depuis Reine de Portugal;
Et 4. Henri de Savoïe II. du nom Duc de Nemours. Celui-ci
avoit été Archevêque de Rheims. Après lamortdefonfrere ,ilépoufa
le vingt-deuxième Mai i6<;7- Marie d'Orléans, fille de Henri II. Duc
de Longiieville , &c. & de Louïfe de Bourbon Soiffons fa première fem-
me,& décéda fans cnfans, le quatrième Janvier 1659. Ainfifinitenfa
perfonne la Branche des Ducs de Nemours de la Maifon de Savoye, qui
a fubfitté environ 150. ans en France, depuis Philippe Duc de Gene-
vois & de Nemours, fils puiné de Philippe Duc de Savoye, & de Clau-
dine de Broffe Bretagne fa femme. * Du Chefne, Recher. des jimiq.
- des Villes de France. Du Pui , Droits du Roi. Sainte Marthe , Hifi. Géneal.
de 'France. Guichenon , Uifi. de Sauoye , zyc.
N£NIE,en Latin Ar^»M,étoit une Déeffe du Paganifme, à laquelle
les anciens Romains avoientbâti un Temple'hors delà Ville de Rome,
près de la Porte Viminale. Nenie prélidoit aux chants lugubres, qu'on
avoit accoutumé de faire dans les Funérailles en l'honneur des Morts ;&
• ces chants contenoit les louanges de la perfonne qui venoit de mourir ,
mifes en vers, & prononcées d'une voix lamentable au fon des flûtes
& autres inftrumens, par une femme qui fe louoit pour cela & qui
s'appelloit dans cette fonâion Prsjîca. Ce fut Sirnonide Poète Lyri-
que, natif de l'Ifle de Cée,une des Cyclades dans la Mer Egée, qui in-
troduifit le premier cette manière de vers & cette façon de les chanter, fi
nous en croyons Horace en fapremiereOde du Livre II. Ces chants fu-
nèbres s'appelloicnt N4»;<e,du nom de laDéeffequiypréfidoit. Ovide
croit que ce nom vient du mot Grecveiarov , qui veut dire dernier , à caufe
que c'étoit la dernière chofe qu'on chantoit pour une perfonne; maisA-
cron prétend , avec affez de vrai-femblance , que Nxnii eft un mot fait na-
turellement , pour exprimer le ton trifte & dolent de ces Chanteufes. D'où
vient qu'on trouve encore ce mot en quelques endroits , pour fignifier
toutes fortes de chants defagréables , & même toutes fortes de dilcours
ineptes: & S.Jerôme s'en eft fervi en ce dernier fens contre Ruffin. * Fef-
tus , Varron , de -vet. fopul. Rom. Ciceron , de leg. 2.
.NENNIUS , Duc de Loëgrie, & fils d'Helius Roi des Bretons
anciens peuples d'Angleterre , fit paroître fon courage dans la guerre
qu'il foûtint contre les Romains, Il tua dans une bataille Labienus Tri-
bun,& defarma Jule Cefar, qui lui porta néanmoins un coup dont il
moiurutl'an du Monde 3980. Il fut enterré à Londres avec l'épée de Ce-
far, comme il l'avoit ordonné. * Pitfeus, de illuft. Angl.
N E N N I U S , ou Nenius , Abbé , Anglois de nation , difciple
4 d'Elvoduge Probus , & puis de Beulan Eccleliaftique , étoit en eflime
environ l'an 620. Il fit un Livre de l'Origine des Bretons Infulaires ,
& quelques autres Traitez, dont Pitfeus ôcBalaeus font mention i/e5cn/>^
.Angl.
NEOCESARE'E, Métropole de Cappadoce ou du Pont, célèbre
pour avoir eu pour Prélat S. Grégoire Thaumaturge. Leunclavius lui
donne le nom de Ntxar , & le Noir celui de Tocato. J'oubliois de dire ,
qu'elle efl fur le fleuve de Lycus ,que les Turcs appellent Cholelit. Ja-
ques GalTot ,qui fit imprimer fonvoyagedeVenifeà Conflantinopleen
3606. dit qu'il y avoit tout auprès un Château fituéfur une montagne
fort haute qui n'étoit pas tout-à-fait ruiné , où l'on voyoit un Tombeau
qu'on difoit être d'un Roi dePerfe. Sleplianus de Byianceaffure qu'elle
eut le nom d'Adrianople. La Ville deNeocefarée fut renverfée en 343. ex-
cepté l'Eglife. L'Evêque 8c ceux qui fe trouvèrent dedans furent fauvez.
Conciles de Neocefarée.
Saint Grégoire Prélat de Neocefarée aflembla environ l'an deux cens
foixante-un, un Synode en cette Ville. On eftime qu'on y écrivit une
Epître contre ceux qui mangeoient les viandes offertes aux Idoles. Elle
eft rapportée dans le Droit Grec. Environ l'an 3 13. ou 314. treize des
Prélats, qui avoient convoqué le Concile d'Ancyre, en célébrèrent un
autre à Neocefarée , où ils firent quatorze Canons. Gabriel de l'Aubefpi-
ne Evêque d'Orléans, a fait de très-belles Remarques fur les VI. &
XII. de ces Canons. Le L dépofe le Prêtre qui fe mariera. Le II. ordon-
ne pénitence à ceux qui fe marient fouvent.non pas pour condamner
les noces, mais parce que cela fait trop voir d'incontinence. LeVI.ell
au fujet des femmes Catéchumènes qui font groffes. Le VII. défend aux
Prêtres de fe trouver aux fellins des féconds mariages. Le XI. ordonne
qu'un Prêtre , qui avant fon Ordinarion aura commis un péché d'im-
pureté, s'il le confefle , n'ofîre point l'Euchariftie , mais qu'il exerce feu-
lement les autres minifleres de fon Degré. 11 ajoute que l'opinion de plu-
fieurs eft, que les autres péchez font effacez par l'Ordination. LeXII.
eft contre les Cliniques, ou ceux qui rece voient le Baptême étant malades.
Nous avons ce Concile de l'interprétation de Denys le Périt , dans le Re-
aieil d'Ifidore Mercator , & dans les dernières Editions des Conciles.
NEOCESARE'E dite Euphratefiene , Ville de Syrie. Les Auteurs Ec-
cleCaftiques & les Martyrologes parient de Paul Evêque de cette Ville , à
qui Diocletien fit couper les mains & brûleries parties qui diftinguent le
fexe , pour avoir continué d'enfeigner l'Ecriture à quelques femmes.
NEOMENIE, c'eft-à-dire nouvelle Lune (de»é®-, nouveau &
f/,t^n. Lune:') OU commencement du mois Lunaire. Les Juifs font ce
jour-là une Fête , qui eft marquée au Livre des Nombres , chap. 10. &
chap. 28. C'étoit au Sanhédrin ou aux Juges de Jerufalem , de détermi-
ner le jour de la nouvelle Lune, parce qu'il étoit de leur Jurifdiélion
d'arrêter les jours de Fêtes. R. Léon de Modene dit que du tems du
Sanhédrin ces Juges envoyoient ordinairement exprès deux hommes ,
qui revenoient les avertir fi-tôt qu'Ds avoient découvert la Lune,&
NEO. NEP.
fur leur rapport ils faifoient publier que le mois étoit commencé ce
jour-là ; mais depuis la ruine du Temple , ils le font par des fupputarions ,
& l'on imprime tous les ans un Calendrier , qui leur fert pour favoir
les nouvelles & les pleines Lunes , les quatre faifons de l'Année, les Fê-
tes & autres chofes^ de cette nature. Cette Fête répond quelquefois
à deux jours, favoir à la fin de l'un , & au commencement de l'au-
tre. Il n'eft point défendu , continue Léon de Modene , de travailler
ni de faire des affaires; les femmes feulement ont coutume de s'acfte-
nir de leur travail , & l'on fait un peu meilleure chère qu'à l'or-
dinaire. Le foir du Sabbat , qui fuit le renouvellement de la Lune , ou
un autre foir fuivant lorfqu'on apperçoit le Croiflant , tous les Juifs
s'aifemblent & font une prière à Dieu, le nommant Créateur des Pla-
nètes , & le rettaurateur de la nouvelle Lune ; puis fe haufTant vers le
Ciel , ils demandent à Dieu qu'ils foient exempts de tous malheurs; &
après avoir fait mémoire de David»ils fe faluënt & fe féparent. Pour
égaler les années Solaires avec^cellesae la Lune , ils font un cycle , ou ré-
volution de 19. ans. Et de ces 19. ans, il y en a fept de treize mois
chacun : fi-bien que de deux ou de trois ans l'un eft de treize mois , qu'on
appelle AfeaW , c'eft-à-dire intercalé. Quand cela -.'.rriveiron compte
deux fois lemois ^iar; de forte qu'il ya alors Adar premier &Adar fé-
cond, que les Juifs nomment Ve-Adar. Voyez Léon de Modene ,fii/ej ,
des Juifs, part. 3. chap. 2. SU P.
NEON, Hiftorien, vivoit dans le II. Siècle du tems de, M. Aure-
le,8c il écrivit les Aftes du Martyre des faints frères Speufippe & Me-
leufippe.que nous avons dans Surius. Les Doéles eltiment qu'il avoit
écrit en Giec,& que ce qui nous refte n'eft qu'une tradudlion Latine.
* Baronius, in Annal. Surius, T. I. die 17. Januar. vc.
[NEOPHYTE Prêtre & Moine Grec, qui vivoit vers l'anMCXC.
Il compofa un Mwxsdesmaiheursdel' JJledeCyprepnfepar les Anglais, ^VlS
l'on trouve dans le 2. Tome des Monuments de l'Eglife Greque par
Cotelier, Cave Chartophyl.\
NL.OPHYTES, nom des nouveaux Chrétiens, c'eft-à-dire de
ceux qui ont quitté depuis peu le Judaifme , ou le Paganifme , pour
embrafler la Foi. On a aufli donné ce nom à ceux qui étoient nouvel-
lement reçus dans l'état Eccldàftique , ou dans un Ordre Religieux.
Il vient de» é®-, mot Grec, qu^%nifie nouveau, & de ^ktôï qui figni-
fie pl.mte, comme qui diroit nouvellement plantez dans le champ de
l'Eglife , ou nouvelles plantes. [ Macer , in Hierolex. ]
NEOPHON ou Neophron , Poète Grec qui compofa diverfes
Tragédies. U étoit ami particulier de Callifthene , & Alexandre le
Grand les fit mourir l'un & l'autre la CXIII. Olympiade, 426. de Ro- .
me. Confultez Suidas.
[NEOTERIUS Préfet du Prétoire fous Theodofe le Grand de-
puis l'an CCCLXXX. Il en eft fouvent parlé dans le Code Theodq-
fidt. Jm. Gothofredi Profopographia Cod. Theodos. ]
NhPER (Jean) Ecoffois inventeur des Logarithmes d'A-
rithmétique, vivoit en 1614. U étoit Baron de Merchifton. Sa
fcience le fit eftimer. Il publia diversTraitez de Mathématique. Canon
ad fingula quadrantis minuta compofitus , Khabdologia, crc. * Gru-
ger , Pnf. in Praxin trigonù??>etri£ , VofTius , de- Mathem.
NEPHALIES , Sacrifices & Fêtes des Grecs, ainfi appeliez de
yii(pâ'Mi^ , fohre , parce qu'on y ofl'roit de l'hydromel, & non du vin
comme aux autres. Les Athéniens faifoient d'ordinaire ce Sacrifice
au Soleil & à la Lune, à la Mémoire, aux Nymphes, à l'Aurore, & à
Venus ;& y brûloient toutes fortes de bois,horfmis ceux delà vigne,
du figuier , & du meurier, parce que ces arbres font les fymboles de
l'vvreffe. * Erafrae, en fes ChiUades.
' NEPHTALI fils de Jacob 8c de Bala fervante de Rachbl, nâquic
l'an 1187, du Monde, & donna fon nom à une des Tribus d'Ifraël,
qui eut fon partage vers la mer de Galilée. * Genefe , cap. 30. Tor-
niel , A. M. 2287. ». I. 2291. n. 5.
NEPI, en Latin Nepet èc Nepita , Ville d'Italie, vers la rivière
de Pozzolo. Elle eft dans le Patrimoine de S. Pierre , 8c a titre d'E-
véché uni à Sutri.
NEPOS, Evêque d'Egypte, qui vivoit environ l'an 264. fotî-
rint l'erreur des Millénaires, difant qu'après le Jugement univerfel , les
prédeftinez demeureroient fur la terre, où ils jouïroient de toutes for-
tes de délices du corps Se de l'efprit. Il fondoit cette rêverie fur un
paffage de l'Apocalypfe mal entendu; comme avoient fait Papias ,
Saint Irenée , &z plufieurs Pérès. Nepos étoit recommandable pour fa
fcience, & pour beaucoup d'Hymnes , qu'il avoit compofez pour UE-
glife. Denys d'Alexandrie, qui lui rend ce témoignage , ajoute que
quoi qifeil, honorât fon mérite , ?c aimât fa perfonne , néanmoins il ai-
moit davantage la vérité. Ainfi il réfuta fon opinion , par écrit &c de
vive voix , dans une Conférence , où il répondit fi bien à un Livre , dont
les défenfeurs de cette impureté faifoient leur bouclier , qu'un des
principaux nommé Coracion changea de fentiment, 8c fut imité par
plufieurs autres. Eufebe , /i. 7. Hijl. c. 19. S. Jérôme , Praf. in Ifdi. Baro-
nius, A. C. 264.
NEPOS. Cherchez Cornélius Nepos.
NEPOS (Julius) fils de Neporien 8c d'une fœur de Marcellin Pa-
trice, ôta l'Empire à Glycerius l'an 474. 8c fe fit déclarer Augufte à Ra-
venne. Oreftes l'obligea de quitter l'Italie en 475. 11 fe retira dans une
de fes maifbns près de Salone en Dalmatie, où il fut alTaffiné par deux
de fes gens.apoftez par Glycgrius. * Jornandes,;» C^rc». Caffiodore ,
Evagre, &:c.
NEPOTIEN (Flavius Popilius) étoit fils d'Eutropie fœur de Conftan-
tin le Grand. Après la mort de l'Empereur Conftans,il prit parle droit
du fang la qualité d'Empereur à Rome, le 3. Juin de l'an 350. dans
le même- tems que Magnence ufurpoit la même puiflànce dans les
Gaules. Nepotien ne jouit de ce titre que 25. jours, au bout def^
quels Anicet, Prévôt de la Ville, gagné par Magnence, lui ôta le
Diadème 8c la vie, le 28. jour du même mois. *^olime,/i. 2. Viélor,
in Ep. Bifl. Socr. lih. 2. vc
NEPTUNE , eftimé Dieu de la Mer , étoit fils de Saturne 8c
d'Ops,6c frère de Jupiter & de Pluton, Il époufa Amphitrite, 8c eut
diver-
NEP. NER.
diverfes maîtreffes qui lui firent plufieuis enfjns. On dit qu'ayant été
chafle du Ciel avec Apollon pour avoir confpirc contre Jupiter, il bâtit
les murailles de Troye. Il eut encore difpute avec Minerve , pour don-
ner le nom à Athènes ; oii il fit naître un cheval avec un coup de Trident.
C'eft pour cette raifon que les Anciens luifacrifioient cet animal, & que
les Romains avoient inftitué les jeux Circe»fes,où l'on faifoit des cour-
fes de chevaux à l'honneur de Neptune. * Hygin , ;» FS. Ovide, Mttajn.
Cartari , de Imag. Deor. c?c.
NEPTUNAlES, Fêtes des Romains , qu'ils célebroient au mois
de Juillet , en l'honneur de Neptune , Dieu de la Mer. * Tertullien , /;. de
SfeBac. c. S. [Neptune , que l'on nomme en Grec noo-« J'»» , avoir été un
ancien Pirate, qui s'étoit rendu fi redoutable fur la mer , qu'il en eut
l'Empire pendant fa vie, parmi les Grecs, & qu'après fa mort on crût
qu'il en étoit devenu le Dieu , & qu'il dépendoit de lui de la troubler
quand il vouloit. Pofed-oni , en Langue Phénicienne dont on lé fcrvoit a-
lors dans la Grèce , lignifie Brifenr devAiffeau. Sil'on vouloit qu'ON ne
fût qu'une fimple terminaifon , on pourroit tirer Pafadon , briiéur , de Pa-
/ad, rompre, comme Mharon à' Achar , Jlbaddon à'Abad. Ces noms
conviennent fort bien à un Pirate. 'Voyez Bibliothèque UriiverJ. T. VI.
defcription des Myfteres de Cerès.]
NERAC, 'Ville de France dans la Guienne, capitale du Duché d'AI-
bret. Elle eft fituée furla Rivière de la Baïfe , qui la divife en deux parties ,
dites le grand & petit Nerac , environ trois lieues au deflbus de Condom,
& deux de la Garonne. Les Sires d'Albret y firent bâtir un Château, où
il 'y a de beaux jardins. Le Roi Henri IV. pafla aflézlong-teras à Ne-
rac, où l'on mit d'abord la Chambre de l'Edit;' mais on l'ôta depuis,
parce que les habitans de cette "Ville avoient lùivi le parti des Hugue-
nots. Nerac étoit aulficonfiderable dans ce parti. La Reine Catherine de
Medicis y tint une Conférence avecle Roi de Navarre en 1579. on y fit
un Traité avec les Huguenots: les Murailles en furent rafées, dans les
dernières guerres civiles.
NERATIUS (Lucius) Romain , dont il ell parlé dans l'Hiftoire à
caufe du mauvais ufage qu'il faifoit de lés richefiés. 11 ne marchoit ja-
mais par la "Ville, qu'il ne fût fuividun efclave, qui porcoit une bourfe
pleine d'argent. D'abord qu'il rencontroit quelqu'un qui n'étoit pas de
qualité , pour lui faire craindre fa vengeance , il ne manquoit pas de
lui donner un foufflet , & prenant aufli-tôt vingt-cinq fols dans fa bour-
fe, qui étoit la fomme ordonnée par les Loix des douze Tables, pour la ré-
paration de cet afiront , il fatisfaifoit ainfi celui qu'il avoit mal- traité.
* Aul. Gellius , 1. 10. cap. i. [Les bonnes éditions d'Aulu-GelIe nomment
cet homme Veracius , & non Neratius.]
NERATIUS PRISCUS , ancien Jurifconfulte , vivoit l'an 110. du
temsdeTrajan , qui avoit beaucoup d'amitié pour lui, & voulut même
k nommer fon fuccefleur à l'Fmpire. Il fit divers Ouvrages , comme
Mtmbrananim Li VlLS^u/ifl. III.Reffonf.V. EpiJi.IV. E.PUtitioX. Re-
gular.XV. De Ktiptiis I. crc. qui font citez dans les Livres des Pandefles,
&c. Aulu-Gellefaitmentiondecet Auteur, en parlant du Livre des No-
ces qu'il avoit publié. *Rutilius, in Vit.Jurifi. Aulu-Gelle, /i. 4. c. 4.
îiofi.Attic. Gefner, in'Bibl.zp'c. '
NERE'E, étoit fils de rOcean & de Thetys. IlépoufafafœutDoris,
8: en eut cinquante filles qu'on nomme ordinairement les Nymphes
NïRiiDEs, dont les Poètes parlent fouvent. Nerée étoit une Divinité ma-
rine. * Homère, li.6. lliad. Orphée, in Hymh. Nereid.
NERG AL , Idole des Samaritains repréfentée fous la figure d'un Coq,
qui étoit le Symbole du Soleil. Cette idolâtrie avoit été introduite dans la
Samarie par lesCuthéens , Peuples originaires dePerfe, oùl'on adoroit
le Soleil & le Feu. Nergal en Langue Samaritaine fignifie Coq. *Kir-
cher, Oedipus .^g«jptiacus , tom.l.
NKRI. Cherchez Nery.
NERICIE, Province du Royaume de Suéde, dans la Suevonie , ou
Suéde propre. Elle eft entre la Weftmanie, la Sudermanie Scia Gotie.
Orebo en eft la "Ville capitale, les autres font Linnesberg, Carelskog,
&c. peu confiderables.
NtRIGLISSAR, que le^Tanon Aftronomique nomme Nericaflb-
lafTar , Roi de Babylone eft le même que Balthaflar fils d'Evilmerodach ,
& petit-fils de Nabuchodonofor le Grand. Cherchez Balthaffar. [ Petau
croit que Neriglijfar ou Neriglojfor avoit époufé la fœur d'Evilmerodach ,
de laquelle il eut Labojfardach , qui , félon lui , eft le même que BaltuJJar.
Nérigiiflar tua Evilraerodach , fit reconnoître fon fils en fa place , & con-
duifit l'Etat en qualité de Tuteur , pendant quatre ans , après quoi il
mourut. Rationar. Tempor. Lib. 1. c. ilY.]
NERO, lieu fort agréable, proche de la "Ville d'Antioche en Syrie:
les AncienslenommoientDiî/^wi. Le nom de Nero lui aéré donné, à
caufe de l'abondance de fes eaux; car Nertn Syriaque fignifie Fontaine ou
Fleuve: & Nero dans la Langue Gréque moderne , veut dire eau. Les
anciens Grecs même appelloient Néron, un lieu arrofé d'eau. Le bois
qui entouroit ce lieu , étoit de lauriers , de cyprès , & d'autres grands ar-
bres. Il y avoit plufieurs belles fontaines, & des jardins femez de fleurs
odoriférantes. C'étoit un lieu de plaifirs , & l'on n'y entroit point , fans
être accompagné d'une MaîtreiTc. Il étoit consacré à Apollon , dont le
Temple & l'Idole furent renverfez par la foudre , du tems de l'Empereur
Julien r^poftat, en 361. *Procope, Perfic.l.z. Sozomene, i.j.f. 18.
Baronius, A.C.-^6i.,
NERON (Domidus) Empereur , étoit fils de Cajus Domirius
Enobarbus, & d'Agi-ippine fille de Germanicus, laquelle ayant époufé
PEmpereur Claude fon oncle , fit fi bien que ce Prince adopta Neton
dans fa Famille; ce qui lui ouvrit le chemin à la Souveraineté , au pré-
' judice de Britannicus fils de Claude. Il lui fucceda à fa dix- huitième
année, le i3.0â:obre de l'an 54. de l'Ere Chrétienne. Au commence-
ment de fon règne , il protefta qu'il vouloit imiter Augufte en fon
Gouvernement ; & ne paifa aucune occafion de témoigner fa libéralité,
& fa clémence. Il foulagea le peuple par la fuppreflion , ou par la dimi-
nution des impôts, & fit de grandes liberalitez. Un jour comme on
lui préfenta à figner la fcntence d'un homme condamné à mort : Je
youdrois, à\y\\, ne /avoir pas écrire. Le Sénat lui rendant grâce de fa
jufte adminiftration-, il répondit avec une grande modeftie : Ce fira
quand je l'aurai mérité. Enfin , durant les cinq premières années de
Tomi IV.
fon Empire , il prononça de belles Sentences , qui mentent bien le
grand jour où les a mifes fon Précepteur Seneque , dans les Livres delà
Clémence. Mais depuis il paffii le refte de fa vie dans des defordres & dans
des crimes honteux. Il montoit lur le théâtre avec les Comédiens, où
pour chanter , ou pour réciter des vers , & quelquefois eh habit de fille.
Il fe faifoit porter au milieu d'une tioupe déjeunes débauchez, dont il
époufoit celui qu'il jugcoit le plus digne de fes abominables faveurs;
comme ce Sporus qu'il tint en fa maifon , en qualité de femme. Surquoi
quelqu'un dit afl'ez plai&mment: §}jie le monde eut été bien heureux , Jr
fon pcre Domitius eut eu une telle femme. Il fe proftitua tellement à toute
forte d'aétions indignes d'un homme raifonnable, qu'il n'y avoit parrie
de fon corps qui n'en fût fouillée. Il inventa même une forte de volupté
tout- à- fait monftrueufe : car s'étant couvert de la peau d'une bête , il
fortoit de fa cage & fe jettoit fur des hommes 8c des femmes , qu'il fai-
foit attacher toutnuds à un poteau, puis ayant affouvi fa brutaUié abo-
minable, il fe proftituoit à Doryphore fon affranchi. Sa cruauté n'étoit
pas moins grande que fes infamies étoient déteftables; Il fit mourir fa
mcre l'sn cinquante-neuf, fa femme Odavia en foixante-deux , puis il
tua Poppée en foixante-quatre. II perfccuta fes amis , 8c fouhaitoit bruta-
lement que tout le Genre humain n'eût qu'une tête , pour avoir leplai-
fir de la couper. Pour avoir la gloire de rebâtir Rome, 8c de lui faire
porter fon nom , il y mit le feu l'an foixante-quatre , & comme s'il eût
voulu ajouter l'infulte à une fi épouvantable cruauté , il monta fur une
tour, & s'habillant en Comédien, il chanta un Poëme fur l'embraze-
ment de Troye. L'Incendie dura fixjours , 8c de quatorze quartiers de la
"Ville, quatre feulement demeurèrent entiers. Pour fe décharger de la
haine quelui atriroit une fi épouvantable aélion , il la rejetta fur les Chré-
tiens, 8c commença la première perfécution contr'eux. Il ne fe contenta
pas de les pourfuivre dans Rome , il fit publier des Edits rigoureux con-
tre eux , de forte que par tout ils fe virent expofez au danger de perdre
leur liberté , leurs biens, 8c leur vie. II entreprit deux voyages à A-
lexandrie , 8c en Achaïe ; mais il ne fit que le dernier Van foixante-fix , 8c
ce fut alors qu'il entreprit de percer le détroit entre les deux Mers, on
l'Ifthme de Corinthe , l'an foixante- fept. Ses dépenfcs n'étoient pas
mieux réglées que fa vie : Il jouoic ordinairement dix-miile écus à un
coup de dé: il pêchoit avecun filé doré, dont les cordes étoient teintes
en écarlate , 8c croyoit que le plaifir des richeflTes confiftoit dans la pro-
fufion. Dans cet état tout le mondele déteftoit , comme un rtionftre auiîi
exécrable en fes abominations qu'en fa cruauté, qui le faifoit paroîtrené
pour la ruine de l'Empire, 8c du Genre humain. Dans les Gaules l'ar-
mée Romaine quitta fon fervice, 8c dans l'Éfpagne Galba fe révolta con-
tre lui. Ces dernières nouvelles le mirent au defefpoir : il voulut s'empoi-
fonner , puis aller trouver Galba , enfuite demander pardon au Peuple, ou
prendre la fuite ; mais il ne trouva en cette occafion , comme il a dit lui-
même, ni ami ni ennemi. Car tout le monde l'abandonna, de forte qu'il
fut obligé de fe déguifer 8c de prendre la fuite lui cinquième. Cependant
comme on le pouri'uivoit de tous cotez pour le facrifîer à la Vengeance
publique , 8c comme il fe vit fur le point d'être pris , il fe donna lui-
même la mort , ne pouvant fans doute avoir de plus infarrié bourreau
que lui-même. Il étoit aloi'senla3i.année de fon âge, ayaht gouverné
l'Empire treize ans, fept m ois 8c 18. jours, depuis le treizième Odobre
de l'an cinquante-quatre, jufqu'au dixième Juin foi.'tante-huit. Plufieurs
Auteurs Orthodoxes ont eftimé qu'il étoit l'Antechrift, à caufe que faint
Paul dit de lui qu'il exerçoit le myftere d'iniquité. Mais en cet endroit
il ne peut parler de Néron , qui n'étoit pas Empereur quand il écrivit
la féconde Epître aux Thefl'aloniciens , d'où ces paroles font tirées. Saint
Auguftin rapporte deux autres opinions de quelques Auteurs encore
plus extravagantes. L'une ibûtenoit qu'il dcvoit refl"ulciter pour être
1 homme de péché: L'autre qu'il n'étoit pas mort, 8c qu'il viendroità
la fin du monde pour coriibattre le Fils de Dieu. Sulpice SeVere femble
croire cette rêverie. Suétone ?<. Tacite parlent d'un impofteut qui fe di-
foit être Néron , 8c qui trouva beaucoup de Partifans qui le fuivirent ;
mais qui fut enfin reconnu 8c puni de fa fuppofiuon. * Suétone > invita
Neronis, Aurelius 'Viétor , deCéifar. Tacite, in Annal. ll.\T,.-ii\.i^.v
16. CT- li. 1. Hijl. Sulpice Severe , //. 1. Hijl. Saint Auguftin, li. 10. de Civit.
Dei, c.iç. Eufebe, 8cc.
On fera bien aife de voir ici fon Portrait , tiré de fes Médailles èc des
Hiftoriens. Ses inclinarions étoient natm-ellement peintes fur fon vifa-
ge: car il avoit les yeux petits 8c couverts de graiffe, legofierScle men-
ton joints enfemble, le cou gras, le ventre gros , lesjambes minces. Le
tout enfemble le rendoit aflez femblable à un pourceau , qu'il n'imitoit
pas mal par fes infâmes plaifirs. Il avoit auflS le menton un peu relevé ,
qui étoit un indice de fa cruauté. Ses cheveux blonds, fes jambes me-
nues, fon vifage plutôt beau, que majeftueux, le faifoient reconnoître
pour un efféminé. Seneque dans fa Satire contre Claudius , fait parier
Apollon trouvant Néron femblable à lui en beauté :
}lle mihi JJmilis viilttt , Jîn>ilijque décore , erc.
mais c'eft une flatterie indigne de ce Pnilofophe : car cet Empereur ne
pouvoit pafler pour fort beau , puifqu'il avoit les yeux trop petits , le cou
trop gras. Se lesjambes trop minces, 8c mal proportionnées à lagrofTeur
de fa taille. *Spon, Recherches curieujès d'Antiquité.
NERON : fameux Impofteur qui parut l'an 71. de Je sus-
Christ , deux ans après la mort de Néron, Empereur de Rome,
n'étoit qu'un Efclave du Royaume de Pont, ou félon d'autres un Af-
franchi d'Italie. Ce qui contribuoit à appuyer fa fourbe , eft qu'ou-
tre la redemblance de vifage qu'il avoit avec ce Prince , il favoit
parfaitement bien comme lui jouer des inftrumens , 8c chantoit de
même. De forte qu'ayant attiré dans fon parti quelques vagabonds,
aufquels il fit de grandes promeffes , il en compofa une armée , 8c fc
mit fur mer où il commença à faire le mêder de Pirate , attaqua Si-
fenna qui commandoit dans l'Ifle de Delos , 8c le contraignit de fc
retirer. Ce fuccès auroit beaucoup fortifié fon Parti , fi l'Empereur
Galba n'y eut mis promptement ordre, en lefaifant pourfuivre par Cal-*
purnius Afprenas , qui commandoit dans la Galatie 8c la Pamphylie
Provinces de l'Afie Mineure , lequel fit avancer deux Galères, à là
rade de cette Ifle, 8c l'attira à un combat, dans lequel cet Impofteur
fut tué. Son corps fut porté à Rome , où l'on admira la relTem-
C blaQcç
îS. NEk. NES.
bhnce qu'il avoit avec l'Empereur, duquelil avoit voulu faire le perfon- ,
mge. ^Tiche, Hijl li.r. 7.omns, j^nnd.GrM.tom.z.
N&RVA (Cocceius) fut élu Empereur après la mort de Domitien,
qui l'avoit autrefois envoyé en exil Cela arriva l'an 96. de l'Ere Chré-
tienne. Il travailla d'abord à faire revenir ceux qu'on avoit exilez pour
la Religion .étendant tnême fa faveur fur les Juifs: &n'oubIia rien pour
remettre l'Empire dans fon ancien hiflre. Mais comme fon grand âge
fembloit s'oppofer à ce deiTein , il adopta Trajan eftimé pour fa vertu ôc
pour fon courage. Nerva mourut Iei7.janvierderan98. danslafoixan-
te-lixiéme année de fon âge , ou la foixante- douzième , félon Eutro-
pe. Il régna un an , quatre mois & onze jours. Il s'étoit élevé aux premiè-
res dignitez de l'Armée qu'il commandoit dans les Gaules , quand il fut
nommé Empereur. * Dion , in Ner-va , Aurelius Vidor , de Csfar. -^ u-
trope, /i. 8. Herodien, &c.
NER VIENS , peuples de l'ancienne Gaule, Nervii , dont Céfar loue
le courage & la conduite, llsétoient du Diocefe de Cambrai, qui tient
la place de l'ancienne Bavai, qui eft le Baganum de rtolpmée ou Bagacum,
comme écrivent les Itinéraires Romains. * Céfar , li. z. Comment. Briet ,
Geogr. Sanfon , Remai-t^ues fur l'ancienne Gaule. Claudien , de Bello
Gildon.
NERI (S. Philippe de) Fondateur de la Congrégation des Prêtres dé
l'Oratoire d'Italie, étoit de Florence, fils de François Neri & de Lu-
crèce de Soldi. Ceux-ci l'envoûtèrent chez un de fes oncles, Marchand à
S.Germain, Ville du Royaume de Naples, pour s'inttruire aux affaires
du Négoce; mais Dieu, qui le deftinoit pour le trafic des âmes, lui donna
d'autres penfées. Il vint à Rome, y étudia; & à l'âge de 38. ans, il fe
fit Prêtre par ordre de fon Confeflfeur. Son attachement à l'Oraifon étoit
incomparable , il paflbit les quarante heures de fuite , dans de faintes
communications avec Dieu: & il n'en fortoit que pour travailler pour le
bien des peuples. Le foin qu'il eut de vivre en Communauté avec de fa-
ges & vertueux Ecclefiaftiques , donna commencement à la Congré-
gation de l'Oratoire , dont l'établiflement a été fi utile à l'Eglife , comme
je le dis ailleurs. S. Philippe mourut âgé de 80. ans, le jour de la Fê-
te-Dieu , en' 1595. & il fut canonizé par le Pape Grégoire XV.
en 1612. * Sponde, & Raynaldi, in Annal. Antoine Galon, m fa
Vie.
NESLE, petite Ville de France dans le San- terre en Picardie, avec
titre de Marquifat. Elle elt fur le RuiiTeau dit l'Ignon qui fe jette dans
la Somme à deux lieues de Ham & prefque- entre Peronne &Noyon.
Les Auteurs Latins la nomment Nigella. Charles le Téméraire , Duc de
Bourgogne ,'prit Nèfle d'affaut l'an 1472. Elle éprouva toutes fortes
de cruautez , parce que fes habitans avoicnt tué un Héraut d'armes , qui
étoit allé les fommer, & qu'ils avoient traité de même deux hommes,
durant une trêve qu'on leur avoit accordée. Le refped des Autels ne fau-
va point le peuple innocent, qui s'étoit réfugié dans l'Eglife; & ceux qui
échappèrent à la fureur du foldat furent tous pendus, ou eurent le poing
coupé.
NESLE, Maifon. Cette Ville a donné fon nom à la Maifon de
Nesle qui a eu de grands Hommes & de belles alliances. La branche
de l'aîné finit en Jean II. Sire de Nèfle. Gcrtrude fa fœur fut fon héri-
tière. Elle époufa Raoul de Clermont 1. du nom Sieur d'Ailli , d'où
vint Simon père de Raoul II. Sieur de Nèfle, Connétable de France qui
fut tué à la bataille de Courtrai, le 11. Juillet 1302. La Branche des
puînez eut Jean de Nesle I. du nom , Sieur d'OfFemont , grand
Queux de France en 1346. 11 mourut le virgt-cinquiéme Mai 1351.
laiflTant de Marguerite de Mello fa femme Gui de Nesie II. du
nom. Sieur d'Oifemont & de Mello. Celui-ci fut Maréchal de Fran-
ce en I34Î. Il fut établi Capitaine Général es parties de Flandre &
d'Artois , l'an 1350. L'année d'après les Anglois le firent prifonnier
dans un combat donné le premier lour d'Avril en Xaintonge, & il fut
tué au combat de Moron en Bretagne,lequatorziéme Août 1352. Ce
Maréchal époufa en premières noces Jeanne, fille de Thomas , bieur de
Bruyères, & en fécondes Ifabeau deThouars. 11 eut entre autres enfàns
de la première , Jean de Nîsle II. du nom , Sieur d'OfFemont, d'oij
vint Gui IIL qui fuit: Louis, Doyen de Beauvais en 1421. & deux fil-
les. Gui de Nesle III. du nom , Sieur d'OfFemont & de Mello ,
Grand-Maitre d'Hôtel de la Reine Ifabeau de Bavière , en 141 3- époufa,
par Contrat de l'an 1383. Marguerite de Couci, Dame de Rommeni,
& il fut tué à la bataille d'Azincourt, l'an 1415. Ses enfans fiirent Jean
DE Nesle III. du nom , Sieur d'OfFemont. Gui IV. qui fuit: Un fils
tué à la même bataille d'Azincourt, & deux filles. Gui de Nesle IV. du
nom Sieur d'OfFemont, &c. époufa enr427. Jeanne fille de Thomas IV.
MarquisdeSaluires,& mourut en 1473, ayant eu Jean iV. qui fuit, &
trois filles. Jean de Nesle IV. du nom , époufa en 145 1. Jaqueline de
Crou'i, fille de Jean, Sieur de Chimai&: dé Marie deLalain. On met fa
mort en 1469. Il laifTa une fille unique Louïfe de Nèfle , Dame d'OfFe-
mont & de Mello , mariée en premières noces à Jean , Sire d'Humieres,
& en fécondes à Jean de Bruges , Sieur Dandanghien , Senêchal d'Anjou.
* La Morliere , des Famill. de Picard. Le Fcron , Godefroi , le P. Anfel-
me,&c. Cherchez Clermont.
NESSE, Centaure. Voyez Dejanire.
NESTOR de Laranda en Lycaonie , Poète Grec qui fit unPoëme
Epique , intitulé l'Iliade , dont le I. Livre n'avoit point d' A , le II . n'avoit
point de B.&ainfî des autres. Hefychius, Suidas & divers autres parlent
de lui , mais on ne fait pas bien en quel tems il a vécu.
NESTOR de Pyle en Arcadie , dont les Poètes parlent afTez fou-
vent, vainquit lesEIicns. On dit auûTi qu'il combattit les Centaures qui
vouloient enlever Hippodamie , & il fe trouva l'an 2870.^^0 la Création
du Monde , au fiege de Troye , avec Agamemnon qui eftimoit
beaucoup fa prudence. On dit que ce Neftor vécut trois cens ans. Ju-
venal, Sat. 10. Ovide, ii. 12. Metamorph. TibuUe, ii, 4. Properce,//.
2. c?c.
NESl'OR de Tarfe , Auteur Grec qui vivoit en la CLXXXVII.
Olympiade 726. de Rome. Il fut Précepteur de Marcel fils d'Odavie,
fœur de l'Empereur Augufte. Net! or écrivit des Commentaires du Théâ-
tre, &c. *btrabon, /i. 14. Athénée, //. 10.
NESTORIENS , c'eft le nom qu'on a donné aux Difciples de
KES.
Ncftorius. La mort de cet Hérefiarque , les anîthêmes. des Conciles ,
l'union des Prélats , & les Edits des Empereurs , ne purent fi bien étouffer
le Neftorianifme , qu'il ne fe répandit dans tout l'Orient , qu'il n'ait
même pénétré dans les Indes , & qu'il ne fe foit confervé jufqu'à nôtre
Siècle. Ils ont eu leur Patriarche à Moful qui eft l'ancienne Seleucie ,
dite Babylone, à Caramit & ailleurs. Il faut pourtant avouer que tous
leurs fentimens ne font pas fi hérétiques , que ceux de Neftorius , comme
on le peutvoirpar leurs Confeffions de Foi. Ils fe font fouvent foûmis
à l'Eglife Latine : comme du temps d'Eugène III. & en 1274. que
l'Archevêque de Nifibe Neftorien , envoya fa confeflTion du Foi au Pape.
Peu de tems après le Concile de Florence , lors que le Pape Eugène IV.
tenoit encore quelques ScflSons à Rome , les Neftoriens de Cypre , avec
leur Métropolitain Timothée , s'y transportèrent pour fe reconcilier à
l'Eglife Romaine. Sous le Pontificat de Jule II. quelques Neftoriens
firent la même chofc , & le Pape leur donna pour Patriarche un Reli-
gieux de S. Pacôme nommé Simon Sulacha, qui établit fon Siégea Ca-
ramit en Mefopotamie. On fait qu'Abd Jefu rendit la même obe'if^
fance à Pie IV. & qu'il fe trouva au Concile de Trente ; & qu'Elie
Patriarche des Chaldéens , envoya à Paul V. Adam Archidiacre de la
Chambre Patriarchale , & Supérieur des Religieux de Chaldée. Ce qui
donna fujet à Pierre Strozza Secrétaire du Pape , de faire fon Traité dt
dogmatibus Chaid&orum. Confultez cet Auteur , Bzovius , Sponde &
Raynaldi, ^. C. 1247. 1445. ct-c.
NESTORIENS, appeliez auflr Chaldéens, font des Chrétiens ,dè
l'Orient , qui fuivent encore aujourd'hui les erreurs de Neftorius ,■
Evéque de Conftantinople ^ lequel fut condamné au Concile d'Ephe-
fe. De toutes les hérefîes, c'eft celle qui a eu le plus d'étendue : car
non feulement la plupart des Chrétiens qui habitoient la Mefopotamie ,
& un très-grand nombre de ceux qui demeuroient au deçà de l'Euphrate ,
en^furent infeâez : mais ce venin fe répandit encoreau delà du Tigre, 8î
mêmejufquesdansles Indes, &auxextrémitezderAfie. EnefFet,Marc
Paul Vénitien , qui vivoit dans le XIII. Siècle , & qui a demeuré long-
tems parmi les Tartares & les Chinois , nous aflïire qu'il y avoit trouvé
beaucoup de Chrétiens qui fuivôient la dodrinc de Neftorius , & qui
avoient leurs Eglifc dans les Provinces de Tangu , d'Erginul , & dé
Mongul, qui font delà Tartarie; & dans Cinghianfu,&Quinfai, gran-
des villes de la Chine. Cela eft très-conforme aux Relations des Portu-
gais, qui découvrirent le chemin des Indes Orientales par le Cap de Bon-
ne Efperance , en 1497. Car leurs Hiftoriens rapportent que tous les
Chrétiens qu'ils virentfhrlacôteOccidentale & Orientale des Indes, à
Goa, à Cochin,à Angamala, àMeliapor,à Bengala, & dans la Terre
ferme de l'Inde vers le Gange , particulièrement dans l'Empire dii
GrandMogol, étoient tous Neftoriens, & qu'ils obeïftbient au Patriar-
che de Babylone en Chaldée, dont le Siège étoit à Moful, ville bâtie fur
les ruines de Ninive; lequel prenoit le titre de Catholique ou Univerfel,
comme font tous les Patriarches des autres Seftes. C'eft pourquoi ces
Chrétiens font appeliez indifféremment Neftoriens 8c Chaldéens. Jo-
feph, Chrétien des Indes, qui vint rendre compte du Chriftianifme de
l'Orient au Pape Alexandre VI. vers l'an 1500. dit la même choie, &af-
fûre que ce Patriarche créoit, outre les autres Evêques, deux Primats,
l'iui pour l'Orient dans le Catai , & l'autre pour les Indes. Car c'eft
principalement dans les, Indes que les Neftoriens étabhrent leur do-
mination, fous un Prêtre Neftorien, nommé Jean , qui fe fit Roi
dans rindoftanï, vers l'an 1145. & qui , par les grandes vidoires qu'il
remporta fur les Perfes , les Medes & les Aflyriens , fe rendit très-cé-
lebre dans le monde, fous le fameux nom de Prête-Jean , qu'on don-
na long-temps à fes fuccelTeurs. * Maimbourg , Hifioire du Schifme
des Grecs.
La plupart des Neftoriens du Diarbeck fe font faits Catholiques
avec leur Evêque, & s'appellent à préfent Chaldéens, auffi bien que
tous les autres qui renoncent à leur hérelie. Cet Evêque a été déclaré
Patriarche depuis huit ou dix ans , par un commandement du Grand
Seigneur, à la follicitation des Capucins :^fî bien que les Catholiques de
ce p?,is-là n'en reconnoifTent point d'autiv. L'an 1681. ce Patriarche re-
çut avec tous les honneurs pofFibles l'Evêgue de Cefarée , nommé aupa-
ravant l'Abbé Piquet , lorfqu'il pafla au Diarbck , pour aller en Perfc.
Ce que firent auiîi les Grecs &: les Arméniens, par une louable ému-
lation. Les autres Neftoriens ont deux Patriarches , qui confervent de
bons fentimens pour la Religion Catholique ; mais ils n'ofent en faire
profeffion publique , dans 1 apprehenfion qu'ils ont des Hérétiques &
des Turcs. Il n'y a pas cent ans qu'une partie des Neftoriens s'étoit réii-
nie à l'Eglife Romaine , & qu'un Patriarche s'étoit fait confaaer à Ro-
me ; mais ayant été foupçonnez d'avoir une intelligence fecrete avec
les Francs , ils ne purent continuer leur bon deffein. Le Patriarchat
eft comme héred'uiire parmi eux, & fe donne toujours au neveu, ou
au plus proche parent du Patriarche , quand même il n'auroit que huit
ou neuf ans; de forte qu'ils le confacrent alors Supérieur de la Narion,
avant qu'il fâche lire , comme il eft arrivé depuis peu en la perfonne
du Patriarche Mar Elias, qui fait fa rélidence proche de Ninive. Celui
qu'on deftine à la Dignité Patriarchale ne dit point avoir été marié. On
l'élevé pour l'ordinaire dès fon bas -âge chez le Patriarche fon oncle,
qui l'accoutume à s^abftenir de viandes, fuivant la coutume de la plupart
_des Religieux d'Orient, qui font confifter toute leur fainteté dans ces
obfervances , qu'ils fe fout eux-mêmes prefcrites. Leurs Prêtres peu-
ventife remarier deux ou trois fois , comme les Séculiers, contre la pra-
tique des autres Sedes Chrétiennes de l'Orient , qui obligent leurs Prê-
tres devivre dans le célibat, après k décès de la Prêtreffe leur époufe. Ils
ofiîcient en Langue Chaldaique , &difcnt que c'eft h plus ancienne des
Langues. Les Neftoriens parient Grec, Arabe , ou Gourde , félon les lieux
qu'ils -habitent. Le Prince des Gourdes fe fert d'eux pour fa garde,
& ne fe maintient que par leur moyen contre la puiffance des Turcs.
Quelques- uns demeurent dans les Villes , où ils exercent toutes fortes
d'arts & de méders : mais la plupart vivent à la campagne , où ils culrivenc
les terres. On appelle ceu3t-ci Techolas. Michel le Fevre , Jhéatre de la
Turcjttie.
Il y a des Sa vans qui prétendent qu'il n'y a plus véritablement
d'hérefie Nellorienne : ce qu'ils prouvent par les Ades que les Nef-
toriens
NES.
toriens mêmes ont produit à Rome fous le Pape Paul V. & qui ont été
imprimez dans le Recueil de Stroza , à Rome en i6 1 7. E'ie,qui étoit alors
Patriarche des Ncftoriens , joignit à la Lettre qu'il écrivit au Pape , la
Confcflion de Foi de fon Eglife , où il témoigne avoir des fcntimens or-
thodoxes touchant l'Incarnation , bien que fes expreflions ne foient pas
toujours les mêmes que celles des Latins. Voici quelle eft, félon ces Sa-
vans, la croyance des Neftoriens à l'égard de ceMyftere. Ils alTurent
que jEius-CijRisT a pris un corps de h Sainte Vierge; qu'il eft parfait
tant en l'ame qu'en l'entendement, & en tout ce qui appartient à l'hom-
me ; que le Verbe étant defcendu en une Vierge , s'eft uni avec l'hom-
me, & qu'il eft devenu une même chofe avec lui; que cette unité eft
fans mélange ni confufîon, èc que c!eft pour cela que les proprieiezde
chaque nature ne peuvent être détruites après l'union. Pour ce qui eft
du reproche qu'on leur fait , qu'ils n'appellent point fi Vierge Mère de
Dieu , mais Mère de Jesus-ChuIst : Le Patriarche Elie répond, qu'ils
parlent de cette manière pour condamner les Apollinariftes , qui pré-
tendent que la Divinité eft fans l'Humanité; & pour confondre Thé-
miftius, qui afliiroit que Chritt n'étoit que f Humanité fans la Divinité.
Ce Patriarche n'ayant pu venir à Rome, dépêcha vers le Pape les plus ha-
biles de fon Eglife, après avoir compofé avec eux uneConfefîiondeleur
Foi , où il montre qu'elle ne diffère que de nom de celle de l'EglifeRo-
maine, avec laquelle elle convient en toutes chofes, à la réferve des céré-
monies. Il réduit les points de créance , dans lefquels on dit que ces
deux Eglifes ne conviennent point à cinq chefs; favoir,cn ce que les
Neftoriens n'appellent point la Vierge Mère de Dieu, mais Mcre de
■Chrift; en ce qu'ils recônnoiiTent en Jesus-Christ deux perfon-
nes ; en ce qu'ils ne mettent en lui qu'une puiiïànce & une volonté ; en
ce qu'ils diïefit firaplemeut que le S. Efpnt procède du Père ;& enfin en
ce qu'ils croyent que la lumière qu'on fait le lour du Samedi Saint au fé-
pulchre de Nôtre-Seigneur, eft une lumière vérirableinegt miraculeufe.
L'Abbé Adam, qui étoit un des députez du Patriarche ,& qui étoit char-
gé de rexpofitioD de la Foi des Neftoriens , juftifia à Rome ce que fon
Patriarche avoit avancé. Je ne parlerai point des deux derniers articles ,
qui font communs à tous les Orientaux. A l'égard du premier, cet Abbé
feit voir qu'il eft facile de concilier l'Eglife Romaine, qui appellera Vierge
Mère de D/e», av'éclaNeftorienne, qui l'appelle jWcre ^^ C^r;j? ; parce
que c'eft un principe reçu des deux Eglifes que la Divinité n'engendre
■point, ni n'efl point engendrée; qu'il eft vrai que la Vierge a engendré
Jisus-Christ, qui eft Dieu & Homme tout enfemble; que néanmoins
ce ne font pas deux Fils , mais un feul & véritable Fils. Il ajoute que
les Neftoriens ne nient pas qu'on ne puifTe appeller. la Vierge Mère de
Dieu, parce que JeSus- Christ eft véritablement Dieu. Pour ce qui
eft du fécond article, il eft conftant que les Latins reconnoifTent en
Jesus-Christ deux natures & une feule perfonne ; au lieu que les
Neftoriens. difent qu'il y a en lui deux perionnes, & une parfipa, ou
ferfonrtevijibk;?:C outre cela, qu'il n'y a auffi en Jesus-Christ qu'une
pmflance ou vertu. L'Abbé Adam concilie ces deux fentimens qui
paroifTent contraires , par l'explication qu'il donne de ce Myfiere. Les
Neftoriens, félon lui,diftingucnt en leur entendement deux perfonnes,
conformément aux deux natures qui font en Jesus-Christ; mais ils ne
voient de leurs yeux qu'un feul Jesus-Christ, qui n'a que la parfipa ou
apparence d'une feule filiatiori:& c'eft en ce fens qu'ils ne reconnoifTent
qu'une puifTance ou vertu en lui, parce qu'ils ne le regardent que comme
une farfopa ou perfome vijthle. Mais dans l'Eglife Romaine on diftingue
ces puiflances ou vertus en Divine & Humaine , parce qu'on les confidére
par rapport aux deux natures: Scainti cette diverlité de fentimens n'eft
qu'apparente ; puifqae les Neftoriens avouent avec les Latins qu'il y a
deux natures en Jesus-Christ, &que chaque nature a fa puifTance & fa
vertu. Enfin cet Abbé Neftoricn concilie le fcntiraent des Neftoriens fur
letroifiéme article avec celui de l'Eglife Romaine, par le même princi-
pe, s'appuyant fur ce qu'il n'y a qu'une filiation; 8c comme cette filia-
tion ne fait qu'un Jesus-Christ, les Neftoriens difent par rapport à
cela, qu'il n'y a en lui qu'une volonté & qu'une opération , parce qu'il
eft en effet un,, & non pas deux Jesus-Christ: cequi ne les empêche
pas de recohhdître deux volontez & deux opérations en lui , par rapport
aux deux natures ; & de la même manière que les Latins. Voilà de quelle
manière les plus habiles de la Sede des Neftoriens juttifierent la créan-
ce de leur Eglife devant le Pape Paul V. *Stroza de dogmatibus Chaldio-
rum. Richard Simon. SU P.
NESTORIUS^Herefiarque, Evêque de Conftantinople , étoit de
Germahicie Ville de Syrie. Il s'étoit formé à la vertu dans un Monalîe-
re, & exêrçoit les fondions du Sacerdoce dans Antioche , avec beau-
coup de réputation , de doflrine , d'éloquence & de pieté , quand il
fut mis en 418. fur le Siège de Conftantinople , à la place de Synefius.
Trois mois après fon ordination , il fut amené dans fon Eglife , où
après avoir été confacré Evêque , fur le champ ilfitundifcours à f Em-
pereur , auquel il adrefla ces paroles qui furent eftimées de lout le
monde: Donne-moi, ô Prince, la terre purgée d'hérétiques ,a' je te don-
nerai le Ciel : Prête-moi ton Jecours pour les exterminer , £?■ je t aiderai
À extermiyier les Per/es. Il agit d'abord contre les hérétiques , avec un
zélé apparent ; mais on connut bien-tôt qu'il avoit des fentimens par-
ticuliers. Il avoit amené avec lui d'Antidche , Ànaftafe Prêtre fon
grand confident, qui eut l'impudence de prêcher qu'on ne devoitpoint
appeller la fainte Vierge, Mère de Dieu. Neftorius,au lieu d'appaifer
le fcandale que cette doétrine excita , la loua publiquement, ôtant a la
Vierge Sainte , le titre de Mère de Dieu. Il difoit qu'il falloit confi-
dérer en Jesus-Christ deux Hypoftafes ou Perfonnes, comme il y
avoit deux Natures ; & qu ainfi il y avoit deux fils , l'un Dieu Si l'autre
Homme. Ce qui faifoit qu'on ne devoit pas appeller Marie Mère de
Dieu , Theotocon ; mais Chrijlotccon , Mère de C h r i s t feulement : le-
quel après fa naiflànce avoit mérité d'être uni au Verbe par fes bonnes
œuvres, non pas d'une union hypoftatique, mais d'une union d'habita-
tion du Verbe en l'humanité, & comme dans un Temple, par com-
munication , par rapport & par focieté morale. Ainfi il détruifoit le
Myfterede l'Incarnation du Fils de Dieu, qui confifte en l'union de deux
Natures , divine & humaine , en la perfonne du Verbe; d'où réful-
te un Homme-Dieu appelle Jesus-Christ, duquel par ce moyen
Jome ly.
NET. NEU.- ' tp
ksaéiions font theandriques ,x'eii-z-à\re divinement-humaines, & hu-
mainement divines, & pat conféquentd'un mérite infini; telles qu'elles
dévoient être pour latisfaire la jullice de Dieu infinie. Neftorius employa
encore Diodore Evêque dépofé de Marcianopolis , pour prêcher cette er-
reur, &.la publia dans des Livres qu'il envoya aux Monafleres d'Egypte
Saint Cyrille d'Alexandrie en étant averti, combattit cette impieté par
divers Ouvrages, qu'il envoya à l'Empereur Theodolé k Jeune Sck?u[-
chene&Eudoxe,fœur3 de ce l'rince. Il écrivit contre lui au Pape Ce-
kftin ,, que Neftorius avoit voulu prévenir : mais le Saint Pontife con-
noilTant fes irapietçz,le condamna dans un Synode qu'il tint à Rome
en 430. S. Cyrille encélébra un autre à Alexandrie, où ^l'on drefla douze
anathêmes ou articles qu'on fit lignifiçr à Neftorius , afin qu'il y foufcri-
vit ùncerement: Mais l'Hérefiarquc s'en moqua. Cependant on afTem-
bla contre lui le Concile général d'Ephefc en 43 1 . Neftorius alla en cette
Ville , mais il ne youlut jamais comparoître devant la fainte AflTembiée
quoique cité trois ou quatre fois juridiquement, de forte qu'il fut con-
damné & dépofé le zz. du mois de Juin: & plus de deux cens Evêques
fignerent cette fentence. Depuis Théodôfc le renvoya dans fon Mo-
naftere, mais comme il ne ceflbit point de publier fes impietez, il fut
banni dans la ville d'Oafis en Egypte. Mais les Blemmiens ayant ruiné
cette Ville , & ce malheureux Prélat errant de lieu en lieu, fans revenir à
fon devoir, enfin les vers mangèrent fa langue, tout fon corps fe pourrir,
& il fe rompit le col d'une chute qu'il fit. * Les Ades du Concile d'Erhe-
fe, Caffien, lib.delncam. S.Cyrille, eont.NeJior. Socrate,/;^. 7. Eva-
gre, lib.i. Sandere, her.ioo. Baronius, A. c. 418. n. 29.30 31 £s'c
[Il y eut beaucoup de violence & d'irrégularité dans la condamnatioix
de NeftçriHs,. Voyez-en iHiftoire dans la Bibliothèque de Xi» Pi»,
T. III. p. z.] . , .
NETTER V^ALDENSIS, ou de Waldcn,(Thomas) ainfi nommé
parce qu il étoit natif d'un village de ce nom en \ngleterre, prit l'habit de:
Religieux Carme à Londres. Quelques Auteurs ont pris le nom de Wal-
denpour celui de fa famille qui étoit Netter,ce que les Curieux pour-
ront remarquer dans Pitfeus , & les autres Ecrivains Anglois. Il fut
Provmcial de fon Ordre, & les RoisHenriJV.V.&VI. fe fervirentde
lui pour traiter diverfes affaires importantes. II parut avec éclat au
Concile de Conftance; & ce fut principalement en cette bccafion qu'il
contondit les HafiTites & les Scftatears de Wiclef. Depuis il écrivit contre
ces dévoyez fon Traité intitulé DoHrinde antiqmtatum Fidet Ecde/ix
Cathohci, dédié au Pape Martin V. & il en compofa divers autres, qui
font un témoignage de fon favoir, & de fa pieté. Il mourut en 1430.
* Trithême & Bellarmin , De Script. Eccl. Luce , in Bibl. Carm. Alegre ,
inPar.Carm. Pitfeus, Poflevin, Cochlaeus, &c.
NEUBOURG, Ville d'Allemagne en Bavière, avec titre de Du.ché.'
Elle eftfituée fur la rive droite du Danube, entre Dona vert &Ingolftat,
Des Auteurs Latins la nomment Neeburgum, & quelquefois Novnm Cafi
trum. C'eft ce qu'on voit dans le 4. livre d'un Itinéraire d'Allemagne en
ces termes,
imramus Boii pr£daram Trincipis urhem , .
Indigent cives tjuam Nova Cafira vocani,
NEUBOURG, Maifon. Cette Ville a donné fon nom à la Maifoil
de Neubourg, qui eft*ne Branche de celle de Bavière. Elle quitta ea
1569. Deux-Ponts dont elle eft aînée. J'ai remarqué fous le nom de Ba-
vière & Deux-Ponts .qu'Etienne, fécond fils de rHmpereUr -.Robert k
i^««, eut Frédéric & Louis kNoir. Celui-ci laififa Alexandre le Boiteux,
Duc de Deux-Ponts , Père de Louis II. qui eut 'Wolfgang. Je dis que ce
dernier mourut en France l'an 1569. laifTant Phihppe- Louis qui fuit,
tige des Ducs de Neubourg. Jean, Duc de Deux-Ponts,. Stc. Je dois en-
, cote remarquer, qu'en la guerre de SmalcaldeOthon Henri, Prince Pa-
■■ latm,perdit fes Etats. Il y rentra par le Traité de PafTaw en ijjz.&qua-
treans après il fut Eleûeuraprès la mort de Frédéric IL dit le Sage, font
oncle. Cet Othon-Henri mourut fans enfans en 1559; Frédéric IIL
Comte Palatin de Simmeren, &c. lui fucceda en l'Eleftoràl, & Wolf-
gang Duc de Deux-Ponts eut le Duché de Neubourg qui fut le titre de
Philippe Louis fon filsaîné. Celui-ci né lez. jour d'Ocflobre de l'an 1547.
époufa en 1574. Anne fille de Guillaume Duc deCleves; Sec* cequi lui
; donna droit -à la fuccefllion des biens de cette Maifon, comme je l'ai
i remarqué afîez fouvent , fans qu'il foit nécefTaire de le répeter. Philip-
I pe-Louïs eut de grandes affaires, pour l'adminittration de l'Eleftorat,
: pour le Duché de Neubourg ,& pour la fuccelTion de Cleves. Jlmou-
rut le iz. Août de fan 1614. ayant eu Wolfgang Guillaume qui fuit;
Augufte cjui a fait la Branche des Comtes Palatins de Sultzbach : Othon
Henri né leiS.OdlobreisSo.&mortenisSr. Anne-Marie qui épou-
fa l'an 1591. Frédéric-Guillaume, Duc de Saxe, & morte en 1643. Et
deux autres filles mortes fans alliance. Wolfgang -Guillaume Duc
de Neubourg, &c. naquit le vingt-huitième Oélobre de l'an 1^78. &:
il fe fit Catholique en 1614. 11 eut part aux affaires d'Allemagne, &
une très-longue guerre pour la fucceffion de Cleves. Le Duc mourut
lezo. Mars de l'année 1653. en la 79. de fon âge. Il avoit époufé le 10.
Novembrede l'an 1613. Madeleine, fille de Guillaume Duc de Bavière ^
il prit une féconde alliance avec Catherine Charlotte , fille de Jean II.
Palatin de Deux-Ponts; &une troifiéme avec Marie-Françoife fille de
François Egon, Comte de Furftemberg. De la première il eut Philippe-
Guillaume qui fuit, & de la féconde , deiix fils &c une fille morts en en-
fance.^PHiLippE-GuiLLAUME, Duc de Neubourg, de Juhers, de Mons ,
&c. naquit le Z3. Novembre de Pan 1615. & il s'eft aquis une grande
réputation par fa conduite fage & prudente , par fa pieté folide & par fà
génerofité. Il époufa en i. noces Anne-Catherine Conftance de Pologne
fille deSigifmond III. Roi dcPologne, morte le?. Oélobre 1651.& il a
pris en 1653. une 2. alliance avec Eh-Mbeth-Amelie de HeflëDarmftat,
fille du Landgrave George & de Sophie-Eleonor de Saxe. Elle fe fit Ca-
tholique d'abord après fon mariage. Leurs enfans font Jean-Guillaume-
Jofeph-Ignace Prince de Neubourg, né le 19. Avril de l'an lôjS.&marié
lezy.Oâobre de l'an 1678. avec Marie- Anne-Jofcph d'Autriche, fille
de l'Empereur Ferdinand Ut & de fa 3. femme Eleonor de Gonzague,
& fœurde l'Empereur Leopold: Wolfgang Guillaume le 5. Juin 1659:
Louis- Antoine , né en i66o> Abbé de fefcarop en Normandie : Char-
^o NEU. NEV.
Îes-Philippe , né en 1661. Alexandre-Sigifmond né le 16. Avril 1663.
François-Louis, né le 14- JuiH" 1664. Frederic-GuiUaume.^ne le zo.
Tuillet 1665. Philippe-Guillaume- Augufte, ne le 18. Novembre 1668.
Anne-Marie-Jofeph, née le 6. Janvier 165;. & manee le 14. Décembre
1676 avec l'Empereur Leopold: Marie-Sophie-Elizabeth , née le 16.
Août 1666. & mariée à D. Pedro Roi de Portugal , elle cft morte en 1698
Marie-Anne, née lezS. Oftobre i667.6cmanée à Charles II. Roidt-f-
paan<- Dorothée-Sophie.née le 5. Juillet 1670. Et Hedwige-Elizabetli-
Ameiie, née le 18. Juillet 1673. [Cette maifon eft en pofîeffion de 1 E-
ledorat.qui étoit dans la maifon Pahtine,&que le Duc deNewbourg
hérita en 1684. du dernier Eledeur Proteftant.]
NEUBOURG ou Nyburg, Neoburgum, place forte du Royau-
me de Dannemark dans la partie Orientale de Flfle de Funen,fur les cotes
du détroit de Belt Sund, commença d'être bàtie en 1 175. par Canut hls
de Prebcflas Duc de Laland qui eft une 111e du même Royaunie. Cet-
te Ville qui fut autrefois h demeure des Rois de Dannemark , le liege
duFarlèment,&où Chriftiérne II. Roi de ce païs naquit en 1481. a un
beau port oij fe retire fouveht la flote de cet Etat ,8c une Citadelle qui
commande fur le détroit , pour faire payer le droit que doivent au
Roi les petits vaiffeaus, qui ne voulant pas s'expofer aux dangers du dé-
troit du Sund , paffent par celui-ci où ils ont moins à craindre. * Bau-
drand, Pontan. . . „ v - -..
NKUBRIGE (Guillaume de") Anglois , Chanoine Reguher , a écrit
l'Hiftoire d'Angleterre depuis l'année io66. jufques en 1 197. &eftmort
en v-o8. Voyez Litle.
NEUCASTEL. Cherchez Newcaftel après Neuville.
NEUCHAISES (Charles de) Gentil-homme de la Chambre duRoi
Charles IX. vivoit dans le XV .. Siècle. Il recueillit les Mémoires du Ma-
réchal de Tavanes , qui étoit fon onde , & d'autres pièces qu'on pu-
blia en 1574. Confultcz la Bibliothèque delà Croix du Maine. Charles
deNeuchaifes étoit Sieur de Francs. Sa Famille a encore eu Jaques de
Neuchaises ou Ncucbezes de Francs Evêque de Châlons fur Seine ,
qui vivoit encore en 1650. Divers Auteurs parlent de lui avec éloge;
ce qu'on pourra voir dans le Traité des Ecrivains de Châlons, du Père
Louis Jacob.
NEUCHASTEL, Cherchez Neufchaftel.
NEVE R S fur Loire, où fe perd la petite Rivière de Nièvre , Ville
de France, Capitale du Nivernois, avec Evêché Suifragant de Sens. Elle
ell fort ancienne , & Cefar en fait mention dans fes Commentaires , fous
le mot Noviodunum in y£duis. Car il avoit choifi cette Ville, pour en
faire une place d'armes & un Magazin. Les Auteurs Latins la nomment
diverfement , Nhenis, Nivernium, Vailkafflum, Nevemum, Nivernum ,
lHoviodunutn ,Augufionemetum ,ii!ic. Elle fut érigée en Comté fous nos
premiers Rois, & Charles VII. en fit une Duché & Pairie l'an 14s 7-
vérifiée en 1459. Ce que le Roi Louis XI. confirma en faveur de Jean
de Bourgogne Comte de Nevers en 1464. Le Roi Louis XII. en tjoj.
pourEngilbertdeCleves; & le Roi François I. en 1521. en faveur de
Marie d'Albret ComtelTe de Nevers, ce que je marquerai ailleurs plus
en particulier dans la fuite, en parlant des Comtes & Ducs de Nevers.
On y voit le Château des Anciens Comtes, dans la partie que l'on appel-
le la Cité, &qui comprenoit anciennement toute la Ville , & de fortes
murailles. Nevers a une Chambre des CoiTipte#, & un Bailliage qui ref-
fortit au Prélidial de S. Pierre le Mouiller. Sa fortereffe, fon Pont de vingt
arches fur la Loire , fes ouvrages de verre & de fayence font des chofes
que les voyageurs n'y négligent point de voir. L'Eglife Cathédrale étoit
autrefois dédiée aux Saints Gervais & Protais ; mais le Roi Charles le
Chauve l'ayant agrandie, la fit confacrer fous lenomdeS.Cyr. Les Au-
teurs parlent d'un Concile tenu à Nevers l'an 763. IlyaonzeParoifles
dans la Ville , avec un Chapitre confidérable, & diverfes autres Maifons
Ecclefiaftiques £< Religieufes. Le Nivernois eft entre la Bourgogne ,
dont il a fait partie , le Bourbonnois , le Berri & le Gaftinois. En la
dernière Affemblée des Etats du Royaume , les Députez de cette Pro-
vince comparurent fous le grand Gouvernement de l'Orleanois. Elle a
environ zo. lieues de longueur & prefque autant de largeur. Ses Villes
après Nevers, font la Charité, S. Pierre le Mouftier, Decize ,Donzi.
Clameci , Vezelai , ikc. .Montenoifon eft une forterelTe au milieu du
Païs. Arquient & l_,angeron ont titre de Marquifat. LaRoche-MiletSc
la l'erté-Chauderon font des Bsronics. La Roche-Milet a des Foires con-
iid-rrables. i.eBarondelaFertc-Chauderon fe dit Maréchal & Sénéchal
du Nivernois. Cette Province a auffi plufieurs bois, des mines de fer,
quelques mmes d'argent , 8c diverfes carrières de très-belle pierre. Les
Auteurs parlent affez diverfement des anciens Comtes de Nevers, com-
me de Ratier qui tcnoit en 800. ce Comté en foi & hommage de
Richard le lurricier. Duc de Bourgogne. Il fut fuivi de Seguin mari
de Berthe , & peie,a ce qu'on crovoit , de Rodolphe qui de Liurgardefa
fem ne eut Gereerge Comteffe de Nevers mariée en premières no-
ces à Albert Marquis d'Ivrée. E( autres en parient diverfement. Quoi
qu'il en f'iit, on p. étend que Gerberge eut Otho-Guillaume Comte
de Bourgogne & de Nevers qui mourut en 987. Mathiide fa fille
Coratefle de Nevers, ik morte en looj.pritalliance avec Landry, Sieur
de ~'-'aërz & de Monceaux. Leurs enfans furent Renaud I. qui fuit;
Bodon de Nevers, marié avec Alix d'Anjou, '"omtefte de Vendôme,
& Gui de Nevers. Renaud I. de ce nom, Comte de Nevers, époufa
Alix de Normandie fille de Richard II. & de Judit de Bretagne dont il
eut Guillaume I. qui fuit : Henri, qui vivoit en 1067. Gui Religieux
de la Chaize-Dieu en Auvergne vivoit encore l'an 1081. Et Robert de
Nevers, furnommé le Bourguignon, Sieur de Craon en Anjou. Il épou-
fa en premières notes Avoye furnommée Blanche , Dame de Sablé , fille
& héritière de Geofroi hvieil. Sieur de Sablé; & il prit une féconde
alliance, avec Berthe de Craon , veuve de Robert I . du nom. Sieur de Vi-
tré, & fille unique de Guerin , Sieur de Craon. Robert mourut après l'an
1097. 11 eut de fa première femme, Renaud le Bourguignon, Ti-
ge des anciens Seigneurs de Craon : Robert , dit le Jeune & le
Bourguignon, qui fit la Branche des Seigneurs de Snblé. Geofroi Henri ,
Sieur du Liond'Agers: Alix, Et Mahaiid,fem;Tied'AlardII. dunom,
, dit le rie;/. Sieur de Château-gontier. Guillaume 1. Comte de Nevers,
&d'Auxerre, époufa l'héritière de Tonnerre: &il mourut Van 1184. ou
NEV.
Sj.laiffant Renaud II. qui fuit: & Robert de Nevers Evêque à' Auxerrej
mort en 1096. Renaud II. Comte de Nevers, d'Auxerre & de Ton-
nerre époufa la fille de Lancelin Sieur de Boigenci , dont il eut G u i l-
laumeII. Celui-ci mort en 1 148. eut Guillaume III. qui fuit; EtRe-
naud Comte de Tonnerre qui ne laiffa point de lignée. Guillaume III.
Comte de Nevers, &c. mourut vers l'an iiôo.ayant eu Guillaume IV^
Comte de Nevers , mort l'an 1168. dans la Paleftine, fans laiflér pofte-
ritéd'Alienor, Dame de S. Quentin & de Valois, fille de Raoul II. Gui,
qui fuit: Renaud, Comte de Tonnerre, mort l'an 1191. fans enfans,
au Siéged'Acre: Anne femme de Guillaume VII. Comte d'Auvergne j
&c. Gui 1. de ce nom, Comte de Nevers, &c. prit alliance avec Ma-
haud de Bourgogne , Comteffe de Crignon , fille de Raimond de Bour-
gogne & d'AgnèftDame de MontpenCer; alors veuve d'Eudes III. du
nom. Sieur diffoudun. Le Comte Gui mourut en 1176.& Mahaud fa
femme prit une troiliérae alliance avec Pierre d'Alface, dit de Flandres
ik. une 4. avec Robert II. du nom , Comte de Dreux. Confultez pour
cela la Chronique de Robert, Abbé du Mont S. Michel , fous l'an 117 7.
Gui eut Guillaume V. Comte de Nevers & d'Auxerre qui mourut fans
enfans l'an II 80. Et A g ne' s quifucceda à fon frère & à fon oncle Re-
naud. .Elle époufa en 1184. Pierre II. du nom SieurdeCourtenai&de:
Montargis , dont elle eut Mahaud de Courtenai, Comteflc
de Nevers, d'Auxerre & de Tonnerre. Celle-ci fut accordée au mois
de Mai de l'an 1 193 avec Philippe de Hainaut fécond fils de Baudouin
V. dunom , Comte de. Hainaut: mais le mariage n'ayant pas été accom-
pli, elle époufa fur la fia de fan 11 99. Hervé' W. du nom Sieur de:
Donzi après la mort duquel elle reprit une 1 alliance avant l'an 1216.
avec G u I G u E s IV. du nom , Comte de Forez. Depuis elle fc rendit
Religieufe à Fontevraut, 011 elle mourut le 12. Oâobre de l'an 1254.
De ion mariage elle eut un fils, mort jeune ; & Agnes II. Comteffe de
Nevers, &c. E)tme de Donzi, de S. Agnan,8cc. Elle fut promife à Henri
fiis aîné de Jean Roi d'Angleterre : mais le Roi Philippe - Augufte
ayant empêché l'exécurion de ce traité, elle fut accordée l'an 12 17. avec
Philippe de France^ fils aîné duRoîLouis VIII. mais ce Prin-
ce étant mort l'an 1218. Agnès pr:t une 2. alliance avec Gui de
Chastillon I. du nom, Comte de S. Fauï; d'où vint Ioland
DE Chastillon, Comteffe de Nevers , d'Auxerre , de Tonnerre,
&c. Celle ci mariée avec Archambaud IX. Sire de Bourbon eut deux
filles, Mahaud qui fuit; & Agnès Dame de Bourbon .mariée en 1274.
avec Jean de Bourgogne, Sr. de Charolois, 2. fils d'Hugues IV. Duc de
Bourgogne &d'loland de Dreux; d'où vint Beatrix de Bourgogne, Da-
me de Bourbon, mariée à Robert de France, tige de la Royale Maifon
de Bourbon , comme je le dis ailleurs. Mahaud de Bourbon,
Comteffe de Nevers , d'Auxerre & de Tonnerre , fut mariée par contrat
paffé en 1247. avec Eudes de Bourgogne, fils aîné du même
HuguesIV. Duc de Bourgogne & frère de Jean. Eudes mourut à Acre
l'an 1269. Mahaud étoit déjà morte avant l'an 1262. Ils laifferent Io-
land de Bourgogne, Comteffe de Nevers , &c. mariée par
traité de l'an 1265. avec Jean de France dit Trijlan,&c de Damiette,
fils du Roi S. Louis. Ce Prince mourut de pelle au Camp de Tunis le
3. Août 1270. Ioland prit, en 1272. une 2 alliance avec Robert III. du
nom Comte de Flandres. Elle mourut le 2. Juin de l'an 1280. 8c fuï
enterrée dans l'Fglife qui eft aujourd'hui aux Recolets de Nevers, où
l'on voit fon Epitaphe. Elle eut de fon 2. mari Louis qui fuit; Robert
Sr. de Caffel , mort l'an 1331. Jeanne mariée en 1288. avec Enguerrart
IV. Sire de Couci, 8c morte en 1333. Ioland, mariée l'an 1290. avec
Gautier II. du nom. Sr.d'Anguiens; ScMahaud, femme de Matthieu de
Lorraine, Sieur de Florines. Louis de Flandres , Comte de Nevers 8c de
Rhetel, caufade grands defordres en France, 8c mourut de triiteffe à Paris
le 22. Juillet de l'an 1322. Le Comte Robert fon Père vivoit encore.
11 avoit époufé en 1290. Jean Comteffe de Rhetel, fille unique de Hu-
gues IV. dont il eut Louis II. qui fuit ; 8c Jeanne , femme de Jean IV. du
nom Duc de Bretagne. Louis 11. dit de Creci, Comte de Flandres, de
Nevers, 8c de Rhetel , époufa Marguerite de France, fille du Roi Phihppe
V. dit le Long ; 8c il fut tué à la Bataille de Crcci l'an 1 346. laiffant
Louis III. dit de Maie ou de Malain. Celui-ci né en 1330, fut marié l'arr
1347. avec Marguerite, fille puînée de JeanllI.DucdeBrabant; &C il
mourut à Saint Orner le dixième Janvier de l'an 1353. Son corps fut en-
terré dans l'Eglife de Saint Pierre de Lille; il eut de ion Mariage Mar-
guerite Comteffe de Flandre , de Nevers , 8cc. mariée en premières
noces avec Philippe furnommé de Rouvre, dernier Duc de
Bourgogne de la Branche de Robert de France ; Et en fécondes , à F h i-
LippE de France furnommé le Hardi, fils du Roi Jean, 8: tige de
1» féconde branche Royale des Ducs de Bourgogne. Cette Princeife
mourut d'apoplexie à Arras, comme je le dis ailleurs. Philippe
de Bourgogne fon troifiéme fils fut Coir.te de Nevers, ix. de Rethel ,
Baron de Donzi 8c Chambrier de France. 11 fe joignit à Jean Duc de
Bourgogne fon frère en la querelle contre la Maifon d'Orléans , 8c en la
guerre contre les Liégeois; 8c il fut tué à la bataille d'Azincourt, le vingt-
cinquième Oftobre de l'an 1415. Son corps fut enterré dans l'Abbaie
d'Eftellans au Palais de Rhetelois. Ce Comte époufa en premières no-
ces, à Soiflons, le 23. Avril 1409. Ifabelle de Couci, Comtefle de
Soiffons en partie, fi:lle puînée d'Enguerran VII. Sire de Couci, 8cc.
&C d'ifabelle de Lorraine fa féconde femme. Elle mourut en 141 1. ayant
eu Philippe ii. Marguerite morts au berceau. Le Comte prit une fé-
conde alliance, le vingtième Juin de l'an 141 3. avec Bonne d'Artois,
fille aînée de Philippe d'Artois , Comte d'Eu 8c de Marie de Berri ;
dont il eut Charles Si Jean qui fuivent. Charles de Bourgogne,
Comte de Nevsts 8c de Rethel, Baron de Donzi , 8cc. demeura en fa
jeuneffe fous la tutelle de fa mère. Depuis il fervit le Roi Chartes VII.
à la guerre contre les Anglois 8c à la conquête de la Normandie, il fe
troûva-au Sacre du Roi Louis XI. où il repréfenta le Comte de Flandres ,
8c il mourut l'an 1464. Son corps fut enterré dans l'Fglife Cathédrale de
Nevers. Ce Prince avoit époufé l'onzième Juin de l'an 1456. Marie
d'Albret, fille aînée de Charles II. du nom. Sire d'Albret S>c d'Anne
d'Armagnac, dont il n'eut point d'enfans. 11 en laiffa trois naturels,
qui furent légitimez en 1463. favoir Guillaume , né d'Heliote Mùail-
Ict, Jean de Bonne de Seaulieu; Et Adrienne , dToland le Long. Jean
de
NEV:
de Bourgogne , Comte de Nevers , &c. Pair de France , Chevalier de
la Toifon d'or , & Gouverneur de Picardie naquit à Clameci ,1e vingt-
cinquième Oftobre de l'an 141 j. Le Duc Charles de Bourgogne l'obli-
jgea par un contrat forcé , f afle le zi. Mars de l'an 146^. de renoncer
aux Diichez de Brabant & de Limbourg & aux Terres d'Outre- Meufe.
Depuis il fuccéda au Comté d'^u après la mort de Charles d'Artois fon
oncle en 1471. Il prit le titre de Duc de Brabant , & il mourut le 25.
Septembre de l'an 1491. à Nevers où il fut enterré dans l'Eglife Ca-
thédrale. Ce Comte époufa en premières noces, l'an 1435. Jaqueline
d'Ailli, Dame d'Englemonfter, fille aînée de Raoul d'Ailli Sieur de
Pequigni & Vidame d'Amiens , ik de Jaqueline de Bethune. Il fe re-
maria l'an 1475. avec Paule de Brofle dite de Bigtagne, fille de Jean
Comte de Ponthievre & de Nicole de Blois;&#pr-it une troifiéme al-
liance en 1479. avec Françoile d'Albret ,file d'Arnaud-Amanjeud'Al-
bret Sieur d'Orval & d'ifabelle de la I our. Du premier lit il eut ihilip-
pe,mort en enfance l'an 1452. & Elizabeth, dont je parlerai dans la
fuite. Du fécond mariage il eut Charlotte de Bourgogne , Comteffe
de Rhefei, qui fut accordée en 1481. avec harles d'Orléans Comte
d'Angoulême, & puis mariée, par Traité du ij. Avril i486, avec
Jean d'Albret, Sieur d'Orval, d'oil vmt Marie d'Albret, Comteffe de
Rhetel , alliée avec Charles de Cleves j Comte de Nevers, comme je
le dirai dans la fuite. Jean Comte de Nevers eut encore trois fils na-
turels, Jean Doyen de l'Eglife de Nevers , Pierre , légitimé par Lettres
du Roi l'an 1479. Et Philippe qui époufa Marie de Roye, & apr;s
la mort de fa femme il fe fit Religieux de l'Ordre de Saint François,
& mourut fort âgé au Convent de Bethléem près Méiieres l'an 1522
Elizabeth de Bourgogne, Comteffe de Nevers & d'Eu, fut
inariée.l'an 1445. à Bruges avec Jean L du nom ,Duc de Cleves,&
Comte de la Mark, & elle mourut le 21. Juin 1483. Je parle ailleurs
de fes enfans,fous le nom de Cleves. tNGiLBERi qui étoit le troifîé-
ine fils fut Comte de Nevers. 11 époufa par contrat' du 23. Février
1489. Charlotte de Bourbon , fille de Jean de Bourbon II. du nom , Com-
te de Vendôme, &c. 8c d'ifabelle de Beauveau;&: il mourut le 21. No-
vembre 1506. La Princeffe fa veuve fe fit Religieufe à Fontevraut , où
elle mourut le quatorzième Décembre de l'an 1520. Leurs enfans iu-
rent Charles Comte de Nevers quifuit: Louis, Comte d'Auxerrc mort
fans lignée, de Catherine d'Amboife,Dame de Chaumont , l'an 1545.
François , Abbé de Saint Michel de Treport, mort en 1545;. Et En-
gilbert,mort jeime en [489. Charles de Cleves , t omte de Nevers ,
époufa le vingt-cinquième Jander de l'an 1504. Marie d'Albret, fille
aînée & héritière de Jean d' \lbret , Sieur d'Orval & de Charlotte de
Bourgogne, comme je l'ai dit; & il mourut en prifon au Château
du Louvre à Pa,BS, le 27. Août de l'an i52i.laiffant François de
Cleves I. du nom. Duc de Nevers, &c. celui-ci né à Notent le
îj. Oftobre de l'an 15 16. fut marié par Traité paffé à t^aris au Châ-
teau du Louvre, le dimanche dix-neuvième janvier 1538 avec Mar-
guerite de Bourbon , Fille de Charles de Bourbon , Duc de 'Vendôme ,
&c & de Françoife d'Alençon ; & il mourut eh 1 56t. Le Roi François
1. lui érigea, l'an 1538. Nevers en Duché & èairie. Ses enfans fu-
rent François de Cleves II. du nom Duc de Nevers, né le 31.
Mars 1539. & mort en 1562. le jour delà bataille de Dreux d'un coup
de pifbolet que Jui déchargea par imprudence l'un de fes Gentilshom-
mes: Jaqijes, r:>uc de Nevers, né le i. Odobre 1544. mort fans
lignée , a Montigni près de Lyon , le 6. Septembre 1 564. Henri
Comte d'Eu , mort fans alliance: Henriette Ducheffe ^e Nevers, qui
fuit: Catherine de Cleves, Comteffe d'Eu, mariée en premières noces
iavec Antoine de Croui, Prince de Porcien,& en fécondes avec Henri
de -orraine. Duc de Guife.Pair & Grand Maître de France, morte
à 1 arisleii. "^'ai del'in 1633 âgéede 85.ans. Et Marie de Cleves, pre-.
miere Femme de ►enri de Bourbon I. dunom ,PrincedeCondé, mort
l'an 1574. Henriette de C'eves, Ducheffe de Nevers & de Rhetel,
naquit le 31. Ofto^re del'an 1542 & tut mariée le 4. Mars de l'an 1^65.
avec Louis de Gonzague, Prince de Mantouë, &c. Gouverneur de
Champagne; & elle mourut le 24. Juin de l'an 1601. Son corps fut
enterré avec celui de fon mari dans l'Eglife Cathédrale de Nevers Je
parie ailleurs de leur pollenté fous le nom de Gonyague. Ils ont été
tige des derniers Ducs de Mnntouë, de qui le Cardinal Mazarin aquit
les Duchez de Nevers & de Whete,. Ce ardinal obtint au mois d'Oc-
tobre de l'an 1660. de nouvelles Lettres de Duché & < airie pour Ne-
vers, qu'il laiffa à Philippe Mancini Mazarin fon neveu aujourd'hui
Duc de Nevers, Pair de France, & Chevalier des Oidres du Roi.
Celui-ci époufa le ij. Décembre 1670. Diane-Gabrielle de Damas , fille
de Claude Leonor , Marquis de Thiange, & de Galirielle de Roche-
choûart Mortcmar, comme je l'ai remarqué fous le nom de VJazarin.
*Cefar, //. 7. Comm. c. 10. Gui Coquille, Hifloire de Nevers. Juftel,
Jiijl. d'Auverg. Du Bouchct, Hîft. de Court. Michel Cotignon , Ca-
tal. Hift. des Euêq. de Nev. Du Chefne, Rech des Antiq. des Villes de
:France , Sincerus , Itimr. GallU. Sainte Marthe , Gall. Chrijtiana ,
ce.
NEVEU (Magdelaine) Dame des Roches en Poitou, vivoit dans
le XVI. Siècle , & s'eft attiré les éloges de tous les Doftes de fon tems.
Elle époufa en premières noces André Frandonnet , & elle eut.Catheri-
lie aufli illuftre que fa merc Depuis elle fut mariée à François Eboiffard ,
Sieur de la Ville , Gentilhomme Breton. Cette Dame étoit favante,&
les Ouvrages qu'elle donna au public le témoignent allez. Sa Mailbn étoit
iine Académie, où les gens d'erpritfetrouvoient ordinairement ou pour
faire approuver leurs Ouvrages', ou pour examiner ceux des autres, ou
pour y apprendre quelque chofe. Scevole'de Sainte Marthe , qui a placé
l'Eloge de la mereSc de la fille, entre ceux des Doftes François defon
tems , s'explique en ces termes: Aderant autem quotidie flurimi littera-
rum ej- etegantm amantes -viri qui ad zllarum sdes tanquam ad aliqi'.am
.Academiam»cufid:Jfim'e cenfluebant : Nec ullus erat qui non inde rediret
phtior. La < Toix du Marne en parle encore dans fa Bibliothèque en
ces termes : Magdelaine Neveu , Dame des Roches en Poitou , mère de
Catherine des Roches , toutes deux fi dotles e? (i favantes , que la 'France
peut fe -Oanter , les ayant engendrées , d'avoir produit en elles deux Us per-
les de, tout le Poitou, vc, Llies moururent de pefte en 1587. • Sain-
NEU. îî
,te Marthe , in Ehg. li. 3. Du Verdier , Vauprivas, Viiliot. Frase.
i Louis Jacob, Biùl. Fœmin. Hilarion de Cofte, Elog. des Dames ilUifi,
NEUFCHASTEL ou Nevccastfl , 'Novum Caftrun , Ville
d'Angleterre dans le Tomté de Northumberiand. El'e eft fituée fur la
Rivière de Tine ou deTon.affcz bien fortifiée à trois ou quatre lieues
de la Mer.
NEUFCHASTEL ,. Ville de France en Normandie , dans le pa'ïs
de Caux. Elle eft fur' un Ruifleau qui fe joint enfuite à la Bethune , à
fept ou huit lieues de Dieppe, & à quatre d'Aumale. NL-ufchaftelrèfifta
fur la fin du XVI. Siècle au Koi Henri le GraW, durant lesguerresde
la Ligue : mais elle Te foûmit après que Hallot & Guitry eurent défait
huit cens hommes des Ligueurs;
NEUFCHASTEL, ou Nçwemb6ur(} , Neocomum , Vife de
Suiffe fur un Lac de même nom , à huit lieues de Laufane & un
peu moins de Berne. Elle eft alliée aux Cantons Suiffes,& un c"omté
^'ouverain. Jeanne de Hochberg le porta en 1504. dans la Maifon de
Longueville , pac fon mariage avec LouïsdOrleansI.dun -ui , Ducde
Longueville. Elle étoit fille unique & héririere de Philippe, M.irquis
de Hochberg , Comte Souverain de Neufchaftel , Sieur dé Kothelin ,
Sec. , ,
N E U F M A R C H E' , bu le Neuf marché , Novus Mercatus ,
Bourg de France dans le Diocefe de Rouen en Normandie. Il eft litué
furl'Epte à une lieuè de Gournai , & a été autrefois plus confidéra-
ble qu'il n'eft aujourd'hui. Henri II. Roi d'Angleterre y fit célébrer
en 1161 un Concile. L'on y reconnut le fape Alexandre III, & ie faux
onti'e Vidor y fut recette. Bini, Starovolfcius , & quelques autres
parlent de cette Affemblée, comme d'un Concile d' 'Angleterre.
NEUFVILLE , Maifoi;! la Maiion de N euf v 1 l le a produit
de grands Hommes. Nicolas deNeufville I. du nom.
Chevalier, Sieur de Villeroi , d'Alincourt , de Magni , de Bon-
convilliers, du Pleflis Banthcleu & d'Hardeville, fut -ecretaire des
Finances & Tréforier de l'L'rdinairé des Guerres, Lieutenant Gé-
néral au Gouvernement de l'ifle de France, Gouverneur de Pon-
toife. Mante & .vjeulan , & Prévôt des Marchands de la Ville
de Paris, en 1568. Pierre le Gendre, Tréforier de France ^ lui
donna la Terre de Villeroi. Il èpoula Jeanne Preudhomnie, fille
de Guillaume, Sieur de Frelchincs & de Fontenai en Brie, Tréforier
de l'tpargne; & il mourut fort âgé en 1599. laillant Nicolas
DE Neuf VIL le II. du nom , Secrétaire d'Etat. Celui ci épou-
fa Magdelaine de Laubefpine, fille de < laude. Sieur de ■. hâteau-
neuf. Secrétaire d'Etat, & de Jeanne Bochetel fr première femme.
Je parle ailleurs de cette Dame illuftre par ion efprit. Ils eurent
Charles de Neufville , Marquis d'Alincourt Sieur de Villeroi , de
Magni , &c. Chevalier des Ordres du Roi , Gouverneur de la 'Ville
de Lyon & du Lyonnois, Forêts & Beaujolois. Ce ui-ci fe fignala en
diverfes occafions & iùr tout en fon Ambaffade à Rome , & il vomrut à
Lyon le 18. Janvier de l'an 1642. âge de 76. ans. Il époufa en preuiieres
noces l'an 1588. Marguerite Mandelot, Dame dePaci ,&c. fille unque
de François , Sieur de Mandelot , Chevalier des Ordres du Roi , Gou-
verneur de Lyon , & d'Eleonor Robertet : & en fécondes , l'an 1 596.
Jaqueline de Harlai, fille de Nicolas, Sieur de Sanci , Chevalier des
Ordres du Roi, & de Marie Moreau. De la première il eut un fils,
mort en bas âge : Magdeleine , première femme de Pierre Briîlart Mar-
quis de Silleri & de Puilieux Secrétaire d'Etat ; '-t' atherine ,Damede
Paci,&c. Dame d'atour de la Reine Anne d'Autriche, & femme de
Jean de Souvré II. du nom, Marquis de Courtenvau, Chevalier des Or-
dres du Roi, morte en 1657. Du lecond lit, il eut Nicolas de Neufvil-
le III. du nom, qui fuit: Charles Comte de Buri, mort en 1628. au
retour du fiege de la Rochelle, fans laiffer des enfans de Françoife Phe-
lipeaux-d'Arbaut fa femme : Camille, Archevêque & Comte de Lyon,
Commandeur des Ordres du Roi, Abbé d'Aifnai, de l'Ifle-Barbe, de
Foigni , &c. 1 ieutenant Général au Gouvernement de Lyon , Lyon-
nois, Forêts & Beaujolois, facrée dans l'Eglife îvlèl^opole de Saint Jean
de Lyon ,1e 29. Juin 1654. & mort le 3, Juin i693.Ferdinand, Evêquedc
Saint Malo , en 1644. puis de Chartres en 1657. Abbé de Saint Van-
drille de Belleville , de Mauzac , &c. Lion-François Chevalier
de Malte, Commandeur de Saint Jean de l'Ifle & Mettre de Camp
du Régiment Lyonnois, tué au fiege de Turin l'an 1639. ht Marie de
Neufville , qui époufa en premières noces Alexandre de Bonne, Comte
de Tâllart, & en fécondes Louis de Cham plais, Marquis de Courcel-
les. Lieutenant Géneralde l'Artillerie de France. Nicolas de
Neufville III. du nom, Duc de Villeroi, Pair & Maréchal de
France, Marquis d'Alincour, Sieur de Magni, &c. Chevalier des
Ordres du Roi & Gouverneur de la Ville de Lyon , & du Lyonnois , Fo-
rêts & Beaujolois , fut élevé enfant d'Honneur auprès du Roi Louis
XIII. & rcçri en furvivance. Gouverneur de Lyon, l'an i6iç. 11
fuivit le Maréchal de Lefdiguieres en Italie, où il fe trouva aux fieges de
Feliffan, de la Roque, 8cc. l'an mil fix cefis dix-fept : puis à fon retour
en France, il fer vit encore à celui de Saint Jean d'Angeli en mil fix
cens vingt-un. 11 commanda im Régiment d'Infanterie au fiege de
Montauban, & un Corps de fix mille hommes, à celui de Mont-
pellier. Après la prife du pas de Suze , il y fut laiffé avec huit mille hom-
mes ; & il fervit au Combat de Carignan. En mil fix cens trente-
'trois il commanda à Pigncrol & à ( azal jufqu'en mil fix cens tren-
te cinq , qu'il fe trouva au fiege de Valence ; l'année d'après il fut à
celui de Dole dans la Franche-Comté , où il prit diverfes places. En-
fuite il conduifit le corps d'Armée qu'il commandoit au fiege de Tu-
rin, en 1640. Il fervit en 1644. en Catalogne , puis en Lorraine, & on
le choifit en 1646. pour être Gouverneur de la perfonne du Roi qiiile fit ■
Maréchal de France ,1e 20. Oftobre de la même année. M. de Villeroi
repréfenta la perfonne du Grand Maître au Sacre de fa Majefté, qui le fit
Chef de fon Confeil Royal des Finances en 1 66 1 . Chevalier du SaintEfprit
en 1662. & Duc &Pair le 15. Décembre 1663. llépoufaeniôn- Ma-
deleine de Crequi , Dame de Mions , Chaponai , &c. féconde fille de
Charles , Sire de Crequi , Duc de Lefdiguieres , Pair & Maréchal de
France , Se de Madelaine de Bonne fa première femme. Cette Dame
C 3 ' mourut
zz NEU.
mourut à Paris, le 3i.Janvieri67î. Leurs enf.ins ont été Charles, Mar-
quis d'Alincourt.mort le 25. Janvier 1645. âgé d'environ dix-neuf ans:
François, Duc de Villeroi,qui fuit : Françoife de NeufviUe , mariée en
premières noces avec Jult-Louïs , Comte deTournon ,fecondementa
Henri- Louis d'Albert dit d'Ailli , Duc de Chaulnes, Vidame d"A-
miens,&c. & en troifiémes à Jean Vignier, Marquis d'Hauterive; Et
Catherine de NTeufvilIè , mariée lefeptiéméOâobre 1 660. avec Louis de
Lorraine , Comte d'Armagnac , Grand Ecuy er de France. François
DE Neufvi'lie, Duc de Vilkroi , reçu en furvivance du Gouver-
nement de Lyon, &c. Collonel du Régiment Lyonnoisi &c. fe trouva au
combat de Raab en Hongrie, donné contre les Turcs en 1664. Ilfuivit
l'an 1668. le Roi à la conquête de la Franche-Comté, où il fediftingua
à la prife de Dole. Depuis il fervit quelque tems à l'Armée de l'Evêque
de Munfter , & il s'eft fignalé en diverfes ocçalions durant les dernières
guerres, où il a commandé avec beaucoup de prudence & de bonheur.
Il époufa le vingt - huitième Mars mil fix cens foixante-deux i Marie-
Marguerite de Cofle, fille de Louis, Duc de Briflàc, & de Catherine
de 'Gondi , dont il a eu , entre autres enfans , François , Marquis d'Alin-
court: Camille, mort en bas âge, le feptiéme Juillet 1671. Made-
leine, &c. ♦ De Thou, Hifoir. Mémoires de Sulli, Mémoires de "Ville-
roi , Davilla, &c. fiifioh: Matthieu & Perefixe, Hijîo'tr. de Henri IV.
Dupleix, Hi/?o;V. Fauvelet-Du-Toc , H(/2oir. des Secret. d'Etat. Godefroi
& le P. Anfelme , Hiji. des Ôffic. de la Cour. Mezerai , &c.
NEUFVILLE ( Kficolas de ) Sieur de Villeroi , d' Alîncourt , de
Magni,&c. Confeiller, & Secrétaire d'Etat & Grand Tréforier des Or-
dres du Roi, s'eft rendu confidérable parfesfervicesiraportansfousqua-
tre de nos Rois. Dès l'âge de dix-huit ans, il fe diftingua par fa pruden-
ce & par fon efprit; & de Laubefpihe Secrétaire d'Etat, un des plus
habiles 'hommes de fon tems , le choifit èpur être fon gendre. Cette
alliance & fon mérite lui aquirent l'eftime de la Reine Catherine de Me-
dicis, qui l'employa. deux ans après dans les grandes affaires: Car elle
l'envoya d'abord en Efpagne,pour l'exécution de quelques Articles du
Traité de Gâteau Cambrefis ,en 1559. & enfuite à Rome , où le Pape
Pie IV. établit comme^unechofeinconteftableleDroitdepréfcanceque
nos Rois ont fur lesautTes Princes, & particulièrement fur les Rois d'Ef-
pagne qui y prétendoient. Ces commencemeiis firent connoître qu'on
devoir efperer de grandes chofes de l'habileté du Sieur de Villeroi. Le
Roi Charles IX. le reçût l'an mil cinq cens foixante - fept Secré-
taire d'Etat, en furvivance de Laubefpine fon bcau-pere , qui mourut
le onzième Novembre de la même année. Dès le jour d'après, cette
mort, il exerça cette Charge, quoi qu'il ne fût âgé que de vingt-quatre
ans. Son application , & fon intelligence fuppléerent au défaut des an-
nées. 11 avoue lui-même dans fes Mémoires que les fages o' prudens
lonfeils de Meljteurs de Moi-illier a' de limoges , tous deux fes al-
liez V les plus conpdérahles dans Tes affaires di ce tems- là , lui
foumijfoient ce que l'expérience ne lui avait pas encore donné, Le
premier étoit Jean de Morvillier , Evêque d'Orléans , qui Tut
Garde des Sceaux de France ; & l'autre étoit Sebaftien de Laubefpine ,
Evêque de Limoges. 'Villeroi remplit fi bien tous les devoirs de fa
Charge , & il fut fi agréable au Roi Charles IX. que ce Prince ne le nom-
rnoit ordinairement que fon Secrétaire. 11 l'envoya l'an, mil cinq cens
foixante-neuf en Allemagne pour y régler les Articles dé fon mariage
avec Elizabeth d'Autriche , fille de 1 Empereur Maximilien II. & il l'em-
ploya dans les affaires les plus importantes & les plus délicates de fon
tems. Auffi , De Thou remarque fort bien que ce Roi déferoit beau-
coup à la prudence & à la fidélité de 'Villeroi, qu'il fit recommander en
mourant au Roi Henri III. fon frère, lui marquant èxprefTément-;
Qu'il croyoit n'être pas moins obligé de lui faire cette recommanda-
tion, par l'affeélion qu'il avoit pour lé bien de l'Etat, que parlarecon-
noiflance qu'il devoir aux fêrvices d'un fi fidèle Miniftre. Henri III.
continua à fe fervir de lui. Il lui communiqua fes defTeins , & particuliè-
rement celui qu'il avoit d'inftituer l'Ordre du Saint Efprit, laiiTant au
Chancelier de Chivérni & à lui le foin de drelTer les Statuts de cet Ordre ,
dont il lui donna la- Charge de Grand 'Tréforier, à la première promo-
tion, le trentième Décembre mil cinq cens foixante-dix-huit. Le
Roi avoit encore employé le Sieur de 'Villeroi à faire revenir à la Cour
le Duc d'Alençon & le Roi de Navarre , qui en étoientfortis en cachette
pour s'aller mettre à la tête dès Huguenots. ïl reliffitheureufement en
tout ce qu'il entreprit. Cepen4ant le pouvoir des favoris lui fit tort à
lui & l tous lesbonsConfeillersduRoi. LêDùcd'Efpernonquiétoitde
ceux-là traita affez mal le Sieur de Villeroi dans le Confeil même. Ce
fut en mil cinq cens quatre-vingts huit. L'année d'après le Roi lui
commanda de forfir de la Cour. Le Chancelier de Chiyerni , Pom-
pone de Bellievre, Suf-Intcndant des Finances, & Pinard, Secrétaire
d'Etat , reçiirent un même.ordre. Ce fut un peu avant le voyage de Blois,
où M. de Guife fut tué. Ce malheur fut fuivi de la révolte de Paris, &
de la mort funefte dii Roi. Nicolas de Neufville fe vint jetter dans
Paris , & quoi que du parti de la Ligue ,il s'employa néanmoins très-
utilement pour éluder les delfeins des Efpagnols & pour faire reconnoî-
tré le Roi Henri IV. La Conférence de Surene qu'on devoir à fes foins,
& fes négociations fecrettes avancèrent la converfion du Roi SclaPaix
que ce Prince fit avec fes fujets, en mil cinq cens quatre vingt treize.
L'année d'après il remit le Sieur de Villeroi en la Charge de Secrétaire
d'Etat, qui vaqua parla mort du Sieur de Revol , arrivée au mois de Sep-
tembre. Alors il fe vit dans le même crédit oùil avoit été auparavant , &
il fit connoître le befoin qu'on avoit dans l'Etat d'une perfonne de cette
expérience & de ce ftiérite. Il eutaulfi part aux principales négociations
de fon tems. Il commença en 1598. celles de la Paix de Vervins,par
les Conférences qu'il eut fur la frontière avec le Préfident Richardot.
En mil-fix-cers il traita avec le Duc de Savoye pour la reftitution
■ du Marquifat de Saluccs;& en mil-fix-cens-fix , dans la réfolution où le
Roi étoit d'entreprendre le voyage de Sedan , il s'avança jufques à Ter-
ci pour conférer avec le Waréchalde Bouillon; & il tourna fi bien fon
efprit qu'il l'obligea, par les raifons de fon devoir & de fon intérêt,
à fe foûmettre à un Monarque qui étoit le meilleur maître du monde.
Toutes les autres années de ce règne font fignalées par les fêrvices de M.
de Villeroi. Le Roi çnétoittrès-perfuadéjauflîparlantunjourdeMM.
NEU. NEW.
de Sulli, de Silleri & de Villeroi, il dit ces mots du dernier, ffiuanp as
troifiéme il a une grande routine ey une connoijfance entière aux affai-
res qui ont pajfé de fon tems , efquelles il a été employé des fa premiè-
re jeunejft plus que nul des deux autres; t'ignt grand ordre en l'admi-
mflrat'iou de fa Charge v en la diflrihution des expéditions qui ontàpaf-
fer par fes mains , a le cœur généreux, ntfl nullement adonné à T avari-
ce, CP' fait paroitre fon habileté en fon filenc'e , ej/ grande retenue à par-
ler en public. Après la mort de Henri le Grand, en 1610. la Reine
Marie de Medicis confîdéra d'abord Villeroi comme un des plus fermes
appuis de fa Régence, & comme un des plus fidèles Miniftres du Roi
fon fils. Elle continua, auffi à lui confier la conduite des plus confidéra-
bles affaires de l'Etat., Il s'en aquitta avec fon affeiflion ordinaire. Dans
la fuite le Maréchal ÂAncre , qui avoit recherché fon alliance , le mit mal
dans l'efprit de la Rejue. Nicolas de Neufville fe retira à fa Maifon de
Conflans en 1614. Il revint peu apjès à la Courd'une manière qui lui fut
bien glorieufe. Car l'AfiTemblée des Etats, qui fe tenoit alors à Paris,
ayant fait quelque bruit fur un éloignement fi extraordinaire ;.& fur le
tort que l'on faifoit aùRôi.en lui ôtant un fi fidèle Mini(lre,.la Reine
le rappella d'abord & le remit dans le Confeil. L'année d'après il conclut
le Traité de Loudunavecle Prince de Coridé. LeMaréchald'Anaequi
ii'y trouva pas fon compte, lui fit de nouveau des affaires qui l'obligèrent
de s'éloigner de la Couf. Après la mort de ce Favori , le Roi témoi-
gna qu'il vouloit avoir auprès de lui les bons ferviteurs de fon père. Ce
font les termes de ce Prince, Il fit venir au Louvre Villeroi & lui r,emit,
comme auparavant, le foin de fes plus importantes affaires. Mais peu
après le zélé qu'il avoit de les faire reùffir heureufement pourlefervice
du Roi , l'ayant engagé à fuivre ce Prince en Normandie , il y mourut d'u-
ne relaxation de boyau, le douzième Novembre de l'an 161 7. âgé de 74.
ans. Ce fut dans létemsqu'ontenoitl'AflembléedesNotablesà Rouen.
Cinquante-iix années de fervice fous quatre denos Rois lui avdient don-
né une merveilkufe expérience des affaires; & lui aquirent la réputar
tion d'avoir été le plus fage Mihiflre & le plus habile Politique de fon
Siècle. Ilétoitbon , généreuse , ami fidèle & qui ne manquoit jamais au be-
foin; & fe faifoit fur tout un grand plaifir de protéger les Hommes de
Lettres & de vertu, ^-es Cardinaux du Perron & d'Offat lui dévoient leur
élévation , & fur .tout le dernier , que Villeroi appeUoit avec ràlfon fon
Cardinal. J'ai parlé ci-devant de fa femme & de fà pofterité. Son corps
fut enterré dans une Chapelle de l'Eglife de Magni, où le Marquis d'Ar
lincourt fon fils fît iriettre l'Epitaphe qu'on y voit. Nous avons des Mé-
moires fous le nom de ViUeroi. . .......
NEUFVILLE (Nicolas de) néà Lyon, le 14. Ôélobre 1589. fut
élevé à la Cour en qualité.d'fnfant d'Honneur du Roi Louis XIII. &
dorina dès ce tems-Ià des marques d'une conduite &. d'une prudence
toute e}itraordjnaire. Ce qui donna lieu à Sa Majeflé'defe fervir de kit
en plufieurs emplois très-importans,où il fit paroître une fidélité inyior
lable. En l'année jôij. le Roi lui accorda la furvivance du Gouverne-
ment de Lyon, du Lyonnois, Forêts &Beaujolois, que polTedoit le Mar^
qiiis d'Alincourt fon pere,& enfuite il lui donna le commandement dq
fes Armées en Italie , dans la Franche-Comté , en Catalogne & en Lorr
raine. L'an 1,646. il fut choifipour Gouverneur du Roi Louis XI V. &;
la mêmeanhée il reçût le Bâton de Maréchal de France, En rôôi.SaMar-
jefté le fit Chef de fon Confei) des Finances ; en 1661. Chevalier delfe?
Ordres; & en 1663. Duc de Villeiroi,& Pair de France. IlmourutàPà-
ris, le virigt-huitiéfne Novembre 1685. .
MEUHAUSEL. Cherchez Newhaufel , ci-après. . . -, . . „:^_,
[NEVITTà, Conful avec Màmertin l'an cccLxii. Voyez .<f www»
MarcelUn Liv. ii.J
NEVIUS. Cherchez Nxvius. . ... ... .;■._,,
NEUMARK,que les Auteurs Latins nomment Novainarchia f'Vtl.i
lé de Tranfl^lvanie, capitale des peuples appeliez Cicules.
NEUMARK, autre 'Ville d'Allemagne , dans le Palatinat de Bavière'
NEU S. Cherchez Nuis. . ,
. NEUSTAT , Ville d'Allemagne , en Autriche , avec Evêché fon-
dé par le Pape Paul II. en 1468. & Suflragant de Saltzbourg. Elle eft
affez agréable , fituée fur la Rivière de Brifchaw , à fix lieues de Vien-
ne en Autriche. Les Auteurs Larins li boniment Nova CivitàsèzNeO'
fladtum. , , . . . .. , '.
NEUS'rRÏE ou 'Weftrie , ancienne partie du Royaume de France',
qui étoit f Occidentale &: comprenoit ce qui étoit depuis la Saône & la
Meufe jufques à h Loire & l'Océan. Ce nom a été commun aux Ecri-
vains du tems de Çharlemagne , & de fes fils. Il a été changé en ce-
lui de Normandie, bien que cette Province , telle qu'elle etl aujourd'hui,
ne fût qu'une partie de l'ancienne Neuftrie, comme je le remarque
ailleurs.
NEUVILLE. Cherchez Neufville.
NE'WCASTEL. Cherchez Neufchaftel.
NE'WENBURG. Chetchez Neufchaftel. ...
NEWHAUSEL , Ville de Hongrie , que ceux du pa'is nomment
Owar, & les Auteurs Latins NeofeUum. Elle eft fur la Rivière de
Neutra ou Nitrach , à deux lieucs.de Komorre fur le Danube. Newhau-
fel eft une petite Ville , mais forte , bien fituée & capitale d'un grand
Pa'is. Les "rurcs la prirent en 1663. mais elle fut reprife le 19. Août
1685. paf le Général Caprara fous les Ordres du Duc Charles de Lorr,
raine;, après un iiege de 40. jours, & tous les ennemis furent paiTcz au É
de l'épée. . ■ .
Elle eft bâtie dans une plaine marécageufe , mais dont le fonds eft:
bon , en forte qu'on y peut pafler par tout. Elle eft fortifiée en forme d'é-
toille à fix rayons , ayant à chaque pointe un B.aftion fort élevé. Cette
Place eft entourée d'un foflé rempli d'eau , d'une toife& demie de pro-
fondeur , & de dix-huit de largeur. Elle n'a que deux portes , & au de-
vant de chacune , il y aune demi-lune de terre paliffadée fans autres de-
hors qu'un chemin couvert. Le 9. Juillet 1685. le Prince Chajlesaccom-
pagné des Princes de Conti, de la Roche-fur-Yon , de Commerci.de
Vaudemont , de Turenne , de Wirtemberg , & de la plupart des Géné-
raux de l'Armée , alla reconnoître la Place. On tint eniuite Confeil de
guerre , & il y fut réfolu qu'on l'attaqueroit par l'endroit où les Turcs
l'a voient attaquée en 1663. Le i6. Août il y eut un combat près de Gran ,
chtre
N
NEW. NIC. -
entre l'armée des Chrétiens, & celle du Seraskier, quivenoitau fecours
de Neuhaufel. Les Turcs turent défaits , & les Impériaux les rendirent
maîtres du Camp de ces Infidèles. On y trouva vingt-trois pièces de ca-
non, quelques mortiers, quantité de bombes, & autres munitions de guer-
re, avec quarante Etendards. Le Sera;|kier avoit déjà fait prendre les
devans à une partie de fon bagage, & ainfi il fauva fix mulets qui por-
toient Ion argent. Pendant que le Prince Charles travnilloit avec tant
de liiccès, pour empêcher le fecours de Neuhaufel , le Comte Caprara
mcitoit tous fes foins à réduire cette Place. Il y donna l'affaut le 19.
jftoàt& fut fécondé par le Prince deCommerci,qui revenant de lalba-
taille, arriva lorfque les troupes commençoient à entrerdansla Ville. On
y trouva quatre-vingts pièces de canon de fonte, 8c beaucoup de muni-
tions. Le butin monta -à plus de -deux millions, outre quantité de meu-
bles précieux & de vailTelle d'argent. * Hifioire des troubles de Hongrie.
SU P.
N: WPORT , Ville.principale de l'Ile de Wight, vers la côtedeSôut-
hampton , en la partie méridionale de l'Angleterre. Proche de cette
ville ett le Château de Caresbrock , qui y fert de Citadelle. Ce fut là où
les Rebelle^j'arlementaires d Angleterre, tinrent prifonnier le Roi Charles
1. d'où ils le tirèrent pour le faire mourir fur un échafaut, par une
aftion digne de l'horreur de tous les fiécles à venir. *Baudrand.
NI.
ICAGOR AS , Sophifte d'Athènes, étoit fils de l'Orateur Mne-
fée,&vivoit dans le III. Siècle, fous l'Empire de Philippe & de
Decie. Il écrivit quelquesVies des Hommes Illuftres,&c. Suidas
en a fait mention.
NICAGORAS de Cypre, qui eft cité par Arnobe & par d'autres.
*Arnobe, //. 4. Fulgence , li. 1. Mythol. lyc.
NlCAiSK dit Du. VOhRDA de Malines, étoit en grande efti-
tne dans leXV. Siècle. On confrderaen lui, comme un miracle, qu'é-
tant aveugle dès l'âge de trois ans, il avoit connoiffance des Sciences les
plus relevées. Il fut Dofteur de Louvain , & fit divers Ouvrages. Auffi
fon mérite étoit fi g'éneralement reconnu ,que le Pape lui permit de fe
faire confacrer Prêtre ; il s'occupoit à la prédication , & à entendre les
Confeffions. Nicaifede Voërda mourut en 1491. Tritheme parle de lui,
& Valere André en fait auffi mention dans la Bibliothèque des Ecrivains
du Païs-Bas.
NICANDRE , Auteur Grec , fut non feulement Grammairien,
mais encore Poète & Médecin. Il vivoit environ la CXXXIV. Olym-
piade , 512,. de la Fondation de Rome, du tems d'Attalus,furnommé
Galatonkés, Roi de Pergame, qui avoit défait les Gaulois-Grecs. Sui-
das dit qu'il étoit fils de Xenophanes de Colophon , "Ville d'Ionie,&ciue
d'autres le faifoient Etolien de nation. Mais il eftalfuré, par le témoigna-
ge même de Nicandre, qu'il étoit de Claros. Le Scholiafte a bienaufli
remarqué que le Poète nomme fon père Damnée. Quoi qu'il enfoit, il
écrivit divers Ouvrages qiri font fonvent citez, par les Anciens, & dont
il ne nous relte .que Jheriaca & Alexipharmaca. Nous avons des Epi-
grammes à fa louange dans le i. Livre de l'Anthologie. *Ciceron,i/è.
deOrat. Macrobe , i/è. 5. Saturn. c. 21. Athénée, Pline, Suidas, &c.
citez par Gefner, in Bibl. parVoffius, lil>.4. de Hift.GrM.de Poét.GrM.
e.S. zj'de Philo/, c. rr. §. 36. Caftellanus, inVit.Medic. Lilio Giraldi,
Dial. il,, de Po'ét. Hijl, Jufte , Chron. Medic. Vander Linden , de Script.
Med. zs'c.
NICANDRE d'Alexandrie, Hiftorien Grec , qui écrivit un Traité des
Difciples d' Ariftote , félon Suidas. 11 eft différent de N i c a n d r e de
Chalcedoine, Hiftorien cité par Athénée, li. ir.
_ NICANOR, Général de l'Armée de Demetrius Soter , Roi de Sy-
rie , fe rendit conlidérable par fon courage & par fes entreprifes. Il fut
envoyé en Judée pour affifter Alcime; mais fes deffeins n'eurent pas
unfuccès favorable. Dans un fécond voyage qu'il fit quelque tems après,
il jura de ruiner le Temple &la Ville de Jerufalem. Judas Machabèe ,
avec trois mille hommes feulement , s'oppofa à fes deffeins & tua trente-
cinq rnille des Infidèles , avec ce Général impie. Cela arriva l'an 3893.
du Monde, la CLIV. Olympiade & cinq cens quatre-vingts- douze ou
quatre-vingts-treize de Rome. * I. des Machabées , c.7. IL c. 14. c?- 15.
Jofeph , li. II. Antiq. c. 17.
NICANOR , natif de l'Ile de Cypre , fut un des fept Diacres
choifis par les Apôtres. On dit qu'il prêcha dans fon pais & qu'il y
fut martyrifé. *-A(fles des Apôtres, ch. 6. Baronius, in Annal, e/
Martyr.
NICANOR d'Alexandrie , qui avoit écrit l'Hiftoire d'Alexandre
le Grand. Il pourroit être, fans doute,' le même que ce Leandre Ni-
canor dont je parle ailleurs. D'autres doutent, mais avecpeuderaifon,
que ce ne foit Seleucus N i c a n o r Roi de Syrie. Caries Anciens par-
lent de divers Auteurs de ce nom, comme de Nicanor Médecin Grec,
&c. *Laaance, li.ï.de faUâ Relig. cap.6. Vofrius,&c.
NICANOR de Sariios Hiftorien Grec, qui a fait un Traité des
Fleurs , félon Plutarque. On ne fait pas en quel tems il a vécu.
NICARAGUA, Province de l'Amérique Septentrionale, dans la
Nouvelle Efpagnc , entre Honduras & Cofta Ricca. Ses Villes font
Léon de Nicaragua, Grenade, la Nouvelle Segovie & Jaën. On donne
auflTi à cette Province le nom de nouveau Royaume de Léon, 5c il y a le
Lac de Nicaragua , qui eft' très-important. Ce Lac eft long de 130.
lieues. Il a flux & reflux, & fe décharge dans la Mer du Nort. On Fa
voulu communiquer à celle du Sud; mais on a craint les inondations,
cette Mer étant plus haute que celle du Nort. Le Nicaragua fut d'abord
noriimé le Paradis de Mahomet, à caufe de fa fertilité & de fes richef-
fes.
NICARAGUA , Province du grand Gouvernement, ou Parlement
de Guatimala, dans la nouvelle Efpagne , en l'Amérique Septentrio-
nale. Quelques-uns l'ont nommée autrefois , Nouveau Royaume de
Leon._ Ce païs eft fertile en maiz , mais il n'y croît point de froment.
Les pâturages y font excellens, & l'on y voit force bétail, à lareferve
des brebis. On y recueuille quantité de Coton : & les forêts y font plei-
nes de grands arbres,dontquelques-uus font fi gros que quinze hommes
NIC. 25
fe tenans par la main, n'en peuvent embrafifer le tronc. On trouve
des perles vers leCapBlanco fur la mer du Sud, mais elles n'ont pas une
beHe eau, & elles ne ^irvent gueres qu'à falfifier les vrayes, par leur
mélange. Prefque tous les Sauvages de cette Province lavent la Langue
Efpagnole,& font fort adroits dans les Arts mécaniques. Le Lac de Ni-
caragua eft remarquable par fon étendue, qui commence à trois ou
quatre lieues de la mer du Sud , ik va jufques à la mer du Nord par le
moyen d'un grand Canal qui s'y décharge, à l'endroit nommé le Port
S.Juan: on dit qu'il a plus de cent trente lieues détour. Il nourrit une
infinité de poifTons , & wi grand nombre de Crocodiles. Le flux & re-
flux s'y remarque comme dans l'Océan. La Ville principale de cette
Province, eft nommée Léon de Nicaragua: elle eft fituée fur le bord
du grand Lac : le Gouverneur de la Province, & les autres Officiers du Roi
y font leur fcjour ordinaire. C'eft auffi le fiege d'un Evêque fuffragant
de l'Archevêque de Mexique. A trois lieues de la Ville, on yoitun Vul-
can fur une montagne fort haute , qui jette le foir & le matin une fu-
mée épaifl~e, & vomit une grande quantité de pierres brûlées. La fécon-
de Ville de cette Province eftGr3nada,à feize lieues de Léon. Les Efpa-
gnols y cultivent des cannes de fucre,& font d'excellent vinaigre des ce-
lifcs qui y croiflTent. A tèpt heuës de Granada , on trouve encore un.
Vulcan,dont le fommet ne laiftè pas d'être couvert de plufieurs arbres
fruitiers. * De Laët , Hiftoire du Nouveau Monde.
NICARIA, Ifle de l'Archipel vers l'Afie, étoit anciennement ap-
pellée Icaria. Elle regarde au Levant Samo , au Couchant Nazia , au '
Nord Chio, & au Sud Patmos,!fles fameufes de la même mer. Son
circuit n'eft que d'environ 40. milles , "&: elle eft beaucoup plus longue
que large. Il y avoit un Temple nommé Tauropolion,confacré à Dia-
ne. Paufanias dit qu'elle eut le nom de Macris , (c'eft-à-dire longue, en
Grec) puis celui de Pergame, & enfuite celui d'Icaria, à caufe d'Ica-
re fils de Dédale, qui tomba dans la mer en cet endroit. Le terroirdc
l'Ille elï bon, s'il étoit bien cultivé, rftais les liabitans négligent de le faire
valoir , parce que les Corfaires les viennent Ibuvent piller. Sur la côte
qui regarde l'Orient, il y a une haute tour où l'on tient du feu allumé
toute la nuit pour fignal , à ceux qui courent ces mers , de ne pas aller
heurter contre des écueils dangereux qui font entre cette Ifle 8c Samo.
Depuis environ deux fiécles que les Turcs l'ont Ôtée aux Juftiniani de
Gènes, à qui elle appartenoit avec l'Ifle de Chio, elle eft fous leSangiac
ou Gouverneur de Gallipoii. Elle avoit une Ville de même nom, qui étoit
le fiege d'un Evêque fuffragant de Rhodes. Ch. Becman , Hifi. inful.
cap. 5.
NICASTRO , que les Latins nomment Nicaflrum ou Neocaflrum,
Ville du Royaume de Naples dans la Calabre Ultérieure', avec Evêché
fuffragant de Reggio. Cette Ville eft perite , fituée au pied du Mont
Apennin , à cinq ou fix milles de la Mer.
NICAULIS, Reine d'Egypte & d'Ethiopie. Jofeph eftime que c'eft
cette Reine de Saba , à laquelle quelq«iès-uns donnent le nom de Ma-
keda , qui ayant ouï parler de la Sageffe de Salomon , vint vers l'an
trois mil quarante-fix du Monde , du fond du; Midi à Jerufirlem ,
pour reconnoître fi tout ce qu'on difoit de ce jeune Prince étoit
véritable. Quelques Auteurs ont eftimé qu'elle venoit de l'Arabie Heu-
reufe. Province affez proche de la Paleftine; mais d'autres foûtien-
nent qu'elle venoit d'Ethiopie, au delà de la Mer Rouge. Quoi qu'il
en foit , il eft bien difficile de rien dire d'affuré fur ce fujet. L'Ecriture
dit qu'après qu'elle eut vii la magnificence de ce Roi , Se qu'elle
eut remarqué la fageffe de fes difcours, fa pénétration dans les chofes les
plus cachées , l'ordre- de fa Maifon , 8c le nombre de fes Officiers , elle
étoit ravie en admiration: ce qu'elle témoigna à Salomon par des dif-
cours très-obligeans , eftimant heureux ceux qui avoient l'avantage de
vivre auprès de lui. Elle fit de riches préfens à ce Prince, fix-vingtsta^
iens d'or, qui font près de huit millions de livres, des, perles très-pré-
cieufes, 8c grand nombre de parfums. Après avoir avoué que Salomon
inéritoit d'être confideré comme la merveille de fon Siècle, elle fe re-
tira comblée dejoye de tout ce qu'elle avoit vu Se ouï, 8c ce Prince
lui donna des préfens beaucoup plus précieux que n'étoient ceux qu'elle
lui avoit offerts. *III. des Rois, ch. 10. II. des Paralipomenes, ch, 9,
jofeph, liv. 8. Antiq. c. 2.
a5* Quand je rapporte le fenriiuent de Jofeph au fujet du nom qu'il
donne à cette PrincefTe , qu'il prétend être la Reine de Saba: je n'ai pas
deffein de le propofer comme une opinion affurée. Je fai qu'Abulenfîs
a.un fentiment oppofé à celui-ci; 8c je fuis perfuadé en mon particulier,
que la Reine de Saba qui fut rendre vifite à Salomon , pouvoir être def-
cenduë d'Abraham, parCethura; comme je le remarque ailleurs: ce
que les Curieux pourront voir dans les Auteurs que je cite. *Origene,
Hom.ij.inGenef. Baronius, A. Ci. Torniel,^. Af. 3043.». 13 C7'i4.
Abulenfis, inc. ro. 3. Reg.q.l.crc.ç.lib.z. Parai, q.i.
NICE, Ville de Provence, au DucdeSavoye, avec titre de Comté 8î
Evêché Suffragant d'Ambrun. Les Anciens Auteurs Latins l'ont nom-
mée diverfement Nicea , Nicaa , Nica , Nicia , 8c les Grecs ntxaix.
Elle a aufll eu d'autres noms, comme zt\aià.<iBelianda, 8c les Italiens
lui donnent aujourd'hui celui de Nizza, Son nom primitif qui veut
dire Vidloire , lui fut donné par les Marfeillois , qui en font les Fonda-
teurs; 8c qui, félon toutes les apparences, la bâtirent après avoir rempor-
té quelque victoire fur les Liguriens. 11 eft pourtant afliiré que la Vflle
deNicen'étoitpas fi confidérabledans fes commencemens; 8c qu'elle ne
s'eft augmentée que fur les ruines de Cimelle ou Cemelle,qui étoit la
capitale des Vediantiens,& le Siège de l'Evêché, qu'on transfera à Nice,
comme je le dis fous lenomdeCemelle.' Quant à Nice, elle fut premiè-
rement Colonie des Marfeillois; enfuite elle a été foûmife aux Rois
de Bourgogne, 8c aux Comtes de Provence; 8c enfin elle eft pafTée Ibus
la domination des Ducs de Savoye. Les peuples de Nice avoient fouvent
tâché de fecouer le joug de l'obéiflance qu'ils dévoient auxCo.ntesde
Provence leurs Souverains.ce que les Hiftoriens de cette Province prou-
vent par la guerre que leur firent Raimond Berenger III. en mil cent
foixante-fix , &c Raimond Berenger V. en mil deux cens vingt-neuf.
Amé ou Amedée VII. ufurpacePaïs à Jeanne Comteffe de Provence,
dans le tems qu'elle étoit occupée aifleurs, durant les Troubles du Royau-
me de Naples. Ils n'ont pu pallier leur ufurpation. Mais ils diiènt que
leurs
24
NIC.
leurs droits fur ce Comté, font fondez fur une ceffioti , qu'ils prétendent i
leur avoir été faite en mil quatre cens dix-huit, où mil quatre cens dix-
neuf par loland , mère & tutrice de Louis III. Comte de Provence , &
Roi de Naples , qui laifla Nice pour une prétention de cent foixante
mille livres, qu'Ame de Savoyediioit lui être dûë. Cependant les Dépu- \
tez de nos Rois leur ont fait voir en diverfes occafions que ce droit ell |
imaginaire, & qu'Ioland ne pouvoir pas céder Nice, quand même les ;
prétentions du Duc de Savoye auroient été raifonnables. Cette Ville eft
belle & marchande. Il y a un des Souverains Sénats du Duc de Savoye,
& un Château des plus forts de l'Europe. Auffi la Ville ayant été prife
par l'Armée du Roi François I. conduite par François de Bourbon ,
Comte d'Anguien,&par les troupes du Turc fous BarberoufTe, le lo.
Août 1543. le Château ne pût être pris. Le fapePaul III. étoit venu
l'an 1538. à Nice, où fe fit l'entrevûë du même Roi François 1. & de
l'Empereur Charles V. avec une trêve pour dix ans, le 18. Juin. Louis
XIV. prit Nice l'an 1691. Nice eft une belle Ville. L'Eglife Cathédrale
eft dédiée à Ste Reparée ou Reparate. Il y a encore trois Paroifles, un
Collège, & diverfes Maifons Religieufes. Le Comté de Nice eft divifé en
Vicariat de Nice, Vicariat de Barcelone, Vicariat de Sofpello, &: Vicariat
de Fuerin ; & a encore Ibus foi les Comtez de Bueil & de Tende. La
Ville, fituée dans une campagne extrêmement fertile, eft au pied des
Alpes.&aubord de la Mer,entre la Rivière du Var& Ville-Franche, qui
eft le Port. Au relte.r Amphithéâtre, les Infcriptions& les autres Monu-
niens qu'on voit en cette Ville, font des témoignages de fon antiquité.
Pierre Jofred en a écrit l'Hittoire.François Raftni dit Martininguc,Evêque
de Nice, publia en mil fix cens vingt des Ordonnances Synodales. *Pto-
lomée, tab. 3. Eur. Strabon, liv. 4. Pline, liv. 5. ch. 4. Pomponius
Mêla, li.z.e.4.vc Pierre Jofred , in Nic£.iCivit. Ferdinand L'ghel ,
Tom. IV. Ital Sacre. Sainte Marthe , Tom. m. Gall. Chrift. François-
Auguftin de la Chiefa , in Chron Epifc. Sabau c? Corona Regiâ. Guiche-
non, Hifi. de Savoye, Vincent BaTralis , in Chron. Lirin. Rufi,Hift.des
Com.deProv. Nottradamus & Bouche, Hili.de Prov. Caftan & du Pui,
ncch. des droits de France, Uomguts, furies Statuts de Prov. &c. Cher-
chez Cemele.
NICE de la Paille, Ville d'Italie, dans le Montferrat. Ceux du païs
la nomment Nizzadetta Paglia. Elle eftentre Aft& Aqui,& elle louf-
frit beaucoup durant les guerres d'Italie. Cherchez aufli Nifte.
[NICEAS, Evêque de Romaciane, dans la Mefte fuperieure , au
commencement du cinquième Siècle. Il ne nous refte aucun de fes
Ecrits , fur lefquels on peut confuker Genmde.~]
NICEE, Ville de Bithynie dans l'Afie Mineure. Antigonus fils de
Philippe en Fut le Fondateur, & la nomma Antigonie, nom que depuis
Lyfimachus lui changea, pour lui faire porter celui de Nicée,en l'hon-
neur de fa femme Nicea , fille d'Antipater. Pline la nomme Oll>ia,&c
Etienne de Byzance Ancore. On lui donne aujourd'hui le nomd'Ifhich,
de celui d'un grand Lac voilin. Il eft vrai que Leunclavius la nomme
Nichor, & Sophien Nichea. Quoi qu'il en foit, cette Ville, qui étoit Mé-
tropole de Bithynie , riche & grande , a été plus célèbre par fes deux Con-
ciles Généraux , dont je vais parler, que par tous fes autres avantages.
* Strabon, /.li. Pline,/.5.c.»/f. Etienne, deUrbib. Sophien, &c,
I, Concile Général de Nicée.
L'hérefie d'Arius fut le fujet de la convocation de ce L Concile Gé-
neral.affembléen trois cens vingt-cinq fous le Pontificat de faintSilveftre,
& l'Empire de Conftantin le Grand. Ce Prince avoit écrit à Arius , &
n'avoit rien oublié pour s'oppofet à fes erreurs ; mais voyant fes foins
inutiles, il crût devoir ufer d'un plus grand remède, pour arrêter le cours
d'un fi grand mal. Soit que ce fût à la perfuafion d'Ofius de Cordouë
& d'Alexandre d'Alexandrie, comme quelques-uns le difent; foit que
ce fût de fon propre mouvement, il le perfuada qu'un Concile compofé
d'Evêquesde toutes les parties du Monde, étoit l'unique moyen ^ui lui
reftoit pSur réunir toute l'Eglife fous une même créance. Ainfi il écrivit
aux Prélats de toutes les Provinces de l'Empire, des Lettres très-refpec-
tueufes , par lefquelles il les prioit de fe trouver à Nicée , pour un jour
qu'il leur marquoit. Et afin qu'ils s'y pùffent rendre plus commodé-
ment, il donna ordre qu'on leur fournît des voitures, tant pour eux que
pour ceux qui lesaccompagneroient dans ce voyage. 11 en vint de toutes
les Provinces ,& le nombre en monta jufqu'à trois cens dix-huit. Ofius
de Cordouë , Vitus & Vincent Prêtres de l'Eglife de Rome, y vinrent
Légats de la part du Pape Silveftre ; foit qu'ils y préfidaflentenfon nom,
comme lèvent le Cardinal Baronius ; foit qu'ils y tinffent feulement fa
place, comme l'afllirent Gelafe de Cyzique, Photius & plufieurs autres.
Les principaux Evêques qui compofoient cette illuftre afl'emblée,
étoientConfelfeursde Jesus-Christ, & ils en portoient les marques fur
le corps. On y vit Alexandre d'Alexandrie avec fon Diacre Athanafe, qui
eft fi renommé dans l'Eglife , Euftathiusd'Antioche, Macaire de Jeru-
falem , Paphnuce de la haute Thebaïde , Potamon d'Heraclée fur le
Nil , Jaques de Nifibe , Afclepe de Gaze, Amphion d'Epiphanie, Léon-
ce de Cefarée , Nicolas de Mire , Cecilien de Carthage , & divers au-
tres illuftres Prélats. Arius y eut auffi des Partifans; il eft vrai qu'ils y
étoient en petit nombre. Us voulurent pourtant troubler le Concile, en
accufantde crime les Evêques Catholiques; mais l'Empereur fit brûler
leurs libelles diffamatoires. L'AflTemblée fe tint dans le Palais Impérial ;
& ce fut environ le dix-neuviéme Juin de l'an 325. qu'on fit l'ouverture
du Concile. Conftantin y entra vêtu de pourpre & tout couvert d'or :
11 prit fa place au milieu des rangs des Evêques; & ne voulut point être
afÉs, dansun trône, biffant cet honneur à l'Evangile de Jesus-Christ.
Ce Prince y fit un très-beau difcours, par lequel il déclara publiquement
qu'il ne lui appartenoit pas de juger des queftions de la Foi , & qu'il en
laiffoit la décilion aux bvêques. Arius entra auffi dans le Concile; il y
parla avec toute liberté, & y prononça d'horribles blafphemes. Mais il y
fut convaincu par les Evêques , & particulièrement par faint Athanafe ;
&,nnfi fes erreurs y furent condamnées, auffi bien que fes Ouvrages, &
fur tout fon Livre intitulé Thalie. On y établit la Confubiîantialité du
Verbe,paruneProtefriondeFoi ou Symbole, qui y fut dreffé par ordre
même du Concile , qui fit auflî un règlement touchant la Fête de Pâ-
NIC.
ques, ordonnant de-lâ célébrer en un même jour. Eteh effet, ce Concile
avoit été convoqué pour deux motifs, dont l'un qui regardoit la doftri-
ne, étoit la necefTité de s'oppofet aux erreurs d' Arius,& l'autre qui concer-
noit la difcipline de l'Fglife , étoit fondé fur l'obligation de fixer un
jour certain , auquel la Fête de Pâques devoit être célébrée par tous les
Chrétiens. Il y avoit d'autres Reglemens à faire , touchant la difcipline
de l'Eglife; le Concile y pourvût par 20. Canons qui ont fervi de régie
à tous les Siècles futurs ; & que Théodorct appelle les Loix de la Police
Ecclefiaftique. Le i . de ces Canons défend d'ordonner ceux qui avoient
été volontairement mutilez. Le 2. défend l'Ordination des Néophytes.
Le 3. marque quelles femmes peuvent demeurer avec les Clercs. Le 4. ré-
gie l'Ordination des Evêques. Les autres prefcri vent les choies néceffaires
pour la difcipline, foit pour le règlement des Eglifes, les Excommunica-
tions, les Pénitences, l'Ordination des Clercs, &c. Je ne dois pas oublier
que Rufin met 22. Canons, mais comme ils ne contiennent rien davan-
tage que les 20. dont j'ai parlé, la chofe ne mérite pas d'être confiderée.
Je dis le même pour ce grand nombre de Canons, que les Arabes attri-
buent au Concile de Nicée, & dont les Pères Alphonle Pifan, & François
Turrian Jefuites , auflî bien qu'Abraham hcchelleniis Mafonlte, ont
fait des Verfions que nous avons dans la dernière édition des Conciles ;
puifqu'au fentiment des Dodles, il n'y a rien de plus vifiblement apo-
cryphe que cette compilation, qui a été inconnue à toute l'Antiquité.
* Eufebe , Vita Confiant Rufin , lib. i. Hift. Theodoret & Sozomene, U,
I. Gelafe de Cyzique, inColleâî. Hicephore, in Chron. Baronius, .i. c.
325:. CabaflTut, wo/«. Con«/. t\trmnn,li.2..delaViede S. Athamtf.T.lI.
Concil. Abraham Rcchellenfis,*/^ Prim. Rom. Hj/ifc. cyc [Voyez l'Hiitoire
de ce Concile dans le TomeX.de la Bibliothèque Univerf. dans la Vie
d'Eufebe de Cefarée.] •
77. Concile de Nicée, VII. Général.
Ce Concile qui eft le VII. Général , fut afl'emblé en 787. contre les
IconomaquesouBrife-lraages. Les Empereurs d'Orient avoient foûte-
nu les erreurs de ces Hérétiques ; & avoient perfécuté ceux qui hono-
roient les faintes Images. Après la mort de Léon» IV. en 780. l'Eglife
commençaderefpirercn Orient, durant le règne de Conftantin, fous la
conduite de fa mère Irène , qui s'empreffa beaucoup pour rétablir les
Images. Et en effet, après avoir fait mettre S. Taraife fur le Siège de
Conftantinople , elle agit fi bien que le Pape Adrien I. trouva bon qu'on,
célébrât un Concile General , & il y envoya en qualité de fes Légats,
Pierre Archiprêtre, & un autre de ce nom Abbé de faint Sabas. U s'y
trouva 360. Evêques d'une éminente doftrine & pieté. Ce Concile fut
ouvert le vingt-quatrième Septembre , & conclu le douzième Oétobre
de la mêmeannée787. Les Evêques s'affemblerent fept fois, cequ'on
exprime en fept Aftions ou Sefïïons. On y lûtles Lettres du Pape à l'Em-
pereur & aux Patriarches d'Orient, avec les réponfes; & tout ce que les
Anciens Pères avoient dit à ce fujet. Enfuite on ordonna tout d'une voix:
que Ton rètabliroit les Images de J fi s u s-C h r i s t , de fa Mère & des
Saints, pour exciter les hommes à imiter leurs vertus, à les révérer, 8c à
rapporter aux Originaux les honneurs qu'on leur rend. On ordonna aufïi
qu'on revercroit les Reliques des Saints, que ceux qui auroient des fenti-
mens contraires , feroient excommuniez & que s'ils étoient Evêques ,
ils feroient dépofez. Après cela on apporta l'Image de j esus- Christ nô-
tre Sauveur,& chacun l'adora le genouil en terre, en le fuppliant de leur
faire la grâce de voir l'exécution de leurs Décrets. On revit enfuite les
Aftesd'un faux Concile, que les Iconomaques avoient tenu à Conftan-
tinople ;& après avoir renverfépar des raifons & des paffagesdel'Ecritu-
re,les argumens qu'on y alleguoit , contre les I mages,le Concile prononça
anathême contre cette Affemblée de méchans,& contre ceux qui par leur
lâcheté avoient augmenté la fureur des Empereurs Iconomaques. On
y drefla aulTi 22. Canons. Le 2. de ces Canons défend d'ordonner ceux
qui pour le moins ne favcnt pas le Pfeautier. Le 3. eft encore pour '"
l'èledlion des Evêques. Le 7. défend de confacrer destglifes ou des Au-
tels où il n'y a point de Reliques des Saints. Le 14. règle l'Ordination des
Clercs ;& le 15. leur défend d'être attachez à deux Eglifès, c'eft-à-dire,
qu'il défend la pluralité des Bénéfices. Le 16. leur défend de porter des
habits trop beaux & trop feculiers. Le 17. s'oppofe aux nouvelles fonda-
tions des M onafteres; & le 20. conforme aux Règles de faint Bafile, au
28. Canon du Concile d' Agde , tenu en 506. & à l'onzième du II. de Se-
ville,tenuen6i9. défend les doubles Monafleres d'hommes & de filles;
c'eft-à-dire qu'il ne veut point que les uns & les autres habitent dans une
même maifon T« ^(n-Aa iA.maç>ie^». Le Pape Innocent III. avoit de^
puis ordonné la même chofe. J'ai parlé ailleurs de ce que fit contre ce
Concile celui de Francfort, aflemblé fous Chariemagne en 794. * Inno-
cent III. i» ''«g- 15. ef. 80. 4(/iïe/e».JS/ii/c. Voyez auffi, Lex fanâîiff. 44,
Cod. de Epifi. £7 Cleric. T. VU. Concil. Baronius , A. C. 787.
. Taux Concile de Nicée.
Commele Schifme eft le carafterele plus commun de l*hérefie,les Ariens
5près avoir divifé l'Eglife fe partagèrent eux-mêmes, ayant propofé dif-
férentes Confeffions de Foi au Concile de Sirmich en35:7. L'Empereur
Confiance leur protedeur, ayant deffein de les réunir , fit le projet d'un
Concile Oecumenique,qui fe devoit aflembler à Nicomedie en 3 58. Mais
un tremblement de terre qui ruina cette Ville , empêcha l'exécution de
ce deffein. Conftance ne fâchant à quoi fe déterminer, confulta Bafile
-d'Ancyre, qui lui confeilla de convoquer ce Concile à Nicée, puifque les
Prélats étoient déjà en chemin. L'Empereur approuva ce deffein ,& or-
donna que les Evêques fe trouveroient à Nicée au commencement de l'E-
té de l'an 3^9. que ceux qui n'y pourroient pas venir y envoyeroientdes
Députez pour porter leurs fentimens; ôc quel' Affemblée en nommeroit
enfuite dix d'Orient, & dix d'Occident , pour lui venir apporter l'arrêté
du Concile, afin, difoit-il, qu'il vit auffi s'il étoit conforme auxEcritures , '
& qu'il jugeât ce qu'il auroit à faire. Ce qui étoit leur fignifier qu'il en'
vouloir être le maître ,& en former les décifions. La divifion des Ariens,
l'inconftance de fEmpereur , & le tremblement de terre qui avoit
auffi rumé Nicée , empêcha encore l'exécution de ce deffein. Us ne
laifferent pourtant pas de tâcher à furprendre les Fidèles , par un Sym-
bole qu'ils datèrent de Nicée dans la Province de Thrace, où quelques-
uns
NIC.
uns s'affemblerent; mais cela n'eut point de fuite. * Sozomene, U. 4-
Theodoret , li. i. S. Athanafe , de Syn. Baronius , in Annal. -
[NICENTIUS , Préfet des Vivres {Pr/ifettus Annoiia) fous Va-
lentinien le '^eune, en ccclxxxv. Il en eft fait mention dans la /. 5.
Cod. Jufim. de diver/is refcriptis. ]
S. NICEPHORE I. de ce nom , Patriarche de Conftantinople ,
fuccéda à Taraifeen 806. 11 étoit fils de Théodore , qui avoit été Secré-
taire des Empereurs d'Orient. Nicephore exerça cette charge , pendant
quelque tems. Mais dégoûté de la Cour il fe retira , dans le defléin de
palfer le relie de fes jours dans im Monaftere. On l'élût pour remplir
fa place de Taraifc , quoi qif il ne fût pas encore Clerc , & quoi qu'il
s'oppofât à cette promotion. On l'obligea de tenir un Synode, qui le
mit en mauvaile réputation , mais fa conduite & fa profeffion de foi ,
qu'il envoya au Pape Léon III. témoignèrent quels fentimens on devoit
avoir de fa pieté. Auffi l'Empereur Léon i'^rwzewié'» qui releva l'hérefie
des Iconomaques , ne pouvant fouffrir le zèle avec lequel Nicephore
s'oppofoit à fes erreurs, le relégua dans un Monaftere qui eft de l'autre
côté du détroit de Conftantinople , oià il mourutiaintement,âgéde7o.
ou 71. ans, en 818. après y avoir paifé quatorze ans en exil. Le Mar-
tyrologe Romain en fait mention le 13. Mars, & le Menologe des
Grecs au 1. de Juin. Nous avons de lui un Abrégé Hittorique ,
BiftorU Breviarium , depuis la mort de l'Empereur Maurice , jufqu'à
Léon IV. que le P. Petau publia en 16 16. & qu'il fit depuis mettre dans
!e Corps de l'HiftoireByzantineen 1648. Ce Prélat compofa auffi un au-
tre Ouvrage intitulé Chronologia Tr/f^irma , qu'Anaftafe le Bibliothécai-
re avoit traduit en Latin; & que Jofeph Scaliger, le P. Jaques Goar
Jacobin , & divers autres ont publié. Je fai bien que quelques Auteurs
ont attribué cette pièce à un autre Nicephore, qu'ils nomment /ejfea-
m , mais les Modernes font perfuadez qu'elle eft du Patriarche de Conf-
tantinople, & qu'Anaftafe y fit une addition. Nous avons encore de lui
fa Confeffion de Foi dont j'ai parlé, que le Cardinal Baronius rapporte
dans le IX. Tome de fes Annales. On lui attribue aufli les Opufcules
contre lesBrife-linages. Je ne dois pas oublier que le Corps de ce Con-
feffeur ayant été trouvé entier dix-huit ans après fa mort , le Patriarche
Methodius le fit porter à Conlfantinople. L'Empereur Michel III. fe
trouva à cette Tranflation , portant un flambeau auprès dh Corpsfaint.
* Théodore Studita , in Efiji. Theophanes , in Orat. Encomiaftica apud
Surium d. 13. Mart. Photius, cod. 66- Cedrenus, Zonaras & Glycas,
in Annal. Bellarmin ,Poffevin , Le Mire , Voflius , /i. 2. c. zj. de Htft.
Cric, e? in adden. Labbe , in Affar, Hifi. Byzant. Baronius , in Annal. ©■
'Marfjrol.
NICEPHORE II. Archevêque d'Ephefe, fut mis fur le Siège de
l'Eglife de Conftantinople après Arfene,en 1260. 8c il mourut l'année
d'après. * Gregoras , li. 4.
NICEPHORE I. de ce nom. Empereur de Conftantinople , dit
Logothete, étoit Intendant des Finances & Chancelier de l'Empereur.
11 fe révolta contre l'impératrice Irène, veuve de Léon IV. & l'ayant
leleguée dans l'ifle de Metelin , il fe mit fur le trône, le dernier jour
d'Odobre de l'an 801. On attendoit beaucoup de fon gouvernement,
mais on fut bien trompé , car il ne fut jamais de Prince plus cruel &
plus impie que lui. Ilfavorifoit les Iconomaques & les Manichéens en
toutes rencontres, 5c ne parloit jamais qu'avec mépris de l'Eglife Ro-
maine & des Prélats. Ceux qui ont écrit de lui , avouent qu'il étoit
rempli de toute forte de vices ; quoi qu'il tâchât de les déguifer , fous
l'apparence de quelques verfus. Il envoya des Ambafladeurs à Charle-
magne,8c pour affermir l'Empire dans fa Famille ,il fit couronnerfon
fils Staurace. Les Sarrafins le défirent en 804 8c il leur paya tribut.
Cependant quelque avantage qu'il remporta fur les Bulgares le rendit
infolent. Crumme Roi de ces peuples, lui avoit demandé la paix avec
toute forte de foùmiffion. Nicephore voulut la guerre avec plus d'opi-
niâtreté que de jullice : il la fit , 8c les Bulgares ayant fait de nuit une
attaque , mirent fon armée en déroute Se le tuèrent dans fatente, le 26.
Juillet de l'an 8n. Staurace fon fils ne fe fauva qu'avec peine, étant
bleffé dangereufement. * Theophane , in Chron. Cedrene 8c Zonare , in
Annal. Gnc,
NICEPHORE II. furnommé Phocas , avoit commandé les ar-
mées du tems de Romain le 3e«««,ôcavoitprisrifledeCandie aux Sar-
rafins. Depuis il fut mis par les foldats à la place du même Romain ,
dont les fils étoient encore trop jeunes pour gouverner. Le Patriarche
Polyeuéte le couronna le feiziéme Août de Tan neuf cens foixante-trois.
Nicephore époufa Theophanie , veuve du même Romain. Cet Empe-
reur ne fut pas moins illuftre par fes triomphes , qu'il avoit été aupara-
varit. Il prit aux Sarrafins la Syrie , la Cilicie , l'ifle de Cypre , avec Antio-
che 8c Tripoli. Mais fon avarice corrompit toutes fes belles adtions. Pour
y fatisfairc il opprimoit fes fujets,il leur ôtoit leurs biens avec injuftice,
Se il laiflTa la Ville de Conftantinople dans une extrême difette de blé.
On dit même que, pour recompenfer fes foldats , iï leur permettoit le
pillage des Egliies. Ainfi la haine domeftique furpaCTant la gloire que les
armes lui avoient aquife, il ne pût éviter les embûches que lui dreife-
rent quelques Seigneurs de fa Cour , que l'Impératrice Theophanie fai-
foit agir pour favorifer Jean Zcmifcès fon galant. Ces conjurez tuèrent
Nicephore dans fon Palais , l'onzième Décembre de l'an 969.* Curopa-
late 8c Cedrene , in Annal.
NICEPHORE III. furnommé Botoniates , commandoit les trou-
pes de l'Empire en Afie. Il devint confidérable , 8c alTifté d'une armée
des Turcs, fe rendit maître de Conftantinople, où il fut déclaré Empe-
ieiir,le 2j. Mars de l'an 1078. Enfuite ayant relégué dans un Monaftere
■Michel Parafinace, zvec fa femme &: fon fils Conftantin, il commença
de régner depuis le 7. Avril, jour de Samedi faint de la même année,
jufques fur la fin du mois de Mars 1081. qu'il fut contraint de quitter la
pourpre Impériale , pour prendre l'habit de Moine , laiflant le trône à
Alexis Comnene. * Jean Guropalate , Anne Comnene , Zonare, Cedre-
ne, &c.
NICEPHORE, Diacre de Phrygie, Auteur Grec II avoit écrit
l'Hiftoire de fon tems, comme nous l'apprenons de Jean Guropalate 8c
de George Cedrene , in Pnf. Hifi.
KICEPHORE , Philofophe 6c Orateur, vivoit dans le X. Sie-
Jome IV.
NIC.
îj
cle. Il prononça l'Oraifon funèbre d'Antoine , Patriarche de Conftan-
tinople , mort en 901. Nous avons cette pièce dans Surius , T. 1. d. 12.
'Bebr.
[NICEPHORE Chartophylax , que l'on foupconne avoir vécu
vers l'an dccc. Il y en a quelques Ouvrages traduits' en Latin , dans' la
Bibliothèque des Pères, 8c dans le Recueuildu Droit Grec-Romain. Cave
Chartophyl. ]
[NlCtPHORE Sryennc, Macédonien, qui eut premièrement la
dignité de Panhyperfei/afie,&c fut après Ce/ar. Anne Comnene en parle
dans fon Alexiade. Il mourut l'an MCXXXVII. On a de lui en Grec,
un Ouvrage intitulé Cemwentarii de rébus £y*fl«*i»;5,quelcP.Pofljna
publié à Paris en i66j. avec des Notes. Du Gange a aulfi fait des remar-
ques fur cet Auteur, qu'il a fait imprimer en i670.àlafindeCinwflOTe.
Cave Chartophyl.~\
NICEPHORE dit liaa-ixûxi®^ , Frofefl"eur de Rhétorique à Conf-
tantinople, vivoit environ l'an 1 181. 8c il lailfa quelques petits Traitez
recueuillis avec ceux d'Heraclite , de Libanius &c de quelques autres par
Léo Allatius; 8c imprimez à Rome en 1641. Nicetas Choniates parle
de lui, ec d'autres en font auffi mention. * Nicetas, /;. 7. Manuel.
Comn. 8c Jean Cinname, /;. 4. Hifi. liom. Voflius, li. 4. de Hifi.
Gr^c. eyc.
NICEPHORE dit Blemmidas, Religieux Grec, qui vivoit dans
le XIII. Siècle, qui refufa d'être Patriarche de Conftantinople. Il fit
divers Ouvrages. ^^ Gefner,;» Bibl. ?oS:c\in ,in Afpar.Sacr.Soonde&i
Rainaldi , in Annal.
NICEPHORE dit Cailiste, parce qu'il étoit fils de Callifte, 85
Xanthopule , Hiftorien Grec, vivoit dans le XIV. Siècle, fous l'Empire
d'Andronic Paleologue ï Ancien, Ae. Michel èi d'Andronic le Jeune. Il
compofa une Hiftoire Ecclefiaftique en vingt-trois Livres , dont il ne
nous en refte que 18. qui contiennent ce qui s'eft paflTé depuis la naiflàn-
ce du Fils de Dieu, julqu'à la mort del'EmpereurPhocasenôio. Nous
avons l'Argument des cinq Livresfuivans,depuisle commencement de
l'Empire d'Heraclius , jufques à la fin de celui de Léon le philofophe , mort
en 91 1 . Il dédia à l'Empereur Andronic Paleologue l' Ancien cet Ouvrage ,
que Jean Lange traduiiit en Latin. Nous en avons diverfes éditions, de
Bâle en 1553. <^^ Paris en 1562. 8c 1630. Cette dernière faite par les
ioins du P. Fronton le Duc, eft la plus ellimée. On attribue à Nice-
phore d'autres Traitez , dont on verra le dénombrement dans les Au-
teurs que je cite. * Guillaume Eifengrein , i» Catal. Eccl. Script.?oRe.-
vm , m Appar. Sacr. Voffius , it.z.de Hifi. Grac. c. 29. Bellarmin, Sixte de
Menne, 8<c.
NICEPHORE GREGORAS, Hiftorien Grec, floriffoit dans le
quatorzième Siècle. Il compofa une Hiftoire, qui contient, en onze
Livres, ce qui s'eft pafiTé depuis l'an 1204. que Conftantinople fut prife
par les François, jufqu'à la mort d'Andronic Paleologue le Jeune, en
1341. Nous avons cette Hiftoire avec la traJudtion Latine de Jérôme
Wolf, imprimée à Bâle en 1561. èc à Genève en 1615. Nicephore in-
terpréta un Traité de Synefius, de infomniis , que Turnebe publia en
lî 53. 8c que nous avons de la verfion de Jean Pichon, parmi les Oeuvres
du même Synefius. Jean Cantacuzene parle très-mal de cet Auteur.
* Jean Cantacuzene , //. 4. Hifi. c. 24. 25./;. 7. 8. 9. Jufte Lipfe, innot. li, i.
Politic. Bellarmin , Poflevin , Voflius , le Mire , 8cc.
NICETAS I. de ce nom. Patriarche de Conftantinople, étoit Ef-
clavon de nation , Eunuque 8c Hérétique Iconomaque. Cette averfîon
qu'il avoit pour les faintes Images le rendit cher à l'Empereur Conftan-
tin Copronyme, qui ayant chafle un de fes partifans du Siège de Conf-
tantinople , y mit celui-ci en 766. Il fe maintint par fes lâchetez dans
cette Dignité qu'il conferva jufques à fa mort, arrivée en 780. * Guro-
palate &(. Cedrene , in Compend. Baronius in Annal.
•NICETAS II. dit Mundanus fucceda en 1186. à Bafile Camaterc,
que l'Empereur Sfaac l'Ange avoit dépofé. 11 gouverna cette Eglife fit
ans èc fîx mois, mais fon grand âge fut caufe qu'onlui donna en 1193.
Léonce pour fuccefl^eur. * Nicetas Choniates ,l^.^. in Ifaac. Ang. Baro-
nius , in Annal.
NICETAS ACOMINAT dit Choniates, parce qu'il étoft
de Chone ou Colofle, Ville de Phrygie, Hiftorien Grec, qui vivoit
dans le XIII. Siècle. Il avoit eu des emplois confidérables à la Cour des
Empereurs de Conftantinople ; i^ quand cette Ville fut prife par les
François en 1204. il fe retira avec une fille qu'il avoit enlevée aux enne-
mis,8c qu'il époufaàNicéeenBithynie,oûilpa(ralereftede fesjours. Il
compofa une Hiftoire ou des -Annales, depuis la mort d'Alexis Comne-
ne en 1118. jufqu'à celle de Baudouin en 1205. Cet Ouvrage que nous
avons de la traduâion de Jérôme Wolf,a été imprimé à Bâle en 1557.
puis àGeneveen IS93.*C dès l'an 1647. il fut mis dans le Corpsdel'Hif-
toire Byzantine, de l'impreflTion du Louvre. Pierre Morcl de Tours tra-
duifit dans le XVI. Siècle les cinq premiers Livres du Thréfordela Foi
Orthodoxe, attribuez à Nicetas. Ils furent imprimez à fzminoSlavot'u.
rj8o,8c on les a depuis mis dans le XII. Volumede la Bibliothèque des
Pères de Cologne. Nous avons encore d'autres fragmens de cet Auteur ,
comme de ce qui s'obfcrve quand un Mahometan fe fait Chrétien , 8cc.
Michel Choniates frcre de Nicetas , compofa à fa mort un de ces Chants
Lugubres dits Monodia , que le même Morel a auflj traduit. * Jérô-
me Wolf, in Pr^fat. PolFevin , in Appar. Sacr. Bellarmin , de Script,
Eccl. Voffius, de Hifi. Grue. lib. 2. cap. 28. Leo Allatius, de Nicetis,
NICETAS DAVID, Hiftorien Grec, que quelques-uns font na-
tif de Paphlagonie , vivoit fur. la fin duJX. Siede. Il écrivit la Vie de
faint Ignace Patriarche de Conftantinople, que Frédéric Metius, Evê-
que de Termuli, avoit traduite. Le Cardinal Baronius s'étoit fervi de
cette Verfion; nous en avons une autre du P. Matthieu Radere, impri-
mée à Ingolftadt en 1604. Confultez Nicephore Callifte, au Li. 14. ch.
28. de fon Hiftoire, Jean Guropalate, Cedrene, 8cc. Baronius, Bel-
larmin, Poflevin, Volftus, Le Mire, Leo Allatius , 8cc. Il y a eu quel-
ques autres Auteurs de ce nom, dont Geûier 8c le même Leo Allatius
font mention.
[NI CET A S 'de Maronie, de Chartophylax delà grande Egli-
fe devenu Archevêque de Theflalonique , a vécu vers l'an MCC.
D îl
2é
NIC.
Ilaéte aflei favorable aux Latins, & l'on peut voir la lifte de fes Ecrits
dans Léo AlUtius de Eccléf. Occid. & Orient. Confenf.
TNICETAS Moine de Conftantinople qui a vécu vers lan mcxx.
& qui a écrit pour le Concile de Chalcedoine, contre le Prince d'Arme-
H'e. Léo AUat.de Ecclef. Occident, e? Orient. Confenf] _
fNICETA'S furnommé PeHorat, Moine, Grec, qui a vécu lur le
milieu de ronziéme fiécle,& qui a écrit des Az.ymes contre les Latins.
Cave Cai-lophyl. ] „ . . ,
fNICETAS furnommé Seidus, que Ion croit avoir vécu au com-
mencement du dîîiiémefiécle, a écrit quantité d'Ouvrages contre les
Latins , fur lefquels on peut confulter Matins de Occtd. e? Orient. Ec
clef Confenf] ,, . , , j t- v
[NICETAS furnommé Serfon,Dhcx& & Maître de la grande Egli-
fe , & enfuite Archevêque d'Heraclée , contemporain de Theophyladte, a
vécu vers l'an mlxxvii. Allatius le confond mal à propos avec Nicetas de
Paphlagonie Nous avons de lui des Commentaires en Grec & en Latm
{m Grégoire de Naz.ianze,Sc Caiena in Jobum,S<. quelques autres Ou-
vrages de la même nature. Cave Cartophyl. ] ^ ., ,, „
rNICETlUS Evêque de Trêves, qui affifta a un Concile d Auver-
gne en Dxxxv. On a quelques Ouvrages de lui que l'on trouve dans les
Recueuils des Conciles & de Luc d'Acheri. Cave Cartophyl.}
(NICETUS , Evêque, qui avoit écrit un Livre de fide, quon
joignoit à ceux de S. Ambroife adrefîez à l'Empereur Gratien. Caffw-
<:?i;rÊ, Divin* Litter. c. XVI.]
NICIAS (Curtius) Grammairien, vivoit en 705.. de Rome, il
étoit grand ami de Pompée & de Memmius. Ciceronleconfideroitaufli
beaucoup; & en écrivant à Dolabella il lui dit qu'ayant été étabb pour
juge entre Nicias & Vidius , pour une affaire pécuniaire , il traiteroit
favorablement le premier , qu'il nomme jucundiffimuso-vu^iàrr,!;, ce qui
fait voir qu'il étoit des amis particuliers de Ciceron.* Suétone, rfê5 ««a//.
Gramm. ch. 14. , ,. ,- .,
NICIAS, Capitaine Athénien , étoit fils de Niceratc, que fa vertu
Se fes richeffes avoient rendu confidérable à ceux de fon pais. Il s éleva
par fon mérite à divers emplois de la guerre, car il fut General des Ar-
mées de Mer; & il remporta des avantages très-glorieux a fa patrie. 11
perfuada aux Athéniens de confentir à une trêve de cinquante ans , avec
ceux de Sparte. Depuis la guerre de Sicile ayant été refolue, il fut nom-
mé pour être un des Chefs. Mais cette entreprife ne leur fut pas fa-
vorable ■ leur armée fut défaite par ceux de Syracufe , qui prirent Ni-
cias prifonnier & le firent mourir, la XCI. Olympiade, 441. de Rome.
* Thucydide , /i. 4. 5. 6. cy 7. Bifl. Diodore de Sicile , h. 11. Flutarque ,
NiClÀS , Médecin du Roi Pyrrhus, loiié dans les vers de Theo-
crite & dans Stobée,&qui parle de fon Livre de Lapidibus. Ilvivoitla
CXXV. Olympiade. -x . „ , . , „
NICIAS de Nicée, écrivit la Vie des Philofophes ,& quelques autres
. Traitez , alléguez par Athénée. Elien parle d'un Peintre de ce nom , &
Plutarque fait mention d'un autre Auteur Grec. * Athenee, ^.46.^-
10 Elien, diverf Hifi.?\\.\W(\^t, in parallel. mm. cap. 13.
- NICIAS , Peintre Athénien , peignoit les femmes en perfeftion.
11 fit un Tableau où il avoit reprefenté l'Enfer de la même forte
qu'Homère l'a décrit: & il en refufa foixante talens, aimant mieux le
donner à fa patrie , que de le vendre. * Felibien , Entretiens fur les Vies des
PGÎHtfSSt
NICOCHARES , Poëte Comique d'Athènes , fils de Philonide
auffi Poëte, vivoit du tems d'Ariftophane, la XCVII. Olympiade. Il
laiffa diverfes pièces citées par Athénée, Suidas , &c.
NICOCLES, Eunuque, tua Evagoras Roi de Cypre, & régna à
Salamine. Xenophon parle d'un fils d'Evagoras, de ce nom. Voyez Eva-
^°NICOCLES , Roi de Salamine dans l'Ifle de Cypre , fils d'Evago-
ras II. reçut la Couronne &: le titre de Roi de Paphos, des mains d'O-
Chus Roi de Perfe. Après la mort de Nicocreon fils de Protagoras, il re-
monta fur le trône de Salamine, par la proteftion dePtoloméeLagus:
mais ayant quitté ce Bienfaiteur pour prendre le parti d'Antigone , il
fut accufé de perfidie, & fon palais étant environné de foldats, par ordre
de Ptolomée , qui l'avoit condamné à la mort , il fe tua lui-même. Sa fem-
me voyant ce trifte fpeflacle.tua fes fils & fes filles, &fe donna enfuite
un coup de poignard dans le fein. Py thagoras & Protagoras , qui reftoient
feuls de la race des Teucrides.ou defcendans de Teucer, finirent cette
funefte tragédie en mettant le feu au palais, où ils fcjetterent dans les
fiâmes. * Diodore , //. 2.0. . . . , „ , .„_
NICOCLES , Poëte Comique Grec, qui vivoit du tems d Arifto-
phane , en k XCVI. Olympiade , 366. de Rome. Cafaubon , Animad. in
Athen. li.%. c. 'i- , , r -,
NICOCRATE , Tyran de Cyrene dans la Libye , etoit un Prmce
extrêmement cruel. Il tua Phœdime pour époufer fa femme nommée
Aretaphile , dont la beauté l'avoit charmé. UaifaffinaMenalippe Grand
Prêtre du Temple d'Apollon , & s'attribua le Sacerdoce. De peur que
quelcun ne fe fauvât malgré lui de Cyrene en fe faifant porter dans un
cercueuil comme mort, il faifoit donner des coups d'épée à tous les ca-
davres & les brûloir en divers endroits. Ces cruautez inouïes obligèrent
fa femme de lui préparer un poifon ; mais ce delfein n'ayant pas réilffi ,
elle le fit tuer par le moyen du Prince Leandre. Voyez Aretaphile.
' Plutarque , i-/«î vertus des femmes. [Cet article a été refait fur les Origi-
naux. ] .,, «
NICOCREON , Tyran de Cypre. Voyez Anaxarque.
NICODEME Pharifîen , Sénateur du Grand Sanhédrin, qui alla
voir de nuit Jésus- Christ, & avec qui nôtre Seigneur eut la converfà-
tion que l'on trouve au Ch.I IL de S. Jean. Nicodeme eut auffi foin de la
fépulture de nôtre Sauveur , comme on le voit dans le Ch. XIX. du mê-
me Evangile. On attribue à Nicodeme un Evangile que nous avons en
Latin.
NICOLAI Qean) Sieur de S. Vidlor , Maître des Requêtes &
puis premier Préfident en la Chambre des Comptes , a vécu fous le règne
d"e Charles VIII. & de Louis XU. Il fut premièrement Confeiller au
parlement de Toiûoufe,& le Roi Charles VIII. informé de fon mérite.
NIC.
voulut qu'il l'accompagnât au voyage du Royaume deNaples. Il l'em-
ploya en diverfes négociations importantes chez les Princes d'Italie , &
après la conquête du même P,.oyaume de Naples, il l'y laifla en qualité
de Chancelier. Aprèsla perte de cet Etat il continua en France fes fervi-
ces au Roi Louis XII. qui lui donna une Charge de Maîtredes Requêtes,
le troifiéme Juin 1504. l'année d'après il eut celle de Premier Prélident
en la Chambre des Comptes dont il fit les fondions jufqu'en 1518. qu'il
la refigna à un de fes fils, & fes defcendans l'ont confervée dans leur Fa-
mille. Ce Jean iaiflaAimarNicolaï, père d'Antoine I. reçu Premier Pré-
fident en la Chambre des Comptes à la placede fon père l'an 1553. Ce-
lui-ci eut JeanII.de ce nom, père d'Antoine II. du nom, qui a laifféN'i-
colas Nicolaï. Chevalier , Marquis de Gouflainville , Confeiller du Roi
en fes Confeils, Premier Préfident en la Chambre des Comptes, reçu le
10. Mars i6j6. Ainfi il efl: le fixiéme de fa Famille qui a occupé cette
Charge.
NICOLAI , (Laurent) Jefuite, natif du Royaume de Norwege,
fut envoyé de Rome en Suéde l'an 1577. en habit déguifé, pour y
fervir la Reine Catherine , Epoufedu Roi Jean 111. & chercher avec elle
les moyens de rétablir la Foi Catholique dans ce Royaume. Cette Prin-
ceffe le préfenta aU Roi , qui lui donna la Chaire de Théologie dans le
Collège de Stockolm, qu'il venoitde fonder. Là, fans fe déclarer, il fa-
poit adroitement dans fes Leçons publiques , tout le fondement du Lu-
theranifme , dont le Principal du Collège , & un Curé de cette Ville ,
s'apperçûrent & voulurent s'y oppofer: mais le Roi les chafla comme
des Calomniateurs, & donna la Charge de Principal au Profeflèur Laurent
Nicolaï , qui fit une Apologie , contre les écrits de ces deux exilez.
Deux ans après , il arriva que ce Prince , qui avoit embrafle la Religion
Catholique ,fe laiffa féduire par les Luthériens. Alors , il fit fortir le Père
Nicolai de fon Collège , o'ù il remit les Hérétiques. * Maimboutg, Hifîoirt
du Lutheramfme.
NICOLAI (Nicolas) Gentilhomme de Dauphiné, Sieur d'ArfeuilIé,
Auteur de quelques Traitez de Navigation , citez par la Croix du
Maine, & par duVerdierVauprivas, étoit un homme de grand favoir.
11 mourut à Paris, le vingt-cinquième Juin de l'an 1583.
NICOLAITES , Hérétiques qui s'élevèrent dans l'Eglife, du tems
même des Apôtres. On e[\ en peine de favoir fi Nicolas, un des
fept premiers Diacres , étoit l'Auteur de cette Sefle. Quelques Pères
l'affurent,& difcnt qu'ayant été blâmé parles Apôtres, de ce qu'il avoit
repris l'a femme, dont il s'étoit feparé pour garder la continence, il in-
venta une erreur brutale , pour éxcufer fon procédé , enfeignant que ,
pour aquerir îe falut éternel , il étoit neceffaire de fe fouiller tous les
jours dans toute forte d'impuretez. D'autres rapportent que les mêmes
Apôtres lui ayant reproché d'être jaloux de fa femme, qui étoit fort bel-
le, il la fit venir en pleine affemblée,& lui permit de fe marier à qui elle
voudroit : Et que comme s'il eût enfeigné par cette aétion à s'abandon-
ner aux plaifirs de la chair , quelques libertins formèrent une hérefie , à
laquelle ils donnèrent fon nom fort injuftement; n'ayant jamais eu d'au-
tre femme, que la première qu'il avoit époufée. Ils ajoutent que fes fil-
les & un fils qu'il avoit , moururent vierges ;& que pour lui, il fut éta-
bli Evêque de Samarie. Quoi qu'il en foit , les Nicolaites nioient la Di-
vinité de J E s u s-C H R I s T par l'union hypoftatique , & difoient que
Dieu avoit feulement habité en lui. Ils foûtenoient que les plus illégiti-
mes voluptez du corps étoient bonnes 6c faintes; 8c que l'on pouvoit
manger des viandes offertes aux Idoles. Quelque tems après chan-
geant leur nom, qui les faifoit trop connoître, ils prirent celui de Gnot
tiques. Ils fe diviferent encore en d'autres Sedes , Se furent appeliez
Phibionites , Stratiotiques , Levitiques 8c Borborites. Saint Epiphane
en décrit les ordures qu'on ne peut lire fans horreur. Cette hérefie
fe renouvelloit dans l'onzième Siècle , par l'incontinence de quelques
Clercs qui vouloient fe marier. Le Cardinal Pierre Damienfervit beau-
coup à l'extirper. * S. Ignace , Epifl. ad Trall. c ad Philadel.S. Irenéci,
li. i. c. 17. G- H. 3.C. II. Clément Alexandrin,/;, j,- ■Strom. Eu&he , li. ■}.
Hifi. Saint Epiphane , /;.«r. 25. Theodoret, hur.fab. li. 3. Baronius , ^.
C. 68. 1059. c? fei^. Godeau, Hift. Eccl. l. i.
S. NICOLAS, Evêque de Myre en Lycie , vivoit au commence-
ment du IV. Siècle. Son nom eft auffi célèbre dans l'Eglife, que fa
'vocation'à l'Epifcopat avoit été miraculeufe. Car comme les Evêques
étoient en peine de choifir un homme, pour remplir le Siège de Myre,
ils furent divinement avertis d'ordonner celui qui le lendemain fetrou-
veroit le premier à l'ouverture de l'Eglife. L'Efprit de Dieu y conduifît
Nicolas , 8c quelque réfiftance qu'il apportât à fon Ordination , elle fut
faite avec un applaudiffement univerfel du peuple. Il furpaffa les efpe-
rances qu'on avoit conçues de lui, par fa douceur, 8c par fa charité. Ufut
pris durant la perfecution de Licinius, 8c envoyé en exil. Son re-
tour , après la mort de ce Tyran , fut très-glorieux : Il fit la vifite de fon
Diocefe , 8c abbatit autant de Temples 8c d'Idoles qu'ily en trouva. C'eft
l'opinion commune , qu'il affifta au Concile Général de Nicée, l'an trois
cens vingt-cinq , 8c qu'il s'y oppofa fortement à Anus. 11 eft fait men-
tion de lui dansla Liturgie de faint Jean Chryfoftome. L'Empereur Juf-
tinien bâtit une Eglife en fon honneur , que Bafile repara avec magnifi-
cence. Il fortit de fon tombeau une liqueur qui gueriffdit toute forte
de maladies ; ce que nous apprenons d'une Nouvelle de l'Empereur Ema-
nuel, rapportée par Balfamon. Son corps fut tranfporté dans l'onziè-
me Siècle , à Bari en Italie , où il a continué à faire des miracles. * Meta-
phrâfte 8c Surius, J. 6. Vecemb. Baronius , in Annal is- Martyr. Godeau ,
Hifl. Eccl.
NICOLAS I. de ce nom , Pape , dit le Grand, Romain de nation, fuc-
céda à Benoît 111. 8c fut confacré dans l'Eglife de fiint Pierre , en pre-
fence de l'Empereur Louïs II. le 14. Avril de l'an 858. C'eft avec raifon
qu'il fut furnommé GM»i, n'ayant jamais eu que des penfées fublimes
8c des^deffeins avantageux pour le bien de l'Eglife; 8c s'étant efforcé
d'égaler le mérite de faint Léon ^ de fairit Grégoire , par la gran-
deur de fon courage, 8c par la gloire de fes aélions. Michel III. fur-
nommé le Beuveur , Empereur d'Orient, ayant chaffé S. Ignace Patriarche
de Conftantinople , Si mis Photius à fa place , pour autorifer cette adion ,
envoya fous de faux prétextes, prier le Pape Nicolas de trouver bon
qu'on affemblât un Concile. Nicolas y envoya fes LegatsàZacharieSc
" ^ RadoaL
NÏC.
Radoalde ; mais ayant fù que cette affemblée & d'autres s'étoient fai-
tes contre les formes , il les condamna; & les traita même de briganda-
ge, en écrivant à cet Empereuv , Latrocimlis Synodus. 11 s'oppola cou-
rageufement à toutes les eritreprifes des Grecs ; & ayant fù que l'info-
lence de Photius étoit paflëejulques à le vouloir dépofer, il reprima cette
audace par écrit, & engagea Hmcmar de Rheims , & les autres Evêques
de France , à prendre le parti de l'Eglife Romaine , en répondant aux
objedlions des Grecs , qu'il leur envoya. Cependant il frappa d'Anathê-
me Photius. l'ai déjà marqué ailleurs, avec quelle fermeté il agit en
l'affaire de Lothaire Roi de Lorraine, &Valdrade: & ce qu'il fit après
le Concile de Mets, célèbre pour cette affaire enS63. Il excommunia
auflijean Archevêque de Ravenne, que fon arrogance rendit desobéif-
£int à l'Eglife; mais dès que par iafoùmiffionil eût témoigné du repen-
tir, Nicolas leteçut avec toute forte de bonté & de douceur. Il célébra
divers Synodes pour la reforme des mœurs; il travailla à la converiîon
des Bulgares ; il s'oppofa à quelques Hérétiques qui s'élevèrent de fon
tems , "& qui renouvelloient les erreurs des Theopafchites, & enfin dans.
le delîein qu'il avoit d'ordonner faintement toutes chofes , il écrivit un fi
grand nombre d'Epttres , qu'on en a publié un Volume ; auffi Baronius en
cite quatre-vingts & deux , & nous en avons plus de quatre-vingts & dix ,
dans les éditions des Conciles. Ce grand Pontife mourut le treizième
Novembre 867. ayant gouvernérEglife9. ans, i.mois&io.jours. Ileft
enterré au 'Vatican, oii l'on voit fon Epitaphe. Pour fa Vie confultez
Anallafe le Bibliothécaire, Platine, Onuphre,Ciaconius,PapyreMaf-
fon. Du Chelhe, Baronius, &c. & pour fes Ecrits voyez Adrien IL
Hincmar de Rheims, S. Antoine, Tritheme, Bellarmin , Poffevin,
Gefner, &c.
NICOLAS II. dit Gérard de Bourgogne, François, ou, félon d'au-
tres, Savoyard, fut mis àla place d'Etienne IX. en 1059. Son éleftion fe
fit à Sienne. Quelques faftieux pouflez par le Comte de Frefcati , ■ firent
conlàcrer par violence Jean furnommé Nincius, tvêquede Velitri, qui
prit le nom de Benoît X. Nicolas le condamna dans un Concile tenu à
Sutri, & l'obligea de fe venir jettera lès pieds, & implorer fa clémence.
Il lui permit de vivre à fainte Marie Majeur, fans pouvoir exercer aucune
fonélion Sacerdotale. Cependant étant venu à Rome , & ayant calmé
divers troubles en cette Ville, & dans l'Etat Ecclefiaftique , il confirma
à Robert Guichard les Duchez delà Fouille & de la Calabre ; & à Richard
la Principauté de Capoué. Il célébra auffi un Concile où Berenger abjura
fon hérelie , & promit de fe corriger. Ce Pape mourut à Florence le
3. Juillet de l'année 1061. après deux ans & fixmois de Siège. *Lcon
d'Oftie, -ft. 3. c. iz. lyyêg'. Baronius, in Annal.
NICOLAS III. Romain , de la Maifon des Urfîns , nommé Jean
Cajetan , Cardinal Archidiacre , fucceda à Jean XXI. le Siège ayant va-
qué lix mois & quatre jours. Il fut élu à Viterbe le vingt-cinquième
Novembre jour de fainte Catherine , de l'an 1177. On dit qu'étant en-
core enfant , faint François lui avoit prédit qu'il feroit un jour Pape; &
que c'eft pour cette raiibn qu'il avoit toujours été leProtefteur de fon
Ordre , que ce Saint lui avoit recommandé. Ce Pape étoit fa vaut , ami
desgens de Lettres, ne donnoit des Bénéfices qu'aux perfonnes déméri-
te ; & étoit fi prudent , qu'avant fon Pontificat on le nommoit ordinaire-
ment le Cardinal compofé, Cardinalis compofitus. Il eut un foin parti-
culier de ramener les Schifmatiques à l'Eglife , & de travailler à la con-
verfion des Payens. Pour cela il envoya des Légats à Michel VIII. Em-
pereur d'Orient , & des Miffionnaires en Tartarie. Mais comme il étoit
perfuadé qu'il ne pouvoir venir à bout de cesdeffeins fans le fecours du
Ciel, il le lui demandoit avec un très-grand zèle; & fur tout au faint
facrifice de la M-efle, qu'il n'offiit jamais fans verfer des larmes. En-
fin la gloire de ce Pontife auroit été très-éclatante , s'il ne l'eût ternie ,
par un trop grand attachement à fes parens , qui lui fit commettre
des injyftices pour les enrichir & les élever ; & par la haine injutte
qu'il eut contre Charles d'Anjou , Roi de Sicile , ou parce qu'il ne
l'avoir pas favorifé en fon élection en qualité de Sénateur & Gouver-
neur de Rome, & Vicaire de l'Empire, ou parce qu'il avoit méprifé
fon alliance , ou parce qu'il avoit fait mourir quelqu'un de fes parens.
Quoi qu'il en foit , Nicolas obligea ce Roi de lé démettre de fes
Charges de Vicaire de l'Empire , & de Sénateur de Rome : ce qu'il
fit pour le bien de la paix. Le Pontife ne fut pas fatisfait de cette
vengeance, il fit avec le Roi d'Arragon une Ligue, qui produifit bien-
tôt après le maflacre des François en Sicile : ce qu'on a nommé les Vê-
pres Siciliennes. 11 n'en fut pas néanmoins témoin, étant mort d'apo-
plexie deux ans auparavant , après avoir publié fa Bulle Exiit tjui fe-
minat , çs'c. Cette mort imprévue arriva à Suri , Maifon de plaifance
au Diocefe de Viterbe, le 12,. Août 1180. après z. ans, 9. mois & 3.
jours de Siège. On lui attribue un Traité de Eleâiione dignitamm.
* S. Antonin, Tit. zo. c 3. Vilkni, li. 7. Platine & du Chefne, en
fa Vie, Gilies Cardinal de Viterbe, in M. S. X. x. S&cul. Bifi.p.iTi.
Sponde , Bzovius 8c Rainaldi , in Annal. Eccl. Louis Jacob , Biil.
Pontif. crc.
Ni COLAS IV. Religieux de l'Ordre de faint François , fucceda à
Honoré IV. en iiSS. le Siège ayant déjà vaqué près d'onze mois.
Il étoit natif d'Afcoli en la Marche d'Ancone , & nommé F. Jérôme.
L'Infcription qu'on voit fur fon tombeau , à fainte Marie Majeur à
Rome, y fut mile par les foins d'un Religieux de fon Ordre, F. Félix
Perretti, depuis Cardinal de Montalte& Pape, fous le nom de Sixte V.
Elle nous apprend que ce Pontife étoit Philofophe 8c Théologien , que
Grégoire X.l'avoit envoyé à Conftantinopleôc en Tartarie pour travail-
ler à la réunion des Grecs, & à la converfion des Infidèles ; qu'il fut
Général de fon Ordre après faint Bonaventure , que Nicolas 1 1 1. le
fit Cardinal, & que ce Pape & Honoré IV. l'avoient employé en diver-
fes Légations. Il fut élû le zz. Février , & couronné deux jours après,
ayant voulu prendre le nom de Nicolas , en mémoire de celui qui l'avoit
élevé à la dignité de Cardinal. Il gouverna l'Eglife avec beaucoup de
foin, ayant appaifé les diffenfions dans Rome, dans l'Etat Ecclefiafti-
que, & mis en paix divers Princes Chrétiens , & entr'autres le Roi
de Sicile & d'Arragon. Il s'empreflTa auffi beaucoup pour la converfion
des Tartares & des Efclavons , & pour le recouvrement de la Terre-
Sainte i mais il n'eut pas la confolation de voir la fin de fes heureufes
2esi, iV. - - - - '
NIC.
^7
entreprifes , étant moitié 4.Avriliz9z. après avoir fiegé 4. ans un mois'
&i4.jours. On lui attiibue des Commentaires fur fEcriture Sainte, fur
le Maître des Sentences, des Sermons, &c. * Bzovius, Sponde &
Rainaldi , in Annal. Rai. Luc 'Wadinge , in Annal. Min. François Gon-
zague, Henri Sedulius, Vlarc de Lisbonne .Bernardin de Befl'a, Pierre
Rodolphe , & Peregrinus de Bologne , in Hift. Seraph. Henri Willot in
Athcn.Franc.y.H. <i^ N, Du Chefne, en /a Vie. Vidtoiel, Addit. ad
Nicot. III. cyc.
NICOLAS V. nommé premièrement Thomas de Sar^.ane, Cardi-
nal de fainte Sufanne, fut elû après Eugène IV. le 6. Mais de l'an 1447.
& couronné le r 9. du même mois. Il prit le nom de Nicolas , enmemoi-
re du Cardinal Nicolas Albergati, fon bienfaéleur & fon ami. La Scien-
ce & les rares qualitez de ce.grand Homme, lui firent d'autant plus mé-
riter la première Dignité du Monde , que la modeftie fail'oit qu'il s'en
jugeoit indigne, & qu'aulieu que les autres briguent, pour y parvenir,
la taveur des Cardinaux , celui-ci fe jettpit à leurs pieds, pour les prier
de ne le pas élire. La première choie qu'il fit étant affis fur le Trô-
ne Pontifical , fut de travailler à la paix de l'Eglife & de l'Italie : il
y rèuffit allez heureulèment , après avoir fait trouver bon à l'Antipa-
pe Félix V. de renoncer aux droits qu'il pouvoir avoir à la Papauté.
Nicolas le traita très-génereufement , en le faifant Doyen des Cardi-
naux, & Légat du faint Siège en Allemagne. Cette modération lui ac-
quit l'amitié du peuple , & de l'autorité parmi les Princes d'Italie , qui
firent confcience d'être en guerre , quand Dieu donnoit la paix à fort •
Eglife, après un long Schifme; & par l'ouverture d'un Jubilé, en 1450.
Nicolas canoniza durant ce tems S. Bernardin de Sienne. Deux ans
après il couronna à Rome , l'Empereur Frédéric IV, avec fa femme Eleo-
nor de Portugal. Jufques alors ce Pape fe pouvoir glorifier d'être un des
plus heureux, qui euffent gouverné l'Eglife. MaisIa conjuration formée
contre lui & contre les Cardinaux, par un perturbateur éloquent & cou-
rageux, nommé Etienne Porcario , dont il avoit éprouvé le mauvais
efprit dès l'entrée de Ion Pontificat ; & la prife de Conftantinople par les
Turcs en i4<;3. lui cauferent un déplaifir extrême. Mais fur tout cette
dernière infortune l'accabla d'une fi gninde trifi:efle , que ce chagrin ,
& la douleur des goûtes le mirent au tombeau en 1455. au grand regret
de toute l'Fglile, qu'il avoit gouvernée huit ans & dix-neuf jours. Sous
fon Pontificat , les belles Lettres, quiavoient été comme enfevelies du-
rant plufieurs Siècles, refl'ufciterent glorieufement. Outre que ce Pape
étoit favant , il étoit Proteèleur des doéles , qu'il attiroit auprès de lui
par fijs bienfaits. Il eut un foin extrême de recueuillir de tous les lieux
du monde les plus beaux manufcrits Grecs & Latins, pour en enrichir
fa Bibliothèque. 11 faifoit traduire les Tr^utez Grecs , è: recoin penfoit
magnifiquement ceux qu'il employ oit ou à cestradudlions , ou à la re-
cherche des Livres : Et il avoit même promis cinq mille Ducats à celui
qui lui apporteroit l'Evangile de faint Matthieu en Hébreu. Outre cela
les Ouvrages pubhez dans Rome & ailleurs, les Palais, les Eglifes,les
ponts , les fortifications , les maifons particulières , les Grecs & les
Gentils-hommes aflîftez: par fes hberalitez, les filles mariées honorable-
ment, les Bénéfices & les Charges Confiées au mérite; les Vafes facrez
& les ornemens faints ; & enfin mille autres grandes chofes , témoi-
gnent combien ce Pontife étoit libéral , magnifique & zélé pour le bien
du peuple , & pour la gloire de la Religion. Plufieurs Auteurs parlent
très-avantageufement de ce Pontife , & fur tout S. Antonin , .S.neas Syl-
vius, depuis Pie II. Philelphe, Poggio , Jean Manetius , Gilles Cardinal
de Viterbe, Blondus, Platine, Vidorel, Sponde , Rainaldi, PolTevin, du
Chefne, &c.
NICOLAS , Antipape. Cherchez Jean XXII. & Pierre de Corbe-
ria ou Ranuche.
NICOLAS I. de ce nom dit Mystique, qui eft un nom de Digni-
té , Patriarche de Confl:antinople , fucceda à Antoine en 890. & gouver-
na cette Eg'.ife avec beaucoup de probité. Jean Curopalate nous apprend
que l'Empereur Léon VI. le chaflTa de fon Siège en 901. parce qu'iln'a-
voit pas voulu approuver un quatrième mariage de ce Prince avec Zoë,
ces noces fifouvent réitérées étant contre les Canons. En effet Nicolas
en écrivit lui-même au Pape. Cependant Alexandre Empereur le rétablit
en9ii.&ilfuttuteurdeConftantinPoiphyrogenete. Il envoya des Lé-
gats au Pape Jean X. pour l'union de l'Eglife Greque avec la Latine, &
avertit le-Roi des Bulgares, de ce qu'il devoir au faint Siège. Il mourut
en930. *Curopalate, in Compend. Hift. Bzwnius, inAnnal.
NICOLAS II. dit Chrysoeerge , fucceda à Antoine Studite en
98i.&gouverna avec affez de douceur fon Eglife, jufqu'en 995. * Cu-
ropalate & Baronius , ^. C. 98 1 . er 99 5 .
NICOLAS III. furnommé le Grammairien, perfonnage fort efti-
mé parmi les Grecs, fucceda à Euflathius en 1089. Quelques-uns lui
donnent auffi le nom de Mufalon. Théodore Balfamon cite quelques Ca-
nons de ce Prélat. Nous avons auffi de lui divers Décrets, &uncEpître
Synodale. Il mourut en 1117. *Zonaras, in Annal. "Théodore Bal-
famon, inSynod.Tul. c.ô-^.vinCant.c.ïi. Photius, in Nom oc. tit. ï^^,
c. z. inConcAntioch.c.T,. Le Code du Droit Oriental , //. 3. Baroniijs,
in Annal.
NICOLAS ABBE'. Cherchez Tudefchi.
NICOLAS DE BUGEI, ainfi nommé du lieu ori il eft né, étoit
Prêtre, & Aumônier de l'Evêquc de Londres. 11 vivoit vers l'an 1440.
& il a fait un Ouvrage Ilirtorique intitulé Adunationes Chronicorum,
* Pitfeus , de Script. Angl.
NICOLAS DE CLAIRVAUX, fut difciple & Secrétaire de faint
Bernard : Mais depuis ayant apoftafié il fut l'ennemi déclaré de ce grand
Saint. Jean Picard, Chanoine Régulier de Saint Viélor de Paris, publia
un volume d'Epîtres de ce Nicolas, que nous avons dans la Bibliothèque
desPeres. * Voyez Manriquez, inAnnal.Cifier.A. C. 1145. 48. 51. £?■.
71. Charles de 'Vifch , inBiU.Cifter. Bellarmin, &c.
NICOLAS DE CUSA, Cardinal, dit auffi C»/4Kai , étoit en gran-
de cftime dans le XV. Siècle. Son nom de C«(/<î eft celui d'un petit bourg
fur la Mofelle, au Diocefe de Trêves. Ce grand homme y naquit de
parens pauvres ; mais il les rendit illuftres par fon efprit. C'cft une
chofe aflèz furprenante , qu'Onuphre qui a écrit la Vie des Papes , l'Abbé
Pennctto Auteur d'une Hiftoire Tripartite , 8c Hippolyte Maraccio , à
D 2 9"^
a8
NIC.
qui nous devons la Bibliothèque Manane, ou de ceux qui ont écrit de la
^inte Vierge, ayent ofé dire que Nicolas de Cufa a voit été Chanoine
Rculier & Prévôt du Monaftere de Vartobergen; & qu'Antoine de
Sienne & ftltbnfe Fernandez le faffent Dominicain ; puis qu'il eft très-
fûr par le témoignage de divers Auteurs irréprochables , qu'il n'a fait
profeflion dans aucun Ordre Religieux ; mais qu'il fut feulement Doyen
de S Florent de Confiance, Archidiacre de Liège, Evêque de Bnxen en
Allemagne ,& Cardinal du titre de faint Pierre aux Liens. Son mente
feul l'eleva à ces dignitez- Bien qu'il eût une connoiffance fort étendue
pour le tems , il excelloit dans la Jurifprudence & dans la Théologie.
Le Pape Eugène IV. le donna au Cardinal Nicolas Albergati, qu'il en-
voyoit Légat en Allemagne; où il fut depuis encore envoyé en quahte
de Nonce. Cependant Nicolas V. fucceffeur d'Eugène, perfuade du
mérite de Cufa, le recompenfa par la dignité de Cardinal, le io. Décem-
bre 1448. & deux ans après lui donna l'Evêché de Brixen, dans le Comte
de Tirol Cette Prélature étoit vacante , & les Chanoines de la Cathé-
drale avoient nommé Léonard Wifmer , Chancelier de Sigifmond Ar-
chiduc d'Autriche Comte de Tirol. Le Pape ne voulut point confirmer
cette éleaion:Ce qui fut caufe que Sigifmond eut lahardiefledefaire
arrêter prifonnierle Cardinal de Cufa, au grand mépris de fa dignité, &
du !> Mé°e Cette affaire eut eu des fuites tacheufes, h elle n eut eteme-
B^gée ôcwr le Cardinal & par l'Empereur Frédéric IV. Cependant ce
premier fut renvoyé en 1 45 1 • Légat en Allemagne , pour y faire prêcher
laCroifade. La fauffe politique des uns, & la crainte mtereflee des au-
tres , firent échouer les defleins du Légat , qui pour n'être pas mutile ,
afîembla un Concile à Magdebourg , reforma les Monaileres , publia le
Jubi'é & fit des Ordonnances très-utiles pour la difcipline Ecclehalti-
que. l'i retourna à Rome, fous Calixte III. & fe trouva à la création de
Pie II qui le laiflà Gouverneur de Rome, quand il partit pour Mantoue,
où il avoir affemblé les Princes pour la guerre contre les Turcs. Ce grand
Homme mourut à Todi , Ville d'Ombrie, le onzième Août de 1 an r466.
âgé de 63 ans. Son corps fut enterré à Rome dans lEglife de Saint Pierre
aux Liens, qui étoit fon titre de Cardinal, & fon cœur fut porte dans
TFoIi^e de l'Hôpital de faint Nicolas , qu'il avoit fonde près de Cufa ,&J
enrtchi d'une ample Bibliothèque de Livres Grecs & Latins. Ceux que
lui-même a compofez font l'ornement de celles des Curieux. Nous
avons tous fesTraitez en III. Volumes de l'impreffiqndeBafle,eni565.
* Onuphre , Platine , Ciaconius , Vidorel, in Vit. Pont. Tntheme & Bel-
larrain de Script. Ecd. Sponde & Rainaldi , i» jinnal. Eccl.Voffevm,!»
Appar. Sacr. Auberi , Vie des Cardin. T. II. Sixte de Sienoe , Bibl. .5. Jaques
Faber , Jean Aventin , Cochlïeus , &c. ,., . .
NICOLAS DE DAMAS, ainfi nomme parce quil avoit pris
naiflance dans la Ville de ce nom , a été eftimé entre les plus fa vans Hom-
mes de fon Siècle. Il vivoit du tems d'Augufte,& eut beaucoup de part
aux bonnes grâces de cet Empereur, 8c en celles d'Herode/eGr«»i Roi
des Juifs II étoit Philofophe Féripateticien, Poète &Hiftonen. Quel-
ques fragmens qui nous relient de ces belles pièces, nous font plaindre
le malheur que nous avons eu de les avoir perdues. JefaibienqueGef-
ner femble affurer que IHiftoired'Affyrie de Nicolas de Damas eit a Ve-
Eife, mais il eft aifé de voir que le bon Homme s'en eftlaifiéimpofer.
Cette Hiftoire qui devoit être univerfelle , étoit compofèe de LXXX.
Livres félon Suidas, de CXXIV. félon Jofeph,& de CXLlV. comme
le témoigne Athénée. Il avoit compofé d'autres Pièces confiderables ;
comme nous l'apprenons de divers Auteurs. * jofeph, lih. i. (sr 16.
jintio. Athénée, Il 6. Strabon , li. i î-Eufebe, li. 9. Pr^p. iî-aw^.Photius ,
cod. 189. Suidas, Voffius, Gefner, &c. [Il faut ajoiiter a ce que nô-
tre Auteur dit de Nicolas de Damas , c^ Henri de Valois a publié a Pans en
16^4 en Grec & cnL^m,\esKecusm\squeConJianiinPorphyrogenéte
avoit faits de divers Ouvrages de cet Auteur. Ces Recueils appartenoient
iNic de Peir«/c, qui les avoit fait acheter dans l'ille de Cypre.]
NICOLAS DE DURHAM , Religieux Anglois de la Congré-
gation de Cluni, vivoit environ l'an 11 69. & laiOa quelques Ouvrages
Hiftoriques. * Amonl VVion, in ligne wj*. Matthieu Pans, ;»iy««r. //.
Pitfeus, Voffius, Sec. .
NICOLAS EUBOICUS. Cherchez Euboicus.
NICOLAS DE LIRE, ou Lyranus, Religieux de 1 Ordre
de faint François , étoit en eftime dans le XIV. Siècle. Son nom de Lire
lui a été donné de celui de fa patrie, qui eft un Bourg de Normandie,
dans leDiocèfed'Evreux. Et pour en être perfuade, il ne faut que Urc ce
tjui eft dit de fa naiffance , dans fon Eloge rapporté par desAuteursde
"fon Ordre. \
I
Lya brevis vtcus , Normanna in gente alehrîs.
Prima mihi vita janua , for/que fuit.
De là il faut conclurre , qu'il n'étoit ni natif de Lire en Brabant , ni Fla-
mand, ni Anelois, comme plufieursl'ontécrit. Ses parens étoient Juifs.
■Il n'eut point'de part au malheur de cette naifl'ance; car s'ctant taitbap-
tifer, il prit l'habit de Religieux de S. François , dans le Monaftere de
Verneuil, & enfuite envoyé à Paris. 11 étudia en cette Ville, après
il y enfeigna durant plufieurs années , & y compofa la plupart des Li-
vres qui nous reftent de lui. Son mérite lui fit avoir les principales Char-
ges de fon Ordre, & lui aquit l'eftime des Grands. Nous voyons aufiTi
dans le Codicile du Tellament de la Reine Jeanne Comtefle de Bour-
gogne , femme du Roi Philippe V. dit le Long, que cette Princeffe le
nomme entre les exécuteurs de fon tellament, en qualité de Provin-
cial de fon Ordre en Bourgogne. C'étoit en iszj. Nicolas de Lire mou-
rut le 14. Oftobre 1439. félon quelques Auteurs; mais plutôt le 23. du
même mois de l'an 1340. comme d'autres l'afl'urent. Il a lalffé des Pof-
tilles ou petits Commentaires fur toute la Bible ; Un Traité du Corps
de J E s u s-C H R I s T , contre les Juifs ; des Commentaires fur le Maî-
tre des Sentences; De la vifion Beatifique, des Sermons, &c. *Trithe-
me & Bellarmin , à Script. Ecd. Henri Villot , in Athen. Franc. Luc Wa-
dinge , in Bibl. ©• Annal. Minor. Poflevin , in Appar. S(zcr. Valere André ,
£ibl. helg. crc. ,_,,,.
NICOLAS DE LORRAINE , Comte de Vaudenaont , étoit
fécond fils d'Antoine Duc de Lorraine, & de Renée de Bourbon,! Il fe
NIC.
fignala en diverfes occafions importantes. Le Roi Charles IX. le créa
Duc de Mercœureni569. Ce Duc époufa en premières noces, l'an 1549.
Marguerite d'Egmont , fille de Jean III. Comte d'Egmont; en 2. Jean-
ne de Savoye fille de Philippe Duc deNevers;&en3.ranr;69. Cathe-
rine de Lorraine fille de Claude , Duc d'Aumale. Du premier mariage il
eut deux filles mortes jeunes, un fils auffi mort en enfance; & Louïfe
qui fut Reine de France, & époufe du Roi Henri III. Les enfans du
fécond lit furent Philippe Emmanuel de Lorraine Duc de Mercœur, qui
fe fignala en Hongrie contre les Infidèles, comme je le dis ailleurs; Char-
les & Jeanmortsjeunes;Margueritefemmed'AnneDucdeJoyeufe,&
puis de François de Luxembourg Duc de Pineij Claude, & François
Marquis de Chauflein. De fa troifiéme époufe, il eut Henri Comte de
Chaligni, Chrittine , Antoine , Louïfe , & Henri Evêque de Verdun &
puis Capucin. Nicolasde Lorraine mouruten 1577. *G6defroi,Gi!'»M/.
de Lorraine. Vignier , Sainte Marthe , &c.
NICOLAS DE ODDIS. Cherchez de Oddis, &c.
NICOLAS DE ORBELLIS. Cherchez de Orbellis, &c.
NICOLAS DE SAINT ALBAN, qui y fut Religieux, & puis
Abbé d'un Monaftere de la Congrégation de Cluni. Il fit deux Livres de
la Conception Immaculée de la fainte Vierge, qu'il dédia à Hugues de
S. Rémi , 8c il lui addreffa un Volume de Lettres. Nicolas vivoit vers
l'an 1140.
NICOLAS TUDESCHI. Cherchez Tudefchi.
NICOLAS, Plongeon de Sicile. Cherchez Pesce-cola.
NlCOLAS-STUR,fils,à ce que l'on difoit, de Stenon Stur,Roi
de Suéde , Se de Chriftine , fut proclamé Roi par les peuples de la Pro-
vince de Dalecarlie , après la mort de Stenon qui avoit été tué dans une
bataille contre les Danois en 1510. Cefut l'Archevêque de Nidrofîe qui
le préfenta aux Dalecarliens comme le légitime fucceliéur de la Couron-
ne : mais Chriftine , qui prétendoit époufer Guttave , fit tous fes eflbrrs .
pour perfuader à ces peuples , qu'elle n'avoir plus de fils, 8c que celui qui
paroiflbit fous ce nom , étoit un impofteur. Ainfi Nicolas-Stur aban-
donné de cette Princeflè ix. des peuples qui l'avoient reconnu pour leur
Souverain , fut contraint de s'enfuir en Norwege , où il demeura quelque
tems caché à Marftrand. Puis il alla chercher un afyledansia Ville An-
featiquedeRoftoc,oùGuftave le fitemprifonner. Son procès lui fut fait
par le Sénat de cette Ville, fur un grand nombre d'Informations envo-
yées de Suéde; 8c il fut condamné à avoir la tête tranchée , après avoir
été déclaré convaincu d'lmpofture,de Rébellion, 8c decrimedeLeze-
Majefté: Ce qui aflura la Couronne de Suéde à Guftave. ■* Varillas,
Hiftoire des Révolutions en matière de Religion.
NICOLAS dit de Ultricurxa, certain Dodeur qui vivoit
dans le XI V. Siècle. L'Univerfité de Paris condamna foixante de fes pro-
pofitions. Nous avons l'Ade de cette cenfure dans la Bibliothèque des
Peres.
NICOLE GILLES , Secrétaire du Roi Louis XII. &;. Control-
leur de fon tréfor , vivoit environ l'an 1500. lia écrit félon le finie 8c la
manière de fon tems les Annales 5c Chronique de France, depuis la def-
trudlion de Troye jufqu'en 1466. Denis Sauvage, François Belleforett,
Gabriel Chapuis, 8c quelques autres ,y ont fait à diverfes fois des addi-
tions. * La Croix du Maine, KiW. Franc, p. 358. Du Chefne,BiW. des
Bifl. de France.
NICOLE (Nicolas) Médecin de Florence , que Leandcr Alberti
met entre les hommes illuftres de cette Ville , vivoit dans le XV. Siècle.
Outre des Livres de Médecine, il en avoit écrit d'autres de Philofophie
&c de Cofmographie. Nous avons deux Lettres pour lui, entre celles de
Philelphe. On lui reproche d'avoir fait chaffer divers hommes dodtes de
fa patrie, où il mourut en 1430. âgé de 73. ans.
NICOLINI (Angelo) Cardinal, Archevêque de Pife étoit né à
Florence dans une Famille noble & ancienne. Il s'aquit la réputation de
célèbre Orateur èc de favant Jurifconfulte. Cofme deMedicis,Ducde
Florence le fit fon Confeiller d'Etat, l'employa dans des affaires impor-
tantes , 8c l'envoya Ambaffadeur auprès du Pape Paul lU. §c enfuiteà
la Cour de l'Empereur Charies V. Nicolini s'aquitta très- bien de ces
coramiffions. A fon retour, il fut Gouverneur de Sienne. Cependant
fa femme étant morte, il fe fit Ecclefiaftique 8c on lui procura l'Archevê-
ché de Pife. Le Pape PielV.le fit Cardinal en 1565. Son mérite le fitva-
loir dans le facré Collège. On y attendoit de grandes chofes de lui; mais
il mourut peu après le il. Août de l'an 1567. âgé de 66. ans. Son corps
■fut enterré dans l'Eglife de fainte Croix de Florence , où l'on voit fon
-tombeau. * Ammirato , Hifi. Famigl. Flor. Ughél , Ital. Sacr. Petra-
jnellario , Auberi, 8cc.
NICOMACHUS, Hiftorien Grec, vivoit du tems de l'Empereur
Aurelien,dans le III. Siècle. Vopifcus en fait mention dans la Vie de ce
Prince. On croit même que c'eft celui qui a écrit la Vie d'Apollonius
Tyanéen. Sidonius Apollinaris parle de lui. * Sidonius , li. 8. Ep. 3. Vof-
fius, U. 2. de Hift. Grdcis.
NICOMACHUS , père d'Ariftote, comme nous l'apprenons de
Diogene Laërce. Ce Philofophe avoit aufiTi un fils de même nom , à qui il
dédia fes Livres de Morale. Athénée en cite un qui avoit fait un Traité
des Pierres, 8c Suidas parle de quelques autres de ce nom.
NICOMACHUS, Poète Grec, étoit d'Athènes, 8c il vivoit en-
viron la XC. Olympiade, l'an 334. de Rome.
NICOMACHUS , ou Virius Nicomachus Flavianus , qui vivoit
du tems d'Arcadius èc Honorius dans le V. Siècle. L'infcription qu'on
trouva à Rome , témoigne que c' étoit un perfonnage fort confidéré.
Voyez Voflius, li. 3. de Hift. Lat.
NICOMACHUS GERASENUS , qui avoit fait deux Livres,
Arithmeticorum Thefflogicorum ,c'tR-ï-à\re ,de\' Ariûimetiqvie appliquée
aux chofes divines, ou des fpeculations Pythagoriciennes fur les nom-
bres. * Photius, cod. 187.
NICOMEDE, Roi de Bithynie, étoit un des alliez du Peuple Ro-
main. Mithridate le chafla de fon Etat; mais il y fut rétabli 8c depuis
mourant fans enfans environ l'an 679. de Rome, il fit le Peuple Romain
fon héritier. Il ne faut pas confondre ce Nicomede avec un autre Roi de
Bithynie de ce nom , fils de Prufias. Velleius Paterculus, U. 1. Titc-
Live , Florus , Polybe , 8cc.
' NICO-
NIC.
NICOMEDE II. furnoromé Epiphane , cinquième Roi de Bithy-
nic , fut mené à Rome & recommandé au Sénat par fon père Pru-
fias. S'étant aquis l'amitié du Sénat , & des Bithyniens , il conçût une
haine mortelle contre fon père , qu'il fit mourir après s'être faifî de
Nicomedie. 11 fit bâtir Apamée du nom de fa mère. Enfin il fouffrit
un parricide pareil à celui qu'il avoir commis, & fut tué par fon pro-
pre fils Nicomcde III. Pline rapporte que fon cheval fut fi touchéde fa
mort, qu'il felaiffa mourir de faim. * Apçian , de bello Mithrid. Strabon,
li. II. Pline, /i.8.
NICOMEDIE , que quelques-uns appellent Comidia, & d'autres Ni-
cor ou Ifmide , Ville capitale de Bithynie dans l'Afie Mineure. Elle
étoit fituée fur le rivage de la Propontide, que nous appelions Merde
Marmora. Nicomedie a été une Ville très-confiderable & une des plus
importantes de tout l'Orient. Strabon dit qu'elle fut bâtie par un des Ni-
comedes Rois de Bithynie qui lui donna fon nom. Elle fut foûmife aux
Romains, & depuis elle devint le Siège de l'Empire fous divers Empe-
reurs Romains. L'an 358. un tremblement déterre la ruina de fond en
comble , dans le tems que l'Empereur Confiance y devoir faire tenir
un Concile par les Ariens. Ammien Marcellin fait une defcription affez
particulière de ce tremblement. Divers Auteurs anciens ont auffi parié
de Nicomedie, de fa grandeur, de fes richefl'es,' de la magnificence de
fesbâtimens. Ammien Marcellin , /i. 17. Strabon, li. i^.vc
NICOMEDIE, que l'on nomme vulgairement Cow/i/4 , & que
les Turcs appellent Ijmid; Ville delà Natolie,versla côtedelaMer de
Marmora. Elle eft fituée au fond d'un Golfe à qui elle donne fon
nom , fur le penchant d'une petite colline embellie de fontaines , &
chargée de vignes , de blé , & d'arbres fruitiers. Les Melons qui y
croillent font célèbres, & ne cèdent point en bonté à ceux de Cachan
en Perfe , que l'on eilime par delfus tous les autres. On trouve dans la Vil-
le quantité de belles I nfcriptions Latines 8c Gréqucs. Il y a plufieurs Mof-
quées, & Eglifes Gréques d'une riche fti-uftiire; & le Peuple qui l'ha-
bite peut faire le nombre de trente mille hommes , Grecs, Arméniens,
Juifs, & Turcs, qui exercent ptefquetoutie commerce defoyes, co-
tons, laines, toiles & autres marchandifes. Ce fut à Nicoanedie où fe
retira Annibal après toutes fes déi-aites , & où il s'empoifonna,de peur
d'être livré aux Romains par Prufias Roi de Bithynie. Le Grand Conf-
tantin mourut aufiTi proche de cette Ville, dans un bourg nommé Acci-
ron. Sainte Barbe , S. Adrien , S. Pantaleon , & un grand nombre d'au-
tres Martyrs étoient de cette Ville, laquelle a été une des premières qui ait
reçu la Foi Chrétienne. Le Golfe de Nicomedie a environ une demi lieuë
de large, &efl;afrez long. On y fabrique la plupart des grands Vaifleaux,
Saïques , & autres Bateaux des Marchands de Conftantinople ; qui font
fort grands & de très-haut bord , mais très-méchans voiliers , & de fa-
cile prife. A l'Occident de Nicomedie , &: à la droite du Golfe , on trou-
ve une Fontaine d'eau minérale, dont les Turcs & les Grecs difent des
merveilles Ils y vont en troupes de tous cotez , &à les entendre parler,
il n'y a gueres de maladies que cette Fontaine ne guerifle. * Grelot, Vo'ja-
ge de Conftantixople.
S. NICON, furnommé Ats^anoETTï, c'eft-à-dire Pœniteniiam agite ,
Moine Arm.enien , vivoit fur la fin du X. Siècle. Ce fut par la fainteté de
fa vie & par des exhortations continuelles , que portant le peuple à la
pénitence, il en eut ce furnom , qui veut dire : Faites pénitence. 11 travail-
la à la converfion des Arméniens, & des Peuples voiiins; & puis paflant
dans l'Ifle de Crète, quiétoit entre les mains des Sarrazins, il y prêcha
avec un zélé merveilleux, confirmant fa miflion par des miracles conti-
nuels. Saint Nicon mourut le vingt-lixieme Novembre , environ l'an
986. ou 987. Voyez les Adtes de fa Vie,& Baronius, in Annal.
[NICON , nom d'un Ane , qui fignifie vainqueur. Le matin de la
bataille d'Adlium , Augufte étant forti , pour faire la reviie de fa flotte ,
rencontra un homme fur un âne, & lui demanda qui il étoit. Cet hom-
me répondit qu'il fe nommoit Eutychius [c'ell-à-dire, heureux) & fon
Ane Nicon (vainqueur) ce qu'AuguHe prit a bon Augure. Il fut fi tou-
ché de cette rencontfe , qu'après fa vidloire , il mit dans le trophée , qu'il
éleva dans ce lieu , une fiatue de bronze d'un homme fur un Ane. plutar-
tjHe , in Vit. Aug. Les Anciens fc donnoient rion feulement à eux-mêmes
des noms de bon augure , mais aulfi aux animaux dont ils fc fervoient.
JVico» fut encore le nom d'un Eléphant de Pyrrhus. Plut, in Vit. Pyrrh.']
NICON , fameux Athlète de l'Antiquité, remporta plufieurs fois
le prix dans les Jeux de la Grèce, c'efl: pourquoi on lui érigea une ila-
tue en l'Ifle de Taflùs , appellée aujourd'hui "Taflbjdans la Mer Egée,
ou Archipel. Après fa mort, quelqu'un s'étant approché de cette fta-
tue pour la fouetter, elle tomba fur lui & le tua. Les enfans du défunt
firent faire le procès à la ftatue, laquelle, fuivant les Loix de Dracon Athe^
nien, qui avoir ordonné des peines même contre les chofes inanimées,
fut condamnée au banniffement & fut jettée dans la Mer. Quelque
tems après, les habitans de cette Ifle étant tourmentez de quelque mal-
heur, confulterent l'Oracle,, qui leur répondit que.pour s'en délivrer il
falloir qu'ils rétabliflent cette ftatue en fon premier état; & comme ils
étoient en peine de la pouvoir trouver , des pêcheurs la tirèrent dans
leurs filets. * Suidas.
NICOl'IN, ville de Danncmark, capitale de l'Iflc de Fafter.
NICQPIN en Latin Nicopia, Ville dans la Sudermanie, Province
du Royaume de Suéde. Elle eft près de la Mer, Baltique, & a un Châ-
teau qui fervit affez long^temps de priTon à Charles , Duc de Sudermanie,
comme je le dis ailleurs.
NICOPOLIS, Ville Métropole deMyfie, que quelques-uns nom-
ment Nigeboli,& les Turcs, au rapport de Leunclavius, Sciltaro. Am-
niien Marcellin dit que l'Empereur Traj.an la;6t bâtir, après avoir vain-
cu Decebale Roi des Daces.
NICOPOLIS, Ville de Bulgarie fur le Danube, & vers la Valachie,
ou les Chrétiens furent battus par les Turcs , du tems de Sigifmond
Roi de Hongrie, en 1396. commejeledis ailleurs. Bajazet l'avoit em-
portée en pleine paix l'an 1390.
NICOPOLIS, Ville d'Epire, dite la Frevefa, félon Sophien. Elle
fi-tt bâtie près du lieu où Augufte avoit remporté la \ idloire fur Marc-
Antoine en 713. de^Rome. C'eft à ce fujet qu'un Poète a dit,
Urbi Nicppoli nornen viSior'ia fecit.
NIC. NID. NIE. NîG.
1'^
NICOPOLIS , Ville Epifcopale d'Arménie, fous la Métropole de
Sebafte. Caftelde la nomme GwBic;:., & les autres C^ww«. Les Auteurs
Ecclefiaftiques remarquent comme elle fut troublée par les Ariens , nprès
la mort de fon Evêque Théodore en 370. Les Hérétiques avoient in-
troduit Phorane qui étoit de leur parti ; mais les habitans delà Ville de
Nicopolis fe féparerentdc fa Communion, & on fut obligé de leur en
donner un Orthodoxe. Après cela S. Bafile leur écrivit une Lettre, pour
les exhorter à être bien unis avec leur Pafteur.
NICOPOLIS, Ville Epifcopale de la Judée, eft la même qÙ'Em-
matis, à qui on donna ce nom , qniYmtdÏK Ville de la viiloire. Cher-
chez Emmaiis.
[NICOPOLIS , nom d'une riche Courtifane , qui étant devenue
amoureufedeSylla, le fit fon héritier en mourant. Plutarque in Sytla.']
NICOSIE, que les Latins 8c les Italiens nomment Nico/ia , Ville
capitale de l'Ifle de Cypre, avec Archevêché. Quelques«uns eftiment
qu'elle eut autrefois le nom de Jhremithnm. Cette Ville étoit marchan-
de 8c bien fortifiée. Elle fut emportée par les Turcs au mois de Septem-
bre de l'an 1570. après un fiége de 41. jours. Voyez Chiprc»
NICOSTRATE , Orateur dont Suidas fait mention.
NICOSTRATE de Trebizonde , Sophifte qui vivoit fous l'Empi-
re de Claude 8c de Valerien dans le troifiéme Siècle. Il fit l'Hiftoire de
Philippe, de Gordien, de Dece, 8c de quelques autres. Evagre, li. k,
Hift. c. ult. Voulus , de Hifi. Grsc. 8cc.
[NICOSl'RATE, autrement nommée Carwente ,îemme d'Ev^n-
dre , chef d'une Colonie d'Arcadiens , qui vint s'habituer dans le La-
tium. Elle avoit le don de prédire , d'où vient que les Latins la nommè-
rent Carmenta , à carminibHs , enchantemens , ou prédidlions. P/«-
tarque in Romulo.]
?;? NICOT (Jean) Sr. de Villemain , Maître des Requêtes dé l'Hôtel
du Roi, étoit de Nîmes en Languedoc. Son mérite lefiteftimer. On
lui confia diverfes afîkires importantes, qu'il négocia avec beaucoup de
prudence. Il fut Ambafladeur en Portugal l'an 1559. 60. 8c 61. & il
en rapporta cette plante qu'on a nommée de fon nom Nicotianc , dite au-
trement Peiun 8z herbe k la Reine , parce que Nicot la préfentn à la Reine
Catherine de Medicis. Il compofa divers Ouvrages , comme un Diffio-
nâire François-Latin in folio. Un Traité de la Marine, 8cc. Nicot nioia-
rut à Paris le 10. Mai de l'an 1600. 6c il fut entevré dans l'Eglife de S.
Paul oùl'on voit fon Epitaphe. * La Croix du Maine, £;W. franc. Blan-
chard , Hift. des Maît. des Requét. 8cc.
NICOTERA , ViUe de la Calabre Ultérieure, dans le Royaume
de Naples , 8c fur le bord de h Mer Tyrrhene , avec titre d'Evêché.
Elle eft peu confiderable.
NIDDE, Rivière en Angleterre, dans le Pais de Northumberlatid.
Environ l'an 705. on célébra près de cette Rivière un Concile, où Beiu-
valdc de Cantorberi préfida , ce que nous apprenons de Bede , 8>i de Guil-
laume de Malmesburi. *Bede, li.^. Htfi.c.io. Guillaume de Malmes-
buri, /i. 3. c/e ;><;«. >4»_j/.
NIDROSIE , Fleuve de Norwege. Ce nom eft encoïe commun
à NiDRosiE, Ville autrefois capitale du même pa'is avec Archevêché j
vulgairement Drontheim Se Trontheim. Elle eft affez confiderable par
le commerce. Les Suédois en étoient maîtres depuis l'an 1658. mais par
un Traité plus nouveau elle eft revenue au Roi de Danncmark. Cher-
chez Drontheim.
NIEMEN. Cherchez Memel.
NiEPER, Fleuve de Pologne qui a fa fourcÈ en MofcoVié. Cher-
chez Borifthene.
NIERE^!BERG (Jean-Eufebe) Jefuite, étoit de Madrid où il nâqujt
en 1595. d'un père qui étoit Aflemand. Il avoit de la Science & beau-
coup de pieté. Le P. Nieiemberg mourut le lèptiéme Avril de l'an
1658. âgé de foixante-trois ans. Nous avons divers Ouvrages de fa fa-
çon. De arte voluntatis. Theopoliticas. Stromata facr^ Scriptum. No-
moglyphica. De origine [acre Script ur£. Doilrime Afcetics.. PandeSls,
HomiitiL catenat. CLiros Varones de la Compagnia de Jefus , G'c. * Alegam-
be, Bibl. Script. Soc. J. Nicolas Antonio, Bibi. Hifp.
NIEUPORT , que les Latins nomment Novas PoriUsj Ville dei
Flandre, dite autrefois Sfî;2/Ao/> , avec un Portfurla mer Germanique;
8c la Rivière d' Yperlée. Nieuport eft entre Fumes , Oftende, Ipre 8c Dun-
kerque. Elle a été fouvent aflrégée durant les guerres.
NIEUPORT en Hollande , fituée à un quart de lieuë de Schoon-
hoven. Elle a été autrefois plu^confiderable qu'elle n'eftaujourd'hui-
NIGEL VVIREKER, Anglois. Cherchez Wreker.
NIGEON : lieu dans la Paroifle de Chillot , proche de Paris , au
bout du Cours- la-Reine , oùétoitl'HiSteldeNigeon.quebReineAnne
de Bretagne, Epoufe de Louis XII. donna en 1493. aux Religieux de
l'Ordre de Saint François de Paule , pour en faire un Monaftere. Fljc
leur fit encore bâtir une Eglife à l'e'ndvoit où étoit une Chapelle fous le
titre de Nôtre-Dame de Grâces. Et enfuite on commença celle qu'on
voit aujourd'hui qui fut achevée Si dédiée en 1578. On appelle com-
munément ce Lieu , les Bons-hommes, , qui eft le nom que l'on donna aux
Religieux de cet Inftitut , parce que les Rois Louis XL 8c Charles VIII'.
nommoient ordinairement ainfîleur Fondateur S. François de Paule, 8c
fesDifciples ,en confideration de leur douceur 8c deleurfimplicité. *Le
Maire , Paris Ancien v Nouveatt.
NIGER ou Nijar , grand Fleuve d'Afrique. Il a fa fou'rce dans
l'Ethiopie, d'un Lacquilui donneifon nom; delà coulant un peu vers
l'Occident, il divife en deux parties le pais des Nègres , le traverfant
d'Orient en Occident, duranthuitcenslieuës; 8cacrû parles eaux d'un
grand nombre de Rivières, dont nous ignorons le nom, il fedécharg,e
par fix embouchures dans l'Océan Atlantique, près duCap Verd. Mais
il n'eft pas vrai qu'il coule d'un même Lac où eft la fource du Nil ,
comme quelques-uns l'ont crû. Ses embouchures prennent des noms di-
vers, comme de Senega, deGambia, de Rio grande, 8cc.
NIGER, Fleuve d'Afrique, qui donne le nom aux pais des Nègres,
ou qui a pris fon nom de ces Peuples. C'eft une chofe rem.irquable,
qu'au delà de ce Fleuve vers le Midi , les hommes y font fort noirs , ro-
buftes , & bien proportionnez , 8c la terre affez fertile. Mais au deçà
, vers le Septentrionr,>ils font-blancs, ou un peu bazanez, petits 8c foi-
■^03 blés
3°
NïG. NIL.
bles: &la terre eft fort fterile. La Marée,qui croit & diminue de fixen
fixheures, porte fon flux plus de vingt-cinq lieues au dedans dupaistcdt
pourquoi pour y entrer on attend quelle monte: car alors elle couvre
les bancs de fable , & facilite l'entrée aux Vaiileaux. Sur les bords de
ce Fleuve & d'autres rivières qui s'y rendent, font les habitations les
plus célèbres d'entre les Nègres: & comme il croît & décroît en même
tems,&de la même manière que le Nil, il couvre toute la campagne,
6c remplit les vallées; de forte que les Nègres y vont avec des barques.
Son débordement commence à la mi-Juin, & dure quatre-vingts jours
tant à croître qu'à diminuer. Ptoloraée s'elt trompe,lorfquil a dit qu il
V avoit un bras du Niger, qui alloit vers l'Orient : car les Marchands qui
vont de Gualata,& des Jalofes au Grand Caire , affurent quiis remon-
tent toujours le long de ce Fleuve, en y allafit; & qu ils reviennent en
defcendant fur cette rivière depuis Tombât, jufqua la Gumee, & a
l'Océan. *Ivlarmol, de l' Afrique , l'i. i.
NIGER. Cherchez Brutidius.
. NIGER. Cherchez le Noir.
NIGER (C. Pefcennius Juftus.) Cherchez Pefcennius.
NIGIDIUS FIGULUS , qui a été eftimé le plus doéte d entre les
Romains, après Varron, étoit Philolophe delà Sede de Pythagore. Mais
comme les Pythagoriciens étoient foupconnezde magie, il fut envoyé en
esihoù il mourut en 709. de Rome. Ciceron le loué &d autres parlent
avantageufementde lui. Janus Rutgerfius a recueuiUi avec foin tous es
fragmens qui relient de Nigidius Figulus,dans les anciens Auteurs La
Popeliniere eftime qu'il a écrit des Annales ; mais cela eft peu iur. Uct-
lon, li.de univerf. LzVo'pàmiere, II. s-de^'fl:
NIGRITIE ou pais des Nègres, grande Région d Afrique , dans la
Libye Ultérieure, entre les déferts de Zaara à l'Orient & au Septentrion ;
la Guinée au Midi; l'Océan Atlantique au Couchant, Scie long du Fleu-
ve Niger On le divife pour l'ordinaire en plufieurs Royaumes , dont
les plus connus&quiont leurs Villes de même nom , font au Septentrion
du Fleuve Niger, Borno,Guangara, Caiio, Caflena Agades , Tom-
but, Canvia, Gualata, Genehoa, Fouh Au Midi du Niger il y a
ceux de Zanfara, Zegzeg, Gago, Bangana, Canton Mandinga, Caragou-
lis, Soufos, Beccabena ,Melli ; aux embouchures du Niger font les peu-
ples Biafares , Jalofes, Gambaye,&c. Prefque tous les peuples de ce
pais fontMahomctans. Il y a auffi quelques Idolâtres, &d autres dans
lesdeferts, qui font fans Religion. Les Nègres font brutaux dans leurs
amours , pareffeux , groffiers & ignoran,s. Ils font prefque tous trafic
d'efclaves qu'ils enlèvent chez leurs voiiins. Souvent même les Nègres
vendent leurs enfans & leurs propres femmes aux Portugais , aux
Efpagnols & aux Hollandois,quiles mènent en Amenque pour y tra-
vailler aux moulins de fucre. , c • »
■ NIL grand Fleuve d'Afrique, que Ton nomme quelquefois Aea-
Hius Âbahuis & Abanhi , comme pour le qualifier le père des Fleuves,
à caufe qu'après avoir long-tems ferpenté, il fait fortir fes eaux par
divers bras & canaux , dont fe forment de nouvelles Rivières II a fa
fource dans la haute Ethiopie, au Royaume des Abyiïins, & dans une
terre dite Sacahela, habitée par un peuple appelle Agaus. Cette four-
ce eft dans de hautes & prodigieufes montagnes. D autres difent que le
Nil a deux fources dont la plus grande palTe a travers le Lac de Zem-
bre ou Zaïre, & l'autre fortant auffi des mêmes montagnes qui font
celles de la Lune, traverfe le Lac Zaflan. Quoi quil'en foit, les pre-
miers foûtiennent que le Nil, acrû de la Rivière de Gema, & des
Fleuves Kelti & Branti , forme le grand-Canal, quon nomme auffi la
grande Cataraâe; &fe jette dans le Lac Dambce. D autres ne met-
tent cette Catarafte ou gros bras , qu'après que le Nil a paflTe dans e
même Lac. 11 reçoit les Fleuves Gemala Se Abea, dans le Royaume de
Goiama, le Fleuve Baxile dans le Royaume deBagamidn , & le Ruec-
ca dans les Provinces d'Araaharam & Olecam. Enfuite ,il pafle dans
les'Provinces de Gans, Gafates, Bizame, Gongas, & dans fon che-
min s'étant groffi des eaux de quelques autres Rivières , il fe détourne
vers le Septentrion, & palTe le long des terres de Fafculo; puis étant
venu iufques aux peuples Bugihos & Balloos , il fe joint au Fleuve Ma-
lecq & enfuite au Tacaze, près d'un Bourg dit Jalac. Enfin, il arro-
fe 1 Egypte , qu'il rend féconde par fes débordemens. En fortant du
Caire il forme le Delta, ainfi dit du nom de cette Lettre Greque A;
gc il fe décharge dans la Mer par neuf embouchures , félon Ptolomee;
ou par fept au fentiment des Anciens: Ce que Virgile a exprimé amfa,
Itb. 6. JEneid.
Etfeptem gemini turbant trépida oftîA Nili.-
Et par quatre, comme veulent les Modernes. Au refte , le Nil , que les
Latins appellent Nilus,\ti Efpagnols & les Itahens N;/»,&lesAbyffins
^acui ic Abanhi, eft auffi nommé le Confervateur de la haute Egypte
pour fon débordement ;& le père de la bafle,à caufe de fonlimon. Il
venaquiontfoûtenuavec faint Ifidore, que cetoit le Gehon, un des
quatre Fleuves du Paradis terreftre. Ce Fleuve fe déborde ordinaire-
ment en Eté durant les grandes chaleurs , lorfque les autres Rivières
font baffes; ce qui eft néceffaire à l'Egypte , parce qu'il n'y pleut pref-
que jamais. On feme la terre d'abord après la décrue du Fleuve. Les
Anciens & les Modernes ont inventé diverfes raiions , pour trouver
l'orieine de cette merveille. Quelques-uns veulent que ce déborde-
ment foit caufé par des vents Etéfiens, qui s'oppofant au cours du Nil,
le font fortir de fes bornes. D'autres foûtiennent qu'il vient de la com-
munication de la Mer. D'autres foûtiennent qu'il provient des pluyes,
qui tombent en abondance dans l'Ethiopie. II y en a qui eftiment que
le fable qui s'amaffe vers fes embouchures en eft la caufe ; & d'autres
ont cru qu'on la devoir chercher dans la terre nitreufe d'Egypte. Les
Curieux confulteront les Auteurs que je citerai dans la fuite. Je ne dois
pas cependant oublier que les Egyptiens Idolâtres s'imaginoient que leur
Dieu Serapis étoit l'auteur de ce débordement merveilleux du Nil; &
qu'ils portoi-nt la marque de l'accroiffement dans le temple de cette
Divinité Mais depuis qu'ils furent éclairez des lumières de l'Evangile ,
ils la portoient dans les Eglifes. » Hérodote , Ptolq^e , Pline, Stra-
bon, Ortelius, Solin, Voffius, de ï^fiè-'^-ilMl^ Chambre, du,
. NÎL.'NIM.
débord, dit Nil. Thevenot , Vincent le Blanc, &c. Veyag.YMkv ,Préf.
de l'Egypte de Miirt. Kircher, de l'orig. du Nil,i3-c. [Le Nil fe nomme
Ab.-izvi en langage à'Amar.i,Sc ce mot fignifie paternel, de (ortequ'oa.
ne peut pas l'interpréter père des fleuves. En eff"et le Nil reçoit une in-
finité de fleuves dans fon cours, mais il n'en produit point. Pour ce qui
eft de fon accroiflement , on ne doute plus qu'il ne vienne des pluyes
exceffives,qui tombent alors en Ethiopie. Voyez Ludolf. Hijt.Aithiop.i
Lib. I. c. 8.]
S. NIL , a été célèbre par fa pieté & par fon favoir , dans le V. Siecler
fous l'Empire de Theodofe le Jeune . 11 fut difciple de faint Jean Chry-
follome,& Préfet de la Ville de Conftantinople , où fa vertu le f.-ifoiC
autant confidérer que fa qualité. L'amour de la pénitence lui fit quitter
fa Magiftrature , pour fe retirer dans un défcrt. Sa femme & fa fille en-
trèrent dans un Monaftere de Vierges ; & pour lui il embraffa la vie So-
litaire fur le Mont Sinai , avec fon fils Theodule. Les Sarrafins y vinrent
troubler fon repos, tuèrent les Prêtres du Monaftere, & emmenèrent
captifs plulieurs Solitaires , entre lefquels fe trouva fon fils. Saint Nil a
décrit cet accident dans une Hiftoire qu'il a corapofée. Nous l'avions
autrefois dans Lipoman;mais en un miferable état. LePereFoffin Je-
fuite en a donné une édition Gréquc & Latine , depuis l'an mil fix cens
trente-neuf, en un Volume in quarto. Elle a été faite fiir un Manufcrit
tiré de la Bibliothèque de Charles de Montchal , Archevêque de Toulou-
fe.LeP. BoUandus a mis cette Hiftoire dans fa Vie des Saints au quator-
zième Janvier. Le premier y ajouta une Oraifon à la loiiange d' Albain ,
fameux Anachorète :& depuis l'an mil fix cens cinquante-Iépt , il a pu-
blie dans un autre Volume in quarto, Xwis cens cinquante-cinq Epîtres
de ce Saint, qu'il a titées de la Bibliothèque du Grand Duc de Tofcane.
Elles font en drec & en Latin,avec des Remarques curieufes. Nous avons
dans la Bibliothèque des Pères, les Exhortations de faint Nil à la vie Mo-
naftique , réduites en deux cens vingt-neuf Articles. Nous avons auffi fa
Form e de prier , mais non pas telle que Photius l'avoit vue , c'eft-à-dire en
cent cinquante-trois Chapitres. Saint Nil fut confidéré comme un des
grands maîtres de la vie Ipirituelle & de la profeffion Religieufe , & il en
compofa urf Traité intitulé de la Philofophie Chrétienne. Les Pères du
VII. Synode, tenu en la caufe des Images, lurent deux de fes Epîtres,
l'une à Heliodore Silentiaire , & l'autre au Préfet Olympiodore. Saint Nil
mourut environ l'an 410. Il fut enterré à Conftantinople avec Theodule
fon fils , qu'un Evêque acheta des Sarrafins. Le Menologe des Grecs ,
& le Martyrologe Romain en font mention au 11. Novembre. * Pho-
tius, Cod. 153. a- 201. Nicephore Callifte, li. 14. c. 14. c/ 53. Sixte
de Sienne , Beilarmin , Baronius , Pofl'evin , Godeau , en fa Vie , 8cc.
NIL, Patriarche de Conftantinople, dans le XIV. Siècle, fuccéda
à Macaire,en 1378. & gouverna cette Eglife environ vingt ans. *Onu-
phre , in Chron.
NIL, Archevêque de ThelTalonique , vivoit dans le XIV. Siècle,
environ l'an mil trois cens cinquante-cinq. Décrivit deux petits Traitez
contre la Primauté des Papes. Le Concile deFlorencerejetta depuis fes
erreurs contre le Saint Efprit. ConfultezSponde, .^i. C. 1355. «a»». 7.
NILUS DOXAPATRIUS, Ecrivain Grec , qui prend le nom
à! Archimandrite , ou Abbé , a écrit par ordre de Roger Roi de Sicile ,
un Traité des cinq i^atriarchats , vers la fin du XI. .Siècle. Léo
Allatius , qui avoit cei Ouvrage , en a fait imprimer dans fon Livre, i. De
confenju Eccl. Occid (jr Orient, un long Fragment qui contient la no-
tice des Eglifes qui dépendent du Patriarche de Conftantinople. Etien-
ne le Moine a fait imprimer depuis en 168;. le Traité entier
de Doxapatrius en Grec & en Latin. Nilus traite en particulier des
Patriarchats de Rome , d'Antioche , d'Alexandrie, de Jerufalem & de
Conftantinople, affignant à chacun leurs limites, & les Eglifes qui en
dépendent. 11 reconnoît pour les trois premiers Patriarchats, Antioche,
Rome & Alexandrie; parce que S. Tierre a fondé, félon lui, ces trois
Eghfcs, ayant refidé à Antioche & à Rorae,& ayant envoyés. Marc
à Alexandrie dans la Libye fous laquelle ètoitcomprifelal'aleftine, où
étoit fituéejeruf.ilem. Il donna au Patriarche de Rome toute l'Europe ,
autrement ce qu'on appelle l'Occident : a celui d'Antioche , toute l'Âfie
ou l'Orient, & même les Indes ;& au Patriarche d'Alexandrie , toute
la Libye, l'Ethiopie jufqu'à la Marmarique & Tripoli d'Afrique , 6c
toute l'Egypte avecla Paleftine. Il explique enfuite l'ètabliflement des
deux autres Patriarchats qui font Jerufalem & Antioche , en marquant
auffi leurs dépendances & leurs limites. A la fin de fon Traité , il parle
de Rome , de la Lombardie & de la Sicile , & de l'accord qui fut fait pour
ces païs-là entre le Pape & Charlemagne Roi de France, à qui le Fape
donna la Couronne & le titre d'Empereur. Leur Traité, dit-il, poitoic
que Charles occuperoit la Lombardie & les pais adjacens,que le Pape
auroit la Tofcane, & les pais qui font depuis Rome jufqu'à la Lombar-
die, & la Sicile , qu'enfin Charles rendroit les honneurs dûs au Pape & à
fes Succeffeurs : lequel accord fut fait avec ferment de part & d'autre de
n'y point contrevenir. Nilus Doxapatrius remarque qu'il s' eft obfervé
religieufement jufqu'à fon tems. * Richard Simon.
NIMEGUE , que les Latins nomment Noviomagns ou Noviema-
gum,&c les habitans Nimwegen tVille du Pa'is-Bas , Capitale de la Baffe
Gueidre. Elle eft fituée fur cette partie du Rhin, qu'on nomme Va-
hal, entre Raveftein , Rureraonde&Utrecht. C'eft une place ancienne,
puiffante , riche , forte & bien peuplée. Elle fut fouvent prife & reprife
dansleXVI. Siècle, par les Hollandois & lesEfpagnols. Elle refta enfin
aux premiers, l'an 1591. & c'eft à eux que Louis XIV. la prit durant
la campagne de 1671. Elle revint enfuite aux Hollandois, peu de tems
après, & cefut dans cette Ville quelapaix fut conclue en i678.queron
nomme , à caufe de cela , la paix de Nimegue. Confultez Paul Merula &
Jean Ifaac Pontanus.
NIMETULAHITES : forte de Religieux Turcs ainfi nommez
de leur Fondateur Nimetulahi. Ils s'affembloient tous les Lundis, la nuit,
pour chanter des Hymnes à la loiiange de Dieu. Ceux qui veulent être re-
çus dans cet Ordre, font obligez de faire une quarantaine, c'eft-à-dire, de
demeurer pendant quarante jours enfermez fans compagnie dans une
chambre , où on ne leur donne qn'environ quatre onces de nourriture
par jour. Au fortir de cette chambre après les quarante jours de jeûne,
les autres Religieux prenneiit le No vice par la main, 8c danfent à la Mo-
refque.
NIM. NIN. NIO. NIP.
refque, en fAifant quantité de geftes extravagants. Dans cet exercice , il
arrive ordmairement que ce Novice tombe à terre tout étourdi , & re-
çoit, dilent-ils , quelque vifion pendant cette extafe. * Ricaul , de T Em-
pire Ottoman.
NIMPHIS, {Nymphis) Hillorien Grec, étoit d'Heraclée, Ville de
Pont, fils de Xenagoras. Il écrivit XXIV. Livres de l'Hiftoire d'Alexan-
dre & de lesfuccelleurs , XIII. de la Ville d'Heraclée , & divers autres qui
font citez par les anciens Auteurs. Nimphis a vécu vers l'an 600. de
Rome. *Elien , /;. 17. de anim. c. 3. Athénée, li. li.zy 13. SuidaSj
yoffuis, deHift.Gru.li.ï.c.16. Gcfner, in Bibl.
NIMPHODORE {Nymphodore) d'Amphipolis. Auteur Grec. Nous
ne favons pas en quel tems il vivoir. Il a écrit uneHiftoiredes Loix&
des Coutumes des peuples d'Afie , que Clément Alexandrin cite. D'au-
tres l'allèguent auffi diverfement , ce qui a trompé Ange Politien , &
d'autres qui fe font imaginez. queNymphodoreavoit fait divers Ouvra-
ges, bien que ce ne foit que le même. Ce que le do(fle Voffius a bien fù
remarquer. * Clément Alexandrin,/;, i . Strom. VoiTiuSj/J. 3. de Hift. Gnc.
NIMPHODORE de Syracufe , Auteur Grec, qui éaivit une
Hiltoire de Sicile. Pline, Stephanus de Byzance, ôcc. citent l'un 8ci' autre
de ces Auteurs.
NlNIAS, fils de Ninus. Cherchez Zameis.
NINIVE, Ville d'Affyrie, fur le Tigre, bâtie par Affur ou Ninus.
L'Ecriture dit au dixième Chapitre de la Genefe : De terra Ma (Sen-
raar) egrejfus efi Âffiir, qui s.dificavit Ninivem. Plufieurs Auteurs efti-
ment que cet Affur ef! le fils de Sem. Et en effet, Jofeph dit en ter-
mes formels : Ajfur,qui étoit le fécond fils de Sem , bâtit la Ville de Ni-
itive , c? donna le nom d'AJfy riens àfes/ujets, qui ont été extraordinai-
rement riches c? puijjgns. Ceux qui font de ce iéntiment , eftiment que
Ninus fils de Belus ou Nemrod de la famille de Cham.prit depuis cette
■Ville , l'augmenta & lui donna fon nom. Cependant les autres affurent
que c'eft le même Ninus qui bâtit Ninive, & qu'il n'eff nommé AJfur
dans l'Ecriture, que parce qu'il avoit conquis l'Affyrie. Quoi qu'il en
foit , cette Ville etoit grande & vafte. Diodore de Sicile en fait une
defcription magnifique ; & pffure que le circuit étoit de 480. ftades.
Nous voyons auffi, que quand Jonas fut envoyé pour prêcher aux Nini-
vites, l'Ecriture dit que Ninive avoit trois journées 'de chemin: Et Ni-
nive erat civitas'magna itinere trimn dierum^. Ce qu'on doit pourtant
entendre du tour de la Ville, comme S. Jérôme & divers autres le croyent.
La deftrudion de Ninive fut prédite par le i'rophete Nahum , & par To-
bie. Elle fut auffi ruinée par Arbaces & Belefe fous Sardanapale, par
Merodach&parNabuchodohofor. Au refl:e,il ne faut p.is oublier que
prefque tous les Géographes de ce tems eltiment que Mofol ouMoful
d'aujourd'hui, eft la même qiie la Ninive d'autrefois. Cependant, un
Voyageur moderne tait voir le contraire , par des raifons affez con-
vainquantes, aifurant que Mofol n'eil-pas dans l'Affyrie, mais dans la
Mefopotamie, Sclur le bord Occidental du Tigre. 11 fe fert auflî du té-
moignage de ce Sulaka qui fut envoyé par les Neftorkns à Rome en
1553. & qui dit : Mofiol jita eft ad ripatn flumïnis Tigrts , a qua ex al-
téra parti ripa, abeft Nmive,bis mille paffibus , (^c. * Genef 10. Nahum
i.Tobie, c.»/r. Jofeph, ii. 1. 10. zifc.Ant. Diodore, ii. 3. Jullm,Strabon,
Pline, &c. Salian,Torniel&Sponde, Annal. vet.Jeftam. Pererias, in
Cen, [Bochart a fait voir qu'il n'eft pas dit ({\x Affur bâtit Ninive, mais
que Nimrod étant allé dans le pais i Afftir il y bâtit Ninive, &c. Phal.
Lib.iV.c.ii. On^eut trouverdanslemême Auteur c. 10. un Recueuil
de ce qui nous refte dans les Ecrits des Anciens touchant Ninive ,- 8c
ce qu'on peut dire de fa fituation.]
NINUS ou Affur, qix'Eulébe fait Roi de la première Monarchie
des Affyriens , étoit fils dé Belus , auquel i! fuccéda , félon 1 opinion la
•plus raiîbnnable , environ l'an 1944. du Monde. J'ai déjà dit qu'on le
prend pour l'Affur de l'Ecriture. Il fit bâtir dans Babylone un "Temple
•à fon père, voulant qu'il y fut adoré comme une Divinité. Depuis il
bâtit ou augmenta Ninive , vainquit Zoroaftie Roi de la B.idriane,
époufa Serairamis qui étoit d'Afcalon; fubjugua prefque toute l'Ane, &
mourut après un règne de 51. ans, en 1996. du Monde. Torniel &
d'autres ne mettent cette mort qu'en 1048. * Genefe, c. 10. Hérodote,
' li.i.ouCiio , Diodore de Sicile, i/.3. Eufebe, in Chron. Genebrard ,
U.ï.Chron. Torniel & ^lûizn, in Annal. vet.Teft. Scaliger, Petau, Lan-
ge, Calvitius,&c. [Il n'y a aucune certitude que \'AJ}nr de l'Ecriture
foit le Ninus des Anciens, fils de S«/aj; ôcnôtre Auteur, qui croyoit que
Nimrod elï le Belus des Païens , ne le fauroit affurer fans fe contredire,
puis qu' Affur étoit fils de Sem ôC Nimrod de Chus. Il y a bien plus d'ap-
parence que Nmus n'a vécu que du tems de Debora, ik qu'il fit embellir
Ninive, dont Nimrod n'avoit jette que les fondemens , & lui donna le
nouveau nom de Ninive, qui lignifie la demeure de Ninus. Voiez Vojf.
Chronolog. e?- Difc. Jur l'Hift. Univerf. de M. de Memix.]
NIOBE', fille de Tantale & femme d'Amphion Roi de Thebes.
Elle étoit bien faite & féconde, &ellefe vantoit avec arrogance de fes
cnfans, qu'elle préferoit à ceux de Latone. Ce mépris fâcha li fort cette
dernière, qu'elle les lui fit tuer. Niobé en témoigna une douleur extrême,
&elle fut métamorphofée en rocher. Ovide en fait mention, dans le 6.
Livre des Metamorphofes. Elle eft différente de Niobe', fille de
Fhoronée & mère d'Argus & de Pelafgue. [La fable dit que Niobé f ut
changée en ftatuë de pierre, parce que la douleur qu'elle eut de la mort
de fes enfans la tua,& la rendit par conféquent auffi immobile qu'une
, pierre. Ainfi ii eft dit i. Sam. XXV. 37. que JJ<ii«/,q^i mourut de cha-
■grin , devint pierre.^
NIPHATE, dit Curdo, partie du Mont Taurtis , entre l'Arménie
Sx. la Mefopotamie. Les Auteurs anciens en parlent fouvent. Virgile en
a fait mention , li. 3. Georg.
Addam urbes Ajia. domitas , pulfumque Niphatem.
. _ Il fort de cette montagne un Fleuve de même nom, qui paffedans
l'Arnaenie & la Mefopotamie , & fe décharge dans le Tigre.
NiPHON, Ifle.de l'Afie, à l'Orient de nôtre Continent, la plus
grande de celles du Japon. Meacoen aété la Capitale; mais maintenant
c'eft lendo. On ladivile en cinq parties, qui font jamaifoit, Jetfengo ,
NIP. NIS.
3^
Jetfegen , Ochio & Quanto. Ce nom de Niphon veut dire fource de
lumière. Cette Ule a près de foixante lieiiès de circuit. On y compre-
noit autrefois cinquante-trois Royaumes. * Briet &: Sanfon , Ccogr..
Voyez Japon.
NIPHON , Evêque de Cyzique , fut fait Patriarche de Conftanti-
nople dans le XIV. Siècle, en 131 1. Il étoit ignorant, bien qu'aflcz
adroit pour les chofes temporelles. Son avarice &fes impietez le firent
chaffer en 1315. * Nicephore Gregoras, li. 7. Sponde, A. C. 12.11.
n. 18. c?" iBiJ. n. 8.
NIPHON II. étoit du Peloponnefe ; & de Métropolitain de Theffa-
lonique, on le fit Patriarche., Il étoit dodte & pieux. Le peu d'ern-
preffement qu'il eut à payer une fomme d'argent au Thrcforier du
Grand Seigneur, fut caufe que Bajazet le chaffa d abord après fon éleâion
en 1481. * Sponde, in Annal.
NIPHUS dit EuTYCHius & Philotheus (Auguftin) étoit
de Seffa qui eft une ville d'Italie dans le Royaume de Naples. Paul
Jove dit qu'il étoit originaire de Tropea dans la Calabre. Il enfeigna la
Philofopliie dans prefque toutes les Univerfitez d'Itahe , & trouva par
tout des amis &des Protedeurs. Outre qu'il étoit très-favant, il étoit
agréable en compagnie , & faifoit un conte de bonne grâce. Le PapC
Léon X. le vouloir avoir continuellement auprès de lui, & lui permit de
prendre le nom & les armes de Medicis. L'Empereur Charles V. lui
donna auffi un brevet de Confeiller d'Etat. On dit que cet Empereur
ayant demandé à Niphus comment les Princes pourroient bien gou-
verner leurs Etats; Ce yêra, lui répondit hardiment Niphus, en fe fervant
de mes femblables ; Il vouloir dire d'un Philofophe. Mais le bon hom-
me fe trompoit furieufement. Comment auroit-il gouverné un Etat
lui qui ne fe favoit pas gouverner foi-même ? A l'âge de foixante & dix
ans il avoit encore des maîtreffes,& quoi que vieux & goûteux, il paf-
foit les nuits entières à chanter & à danfer avec elles. Niphus avoit
époufé Angelella qui étoit une Dame très-fage & très-vertueufe , de la-
quelle il eut divers enfans , & cependant il avoit des courtifanes. H
en aima une nommée Phaufina, à laquelle il dédia, fous le nom de
l'Aurore, fon Livre du Courtifan; De aulico vira. Et il avoue lui-même
qu'il eut une très-forté paffion pour une certaine Hippolyte qu'il ap-
pelîoit g«i»/'«, parce qu'elle étoit la dnquiéme de fes maîtreffes. Quoi
qu'il en foit , ce Philofophe fi tendre & fi paffionné mourut vers l'an
1537. car Paul Jove dit que ce fut la même année qu'Alexandre de
Medicis fut affaffmé. Il a laiffé divers Ouvrages, des Commentaires fur
Ariftote, un Traité de l'immortalité de l'ame contre Pomponatius,
des Opufcules de Morale & de Politique que Naudé fit imprimer
l'an 1645. à .Paris , en un Volume in quarto. Des Epîtres , Ad-
verfiis Aftrologos. De inirnicitiarum lucro. De armoriim e? lilerarum
eomparatione. De Tyranno ct' Rege. De Auguriis. De diebus criti-
cis , zsfc
Auguftin Niphus eut, entre autres enfans. Jaques qui fut père de Fabio
Profeffeur en Médecine àPadouë; mais en ayant été chaffé parce qu'il
fuivoit les nouvelles opinions dans la Religion, il vint à Paris, & il
enfeigna les Mathématiques à Meffieurs d'tibene. De là il paffa en
Angleterre , puis il revint en Hollande où il enfeigna quelque tems à
Leyden. Il compofa un Ouvrage intitulé Ophinum, qui n'a été publié
qu'en i6r7. Mais enfin n'étant pas fatisfait.il réfolut de venir en Flan-
dre où il fe maria, & il laiffa Ferdinand Niphus. Ce dernier a été uti
homme de Lettres; il fit imprimer l'an 1644. à Louvairi un Traité de
Caramuel intitulé Methodus difputandi. L'Epître, qu'on voit à la tête de
cet Ouvrage , eft de fa façon ôc il y parle de fes parens. * Paul Jove,
inelog. dotl. c.ç/i. Opmeer,;» Chr. Le Mire, de Script. Xl^l.s^c'.Hux-
dé , m Prdf. ad Opujc. Polit. Augufl. Niph. c?c.
NISAN , premier mois du Calendrier des Hébreux , qui répondoit
à nôtre Mars & Avril. Il étoit confiderable par le facrifice du premier
jour, &par la Fête de Pâques. *Sigonius,/» Calend.Hebr. Torniel,
A. M. 2J4J.
NISE ou N I s N E , qu'on appelle auffi Niffi Novogorod , ou petite
Novogorod, Ville de Mofcovie, que le Grand Duc Bafile fit bâtir fur
le Confluant de l'Occa , & de la Volga. 11 lui donna ce dernier nom à
caufe que la plupart des habitans y étoient venus de Novogorod. Nife
eft fort marchande ,avec des Fauxbourgs confidérables. Elle efthabitée
par des Mofcovites, Tartares, HoUandois, &c. Les Latins la nomment
Novogordia inferior.
NISI. Cherchez Niffe.
NISIBE, Ville de Mefopotamie, dite aujourd'hui Nifibin, dans le
Diarbech. Elle a- été illuftre pour la réliftance qu'elle avoit faite aux
Perfes & aux Barbares , lors qu'ils farfoient des courfes dans les terres
de l'Empire. Les Médailles que ceux de Nifibe a voient frappées à l'hon-
neur de "Trajan & de Severe , comme l'affureGoltzius, témoignent que
cette Ville étoit une Colonie Romaine. Les Auteurs Écclefiaftiques par-
lent fouvent de la protedion que Nifibe reçût de S. Jaques leur Evêque;
& fur tout quand elle fut nfliegée par 5apor Roi de Perfe en 1338. Ce
faint Prélat diffipa par fes prières l'armée des ennemis de Dieu ; & mê-
me après fa mort il garantit cette Ville des invafîons des Perfes. Elle fut
fouvent prife par ces Infidèles. * Theodoret , /;. 2. Pline , Stra-
bon., &c. *
NISITA, en Latin Nesis, petite Ifle d'Italie dans la Terre de La-
bour, au Royaume de Naples, à trois milles de Pouzzol. L'an ij^o.'
on y découvrit un Sépulcre de marbre d'un Citoyen Romain , où l'on
trouva une lampe alliimée dans une bouteille de verre, qui n'avoit aucu-
ne ouverture , ce qui étoit fort extraordinaire : toutes les autres lampes
ayant été renfermées dans des urnes qui n'étoient point bouchées, ou
mifes dans des Sepulchres , qui pouvoient recevoir de l'air par quelques
fentes. On caffa cette bouteille de verre , & la lumière s'éteignit auffi-
tôt qu'elle futexpofée à l'air. Le feu de cette lampe étoit extrêmement
vif, & le verre n'etoit tâché en aucun endroit, ce qui fit croire que ce feu
ne jettoit point de fumée. * Licetus , de Lucemis antiej. Ub. 2.
NISMES , Ville de France dans le- Bas Languedoc , avec Evcché
Suffiragant de Narbonne. Les Latins la nomment Nemaufus, ou Volca-
rum Arecomicorum Nemaufus. Elle eft célèbre par fon antiquité, dont
on voit encore de beaux monumens. Le plus confiderable eft l'Am-
phitheatre^
3^
NIS.
phitheatre , que ceux du païs appellent les Arènes. Sa forme cft ronde, &
il eft bâti de pierre de taiile dune longueur & d'une grandeur extraordinai-
re, avec plufieurs lièges pour la commodité des Speftateurs. Le dehors
eft environné de colomnes , avec leurs corniches , ciil'on voit les Aigles
Romaines, & des figures deRemus&Romulus allaitez par une louve.
La Maifon qu'on nomme Quarrée eft un ancien Maufolée , dont on ad-
mire lesreftes. On va encore voir dehors la "Ville, le Temple de Diane,
la Tourmagne , & diverfes autres antiquitez.
Quelques-uns eftiment que cette Ville fut bâtie parun fils d Hercule ;
mais ce fentiment eft difficile à bien établir. Il eft fur qu'elle fut Colo-
nie des Romains , & féconde en grands Hommes. Les anciennes Mé-
dailles témoignent que c'étoit une Colonie des Soldats qu'Augutte avoit
ramenez d'Egypte, après la conquête de cette Province. Nous y voyons
une palme où eft attaché un Crocodile , avec ces mots COL. NEM.
qu'on explique ainli Colonia Nemaufus , ou Nemaufenfiam , &: non pas
coUigavit Nemo, comme Paradin & d'autres l'ont expliqué, pour dire
qu'avant Augufte perfonne n'avoit enchaîné le Crocodile , qui eft le Sym-
bole de l'Egypte. Cette Med:iil!e forme aujourd'hui les armes de Nif-
mes. Sa fituation eft la plus charmante de la Province, ayant d'un cô-
té des collines couvertes de vignes , &de toutes fortes d'arbres fruitiers;
& de l'autre une grande campagne fertile. La 'Ville eft belle , & outre
l'Evêcbé elle a Préfidial, Senechauflee & Collège. Elle fut foûmife aux
Goths jufqu'au tems de Charles Martel , & depuis cent ans elle avoit été
fouvent un des boulevarts des Calviniftes. Mais les armes de Louis h
Jufte, la fagefl"ede Louis XIV. & le zélé de fesEvêques l'ont réduite à
l'on devoir. La Ville de Nifmes a eu autrefois des Comtes & des Vicom-
tes. Li'Hiftoire de Carcafl'onne dit que Bernard Atton époufa la Com-
teffe Cécile de laquelle il eut trois enfans , "& que par fon teftament de 1 an
II 29. iilaiffa Nifmes au troifiéme. Il y a encore que Mantiline& Païen-
ne , filles du même Bernard Atton, cédèrent en 1152. le droit qu'elles
avoient fur Nifmes à leur frère. Les Comtes de Touloufe fuccederent
aux Vicomtes de Nifmes. Raymond V. prenoit la qualité de Comte de
Mifmes; en 1188. il donna des Privilèges à quelques Ouvriers de cette
Ville; ôceniipS. il fit des Ordonnances touchant l'éleâion des Confuls.
Les héritiers de Bernard vivoient encore en ce tems. Ils fe fournirent
premièrement aux Rois d'Arragon , &: puis aux Comtes de Provence
pour avoir une protedion contre les Comtes de Touloufe ; & enfin , un
Bernard céda en 1114, les droits qu'il avoit fur le Comté de Nifmes à Si-
mon .Comte de Montfort , & c'eft par celui-ci que ce Comté a été uni à la
Couronne. * Ptolomée , /. ^. c. 10. Mêla, /. 2. c 5. Pline, h. 3. c.4. Suéto-
ne , in liber. Antonin, in Itiner. Aufone, in Defcr. Burdig. Strabon, /;. 4.
^emYo\Ao,Difcours de V Antiq.de Kifmes. Craffer, Antii. Nemaufen.Btïïe,
Jiifl. de Carcajj Sainte Marthe, Gall. Chrift. Du Chefne , ^ech. des Ant. des
Tilles. Sinccrus, Itiner. Gdlu. Catel , //. 5. Hifi. de Lang. Deyron, &c.
Conciles de Nifmes.
Sulpice Severe parle d'un Concile affemblé à Nifmes environ Tan 389.
Il dit que S. Martin de Tours fouhaittant de favoir ce qui s'y étoit paffé,
•un Ange le lui vint apprendre. Cela eft rapporté dans le i. Dialogue de la
Vie de S. Martin. Theodat de Narbonne célébra en 886. un Concile dans
le Territoire de Nifmes , contre Selva Clerc Efpagnol , qui fe faifoit
Archevêque. Theodat y fut accompagné de trois autres Métropolitains,
& de plufieurs Evêques , entre lefquels étoit Gilbert de Nifmes. Les
Archives de l'Eglife de Narbonne , qui font mention de cette Afl"emblée,
parlent d'une autre tenue onze ans après en 897. Hulgaudde Fleuri, la
Chronique de Maillezais , divers autres Aftes anciens , témoignent que le
Pape Urbain II. retournant à Rome, après la célébration du Concile de
Clermont , en affembla un en 1 096. à Nifmes , dont on nous a donné de-
puis peu zo. Canons. Le même Pontife y donna l'Archevêché de Nar-
bonne à Bertrand Evêque de Nifmes.
NISMES , Ville du Bas Languedoc. Il y a plufieurs beaux monu-
inens de l'Antiquité , dont un des plus confiderables , eft la Maifon Quar-
rée. C'eft un Edifice qui forme un quarré long , ayant foixante-quator-
ze pies de longueur , & quarante & un pié fix pouces de largeur , félon
les dimenfions que nous en donne Jean Poldo d'Albenas. Quelques-uns
ont crû que c'étoit la Bafilique qu'Adrien avoit fait bâtir à Nifmes en
l'honneur de Plotine, femme de l'Empereur Trajan:_ mais cette Maifon
n'eft pas un ouvrage fi merveilleux, que Spartien dépeint-les Bafiliques Et
de plus, les Bafiliques , comme le remarque Claude Perrault dans Vitruve,
avoient les colonnes par dedans, au lieu que les Temples les avoient par
dehors , comme font celles de la Maifon Quarrée. D'autres ont été d'a-
vis que c'étoit un Capitole , c'elf-à-dire , une Maifon Confulaire , où
s'affembloient les Magittrats de la Ville; parce que le peuple lui donne
encore le nom de Capdueil , qui, dans le langage du pais , fignifie Capi-
tole ; Se que dans les Titres anciens de quatre ou cinq cens ans, elle eft ap-
pellée Capitole; &: l'Eglife voifine S. Iitiennedu Capitole. Mais on fait
qu'il n'y avoit en ce tems-là des Confuls qu'à Rome; & on ne lit pas
qu'il y ait eu des Capitules en d'autres Vifles. Les Maifons publiques
où les Proconfuls & les Préteurs rendoient la Juftice , s'appelloient Pré-
toires. Il y a donc apparence que cette Maifon Quarrée étoit un Temple
bâti par les anciens Romains, à la manière des autres Temples quarrez-
longs, comme font ceux de Thefée , & de Minerve à Athènes. Ce qui
marque plus précifément que c'étoit un Temple , c'eft le fronton de la
façade , propre & particulier aux Temples. Il eft très-difficile de favoir
à quelle Divinité il étoit dédié , puifque l'on n'y trouve ni Infcriptions,
ni bas-reliefs , qui en puiffent donner quelque connoiffance. Peut-être
étoit-il confacré à Jupiter Capitolin , d'où fetoit venu le nom de Capitole.
:* Spon , Recherches curieufes d Antiquité.
NISSE ou Ni SI , Ville Epifcopale de Cappadoce ou Arménie ,
célèbre pour avoir eu S. Grégoire pour fon Prélat. On es met une autre
dansles Indes, bâtie par Bacchus.
NISSENO. Cherchez Nizeno.
NISUS , Roi de Megare en Achaic , avoit parmi fes cheveux blancs ,
quelques cheveux de couleur de pourpre fur le haut de la tête, qu'il con-
fervoit avec foin, parce qu'il croyoit que de là dépendoit la confervation
NÎS. NIT. NîV. NIX. NIZ. NOA.
de fon Royaume. Mais Scylla fa fille le trahit , lorfque Minos Roi de
Crète affiegeoit la Ville de Megare: & ayant conçu de l'amour pour ce
Roi , elle coupa adroitement ces cheveux fatals à fon père , 8c livra fa
patrie aux ennemis. Nifus mourut de déplaifir : & les Poètes ont feint
qu'il fut changé en Epervier. Ils ajoûterit que Scylla voyant que Minos
la méprifoit , mourur aulTi de dcfefpoir , & qu'elle fut metamorphofée
en Alouette. Cette Fable a quelque rapport à l'Hiftoire véritable de
Samfon , à qui Dalila coupa les cheveux , d'où dépendoit la force de ce
Héros. *Apollodore, li.'i,. Ovid. 8. Metamorph.
[NISUS, Auteur qui avoit écrit de fOrthographe , & dont Velius
Longus fait mention. On l'avoit furnommé Artigraphus , c'eft-à-dire,
le parfait Ecrivain.]
[NITENTIUS , Officier de l'Empereur Valens. Gratien en fait
mention, dans la loi 2. ne Sanâlum Baptifina, publiée en ccclxxvii.
Jac. Cothûfredi Profopogr. Cod. Theodofiani.]
NITHARD, Abbé de faint Riquier, a été en eftime dans le IX.
Siècle. Il étoit fils d'un grand Seigneur nommé Angilbert, & de Berthe
fille de Charlemagne. Sa naiflance lui donnoit droit fur beaucoup de
Terres , qu'il laiffa à fon coufin Louis le Débonnaire , pour vivre dans la
retraite. Il fut tué par les Danois, environ l'an 853. Nithard écrivit une
Hiftoire des guerres entre les trois fils de Louis le Débonnaire. Libri IK
de Bifcordia filiorum Ludovici Pii, (src Pierre Pithou la fit imprimer
la première fois à Paris, eni 588. enunTomei^OiSa^/o, Sec. Du Chê-
ne lamitdepuisdanslell.VolumedesHiftoriens de France. Cette Hif-
toire commence par la mort de Charlemagne, en 814. & finit en 843.
Dans le IV. Livre l'Auteur y parle de fon père ; & enfuite d'un de fes frè-
res, qu'il nomme Harnide. §ui ex efu/dem magni Régis filia , nomine
Béret ha, Harnidum fratremmeum jO' meNitharâumgenuit jzyc. *Bar-
thius, Adverf.li.46. cap.ç. Voffius, de Hift. Lat. U. 2. cap. -^4. Sainte
Marthe, Gall. Chriji. T. IV. de Abbat. S.Ricardi.
NITHESDALE , Province en la partie Méridionale deTEcolTe,
fur les confins d'Angleterre. C'eft une vallée divifée par la Rivière de
Nirhes. Sa Ville Capitale eft Dunfreis. Les autres font Solway , Mor-
ton, &c. *Camden, Defcr. magn&Britan.
NITOCRIS, Reine de Babylone, étoit mère de Labinet queCy-
rus détrôna. Elle rompit le cours de l'Euphrate , en le faifant tour-
noyer au deflus de la Ville, pour empêcher les ennemis d'y venir trop
promptementenfuivantl'impetuofitédefoncours. Elle fit auffi bâtir un
Pont fur l'Euphrate, & fon tombeau furla porte la plus confiderable de
la Ville , promettant par une Infcription , de grands tréfors à ceux qui
l'ouvriroient. On dit que Darius l'ayant fait ouvrir, n'y trouva que ces
paroles. Si tun'euffesété infatiable d'argent , tun'euffespas violé la fepuU
ture des morts. Hérodote, dansle 1. Livre de fon Biftoire.
NITOCRIS Reine d'Egypte , qui vengea la mort du Roi fon frè-
re , en faifant noyer ceux qui l' avoient tué. * Hérodote , //'. 2.
NITRIE, montagne d'Egypte, illuftre pour avoir été fanflifiéepar
la retraite de pjufieurs Anachorètes.
NITRIE ou Nitracht , Ville dans la haute Hongrie , qui a eu titre
d'Evêché.
NIVATA , Province du Japon , avec une Ville de même nom ,
dans la Région dite de Quanto. *Sanfon, Geogr.
NIUCHE, que les autres appellent Tendue ou Charchir, Royau-
me de Tartarie en Afie , fur les confins de la Chine. C'eft de cet Etat
que font venus les Tanares qui fe font rendus maîtres de la Chine,
* Martini , Atlas Sinic.
NIVERNOIS, Province de France, avec titre de Comté ,1e long
de la Loire, entre la Bourgogne, le Bourbonnois&leBerri. Neversen
eft la Capitale. Les autres font Decife, Clamcci, S.Pierre le Mouflier,
&c. Voyez Nevers.
NIXES, Dieux nommez parles Larins Nixi DU, ou comme dit Feftus,'
Nixii; de Nixus, qui tignifie ejfort , travail d'enfant. Ils préfidoient aux
accouchemens des femmes, & étoient trois qui avoient leurs ftatues à
Rome dans le Capitole, vis-à-visl'autel de Minerve. On dit que ces fta-
tues avoient été tranfportées de Syrie, après la défaite d'Anriochus par
les Romains. Elles repréfentoient ces Dieux tenant les deux mains en-
trelacées fur leurs genoux qu'ils ployoient avec effort , de telle forte
qu'ils avoient tout le corps fufpendu fur les jarrets , comme pour ex-
primer la pofture d'une femme dansle travail de l'accouchement. Fef-
tus , e^ fes Interprètes. Lil. Giraldus Hifi. Veorum.
NIZARD (Adam) Grammairien & Poète Anglois , a fleuri vers l'an
1340. dans rUniverfité d'Oxford où il étoit un des ProfefTeurs. Il laifla
quelques Traitez de Grammaire. *Pitfeus, de Script. Angl.
NiZENO ouNissBNo (Diego) Religieux de l'Ordre de faint Ba-
file, étoit d'Alcazaren dans la Cattille la Vieille, & il a eu la réputation
d'habile Prédicateur. Il eft mort à Madrid le 16. Oftobre de l'an 1657.
Nous avons divers Recueuils de Prédications de fa façon , & d'autres
Ouvrages de pieté. Nicolas Antonio , Bibliothèque des Ecrivains d'Ef-
pagne.
NO.
NOACH , qu'on croit père de Zoroafter. Cherchez Agonaxi
NOAILLES eft un Bourg dans le Limofin , qui a donné
fon nom à la Maifon de Noailles.
NOAILLES , Maifon. La Maifon de No ailles eft très-an-
cienne Se illuftre. Geraud Sr.de Noailles vivoit en 1 080. il époufa Nabeus
de Segur dont defcendit Pierre Sr. de Noailles , mari d'Alix de Rofieres,
qui le rendit père de Hugues de Noailles , qui de Luce de Com-
born eut Elle Sieur de Noailles , qui époufa Dame de Noaillac dont il eut
Guillaume Sieur de Noailles. Celui-ci prit alliance avec Marguerite Da-
me de Monclar, de Chambres , &c. dont il eut, éntr 'autres enfans, Elie,
Sieur de Noailles II. du nom , qui époufa Marguerite de Mau-
mont en 1349. & il eut de cette alliance Jean I. qui fuit: Bertrand &
Pierre de Noailles. Je an I. de ce nom , Sieur de Noailles , époufa
en 1386. Marguerite Leftairie du Saillant; & il en eut François qui
fuit
NOA.
fck: îesîi Sis-àï âe Chambres & dé iviontclar qui continua lâ {5o|lêritéj
que l'on verra après cclie de fon aîné; Et Marguerite femme d'An-
toine de Livron , Sieur de Wart & de la Rivière. François L
de ce nom. Sieur de Noaillesis' allia l'an 1430. avec Marguerite deRufi-
gnac, & en eut Jean, qui fuit: Antoine de Noailles, Comte Precen-
teurde l'EglifedeSaint Jean de Lyon: Hugues, Religieux: Louïfema-
riée à Pierre, Sieur deCofnac; Et Blanche femme du Sieur de Dnijac.
JïAN IIL du nom. Sieur de Noailles j époufa Gafparde de Merle,
dont il n'eut que deux tilles i Françoife, mariée avec Louis de Mau-
montiSieurde S. Vit; EtLouïfe, femme de Jean, Sieùr de Montardit.
Ce Jean dé Noailles fervit le Roi Louis XL dans fes guerres -, & étant ve-
nu en Bourgogne avec l'armée du Roi pour réduire la Franche-Comté à
fon obéïflance, il y mourut l'an 1479. laiflant fes bienS à Aimar fon
coulin: Jean de Noailles Sieur de Chambres, de Montclar, d'An-
glar, de Chauvignac, &c. fils puîné de Jean L époufa en 1439. avec
difpenfe du Pape Eugène IV. Jeanne de Gimel fa couiine au 4. de-
gré, fœur aînée de la Vicomtelfe de Turenne. Il mourut le 10. Sep-
tembre 1479. lailTant Aimar, Sieur de Noailles, de Noaillac , de
Chambres, de Montclar, &c. qui fut héritier de fon coufin, com-
me je l'ai remarqué. Il prit alliance, le 2.3. Oftobre 1481. avec An-
toinette de S. Exuperi, fille de Guillaume, Sieur de Miremont , & d'Anne
d'Eftaing , dont il eut Louis Sieur de Noailles , Noaillac , &c. qui fut
Capitaine de cinquante Hommes-d' Armes ; & époufa le if. Février
ijoi. Catherine de Pierre-Buffiere , fille de Pierre Sieur de Pierre-
Buffiere & Catherine Vieomteflede Comborndont il eijt Antoine, qui
fuit: Hugues, Archiprêtre de Gignac,qui fut envoyé à Rome & en
EfpagnCj pour y négocier des affiiires importantes: François, Evéque de
Dax, dont je parlerai ci-après: Gilles j.auffi Evêquede Dax après fort
frcre & autres. Antoine, Sieur de Noailles, de Noaillac; de Merle, Ba-
ron de Chambres, de Charbonnières, de Montclar, de Malemort & de
Brive en partie &c. Chevalier de l'Ordre du Roi, Gentilhommme or-
dinaire de fa Chambre, Capitaine de cent Hommes d'Armes, fut Lieute-
nant de Roi en Guienne , Gouverneur 8c Maire de Bourdeaux , du Châ-
teau d'Ha , &c. 11 accompagna en 1 5 30. le Vicomte de Turenne fon pa-
rent, en Efpagne, qui alloit époufer au nom du Roi François I. Eleonor
d'Autriche, Reine Douairière de Portugal, fœur de l'Empereur Char-
les V.& il ligna le Contrat de Mariage de cfettèPrincefle. Depuis il fut
Anibaflàdeur en Angleterre, & il comjnanda les Armées navales du Roi,
avec commiflîon d'Amiral ; & le Roi Henri II. lui fit l'honneur de le
choifîr pour être Gouverneur de la perfonne de Meiîieurs fes fils. 11
mourut en 1562. Il avoit époufé en 1540. Jeanne de Gontaut, Dame
de Lenteur & de Teiffieu, fille de Raimond, Sieur de Cabrerez. Cette
Dame avoit un mérite fingulier. Elle ful^Gouvernante des fiiles de Fran-
ce^ Dam.e d'Honneur de la Reine Catherine de Medicis & de la Reine de
Navarre. Les enfans de cette alliance furent Henri qui fuit : Châties ,
Protonotaire du faint Siégé: Marthe femme de Pierre, Vicomte de Se-
dieres: Françoife , mariée à Gabriel de Clérmont-Tonnerre , Sieur de
Touri : Marie, alliée en premières noces à François de Ferrières, Sieur de
Sauvebeuf, Gouverneur du Château de Ha & de Bourdeaux ; & en fécon-
des au Sieur de Dirac Chevalier de l'Ordre du Roi ; Et Jeanne femme du
Vicomte de BifcarolTe. Henri, Sieur de Noailles , de Noaillac , de
Merie & de Melefle , Comte d'Aïen, Baron de Chambres, &c. futGon-
verneur. Lieutenant Général & Bailli du Hailt-Païs d'Auvergne & Ca-
pitaine de cent Hommes d'Armes. 11 époufa en 1548. jeanne-Gei m ai-
ne d'Efpagne , Dame de Launaguer, &c. fille de Jaques-Matthieu
d'Efpagne, Sieut de PanalTac, & de Catherine de Narbonne, Dame de
Leiran,dont il eut François III. qui fuit : Charles de Noailles , Evêque
deS. Flour&depuis de Rhodez, Abbé d' Aurillac & de la Valette: Anne
de Noailles , Marquis de Montclar ; mort fans enfans de Camille de
Pefteils, fille de Claude , Sieur de Pefteils , &de Jeanne de Levi-Que-
îus; Françoife, Abbeflede Leime en Querci; Et Marthe, mariée à
Jean de Gontaut, Sieur de S. Blanchard , fils puîné d'Armand de Gon-
taut, Sieur de Ëiton , Maréchal de France. François III. du Nom ,
Sieur de Noailles, Comte d'Aïen, Baron de Chambres,&c. Chevalier des
Ordres du Roi , Gouverneur & Lieutenant Général du Haut-Païs
d'Auvergne, & de Roiiergueôc de Perpignan, fe diftingua beaucoup par
fon mérite & par fon courage. 11 fut Maréchal de Camp des Armées du
Roi , & il fervit durant les guerres contre ceux de la Religion Préten-
due, au fiege de Montauban où il défit 500. hommes qui fe vouloient
jetterdans la place; & il s'oppofa aus courfes des Huguenots de Millau,
de S. Antonin , &c. Le Roi le lit Chevalier de fes Ordres , le 14. Mai
1633. ilaHaArabaffadcur à Rome en 1635. & il mourut à Paris je 15.
Décembre de l'an 1645. Il avoit époufé en 1607. Rofe deRoquelaiire,
fille d'Antoine, Sieur de Roquelaure, Maréchal de France , Chevalier
des Ordres du Roi , &c. & de Catherine d'Ornefan ; dont il eut Henri ,
Comte d'Aïen , qui fervit aux guerres contre les Huguenots , & puis
en Italie , en Allemagne ôc en Flandres , & il fut tué à la bataille de Ro-
croi l'an 1643. Antoine qui fervit en Catalogne, & en Lorraine, &
. mourut en 1646. Charles, mort des bleffures reçues au fiege de Maf-
tricht, l'an 1633. Anne qui fuit : Françoife, AbbefTe de S. Germain
lez-Rhodez : Marie - Chrifiine , morte Supérieure des Carmélites de
Poitiers; Et une autre de ce nom Religieufe deja Vifitarion. Anne,
Duc de Noailles, Pair de France, Comte d'Aïen, Marquis de Mont-
clar, de Chambres & de Mouchi , Baron de Malemort & de Charbonniè-
res, &c. premier Capitaine des Gardes du Corps du Roi, Chevalier des
Ordres de faMajefté, Lieutenant Général de fes Armées, Gouverneur
du RoulTillon , & de la Ville, Château & Citadelle de Perpignan , s'cft
fignalé par fa prudence, par fa fidélité au fervice du Roi & par fon cou-
rage. Il a fervi dans les armées avec beaucoup de valeur depuis l'âge de
II. ans, jufqu'en 57. & il a pafle dans toutes les Charges militaires,
jufques à celle de Capitaine Général , dont fa Majellé l'honora, en i6j2..
Le Roi le fit Chevalier de fesOrdrescn i66i. & Duc & Pair en 1^3.
ce qui fut vérifié au Parlement, le 15;. Décembre de la même année.
Anne, Duc de Noailles , mourut à Paris le Mardi 15. Février de l'an
1678. &fon corps fut enterré le 17. fuivant dans l'Eglife de faint Paul.
Jl avoit époufé Louïfe Boïer, Dame d'Atour de la feue Reine mère, _ _ , ^_
fille d'Antoine, Sieur de Sainte Geneviève des Bois , deVille-Moiflbn 'mariées qu'une fois, & l'Epous lui détachoit fa ceinture:
T»m IV. E
MdA. NOS. NOG.
& du Père j & de F'rançoife de Vignacourt;dont il eutLou'ïs-Juîe'q-aî
luit: Louis- Antoine, Dofteur de Paris, Evêque de Cahots en 1679»
Abbe d Aubrac, né le 2.7. Mai lôji. Jaques, Chevalier de Malthe,
Lieutenant Général en la Haute-Auvergne, né le 3. Décembre 1653
Jean-François, Marquis de Noailles, né le zi. Août 1658. EtLouïfl-
Anne, Demoifelle de Noailles, née le 2.9. Novembre 1661. Louïs-
Anne-Jùle, Duc de Noailles, Pair de France, Capitaine delà pre-
miere Compagnie des Gardes du Corps du Roi , Gouverneur diî
Comte de Rouflillon , Se de la Ville, Château & Citadelle de Per-
pignan , eit né le 5. Février 1650. Il éçoufa au mois d'Oflobre de l'an
1671, Marie- Françoife de Bournonville , fille unique d'Ambroife '
DucdeBournonvillei&deLucrece-Françoife de laVieuvillè,dont il à
eu des enfans.
NOAILLES (François de) Evêque de Dax étoit fils de Louis,
Sieur de Noailles , & de Catherine de Pierre-Buffiere. II fut habile
dans les Sciences & dans les affaires di^ Mortde , de forte qu'il rendit
des fervices impottans à l'Etat. 11 fut envoyé Ambalfadeur en Angle-
terre ^ à Rome, à Venife, & le Roi Charles IX. le choifit en loi
pour l'Ambaifade de Conftantinople , à Selim II. Empereur des
Turcs i où il rendit de grands fervices à là Chréi:ienté. Il mourut le
16. Septembre 1585. à Bayonne, en allant aux eaux de Chambes. Ce
Prélat fut un Confeiller fidèle de nos Rois. L.e Roi Henri III. & la
Reine Catherine de Médicis le voyoient avecplaifir. Ce fut lui qiii leur
confeilla en r585.de faire la guerre aux Efpagriols , pour en délivrer fes
EtatSi.
.NOAILLES (Gilles de) Prere de François qui étoit aufTi très-ha-
bile , lui fuccéda à l'Evêché de Daî& Il avoit été Ambaffadeur, en Angle-
terre, en EcofTe , en Pologne & à Conftantinople , il mourut en i6oOi
Confultez de Thou, Baudier, Florimond de Raimond, Ste Marthe;
Lurbée, de illufl. Antiq. Viris, vc. . _
NÔBILI (Robert de) Cardinal , naquit à Montepulciano d'Une "Fa-
mille originaire d'Orviete. Il étoit fils de Vincent de Nobili qui avoit
reçu la vie de Louïfe de M«nti, fœur du Pape Jule III. Robert témoigna
dès les premières années de, fa vie une très-grande inclination pour lâ
pieté; &lePapeJuleII!.lefitCardinalenlai3. ahnéedefonâge. Ilve-
eut avec tant de modération, & remplit fi bien tous les devoirs d'un boti
Ecclefialtique; qu'il fut l'exemple du facrë Collège &uh fujet d'admi-
ration pour tous ceux qui le connoiiToient. Le Pape Paul lV.'di!i3it ordi-
nairement que le Cardinal de Nobili étoit un efprit fans corps & un Ange.
Il mourut en réputation d'une grande pieté, le Mercredi 18. Janvier de
l'an 1559. qui étoit le 18. de fon âge. Les Auteurs de fa Vie remarquent
qu'il fe contenta de l'Abbaïe de Spinette& qu'il ne voulut jamais d'au-
tre bénéfice. *Turrigio, m vita Rob, Nob. Viâorel, Pctramellario ;
Auberi , &c. -
NOBILIOR. Cherchez Fuivius.
NOBILIUS. Cherchez Flarainius. . .
NOCERE, Ville d'Italie en Ombrie, dans le Patrimoine de faint
Pierre , & fur les confins de la Marche d'Ancone , avec Evêché. Elle
eft ancienne , quoi que peu confiderable. Pline , Strabon , Ptolomée ert
font mention. On eftime que c'eft la même que Tite- Live appelle Alpha
terna. Lçs autres la nomment Jî«cer(î. Confultez LeândetAlberti, De fer,
Itd. _. - . - ,
NOCERE, Ville du Royaume de Naples dans la Principauté Cite-
rieure,avec Evêché fufFragant de Salerne ; & Duché appartenant à la Mai-
fon des Barberins. Ceux du Païs, pour la diftinguer de l'autre Nocere , la
nomment Nocera di Pagani parce qu'elle avoit étéprife par les Sarra-
fins. Strabon , Appien Alexandrin , Tite-Live , Florus , Tacite, Vola-
terran & divers autres en font ihention: comme l'a remarqué Leander
Alberti. Virgili Evêque de cette Ville y fit des Ordonnances Synodales
en 1606. & Simon Ludonori cri 1608. j\ .
NOCES: cérem.onies, du riiariage. Oh né les commènçoit point
autrefois parmi les Romains , qu'après avoir pris les augures, & lorf-
qu'on cefTa d'obferver cette ancienne coiitume , on ne lailTa pas d'avoir
des aufpices de noces , pour en conferver le nom , quoi qu'ils n'en fif-
fent pas la fonâion. L' Epoufé avoit une couronne de marjolaine, une
ceinture faite .de laine de brebis, & des fouliers de cuir jaune. Elle cou-
vroitfa tête & fon vifaged'un Voile jaune, appelle Flameum , parce que
les femmes des Sacrificateurs appellées Flamines en portoient de pareils
& l'on avoit choili cette forte de voile, à caùfe que le divofce étant défen-
du aux Flamines, ce voile étoit comme un bon augure pour l'alliance
qui s'alloit contrafter. On feignoit d'enlever la fille d'entre les bras de
fa mère, ou d'une proche parente, & on la conduifoit dans la maiforî
de l'Epoux. Elle étoit précédée de cinq jeunes garçons, qui portoient
chacun un flambeau, ou en l'honneur de Cerès, ou parce que cette céré-
monie fe faifoit le foir; Il y avoit àuffi des joueurs de flûtes. Deuxdes
parens de l'Epoufe la conduifoicht par la main,& l'on portoit derrière
elle une quenouille garnie de laine, avec un fufeau; &une calTette où
étoient fes bijoux,& tout ce qui fervoit à là paier. La porte de la maifon
du mari étoit ornée de fleurs & de branches d'arbres. L'Epoufe y étant
arrivée , on lui demandoit qui elle étoit : & elle répondoit qu'elle fe
nommoit Cdia: (j'expliquerai ce nom dans la fuite.) Après, elle at-
tachoit des rubans de laine aux deux cotez de la porte, & les frottoit d'hui-
le, puis elle fautoitpardefTus le pas dé la porte, où pliitôt elle étoit por-
tée fous les bras par ceux qui la Çonduifoient, afin qu'elle ne touchât pas
au feuil delà maifon; ce qui auroitetéde mauvais auguré. Lorsqu'elle
entroit, on lui donnoit des clefs : & on la faifoit affeoir fur un tapis de
laine. Alors l'Epoux lui préfentoit du feu, 8c de l'eau, & l'introduifoit
dans la faleoù le feftin étoit préparé. L'Epoux après le feftin jettoit des
noix aux jeunes garçons de la noce, 8c ceux-ci chantoient deschanfons
libres Se lafcives, qui étoient permifes en cette occafion. Quand l'Epoufe
entroit dans la chambre du mari, les parens arrachoient à celui qui
marchoit devant , le flambeau qu'il portoit. L'Epoufe étoit conduite
vers la Statue duDieuPriapequi étoit dans un coin de la chambre, fur
un lieu fort élevé , où étoient repréfentées d'autres Divinitez qui préfi-
doient (félon la fuperftition des Payens) à tous les devoirs du- mariage.
Enfin elle étoit mife au lit^ par d'honnêtes Matrones , qui n'avoient été
Le
*
34 NOC. NOD. NOE.
Le Leaeur fera peut-être bien aife de favoir les raifons de la plupart
de ces cérémonies , que je vai reprendre en peu de mots. On faifoit
femblant d'enlever la fille, en mémoire du rapt des Sabmes, parRomu-
îus premier Roi de Rome: ou pour montrer que l'Epoufe avoit de la
répugnance à quitter fesparens. La quenouille & le fufeauetoient por-
tez, devant l'Epoufe , en l'honneurde Tanaquil, femme de Tarqum 1 An-
cien, qui étoit une Princefle très-vertueufe , & qui favoit parfaitement-
bien filer la laine. Lors qu'on demandoit à l'Epoufe , qui elle etoit,
elle répondoit qu'elle fenommoitc^w; c'étoit félon quelques-uns pour
dire qu'elle imiteroit cette même Reine, qui s'appelloit zuSi Caia Cœct-
lia. D'autres font d'avis que l'Epoufe répondoit au mari, uhtuCmus,
eto Caia: c'eft-à-dire ; où vous ferei le maître, & Je perede famille,
je ferai la maitrelTe Scia merc de famille. On portoit 1 Epoufe par-deflus
le pas de la porte, ou pour imiter les premiers Romams qm enlevèrent
les Sabinesdans leurs maifons, ou pour marquer la pudeur de 1 Epou-
fe, qui y entroit comme par force. On la faifoit affeoir fur un tapis de
laine ou fur une neau de mouton couverte de fa toifon, pour m en-
trer qu'elle devoit travailler à filer de laine, ou à en faire des Ouvrages.
Le feu & l'eau que l'Epoux préfentoit à l'Epoufe, fignifioient quils dé-
voient vivre enfemble : comme au contraire oninterdiloit le feu& leau,
àceuxquel'onbanniflbit, pour marque qu'on les éloignoit de la Socié-
té civile. Les noix que le mari jettoit, marquoient qu il renonçoit a tous
les jeux d'enfans, & indignes d'un homme. Les parens arrachoient le
flambeau à l'entrée de la chambre , parce qu'ils croyoïent que ce flam-
beau pouvoir fervir à un mauvais ufage : & que fi la femme le cachoit fous
le lit , ou fi le mari le mettoit dans un fépulcre , c'étoit un moyen pour fe
faire mourir l'un l'autre. ^ , , n
Il faut ajouter ici qu'il y avoit des jours aufquels les Romains crai-
«noient de célébrer leurs noces. Ces jours malheureux étoient_ les Calen-
des , les Nones , & les Ides de chaque mois; les fêtes des i^erales , au
mois de Février; les fêtes des Saliens , au commencement du mois de
Mars; & celles des Lemuries ou Parentales , au mois de Mai. llyavoit
auffi des jours de bon augure pour le mariage , dont les plus heureux
étoient ceux quifuivoient les Ides de Juin. * Rofm, jtauq. Rom. l-s- c 3 7-
SVP,
NOCTURNE: on donne ce nom à cette partie del'OflBcc Eccle-
fiaftique, que nous appelions Af<îïi«ej , & qui eft divifé en trois Noftur-
nes , ainfi nommez parce qu'on ne les chantoit que pendant la nuit.
Ce qui s'obferve encore en quelques Eglifes Cathédrales, qui chantent
Matines à minuit. La coutume des Chrétiens de s'affembler de nuit, eft
dès le tems des Apôtres; ce qui fut caufe que les Païens chargèrent de
plufieurs calomnies les premiers Chrétiens , à l'occafion de ces Aflem-
bléesnoaurnes, comme il paroît parles Apologies de Juftin, d'Athena-
goras de Tertullien , & de quelques autres Pères. On recitoit dans ces
AfTemblées quelque chofe des Pfeaumes , des Prophètes , & du nou-
veau Tellament. D'où il eft aile de juger que l'Office Ecclefiaftique
qu'on appelle préfentement Matines, eftnéavecleChnftianifme, bien
qu'il ne fût pas alors dans la même difpofition qu'il eftaujourd hui. Car
on n'y lifoit rien que de l'Ecriture Sainte; fi ce n'eft que- les veilles des
Jours confacrei à honorer lamémoire des Martyrs, oli récitoit devant
tout le monde les Aftes de leur Martyre: d'où ett enfuite venue la cou-
tume d'infeicr dans l'Office l'Hiftoire des Saints, dont on fait la Fête.
* R.Simon. SU P. , ^ . .,,. .
[NOCTURNUS. Les Latins donnent quelquefois ce nom a 1 étoi-
le de Venus, pour exprimer le mot Grec Heffems, qui figmfie l'étoile
du foir. Plaute, Amphit.Aâl.l. S. l.]
NODIN, étoit un Dieu adoré par les anciens Romains , comme
celui qui préfidôit aux nœuds qui ferrent les grains de bled dans l'épi.
Saint Auguftin en parle après Varron , & dit que ces anciens Païens
attribuoient à Proferpine le foin du blé, lors qu'il germoit dans la ter-
le • au Dieu Nodin, lors que chaque grain fe rangeoit dans 1 epi , &
que ces petits nœuds fe formoient ; à la Déefle Volutine , lors que
croiffbit cette paille qui enveloppe la tige & l'épi; a la Deefle Patèle-
ne lors que la tige s'ouvroit pour laifTer fortir l'épi; a la Deelie Hof-
tiline , lofs que la tige étoit de toute fa hauteur : à quoi il ajou-
te encore plulieurs Divinitez. * Varron , S. Auguftin , Be Ctvit. Det.
SU P. .....
NODUTE, ou NoDiTE , en Latin Nodutus ou Noditts, étoit un
Dieu adoré par les anciens Romains, qui croyoient qu'il préfidoit au blé
pendant qu'on le battoit pour leféparer du nœud de l'épi & de la paille.
*Arnobe, ^4. contra Gent. S. Auguftin, deCivit.Dei. SU P.
' NOE', Patriarche, étoit fils de Laraech, & il naquit l'an 1057. du
Monde. Dieu, quine.pouvoit plus fouffrir les abominations des hommes,
léfolut d'exterminer la terre , par un Déluge univerfel , mais Noé pa-
rut jufte devant Dieu , qui lui commanda de bâtir une Arche afin de
s'y retirer avec fa Famille. Ainfi Noé faifant ce que le Seigneur lui a voit
commandé , s'appliqua àla conftruftion de l' Arche ; & demeura, comme
l'on croit, cent ans à la bâtir; fans que pour cela les hommes fiflent pé-
nitence durant ce long efpace de tems , qui leur fut donné pour cela. Le
tems que Dieu avoit marqué , pour perdre la terre , étant arrivé , il com-
manda à Noé de prendre de la nourriture pour lui & pour les animaux
qu'il devoir conferver. Et quand cela fut exécuté, le rftême Patriarche
entra dansl' Arche, avecfes trois enfàns Sem ,Cham&Japhet, fa femme
& les trois femmes de fes fils , & lors qu'ils y furent entrez l'Ecriture
marque que Dieu ferma la porte de l'Arche par dehors. Quand Noé fut
dans l'Arche , les eaux du Ciel fe répandirent fur la terre , & Dieu fit
pleuvoir durant quarante nuits & quarante jours. Les hommes , les
animaux de la terre , & les oifeaux , périrent dans cette inondation . L' A r-
che îeuie , que les faints Pères remarquent comme la figure de l'Eglife ,
fauva ceux qui étoient dedans. Cependant les eaux ayant tenu toute la
terre fubmergée pendant cent cinquante jours. Dieu fe fouvint de Noé.
llfit foufler un-grand vent fur la terre , qui commença à faire diminuer
les eaux; & fept mois après le commencement du Déluge l'Arche fe re-
pofafur les Montagnes d'Arménie. S. Jérôme croit que c'eft celle que
nous nommons T<î«r«; , & qui a leFleuved'Araxesaupied. Lesautres
fe fondant fur une autorité plus ancienne , penfent que ce fut un des
monts nommez Gordiens, Gordes, Courduens ou Gordiens, en Ar-
NOE. NOG.
menie. S.Epiphane, qui en fait mention , affûre même que jufques â
fon temps on y montroit quelques relies de l'Arche. Cela femble
pourtant peu vrai - femblable. Quoiqu'il en foit , Noé ayant fait for-
tir le Corbeau & puis la Colombe , il en fortit enfin lui-même 357.
jours après y être entré, l'an 1657. de la création du Monde. La pre-
mière chofe que Noé fit en fottant de l'Arche , fut d'élever un Au-
tel, pour offrir î Dieu un Sacrifice, en reconnoiflance d'une proteffion
fi particulière. Dieu agréa ce Sacrifice , bénit Noé & fes erifans , fit
une alliance éternelle avec eux , & voulut que l'Arc-en-Ciel en fût com-
me le figne ; afin que toutes les fois qu'il paroîtroit il fe fouvint de ce
paifte qu'il faifoit avec eux , & qu'il empêchât les eaux d'inonder enco-
re une fois la terre. L'Ecriture marque que Noé s'exerça à cultiver
la terre, & qu'il planta la vigne; Mais qu'ayant bû de fon fruit, dont
il ne connoiffoit pas la force, il tomba dans l'y vreffe, durant laquelle il
fe trouva découvert d'une manière contraire à la pudeur. Cham fon
fils l'ayant vu en cet état, s'en moqua & en avertit fes frères, qui cou-
vrirent la nudité de leur père. C'eft pour cela que Noé maudit Cham
comme je le dis ailleurs. Ce faint Homme mourut âgé de 950. ans, en
zoo6dela création du Monde, 350. après le Déluge. *Genefe, c.6.
13' 9. Ecclefiaftique, c. 44. Jofeph, \i. i. Antïoi. Jud. Pererius, in
Genejtm, Liranus Abulenfis , Torniel, Salian, Sponde,&c. Bochart,
Geogr. facra.
NOËL. Cherchez Cornes Natalis.
NOELLET (Guillaume) Cardinal, étoit François, né dans le Dioce-
fe d'Angoulême. Il s'étoit avancé dans les Lettres , & par elles il fut
confideré à laCourdesPapesquifiegeoientà Avignon, où il fut Audi-
teur du facré Palais, & puis Référendaire du Pape Grégoire XI. qui le fit
"Cardinal en 1371. Noëllet s'éleva ainfi par fon propre mérite. On le
nomma , pour examiner, avec le Cardinal Pierre Flandrin , les fentimens
d'un certain Raimond dit le Néophyte, qu'on accufoitde foûtenir des
erreurs. Il fut depuis Légat à Boulogne. Il fe trouva à l'éledion d'Ur-
bain VI. & à celle de Clément VII. & il mourut à Avignon fous l'obéïf-
fance de celui-ci , le 4. Juillet 1394. * Sigonius , //. 3. de Epifi. Bono».
Théodore de Niem , de Schifm. c. 2. Frizon , Gall. Purp. Auberi , Sponde,
Onuphre, &c.
NOEMI , femme d'Elimelech , fut mère de Mahalon & Chelion ,
maris d'Orpha& de Ruth. Voyez le I. Chapitre du Livre de Ruth, Tor-
niel fous l'an Z748. &c.
NOEMI , fille de Lamech & fœur du Tubalcain , dont il eft parlé dans
la Genefeauc^i!/', 4.
NOET ou NoETus , Herefiarque , maître de Sabellius , qui
confondoit la Nature & les Perfonnes de la Trinité. Voyez Sabel-
lius. , - , : -
NOG ARO ou NoGAROL fur le Modou. , Ville de France , capitale
du Bas Comté d'Armagnac, avec Siège Royal & une Eglife Collégiale.
Elle eft fur la Rivière au deffus de Monlefun. Les Auteurs Latins la nom-
ment Nogariolum ou Nugariolum.
Conciles de Nogaro,
Amanée ou Amanjeu d'Armagnac Archevêque d'Auch , célébra ua
Concile Provincial à Nogaro, le Samedi après la Fête de l'Aflomption
de l'an 1290. Ce fut au fujet de SancheEvêque deLafcar qui fe plai-
gnoit de ce que Roger Bernard , Comte de Fois, pilloit impunément les
biens de l'Eglife. Nous avons encore les Ailes de ce Concile, tirez des
Archives de l'Eglife d'Auch. Le même Prélat qui avoitun foin extrême
delà difcipline Ecclefiaftique , célébra deux autres Conciles à Nogaro en
1303. & 1316.
NOGAROLE (Antoine) Dame de Vérone , fiit illuftre dans le
X"V. Siècle, parfonfavoir, par fa beauté 8c' par fa vertu. Elleépoufaun
Seigneur delà Maifon de Bonalcoti , petit-fils de Paflarini , Prince & Sei-
gneur de Mantouë. La famille de Nogarole a produit d'autres perfonnes
illuftres, comme Louis Nogarole dode Médecin , & des Dames fa-
vantes, dont divers Auteurs ont fait l'éloge; comme Angele ou A n-
GELiQpE Nogarole , fille d'Antoine qui favoit les Langues, l'Ecritu-
re , & qui fit des Poëfies facrées. Elle fut mariée à Antoine Comte de!
Arco. IsoTA Nogarole fiUe de Léonard & de Blanche Borromée, étoit
auffi favante. Elle prononça des harangues devant les Papes Nicolas V.
8c Pie II. 8c le Cardinal Belfarion ayant admiré quelques-uns de fes Ou-
vrages, voulut voir celle qui les publioit. Et en effet, il fit pour cela un
voyage exprès à Vérone , où charmé autant de la vertu que de la Science
dlfota Nogarole , il dit qu'elle étoit une Vierge plus divine qu'humaine.
Elle expliquoit le Nouveau Teftament, Scies Oeuvres de Saint Auguf-
tin 8c de Saint Jérôme. On dit qu'elle mourut en 1466. âgée de 38. ans.
Cherchez Isotta ou Isota Nogarole. Ses fœurs Geneviève Sx. Laure
étoient aufli lavantes. La première époufa Bruno Gambara de Brefle,
Se l'autre Nicolas Troni de Venife. Plufieurs Auteurs parlent avec eftime.
de ces trois fœurs. * Fanvini , iw Antiq. Veron. Tomafini ,in Elog. Betiiffi,
délie Donne Illuft. Cefar Ca^iacio , de Mul. llluft. Auguftin délia Chiefa
Teat. de Donne llluft. Louïs Jacob , SiM. Vœmin. Hilarion de Cofte, Etog.
des Dames llluft.
NOGENT L'ARTAUD, Bourg de France en Champagne fur la
Marne , au deflbus de Château Thierri.
NOGENT LE ROTROU , Ville de France fur la Huifne , capi-
tale du Haut Perche. Elle ne pafle ordinairement que pour un Bourg ,
un des plus beaux de toute la France, riche 8c confiderable par fes ma-
nufaéhires de Serges, de Toiles 8c de Cuirs. Le Comte de Salisburi prit
Nogent IcRotrou, durant les guerres des Anglois, S^ fit pendre pref^
quÊ tous les habitans. Depuis le Roi Charles VII. le reprit en 1449. Il eft
au deflbus de Condé fur Huifne. La petite Rivière de Ronne s'y vient
jetter dans la même Huifne, quidefcendenfuiteàlaFerté-Bernard. Les
Auteurs Latins nomment diverfement Nogent le Rotrou , Nogentium
Retrudum , No-viodunum Ik Neodunum. Le Bourg de S. Clou avoit
autrefois le nom de Nogent , avant qu'il prît celui du Fils du Roi Clodo-
mir, commeje le dis ailleurs,
NO-
NOG. NOÏ.
NOGENT LE ROI dans la Beauffe.fitué fur l'Évre , entre Dreux
& Chartres.
NOGENT SUR SEINE, jolie Ville de Champagne fur la Seine,
qu'on y pafle fur un pont de pierre.
NOGtNT, (Pierre) Dodeur de Paris vivoit dans le XV. Siècle en
1404. Il écrivit fur le Maître des Sentences, & d'autres Ouvrages qui lui
aquirent beaucoup de réputation. Confultez l'Hiftoire de l'Univerlité
de Paris.
NOGUERA (Jaques ou Diego) Doyen de l'Eglife de Vienne en
Autriche, & Aumônier de l'Empereur Ferdinand vivoit dans le XVI.
Siècle, & fe diftingua par fon favoir. OnalTure qu'il étoit Efpagnol de
Nation, & il y a apparence qu'il eft le même Jaques-GuibertdeNogue-
rasquifut Evêque d'Alife dans le Royaume de Naples , en 156 1. & qui
mourut en 1570. Quoiqu'il en foit,Noguera publia en 1560. un Volu-
me i» folio , fous ce titre , De Ecclejia Chrifti ab h^reticorum concdlabulis
dignofcenda. Latinijs Latinius parle avantageufement de lui dans fes
Epîtres. *Eifengrein ,in Catal. left. lerit. t-imler, in efit. Biùl. Gefn.
) IJghd, Ital.Sucr.T.VIII. \leMhx,deScniit.Sac.XVI. Nicolas Antonio,
£iH. Hifj>. &c.
NOIA, Principauté du Royaume de Naples proche de Bàri. Il ne la
faut pas confondre avec un Duché de ce nom , qui eft dans le même
Royaume, en la Baiilicate, & proche de la Calabre.
NOIERS (Miles le) Sieur de Noiers & de Vendeiivre , Grand Bou-
teiller de France, rendit de grands fervices au Roi Philippe leBel, qui le
fit Maréchal de France avant l'an 1 304. Il fut nommé l'un des Exécu-
teurs du Teftament du Roi Louis Hutin, l'an 13 16. Depuis en 1316.il
porta rOriflame à la bataille de Montcaflel, contre lesFlamans,& il fut
Bouteiller de France en 1336. & 1343. Sa Famille tirojt fon origine de
Miles I. Sire de Noiers qui vivoit en ir4o. & ce Maréchal avoir reçii la
vie de Miles V. Sire de Noïers,& de Marie de Châtillon. Il époufa en r.
nôce&, JeannedeDampierre, ScenLuneDamede laMaifon de Mont-
cornet, dont il eut entr'antrcs enfans Miles de Noiers VII. du nom ,
dont la Pofterité finit en Miles IX. mort fans lignée ; Et Jean de Noiers I.
du nom. Comte de Joignit de Vendeuvre, qui laiffaMiles I. père de Mi-
les II. d'où vint Jean de Noiers II. du nom, Comte de Joigni,&c. mort
fans enfans l'an 1392.. Louis Sieur d'Aubigni & puis Comte de Joigni,
mort fans pofterité l'an 1406. Et Marguerite, héritière de fes frères mariée
l'an 1409. à Gui de la Tremouille, Sieur d'Uffon, &c. * Du Chefne, Hift.
deC^aftil. LeFeron, Godefroi, le P. Anfelme, &c.
NOION près de la Rivière d'Oife, Ville de France en Picardie , &
dans le Gouvernement de Flfle de France , avec titre d'Evêchéôc Com-
te, l'une desdbuze anciennes Pairies du Royaume. Cefar la nomme Wo-
•viodnnum Belgarum , Ptolomée Noviomagus Vadicaffîum : mais aujour-
d'hui elle eft nommée par les Auteurs Latins Noviomm. Cette Ville eft
très-ancienne, & Céfar en fait mention dans fes Commentaires. Nico-
las Sanfon montre dans fes Remarques fur la Carte de l'ancienne Gaule
que le Noviodunum que Céfar affiegea eft Soiflbns & non pas Noyon.
Cela n'empêche pas que la Ville de Noyon ne foit très-ancienne. L'E-
▼êchédeVermandois y fut transféré environ l'an 520. que la capitale di-
te yf«^«7?a:^;r(;«7«»i^«or«»î, fut ruinée par les Barbares. S. Lambert en
étoit alors Evêque. S. Eloi a été un de fes fuccefleurs. L'an 859. les
Normans pillèrent Noyon , & firent prifonnier l'Evêque Immon ;
comme nous l'apprenons de la4i. Epître de Loup Abbé de Feriieres.
Cette Ville fut brijlée avec fon Eglile Cathédrale en 1131. & elle a eu
le même malheur deux ou trois autres fois, eniiji.&iiîS. Le Roi
Henri le Grand, l'enleva à la Ligue en 1591. Ce fut le 18. du mois
d'Août , après que trois fecours qui s'étoient éforcez d'y enti'er eu-
rent été répouflez. Le Duc de Mayenne la reprit au commencement
de l'an 1593. avec le fecours des Efpagnols, conduits par Charles Com-
te de Mansfeldt. Depuis le Roi r'affiegea cette Ville au mois de Septem-
bre de l'an 1 594. Defcluleaux qui en étoit Gouverneur la rendit le 1 8.
d'Odobre. Noyon fut choilie en 1516. pour y faire le Traité de Paix
«itre le Roi François I. & Charles d'Autriche depuis Empereur. Il fut
négocié par les Sieurs de Boifl & de Chèvres , comme je dis ailleurs.
Noyon eft une belle Ville , bien bâtie, avec de jolis édifices, des fontai-
nes, &: de magnifiq-aes EglifeS , entre lefquelles eft celle de Nôtre-Dame ,
qui eft la Cathédrale. Elle a la commodité de la rivière d'Oife, qui n'en eft
qu'à un quart de lieuë. Il y a le Port, à Pont l'Evêque. La Ville eft arrofée
de la Verfc,qui reçoit la Galliole & la Marguerite. La Paroifle de S. Mar-
tin eft la plus grande de Noyon. Il y a aulTi les Abbaïes de fainr Eloi &
de faint Barthelemi ; avec diverfes Maifons Religieufes. Celles des
Chartreux eft dehors la Ville , fur le Mont faint Louis. Noyon a été
la patrie de Calvin. Il y a divers Sièges de Juftice, & quatre Faux-
Bourgs. L'Evêque eft Comte & Pair de France. * Du Chefne, Rec/jer.
desAnt. de France, Jaques le Vafleur , Annal, de Noyon. Robert 8c
Sainte Marthe, G«//. Chrifi. PapyreMaflbn,X)«/c.f/«w,G«A DeThou.
&c.
Conciles de Noyon.
Walfàire Métropolitain de Rheims, célébra en 8 r 4. un Concile à
Noyon , pour régler quelques différends qu'avoient VValdemar de
Noyon&Rotarde deSoiflbns, au fujet de quelques Paroifles que l'un &
l'autre foûtenoit être de fa Jurifdidion. Flodoard en fait mention dans
le 1. Livre de l'Hiftoire de Rheims ch. 18. Quelques-uns mettent un au-
tre Synode en 1017. mais je n'ai pastrouvé à quel fujet il fut célébré.
Onentintunen 1171. ou72.pour les libertezde l'Eglife. Gui desPrez
étoit alors Evêque de Noyon. Jean de Vienne Archevêque de Rheims,
y en aflerobla un autre en 1344.
NOIR. Cherchez Pallade dit le Noir.
NOIR, Niger, ouNigrini, (Antoine le) Médecin de Breflau
en Silefie , qui a fait quelques Ouvrages de Médecine. Il eft mort en
NOIR (Dominique Mario le) ou Dominicus Marius Niger,
Vénitien , vivoit fur la fin du quinzième Siècle , environ l'an 1490. Il
donna au public vingt-fix Livres de Géographie, XI. de l'Europe, au-
teHt de l'Afie, & IV. de l'Afrique. U ne parle point de l'Amérique,
Tme IV. ■
Nor. NOL. NOM.
if
ce qui fait connoitre qg'il compofa cet Ouvrage, avant qu'Americ
Velpuce eut découvert cette quatrième partie du Monde en 1491.
Wolfgang de Weiffemburg l'a corrigé, & fl fut imprimé à Bile l'an
1557-
NOIR (Etienne le) de Crémone, vivoit dans ieXVI.Siècie enisio.'
ilenfeigna longtems à Milan, traduifit les Héros de Philoftrate en Latin,
& fit un Dialogue où il faifoit entrer tout ce que P.mfr,nias dit de mé-
morable delà Grèce. Il dédia cet Ouvrage à JeanGroliîf, Secrétaire du
Roi François I. & Tréforieï de Milan , d'où il fortit lorfaue cf ttaVille
fut pnfe par les Efpagnols fous François Sforce. Il perdit fes biens &fc
retira a Crémone où il mourut malheureufement. *Pierius Valerianus,
//'. 2. de infelic. Lit ter.
NOIR ou Atratus (Hugues le) Cardinal dans le XIII. Siècle,
étoit Anglojs , natif d'Evesham dans le Diocèfe de Worcetter. On
l'éleva avec foin dans les Lettres , & comme il avoit des dilpofttions
pour les Sciences , il y fît de grands progrès, particulièrement danj
la Philofophie,_dans les Mathématiques, ôc dans la Médecine. 11 fe
rendit fur tout fi habile Médecin , qu'on le furnommoit ordinairement
lel'hemx.defon tems. LePape Nicolas III. fouhaitta de le voir à Ro-
me , où il répondit très-bien a l'eftime qu'on avoit conçiîë de fa fufiifan-
ce. Peu après Hugues le Noir fe fit Prêtre , & le Pape Martin IV.
le fit Cardinal, le 2.3. Mars de l'an ii8i. Il remplit très-bien tous
les devoirs de fon Miniftere, & mourut de pefte en 1287. On lui
attribue quelques " Ouvrages. De Genealogiis hftmanis. Problema-
ta. Canones Médicinales. * Pitfeus , de Script, Anglic. Auberi ,
&c.
NOIR ou Niger (Jérôme le) ProfefTeur en Médecine dansl'U-
niverfité de Padouë a été en eftime dans le XVl. Siècle, 8c il mourut
en 1600. Il étoit père d'ANTONio Niger autii Médecin, que le Pape
Clément VIII. eftimabeaucoup. Celui-ci mourut en 1626. Voyez leur
éloge parmi ceux des Hommes illuftres de Padouë de Jaques Philippe
Tomafini.
NOIR (Radulphe le) Auteur de divers Ouvrages Hiftoriques , étoit
Anglois de Nation , & il vivoit en 1217. félon Pitfeus.
NOLASQUE. Cherchez Saint Pierre Nolafque.
NOLE, Ville d'Italie dans la Terre de Labour , àvecEvêchéfuffra-
gant de Naples. Elle eft très-ancienne. Annibal l'affiegea inutilement
l'an 5:40. de Rome; & ce fut aux portes de cette Ville, que le Conful
Claudius Marcellus lui préfenta la Bataille, Noie étoit affedionnée aux
Romains. L'Empereur Augufte y mourut le 19. Août de rani4.du
falut, comme je-le dis ailleurs. Mais elle eft bien plus illuftre & plus
renommée par les vertus de Saint Paulin fon Evêque, dont les Auteurs
Ecclefîaftiques parlent avec tant d'éloge. Les Anciens font fouvent
mention de la Ville de Noie ; 8c Silius Italicus la décrit en ces ter-
mes, i. 8.
Campo Nola fedet , crtbrts ctrcumdata. in orbei»
Turribus , zy celfo facilem tutatur adiri
I Planitiem vallo, vc.
«
Noie n'eft plus fi confiderable aujourd'hui qu'elle l'a été autrefois.'
Confultez les Auteurs citez par AmbroifeLioni, dans l'Hiftoire de No-
ie; 8c par LeandreAlberti, dans la Defcription d'Italie. Fabricio Galli,
Evêque de Noie, publia des Ordqpnances Synodales, eni588.8cony
tint un Synode en 159 1.
NOLI, Ville d'Italie fur la Côte de Gènes , avec Evêché fufFragant
de Gènes. Elle eft fituée entre Savonne Se Albengua , dans une alTez
grande plaine. .C'ètoit autrefois une petite Seigneurie , mais aujour-
d'hui elle dépend de la République de Gènes. NoH a été autrefois
plus importante: Les Auteurs Latins la nomment Nanl»m ou Nait-
lium.
NOMADES, anciens peuples d'Afîe, qu'on trouvoit auffi en Europe
Sx. en Afrique. C'étoient proprement des Pafteurs qui n'avoient point
d'habitation airurèe. Strabon 8c Pline en font aiTez fouvent mention.
Virgile en parle auffi, li. 8. jEneid.
■ Hoc Nomadutn genus , v diftinHos muUiber Afroi,
[Ce mot n'eft pas proprement le nom d'un peuple.mais marque feu-
lement la manière de vivre de diverfes Nations de l'Europe , de l'Afie, 8c
de l'Afrique. NÉftEoJa/ veut dire en Grec paître, &i de là -vient Nomas,
qui fignifie quelquefois des troupeaux paiffans , mais qui fe prend ordi-
nairement pour ceux qui négocient &c qui vivent de bétail. Quelques
peuples ne faifant autre chofe , on leur a donné le nom de Nomades,
comme aux Scythes, aux Arabes, 8c à quelques peuples de laNumidie,
dont Saltifte dit que le nom ejl une corruption de celui de Nomade.']
NOMBRE- DE DIOS ou Nom-de Dieu, Nomen Dei , £i Ono-
matheopcUs , Ville de l'Amérique Méridionale,dans la Province de Terre
ferme, qui eft dans la Caftille d'Or. Nombre-deDios eft fituée fur laMgj
duNort,à l'Orient de Poito-Bello. Elle eft aujourd'hui prefque ruinée,
& le mauvais air l'a faite abandonner.
NOMBRE D'OR : marque que l'on mettoit dans le Calendrier,
pour montrer le jour du mois Solaire , auquel la nouvelle Lune com-.
mençoit. Cette marque étoit un des dix-neuf chifres du Cycle Lunaire,
dont on fe fervoit ainfi. La première année de ce Cycle on marquoic les
nouvelles Lunes par r. Lafecondeannéeon les défignoit par le chitre 2. :
La troifiéme, par 3. continuant jufques à 19. puis recommençant par i.
II a été appelle Nombre d'Or, parce qu'on l'écrivoit en carafteres d'or,
ou à caulede fon excellence. &de la facilitéqu'ildonnoitau commence-'
ment à trouver les nouvelles Lunes. On imprime encore ce nombre
d'or dans les Calendriers, pour l'ufage de quelques Nations qui n'ont pas
voulu recevoir la réformation du Calendrier faite par le Pape Grégoire
XIlI. en 1582. 8c pour entendre quelques Hiftoriens des Siècles paflez,
mais on ne s'en fert plus pour connoître les nouvelles Lunes,àcaufede
l'erreurque ce nombre d'or avoit paufée, 8c qui eft expliquée dans l'Ar-
ticle, (Cycle Lunaire.) On connoît les nouvelles Luties par les Epades.
* Denys Petau , de DoH. Tcmper. S UF.
~ E i NOM-
î«
NOM. NON.
NOMBRES, Livre Canonique de l'ancien Teftament & le quatriè-
me des cinq que MoiTe écrivit. Les Hebreiâ nomment le Livre des
Nombres Vajedabber, c'eft-à-dire Locutufiiue , parce qu'il commence
par ce mot. Il contient trente-lix Chapitres: & on lui donne le nom de
Nombres, parce qu'il expoie au commencement le dénombrement du
peuple, fait par Mo'ife & par Aaron. 11 rapporte, dans la fuite, com-
me ceux de la Tribu deLevi forent employez aux exercices de la Reli-
gion , fuivant leurs Offices Sc-leurs Miniftcres. Il fait enfin mention de
la desobéilTancê des Ifraëlites , des fupplices desméchans, & des bien-
faits qu'ils reçurent fans ceffe de Dieu. CÔnfultez les Interprètes , qui
ont écrit fur le Livre des Nombres.
NOMEDIUS. Cherchez Ambrofius ou Ambroife Nomedius.
NOMENTO ouNomentano, Ville autrefois Epifcopale , dans le
pa'is des Sabins. Ce n'êft'plus aujourd'hui qu'un village du Duché de
Monte-rotondo , dans l'Etat Eccleliaftique. Elle étoit capitale des No-
mentiens , dont les Auteurs anciens parlent fouyent. Ovide , li. 4.
TaJÎ.
Hac miht Nomento Romam cum luce fedirem.
NOMENI , en Latin Nomen'mm , petite Ville de Lorraine , dans le
Païs-Meffin. Elle eft fituée fur la Rivière delaSeille, entre Vie & Mets ;
& a beaucoup foufFert durant les guerres.
NOMOCANON, Recueuil de Canons, aufquels on a joint les
Loix Civiles qui y ont rapport, & y font conformes. Ce nom eft com-
pofédes mots Grecs' Nô^®-, Loi; & Ka»»» Canon. Jean d'Antioche,
Patriarche de Conftantinople fit le premier Nomocanon vers l'an 554.
divifé en 50. Titres , aufquels il réduifit les matières des affaires Eccle-
fiaftiques. Photius Patriarche Schifmatique de Conftantinople fit un
autre Nomocanon, ou Conférence des Loix avec les Canons, envi-
Ton l'an 883. Les matières y font réduites fous 14. Titres. BalfaiBon y fit
un Commentaire vers l'an 1180. marquant ce qui étoit ou n' étoit pas
en ufage de l'on temps ; les endroits des Bafiliques , c'eft-à-dire des
Ordonnances des Empereurs de Conftantinople , ou quelque Loi du
Digefte & du Code , ou bien quelque Chapitre des Novellcs de Jufti-
nien, avoient été inférez pour compofer ce Nouveau Corps de Droit
gui étoit alors reçu parmi les Grecs. L'an 1155. Arfenius Moine 'du
Mont Athos, & depuis Patriarche de Conftantinople, dreffa un nou-
veau Nomocanon, où il ajouta des Notes pour faire voir la conformité
des Loix des Empereurs, atec les ordonnances des Patriarches. Ma-
tliieu Blaftares Moine de l'Ordre de Saint Bafile fiteacoreen 1335. un
Recueuil de ConttitutionsEcclefiaftiqucs, accompagnées desCivilesqui
yétoient conformes: & itappellace Nomocanon Syntagma, c'eft-à-di-
re Aflemblage de Cauons & de Loix par Ordre. *Doujac, Hifloire 'du
Droit Canon. - ■'
NOMPAR-DE-CAUMONT. Cherchez Caumont, &c.
NONA, Ville, Evêché & Port ,de Mer de Dalmatie, fur la Mer A-
driatique, entre Zara & Segna. Son Eyêchéellfugragant de la Métropo-
le de Zara. Elle eft aux Vénitiens. Les Efclavons la nomment Nin , &
les Latins N o n a ; & quelques-uns la prennent pour l'iEnona^des An-
ciens. ■
NONANCOUR ( Nicolas de ) Cardinal de la noble & ancienne
Maifon de Nonancour , fut mis dans le facré Collège en 1194. par le
Pape Celeftin V. Depuis il fe trouva à Naples , à réleûion de Boniface
VIII. lorfque le même Celeftin eut'fait abdication du Pontificat. On
l'employa dans les affaires importantes , & il mourut en mil deux cens
nonante-huit, ou 99. *Auberi, Hifi..cksCard. Onuphre, Ciaconius,
Frizon ,' &c.
NONDINE , en Latin Nundina , étoit une Déefle adorée des anciens
Gentils , qui croyoient qu'elle préfidoit à la Purification des enfans.
Comme c'étoit le neuvième jour d'après la naiffance qu'on purifioit
les Garçons , on avoit fait le nom de la DéefTe du Mot Nonus , Neu-
vième : quoique ce fut le huitième jour qu'on purifioit les filles. Cet-
te Purification s'appelloit Luflration. * Macrobe, Saturn. li.-i. ch. 16.
SU P.
NONE, DéefTe. Cherchez Partule.
NONES: le neuvième jour devant les Ides; c'eft-à-dire, le?, ou le
5. du mois: car les Romains comptoient en rétrogradant. Aux mois de
Mars, de Mai, de Juillet, & d'Odtobre, les Nones étoicnt le feptié-
mc jour : aux autres , elles étoient le cinquième. * Roim. Antiq. l. 4. c. 4.
Voyez Kalendes.
NONIUS MARCELLUS , Grammairien célèbre , & Philofophe
Peripateticien , étoit de Tibur. Il fit un Traité , De proprietate fermo-
nam , que nous avons en dix-neuf Chapitres, imprimez l'an 1614. àPa-
ris, avec les Notes de Jean le Mercier.
NONIUS on NuNEz de Gusman. Cherchez Guzmafi.
NONNITUS , Evêque de Gironne en Efpagne , vivoit dans le
VII. Siècle , fous le règne de Suintile &: Sifenaud en 615. & 35. C'étoit
un Prélat d'un mérite fingulier , & qui rempliiîoit très-bien les devoirs
,Sk fon Miniftere , comme nous l'apprenons de S. Ildephonfe , qui a
fait l'éloge de Nonnitus , parmi ceux des Ecrivains Ecclefiaftiques ,
c. 10.
NONNOSE, Auteur Grec qui vivoit dans le VI. Siècle, fous l'Em-
pire de Juftinien. 11 publia quelques Ouvrages, Scentr'autresla Relation
d'une Ambaffade qu'il avoit faite en Ethiopie , & chez les Sarrazins & di-
vers autres Peuples Orientaux. Nous en avons quelques fragmens dans
Photius, Cad. 3.
NONNUS , Abbé , Auteur d'un Ouvrage intitulé de Narrationibus
Cr£corum , qui eft Manufcrit dans la Bibliothèque de l'Efcurial.
NONNUS, Médecin Grec qui vivoit dans leX. Siècle, & qui fit,
par ordre de l'Empereur Conltantin Porphyrogenete , un Traité intitulé
Comfendimn Morboru-m , que Jereraias Martius tira de la Bibliothèque
d'Augsbourg, & la publia avec fa tradudlion Latine. Jérôme Velichius
en a promis une nouvelle Edition.
NONNUS, Poète Grec, de Panopolis en Egypte , félon Suidas, a
vêcudans le V. Siècle. Il fit un Poème en vers Héroïques , Dionyfiacortim
Lib.XLVllI, que Gérard Falclœmburg tira de la Bibliothèque de Jean
NOR.
Sambuc, & le fit imprimer à Anvers l'an mil cinq cens foixante-neuf.
Depuis Eilhard Lubin, ProfeifeuràRoftoc, letraduifiten Laiin, &i
a été réimprimé l'an lôio.àHanaw, aveclesNotesdequelquesSavans.
Le mêmeNonnus fit encore une Paraphrafe en vers, fur l'Evangile de
faint Jean. Aide Manuce la publia la première fois en Grec, à Venife
l'an 150t. Dans la fuite ChriftophleHegendorph, Jean Bordât & Erard
Hedeneccius ont traduit en Latin cet Ouvrage , dont nous avons diverfes
Editions avec des Notes de François Nannius , de Daniel Heinfius & de
Sylburgius. On l'a auffimife dans la Bibliothèque des Pères. Suidas, V.
Nôvt^ , Sixte de Sienne, BMioth. San. Le Mire, de Script. Eul. Pofle'vin,'
mAppar.Sac. Nannius, Heinfius, Sylburgius, &c.
NORBERT. .Cherchez Nortbert.
NORCIA, Ville d'Italie , autrefois dans le Pais des Sabins, & aujour-
d'hui en Ombrie , Province de l'Etat Ecclefiaftique. Elle a eu titre d'E-
vêché. Les Auteurs Latins la nomment NKr/?^. Elle eft fit;uée entre les
Montagnes, furie ruilTeau de Freddara, Scelle eft cçlebre pour avoir été
la patrie de faintBenoît.
NORDEN, Ville d'Allemagne dans la Weftphalie & dans la Frifc
Orientale, ouOoftfrife, avecunPortconfiderablc fur l'Océan Germa-
nique. Elle augmente tous Icsjours par le commerce. Le Prince d'Ooft-
frife eft maître de Norden , que les Auteurs Latins nomment Norde-
num.
NORDWICH. Cherchez Norwich.
NUREMBERG. Cherchez Nuremberg.
NORES (Jafon de) vivoit dans le XVI. Siècle, & fe diftingua par
fon favoir. Il étoit natif de Nicofie dans l'ifle de Cypre ; mais lorfque
cette Ville fut prife par les Turcs l'an 15 70.. Noues fe retira en Italie, &
il s'établit à Padouë , 011 il enfeigna avec afl"ez de réputation, & y mourut.
Il a fait divers Ouvrages en profe & en vers. Voyez fon éloge dans le
Théâtre des Homm es de Lettres de f Abbé Gliilini.'
NORFOLK ou Norfolksliire , Comté & Province d'Anlgleterre en-
tre la Mer d'Allemagne, & les Comtcz de Cambridge, & de SufFolk. Ses
Villes principales font Nordwich , Yarmouth, Cromer , &c.
NORICH. Voyez Çalaminus. ,
NORIN , Fort de la Dalmatie , entre le fleuve Narenta , & la ri-
vière de Norin, qui eft un bras de ce fleuve, lequeWa retomber dans le
Narenta. Quelques-uns croyent que cette rivière a été ainfi appellée, à
caufe d'une Ville que Néron fit bâtir fur fes bords; & à laquelle il donna
fon nom , qui a été corrompu par la fuite des temps. Ce Fort apparient
à la République de Venife. AfTez proche de Norin, vers le Septentrion »
eft la petite Ville de Metrovich , où toutes les maifons des Turcs font
diftinguées par des tours. Les Chrétiens qui y demeurent font Grecs
Schifmatiques. De l'autre côté , à .environ deux milles de la Tour de
Norin , vers le Midi , il y a une Ifle appellée Opus , formée par les
deux bras de Narenta , & les eaux du Golfe de Venife, où les Vénitiens
bâtirent en 1685. un Fort dans une fituation fi avantageufe , qu'il les
rend maîtres de la Rivière. * P. Coronelli , Defcripûon de h Mcrve.
sup.
NORKOPPING, Ville de Suéde, dans la Province d'Oftrogothland
ou Gotie Oripntale , entre deux étangs. Les Auteurs qui écrivent en La-
tin la nomment Norcopia. File eft à cinq lieues dans la mer Baltique au
Couchant, entrele Fleuve Motala, & le Lac dit Veter. , ,
NORLINGUE, que ceux du Pais nomment Nortlingeri, Ville Im-
périale d'Allemagne , dans la Souabe. Les Auteurs Latins la homrnent
Ah ou Ar&Flaviéi&cNerolinga. Elle eft fituée fur un ruifl'eau dit Eger, à
quatre ou cinq lieues de Donavert , 8c à dix d'Ingolttadt. Norlihgue eft
célèbre pour fes Foires; mais plus encore par les deux grandes Batailles
qu'on y a données dans le xvir. Siècle, en moins de douze ans. La premiè-
re fut gagnée le fixiéme Septembre 1634. parles Impériaux fur les Sué-
dois; Scies François gagnèrent, fous le Duc d'Enguien , la féconde fur
les Bavarois. CefutletroifièmeAoûtde l'an 1645. Le Général Merci y
fut tué , comme je le dis ailleurs en parlant de lui. [Merci fut feule-
ment pris prifonnier, dans cette Bataille. Voyez Pufendorf. Hifi. Suie,
ad an. r64f. 1
NORMANDIE, grande Province de France, avec titre débuché;
un des plus importans Gouvernemens du Royaume , à caufe de fon
afliettefurla Mer, 8c du voiCnage d'Angleterre. Elle comprend une pai:-
tiede l'ancienne Neuftrie, qui étoit de la France Occidentale, &C fous
les Romains delà féconde Lyonnoife, en la Gaule Celtique. Elle a la Pi-
cardie 8^ rifle de France au Levant; l'Océan ou Mer Germanique au Sep.-
tentrion; la Bretagne au Couchant; 8c laBeaufle, le Maine & le Perche
au Midi. Sa longueur depuis Gifors jufqu'à Cherbourg eft d'environ foi-
xante 8c douze lieues; fa largeur de trente; 8c fon circuit de deux cens
quarante. On divife quelquefois cette Province par fes Villes Epifcopa-
les, Lifieux, Bayeux , Coûtances , Evreux , Avranches &C Seez , fous
la Métropole de Rouen ; dont le Diocefe comprend quatre Pais , qui
font Caux , Brai, Vexin Norman &c Roumois. La plus commu-
ne divifion de la Normandie , eft en haute Sc'Baffe. La haute contient
quatre Bailliages , favoir Rouen , Evreux, Caux 8c Gifors; La Bafle
en comprend trois , favoir Alençon , Caën & Coutantin. Rouen eft la
Ville Capitale , avec Archevêché 8c Parlement. Les autres font Avran-
ches , Bayeux , Evreux , Lifieux , Seez , Coûtances avec Evéché,
comme je l'ai dit; Caën avec Univerfîté , Dieppe, Falaife, le Havre
de Grâce, Pont de l'Arche, Argentan, Alençon, Gifors, Caudebec,
Cherbourg , Saint-Lo , Vire , Carentan , Quillebeuf , Honfleur , Lire,
Vernon , STc. La Normandie eft ftoide , mais allez fertile , 8c abonde en
bleds , en bétail , en fruits , ?>c fur tout en' pommes 8c en poires , qui fer-
vent à faire le cydre 8cle poiré , dont les habitans de la Province font leur
boiflbn ordinaire , mais elle manque de vin prefque par tout. Elle
eft arrofée des Rivières de Seine , d'Eure , Rille, Touque, Dive,
Orne, Vire, Selune, Sée , Soûle, OuveScEu, qui font les principa-
les. Les Forêts les plus confiderables font Arques , Brai , les Lions ,
Eu , Molineaux , Romare , Breteuil , Evreux , l'Aigle , Couche , Beau-
mont , le Neubourg , Brotonne , Touques , Hiefmes , Argentan, Cerifî,
la Lande pourrie , Ailles , Bribec , Singlais , 8cc. Le nom de Norman»
die 'eft tiré de celui des Peuples Septentrionaux qui y vinrent s'établir;
car en Allemand Nortman fignific homme du Nort, On y tronve
• > auflj
NOR.
aufli grand nombre de carrières, des eaux médicinales, plufieurs mines
■fie fer, & quelques-unes de cuivre, & d'autres métaux. La Norman-
-die a produit de grands Hommes. Ceux de cette Province font ingé-
nieux, mais colères & chicaneurs. Le reproche qu'on fait auxNormans
ne fe doit prendre que pour ceux de la lie du peuple. Les autres font bra-
ves & généreux. Toute cette Province eft beaucoup peuplée. 11 n'y en a
point en France qui ait un fi grand nombre de Gentilshommes. On y
compte plus de cent Villes, & cent cinquante gros Bourgs. Les peuples
de Normandie font commerce de bétail, de toiles, & d'herbes propres
pour la teinture , comme de la Carence , du Paftel , de la Guefde , & du
charbon. Clovis reduifit ce pais en Province , & elle fit une partie du
Royaume de Soiffons. Depuis les Normans, peuples fortis du Nort,,
après avoir piraté le long des côtes de la Mer , fe jettercnt dans la France ,
^du tems de Charles le Chauve , & ils y iii'eni: des dégâts incroyables.
Ces courfes durèrent environ quatre-vingts ans : la réfiftance fut fou-
vent inutile; il en fallut venir à des tributs honteux ;& toutes ces fem-
mes d'argent ne faifoient qu'attirer davantage les Barbar'es. Ils affie-
gerent trois fois Paris; & elFrayerent fi fort les habitans de cette grande
Ville dans le IX. Siècle, que dans les Oraifons publiques ils prioient
Dieu qu'il les délivrât de la fureur des Normans. Le Roi Char-
les le Simplt fit un traité avec les Normans , & donna fa fille
Gifle à Kollon ou Raoul Chef de ces peuples. 11 lui donha auffi la
Normandie avec le titre de Duc, à condition qu'il tiendroit cette Pro-
vince à fgi & hommage de la Couronne. Cela fe fit en 9 12. RoUon fe
. St baptifer,8c il prit le nom de RobertauBaptême. Les Normans eu-
rent tant de tfonlidération pour la grande équité de ce premier Duc,
qu'ils femblent encore l'appeller à leur fecours par leur cri de Haro,
comme s'ils difoientH/t Rou. Cette clameur n'a lieu que chez eux. Roi-
Ion ou Robert fut père de Richard I. dit le Vieil , & i\xmommé fans- Peur ,
qui laiflâ Richard II. dit l'Intrépide; Sx. celui-ci eut pour fuccefl'eur Ro-
bert II. qui d'Herleve femme d'un Gentilhomme, eut Guillaume dit
le Bâtard, & puis le Conquérant , parce qu'il conquit l'Angleterre; il
mourut eii 1087. Ce Roi laifta Robert dit Courtecuijfe , Guillaume le
Roux & Henri I. qui ufurpa le Royaume d' Angleterre, & n'eut qu'une
fille, nommée Mahaud,qui porta fes ttats à Geofroi V. de ce nom,
dit Martel, Corait d'Anjou. De ce Mariage fortit Henri II. Roi d'An-
gleterre , Duc de Normandie , & père d'Henri dit le Jeune , ou au Court-
maniel, mort. avant fonpere en 1183. de Richard furnommé l'Orgueil-
leux ou le Cœur de Lion; de Geofroi & de Jean. Celui-ci furnommé
Sans-Terre , fit mourir fon neveu Artus , qui étoit fils de Geofroi ; de for-
te que pour ce parricide , & pour plufieurs autres crimes de félonie , il
fut ajourné devant la Cour des Pairs , & privé par Arrêt , de fa Duché
de Normandie j en iioz. Ainfi cette Province revint au Roi Philippe
i^ugufie;& elle fut réunie à la Couronnejufqu'àcequelesAngtoisl'u-
furperent à la France fous Charles VI. Son fils Charles VU. la recouvra.
jTiois Princes de la Maifon de France portèrent le titre de Ducs de Nor-
îDandie , Jean fils de Philippe de Valois , Charles fils du Roi Jean , &
Charles fils de Charles VIL & frère de LouïsXl. Elle fut donnée à'ce
Prince 5 après là guerre dite du Bienpublic, comme je le marque en par-
lant de lui. 11 la rendit bien-tôt; de forte que depuis ce tems, elle n'a
point été defunie de la Couronne. Il ne faut pas oublier que Tancrede de
JHautevillc , Seigneur Norman , envoya dans le X. Siècle , fes fils en Ita-
lie , qui fe rendirent maîtres de la Poaille , de la Calabre , & de la Sicile ;
ce que je remarque ailleurs fous le nom de Naples. Après cela je dois
inarquer la fucceffion Chronologique des anciens Ducs de Normandie
depuis le Baptême de RoUon ,1'an pu. jufques à Jean Sans-Terre , en
ïlOi. . ;_.;.,
SucteJJton Chronologique des Ducs de Normandie.
En pu. Rollon ou Raoul, dit Robert durant 5. ou 8. ans.
917. ou 920. Guillaume I. furnommé Longue-Epée. 3,6. ou zt,.
P43. Richard I. dit le Vieil , l'Ancien , ou Sans'Peur , mort en 996. 98.
99. ou félon d'autres , , , en 1002. ou 1003.
,j, . Kichiid dit Sans-Peur o\i r Intrépide mort cà 1026.
1026. Richard III. 2.
ioi8. Robert II. ' . ■ • _ ■ 7.
1035. Guillaume furnommé le Bâtard, Roi d'Angleterre. 82.
1087. Robert III. dit Courtecuijfe ou Courteheuffe , mort en 1107.
Guillaume dit Cliton.
Guillaume II. dit le Roux, Roi d'Angleterre, tué en iioo.
1107. Henri I. Roi d'Angleterre. 18.
1135. Mahaud d'Angleterre morte eii , 1167.
1135. Geofroi V. Comted' Anjou, dit ^drtef, Mari deMahaud, 16.
i 151. Henri II. Roi d'Angleterre, &c. 38.
Henri dit le Jeune ou au Court-mantel , mort avant foii père ,
en 1183.
II 89. Richard IV. dit /'Of-g««/Ze«;i;. 10.
iipp. Jean dit .î*?»^- Terre, dépouillé de la Normandie en' 1101. &
mort en 1216.
Ï331. Jean de France, depuis Roi.
1355. Charles de France, depuis Roi V. du nom, dit le Sage,
1464. Charles de France, fils du Roi Charles VII. & frère de Louis
XI.
Divers Auteurs font mention de la Normandie ,& entre ceux-là il faut
principalement confulter Dudon Doyen de Saint Quentin , Guillaume de
Jumieges , Ordcric Vitalis,& les Hiftoriens qui ont écrit des affaires des
Normans, depuis l'an 838. jufqu'en 1220. ce qu'on peut voir dans la
Relation qu'André du Chefne fit imprimer à Paris en Ail fix cens dix-
neuf, i»/"»/;». Kecherch. 'c Antiq, de Normand * Jean Nagerel , De/cr. (/e
Normand. Claude du Moulin , Htfl. Gêner, de Norm. <src.
NOi<MEL (Jean) Capitaine Anglois, vivoit dans le XIV. Siè-
cle , &: fe fit eftimer par Ion adreffe & par fon courage. Le Roi d'An-
gleterre lui donna le Gouvernement de la Ville d'Angoulên|e, & il y
étoit en 1345. lors que Jean Duc de Normandie y alla mettre le5iege. Ce
brave Capitaine le foûtint affez long-tems : mais ne fe voyant quafi plus
en état de défendre cette Ville , il parut aux créneaux de la muraille, une
veille de h Chandekitr , & demanda une Tiêvc , pour le lendemain feule-
NOR.
37
ment, en confidération de cette Fête de la Vierge. Le Ducla lui ayant
accordée, cet adroit Capitaine commanda le lendemain matin à tous fes
Soldats de s'armer, & de charger leur bagage ,& fortit avec eux de la Vil-
le , à la vûë des ennemis , qui à caufe de la "Trêve ne voulurent rien entre-
prendre. Par cette rufe , Normel fe lauva lui & fes gens avec tous leurs
biens , d'entre les mains des François, & le retira dans la Ville d'Aiguil-
lon , tenue par les Anglois. * Guillaume Paradin, ./*»»«/« (/eficar^o^we,
l'ivre II. SVP. ■.,,.,..
NORRI (Jean de) Archevêque de Vienne & puis de Befançon s
-dans le XV. Siècle , étoit fils de Pierre Sieur de Norri en Auvergne , &:
de Jeanne de Montboiffier. Il fut premièrement Maître des Requêtes
de l'Hôtel, fous le règne de Charles VI. & on l'employa dans les af-
faires imf>ortantes Depuis en mil quatre cens dix-fept , fon grand
mérite le fit élever fur le Siège Métropolitain de l'Eglife de Vienne en
Dauphiné , & en cette qualité il affilia au Concile qu'on célébra en la
même année à Confiance, où il fe diftinguapar fonfavoir. L'Eglife de
Befaiiçon le choifitaufïi pour fon Archevêque, & il mourut l'an 1433.
lorfqu'il en alloit prendre pofTeflîon. * Robert & Sainte Marthe , GalL
Chr'ifl. Blanchard, H'tji. des Mait. des Requét. &c.
NORT (Olivier de) Originaire de Rotterdam, ayant pafTé le Dé-
troit de Magellan , entra dans la Mer du Sud , où il côtoya le rivage de
Chili ; de là ayant pris la route vers les Indes , il arriva en l'Ifle de Bornéo.
Il revint enfuite proche du Cap de Bonne-hfperance ; & enfin, après
avoir prefque fait le tour du Monde , il arriva en Hollande en i6oi.&y
fit le récit de fes nouvelles Découvertes. * Hugues Grotius , .ii»K<i/, &
Hifloire des troubles des Pais-Bas , liv. 10. SU P.
S. NORTBERT, Archevêque de Magdebourg , & Fondateur de
l'Ordre de Prémontré, vivoit dans le XII. Siècle. Il étoit natif d'un
Bourg près de'Cleves , fils d'un père illuftre par fa nobleflé , qui étoit
Comte de Gennep;mais qu'il rendit encore plus illuflre par fafainteté,
La naiffance de Nortbert l'obligea de fe trouver à la Gourde l'Empereur „
mais il en fut bientôt dégoiité. Il quitta une Chanoinie qu'il avoit
dans fon pa'is, & .vint en France, où il fonda l'Ordre de Prémontré,
fous la Règle de Saint Auguilin. Le Chef d'Ordre eft dans le Diocefe de
Laon. Barthelemi , qui en étoit Evêque , affigna à Saint Nortbert le de-
fert dit Vofage où il fe retira. C'étoit environ l'an ii20.En iii6.il alla
. à Rome pour ia confirmation de Ion Ordre ;& depuis il fut élu Evêque
de Magdebourg. Il travailla beaucoup pour le bien de 'l'Eglife, contre
les erreurs deTanchelin,8cmouraten 1134. Le Pape Grégoire XIII, le
canoniza en 1582. 'On lui attribue quelques Ouvrages, & entre au>-
tres III. Livres de fes Vifions,& divers Sermons. Voyez fa Vie qu'on
croit être de la façon de Hugues fon luccefTeur , & rapportée par Surius.
Son corps étoit relié a Magdebourg , mais parce que cette Viile étoit de-
venue Protettante , on le transfera l'an 1627. à Prague, où il eft dans le
Monaftere de fon Ordre, dit StrohoflT. * Surius ,au 6. Jii'm. Guillaume
Einfèingrenius , /» Cat teji. verit. Jean le fage, in Btbl Prs-m. Mau-
rice du Pré, in Annal. Prsm. Baronius, in Annal. Eccl. Aùbert le
Mire, in chron. Pmm. Valere André, in Bibl. Eetg. &c. Cherchez
Prémontré.
NORT-CAP. Cherchez Nort-Kaep.
NORTGOEW, partie de la Bavière, qui étoit ailtrefois le Pa'is
des anciens Narifques , au delà du Danube. L'Auteur d'un ancien Itir
nerairc d'Allemagne en fait mention , dans le VI. Livre en ces termes;
inde Narifiorum veferes accejfîmuî eràs,
Sjuo funt Coburg£ mœn'ta jiruSla, hco , &C.
NORTHAMPTON , Ville & Province d'Angleterre dans l'an-
cien Royaume de Mercie, avec titre de Comté, vers le milieu du Pais.
Northampton en eft la Ville capitale : les autres font Brackley , Daven-
try, &c.On y célébra un Concile en 1138. & une autre AfTemblée con-
tre Saint Thomas de Cantorbic, en 1164.
NORTHAUSEN fur le Zorge, en Latin Northujsa, Ville Im-
périale en Thuringe , Province d'Allemagne , entre Erfort & Halber-
ftadt. Quelques Auteurs parient d'une Afi^emblée Ecclefiaftique qui
s'y rint environ l'an iioy.
NORTHUMBERLAND, ou Northumbrie, Province & Com-
té d'Angleterre , en la partie Septentrionale du Royaume. Elle a eu
autrefois fes Rois particuliers , comme je le remarque fous le nom
d'Angleterre. Toute la Northumbrie comprend fix Comtez, Yorck,
Durham , Lancaftre , Weflmorland , Cumberland & Northumberiand.
Les Villes de celui-ci font Newcaftel , Barwick, Alnwick, &c.*Bedes
Polydore Virgile, Du Chefne, Hift. dAngl. Camden, Defc. ^ngl.
NORT-KAEP , ou Nort-Cap , que ceux qui écrivent en Latin nom-
ment Ruhet Promontor'ium , Promontoire de Norwege , le plus Septen-
trional de l'Europe. Il y a un Cap de même nom en Guiane, Province
de l'Amérique Méridionale. * Ortelius , Sanfon & Briet , Geogr.
NORTWALES , ou Galles Septentrionale, que ceux du Pais
nomment Gwiaeth ; ancien Royaume d'Angleterre dans la Principauté
de Galles. Les Latins le nomment Fenciofia. Rodericledivifal'an 870.
en trois Régions j dont Aberfraw étoit la Capitale. * Jean Speed ôc
Camden, Defc. Mag. Bntan.
NORTWEGE ou plus fouvent Norvège, Royaume d'Eu-
rope , au Roi de Dannemark , a pris fon nom du lieu de fa fituation ;
parce que Nort en Alleman fignifie Septentrion , comme fi on difoit Che-
mifi du Septentrion. Les Latins le nomment Norvegia, ceux du païs
Norrige , 8c par abrégé Norge , & les AUeraans Nortwegen , ou Nor-
wegen. On le divife ordinairement en cinq Gouvernemcns , qui font
Aggerhus, Bergenhus, Dronthemhus , qui a fous foi Salten ; Ward-
hus & Bahus qui eft préfentement au Roi 'de Suéde, avec une Ville de
ce nom. Les bornes de la N'ortwege font au Levant , la Rivière de Cla-
ma & une longue chaîne de Montagnes , dites le Moni Sevo, on Savo,
qu'on appelle diverfement fur les lieux. On met là le païs des peuples
dits Sithones. La mer Balthique & l'Océan l'arrofent du côté du Midi
8^ du Couchant; & au Septentrion elle a l'Océan Septentrional. La
Capitale du Pais eft Dronthcim que les Latins nomment N'idrofia. Les
autres font Opflo , Wardhus , Tongsberg , Bergen , Friderickftad , Saltz-
E 3 V berg.
38
NOR. NOS. NOT.
berg , Stavangér ,'Bahus qui eft aux Suédois comme je l'ai dit , &c. Le ,
Pais ett grand, msis montueux & infertile , à caufe du terroir pierreux , \
des foblons , des forêts , Se du froid extrême qu'il y fait. Il n'y a que la '
Rivière de Glama, qui puiffe porter de grands batteaux. On y trouve un
grand nombre d'Ifles le long de-la côte Septentrionale. Les principales
font Maghero , Suro , Samen, Trorames , Stagen, Loffoten,Hiteren,&c.
11 y a près de cette dernière le tournoyement ou gouffre d'eau dit
Maelftrom , dans lequel les vaiffeaux le perdent comme dans un abîme.
Les habitans de Nortwege font quelquefois Magiciens; à cela près bons
& fîraples. Leur Religion eft la même que celle des Danois. Ils font com-
merce de la graifie de Baleine, du poiflbn fec,& du bois pour bâtir des
navires. On y découvrit en 1646. une mine d'or, près d'Qpflos , mais
elle ne dura pas beaucoup. La Nortwege a eu des Rois particuliersjuf-
ques fur la fin du X!V. Siècle, qu'Aquin époufa Marguerite fiile de
Valdemar III. Roi de Dannemark, & étant morts fans enfans, ils laifle-
rent ces deux Etats à Eric Duc de Pomeranie, fils d'Iiigeburge qui étoit
fœur de Marguerite de Dannemark. Chriftophle lui fuccéda ; Et après
celui-ci, Chriftierne.fils de Thierri Comte d'Oldembourg , recueuillit
cet héritage , environ l'an 1448. Les Auteurs parlent de divers anciens
Rois de Nortwege , dont lafucceffion paroît tout-à-fait fabuleufe. 11 eft
mieux de la tirer de Suein ou Suenon Roi de Dannemark , qui détrôna
Arold en 998. jufques à ce que le même Dannemark & la Nortwege
eurent été unis fous Aquin & Marguerite.
■ ■ Succejfion ChroKolog'tque des Rois de Nortwege.
Arold ou Araud & Herold ,
998. Suein ou Suenon,
loir. S. Olaiis,
103 1. Suenon,
1039. Magnus I.
1055. Herola ou Eruold,
1070. Magnus II.
iiio. Magnus III. chaffé,
1138. Herold II. ,
1148. Magnus III. rétabli,
1158. Ingo.dit G'Mus.
II 76. ZJn interrègne de 4, ans,
II 80. Magnus IV.
1131. Aquin, Tyran,
1163. Ohus Alt Angofanus f.
iz8o. Eric I.
1300. Aquin IL
1315. Magnus V. Roi de Suéde ,
132.6. Aquin III.
1318. Magnus VI.
1359. Aquin IV.
1375. Olaus III.
1389. Aquin & Marguerite
I4IZ. Eric.de Pomeranie.
13
20
8
16
15
40
18
10
10
18'
51
31
17
10
II
2
31
16
ï3
Il faut chercher la fuite de la fuccefîion fous le npm de Dannemark ,
pour ne pas répeter la même chofe. * Saxon le Grammairien & Albert
Crantz , Hift. Jean Martin , Qhron. Nortweg. Pontanus & Meurfius , Hijl.
Dan. Suaningius , Chr. Dan. Golniti , Cluvier , Sanfon & Briet , Geogr.
NORWICH , que les Latins nomment Norvicum 8c Nordovicum ,
fur le Jart, Ville d'Angleterre dans le Comté de Norfolk, avec Evêché
fufFragant de Cantorbery.
NOSTRADAMUS (Michel) Médecin & célèbre Aftroîogue dans
le XVL Siècle, étoit de Salon; ou, comme difent les autres, de S.
Rémi en Provence. On dit que fon ayeul maternel, qui étoit de la mê-
me Ville de S. Rémi, lui infpiracetteinclination pour la Science des Af-
tres. 11 étudia premièrement à Montpellier , & après fes études il voyagea
à Touloufe & à Bourdeaux. A fon retout en Provence , il publia en 1555,
fes Centuries Prophétiques , dont on fit par tout une fi grande eftime , que
le Roi Henri II. en voulut voirrAuteur,que!e Comte de Tende Gou-
verneur de Provence lui envoya à Paris. Ce Monarque lui fit despré-
fens conlidérables ; & lui donna la fomme de deux cens écus d'or. En-
fuite il l'envoya voir les Princes fes. fils à Blois. Charles IX. lui fit
auffi des préfens , en paffant en Provence. Noftradamus mourut le 1. Juil-
let 1566. âgé de 6x. ans, 6. mois & 17. jours, à Salon, oîi il eft enterré
dans l'Eglife des Cordeliers. On voit à main gauche en entrant, fon
portrait avec cette Epitaphe fur une pierre de marbre : D. M. Offu clarif-
Jimi Micha'èUs Nofiradami , unius omnium mortalium jtidicio digni , cu-
jus fene di'vino calamo , totius Orbis ex Jlftrhrum influxit ,fitturi éven-
tas confcriterentur. Vixit annos LXII. Menfes VI. Dies XVLI. Obiit Sa-
lons. Cio. ij. LXVl. Sluietem fefieri ne invidete. Les Auteurs parlent
affez. diverfement du favoir de cet Aftroîogue , qui paroît à la vérité
très-médiocre. On attribue à Etienne Jodelle ce Diftique , qui fem-
ble repréfenter le caraftere de Noftradamus ,
Nojfra damus , cîim falfa damus , nam fallere nojlrttm efl. .
Et cum falfa Damus, nil nifi nofira damus.
11 fut père de Cefar NosTRADAMus,qui publia fes ouvrages , où
l'on voit un abrégé de la Vie de cet Alfrologue , frère de Jean N o s t r a-
DAMus. Celui-ci étoit Procureur au Parlement d'Aix, & compofa
l'Hiftoirede Provence, & la Vie des Poètes du même Fais.* Voyez la
Viede Noftradamus au commencement de fes Centuries, François de la
Croix du Maine & du Verdier-Vauprivas , Bibl. Franc. Naudé , Apol.
des Homm. accufex, de magie, ch. 16. Bouche, H'tfi. de Prov. li. 10.
Sponde , in Annal. A. C. 1566. n. 3^. O'c
NOTAIRES DE ROME , appeliez depuis Protonotaires. Pen-
dant les perfécutions de l'Eglife naiffante, le Pape Saint Clemenfe,
Difciple de S. Pierre, & fon fucceffeur après S. Lin & S. Clete, établit
fcpt Notaires pour les quatorze Quartiers de la Ville de Rome , afin de
rédiger par écrit tout ce qui fe pafferoit dans l'cmprifonnement ,& dans
NOT. NOV. .
les fupplices des Martyrs. Depuis S. Babien créa fept Soûdiacres , poitf
prendre garde que ces Notaires s'acquitaffent fidèlement de leur Com-
miflion; & les obligea de mettre ces Aftes entre les mains des Diacres ,
pour les lui préfenter & aux autres Papes fes Succeffeurs, comme il fe
pratiquoit déjà du tems de S. Anterre fon prédeceifeur , duquel il eft
dit qu'il avoit grand foin de fe faire apporter les Regiftres des Notaires,
& de les mettre dans les Archives publiques de l'Eglilé , pour y être fidè-
lement conferyez. Ce qui fe faifoit à Rome avec tant d'exaditude par
l'ordre des Souverains Pontifes , le faifoit auffi dans les autres Dioce-
fes par le zélé des Evêques , des Prêtres , & des Diacres. Ainfî nous lifons
que les Ecclefiaftiques d'Achaie eurent foin de mettre par écrit l'Hiftoire
du martyre de S. André , dont ils avoient été témoins : Que celle du mar-
tyre de Saint Polycarpe fut recueillie par fon Clergé de Smyrne: Que
les Eglifes de Vienne & de Lyon dans les Gaules envoyèrent aux EgU-
fcs d'Afie & de ^hrygielerécitdesfoufFrâncesdeS.Photin,deSteBlan-
dine,& d*s autres Martyrs qui avoient été mis à mort dans leurs Villes,
fous l'Empereur Marc-Aurele : Et que S. Denys d'Alexandrie fit un Li-
vre , pour apprendre à la potterité les Martyres que beaucoup de fes
Diocefains venoient de fouftiir dans la perlécutioii de Dece. S. Pon-
ce Diacre , témoigne auffi qu'on avoit eu foin de toute antiquité dans
l'Eglife d'«Afrique , d'écrire les aélions des Martyrs , & que ces Mé-
moires s'étoient confervez jufques à fon tems. M. de KaulTai , Evêque
de Toul,en fa Préface du Martyrologe de France , remarque qu'après
que ces Âéles avoient été dreffez & examinez dans les Eglifes particu-
lières, on les envoyoit à Rome, pour paffer encoreparfaCenfureduS.
Siège. * Anaftâfe le Bibliothécaire, m Clémente, Antero, o' Fabiano.
De SaulTai, MarlyroLge de France. SU P.
NOTGER ou NoïKER, Evêque de Liège dans le X. Siècle fuc-
céda à Ewrard, l'an 972. 11 travailla avec beaucoup de foin à l'etri-^
belliflement de fa Ville Epiicopale , & c'eft pour cette raifon que Le Mi-
re dit qu'il en fut un fécond fondateur. Il établit une Eglife Collégiale;
& contribua à divers grands projets qu'on fit de fon tems. Notger ne
raanquoit pas auflj de favoir. Il écrivit la Vie de S. Landoalde Prêtre ,
que Surius rapporte au 19. Mars; & quelques autres i'ieces qui font
un témoignage de fa pieté. Alberic, in Chron. Voffius, U. i. de Hift.
Lat. c. 41. Valere André, Eibl. Belg. Le Mire, in Faft. Bel. Ste Mar-
the, Gall. Chrifl. ècc. _ , . .■■
tij'^ 11 ne faut pas confondre ce Prélat , avec trois Moines de Saint Gai ,
du même nom de Notger ou Noiker. Le premier dit le Bègue,
Balbulas , vivoit dans le X. Siècle, & on lui attribué le Martyrologe
que Henri Canifius rapporte dansle VI. Tome de fes anciennes Leélu-
res; & d'autres Vies de quelques Saints , cpmme de S. Fridolin , de S. Gai ,
atc L'autre Notker, furnommé le Piquant ou le grain de Poivre, Pi-
teris granum, étoit illuftre par fa pieté & par fa dodrine, auflî bien
que le troifiéme, dit le Phyjicien, qui fut depuis Abbé. * Eckerard,
in Vita Notkeri Balbuli. Jefle Metzlefer , li. de lllufir. Vir. S. Coll. Ca-
nifius , in Not. tint. Le6l. Voulus, lib. 3. de Hift. Lat.
NOTGER ou NoTKER nom de trois Moines. Voyez la Remarque
qui eft après Notger ou Notker Evêque.
NOTHELME ou Nothbert de Londres, Prêtre & puis Ar-
chevêque de Cantorber-y, étoit un Prélat eftiraé par fon favoir & par
fa pieté. 11 travailla dans le VIII. Siècle, avecBede, pour l'Hiftoire
d'Angleterre.- Avant qu'il fut Evêque, il fit un voyage à Rom^e,pour
recouvrer du Pape Grégoire II. des mémoires propres pour ce deffein ;
& il eut une copie desLettresenvoyéesouécritesparAuguftin, Apôtre
d'Angleterre. Nothelme compofa divers Traitez; & Bede voulant lui
témoigner fon amitié , lui dédia fes trente Queftions fur les Livres des
Rois. Nothelme mourut l'an 739. * Godwin, de Epife. Angl. Pit-
feus , de llluft. Angl. Script. Voffius , de Hift. Lat. l. 2.
NOTO,que les Auteurs Latins nomment diverfement Nea, Nea,
Nitlum , Netum & Neetum , Ville de Sicile qui donne fon nom à la
Province dite Valle di Noto. Elle fait la troifiéme partie de la Sicile, &
a la Val di Mazara au Couchant , celle di Demona au Septentrion ;& la
Mer au Levant & au Midi. La Ville de Noto eft à quatre ou cinq lieues
de la Mer, vers l'embouchure de l'Abifo, près du Cap Paflaro. Les
autres Villes de la Province font SarragoITe , Augufte , Terra Nova , Mo-
tica , Camarana , &c.
NOTRE-DAME DU LIS, Ordre Militaire. Cherchez
Lis.
NOTTEBOURG , Ville forte , Capitale de l'Ingrie , Province de
Suéde. Elle eft fur le Lac de Ladoga , fur les frontières de la Mofco-
vie. Le Roi Guftave-Adolphe la prit en 1614. aux Ruffiens, qui la
nomment Oreska , c'eft-à-dire la Noix.
NOTTINGHAM, Comté & Province d'Angleterre , avec une
Ville de ce nom. La Ville eft petite , fur la Rivière de Trent. Le Com-
té a celui- de Lincolne au Levant, Derbishire au Couchant, ScLeicefter
au Midi.
NOVANTUS (Hugues) Normand, puis Evêque de Chefter, de
Coventry, & de Litchfield en Angleterre, floriffoitran 11 90. 11 écri-
vit l'Hiftoire mémorable de la difgrace de Guillaume de Longshamou
Longchamp, Evêque d'Elgin , & Chancelier du Roi Richard. Hugues
mourut l'an H98. On lui attribue d'autres Ouvrages.
NOVARE , Ville d'Italie dans le Milanois , Capitale d'un petit
Pais de même nom , avec Evêché fufFragant de Milan. Les Latins la
nomment Novaria. Elle eft illuftre pour avoir étélelieudelanaiifance
de Pierre Lombard , Evêque de Paris , le Maître des Sentences. Cefar
Spaciani Evêqu^de Novarc , publia des Ordonnances Synodales en 1 590.
Cette Ville a été fouvent le théâtre delagucrre. Les François y prirent
en 1500. Louis Sforce. Ils affiegerent en 1 5 13. cette Ville, oiilesSuiffes
les défirent, les ayant attaquez durant la nuit. Depuis en 1515. les
François les chaflerent de Novare. Ils prirent encore cette Ville au mois
de Mars dcl'an 1522. fur Philippe Torniel , homme barbare &redouté
par fes croîutez , qu'ils firent pendre. Deux ans après le Château de
Novare fe rendit à Sforce. Cette Ville eft fituée fur une éminence.Sc
bien fortifiée.
NOVARINI (Louis) de Vérone, Clerc Régulier de l'Ordre des
Theatins , dans le XVil. Siècle , avoit dans le monde le nom de Jérôme ,
mais
NOV. NOU.
mais renonçant au monde , il le quitta pour prendre celui de Lotiis.
Il fa voit les Langues Latine, Gréque, Hébraïque & Chaldéene. No-
varini eut divers emplois importans dans fon Ordre ; & fut aimé des
Princes & des Doftes de fon tems. Le Pape Urbain VIIL eftima parti-
culièrement le mérite & les Livres de Novarini. Il a laiflé divers Ouvra-
ges de fa façon. Les plus confiderables font Arcana myftica TheologU.
Sanâîitas honorata. Adagia finfiorum Patrum. Amoris delicia , &c.
* Francifco Bolviti , Nomend. Script. Ordin. Cleric. Regul. Ghilini ,
leat. dHuom. Letter. Le Mire , de Script. Ssc. XV 11. Laurenzo
Craflb, î.log. dHuom. Letter. Jérôme Caraccioli , & J. Baptifte de
,Tufo , Hift. Theat.
NOV AT ou NovATUs, Evêque d'une Eglife d'Afrique dont on
ne fait pas le nom , étoit tout-à-fait indigne de cette qualité. Il vivoit
dansle III. Siècle. S. Cyprien parle de Novat comme d'un homme perfi-
de, flateur, arrogant & avare jufques à la fordidité, qui avoit lailTé mou-
rir fon père de faim ,{k qui pilloit impunément les biens Ecdeiialtiques ,
les pupilles , & les pauvres. Pour éviter la punition de fes crimes , il
réfolutdeformerunSchifme, afin de fe fauver dans l'orage. Il fut de la
cabale de Feliciffime, Prêtre d'Afrique, qui s'éleva contre S. Cyprien,
comme je le marque en parlant de lui. En 151. il pafla à Rome durant
l'éledion du Pape Corneille. Il y trouva Novatien Prêtre ambi-
tieux, à qui l'Eloquence & la Philofophieavoient aquis une grande ré-
putation. Il murmuroit de ce qu'on ne l'avoit pas élevé au Pontificat, à
la place de Corneille. Novat fit amitié avec lui; & cette union funefte
caufa non feulement le premier Schifrae dans l'Eglife; mais encore une
hérefîe. Ils publièrent des calomnies atroces contre le Pape; & ils fu-
rent fi bien les colorer que plufieurs s'y laiflerent abufer. Ils firent venir
trois Prélats fimples, ignorans & inconnus ; & après les avoir fait boire,
ils les obligèrent d' ordonner Novatien Evêque de Rome. Il y avoit
plufieurs défauts en fa perfonne, qui l'excluoient de cette grande dignité ,
quand l'éleâioa n'auroit pas été fchifmatique. Car outre qu'il avoit été
poffedé du diable , & délivré par les Exorcifmes de l'Eglife , il avoit reçu
le Baptême au lit de la mort, &n'avoit point été confirmé; irrégularitez.
capitales, félon les Canons. ■. Après cette ordination fi peu régulière ,
Novatien écrivit à S. Cyprien de Carthage, à Fabius d'Antioche,& à
Denys d'Alexandrie ; mais le premier ne voulut point qu'on vît ces Let-
tres, & excommunia fes députez. 11 en avoit même déjà envoyé à
•Rome pour faire celTer le Schifme. Fabius fe moqua de Novatien ,
i& Dcnys lui manda qu'il ne pouvoit mieux faire connoître, qu'on l'avoit
élu malgré lui , qu'en quittant fon Siège pour le bien de la paix. Cepen-
•dant l'Antipape devint Hérefiarque , difarit qu'il ne faloit pas recevoir à
pénitence ceux qui étoient tombez dans quelque péché après le Baptê-
me. Ses difciples qu'on nomma Novatiens prirent auffi le nom de
Cathares, pu Purs. Ils ajoutèrent à fes £rreurs de nouvelles faufietez,
comme l'improbation des fécondes noces; & outre ces rêveries ils re-
fcaptifoient les pécheurs... Ces errans demeurèrent obftinez dans le IV.
Siècle après le Concile de Nicée ,. qui fit des régleraens pour la forme
«le leur réception à l'Eglife. Depuis ils fe diviferent entr'eux, & Seba-
tius un de leurs Prêtres, qui avoit été Juif, introduifit le Juda'ifme
dans leur Seéie.; * S. Cyprien , ep. 46. 47. erc. Eufebe, It. 6. Hift.
S. Epiphane, hir. 59. v. S. Augultin, hAf. 38. S. Jérôme , de Script.
Eecl. Baronius, iri Annal. ?>:c. \_No-vat n'étoitpas Evêque, mais Prê-
tre à Carthage, comme il paroit par la LU. Lettre de S. Cyprien, (félon
l'Ed. à'Oxford.) Il avoit été cité devant fon Evêque l'an CCXLIX. étant
accufé d'avoir donné un coup de pied à fa femme , qui étoit groffe, Se
qui à caufe de cela avoit fait une faufle couche. La perfécution que
Decius excita l'année fuivante, depuis le commencement , ayant obligé
S. Cyprien de fe retirer , Novat fut délivré de la crainte de comparoî-
tre devant lui. Il-fe joignit peu de tems après à Felicijfîme Diacre, &
foûtenoit qu'on devoir recevoir les Tombez, à la communion, fans aucune
■pénitence. Cependant Novat étant allé à Rome fe joignit à un parti
qui étoit d'un fentiment tout oppofé , fans que l'on voye que S. Cy-
prien lui ait reproché cette inconltance, quoi qu''il ne lui pardonne rien.
Novat revint enfin en Afrique, mais l'on ne fait ce qu'il devint. Voyez
fes Annales Cyprianiques de J. Pearfon, & la Vie de S. Cyprien , dans le
XII. Tome de la Bihliothéque Univerfelle.']
NOVATIEN , &N0VATIENS. Voyez Novat. "
NOUE ( François de la ) dit liras-de-Fer , Gentilhomme Breton ,
fut non feulement un grand Capitaine , mais un parfaitement honnête
Homme , qui fe diftingua dans toutes les occafions par fa prudence
& par fa valeur. 11 naquit l'an mil cinq cens trente-un , de François
de la Noue II. du nom , & de Bonaventure l'Efpervier. Dès fon jeune
âge il voyagea en Italie „& y porta les Armes. A fon retour en Fran-
ce , il donna dans les fentimens de ceux de la Religion Préten-
due Réformée, qui s'étoit établie en Bretagne , dès l'an 1557. La
Noue rendit de grands fervices à ceux de ce parri; mais quoi que
Huguenot, il faut avouer de bonne foi que fa probité, fa valeur, & fa
fagelfe furent toujours en admirarion aux Catholjques. 11 avoit une
connoifl"ance affez paflâble des bons Auteurs & des belles Lettres -, il
étoit brave, honnête, libéral & bienfaifant, & s'il eût toujours com-
battu pour la défenfe de la Religion Orthodoxe , comme il s'expofa
fouvent pour établir par les armes , le Schifme & les nouvelles opi-
nions , il eût mieux mérité les éloges que Scevole de fainte Marthe
& divers autres Auteurs lui donnent avec raifon. Mais c'étoit le
malheur de fon tems. La Noue prit Orléans aux Catholiques , le
vingt -huitième Septembre 1567. en chalTa le Gouverneur Catholique
qui s'étoit retranché à la Porte Bannière. 11 conduifoit l'arriere-garde
dans la bataille de Jarnac , l'an 1 569. & fe trouva en mille occafions, où
il donna par tout des marques d'une merveilleufe prudence , & d'une
baute générofité. Ceux de fon parti l'avoient fait Gouverneur de
Mâcon , que le Duc de Nevers lui prit. Après la bataille de Jarnac ,
la^ Noue attaqua un Fort que Pui-gaillard Capitaine Catholique avoit
bâti à Luçon fur l'avenue des Marez. Celui-ci ralTembla fes troupes ,
& alla défendre fon Fort; mais il fiit défait entre fainte Gemme & Lu-
çon. Enfuite la Noue prit encore Fontenai , Oleron , Marennes , Sou-
bife & Brotiage. Ce fut à la prife de Fontenai en Poitou qu'il reçût
lui coup au bras gauche, qui lui en brifa l'os. On le lui coupa à
NOV.
39
la Rochelle, & il s'en fit faire un de fer, qui lui a laiffé le furnom
de Bras de fer. La Noiië s'en fcrvoit très-bien pour tenir la bride de
fon cheval; & cela ne l'empêcha point d'agir comme auparav.mt. En
1571. il tut envoyé avec Genlis dans le Pais-Bas, où il furprit Valen-
ciennes. A fon retour en Fiance, après la Saint-Barthelemi , le Roi
I envoya à la Rochelle. Il en fut Général en 1573. & ayant réfolu
que ceux de fon parti prendroient les armes, le dixième du mois de
Mars, il trouva le moyen d'enlever Méfie & Lufignan aux Catholi-
ques. Mais comme il falloir s'aquitter de deux Charges aufli incom-
patibles que celle de Chef des Rebelles, & de l'homme du Roi, fans
perdre fa réputation , & même iims donner du foupçon , il prit réfo-
lution de chercher une mort honorable dans les forties que les Affiegez
firent, &fe mêla une fois fi avant, qu'il y eût été tué fans un Gentilhom-
me nommé Marcel , qui fe mit au devant du coup mortel , dont il
alloit être percé. Depuis, l'an 1578. il fuivit dans le Pais-Bas le Duc
d'Alençon, qui l'envoya avec trois mille hommes aux Etats. La Noue
leur rendit de grands fervices. Philippe de Melun , Vicomte de Gand',
qu'on appelloit le Marquis de Risbourg, le fit priibnnier l'an 1580. en
une rencontre près du Château d'Ingelmonftcr. La Noue avoit pris peu
auparavant Ninove & le Comte d'Egmont qui étoit dans cette Place. Les
Efpagnols témoignèrent une grande joye de la prife de ce grand Chef,
& ne le mirent en liberté que l'an 1585. en échange du même Comte
d'Egmont, 8c en leur payant cent mille écus de rançon. Depuis , au
commencement des guerres de la Ligue, il fe retira à Genève. Guillau-
me-Robert de la Marc, Duc de Bouillon, Prince de Sedan, &c. y mou-
rut le premier Janvier de l'an 1588. laiflant fa fœur Chariojtte héritière
de fes biens. Il nomma de la Noue exécuteur de fon Tellamenr,
8cle fit Tuteur de cette Princefire,& Gouverneur de fes Terres fouve-
raines. Mais comme diverfes raifons empêchèrent ce grand Homme
de fe rendre dans le Pais-Bas, auffi-tôt qu'il eût déliré, la pupille fut pres-
que opprimée. II ne négligea pourtant rien pour rétablir fes affaires.
II y travailloit lorfque le Roi de Navarre, qui s'étoit uni avec le Roi
Henri III. le manda avec leDucdeLonguevilie, pour aller au devant
d'un fecours que Sanci .amenoit de Suiflè. Ce fut un peu avant la mort
du Roi;'La Noue continua fes fervices à Henri le Grand; & fut tué
aufiegedeLambale,; l'an 1591. Commeil étoit monté fur une éc'nelle
pour reconnoître ce qu'on faifoitdans la place, il fut blefl"é à la tête d'un
coup de moufquet, dont il mourut quelques jours après, regretté pref-
que également des amis & des ennemis, grand Homme de guerre, &
plus grand Homme de bien. Sa Maifon étoit noble & ancienne en Bre-
tagne. II époufa Marguerite de Teligni , dont il eut Odet de la Noue,
Théophile qui prit le nom de Teligni, & une fille mariée au Marquis
de la MoufiTaie. Ses fils furent héritiers de les bonnes qualitez. L'aîné ,
qui avoit été quatre ans prifonnier aux Pais- Bas, venoit après fa déli-
vrance fe réjouir avec fon père; mais il trouva qu'il n'avoir plus d'autres
devoirs à lui rendre que ceux des funérailles. * Moife Amirault, Vie de
la Noué. DeThou, Davila, La Popeliniere , Strada , Ste Marthe, in
elog. Doùi. Gall. Mezerai , Dupleix , &c.
NOVE (Paul de) Doge de Gènes, étoit Teinturier de fon métier,
& en r ;o6. les Génois s'étant révoltez , le choifirent pour leur Duc.
Mais Louis XII. Roi de France les ayant remis à leur devoir , & fait
prendre de Nove, il lui fit couper la tête publiquement. *Enguerrant
deMonftrelet, Chronique. SU P.
NOVELEFKE. Cherchez Laodicée.
NOVELLl ou de Nouveau (Arnaud) Cardinal, eft forti d'une
des plus riches & des plus nobles familles de Guienne. Dès fon jeune
âge , il fit connoître que fa plus forte inclination étoit pour la pieté &
pour les Lettres. Il prit l'habit dans l'Ordre de Cîteaux , & on le choi-
fit pour être Abbé de Font-froide dans le Diocèfe de Narbonne. Le
Pape Clément V. qui le connoiffoit très-parriculierement le pourvût de
l'Office de Vice-Chancelier de l'Eglife , & enfuite il le créa Cardinal le
dix-neuvième Décembre de l'an 1318. Quelque tems après il l'envoy.i
Légat en Angleterre, & dans toutes les occafions il lui témoigna qu'il
avoit des égards très-particuliers pour fon mérite. Le Cardinal Ar-
naud Novelli, ou Nouvel mourut à Avignon l'an 13x7. * Walfin-
gam , Hift. Angl. A. C. 13(1. Thomas de la Moor , in Edouar. IL
Frizon , Gall. l'urp. Auberi , Hiji. des Cari. Sainte Marthe , T. IV.
Gall. Chrift. u^c.
NOVELON, Evêque de Soiflbns étoit fils de Gérard, Sieur de
Cherifi & de Muret. Guntherus dis qu'il étoit homme d'une grande
fainteté , & fort éloquent : Vir magnu. Jan£litatis v dulcis facundix. il
fut élu Evêque de Soiflbns l'an 117;. ou feptante-fix , & il fe croifa
pour le Voyage d'outre-mer , où après la prife de Conftantinople par
les François en 12.93. il fut un de ceux qu'on nomma pour élire un Em-
pereur. Enfuite on lui donna en douze cens quatre , l'Archevêché
de ThefTalonique , que le Pape Innocent III. lui permit de tenir avec
l'Evêché de SoilTons , jufqu'à ce que les François fiiflent paifibles pof-
fefleuVs de l'Empire. Novelon vint depuis en France pour y chercher
du fecours ; & donna à l' Abbaie de Nôtre-Dame de Soiflbns , grand
nombre de Reliques , dont nous avons même l'Hiftoire de leur Trans-
lation , rirée des Archives de la Cathédrale de cette Ville. 11 retourna à
Conftanrinople , avec des forces confiderables , comme nous l'appre-
nons du Conrinuateur de Sigebert. Ce fut vers l'an 1207. Peu après
ayant été renvoyé vers le Pape , il mourut à Paris , où il fut enterré
da.ns l'Eglife de fiint Nicolas , félon Alberic. *Herman , //. i. di
mirac. S. Maris, Laud. c. i . Alberic , in Chron. Du Chefne , Hift. de
Chaftil. If. II. c. 5. Ste Marthe, Gall. Chrift. Du Cange, Obfervat.
fur Vill. Hard. &c.
NOVEMVIRS, neuf Magiftrats d'Athènes , dont le gouvernement
duroit un an. Le premier de ces Magiitrats fe nommoit Archonte,
ou Prince; le fécond Bafileus , ou Roi; le troifiéme, Polemarque, ou
Chef d'Armée: & les fix autres, Thefmothetes , ou Legiflateurs : Ils
faifoient ferment d'obferver exaèlement les Loix , à faute dequoi ils
s'obligeoient de donner à la République une Statue d'or de leur gran-
deur. Ceux qui s'aquittoient de leur Charge avec honneur, étoient
enfuite reçus Sénateurs de l'Aréopage. *Plutarque , in Solonec^Pericle,
SU P.
NOVEN-:
'4©
NOV.
NOVENDIALj Sacrifice que les Romains continuoient pendant
neuf jours pour détourner les malheurs , dont ils étoient menacez par
quelque prodige ,& pour appaifer les Dieux qui paroiflbient irritez. Le
Sénat rendoit alors un Décret, addreiîé au Grand Pontife, ou au Pré-
teur de la Ville, qui ordonnoit cette Fête au peuple. Ce fut TuUus Hof-
tilius quatrième Roi de Rome, qui inftitua ces Sacrifices, lorsqu'on
lui eut apporté la nouvelle de cette grêle prodigieufe , qui tomba furie
Mont Alban , dans le pais Latin , & dont la groffeur & la dureté fit croire
que c'étoient dés pierres. * Tite-Live, li. i.SUP.
NOVENSILES , certains Dieux des anciens Romains , ainfî appel-
iez , parce qu'ils étoient venus des derniers à leur connoiffance. Tels
ëtôientlàSanté.la Fortune, Vefta, Hercule. Quelques uns néanmoins
prétendent que les Dieux appeliez Novenfiles étoiént ceux qui préfi-
doient aux nouveautez , gc qui faifoient renouveller les chofes : d'autres
ont dit que ce nom ne tiroit point fon origine ànmoi novus nouveau:
mais plutôt de »«w«! , neuf , parce que ces Dieux étoient au nombre de
neuf , favoir , Hercule , Romulus , hfculape , Bacchus , Enée , Vefta , la
Santé, la Fortune, & la Foi. Mais ces Auteurs ne difent pas ce que ces
neuf Dieux avoient de commun entr'eux& ce qui les diftinguoit des au-
tres Dieux. Il y a plus d'apparence, à ce que d'autres ont crû, que
c'étoient les neufMufes qui étoient appellées de ce nom. * Lil. Giraldi ,
de Synta^m. Deor. S UP. .
NOVOGROD , que ceux du païs appellent Novogrod Veliki -,
cea-z-dite, Novogrod la grande, ViWs de iVIofcovie, d'une Principauté
de même nom , avec titre d' Arche vêché,eftrituée fur la rivière de Vol-
kou.ou Volga, laquelle fort du Lac d'Ilmeniàune demi-lieuë au det
fus de la Ville, & va traverfer le Lac de Ladoga: d'où elle fe décharge
dans le Golfe de Finlande. Vithold , Grand;Duc de Lithuanie , & Géné-
ral de l'armée de Pologne, fut le premier qui obligea le peuple de cette
Ville en 1517. de payer un tribut de deux cens mille écus. JeanBafile
Giotsdin , Tyran de Mofcovie, s'en rendit maître en 1477. &ymitun
Gouverneur. Peu de tems après , il y alla en perfonne, & pilla la Ville, d'où
il emmena trois cens chariots chargez d'or, d'argent, & de pierreries, &
plufîeurs autres chariots pleins de riches étofes ,& de meubles précieux ,
qu'il fit porter à Mofcou,où il fit venir tous les habitans de Novogrod ,
& envoya des Mofcovites en leurplace. Jean Bafilovits, Grand Duc de
Mofcovie, y exerça encore plus de cruauté en 1569. car fur un fimple
foupçon de révolte, il fit tuer oujetterdansla rivière deux millefept cens
foixante-dix perfonnes , fans compter un nombre infini de pauvres gens
qui furent écrafez par la Cavalerie qu'on lâcha fur eux. Après avoir pillé
le riche Temple de fainte Sophie, & tous les thréfors des autres Eglifes,
il fit auffi piller l'Archevêché; puis il commanda à l'Archevêque de mon-
ter un cheval blanc; ce que ce Prélat ayant fait, on lui lia les jambes,
on lui pendit au col une viele, & on lui mit un flageolet à la main. Il
fut ainfi conduit à Mofcou , & en fut quitte pour cet opprobre ; mais tous
les Abbez & Moines furent taillez en pièces, ou noyez. Les Suédois pri-
rent la Ville de Novogrod en 161 1. mais ils la rendirent peu de tems
après. C'étoit autrefois la première Ville de tout le Septentrion pour le
commerce, qui y faifoient non feulement les Livonois Scies Suédois,
mais aufTi les Danois , les Allemans & les Flamands : Elle jomffoit de plu-
fieurs privilèges fous fon Prince , qui ne reconnoilToit point le Grand
Duc de Mofcovie : & elle étoit devenue fi puifTaute , que l'on difoit en
commun proverbe , fl«< eji-ce qui fe peut effofer à Dieu, c' à la
erande Ville de Novogrod? 11 y en a qui la veulent mettre en parallèle
pour fa grandeur avec la Ville de Rome, mais ils fe trompent; car ce
n'eft plus cette grande Ville , que l'on vantoit tant auttefois. Il eft vrai '
que le nombre de fes Clochers promet de loin quelque chofe de beau &
de grand, & oti y compte jufqu'à foixante-dix Monafteres; mais en
approchant de la Ville, on n'y voit que des murailles de bois, & des
maifons bâties de poutres & de folives defapin. L'Hiftoiredupaïs dit,
qu'avant que la Ville de Novogrod eut reçu le Chriftianifme , il y
avoit une Idole que l'on appelloit Perun , c'elt-à-dire le Dieu du feu ,
car Perun en Langue Mofcovite lignifie le feu, On repréfentoit ce
Dieu tenant la foudre à la main , & l'on entretenoit devant lui un feu
perpétuel , où l'on ne brûloit que du bois de chérie. On puniffoit de
mort ceux qui en avoient foin , s'ils le laiffoient éteindre. Ce peuple
ayant reçu le Baptême, jetta cette Idole dansl' eau. On croit que le Con-
vent , que l'on appelle Perunski , eft bâti au lieu où étoit autrefois le
Temple de ce faux Dieu. Hors de la Ville, & de l'autre côté de la
Rivière, il y a un Couvent dédié à S. Antoine , où les Mofcovites gar-
dent une pierre de moulin, fur laquelle ils difent que ce Saint eft venu
de Rome en ces quartiers- là , defcendant par le Tibre , & paflant la
Mer, puis montant dans la rivière de Volkou .jufqu'à Novogrod. On
voit une Chapelle , où ilsaflurent que S. Antoine eft enterré, & que fon
corps y ctt tout entier fans aucune corruption. * Olearius, Voyage de
Mofcovie. SUP.
NOVOGRODEK, furnommée Litawiski , Ville de Pologne
dans la Lithuanie , capitale d'un Palatinat de ce nom. Elle eft à 4.
ou î. lieues du Fleuve Niemed. Le Palatinat de Novogrodek eft en-
tre la Polaque & la Polefie. On y trouve Wolkowiska , Lako-
■wicz, Mir, Slonim, &c. qui font les principales Villes après la
Capitale.
NOVOGRODEK SEVIERSKI, Ville de Lithuanie, autrefois
à la Pologne, & depuis quelque tems à la Mofcovie.
NOUVEAU-MEXIQUE. Cherchez Mexique.
NOUR-MAHAL, Reine des Indes, femme de Jehan-guir,
Grand Mogol en i6io. Elle avoit deux noms: l'un étoit Nour-gehan-
beeum , qui fignifie , la Lumière du Monde : & l'autre Nour-Mahal ,
c'eft-à-dire , la Lumière du Serrail. Cette Reine étant fort ambitieufe ,
ne s'étudioit qu'à complaire au Roi , pour venir plus aifément à bout
de fes deffeins : & ayant une grande palTion d'éternifer fa mémoire , elle
crut n'y pouvoir mieux réuITir qu'en faifant fabriquer en fon nom quan-
tité de monnoye , ce qu'elle fit avec une adrefl"e admirable. Pendantl'ab-
fence de Sultan Kourom , fils du Roi , qui pouvoir s'oppofer à fon def-
fein , elle pria Jehan-guir de lui permettre de régner feulement vingt-qua-
tre heures, avec une autorité fouveraine. Cette demandefurpritlcRoi,
qui aimoit paffionnément Nour-Mahal , 8c étoit bien-aife de ne lui rien
NOU. NOY.
refuferjmais la chofe lui paroilToit d'une dangereufeconfequence. En'^
fin il fe laifTa gagner par les carefles de la Reine , & lui dit qu'il s'alloit
retirer pour vingt-quatre heures , Se qu'elle pouvoit monter fur le trô-
ne pendant ce tems-là , pour commander fouverainement. En même
tems, il fit venir en fa préfence tous les Grands qui étoient à la Cour,
leur ordonnant de lui obéir comme fi c'étoit lui-même qui parlât. Il y
avoit long-tems que cette Reine avoit fait tous fes préparatifs , qu'elle
avoit fecretement amaflTé quantité d'or & d'argent dans toutes les Villes
où l'on bat monnoye ,& qu'elle y avoit fait diftribuer tous les coins pour
marquer les pièces. Les feuls Maîtres des Monnoyes avoient part à foa
fecretjSc aucun des Grands n'en avoitpû rien découvrir. Le jour étant
donc venu qu'elle s'affit fur le trône , elle envoya en diligence des Cou-
riers dans toutes les Monnoyes du Royaume j avec ordre de battre de.?
Roupies d'or 8c d'argent jufques à la fomme de deux millions; (la Rou-
pie d'or vaut environ vingt &c une livres de France : Si la Roupie d'argent,
trente fols.) Chaque pièce portoit d'un côté, la figure d'un des douze
Signes du Zodiaque , 8c de l'autre le nom de Jehan-guir avec celui de
Nour-Mahal. La chofe fut fi promptement exécutée , fur tout dans la
Ville où elle étoit alors, que deux heures après qu'elle futfur le trône,
elle fit jetter au peuple quantité de ces pièces d'or 6c d'argent , qui eurent
cours pendant le règne de Jehan-guir: Mais Sultan Kourom, nommé
depuis Cha-gehan , ayant fuccédé à fon père , fit mettre ces Roupies
aii billon, de forte qu'il ne s'en trouve gueres; 8c il y a dés Curieux
qui ont donné jufques à cent écus , pour une Roupie d'or , qui n'en
valoir que fept. Le Père de cette Reine étoit Perfan , 8c n'étant en foa
païs que fimple Capitaine de Cavalerie , il pafîa aux Indes pour fer-
vir le Grand Mogol, qui étoit alors Jehan-guir. Dès que le Roi
l'eut vu, il eut bonne opinion de lui » 8c après avoir éprouvé fon cou-
rage 8c fa conduite , il le fit Général de fon armée : Mais dans h fuite du
tems, oubliant les bienfaits qu'il avoit reçus du Roi, il fe joignit
avec Sultan Koufrou , fils aîné de Jehan-guir , qui vouloit détrôner fon
père , 8c fe faire Roi. 11 fut furpris dans cette rébellion , 8c comme
le Roi le tenoit en prifon dans le defTein de le faire niourir, la femme 8ê
la fille de ce Général d'armée vinrent fe jetter aux pieds du Roi, pour
demander fa grâce. Jehan-guir fut fi charmé de la beauté de cette fille j
qu'il lui accorda ce qu'elle demandoit , 8c. lui donna enfuite toutes fes
affèâions. Elle favoit le Perfan , l'Indien 8c l'Arabe , Hc avoit un
Génie capable de conduire un Royaume. C'eft pourquoi le Roi lui
ayant permis de régner un jour entier en fa place, il lui confia de-
puis prefque toute fon autorité , 8c c'étoit elle qui donnoit le branle
aux plus importantes affaires de l'Etat. * Tavernier , Voyage des Indesi
su Pi
NOUVELLE ANGLETERRE , partie de l'Amérique Septèii^
trionale, que les François mettent dans le Canada, 8c les Anglois
dans la Virginie. Elle eft fituée prefque au milieu de la Zone tempé-
rée: c'eft pourquoi elle devroitjoiiir delà même température d'air que
la France ; mais on y éprouve le contraire : car le pais qui eft vers la
mer , eft plus froid , 8c ceux qui font au milieu des terres , font un peu
plus chauds. Les endroits qui regardent le Soleil levant font auffi plus
froids que ceux qui regardentlecouchant:8clcs vents du foir y font plus
chauds , que ceux du matin. La terire y eft très-fertile , félon le récit
des Anglois , 8c ne rapporte pas feulement du mayz que les Sauvages
ont accoutumé d'y femer, mais encore du blé de l'Europe , que les
Colonies y cultivent. Le rivage eft fourni de bons ports , & bordé
de plufieurs Ifles fort propres à être habitées. Les Sauvages y font
affez traitables , pourvu qu'on ait l'adrefTe d'en bien ufer avec eux.
La mer y eft extrêmement poiffonneufe, 8c fort commode pour les fali-
nes : le dedans du païs eft rempli de divers oifeaux , comme de coqs-
d'Inde, de perdrix, de pigeons, d'oyes, de canes, de cygnes, 8c de
grues. Les cerfs y font en grand nombre, 8c les biches y font quelque-
fois trois ou quatre faons. On y fait trafic avec les Sauvages de
riches peaux de caftors, de loutres, de martes, 8c de renards noirs,
qu'ils donnent pour peu de chofe. Il y a des vignes, 8c des mines de fer;
^ les Anglois difent qu'on y a trouvé des perles j 8c de l'ambre-gris.
* De Lact, Hifi. du Nouv. Monde. SUP,
NOUVELLE HOLLANDE, partie de l'Amérique Septentrio-
nale , que les François mettent dans le Canada , Se les Anglois dans la
Virginie. Elle eft au Midi de la Nouvelle Angleterre. Ce païs eft ex-
trêmement fertile , félon le récit des Anglois. On y voit de très-grands
arbres , propres non feulement pour bâtir des maifons , mais auffi pour
Gonftruire de fort grands navires. Il y a quantité de vignes fauvages ,
que l'on peut cultiver, le mayz y vient en abondance : 8c en cultivant la
terre , on y peut aifément faire venir du blé d'Europe , du lin , &c du
chanvre , comme on a déjà fait. Les forêts font pleinesde gibier; prin-
cipalement de cerfs. Les rivières font pleines de faumons , d'étur-
geons &c d'autres poifTons excellens. Les coqs-d'Inde , les perdrix , Se
toutes fortes d'oifeaux de bois ou de rivières , s'y trouvent en grande
quantité, 8c leur chair eft très-délicate. Il n'y a que le bétail 8c les bêtes
de charge qui y manquent , mais il n'eft pas difficile d'y en tranfporter
de l'Europe. L'air y eft aflTez tempéré , û n'eft point incommode aux
nouveaux habitans. Les Sauvages y font divifez en plufieurs Nations ,
beaucoup diff'erentes en langage, mais peudifTemblablesenmœursScen
coutumes de ceux qui habitent dans la Nouvelle France. Leurs habits
font de peaux de caftors , de renards , ou d'autres bêtès fauvages , dont
ils fe couvrent tout le corps pendant l'hyver , mais l'Eté ils ne portent
que quelque peau légère. Leurs armes font l'arc & les flèches. Leur
principale nourriture eft de gâteaux faits avec du mtyz , 8z de poiflbn ,
de venaifon , ou de volaille. Quelques-uns vont errans çà 8c là : d'au-
tres ont une demeure arrêtée dans les cabanes faites de grandes pièces
de bpis. Ils n'ont en effet aucune Religion , mais feulement quelque
culte fuperftitieux pour leur Menetto , qui eft un nom dont ils appel-
lent ce qu'ils admirent, 8c ce qui eft au deffus delà condition humaine.
Ils donnent le nom de Sagamos aux Chefs des familles , qui en font com-
me les Gouverneurs ,8c ils n'ont point d'autre Gouvernement Politique,
* De Laet , Hijioire du Nouveau Monde. S UP.
NOYERS (Hugues de) Evêque d'Auxerre , étoit de cette noble 5e
ancienne Famille qui porte le nom de la Ville de Noyers en Bourgogne.
'NOY, NTO.NUB. , .
il eut de fâcheux démêlez avec ie Comte d'Aiixerre, qui 'tâclia de noir- i
civ la bonne réputation de ce Prélat par toute ','orte de calomnies. Hugues i
ic fervant du pouvoir que l:v Dignité lui donnoit, excommunia ce Ca-
lomniateur & tous fes Officiers ,& les priva de la fepulturé Ecclefîalli-
quejcequi irrita fi fort ce Comte qu'il fit enterrer le corps d'un enfant
dans une desfales de l'Evêcné , & chalîa tous les Ecclefiaftiques de l' t'gli-
fe Cathédrale. Cette excommunication dura allez long-teras,& ne fut
levée qu'après la fatisfadfion du Comte d' Auxerre , qui fut obH-gé de dé-
terrer lui -même le Corps de cet enfant ,& dé l'apporter nudspiez& en
chemife dansie Cimetiere.pour l'y enterrer en preience de toutic peu-
ple. Ce Prélat mourut à Rome le 19. Septembre de l'année 1106. Le
Pape accompagné de tous les Cardinaux affifta à fon enterrement.
^Sainte-Marthe, Gnllia Chrijimna. SUP.
NOYERS Cherchez Noïers.
NOYON. Cherchez Noïon.
NT.
"Y TOUPI, nom que les Grecs donnent aux Excommunicz,après
leur mort, parce que leurs Corps, difent-ils, ne pourriffent point
en terre, mais s'enflent & réfonnent comme un tambour, quand
on les roule. On dit que l'on vit un e preuve de cette vérité , fous le règne
de Mahomet II. Empereur des Turcs: car ce Sultan ayant entendu parler
de la force des Excommunications dans l'Eglife Gréque,il envoya dire
à Maxime Patriarche de Conftantinople qu'il eûtà trouver le Cadavre
d'un homme excommunié & mort depuis long-tems, pour connoître
en quel état ilferoit. Le Patriarche fut d'abord furpris, & communiqua'
cet ordre a fon Clergé , qui ne fut pas moins embarraifé. A la fin , les plus
anciens fe reilouyinrent que fousle Pontificat de Gennadius, il y avoit
iine très- belle femme veuve, qui ofa publier une Calomnie cor.tre ce Pa-
triarche , tâchant de perfuader au peuple qu'il avoir voulu la corrompre :
& que ce Prélatayant affemblé fon Clergé , fut contraint del'excommu-
nier. Qu'enfuite cette Femme étoit morte au bout de quarante jours, &
que fon corps ayant étéretiréde terre long-temps après .pourvoir l'ef-
fet de l'excommunication : il fe trouva entier, Se fut inhumé une fécon-
de fois. Maximes'informa du lieu de fa fepulturé , Se après l'avoir trouvé
en fitavertir le Sultan, qui y envoya des Officiers, en préfencedefquels
on ouvrit le tombeau, où le cadavre parut entier, niais noir &c enflé
comme un balon. Ces Officiers ayant fait leur rapport .Mahomet en
fut extrêmement étonné, & députa -^es Bâchas, qui vintent trouver le
Patriarche , vifiterent le corps , & le firent tranlporter dans une Chapelle
del'EgUfedePammacarifla , dontilsfcellerent la porte avec le cachet du
Prince. Feu de jours après , les Baçhas , fuivant l'ordre qu'ils en eurent
du Sultan, retirèrent le cercueil de la Chapelle, & le préfenterent au
Patriarche . pour lever l'excommunication , & connoître l'effet de cette
cérémonie, qui remettoit les corps, dans l'état ordinaire des autres ca-
davres. Le Patriarche ayant dit la Liturgie , c'eft à-dire les Prières pref-
crites en cette occafion .commença à lire tout haut une Bulle d'abfolu-
tion pour les péchez de cette femme ,& en attendit i'elïet avec des lar-
mes dezele, &desafpirationsà Dieu. Les Grecs difent qu'il fe fit alors
tin miracle dontune foule incroyable de gens furent témoins: car à me
fure que le Patriarche recitoit la Bulle , on entendo'it un bruit fourd des
nerfs & des os , qui craquetoient en fe relâchant , & en quittant leur fi-
tuation naturelle. Les Bâchas, pour donner lieu à la diffolution entière
du corps, remirent le cercueil dans la Chappelle, qu'ils fermèrent &
fcellerent avec le Seau du Sultan, Quelques jours après, ils y firent
leur dernière vifite; & ayant vtique le corpsfc reduiioit en poudre, ils
en portèrent les nouvelles à Mahomet, qui plein d'étonnement nepi'it
s'empêcher de dite que la Religion Chrétienne étoit admirable. Il ne
faut pas confondre les Ntoufi , dont je viens de parler .avec les ^rowa-
lacas, ou faux reffufcitez. qui font encore aujourd'hui beaucoup de
bruit parmi les Grecs. A leur dire, les Broucolacas fontaulfi des Cada-
vres de perfonnes excommuniées; mais au lieu que les Jir/i7/<:/>i font feu-
lement incorruptibles, jufqu'à ce qu'on ait levéla Sentence d'Excom-
munication , les Broucolacas font animez par le Démon qui fe fert de
leurs organes, les faitparler, marcher .boire & manger. Les Grecs di-
fent que . pour ôter ce pouvoir au Démon , il faut prendre le cœur du
Broucolacas . le mettre en pièces , & l'enterrer une féconde fois. * Guillet,
Sfloire du Règne de Mahomet II, SUP.
NU. •
N UBÀ.eft le nom que Gabriel Sionita& Jean Hefronita Maro-
nites donnent à l'Auteur d'une Géographie écrite en Arabe, &
imprimée à Rome en isçT-.fousleûliedeGéographieUniverfel-
/e. Scaligcr parle dans fes Lettres de cette Géographie qui a été traduite
en Latin par les deux Maronites que nous venons de nommer; leur ver-
lion a été imprimée à Paris en 16 1 9. Ce Géographe a fait une Defcription
de tout le Monde, principalement de rAfîei>c de l'Afrique. Sonexafti-
tude paroît en ce qui regarde l' Arabie où il n'oubhe rien ; mais il n'eft pas
cxaét dans la defcription de l'Europe où il n'avoit point voyagé, fi ce
n'eft en Efpagne. Il yaauflî un grand nombre de fautes dans les noms
propres: ce qui arrive à toutes ces fortes de Livres, fur tout étant écrits
dans les Langues Orientales. Les Interprètes en ont rétabli quelques-
uns. Cet Auteur Arabe vivoit il y a au moins 500. ans fous Roger II.
Roi de Sicile. On ne fait pas bien de quelle Religion il étoit. Cafau-
bon a crii qu'il étoit Mahometan ; mais les deux Maronites qui l'ont
traduit en Latin rapportent quelques paflages de fa Géogtaphie , d'où
ils prétendent prouver qu'il a étéChtétien. Ils ajoutent qu'il ne s'eft
pas voulu déclarer ouvertement fur la Religion , afin que fon Livre
fût lu également desOhtétiens & desMahometans. Pource qui eu de
fon Fais , ils lui ont donné le nom de Naèa ,croyantqu'il étoit de Nu-
bie, ce qu'ils tâchent d'inférer d'un endroit de ion Livre :'C'efl: pour-
quoi on a appelle cette Géogtn'phie Geographia Nitbimjls. * R.Simon.
S UP. [Nuba n'eft pas un nom propre , mais un nom de Nation , qui
marque que cet Auteur étoit de Nubie. Voici comme en ^iûejean
Gravius pag. 3 7 1. de fes notes fur les Tables à^Abulfeda Sçharifol Adrifi,
1m. iV, " "
NtJB. NUC, NUD^TSIUL 4!
cbmme qui diroit, l'illiiflre dcjundant i'^irfm. LelirotdeScVw/eft un
titre que prennent lesdefcendans, ou les parens de Mahomet. Voici
fon num&l'csrurnoms: Abu Abdollah , Mohammed, Ebn Moham>7ted,
Ebn Abdollah , Ebn Adris Imperatoris Fideliiim. Adris & les Adrifides
femblent avoir autrefois régné en quelque endroit de l'Afrique. Roger
II. Koi^de Sicile , qui vivoit au XI r. Siècle, avoir engagé cet Arabe à écri-
re de Géographie , pour expliquerles noms des lieux , qui étoient fur un
Globe terreftre d'argent que ce Prince aVoit fait faire, & qui pefoit
.(00. hvres Gréques, dont chacune contient m. dragmes. Voyez
aulE Bibliothèque Urientate, de Barth. Dherbelot, au mot Scher'tf al
Edrijfi.]
NUBIE, grande région d'Afrique qne ceux du pais nomment
Nouba, & les Auteurs It.rliens Nubia. C'eft l'ancien pais des Nubes,
Nubeens ou Nubades, que quelques-uns ont nommé petite Egypte. .
Elle eft le long du NilKc du Fleuve Nubio, entourée de Montagnes;
entre ce fleuve & les défcrts de Barca , qu'elle a au Septentrion ; ceux de
Zaara au Couchant ;& l'Ethiopie Supérieure ou pais des Abyffins , aa
Levant & au Midi. Sa Ville capitale eft Dancara,& les autres principa-
les font Nubia, Cufa, Gualva, Jalac &Sula . Le pais eft aflTez riche & fer-'
tile vers le Nil. On en tire du bois de Sandal,de lor, de la civette*
de l'ivoire; & le paisproduit, félon Jean deL,eon,unpoifontrès-vio-
lent, dont un grain pourroit faire mourir dix perfonnes. Les Nu-
biens font alfez courageux & lùbtils. Ceux que nous connoiffons aiment
le trafic & le l.ibourage. Leur Pais produit des cannes de fucre j
mais ils ne lavent pas le faire valoir. l_es Nubiens obeïlfent à un Roi,
quia ordinairemenr des troupes fur la frontière, pour s'y oppofer
aux Turcs & aux Abiffins. LeSchenf Adrifi, Auteur de la Géogra-
phie de Nubie, étoit, comme le croient quelques-uns, de cePais.Cpn-
fultez Ptolomée,PUne,StrabonJean de Leon&Mannol Defcr.Afr,
[Voyez auffi Bibliothèque Orientale de Barth. Dherbelot , au mot
Noiibah. ]
NUBUNANGA, Roi du Japon , qui ôta la Souveraineté au Dai-
ro,à qui cet Empire appartenoit,& lui laifli feulement la qualité de
Prince en 1570 11 eut pour fuccelîeur TaxibaQuaba, en 1586. après
lequel régna Tarkofamma qui prit le titre d'Empereur du Japon , en
1 600. ayant obligé le Daifo de renoncer a toutle droit qu'il pouvoir pré-
lendre a fEmpire. * Hornius , Orb. imfer. SUP.
NUC A (Jean) dernier Grand-Juge d'Arragon. Ce Grand-Juge,
(que l'on appelloit ordinairement la Juttice d'Arragon) étoit un Ma-
giftrat Souverain, que le Peuple élilbit pour foûtenir fes privilèges;
& le Roi d'tfpagne- étoit obligé de faire ferment à genoux , & la
tête nue en fa préfence , qu'il n'ordonneroit aucune chofe contre les
immunitez & les franchifes des Arragonnois. On pouvoir préfenter
à ce Grand-Juge des plaintes contre le Roi même, &: l'accufer des inr
juftices qu'il auroit commîtes. Le pouvoir de ce Magiftrat étant
odieux & infupportable aux Kois, ils tâchèrent de le détruire peu à
peu. L'an .'469. on créa dix-fept Cenfeurs ou Inquifiteurs, à qui
le Grand Juge d'Arragon devoir rendre compte de la conduite tous
lesans; & enfin l'an 1591. Philippe II. Roi d'Efpagne, alla affieger
Sarragoffe , qu'il prit,& fit couper la tête àNuca.abohflantainfîune
autorité qui tenoit en bride la puilTance fouveraine des Rois. * Hor-
nius , Orb. Imp. s UP.
NUCHESES. Cherchez Neuchaifes.
NUDI PEDALES, Sacrifices que les Juifs faifoient , ayant les
piez nuds, pour être délivrez de quelque grande afïlidlion. Après
avoir fait des prières pendant trente jours, qu'ils s'abftenoientaufii de
vin , ils fe rafoient les cheveux 8c alloient nuds piez au Temple , où
ils facrifioient des Vidimes, Les Juifs fe voyant opprimez par les
vexations de Florus Gouverneur de la Judée pour l'Empereur Néron,
firent la cérémonie des NudipeQales,avec une folemnité extraordinai,
re. Bérénice même fœur du Roi Agrippa , alla à Jerufalem ; &
après avoir donné des marques publiques de fa pieté, dans le Tem-
ple , elle fut fe préfenter devant le tribunal de Florus ayant auffi les
piez nuds ; mais elie ne piit rien obtenir en faveur des Juifs. *Jo-
feph, Eell. Jud. lib. 2. S. Jérôme, adverfus Jovinian. Les Grecs,
les Romains .'■: plufieurs autres peuples ont auffi obfervé ces mêmes
folemnitez. Tertullien en parle en fon Apologétique, cap. 40.SUP.
NUDS- PIEDS, Spiiituels ou Séparez, Anabaptiftes qui s'élevè-
rent en Moravie dans le XVI. Siècle. Us fe vantoient d'imiter la vie
des Apôtres, Scpourcelails vivoientàla campagne j marchant les piez
nuds; & ayant une extrême averfion des Arm.es, dés Lettres, & de l'efti-
me des peuples. *Prateole, V. Nttdip. zy Spint. Florimond de Rai-
mond, li. 1. c. 16. n. g.
NUIS ou Neus, Ville d'Allemagne dans l'Archevêché ds Colo-
gne , fur le Rhin , en l'endroit où il reçoit l'Erpt. Les Auteurs La-
tins la nomment No-uefuim. Elle eft ancienne , forte, & célèbre par
la réllftance qu'elle fit à Charles le Téméraire , Duc de Bourgogne <
qui l'afllegea durant un an. L'Empereur Frédéric III. lui donna de
grands Privilèges. Nuis a une Eglife Collégiale. Elle a été fou-
vent prife & reprife, durant Jes guerres d'Allemagne du XVII. Siècle.
NUIS ou Nuits, petite ville de France en Bourgogne: fur
l'Armanfon , entre Mombard & Tonnerre. Elle a le Bailhage & Siè-
ge fubalterne de Dijon. Quelques Auteurs ont eftimé que Nuits eft
l'ouvrage des anciens Nuirons, venus d'Allemagne avec les Bourgui-
gnons,
NUIS ou Terre de Pierre Nuits, que les Hollandois nomment
't latid -uan Pieter Nuitz , partie de la nouvelle Hollande . que Pierre
Nuits Hollandois découvrit en lôzj.
NUIT : Efpace de tems depuis le coucher du Soleil ,jufques au le-
ver fuivant. C'eft une chofe aflez remarquable que les anciens Gau-
lois, & les Germains qui habitoient au delà du khin , exprimoientle
tems par le mot de nuit, au lieu de compter par jour, comme font
toutes les autres Nations de la Terre. Peut-être que commençant leur
jour civil au coucher du Soleil, ils luidonnoientlenom de fi première
partie, qui étoit la nuit; comme nous l'apprenons de ces paroles dei
Moifc,£x -velpere vmamfailus efi dies uruts, *D.Petau,^e DoHrina
^""^•^-^"= E " NUIU
'4%
NUL NUM.
NUIT -Divinité adorée par les anciens Payens.Quelques Auteurs la
faifoient fille du Chaos & des Ténèbres , & quelques autres fille^du
Ciel & de la Terre. Elle époufa , difent les Poètes , Erebe , Dieu des bn-
fers , & en eut plufieurs en fans, comme le Deftin , la Vieilleffe ,1e Som-
meil' la Mort. * Hefiode , Macrobe , Satur. /. i . c. lo. S U P.
nÛMA POMPILIUS, fécond Roi des Romains, étoit de Cu-
res, Ville du Païsdes Sabyis,&filsde PomponiusPompilius. Les Ro-
mains étoient fi perfuadei de fa vertu , qu'ils furent le prendre dans fa
Ville pour le faire leur Roi, après la mortdeRomulus , l'an 40. de Ro-
me Il établit plufieurs cérémonies facrées,afin d'adoucir par la Reli-
gion, le naturel farouche d'un peuple barbare. Il bâtit un Temple a
Vefta , Se choifit des filles qui lui étoient confacrées, & qui avoient foin
de garder le feufacré. Il établit huit Collèges de Prêtres, & entre ceux-
là on voyoit les Prêtres de Mars , les Augures , les Saliens , les Curions,
les Flamines , les Fcciaux , &c. Num'a ordonna auffi qu'on honorât Ja-
nus à double front, qu'il prit pour Symbole de la paix &de la guérie.
Il divifa l'année en douze mois; & publia des Loix très-importantes, fai-
fant accroire qu'il n'entieprenoit rien que parl'avis delà Nymphe Ege-
rie qui étoit fon époufe, comme quelques Auteurs le prétendent. Numa
avoit époufé Tatia , fille de Tatius , Collègue de Romulus , doniil eut
quatre fils, chefs de quatre familles, & une fille mariée aTuIlus Hofti-
Mus qui lui fucceda. Quelques Anciens ont dit qu'il étoit Pythagori-
cien , mais il eft vifible qu'ils fe trompoient , puifque Pythagore n'a vé-
cu que fous Tarquin ï Ancien. Son règne fut de 41 ans ; & il mourut en
la Si. de Rome. * Tite-Live ,li. i . Florus , /i. i . c. 1 Aurehus Viflor ,
de vir. illufl. t. 3. Denys d'HalicarnaiTe . / 1. n\jl. Plutarque , en[a vis.
NUMAI (Chrifl:ophle) Cardinal , Evêque de Seignia & d' Alatro ,
étoit natif de Forh. Il fe rendit habile dans les Sciences, parmi les Re-
ligieux de l'Ordre de Saint François , dont il fut Général; & le Pape
Léon X. le fit Cardinal, le premier de Juillet de l'an mil cinq cens dix-
fept. Quelques Auteurs difent qu'il avoit étéConfeiTeur deLouife de
Savoye,mere du Roi François I. Il eft fur qu'il fit un voyage en Fran-
ce depuis fapromotion.il étoit à Rome lorfque cette Ville fut pnfe
par les Impériaux. Le Cardinal de Numai y fut très- mal traite par les
foldats Proteftans , qui n'ayant rien trouvé chez lui, s'en prirent à fa
perfonne. Il en mourut neuf ou dix mois après à Ancone,lcî3. Mars
1528. *U?hel,/M/. Sacr. Onuphre , Aubéri, &c.
NUMANCE, ancienne Ville d'Efpagne, qui a été célèbre par fes
guerres ,& par le Siège qu'elle foûtint contre les Romains, durant qua-
torze ans. Florus avoue de bonne foi, que les Romains entreprirent
cette guerre injuftement. Les Numamins reçurent chez eux ceux de
Segeda leurs parens & leurs alliez, qui s'étoient fauvez des prifons des
Romains. Ils intercédèrent pour eux;maisles derniers coururent aux
armes. Ainfi ceux de Numance y vinrent auffi , & réduifirent par
leur courage à un Traité infâme iïmiUus Lepidus , & C. Hoftilius
Mancinus, Confuls en 617. de Rome. On dit qu'un habitant de
Numance preflTé par deux jeunes hommes également confidérables , de
leur donner fa fille en mariage , qu'ils aimoient pafl:ionnément ; ce pè-
re embarrafle dans ce choix , leur dit qu'il donneroit fafiUe àceluides
deux galans qui lui apporteroit le premier la main d'un Romain.
Ces deux braves s'approchèrent du Camp des ennemis, qu'ils trouvè-
rent dans un très-grand défordre. Ils retournèrent enfemble à la Ville,
& firent prendre les armes à tous ceux qui les purent porter. Enfui-
te ils revinrent donner dans les retrancheraens des ennemis, qu'ils em-
portèrent ; & furprircnt fi bien Mancinus , qu'il fut obligé pour fe ti-
rer d'affaires , de conclurre une paix très-honteufe pour Rome. Ce
Traité deshonora les Confuls. La faveur exempta le premier de la
punition de fa mauvaife conduite ; & l'autre fut livré aux ennemis , tout
nud & les mains fiées derrière le dos, par les hérauts d'armes. Mais
ceux de Numance refuferent de le recevoir. Cependant cette Ville qui
avoit foùtenu durant tant d'années l'effort de quarante mille hommes ,
paflbit pour imprenable. Scipion l'Afriquain fit voir qu'elle ne l'é-
toit pas. Il enferma cette Ville par de grands travaux , mit en fuite les
habitans.lesréduifit à fe faire mourir de défefpoir ;& enfin prit ôcrafa
Numance quinze mois après fon arrivée. Il eft vrai que n'ayant rien
trouvé dedans, letriomphe ne fut que de nom. Les Numamins défef-
perez brûlèrent leurs femmes & leurs enfans, avec ce qu'ils avoientde
plus cher ; & fe précipitèrent tous nuds dans les armes des Romains.
Pline dit que le butin de cette Ville puiffante ne confifta qu'en feptmil-
, le hvres. Cela arriva l'an (Sio. de Rome. Les reftes de cette Ville font
dans la Caftille Vieille ,à unelieuë de Soria, en un lieu que les Efpagnols
appellent Puente Garai. *Tite-Live, Itb. 56. 57. Florus,//^. 1. w/>. 18.
.Velleius Paterculus, li.r. Appien, Strabon , Pline, &c.
NUMANTANUS Cherchez Crefcentius.
NUM ANTt ANUS. Cherchez Rulilius.
NUMENIUS, Auteur Grec, natif d'Apamée Ville de Syrie, étoit
•an Philofophc, qui fit un Traitédes principes de Pythagore & de Pla-
ton. Il difoit que ce dernier avoit tiré de Moïfe fon difcours, dans
lequel il parle de Dieu & de la création du Monde : ^id tmm eft
Plato qttkm Mojes Atticijjans? On croit qu'il a vécu dans le II. Siè-
cle. Il fit d'autres Ouvrages que celui dont j'ai parlé. * Eufebe, Pnp.
■ Evang. li. 11. 13. ct* 14. Diogene Laërce , li. 9. Athénée , U-v. 7. g" 9.
Suidas, &c. [Le Sr. Moreri s'eft lourdement trompé en confondant
leNumenius, dont parle Diogene Laërce Lib IX. dans la viedePyr-
rhon, avec le Pythagoricien Nuraenius , puifque le premier étoit Pyr-
rhonien , & femble avoir vécu du temps de Pyrrhon. Voïcz Dio^en.
Lib. IX. §.68.& loz. de l'Edition d'Amfterdam.]
NUMENIUS , nom d'un Rhétoricien , dont Suidas fait mention.
NUMENIUS , difciple de s-yrrhon , dont parle Diogene Laërce,
& un d'Heradéecité par Athénée. Diog. Laërce Liv. IX.
NUMERIE étoit dans le PaganifmelaDéeflequipréfidoit àl'A-
rithmetique , on l'invoquoit pour ne fe pas tromper dans les comptes.
Son nom, comme l'on voit, étoitprisde ««wfraj, nombre* S. Au-
guftin , de Civit Dei. S U P.
NUMERIEN, Empereur, étoit fils de Carus & frère de Carin.
Il fuivit fon père en Orient , étant déjà Ccfar; & après la mort de ce
Prince, il fut déclaré Empereur. Comme ilaimoit beaucoup fon père.
NUM.NUN.NUP.NUR.
le regret qu'il eut de cette mort le rendit malade ; de forte qu'il fe faifoiî
porter en litière. Arrius Aper , dont il avoit époufé la fille, fefervantde
cette occafion le tua , croyant qu'il pourroit prendre fa place. Ce fut
l'an 184. Mais les foldats demandant à voir l'Empereur, Scia puanteur-
leur faifant foupçonner ce qui étoit arrivé , ils découvrirent l'aflaffinat,
& firent mourir falTaflin. On dit que Numerien étoit éloquent, qu'il
déclamoit de bonne grace.,& qu'il vainquit en vers tous les Poètes de fon
tems, même Olympius.Nemefianus, & Aurehus Apollinaris. Celui-
ci avoit écrit la vie de Carus en vers ïambes, & l'autre avoit compofé
un Poème de la pêche, & des chofes maritimeSi •Vopifcus, i» Na-
mer. Aurelius Viélor , Éutrope , &c.
NUMIDIE , Région d'Afrique qui comprend à j>éu près le Bile-
dulgerid d'aujourd'hui, ainfi nommé a caufe du grand nombre de dattes ,
qui font dans le Pais,& qui en fontlaricheffe.Cepaïsa la Mer Atlan-
tique au Couchant ; le Délèrt ou Zaara au Midi ; l' Kgy pte au Levant ; 8c
la Barbarie au Septentrion. Les peuplesfontgroffiers.&ordinairement
ont la vue courte.à caufe du fable que le vent leur jette dans les yeux. Les
dattes leur font tomber les dents de bonne heure. Les principales con-
trées font Biledulgerid , qui donne fon nom au refte du Pais , Sous avec
la Ville de Taradunte.'Teflet, Darha, Zegelmeife,Tegorarin,Zebj
Feflen, le Défert de Barca,&c. CePâïs eft habité par les Originaires *
& par les Arabes. On y compte plufieurs Princes Mahometans.qui
font fouvent en guerre , ce qui caufe les divers changemens des noms
des Villes. Il y a auflî la Numidie propre ou particulière j qui a les
Royaumes de Bugie&ide Conftantine , compris dans celui d'Alger. Lé
Golfe de Numidie a le nom de Golfe de Store. Les Villes qui ont
■ été le plus confidérables font Tebefla , ou Thevefte , Tabarca , Hippon-
ne ouBonne , Migane ou Lares , Lambefa ou Lambcfca, Conftantine ou
Cirte, Amedar, Antrangues ou Sicca Kewrw , Bii'erte ou Utique, &c.
Les Numides ont eu des Rois puiif.ms. Mafllnifla fervit fi bien les Ro-
mains durant la dernière guerre Punique, qu'il profita de leurs conquê-
tes, il eut trois fils, Micipfa qui lui fuccéda, Manaftabal & Gululîa;
Le premier laiffa Adherbal £c Hiempfal ; 8c Manaftabal fut père de Ju-
gurtha , que les Romains foûmirent. Les Provinces de Numidie
avoient autrefois un dénombrement differentpour les chofes Ecclefiaf-
tiques. *Ptolomée, Strabon , Pline , Salufte, &c.& Jean de Léon 8c
Marmol , Tiefcr. Africx, Cluvier, Sanfon , du Val, &c. Geogr. Cher-
chez Biledulgerid. [Sallufte croit que le nom des Numides cil venu de
celui des Nomades , mais les Numides n'étant pas venus de Grèce, il n'y
a pas d'apparence que leur nom vienne d'un mot Grec. Il Viendroit
plutôt du mot Moud, qui fignifie en Arabe c^dwger de demeure, remuer;
en forte que la première lettre N. foit fervile , comme parlent les
Grammairiens. Le nom des Maures vient auflà d'un mot , qui fignifie
partir , changer.'^
NUMITOR, étoit -fils de Procas, Roi d'Albe qui rilotirilt l'an
trois mil deux cens cinquante-neuf du Monde , & frère d'Amulius.
Procas les fit héritiers de fa Couronne, à condition qu'ils regneroient
tout à tour l'un après l'autre, d'année en année. Mais quand Amulius
fut fur le thrône, ilne voulut jamais permettre à fon frère d'y monter.
On dit même que pour lui ôtertoute efperancede pofterité , il fit alTaf-
finer fon fils Laufus à la chaffe, & agit fibienqueRheaSilvia,quiref-
toit fille unique de Numitor, fut mife entre les Veftalés. Mais cette fil-
le ayant eu quelque amourette, devint grofle,& on publia que c'étoit
l'ouvrage du Dieu Mars. Remus & Romulus naquirent peu après;
& étant devenus grands, comme je le dis ailleurs, ils tuèrent leur
grand-oncle, & remirent leur ayeul fur le thrône, Ce fut l'an 3300. du
Monde. *Tite-Live , /;. i. Aurelius Vidor, des Hommes illttfi.c. i. De-
nys d'Halicarnaffe , ôîc.
NUNNEZ FERDINAND DE GUZMAN. Cherchez
Guzman.
NUNNEZou Nonnius (Pierre) Mathématicien , étoit
d'Alcazar de Sal en Portugal, & il vivoit dans le XVI. Siècle, en
1570. Ses Ouvrages lui acquirent beaucoup de réputation. Les prin-
cipaux font , De arte navigandi Lib. II. Be crepufculis , Lib. r.
Annotationes ia Arift problema mechanicum di motit navigii ex
remis. Annotât, in Planetarum Theorias Georgii Ptfrbachii , zs'C.
* Refendius , in antiq. Lufitanar. Comm. Nicolas Antonio., Sthl.
Hifp. &c.
NUNNEZDE AVENDANNO (Pierre) Jurifconfulte Ef-
pagnol, étoit un Avocat célèbre qui vivoit en 1530. & 40. Covarru-
vias, Antonio Padilla & d'autres, parlent avantageufementdelui.il fit
divers Ouvrages, DiHionarium Hifpanum vocum antiquarum, quibus
Partitariim Leges ct- estera régis Conftitutiones utuntur : De exeqiiendis
mandatis Regum Hifjxinid , qu& ReHoribus Civitatum dc.ntur , zirc. * Ni-
colas Antonio , Bibl. Hifp.
N U N I U S. Cherchez Delcadillo.
N U - P I E D S. Cherchez Nuds-pieds.
NUREMBERG ou Norimeerg, grande Ville Impériale
en Franconie , Province d'Allemagne. Les Latins la nomment Nori-
corum mons, Noriberga, & Narimberga. Elle eft confidérable par
fon commerce, par fes belles rues, 'par fes magnifiques Eglifes, par
fon Château, par fon Arcenal, parfes deux Foires, Scpar fes manu-
faélures. On en eftime fur tout les quinquailles & les horloges. Cette
Ville fituée fur le Peignitz, qui l'ayant traverfée va tomber dans le Re-
duitz,fut fondèepar les Noriciena, fur une colline de la Forêt Her-
cinienne; &elle leur fervit d'azile contre la fureur d'Attila en quatre
cens cinquante. File s'accrut dans la fuite. L'Empereur Henii V. la
ruina. Conrad lil. Henri VI. & Charles IV. la rétablirent & l'aug-
mentèrent. Les habitans l'agrandirent confidérablement en mil cinq
cens trente-huit, & la fortifièrent beaucoup l'an 163Z. Elle a été aux
Ducs de Soiiabe. Frédéric Barberoujfe la rendit libre. Henri le
Severej établit l'an 11 94. un Burgraviat, qu'on rendit depuis con-
fidérable par fes dépendances. Frédéric I. Fleéleur de Brandebourg,
vendit en 14x7. ce Burgraviat aux habitans de Nuremberg ; ce
qui fut un grand fujet de guerre, qui dura jufqu'en 1551. qu'on
la termina pat un prèfent de deux cens mille écus , & de dix ca-
nons doubles , qu'on fit à Albert de Brandebourg , l'Aicibiade
Cir-
Nus. NYC. NYE. NYM;
Germaniciue. Nuremberg a auflî une Académie. Elle cft des plus grantîes
& des plus riches d'Allemagne. Les maifons font toutes bâties de pierre
détaille, élevées de quatre ou cinq étages , les rues larges , Scies places
ïégulieres. ïl y a onze Ponts de pierre , dont l'un conftruit d'une leule ar-
che, pàflTe'pourune merveille; douze fontaines; fîx vingts puits ; fix
portes , défendues chacune d'une grofle tour; un Château au lieu le plus
éminent , un Arcenal de cinq falcs deplain pied , de quatre vingts pas de
largeur, avec trois cens pièces de canon, & des armes pour dix raille
hommes; & un Hôtel de Ville très-magnifique. Le Gouvernement de
Nuremberg eft Ariftocratique, les Sénateurs font en réputation d'une
grande prudence. L'Empereur y doit tenir la première Diète après fon
Couronnement , & on y garde pour cette cérémonie, les ornemens , qui
font la Dalmatique-de Charlemagne, fon Baudrier , les gans , fa Couron-
ne, &c. Les habitans de Nuremberg reçurent des premiers la Religion
Proteftante, &fignerentlaConfeffiond'Ausbourg, eni;3o. Les Ca-
tholiques n'y ont qu'une Fglife. Elle fe fournit en 1631. à Guftave Adol-
phe Roi de Suéde, qui la délivra des Sièges qu'y mirent Tilli, leii.
Mars, &Walftein en Août de l'an 1631. Leshabitans voulant témoi-
gner leur reconnoilTance à ce Prince , lui firent prefcnt de quatre doubles
Canons d'une fonte particulière; & de deux Globes admirables, mon-
tez en forme de vafes. Ils étoient de vermeil doré, l'un Terreftre &
l'autre Celefte, & émaillez & enrichis avec un grand artifice. Après la
paixdeMunfler, Nuremberg fut le lieu de l'Affemblée qui ordonna en
i6;o. l'exécution du Traité. Elle recouvra en même tems le droit qu'el-
le avoir perdu , d'exiger des colleâes de fes fujets dans l'Evêché d'Aich-
flet. Le territoire de cette Ville eft aflTez confiderable. On y fit une Af-
femblée en 1438. pour y propofer quelque accommodement entre les
Pères du Concile deBàle.&lePape Eugène I V. qui en tcnoit un à Fer-
rare, qu'il transfera depuis à Florence. L'Empereur Frédéric III. tint
ïinel^condeAflemblée à Nuremberg en 1433. pour le même fujet; mais
ellefutfans eïFet comme lapremiere, &une autre qu'il y fit en 1487.
* Bertius , Defcr. Germ. Conradus Celtes , de Jitu Norim. Cluvier ,
Germ. Sponde, A.C. 1438. ».z6. 0-1443. w. 5. 1487.». lcp-c. Cher-
chez Biete.
NUSCO, Ville du Royaume de Naples en la Principauté Ulterieu-
îe avec titre d'Evêché fuffragant de Salerne. Les Auteurs la nomment
- N Y.
NYCTELÎES, Fêtes en l'honneur de Bacchus, ainfî appellées
parce qu'on les célebroit de nuit : car ïf| en Grec , fignifie nuit ;
8c TthSt,fMnfier , célei/rerleswyjleres. Ceux qui faifoient cette
Fête couroient de nuit , avec des flambeaux & des brocs de vin, com-
mettant une infinité d'infolencesôcd'impuretez. Les peuples s'affem-
bloient tousles trois ans pour cette infâme cérémonie , vers le commen-
cement du Irintemps. Les Romains qui avoient emprunté ces Fêtes des
Grecs , en eurent horreur enfuite , & défendirent de les célébrer , à caufe
des defordres épouvantables que la licence du peuple y avoir introduits.
* S. Auguftin, deCiv. Dei, li. 18. c. 13. Dempfter, Paralipom.inKofin.
'^nti<!f. li. c. II. SUP.
[ N YENBURG , Ville du Duché de Limebourg , furie Wefer , à dix
ou douze lieues au-deffus de Brème.]
NYMPH/EUS, ou Nymphée, jeune Seigneur de l'Iflede Melos
dans la Mer Egée , conduifit une Colonie de Meliens dans la Carie, Pro-
vince de l'Afie Mineure, &fe joignit aux habitans de la ville de Creffa.
Ceux-ci voyant que le nombre de ces étrangers s'augmentoit beaucoup ,
8c craignant qu'ils ne fe ren diiTent feuls les maîtres de la Ville , réfolurent
d'aflaflrner les principaux dans unFeftin.Nymphseus averti de cette conf-
piration par Cephœna, Demoifelle Carienne , qui étoit fa Maîtreffe , re-
fufa des'yrendre, fi les femmes nétoient de la partie. LesCariens en
furent d'accord : alors Nymphaeus ordonna à fes compttriotes de fe
Tendre au Feftin fans armes , & à leurs femmes de cacher un poignard
dans leur fein , & de fe mettre à table chacune à côté de fon mari. Vers
le milieu du repas les Meliens ayant apperçû quelque fecrcte émotion
dans l'efprit des Cariens , 8c prévoyant bien qu'on alloit donner le fignal
contre eux , tirèrent les poignards du fein de leurs femmes, 8c fe jette-
rent fur ces traîtres , fans leur donner le loifir de fe défendre. Les ayant
tous tuez, ilsdemeurerentfeulsenpoffefljondela Ville dcCrefla, 8c la
rebâtirent de nouveau. *Plutarque, de virtut. MuUer. SUP. [i. La
ville fcnommoitCry<a//4, ècnonCreJJa. 2. La Demoifelle fenommoit
Caphena. 3 . Les Meliens tirèrent leurs poignards, lorfque les Cariens eu-
rent donné le fignal. Ce font trois articles dans lefquels l'Auteur s'eft
éloigné de Plutarque. ]
NYMPHE'E, en Latin, Njmpheum: Edifice public oij il y avoit de
belles fontaines , des grottes , 8c plufieurs ftatuës de Nymphes , qui ren-
doient le lieu fort agréable. Les Hiftoires nous apprennent que l'on avoit
bâti de magnifiques Nymphées à Conftantinople , 8c à Rome : mais il
n'en refte aucune chofe. On voit encore un Edifice de cette manière,
entre Naples 8c le Mont Vefuve , ovi Mtnté di Somma , en Italie: Il eft
bâti de marbre , 8c eft de figure quarrée : On y entre par une feule porte ,
d'où l'on defcend quelques degrez dans une g'ande grotte, dont le pavé
eft de marbre de di verfes couleurs , 8c les murailles revêtues d'un coquil-
lage admirable qui repréfente les douze mois de l'année , 8c les quatre'
Vertus Politiques. L'eau d'une belle fontaine qui eft à l'entrée, remplit
un canal qui règne tout autour : ?< l'on y voit des ftatuës 8c des tableaux
de plufieurs Nymphes , avec quantité de figures fort divertiflantes.
* Rofin. Ant'tcj. Rom. li. i. cap. 14. SUP.
NYMPHES, Déeffes de l'Antiquité Payenne , que les Poètes fai-
foient filles de l'Océan ix. de Thetis. Elles préfidoient aux eaux , Sx.
étoient diftinguées en Néréides &(. Naïades: les Néréides exerçoientleur
pouvoir fur la Mer , 8c les Naïades , fur les Fleuves ou les Fontaines. On
donnoit auflS le nom de Nymphes aux Déefles de la campagne, favoir
aux Dryades 8c Hamadryades . des Forêts : aux Napées , des Bocages 8c
des Prez: aux Oreades, des Montagnes. * Dcnys d'Halicarnafle , /;V. i.
SUP. [L'opinion des Grecs, touchant les Nymphes, eft venue de
Phénicie , auiS bien que leur nom. On appelloit Nymphes , félon le
Tomt IV.
. ^YM. NYS. O. ÔaM. .. 4|^
témoignage de Porphyre {de Ant. Nymf.) toutes les âmes des'homméSî,
&l en effet Mymphe eft la même chofe que Nephes en Hébreu , qui fignifié
Ame. On croyoit que les âmes des morts erroient autour des heux, qui
leur avoient été les plus agréables pendant leur vie. Ceft delàqu'étoit
venue la coutume des Orientaux de facrifier fous les arbres verts , dans la
penfée que quelque Ame y faifoit fon féjour. Voyez Efa. LVII. 5. Les
Grecs difoient que les Nymphes fe réjouïflbient quand la pluye faifoit
croître les Chênes,8c qu'elles pleuroient lors qu'il n'y avoit plus de feuil-
les. Callimach. in Dd. Les ames des anciens habitans de la Grèce , qui
avoient demeuré dans des bois étoient devenues des Nymphes Dryades ;
celles de ceux qui avoient habité les montagnes, des Oreades; celles de
ceux qui étoient au bord de la mer , des Néréides (ce mot vient de Nerée j,
qui tire fa fource de l'Hébreu Nahar, fleuve) celles de ceux, qui fail'oienç
leur féjour auprès des rivières, 8c des fontaines , des Naïades.']
NYMPHODORË. Cherchez Nimphodore,
N Y M P H I S. Cherchez Nimphis.
NYSSE. ChcrchezNilTe.
O.
OÇ E T T È lettre a été quelquefois mife pour e , comme vorfiti
pour -ver/us , -vo/ler pour vefler ; &: pour u , comme fervoi
pour fervus, -volgos pour vulgus. On s'en eftauffi quelquefoi's
fervi pour au ; comme plodo , cloflra , coda, Y>our plaudo , clau/irat
cauda. Elle fert encore pour admirer, pour appeller , pourdefirer; 8e
c'eftunevoixde raillerie, Se d'indignation. O a été auffi pris pour le
Symbole de l'éternité. Aufone parleen ces termes de l'a des Latins ô6
de celui des Grecs , de litt. monofyl.
Hoc tereti argutoque fono legit Attica gens O ,
ii quod c? ï Gntcum compenfat Komula vox O.
Grégoire de Tours nous apprend que le Roi Chilperic voulut ajoûteï
une nouvelle lettre O dans l'Alphabet des François; avec trois autres
lettres. C'étoient * , X , e, i2 , qui fe prononçoient, ph, ch, thi
8c le grand O dont je parle. Il fit pour ce fujet des Ordonnances très-
feveres; mais comme ces lettres étoient inutiles, cela n'eut point de
fuite. * Grégoire de Tours, ii. 5. Hiji. c. 44.
O ( François d' ) Sieur d'O , de Frefnes 8c de Maillebois , Maître de
k Garderobe du Roi Henri III. premier Gentil-homme de fa Cham-
bre , Chevalier de fes Ordres , Sur- Intendant des Finances , Gouverneur
de Paris 8c de rifle de France, s'aquit les bonnes gracesdumêmetlenri
III. Si il s'éleva à tous ces emplois importans. Les Auteurs ne par-
lent point avantageufement de fa conduite. Ils difentque d'O étoit un
homme entièrement perdu par le luxe, 5c qu'il obligeoit à toute heure
le Roi , de faire de nouveaux Edits qu'on appelloit Burfaux , 8c d'aller
au Parlement le forcer parfaprefence à les vérifier. Après là rnort de
ce Monarque fen 1589. d'O s'attacha au Roi Henri le Grand. Il fe
trouva à l'Affemblée que fit la Nobleffe Catholique , dans laquelle oii
avoit refolu de déclarer au Roi , que la quahté de très-Chrétion étant ef-
fentielle à un Monarque François , il ne pouvoir recueuillir la Couronne
qu'avec cette condition. Le Duc de Longucville fe chargea déporter
cette parole; mais n'ayant ofé s' aquiter de ce qu'il avoit promis, d'O
le fit hardiment. On dit qu'après la journée d'Ivry, Biron8t lui empê-
chèrent le Roi d'aller àParis, pour des intérêts particuliers. Après la
reduélion de cette Ville, le Roi en donna le Gouvernement à d'O qui
mourut au mois d'Oélobrede l'an 1594. Un Hiitorien moderne parle
de cette mort en ces propres termes : Au mois d'OSlobre enfuivant ,
Franfûii d'O , Sur-Intendant des Finances , acheva de vivre dans fen Hô-
tel à Paris , ayant l'ame £7" le corps également gâtez, de toutes fortes de
vilainies. Le Roi fe confia aifément de fa perte , farce qu'il faifoit des
effroiables dijppations , C que néanmoins il le voulait tenir comme en tu-
telle. Il n'eut point d'enfans de Charlotte-Catherine de Villequier fâ
femme , fille de René de Villequier dit te Jeune 8c le Gros , &C de Fran-
çoifedelaMark. Ellepritunez. alliance avec Jaques d'Aumont, Sieur
deChappes, Prévôt de Paris, François d'O laiffa une fille naturelle. II
étoit fils aîné de Jean d'O , Sieur de Maillebois, 8cc. Capitaine de la
Garde Ecoffoife du Roi; écd'Helened'Illicrs Dame de Manou. Les
autres enfans de ceux-ci furent Jean d'O, Sieur de Manou, 8cc. Che-
vaher des Ordres du Roien 15 85. 8c Capitaine de cent Archers du corps,
qui époufa Charlotte de Clermont-Tallart, d'oià vint une fille , Louïfe
d'O , femme de Gabriel du Quefnel , Sieur de Coupigni , dit le Marquis
d'Alegre: René, Sieur dé Frefnes, mort fans lignée: Louis, Sieur de
Perrière, mort à Anvers, Charles Abbé de S. Etienne de Caën , 8c de
S. Julien de Tours; 8c Françoife d'O , femme de Louis d'Angennes,
Sieur de Maintenon, Chevalier du S. Efprit. *DeThou,if/;2.Davilai
Pierre Matthieu, Dupleix, Mezerai, d'Aubigné, 8cc.
O A.
OA N E , fleuve de Sicile que Fazel 8c les^utrès appellent Frafco-
lari. Etienne de Byzance parle encore d'une autre Ville de Ly-
die de ce nom ; mais aujourd'hui nous n'en avons point de con-
noiffance.
O ANNÈS , monftre demi-homme 8c demi-poiffon , qui a paru au-
trefois en Egypte. Il fortoit , dit-on , de la Mer Rouge, le matin, 8c
venoit aux environs de la Ville deBabylone.d'ovi il retournoit le foir dans
la Mer. Pendant le jour, il enfeignoit à ceux qui l'écoutoient toutes
fortes de Sciences 8c d'Arts; l'Agriculture, 8c l'Architeélure, les Mathé-
matiques, la Morale, la Phyfique, 8c la Médecine. On a vil quatre
differens Oannes dans l'efpace de quatre Siècles, qui furent nommez
Annedotes ; 8c l'on gardoit à Babylone une ftatuë qui en repréfentoit un ,
vers l'an du Monde 37 30. Hornius croit que c'étoit un Démon qui fai-
foit paroître une fcience 8c ime prudence extraordinaire dans lesenfei-
gnemens qu'il donnoit, afin de s'attirer l'adoration des peuples: 8c que
Iles Egyptiens l'adorèrent enfuite fous le nom de Dagon, 8c d'Adargad.
) Helladius Bdantinoiisle nomme Oën , maislefcntiment de Scaliger eft
F 2, .«ju'*
44 OAS.OAT.OAXOBD.OBE.
qu'il faut lire Oannes,& que cette abbrevlation vient des Copiées. * Be -
rofas Apollodorns -, Helladius Befant. w Chreflon,athm , beldenus , de
Dih Svis , Hornius , Hi/i. Philofiph. lib.z. SVP.
OASIS nom de deux Villes d'Afrique dans la Libye. La première
du côté duMidi , d\ nommée Alguechet: La féconde qui eft plus Septen -
trionale eft nommée f^ecc/'^f ou £/octo.C'eft ce qu'on en dit par con-
ieaure On croit qu'elles font toutes deux dans les déferts de Barca.
C'eft dans la folituded'OafiS, que Julien l'Apottat relégua deux Prêtres
d'Antioche , Eugène & Macaire , après la tranllation des Reliques de
S Babylas.Pour éviter la fureur des émiffaires du même Prmce.b.Hi-
îarion fe retira peu de tems après dans la même lolitude d'Oalis , ou 1 he-
refiarque Neftorius fut exilé j & y mourut comme je le dis ailleurs.
* Zo2,ime, li. 5. Sozomene H. s- S. Jérôme m vita Hilar. Olympio-
'dore, in excerpt. Nicolas Sanfon , Ceogr. o-c iOafis Cgnifie en gêne-
rai un amas de maifonsj ou de tentes dans un defert ou dans un heu lec.
Les deux lieux d'iigypte, dont il eftqueilion dans l'Article précèdent,
femblent avoir été nommez ainfi par excellence, car autrement 1 Atn-
que en étoit pleine. * Voyez S<jot. Bor.hart.Can. Lé. IV. c. 19.
OATASSENS.nom d'une famille qui polTeda le Royaume de fez
en Afriquc,après celle desMerins. LesOmmiades établirent cette Mo-
narchie vers l'an 800. de JesuvChrist, & y régnèrent jufques a
l'an 050. que les Zenetes , peuples d'Afrique exterminèrent entière-
ment cette race. Versl'an lOSZ.lesAlraoravides .autres peuplesd Afri-
que châtrèrent les Zenetes, & furent détrônez enfuite par les Almo-
hades , dont le Chef etoit Abdalla Elm ohadi , qui de Maître d'Ecole fe ht
Roi l'an II 39. Les Almohades furent chalTez, en rzio par les Merins,
oui demeurèrent en polîeffion du Royaume de Fez jufques en 1410.
après lefquels Hafcenes ( hmi ufurpa la Couronne pendant un an, ôc fut
chaflé par Saïd Abra.de la famille d'Oatras,do'nt lesdelcendansont^re-
«'néjufquesen 1548. Durant leur règne HaraedChenf fe rendit maître
duRoyaumedeMarocenisiz &:!'on frère MuhammedCherif s'em-
para duRoyaume de Susenisz]. Enfin Hame RoideFez,& le der-
nier des Oatafifens , étant mort , Muhammed '. herif polfeda auffi le
Royaume de Fez, l'an 1548. Voyez Cherif. * Hornius , Orè. Imper
SU P. , ^ ., ,,.„ ,
OAXE fleuve de Crète, extrêmement froid, avec une Ville de ce
nom Hérodote en fait mention dans le 3. Livre. Vibius SequefterSi
Varronnomment la Ville Oa.vi^ & O^î.r/^. Le dernier en parle amfi :
Et gem'mh capiens telUirem Oaxida falmi's. -,
Virgile parle auffi du fleuve de ce nom , Egl. i.
Pars Scyih/am , aut Cretx rapiditm ■venkmtts Oaxénti
OB.
OBDORE, grand Pa'is de laMofcovie Septentrionale , près <îela
MerGlaciale,entreleFleuveObi&lal'tovincedePet7.')rcké,ou
r etzora. Il n'y a point de Ville , mais feulement quelques Forts,
que les Mofcovites y ont bâti depuis peu le long de la Mer. Les Hollan-
dois ont donné le nom de nouvelle Frife Occidentale, Nieuwe Wcft-
TrKpind,z la cote la plus Septentrionale.
OBED, un des ayeuls de Je su s-CHRisT,felon lachair.Il étoit
filsdeBooz&:deRuth;&ilfutperedeJeflré oulfaï.qui lefut de David.
Obed naquit environ l'an 1759. du Monde, fon père étant âge d'environ
quatre-vingt quinze ans. * Ruch, 4. faint Matthieu, i . Torniel , & Salian,
in Ami.û. Veter. Teftamen.
OBEDtiDOM Ifraëlite de la Tribu deLevi,eutl'avaiitaged'avoir
chez lui l'Arche durant trois m ois, & pour cela Dieu combla fa maifon
de toute forte de profpetité. Après la mort d'Isbofeth toutes les Tribus
s'étantvenufoûmettreàDavid.ce Prince voulut faire tranfporter l'Ar-
che de chez Abinadab chez lui. Comme on la portoit l'an 2990. du
Monde, Oza craignant qu'elle ne tombât, la toucha pour la foûtenir ;
mais Dieu punit fa témérité par une mort foudaine. Cela fut la caufe
qu'on la remit chez Obededom. *n. des Rois, 6. L des Paralipome-
nes, 13.
(t5» J'ai ditqu'ObededométoitIfraëlite delà TribudeLevi. Cepen-
dant l'Ecriture dit qu'il étoit de Geth. Divertit eam in domum Obededom
Gethni. JEt habitavit Arc» Domini in domo Obededom Gethù tribus mem-
Jibiis. Pour juftifier ce que j'ai avancé, il faut fe fouvenirqu'Obededom
eft appelle Gethéen, non pas qu'il fut natif de Geth, qui étoit une Ville
des Philiflins; mais parce qu'il y avoir demeuré avec David. Et en effet,
dans le 15, & 16. Chapitre du premier Livre des Paralipomencs.lemême
Obededom eft nommé entre les Chantres Scies Portiers, qui étoient de
]a Tribu de Levi. On peut auffi voir dans le 13. Chapitre du fécond Li-
\re des Rois,que les fix cens foldats Hébreux qui fuivirent David à Geth,
& qui en revinrent avec lui, y font nommez Gethéens, quoi qu'à la vé-
rité ils ne fuifent pas originaires de cette Ville. ConfiilterTorniel & Sa-
lian , in Annal vet. Tejt.
OBFL (Matthias) Médecin , natif de Lille, étudia fous Rondelet
à Montpelher,5c enfuite exerça la Médecine dans le Pais-Bas. Mais com-
^ meilavoit une grandeinclinationpourlaBotanique,il s'adonna entiè-
rement à l'étude & à la connoiffance des Simples. C'eft en cette qualité
qu'il fut appelle par Jaques VI. Roi de la Grand' Bretagne. 11 écrivit
l'Hiftoire des Plantes & diverfes autres pièces , jufqu'en 1616. qu'il
mourut à Londres.
OBELISQUES d'EGYPTE: ce font des colonnes quarrées d'une
feule pierre, fîniflant en pointe, comme de petites pyramides, & rem-
plies de tous cotez ie caraâereshieroglyphiqUes & myfterieux. Les Ara-
bes les appellent Meffakts Pharaon , c'eft- à dire , les Aiguilles de Pharaon
. parce qu'elles ont été conftruites par les premiers Rois d'Egypte, qui
portoient tous le nom de Pharaon;commeles premiers Empereurs Ro
mains . celui de Cefar. Les Prêrres Egyptiens les appelloient lesdoigts
du Soleil , parce que ces Monumens étoient confacrez à cet Aftre. Le
premier Obelifque d'Egvpte fut drelTé par le Roi Manuftar , qui en in-
Uoduifitrufage l'an du Monde 2604. Son fils Sothis mit la dernière main
OBE.OBLOBR.OBS. •
à cette Invention , & fit dreffer douze Obelifques dans HeliopoKs. Si-
marres ou Simannes en fit élever plufieurs autres, du tems "du Roi Da-
vid, vers l'an du Monde 1986. Le Roi Mafres , ou Afres , fit conftruire
un Obelifque fans emblèmes, l'an du Monde 3021. & l'Empereur Clau-
de le tranfporta à Rome. Le Roi Pfamîîietichus en fît dreffer uji dans
Heliopolis , avec plufieurs emblêm.es & hiéroglyphes, 807. ans avant la
Naifl^ance de Jesu s-Ch r is t. Le Roi Nedanebus, ou félon d'au-
tres Neco , 720. ans avant Jesus-Chkist, fit ériger un grand
Obelifque à Memphis, que PtoloméePhiladelphe fît tranfporter à Ale-
xandrie. La pliîpart des Obehfques ont eu le même fort : les Empereurs
Romains les ayant fait tranfporter d' 'Egypte à Alexandrie, 8c d'Alexan-
drie à Rome,où l'on en voit encore quelques uns. On en verroit bien
davantage , n'étoit que Cambyfe Roi de Perfe s'étant emparé de l'Egyp-
te, l'an du Monde 3528. détruifit tous les Obelifques qu'il trouva, & fit
mourir , ou bannir lesPrêtreshgyptiens , qui feuls entendoient'les fe-
cretsdescaradlereshiero£lyphiques:ce qui fut caufe, que l'on ne drefTa
plus de ces Obelifques. Les emblèmes & les caraélcres qui étoient gra-
vez cachoient de grands fecrets, & repréfentoient les Mylterés des Egyp-
tiens, dont peudegens avoientla connoiffance. Comme les Prêtres Se
les perfonnes de qualité faifoient auffi élever des Obelifques , ils n'étoient
pas tous d'une ftruélure fi magnifique , ni d'une même hauteur. Les pe-
tits n'étoient que d'environ quinze piez,les autres montoient jufqu'à
cinquante, à cent,, ou à cent quarante piez Afin que ces hiéroglyphes
puffentréfifter aux injures du tems, les Egyptiens choifirent une matiè-
re fort lure. C'eft une pierre que les Latins appellent pierre de Thebes «
& les Italiens Granito roJ[o , laquelle eft une efpece de marbre moucheté
qui eft de la même dureté que le porphyre. La carrière d'où l'on tire ce
marbre eft près de la Ville de Thebes,dans des montagnes qui s'étendent
vers le Midi , jufques aux Catarades du Nil. Quoi que l'Egypte ne
manque pas d'autre marbre, on ne voit pourtant desObeUiquesquedc
celui-ci :peut-être parce que les Egyptiens y trouvoient quelque niyfte-
re : car comme les Obehfques étoient dédiez au Soleil; & que leur formé
pointue figuroit les rayons de cet Aftre, car on avoir choifi une matière
qui eût du rappoit avec les proprietez du Soleil Ce marbre étant mou-
cheté d'un rouge éclatant, de violet, de petites taches de couleur de cryf-
tal, de bleu, de cendré & de noir , les Egyptiens s'imaginèrent qu'il cioit
fort propre pourrepréfenterTaflion du Soleil fur les quatre Elemens.Lc
rouge !k le violet marquoient le Feu : le cryftaj fignifîoit l'Air : le bleu,
l'Eau de la Mer : & le cendré & le noir , la Terre. Ainfi quand on trouve
des Obelifques d'un autre marbre, on peut conclure qu'ils ne font pas
de la façon des Prêtres d'Egypte: mais bâtis par les Egyptiens , après lé
banniflement des Prêtres que Cambyfe chaffa .oupar d'âutresNations.
Tel étoit l'Obelifque que les Phéniciens dédièrent au SoIeil,dont le fom-
met fpherique , & la matière étoit fort différente des Obelifques d'Egyp-
te. 1 el ctoit encore celui que l'Empereur Heliogabale fit tranfporter de
Syrie à Rome. * Dapper , Defiription de l'Afrique. SU P. [ Augufté
en fit tranfporter deux d'Heliopolis à Rome. Confiance y en fit meneir
un autre, que l'on y voit encore, &qui a été décrit par AmmianMar-
cellin. 11 avoir été drefi"é autrefois par Rhamefies Roi d'Egypte, com-
me le montre cet Hiftorien, en rapportant le fensdes figures Hiérogly-
phiques que l'on y voit. Ce même Obelifque ayant été abattu futre-
drelîé par Sixte V. Ammian Marcellin Liv. XVII. Vita di Si/la V du
Greg Leti]
OBKNGIR ,que les Latins nomment Oc^«i, Fleuve qui a fa four-
ce près des terres du Grand Mogol. Il pafle dans la Perfe, oii il arrofé
Balch& diverfes autres Villes; & enfuite groffi par les eaux de quelques
Rivières, il fe décharge dansI'Oxus dit Chajou, & Gihon. Pline faié
mention del'Ochus. Pontanus en parle ainfi,/;. 5. stelL
Allitit , & rijis Ochm injignitus opacis.
OBI ,qtfon a nommé autrefois Carambuc, Fleuve de Mofcovîé , qùî
fort -lu Lac Kitafiko & fépare l'Afie de l'Europe. 11 coule du Midi au
Septentrion dans la Tartarie Mofcovite; & groffi par les eaux de divers
autres Fleuves, il fejette par fix embouchures dans la Mer Glaciale en-
tre Obdora & Samojeda. '
OBI, Fleuve d'Ethiopié,que les Latinsnomment ««/)?«/».
OBRKCHT (George) ProfefTeur en Droit, étoit de Strasbourg i
où il naquit en 1 547. Il étudia à Tubingc , & dans les principales Uni-
verfîtez de France, où il fe trouva dans un tems afTez fâcheux. Depuis j
il prit les dégrez de Dodeur à Bâle , 8c étant de retour à Strasbourg, on le
choifit pour être ProfefTeur en Droit, qu'il enfeigna avec beaucoup de
réputation durant quarante ans; 8c il mourut le?. Juin de l'année 1612.
âgé de 66. ans. Obrecht a voit fait divers Ouvrages , dont on n'a publié
qu'une partie , Oeconomia Juris. Legalis Tofica. Jus Feudale , o'c
OBSEQUENS (Juleoujuhus) Ecrivain Latin , vivoit ,'à ce qu'on
peutconjeaurcr,un peu avantrEmpircd'Honorius,& il fitun Livre
des prodiges: ce qui fait croire qu'il étoit Payen.Nous n'avons qu'une
partie de cette pièce qu'Aide Manuce donna au pubUc en 1508. Conrad
Lycofthenefit un fupplément de cet Ouvrage qu il fit imprimer avec ce
quini^usreftoitd'Obfequens;8cmarquafon addition avec des étoiles ou
afterifques. Mais depuis Jean de Tournes publia le tout fans diftindion -
.de forte que depuis ce tems , le livre d'Obfequens & le Supplément dé
Lycofthene ne fontqu'un même Ouvrage. * Sebaftien Conrad, in &u&li
p. 41. Voffius, de Hijl. Lat. '
OBSERNf': Religieux Anglois. Cherchez Osberne.
OBSERVATOIRE : grand Bâtiment conftruit par ordre du Roi
Louis XIV. au bout du Fauxbourg S. Jaques à Paris pour y obferver
les Aftres , 8c faire des expériences de Mathématique. Cet Edifice eft de
figure quarrée. Scies quatre faces font tournées exadement aux quatre
Parties du Monde. I.e Bâtiment eft élevé de quatre-vingts pieds au def-
fus du rez de chauffée: 8c fesfondemens font auffi de So.pieds fous terre,
à caufe des carrières qui s y font trouvées. Il a trois étages S<. eft cou-
vert d'une terraffe, de laquelle on découvre toutl'Horifon.On defcend
embas par un degré à viz;8c il y a des ouvertures dans les voiites des trois
étages, pour voir d'embas les Etoiles qui paffentpar le Zenith. Cet Ob-
fervatoire eft fourni d'inftrumens Aftronemiques pourfeire des obferva-
tions
ÔCC. OCE.
tîonspen(3antlejour,&p.endantlanuit. BenediâCaffinî de l' Académie
Royale des Sciences, y a fait depuis l'an lôfo. plufieurs nouvelles dé-
couvertes , & il y a exercé des Mathématiciens , pour les envoyer en des
pais éloignât, afin d'y faire des obfervations correrpondantes à celles de
rObfervatofre de Paris ; & de connoitrc fùrement les longitudes & lati-
tudes pour perfedionner la Géographie. "Le Maire, ParU Ancien iy
'Nouveau. SU P.
OC.
ce A, Fleuve de Mofcovie, qui n'cft pas éloigné de la petite
ITartarie. Jl coule du Midi au Septentrion , arrofeleDuchéde
VVorotin,Coluga,Kolum &c. & enluite acrù des eaux du Moska
& de quelques autres, fe joint au Volga, à Nifi Novogrod, comme je
îe dis ailleurs.
[OCCAM. VoyezOcA^ïK comme l'écrit Moreri, quoi que mal.]
OCCASION, Déefle que les Anciens confidéroient comme celle
^ui préfide au temps, qui eft le plus propre à faire quelque chofe. Les
Grecs dilbient que cctoit un Dieu, qu'ils nommoient Ka/^®', parce
que ce mot , qui (ignifie Occafion , eft mafculin parmi eux. On la repré-
fentoit pour l'ordinaire fous la figure d'une femme nue & chauve par
derrière , n'ayant de chevelure que fur le devant de la tête. Elle avoit un
fied en l'air, & l'autre fur une roue; un rafoir d'une main, & un voile
de l'autre. Pofidippe Poète Grec, avoit fait une defcriptioningenieule
de l'Occafion , dans une de fes Epigrammes. Aufone a fait le même
parmi les Latins, ef. i%.
ÔCH.
4?
JV^oyet
Sum Dea , que rara o" pauch Occajw nata.
Sluid rotuU infijiis ! Stare loco nequeo. zS'C,
\yvjCL Elle Vinet in Aufon. Epigr. Baudoin, Iconol. &c.
OCCATOR, étoit un Dieu des Payens qui préfidoit au travail de
teux qui herfent la terre à la campagne , pour en rompre les mottes
■& la rendre unie Occare veut dire heriér , d'où vient le nom de ce Dieu.
Car les l'a'iens donnoient à leurs fauffes Divinitez des noms pris des
diofes dont ils leur attribuoient l'intendance: ainfipour les farcleurs,
ils avoient un Dieu qu'ils appelloient Sarritor -. pour ceux qui femoient ,
ils en avoient un autre qui s'appelloit Sator; & ainfi de plufieurs au-
tres. * Arnobe , Servius , m i Georg. S U P.
OCCIDHN'T, partie de l'Horizon oij le Soleil fe couche. L'Hori-
zon Rationel eft fixé par les Géographes auxlfles Açores vers l'Améri-
que: l'Orient quiluirépondeftverslejapon. La terre étant ronde, &
le Soleil faiiant continuellement fon coursàrentour, on ne peut pas
dire qu'il y ait d'Orient ni d'Occident fixe , & les Géographes ont pu
marquer ces deux points Cardinaux oii il leuraplû. Ily a entr'eux l'ef-
pace d'un Hemifphere , de forte que l'Occident de nôtre Hemifphere eft
l'Orient de l'Hemifphere inférieur. On diftingue l'Occident, comme
l'Orient , en Occident Equinoxial , qui eft le point où le Soleil fe couche
dans les Equinoxes, également éloigné du Septentrion & du Midi ; & en
Occident Solftitial , lors que le Soleil eft au Tropique. Celui-ci fe fub-
divife encore en Occident d'hté, quand le Soleil eft au Tropique du
Cancer ; & Occident d'Hy ver , quand il eft au Tropique du Capricorne.
Aurefte ce que les Latins appellent Occident eft nommé Couchant par
les François , Pomme par les Italiens , & Weft ou Ou'éfi , par les Anglois ,
Allemands & autres Peuples du Nord. S U P.
OCCON, dit ScARLENsis, parce qu'il étoit natif d'un Village de
çenomdanslaFrife, vivoit dans le X. Siècle. Il écrivit îles Origines de
Frife, mais qui reffentent fort la Fable. La Famille des Occon de Frife
a eu d'autres Hommes de Lettres, comme Adolphe OccoN,Mé
decin j rnorten iôjç. *AlbertCrantz, //. roc. 14. UbboEmmius, in
Jiifl. Frif. Se Suffridus Pétri, de Orig.cr Script. Frif. Valere André, in
ÈiH.Belg.VofBns; deHift.Lat. Melchior Adam, &c.
OCCULTES. Cherchez Clànculaires.
OCEAN, c'eft la Mer qui environne la Terre. Les Anciens en fai-
, foient unDieu, filsduCiel&de Vefta. 11 eft diffèrent en Europe, en
Afie & en Afrique;bien qu'on le divifc ordinairement en Océan Septen-
trional, Indique, Atlantique &Ethiopique. 'Voici les difl^erentes par-
ties, comme elles font à l'entour de la "Terre. Oceanus Gaditanus eft
cette Merque les Efpagnols nomment Golfo de las léguas. La ^■^cr At-
lantique , AtlanticHs Oceanus. La Mer de Guinée, tfe/pmaj. La Mcrd'E-
* Xhxo^it, JEthiopicus. La McrdeZanguebar, Barbaricus. La Mer d'Ara-
bie, Arabictis-.àzVtxkjPerficus; d'Inde, Indiens. L'Océan Oriental,
I,ous. Merde Jedzo, ie.-iw;. McrdeTartarie, Scythicus. De Mofco-
vie, Sarmàikus. De Petzora , Hyperhoreus. L'Océan Septentrional , Sep-
tentrionalis. La Mer Glaciale , Glacialis, ou Cronius. Merd'Allen^agne,
Germankus. D' b'.co{[e , Caledonias. D'Irlande, Virginius ou Hibernicus.
La Manche , Brirannicui. Mer de France, Gallictts. De Gafcogne,
Aquitanicus. De Bifcaye , Cfl»Mir;c«i. L'Océan Occidental , 0«;5««i.
Nous pouvons ajoiiter à ces parties de l'Océan , celui de l'Améri-
que, qu'on divife en Mer de Nort à l'Orient , & Mer du Sud , ou
Mer Pacifique au Couchant. 11 y a auffi l'Océan ou Mer Magellaniquc
,ver le détroit de Magellan. •!■
OCEAN, Dieu de la Mer , que les Poètes ont fait fils du Ciel &
deVefta, mari de TethysSc le père des Fleuves & des Fontaines. On
ditqu'il a été ainfi nommé du mot Grec , iittvi, c'eft-à-dife Vîtc , com-
me Solin & '^ervius l'ont remarqué. Les Anciens ont appelle Océan le
père de toutes choies ; parce qu'ils ont crû qu'elles étoient engendrées de
l'humidité, ce qui eft conforme au fentiment de Thaïes , qui établit l'eau
pour le principe des chofes. Selon les G -ographes , l'Océan eft cette
vafte& large étendue de Mers qui environnetoute la terre, &quieneft
auffi environnée, de forte qu'on peut aller par Mer d un bout à l'autre,
du Levant au Couchant, depuis que Magellan , le Maire, ScBrouvers
ont découvert des paflages de la Mer du Nord dans la Mer du Sud ou
Pacifique. Cet Océan eft naturellement divifé en quatre grandes parties
qu'on appelle Océan Oriental , Océan Méridional , Océan Occidental ,
Océan Septentrional.
L'Océan Qmntal comprend la Mer de la Chine, l'Archipel de S. La-
zare vcrs' les ffles des Larrons & la Mer de l'Anchidol vers riflé de Java.
L'Océan Méridional, ou Mer des Indes, baigne les parties méri-
dionales de l'Alie, & les Iftcs qui font aux environs des Indes, avec
la partie Orientale & Méridionale ce l'Afrique. Cet Océan comprend
le Golfe de tJengala, la Mer & le Golfe de Perfe, là Mer & le Gol-
fe d'Arabie, la Mer deZanguebar, & la partie Orientale dé la Mer
d'iithiopie qui va jufques au Cap de Bonne-Efperance-.
L'Océan Occidental, i\m baigne nôtre Hemifphere comptent l'autre
partie de la Mer d'Ethiopie, la Mer Atlantique, la Mer Méditetranée,
la Mer d'Eipagne,le Mer de France, la Mer d'Irlande, & la Mer d'E-
coflfe du côté del'Ôccident. (ette dernière partie de la Mer d'Ethiopie^
s'étend le long de la côte Occidentale de rAfrique,dcpuis le Cap de Bon-
ne-Efperance,jafqu'aux environs de la ligne Equinoifliale>& baigne la
côte Occidentale des Cafres & le Congo. La Mer Atlantique s'étend
depuis la Mer d'Ethiopie .jufques aux parties les plus Méridionales de
l'Efpagne. La Mer Méditerranée eft renfermée entre l'Europe,!' Afie, &
l'Afrique. La Mer d'Efpagne baigne la côte Occidentale & Septentrio-
nale del'Efpagne. La Mer de France s'étend le longdes côtes deGuien-
ne ôc de Bretagne en partie. La Mer d'Irlande eft entre 1' Angleterre,l'lr-
lande & l' Ecofle. Et h Mer d' Ecoffe baigne les parties Septentrionales de
l'Irlande & de l'Ecoffe. Cette Mer a étéappe'lée Calédonienne.
L'Océan Septentrional td fubdivifé en Mer deTartarie, Mer Glacia-
le, Mer de Noortzée ou de Germanie, & Mer Baltique. La Mer de
Tartarie baigne les côtes Méridionales du Continent Septentrional, 8c
la côte Septentrionale de la Tartariejufqu'à la nouvelle Zemble. La Met
, Glaciale baigne les côtes de Groenlande &c. l a Mer de Noortzée ou
d'Allemagne s'étend le long dis Côtes deNorwege,deDannemark,d'Al-
lemagne, de l'EcofTe en partie, & de l'Angleterre jufqu'au Canal, oa
Pas'de Calais, qui eft entre la France & l'Angleterre. La Mer Baltique
elî renfermée entre les terres de Suéde, de Pologne, d'Allemagne &
de Dannemark.
A l'égard du nouveau Continent , les Géographes divifentrOceanett
trois parties, qu'ils appellent. Mer du Nord ou Mer Septentrionale ; Mef
du Sud, ou Pacifique; 8c Mer d'Ethiopie ou duBrefîl. *Briet, Gw^r.
SU P.
OCHAN (Guillaume) Cordelier Anglois de nation. & difciple de
Scot , fut le Chef des Nominaux , furnommé Doâîorinvincibilis , Venera-
bilis Inceptor . & Doelor fingularis. Il vivoit dans le XIV. Siècle. La com-
plaifance qu'il eut pour Michel de Céfene , Général de fon Ordre , le
porta à prendre le parti de l'Empereur Louis de Bavière déclaré enne-
mi de l'Eglife, & à écrire contre le Pape Jean XXII. & contre fesfuc-
cefleurs. Tritheme rapporte qu'Ochan difoit pour l'ordinaire à ce
Prince, ^eigne'/r, Prê/ex.-moi vôtre épée pour me défendre, is'ina. plume
fera toujours prête à vous foûtenir. Il fut auffi accufé d'avoir enfeigné
avec Cefene, que Je. sus-Christ, ni fes Apôtres navoient rien
poiTedé, ni en commun ni en particulier. C'eft ce qui fut proprement
la fource de cette plaiftnte queftion qu'on appella le pain des Corde-
liers; & qui confiftoit à favoir fi le domaine des chofes qui fe con-
fumoient par l'ufage, comme le pain & le vin, leur apparrenoit ,
ou s'ils n'en avoient que le fimpleufage fans domaine. Jean XXII. con-
damna la premieie propofition comme hérétique par fon Extravagan-
te t«w?»/e>-,& la féconde de l'ufage fans domaine, pat l'EktraVaganté
Ad conditorem. Ochan & Cefene furent auflî excomiîiuniéi , parce
qu'ils étoient fortis d'Avignon contre l'ordre du Pape, & qu'ils écrivi-
rent contre lui Le premier mourut, à ce qu'on croit j l'an 1347.
abfous de fa cenfure. Les Proteftans fe fervent quelquefois de quel-
ques-uns de fes Traitez contre l'Eglife ; & Melchior Goldaft a fait
imprimer dans l'on Ouvrage, de la Monarchie, celui des quatre-vingts
& treize Queftions d'Ochan. Celui-ci en a compofé d'autres de
Philofophie & de Théologie, dont on pourra voir le Catalogue dans
les Auteurs que je cite. *Luc Wadinge, in Annal, o* Bibl Minor.
Pitfeus , Sponde , Bzovius, Rainaldi, Tritheme & Bellarmin, de
Script. Eccl. er U. 4. de Rom. Pont. c. 14. S. Antonin , 4. P. Sum-
ms. Theolog. tit. iz. bandere, Prateole, &c. [11 faut écrire Occa^n
ou Occham, mais ce mot fe prononçant par les Gafcons comme
s'il avoit une N à la fin, l'Auteur l'a orthographié de même, &
en a ufé ainfi à l'égard de plufieurs autres mets. Au rcfte , la
difpute des Cordeliers n'étoit pas fi chimérique qu'elle paroît. Leur
Régie ne leur permettant pas d'être riches, Nicolas II. qui avoit
été de leur Ordre voulut les enrichir , fans la choquer, & pour
cela il ordonna qu'ils n'auroient que l'ufufruit des biens qui leur
feroient donnez , & que le fonds feroit à l'Kglife Romaine. Par
cette voie , il les m^ttoit fous le nom de l'Eglife Romaine , en
poifeffion d'une infinité de biens. Ce fut pour cela que Jean
XXII. révoqua la Bulle de Nicolas. C'eft ce que Gobelin Perfin
découvre dans fa Chronique , & à quoi on n'avoit pas aflez pris gar-
de.]
OCHIN ou Okini, (Bernardin) étoit de Sienne. îl prit l'ha-
bit de Religieux parmi les Capucins, vers l'an 1534. & fervit beau-
coup à établir cette "Congrégation dont il devint Génerah II étoit
dodle, éloquent & hardi, & jamais homme n'a prêché aveC plus de
fuccès,& avec plus d'ap'plaudiiTement. Les plus plus illuftres Prélats, les
Princes, les perfonnes de qualité fe faifoient un honneur deluien
rendre. Les plus célèbres villes d'Italie le demandoient à l'envi , afin
de l'avoir pour Prédicateur, & fon nom étoit en fi grande réputation,
que les Curieux venoient de tous cotez pour le voir & pour l'entendre.
Pierre Vermili dit Martyr, le pervertit, &: ilsfortirent tous d'eux d'I-
tahe en 1541. Bernardin Ochin prit l'habitféculierà Ferrare , & vint à
Genève où il époufa unefille deLuquesquil'avoitfuivi.Al'agedevô.
ans, il foûtint que la Polygamie étoit pcrmife, il la défendit mêmepar un
Ouvrage particulier. Ces defordres le rendirent odieux aux Proteftans.
De Genève Ochin pafla à Zurich, &enfuite à Bâle , d'où étant chalTéil
fe retiradanslaTranfilvanie&puisenPologne,oùil donna dansleser-
reurs des Sociniens , & y mourut en athée , abandonné de tout le monde
& le plus miferable de tous Icshommes. Outre ce Traité de la Polyga-
mie permife, dont j'ai déjà parlé. Bernardin Ochin fit en Langue Italien-
ne, des Comnientaircs furl'Epître de S. Paul aux Romains, qu=Se-
F j baûiea
4^ OCH.OCR.OCT.
baftienChâtiUon a mis en Latin & qui ont été imprimcïàGeneve.à
Augsbourg, 5i ailleurs. 11 laiffa auffi en la même langue des Commen-
taiies fur lès autres Epîtres de S.Paul. Les Proteftans, comme je l'?.i
déjà dit, ne parlent de lui qu'en déteftant Ta mémoire, f^Beze l'appel-
le x-ir infœUcis memsrid. Rivet , Boxhornius & d'autres font dans les
mêmes lentimens. *Sponde,.^. C. 1515. «.z?- e? i547. »■ ij- San-
derus , W. 103. Florimond de Raimond , //. 3 c. 5. n. 4. Gautier
& Genebrard, Chron. Crowseus, elench. Script, tn facr. Scriptur. zyc.
[Cet Article a été corrigé fur les remarques de M-Bayle.]
i'a'oûte ici que quelques-uns ont avancé qu'il avoit été le Fondateur
del'Ordre ou Congrégation des Capucins. QuelquesProteftans foutien-
nent cette opinion,&l'appuyent du témoignage d'Antoine Marie Gra-
tiani ,Evêqued'Amdia, Catholique fort zélé. Ce Prélat raconte dans
la Vie du Cardinal Commendon, qu'Ochin ayant reconnu que les Reli-
gieux de l'Oblérvancede S.François étoient extrêmement relâchez, il
fe fépara d'eux pour vivre dans la pureté de fa Règle, Qu'il trouva bien-
tôt des Compagnons de fa Reforme, & qu'il remit l'Inftitut de S.Fran-
cois dans fa première vigueur , en fondant l'Ordre des Capucins avec
Matthieu d'Urbin.homraed' une fainteté exemplaire :îyjaiscekn'eft pas
vrai,& le contraire fe prouve, par deux raifons Chronologiques. L'u-
ne, que l'établilTement des Capucins fe fit l'an i^zs- fous le Pontificat
de Clément "Vll.&qu'Ochinnepritl'habitde Capucin qu'en 1534. c'eft-
'à-dire,neufansaprès,fouslePontificatdePaulIll. lorsqu'il y avoit dé-
jà plus de trois cens Religieux Profès dans cet Ordre. L'autre raifon
Chronologique, eft qu'Ochin ne fut que huit ans Capucin , & qu'il jet-
ta le froc en 1541. d'où il paroît qu'il n'avoitcomraencéàl'être, qu'en
IÎ34- * Varillas , Ht/loin des Révolutions en matière de Religion.
SUP. . ^
OCHOSIAS, Roi d'Ifraël étoit fils d'Achab , qui l'ailocia au goTi-
venement. 11 régna feul après la mort de fon père en 3136. & fuivitTes
irapietez. Etant tombé d'une fenêtre & en danger de mourir , il envoya
confuker Beelzebub le Dieu d'Accaron ,pour l'avoir ce qui lui arrive-
roit de ft chute. Le Seigneur lui fit favoir par Elle, qu'il mourroit,
pour avoir eu recours à l'Oracle d'un Dieu étranger, comme s'il n'y eut
point eu de Dieu en Ifraël.Ochofias ayant reconnu que c' étoit EUe qui
avoit patléainfi, envoya un Capitaine avec cinquante hommes pour le
prendre. Elie fit defcendre le feu du Ciel fur ce Capitaine & fur tous fes
gens : Ce qu'ayant fait encore à un fécond que le Roi lui envoya; le
troiiiéme craignant d'être brûlé comme les deux autres, lui parla avec
tant de foumiffion , que le Prophète fe laiffa fléchir, & alla avec lui
trouver Ochofîas, auquel il prédit fa mort; qui arriva auffi-tôt après,
en la deuxième année de fon règne , 3138. duMonde. Joram fon frère
lui fucceda.*ill. des Rois, c.uh.lV.ci.Zj-c. Jofeph , Torniel & Sa-
lian , in Jnnal. -vet. Tefi.
OCHOsIAS , Roi de Juda , qui s'appelloit auffi Joachaz, 8i fé-
lon quelques-uns , Ozias & Azarias , étoit fils de Joram & d'Athalia.
I! s'adonna à toute forte d'impietez, imitant fon père, &fuivant ce qui
fepratiquoitdanslamaifon d'Achab, où il avoit pris fa femme. C'étoit
le dernier fils du même Joram , les autres ayant été tuez par les Arabes.
11 n'avoit que vingt-deux ans quand il commença de régner : car il faut
lire ce nombre dans le 1 1 . Livre des Paralipomenes, au lieu de quarante-
deux, auffi-bien que dans le I"V. Livre des Kois , pour ôter la difBculté de
lacontradidion qui s'y trouve; comme les plus doftes Interprètes le
remarquent. Ochofias fe joignit à Joram Roi d'Ilraël , pour faire la guer-
re à Hazael Roi de Syrie. Joram y fut bleffé, &fe fit mener à Jezraèl
où Ochofias l'alla vifiter. Cependant Jehu qu'on avoit facré pour
Roi d'Ifraël, venoit à Jezraël pour exterminer la maifon d'Achab. Les
deux Rois lui furent au devant, & ils y furent tuez l'an 3151. du
Monde. C'étoit la première du règne d'Ochofias. * l'y. des Rois, 9.
II. des Paralipomenes , 21. S. Jérôme, in %u£Jl. Hebraic. fitp. Para-
lip. Rkh3rd,inCon.Script.Cz}tnn,fap.U. Paralip. cap. il. Torniel,
ji. M. 3118. n. I. 3149. ». I. zsi- feq. 3150. & 51.
OCHUS. Cherchez Darius II.
OCRAZAPE , Roi d'Affyrie , fucceda à Ophratan , environ l'an
3174. du Monde, & il régna jufqu'en 3114. *Eurebe,J» Chron.
OCRIDE. Cherchez Acride.
L. OCTACILIUS PILITUS , vivoit du tems de Sylla & de
Marius, en 650. de Rome, llfutefclave, & puis ayant été afranchi il
enfdgna la Rhétorique, & fut Précepteur de Pompée fcGra»^. Il écri-
vit des Ouvrages d'Hiftoire. Confultez le Traité des Grammairiens attri -
bué à Suétone, faint Jérôme en fa Chronique , où il faut hre Odiaci-
lius, pour 'Vullacilius Plotus. Martial, U. 10. Epigr.-jç. où il dit, Cttcumam
fecit Otacilius. yoPCmsJi.i.deHiJi.Zat.
OCTAVE ou OcTAViEN César. Cherchez Augulïe.
Cn. OCTAVE, Conful Romain , chaffa Cinna fon Collègue en
667. de Rome. On fubftituaL. Cornélius Merula à Cinna, qui vint à
main armée pour fe vanger de cet affront , s'étant joint à Marius &
à Sertorius; & on fit mourir Odave.
M. OCTAVE, ancien Hiftorien cité par l'Auteur de l'Origine de
la Nation Romaine. Il pourroit être le même qu'Octave Hersen-
NE cité par Macrobe , /;. 3. Saturn. c. ult.
OCTAVE , Poète & Hiftorien du tems d'Horace. On dit qu'il
mourut en beuvant. Nous avons une Epigramme qu'on fit à cefujet,
inappend. Virgil. * Pierre Vidor. li. 14. c. 7, var. Letl. Voffms,
de Hift. & Po'ét. Lat.
OCTAVE , de Fano , qui eft une Ville de l'Ombrie , & qui prit
le nom de Cleophile, vivoit dans le XV. Siècle. Il enfeigna àFoffora-
brone &à Arimini;& il fut aimé des Princes delà maifon de Medicis,
&deceux delà CourdeRome.il publia divers ouvrages en vers & en
profe. On dit que s'étant mariéàCivitavecchia,fon beau-pere l'em-
poifonna. II mourut âgé de 43. ans cn 1490. * François Poliard , en
fa vie , Pierius Valerianus , li. 2. de infel. Liter. Voffius , de Bifi.
Lat.
OCTAVIE, fille d'Oflave , & fœur de l'Empereur Augufte. El-
le fut mariée deux fois, l'une à Marcel, & l'autre à Marc Antoine;
de Marcel elle eut un fils de ce nom , qui épôufa Julie fille d'Augufte :
Marcelle mariée à Agrippa 5c puis à un fils de Marc-Antoine, L'Hiftoi-
OCT. OCZ.
re ne dit rien d'une autre fille de ce nom. De fon fécond mari elle eut
Antonia l'ainée, qui époufa Domitius hnobarbus ; & Antonia la jeune ,
femme de Drufus frère de Tibère. Marc- Antoine maltraita tout- à- fait
Odavie ; mais l'Lmpereur Augufte vengea ce mépris. Ljp Peuple Ro-
main fut admirateur de la conduite & de fa vertu. Son frère lui dédia
un Temple & des Portiques, comme nous l'apprenons de Dion. Elle
mourut l'an 743. de Rome. * Suétone,;» ji»^. Plutarque, in Anton.
Dion , li. 48. 54. Hifi. , , , ,
OCTAVIE, femme de Néron , étoit fille de Claude & de Meffa-
line. Son Père l'avoir eue avant fon élévation à l'Empire , & l'avoit
promife à Silanus : mais il la donna depuis à Néron ,qui la répudia Se
la fit mourir, après avoir fait mourir fon frère Britannicus. * Suciiohe,
inClaud. Nero.Tzdte,Annal.l!. 11..^ 14. Dion , iïi/?. //. 60. Levinus
Hulfius, in vit. Cajar.
La Famille des OcTAVieNs de Rome , OBavia Gens ; ctoit origi-
naire de Velitres , comme Suétone l'affure. Tarquinins Prifcus les
mit dans le Sénat & Tullus HoftiUus la rendit Patricienne. Depuis
elle fe mit parmi les Plébéiennes; & Cefar la rétablit dans fa premiè-
re nobleffe par la Loi Caffia. Le premier de cette Famille qui a
été élevé dans les charges eft Cn. Octavius RuFusqui fut Quef-
teur; ce que Suétone a auffi marque dans la Vie d'Augufte. Cn. Oc-
tavius laiffa deux fils qui firent deux Branches différentes. Celle de
l'aîné s'éleva dans les premières charges de la République ; & l'autre
ne fut confiderable , que pour avoir produit l'Empereur Augufte.
Je parlerai de toutes les deux. Cn. Octavius , fils aîné de Cn.
Odavius Rufus fe diftingua par fa valeur & par fon mente. Il fut
Prêteur en 586. de Rome , & gagna une bataille navale fur Perfée,
Roi de Macédoine. On l'éleva l'an 589. au Confulat avec Titus
ManUus Torquatus;' & depuis ayant été envoyé Ambaffadeur en là
Cour du Roi de Syrie , il y fut tué à Laodicée par Leptine , l'an
591. Divers Auteurs ont parlé de lui. Ciccron en porte témoigna-
ge dans la IX. Philippique : Cn.OSlaviiclari cmàgni viri,quipriniui
tn eam Familiam , i^ux poflea viris fortijfimii floruit , attulit Confulatum,
Statuam videmus in roftris. Il en parle auffi ailleurs, comme je le re-
marquerai dans la fuite. Ce Conful laiffa Cn. Octavius qui fut
auffi élevé au Confulat l'an 616. de Rome avec T. Annius Rufus.
Celui-ci eut un fils de même nom , qui eft celui qui fut tué par les
gens du parti de Marius , comme je l'ai remarqué ci-deffus. Il laif-
fa deux fils, C.ouL. Octavius, Conful l'an 679. avec C. Aureliiis
Cotta; &M. Oc T AVius,pere de Cn.Oc t avius , Conful eh 678.
avec C.Scribonius Curio. C'eft ce que nousfavons des grands Horrt-
mes de la I. Branche des Odaviens. La II. a commencé par C.Oc-
t A VI us Chevalier Romain qui laiffa un fils de même nom, Tri-
bun Mihtaire en Sicile , fous Paul Emile. Celui-ci fut père dé C.
Octavius, qui mena une vie privée, content d'un patrimoine
très-confiderable ; & qui lailTa un autre C. Octavius, Edile du
Peuple, & Préfet en Macédoine l'an 693. de Rome. C'eft ce que nous
apprenons d'une des Lettres de Ciceron à Quintus , & par une Inf-
cription qu'on voit à Rome en ces termes : C. OHavius C. F. C. N'^
P. Pater Aiigti/li , TR. Mil. bis g^ JEdilis Fl. cum T. Torànio. Jttdei:
Sjjiéijiionum , Imperator appelUtus , ex Provincia Macedonia. Odavius
époula Attia, fille de Julie qui étoit fœur de Jule Cefar , & en eut
l'Empereur Augufte , & Odavie femme de Marcel & puis de Marc-
Antoine. * Tite-Live , li. 45. Vellejus Paterculus , 1. 1. Pline , l. 34. c,
3. Appian.i» Syriac. Ciceron ,</« Offic.i.Tufe.in Epifi. Suétone , Caf-_
fiodore, &c. ■ . '
[OCTAVIEN, Comte des Efpagnes , fous Conftanriii le Grand,
en cccxvii. & Corredeur de la Lucanie , en cccxix.' ^ac, Gothé-^
fredi Profopographia Cod. Theod.] . ,
OCTAVIEN , Antipape , étoit Romain, de la Famille des Com-
tes de Frefcari. Le Pape Innocent II. le créa Cardinal, en 1140. & il
l'envoya Légat en Allemagne. Après la mort d'Adrien IV. Alexandre
III. fur mis en fa place. Odavicn qui prétendoit au Pontificat fe fit
élire par deux Cardinaux, &'prit le nom de Vidor IV. l'Empereur
Frédéric I. foûmit cet Anripape , qui eut d'autres amis puiffans. Cet-
te protedion le rendit plus fier, &: même cn 1161. il fit tenir un
Conciliabule à Pavie, où Alexandre légitime Pape fut dépoté, & fut
contraint de venir en France , azile ordinaire des Pondfes perfécutez.
Odavièn continua à triompher, dans fa domination tyrannique. On
dit qu'il mourut de phrenefie à Luques environ la Fête de Pâques de
l'an 1 164. * Roderic. /;. 1. Othon de Frifingen , i^e reb.Trid. Baronius,
in Annal. T. XII. , ,
OCTAVIEN , Romain de nation , fut fait Cardinal par le Pa-
pe Luce III. en ri8z. Il fut Légat en Sicile & en France, pour
l'affaire du Roi Philippe Augufte , qui avoit quitté fon époufe In-
geburge de Dannemark , pour prendre Agnès de Meranie , com-
me je le dis ailleurs. Le Cardinal Odavien fut auffi Evêque d'Of-
rie. On ne fait pas le tems de fa mort. *Ciaconius , Onuphre& Ba-
ronius , in Annal
OCTAVIEN de la Maifon des Ubaldins , fut fait Cardinal par
Inno^cent IV. en 1244. Il étoit de Florence, fon mérite l'éleva à
l'Evêché de Boulogne, où il avoit été Chanoine, & piiis Archidiacre.
Depuis fa promorion au Cardinalat , il fut Légat dans la Romagne & en
Sicile contre Mainfroi , puis à Venife,en Lombardie ik en France. Oda-
vien fut encore employé ailleurs. Il mourut environ l'an 1274. *0-
nuphre , Hift. des Papes , Auberi , Hiji. des Cardin. Ciaconius ,'
&c.
OCTAVIEN DE MARTINIS. Cherchez Marrinis,
OCTAVIEN DE SAINT GELAIS. Cherchez Saint Gc^
lais-
OZIACOU, ou OczAKow, Ville de Pologne en Podolie;
près de l'embouchure du Boryftene en la Mer Noire. Les Latins la nom-
ment Axiace. Elle eft préfentement au Turc.
OCZKO d"WLASSlM (Jean) Cardinal Archevêque de Pra-'
gue, étoit né dans une des premières Maifons de Bohême. Son mérite
& fa naiffance le rendirent cher à Charies IV. Empereur & Roi de Bo-
hême. Ce Prince confîderant les bonnes qualités deJeanOczko.qui
étoit
Ot)A. ODD. ODÊ.
ctoit ion Chapelain, lui fit avoir l'Evêchéd'Olmutz, enfuite l'Arche-
vêché de Prague, & enfin le Chapeau de Cardinal qu'Urbain VI. lui don-
na en 1378. C etoit durant ce long Schifme qui fut funeftc à l'Egli-
fe, fur la fin du XIV. Siècle, & au commencement du XV. Urham
qui craignoit que l'Empereurnes'attachàt à Clément VII. lui fit faire
des offres obligeantes, & pour le le gagner entièrement il approuva
l'éleffion qu'on avoir faite de l'on fils Wenceflas pour être Roi des Ro-
mains; & mit au nombre des Cardinaux Jean Oczko, qu'il nomma en
înême temps Légat en Bohême. Charles IV. mourut peu après, & ce
nouveau Cardinal fit fon Oraifon funèbre. Wenceflas qui lui fuccéda,
mena une vie très-déteglée ; s'abandonna à des vices honteux , & fe ren-
dit mepnlable par fes débauches. Jean Oczko Sut le feul qui lui parla
fortement , ôc le reprit de fes vices ; mais ce Prince en profita très-
peu. Cependantl'Archevêque de Prague remplit tousles devoirs d'un
bon Prélat, s'oppola aux Huflites qui commençoient à débiter leurs
erreurs, quoi qu'en fccret, fit diverlés fondations pieufes; & mourut
en réputation de fainteté, au commencement de l'an 138t. *Auguf-
tin Moraw, de Epifo. olomuo. n. 14. Théodore de Niem, li, i, c. 17.
jCiaconius, Aubcri, &c.
O D.
OD A R D , Sieur Du Biez. Cherchez Bie«.
OD DIS (Nicolas de) de Padouë, Religieux 8c Abbé de
la Congrégation du Mont Olivet, a été eftimé dans le XVII.
Siècle. Jaques Thomafini a fait fon éloge parmi ceux des Hommes
îlluftres de Padouë. Nicolas de Oddis mourut lani 616.
ODDO DE ODDIS, Profefleur en Médecine dans l'Univcrfité de
Padouë fa patrie, a été en grande eftime au commencement du XVI.
Siècle , Jufqu'en 1530. & 35. Il fit divers Ouvrages de Médecine.
Comment, in primam Fen. Avtcenn£. Apologia pro Galeno. De Pe/îis
gaufis, crc. OddodeOddisfutpcre de Makc Oddi, aufîi ProfefTeur
en Médecine en la même Univerfîté de Padouë. Nous avons de lui
Methodus componendorum Meditàmentorum. Apologia de putredine , cj'c.
Sa Famille a eu d'autres Hommes de Lettres , comme Nicolas de
Oddis, Abbé delà Congrégation de Monte Oliveto, morteni6i6.
comme je lai dit ci-defTus, ôcc. 'Thomafini, in elog. illujlr. Patav,
Ghiiini, Theat.dHuom.Letur. ]\i&\is,inCfjron.Medic. Vander Linden,
de Script. Medic. &c.
ODENAT, Roi desPalmyreniens, auparavant, Becurion de Pal-
"t»yre. VilledeSyrie, fe rendit redoutable dans le III. Siècle. 11 défen-
dit courageufement les limites de l'Empire Romain contre lesPerfes,
défit Quietus & Balifta , qui s'étoient révoltez , & prit enfin le titre
d'Augufte. Sa femme Zenobie, que fonefprit&fon courage ont ren-
due très-célebre , lui aida à fe rendre maître de tout l'Orient. Dans
cette grande profperité , Odenat fut aflTaffiné par fon neveu Mœnius ,
fous le règne des GaUiens. Ce fut environ l'an deux cens foixante-
fix. Odenat foûmit d'abord Nifibe, avec toute la Mefopotamie,& mit
en fuite l'armée des GaUiens. Il avoittrois fils, Herode, Herennien
& Timolaiis. L'aîné fut afTaflSné avec lui. Tous ceux de cette Maifon
avoient de grandes qualitez. Je parle ailleurs de Zenobie. * Trebel-
lius Pollio , des trente Tyrans , crenla vie des Valer. v des Gall. [ Tre-
tellius Pollio nomme l'affaffind'Odenat Méunius , & dit qu'il étoit fon
Coufin , confobrinus. ]
ODENSEE, Ville de rifle de Funen, au Royaume de Danemark ,
avec Evêché fuffragant de Londertr Ceux qui écrivent en Latin la nom-
ment Otbonia , ou Ottonia. Les Evêques du Royaume s'y aflTemblerent
en 1257. pour défendre la Dignité Ecclefi.aflique, ils y firent des régi e-
mens que le Pape Alexandre IV. confirma par des Lettres écrites à
yiterbe.
L'ODER, grand Fleuve d'Allemagne, qui afafoiirceenunBourg
dece nomdanslaSilefie, aux confins de la Moravie- Il ell: d'abord peu
confidérable, mais il le devient étant acrù des eaux de l'Oppaw : il paf-
fe à Ratibor, à Breflaw, au grosGlogau, ScàCrolTen dans laSilefie.
Enfuîte il arrofe la Marche de Brandebourg , Francfort , Lebufs , & Cuf-
trinoùilreçoitle'Wart. De là coulant dans la Pomeranie, & recevant
diverfes petites Rivières, il fait près de Stetin un Lac , que ceux du
pais appellent D.is Grofs Hajfs, c'eft-à-dire le grand Lac , avec deux
Mes Lifedom & WoUin; 8c il fe décharge enfin dans la Mer Baltique,
par trois embouchures , dites />/», Sevine, Si Diwonow. L'Oder cil
nommé parles Auteurs Latins Oflfer^. On l'a auflS nommé Suevus Gut-
lalus , Viadus c' Viadrus. Confultez Cluvier , Bettius , 8cc. L'Auteur
de l'Itinéraire en fait mention, li. 5. »•
Hic Odera, à pri/cis qui nemina Suevus hahehat,
Nafcitur , cr Codani prMipiîatur aquis.
ODERIC, Religieux de l'Ordre de S.François, & natif de Frioul ,
vivoit en 1310. 11 publia divers Traitez , & entr'autres un Livre de fes
"Voyages, dans lequel il parle des coutumes & des mœurs des peuples.
C'ell cet Ouvrage que Wadinge appelle de mirabilibus mundi. Ceux
<3ui voudront mieux connoître cet Auteur , pourront confulter le Trai-
té des Hiftoriens Latins de VoCSus , 8c Bollandus qui rapporte la vie
d'Oderic fous le 14. Janvier.
ODERISE , Cardinal , Abbé du Mont-Caffin dans le XI. Siècle,
étoit de la Maifon des Comtes de Marfes dans la Terre de Labour. Il
fut reçûjeune dans l'Ordre de Saint Benoît. L'Abbé Richer prédit qu'il
feroit un des grands Hommes de fon temps , 8c il ne fe trompa pas.
Oderife fit de merveilleux progrès dans les Sciences & dans la Vertu ; âc
le Pape Nicolas IL lefitCar iinal, l'an 1059. Depuis il fut élu Abbé du
Mont-Cafl!in, qu'il augmenta confidérablement. Il mourut en réputa-
tion d'une grande pieté, le deuxième Décembre de l'an mil cent-cinq,
Oderife avoit compolé divers Ouvrages en profeSc en vers^ qui ne font
pas venus jufques à nous. 'Paul Diacre, It. 4. Hijl. CaJJïn. c. i. Léon
d'Oftie, /;. 3. c. 14. Ciaconius, Auberi, 8cc.
ODESCALCHI ( r-ierre- George ) Evêque d'Alexandrie de la
Paille , puis de Vigevano , étoit de Como dans le Milanois. Il fe ren-
dit habile dans,la connoiffance du Droit C^non, Se depuis ayant per-
ôDë. ôdï. ôdM. 4^
/dufafenimeètant encore jeune, il fe fit Prêtre. Padl Odescal-
^"'' ^J^.f'^'i^^l^'tadiPenni. 8c Gouverneur de Rome, étoitfon
I oncle. C en ce qui 1 obligea d'aller à la Cour du Pape ; où fon mérite hii
! s' xt V nni l "' ^'"'r'^u^desemplois importans. CarlePape
S,x eV. qui fe conno.ffo.t bien en gens, le fit Protonotaire participant i
Reterendarre de 1 une 8c l'autre fignature,8c Préfet des Brefs qu'on norn^
me de Juftice. Depuis on le choifit pour être Protonotaire afTiftanteii
laCanonuationde fa.nt Diego dont il prononça l'élogedev n îeil"
cré Collège, 8c dont il compofa la vie. Grégoire XIV. le fit Gouver-
neur de Fermo,8c Clément VI II le fit Evêque d'Alexand ie &1 envov^
Nonce en SuiHe. Odefcalchi s'aquitta très-bien de cet emnloi A fon
retour 11 alla réfider dans fon Diocefe , qu'il gouverna d'uL manière
tres-edifiante. Hy abolit des coutumes pernicieufes. y rétabht la diTc^
p^ine; &fefituneLûi, dimiteren tout la conduite de faint Charles
Depuis on le transfera a l'Evêché de Vigevano, où il continua fes mê-
mes exercices ; 8c il mourut le 6. Mai de l'an i6io. Pierre-Georee
Odefcalchi a compofé quelques Ouvrages de pieté. Sa Famille a pro-
duit de grands Hommes , 8c entre autres BenoîtOdescalchi*
Eyeque de Novarre , puis Cardinal en 1645. & enfin Pape fous le nom
d Innocent XI. comme je le dis ailleurs. *Ughel, ital.Sacr. Ghilini„
Jheat. a Huom. Letter. "
ODETDECOLIGNL Cherchez Coligni
? o^T^T^ '^M ^ capitale du Royaume de Siam. Cherchez S i a rf.
S. ODILON, cinquième AbbedeCluni, étoit d'Auvergne, filâ
deBeraudrurnomme le orand. Seigneur de Mercœur 8c de Gerberee'
Il fucceda a lamt Majole en 994. 8c gouverna cette Congrégation durant
56. ans. Sa faintete eftreconnuë par des miracles. Il étoit fi bon qu'on
lui reprocha fa douceur comme un grand défaut, 8c il répondit que s'il
devoit être damne, il aimoit mieux que ce fût pour avoir été trop dé-
bonnaire, que pour avoir eu trop deféverité.L'Eglife de Lyon perfjadée
de fon mente , le voulut avoir pour fon Evêque , après la mort de Bur-
chard ; mais il refufa cet honneur, pour vivre dans fa folitude Ce-
pendant il écrivit la vie de faint Majole fon prédecefléur ; 8c celle de
llmperatnce Adélaïde, que Henri Canifius avoit publiée dans le V
Tome de fes anciennes Leçons , Si que le P. Martin Vîarrier a raife dans
la Bibliothèque de Cluni. Nous y avons auflS 4. Hymnes que faint
Odilon compofa al honneur du même faint Majole, quatorzeSermons
pour les Fêtes de notre Seigneur , de la Vierge 8c des Saints , 8c l'Or-
donnance quiJ pubha dans fa Congrégation, pour la Fête ou Mémoire
des Morts , qu il établit , 8c que l'Eglife a depuis recûë. Il mourut le r
Janvier de l'an 1048. âgéde78.ans. Le Cardinal Pierre Damien a écrit
fa vie. CotjfulrezauflTiGlaber,/; 5.C.4. Alberic. inchror,. Fulbertde
Chartres, Hugues deFlavigni, Sigebert, Pierre de Blois, Tritheme
Baromus, Bellarmin, Voflius, PolTevin , Marrier , Sainte Marthe'
8c divers autres qui parlent de lui. '
, i^P-a-^"^/ °^^" '^^^^"'^^"5 Danois, avant qu'ils eufTeritemBrafTé
le Chriltianifme. Il prefidoit fur les combats, avec un autre Dieu nom-
mé Thor. Quelques Savans croient qu'Odin 8c les autres Dieux du Nord
étoient des Magiciens, qui vinrent en Suéde 8c en Danemark delà Scy-
thieAfiatique; 8cqui, par le moïen de la Magie , firent accroire aux
peuples qu'ils étoient les mêmes Dieux, que l'on adoroit déjà; 8c dont
ils prirent les noms, pour tromper plus facilement les Amples. Odin ne
pouvant éviter la mort commanda qu'on le brûlât , dès qu'il auroic
abandonné fon corps, 8c dit que fon ames'enretourneroità^/f<îr(//f ,
d'où il étoit venu , pour y vivre éternellement. C'eil ainfi que fe nom-
moitla capitale dupais, d'où ces prétendus Dieux étoientfortis, 8c ou
les Danois plaçoient leur FatôoW, ou champs Elyfées. On dit qu'ils
étoient venus d'auprès des Marais Méotides , du temps de Pompée, en
fuiant les armes Romaines. Si cela étoit vrai, il faudroit que c'eût été
du temps quePompée vainquit Mithridate, 8c porta la terreur du nom
Romainjufqu'auBofphoreCimmerien. Mais comme il ne foûmit pas
les Nations, qui font auNordduPont-Euxin, il y a peu d'apparence
qu'aucun de ces peuples ait été alors contraint d abandonner pour ja-
mais fon pais , 8c moins encore que peu de gens aient fui delà auffi loin
quefontla Suéde 8c le Dannemaïk. Rarthol. Antiq. Dan.']
O D I N G T O N Anglois, Religieux de l'Ordrede St.Berioît , étoit
environ l'an 1280. en ellime de favoir tous les fecrets de la Philofo-
phie Si des Mathématiques. Il le témoigna par la compofition de deux
Traitez ,ile premier intitulé , Demotibusphnetarum , 8c l'autre <4»î«m-
tione a'éris. *Pitfeus, deilluft, Angl. Script, p.-^ôz.
ODMAN, ou Osman, troifîéme Calife ou fuccefTeur de Ma-
homet , fut élu en 648. par les Commandans de l'armée , qu'il avoit
gagnez par fes Lberalitcz. Il envoya l'an 649. fept cens Vailleaux de
guerre en Cypre , fous le Commandement de Moavia , Gouverneur
d'Egypte , qui ruina la plus grande partie de cette Ifle ; 8c y étant retour-
né l'année fuivante , rafa la ville de Nicofis, &c laiflTa toute l'Ifle dé-
ferre. Cependant Odman raflembla les mémoires de la Religion de Ma-
homet, ôc les faifant diflribuer par Chapitres, établitlaSeéle appellce
Chefaya , du nom de l'Auteur qui mit cet Alcoran en ordre. L'an 651.
Odman envoya Occuba, avec une puifl"ante armée en Afrique, lequel
conquit la partie Orientale de la Barbarie, Scybâdt la ville de Caira-
van , ou Carvan , à trente-cinq lieues de Tunis , du côté de l'Orient. Il y
peupla auffi plufîeurs endroits, 8c mêla les Arabes avec ceux du païs,
pour faire un commun établiflfcment. Ibni Alraquiq dit que ce furent
les premiers Arabes qui portèrent la Religion de Mahomet en Afrique.
Môavia d'un autre côté gagna en 6j4. une fameufe bataille navale
contre l'Empereur ConftanslI. qui croifoitfurlamerdePhenicieavec
mille Vaiffeaux, 8c en 655. il prit l'Ifle de Rhodes , dont il brifa le
ColofTe: puis il ravagea une partie de l'Arménie. Pendantle cours de
fes vidoires , Ali . qui prenoit le titre de Calife eu Arabie , envoya plu-
fîeurs de fes Sujets pour tuerOdman; ce qu'ils exécutèrent en la ville
de Damas: quoi que d'autres difent que ce fut lui qui fe tua lui-même;
voyant fes ennemis maîtres de fon Palais , de peur de tomber entre
leursmains. Il vécut87.ans, 8cfutenterréran658. fansaucunepom-
pe, parce qu'on difoit qu'il s'étoit tué. ''Marmol, de l'Afrique, l.z.
SUP. [ Vçyez la Biblioth. Orient.defidrfA. DherMot, au mot Oth-.
man,'\
4S
ODO.
Ç)DOACRE, fils d'Edicon ou Edicas, Roi des Erules ouElureS,
des Scirrhes & Turci'.ingiens, peuples originaires de Scythie , fut ap-
pelle en Italie par ceux qui prenoient le parti de Nepos. 11 y vint en
îjuatrecens foixante&feize, &s'étantfaili dupais des Vénitiens & de
la Gaule Cifalpine, il défit Orefte&fon frère Paul , & lelcguaAuguilu-
]e dans un Château près de Naples. De cette façon il eut la puiffance
entre les mains , mais il en ufa avec grande modellie , fe contentant d'ê-
tre Souverain , fans en prendre les ornemens extérieurs. Bien qu'il fût
Arien de Sede, il ne maltraita point les Catholiques, au contraire il
leur accorda beaucoup de grâces à la prière de quelques Evêques. De-
puis il fit la guerre aux Rugiens , peuples d'Allemagne , vers la Mer Bal-
tique. Illescléfitenbatailleran487. prit leur Roi appelle Felethus, ou
Pheba, avecfafemmenomméeGifa, Bclesenvoyaen Italie. Frédéric
'leur fils prit la fuite, & fut trouver dans la Mcefie , Theodoric Roi des
Gots , qui lui donna des forces pour fe rétablir : ce qu'il fit , mais il en fut
encore chafTé. Cependantle même Theodoric s'avança en Italie, l'an
489. Odoacre lui fut ail devant, pour lui empêcher l'entrée, &il per-
dit la bataille dans le pais des Vénitiens. Il eut le même malheur deux
autres fois; & fe vit contraint de s'enfermer en 490 dans Ravenne ,
où Theodoric mit le fiege. Il dura deux ans, &ce Prince s'ennuyant
<ie cette longueur, fitla paix avec Odoacre, & partagea l'Empire d'I-
talie avec lui. Feu de temps après, Theodoric le fit tuer dans un feftin
en 493. *Procope, /. i. de bell. Got. Jornandes, de reb. Got. Caflio-
dore , in Chron. Nicephore , Paul Diacre , 8cc.
ODO ARD, Duc dé Parme. Cherchez Edouard ou Odouard.
V S. ODON, fécond Abbé de Cluni, que fa pieté & fonfavoirren-
'direntilluftredansleX.Siécle, étoitFrançois denation. Il fut difciple
de faint Rémi d'Auxerrei- & Chanoine de iaint Martin de Tours : &
depuis, l'amour de la folitude l'ayant porté à Cluni , oîi il prit l'ha-
bit de Moine , fôn mérite l'éleva à la qualité d'Abbé , après Bernon.
■Rodolphe Glaber, & d'autres Auteurs, nous afl"urent que la fainteté
d'Odon fervitmerveilleufement à augmenter la Congrégation de Clu-
ni, aufli fut-elleacruë d'un très grand nombre de Monaùeres. Les Pa-
pesse les Evêques, auffi bien que les Princes féculiersavoient une elti-
mepatticidiere pour ce S. Abbé, qu'ils prenoient ordinairement pour
arbitre de leurs différends. Il mourut en 941. félon Flodoard, OU944.
comme veulentles autres. Jean d'Italie fon difciple, écrivit fa vie en
III. Livres que nous avons. Nalgode,un autre de fes difciples , l'écri-
vit auffi': mais cet Ouvrage s'elt perdu. Le P.Marrierfe du Chefne,
qui publièrent la Bibliothèque de Cluni en 1614. y mirent diverfes
Pièces de S. Odon , comme la Vie de S. Gérard ; deux Traitez, à l'hon-
neur de S, Martin j avec des Antiennes&desHymnes pour le même
Saint; IV. Sermons, III. Livres de Conférences, &diversHymnesdu
faint Sacrement, de la Sainte Vierge, &defainteMagdeleine. Depuis
le P.Marrier publia encore en [617. en un Volume in oêîavo trente-
cinq Livres de Morales fur Job , de S. Odon , qui avoir auffi com-
poféun Livre du mépris du monde, un de la tranflation de faint Be-
noît, & d'autres que nous n'avons pas, Confultezles Auteurs de la Bi-
bliothèque de Cluni , Flodoard , in Chron. Aimoin , /;. 2. de mirac. S. Be-
«ed. f.4. Sigebert, in Cat. c. 114. crinChron. Glaber, Tritheme Bel-
larmin , Baronius, PolTevin, Sainte Marthe, Voffius, &c.
ODON , que quelques-uns nomment Odoard, Evêque de Cambrai ,
étoit natif d'Orléans. Il fut premièrement Abbé de faint Martin de
Tournai , &: enfuite il fuccéda à ManalTes II. environ l'an mil cent
cinq. Depuis ayant refufé de reconnoitre l'Empereur Henri IV. on
l'obligea de fe retirer à l'Abba'ied'Anchin, oùilmouruten 1 113. Les
Auteurs de ce temps-là nous parlent de lui.comme d'un Prélat éloquent,
quientendoit bien les Ecritures , qui étoit doftc&fubtil. Il compofa
divers Ouvrages, le plus confidèrable eft intitulé, £;f;x/;if;c/io/7«o ;» C««o-
Tiem Alijfa , divi/a in j,.Diftinâliones. Nous l'avons dans la Bibliothèque
des Pères, où l'on a mis dans celle de Cologne ces autres. De peccato
criginali , Li. III. De blafpbtmia in Spiritum S. Homitia de villico init^uifa-
iis. On lui attribué encore une Difpute contre un Juif nommé Léon ,
un Traité de l'Incarnation, 'des Conférences, &c. *Molanus, in nat.
SS. Belg. V in Auêî. Le Mire , in cod donat. piarum , £,73, Lindanus in
lenerem , It. T.. c.z.n. 11. Tritheme & Bellarmin , de Script. Eccl. Gazei ,
Hijl. Eccl. dti l'aïs-Sas. Vulere André ,Bibl. Betg. Poffevin , in Appar.
Sacr. qui de cet Odon en fait deux Auteurs, Sainte Marthe, T.l. Gall.
Chrift. Henri de Gand, &c.
ODON, Moine de faint Maur des Foflez, eni058. écrivit la vie du
ColnteBurchard. Voyez les Renjarqùes fur la Bibliothèque de Cluni,
Co1.6t.6S. a- ii-j.crc.
ODON ou Eudes Régent du Royaume de France. Cherchez
Eudes.
ODON ou Eudes de C ha t eau-Roux , qui fe dit natif
duDiocefe de Boiu-ges , Chanoine & Chancelier de l'FgUfe de Paris.
Le Pape Innocent IV. le créa Cardinal à Lyon où il célébra un Concile
en 1144, & il accompagna le Roi S. Louis en fon voyage d'Outre-mer,
«n qualité de Légat du Iaint Siège. A fon retour il mourut à Orvieto le
2. j. Janvier 117 3 , Il lailTa deux Volumes d'Homélies de fa façon, * Guil-
laume de Nangis , Joinville 8c Sponde , in .Annal. Auberi ,Hift. des Card.
ce.
O D O N dit C A N T I A N u s , de Kent , parce qu'il étoit natif de
cette Province en Angleterre , vivoit dânsk XII, Siècle, Il prit l'habit
del'Ordre defaintBenoît, où fa pieté & fon favoir relevèrent bien-tôt
aux charges de Prieur & d'Abbé, Il a eu Thomas de Cantorbie pour
ami , & Jean de Sali:buri pour Pahegyrifte, Il compofa des Commen-
taires fur le Pentateuque , fur le IV. Livre des Rois , des Morales fur les
Pfeaumts , fur l'ancien Tefianient , & furies Evangiles ; un Traité inti-
tulé, De onere Philifihim , un autre Demoribus Ecdefiafticis. De -vitiiscr
■virtutibus anima. , eyc, Odon de Kent mourut en II 60, *Pitfeus, de
illuft.Angl. Script. Arnoul Wion, in Lig. -vit. Pofl"evin, in Appar. Sacr c?c
ODON DE MUREMONDE , Anglois , qui fit fur Eudide une
Chronique, &c, U vivoit environ l'an 1 180. félon Balée.
ODON dit Sevek, originaire de Dannematk, naquit en Angleter-
re de parens idolâtres. La fréquentation de quelques Chrétiens lui fit
gonnoître la vérité de nôtre R-cligion ; & il reçût le Baptême. Cependant
ODO. ODY. OEA. OEB. OEC.
comme il favoit les Langues Latine & GréqUe ; qu'il compofoit en vet*s
& qu'il parloit bien , on le fit connoître au Roi Edouard , qui l'aima &
réleva à l'Evêchè deSalisburi, & enfuite â l'Archevêché de Cantorbie.
Il publia divers Poèmes, desEpîcres, des Ordonnances Synodales, un
Traité de la prèfence réelle du Corps de Jesus-Chrisï dansl'Eucha-
riilie , & quelques Traitez Hilloriques. Odon ro.ourut en 959. Pit-
feus , de lUuftr. Angl. Script, vc
ODON , dit Shirton ou Ceritonenf:, Religieux de l'Ordre de Ci-
teaux d'Angleterre, fut confidérépourêticun des plus éloquens per-
fonnages defontemps. Il étudia en fon pais & en France, 8c comme il
étoit Doéleur en Théologie , on le nommoit ordinairement Maître O-
don. Les Princes de fon temps faifoient gloire de l'avoir chez eux. Il
écrivit des Homélies, des Proverbes, & diverfes autres Pièces. On ne
fait pas en quel temps il mourut, mais feulement qu'il a vécu fous le
règne de Henri II. Roi d'Angleterre en 1 181. =* Charles deVifch, in
B/bl. Ciflerc. Pitfeus , &c.
O D O R A N , Moine de l'Abbaie de S. Pierre le Vif de Sens , vi-
voit dans le XI. Siècle, enranio4ç. Il compofa une Chronique fous
ce titre , Chronica rtrum in orbe geflarum. Pithou en rapporte un
fragment dans fes Annales de France. Le Cardinal Baronius le cité
auffi fous l'an 875:. Confultez PoflTevin , in Appar. Sac. Voffius,;/*
Hift. Lat.
ODYSSE'E , nom Grec de l'un des deux Poëme&d'Homerc , lequel
contient en vingt-quatre Livres les Voyages , lesAvahtures&les faits
Héroïques d'Ulyffe. SU P.
Ô É.
OEASO, Promontoire de Gafcogne , verslaMer deBiJcaye,'
qu'on nomme communément. Cap de Fontarabie ou le Fi-
guier , près de l'embouchure du Bidaflba. Il y a auffi Oeafo oti
Oeafopolis, que quelques-uns prennent pour Oiarçou fur Leço. Mais il
eft: {(irqu Oeafopolis cft Fontarabie , & Oiarçou eft Otarfi.
O E B A L I E , nom d'une contrée du Peloponnefe , & de la ville
de Tarente , dite amfi d'un Roi de ce nom. Virgile en parle ainfi ,
li. 7. Mneid.
Nec tu carminibus nojîris indiclus abibls
Oebaie , çj'c.
OECHALIE, Ville de theflTalie, félon Strabon. Paufaniaseri
met une autre de ce nom dans le Pais desMeffeniens, & dans la Là-
conie, 8c -Mêla parle d'une autre dansl'ArcadieSc dans l'Eubée. Mais
aujourd'hui nous n'en avons point de connoiffance. Ovide , U. 9,
Metam. ...
OECOLAMPÀDE (Jean ) Allemand , natif d uii village dit
Reinfperg , fut un des premiers qui donna dans les nouveautez pour
la Religion , dans le XVI. Siècle. Il étoit Religieux 8c Prêtre dans l'Or-
dre de fainte Brigite ; mais ayant changé , il publia les opinions de Zuin-
gle, contre la realité du Corps de Jésus- Christ dans l'Euchariftie; &:
fut MiniftreàBàle , l'an 1515. Oecolampade publia un Traité intitu-
lé , De genuina expofitione ijerborùm Domini : Hoc eft Corpus meum , id
eft figura , fignum , typus , fymbolum. [ Erafme a fait ce jugement de ce
livre : Scripjit Oecolampadms tanto ftudie , tôtque tnachinis argumente'
rum, £7- taniâ facundiâ ut feduci pojfint, ni •uetet Deus,etiam 'eleéîi. „ Oe-
„ colampade a écrit avec tant de foin,tant de raifonnement,8c tant d'élo-
„ quence, qu'il y en auroit aflez, pour féduire même les Elus , fi Dieu ne
„\' emjiêchoit." uid Beddam an 1 5 1^.] Les Dofteurs Luthériens lui ré-
pondirent par un Livre qui avoir pour titre Syngramma: On a crii
que Brentius en fut Auteur. Oecolampade en publia un fécond; intitu-
lé Antifyngrammii ; 5c d'autres contre le libre arbitre 8c l'invocation
des Saints, fotîtenant encore que les Chrétiens ne pouvoient pas faire
la gue-re. On dit qu'il fut trouvé mort'dans fon lit, le premier Dé-
cembre de l'an 15 31. âgéde49.ans. Luther qui étoitfon ennemi, com-
me de tous ceux qui n'étoient pas de ion parti , dit que le Démon T'étran-
gla. Beze aflTure qu'il mourut de pelle. D'autres foûtiennent qu'une
femme qu'il entretenoit, 8c de laquelle il avoit eu trois enfans, s'en dé-
fit. Quoi qu'il en foit, fi cela eft véritable, cette mort eft étrange. Ceux
de fon parri nient, 8c difent au contraire, qu'Oecolampade mourut
en prononçant le nom de jEsus. LeshabitansdeBâlelui élevèrent un
Tombeau dans le Temple , avec cette Epitaphe: D. Joan. Oecolampa-
dius , Profejpone Theologus , trium Linguarum ptritïfpmus , AuBer E-van-
gehcéL doSlrins. in hac llrbe , primas er Templi hujrts vmis Epifcopus , ce.
Oecolampade favoit les Langues, 8c étoit Prêtre avant que de fe faire
Religieux. Il a fait des Commentaires fur divers Livres de la Bible ,
ôc d'autres Traitez qu'on a fouventpuMiez. "Sponde in Annal. A. C.
1515.». 16. i53i.».7. Sandere., (>£ref.zio. Genebrard, inLeoneX. CJ*
Clem.ViI. Prateole, V.Joan.Occol. FIorimonddeRaimond, li. i. de
engin, htr. c. 8. n. 9. CT" lo. Luther , li. de Mijja Priv. Lavater , Hifl. de
Sacram. Simon Grynaeus , de obitu Oecolamp. Sleidan , in Annal. Mel-
chior Adam , m vit. Theolog. Germ. Wolfgang Capito , in iiitâ Oeco-
lamp.
OECUMENIQUE. Ce nom flghifie Général , ou Vniverfel , Se
vient du Grec cUtifitvii , qui fe prend pour la Terre habitable : comme
quidiroit. Reconnu par toute la terre, ou dont le pouvoir s'étend par
toutela terre. Cefutati,Concilede Calcédoine tenuen45i. qu'on em-
ploya pour la première fois le nom d'Oecuménique. Les Prêtres ?z les
Diacres de l'Eglife d'Alexandrie , préfentant leur Requête à ce Concile ,
auquel S. Léon prcfidoit par fes Légats , donnèrent ce titre au Pape ,
lorsqu'ils s'adrefTerentàluiencestermeSi comme s'il eût été prèlènt:
Au tr'is-fatnt er trïs-hetireux Patriarche Oecuménique de la Grande Ra-
me , Léon. Les Patriarches de Conftantinople s'attribuèrent enfuite cette
qualité, 8C voici comment. Le premier Concile de Conftantinople, qui
fetint en38i. fous le Pape Damafe 8c l'Empereur Theodofe leGrand,
fit un Canon par lequel il ordonna , que l'Evêque de Conjfantinople
auroit les prérogatives d'honneur après l'Evêque de Rome , parce quelle
étiiS'
OEC. OED. OEL. OEN.
etok la nouvelle Rome: ce qui le faifoit non feulement Patriarche, mais
auffi le premier des Orientaux. Cet honneur lui fut auffi déféré par le
Concile de Calcédoine en 451. mais dans des termes encore plus forts:
carie 18. Canon ordonne que la Chaire deConftantinople ait des pré-
rogatives égales à celles de l'ancienne Rome; de forte que comme l'E-
vêque dé Rome, par la prérogative de fa Primauté, a Jurifdidlion fur
tous les Patriarches, celui de Conftantinople l'ait auffi , après le Pape , fur
tous ceux de l'Eglife Orientale. Ce Canon fut autorifé par les Loix Im-
périales ; & les Patriarches de Conftantinople fe font toujours , depuis
ce temps-là , maintenus en la polîeffion de ce titre d'honneur, & de ces
droits. Mais les nouveaux Patriarches de Conftantinople n'en demeurè-
rent pas là ; car voyant qu'on avoit appelle le Pape Léon Patriarche Oe-
cuménique , dans le Concile de Calcédoine , ils prirent auffi ce ritre ; qui
leur fut enfuite déféré par les Empereurs & par les Conciles des Grecs.
Ainfi dans un Concile tenu à Conftantinople en 5 18. Jean 111. du nom
Evêque de Conftantinople fut appelle Patriarche Oecuménique : &
dans un autre Concile tenu en 536. Epiphane eft nommé Evêque de
Conftanrinople la nouvelle Rome, & Patriarche Oecuménique. Mais
Jean IV. furnommé le Jeûneur , prit ce titre avec plus d'éclat que les
autres , dans un Concile Général de tout l'Orient , qu'il avoit convoqué
fanslaparricipationduPape. Ce que le Pape Pelage II. trouva fi mau-
vais , qu'il caffa tous les Ades de ce Concile , à la referve de la Sentence
qu'on y avoit rendue en faveur du Patriarche d'Antioche ; & défendit à
Jean le Jeûneur de plus prendre la qualité d'Oecuménique, que celui-ci
perfifta néanmoins de s'attribuer toujours, mêraedans les Aéles d'un
Synode qu'il envoya à Rome.
11 eft bon de remarquer ici quele mot d'Oecuménique eft équivo'que.
Car en difant Patriarche Oecuménique ou univerfel , on peut entendre
celui dont la Jurifdiftion s'étend univerfellemcnt par toutle monde,
en ce qui legarde le gouvernement général de l'Eglife: ou celui qui fe-
roit feul Evêque ou Patriarche dans le Monde, tous les autres n'étant
dans leurs Eglifes que fes Vicaires ouSubftituts: ou enfin celui qui a
pouvoir fur un e partie confidérable de la terre ; en prenant la partie pour
le tout , par une figure afl'ez commune à l'Ecriture Sainte, qui par ces pa-
roles olxufiév» toute la terre , n'entend quelquefois que tout un Pais.
Pour le premier de ces trois fens , qui eft lé plus sature!, il eft certain
que ce fut celui du Concile de Calcedoine,quand il approuva qu'on don-
nât le titre de Patriarche Oecuménique au Pape S. Léon. Les Patriarches
de Conftantinople fe donnèrent le ritre d'Oecumefiique dans le troifié-
me fens ; car félon les Canons des Conciles de Conftanrinople & de Cal-
cédoine , ils ne pretendoient que le fécond lieu , & de porter la qualité
d'Oecuménique après les Papes dans l'Eghfe Orientale , & non pas dans
tout le monde. Pour ce qui eft du fécond fens, il eft évident que ce n'a
point été celui des Evêques qui compofoient le Concile de Calcédoine ,
comme s'ils enfl'ent reconnu le Pape pourfcul Evêque dans l'Eglife.dont
31s ne fulTent que les fimples Vicaires ; Et les Patriarches de Conftantino-
plenefcfontpointnonplusqualifiez Oecuméniques, comme s'ils enf-
lent été les feuls Evêques dans tout l'Orient. S. Grégoire le Grand pre-
noit le nom d'Oecuménique en ce fens , lors qu'il condamnoit\-f, fort
ce titre, l'appellant un blafpheme contre l'Evangile, & contre les Con-
ciles;pàrce que,felon ce S. Pape.celui qui fe difoit Evêque Oecuménique
fe difoit feul Evêque , & privoit tous les autres de leur dignité qui eft
d'inftitution divine. A l'égard des Conciles, on donna le nom d'Oecu-
méniques, aux Conciles Généraux ou Univerfels , compofez de tous les
Evêques du monde , ou de la plus grande partie. * Maimbourg , Hijioire
in Pontificat de S. Grégoire le Grand. S U P.
OECUMENIUS, Auteur Grec , qui a abrégé les Oeuvres de
S.JeahChryfoftome. On ne fait pas en quel temps il vivoit. Quelques-
uns le mettent dans le IX. Siècle , & d'autres dans le X. & d'autres enco-
re dans le fuivant. Nous avons fes Ouvrages en Grec& en Latin en
deux Volumes, imprimez à Paris ai 163 1. On yjoignit des Traitez at--
tribuezàAretas Evêque de Ccfarée en Capadoce. Jean Henten Moine
de S. Jerôme,traduifît toutes ces Pieces.qui font Enarrationes, ou Cateme
in A6îa Apoftolorutn. Commentarii in Epifiolam S. Jacobi & alias Canoni-
cas , vc. * Sixte de Sienne , Bibl. Sacr. li. 4. Jaques de Billi , Bellarmin ,
Polîevin , &c.
OEDIPE, étoitfilsdeLa'ius&deJocafte, Rois desThebes, Il fut
expofé auffi-tôt que né , à caufe des funeftes réponfes que l'Oracle avoit
rendues furfanaiflance. 11 fut trouvé fur le mont Cytheron, & puis éle-
vé dans la CourdePoIybe, Roi deSicyone ou de Corinthe. Depuis
ayant quitté ce lieu, il vintàThebes, 8c tua fon père, avec qui il prit
par hazard querelle , fans le connoître. Enfuite il délivra le pais du
Sphinx; &pourrécompenfeilépourafamere Jocafte&en eut des en-
fans. Cependant la connoifl"ance qu'il eut de fa naiffance lui découvrant
en même temps fon incefte, lui fit renoncer au Trône, & l'obligea à fe
crever lui-même les y eux, comme fe jugeant indigne de la lumière du
jour. *Diodorc, li. r. Stacç, tih. i. Theb. Seneque, Hygin, ApoUo-
dore, &c.
_ O E L A N D , Ifle de Suéde dans la Mer Balrique , près de la Pro-
vince Smaland, de laquelle elle eft féparée par le détroit de Calmar, dit
par ceux du pais Calmardfund. Ses Villes font Borkholm ôc Ooftenbi ,
ou Ottembi.
OENANTHIUS: Dieu du Paganifme adoré par les Phéniciens.
C'eft à ce Dieu qu'Heliogabale confacra fon Vêtement Impérial. *Lam-
pride. SU P. *
OENOE, ancienne ville du Pa'isAttique, Province de la Grèce,
ctoit fituée fur un fleuve dont les habitans de ce lieu arrêtèrent le cours ,
pour conduire fes eaux fur leurs terres, penfant par làleurcauferune
grande fertilité : mais bien loin de venir à bout de leur deffein , ces eaux
gâtèrent enrierement leurs campagnes, où ils firent quantité de foffes
qui les rendirent enfuite incapables d'être culrivées; d'où vint ce Pro-
verbe, Oeno'èsCharadran, c'eft-à-dire,Foflred'Oenoë , ufité parmi les
Grecs, qui rappHquoientàceux qui s'âttiroient un malheur par cela
même qu'ils croyoient leur deyoir être très-avantageux. * Thucydide ,
Strabon , Geograph. l. 8.
O E N O M A U S , Roi de Pife , ayant fû de l'Oracle qu'il feroit
*ué par celui qui époufçroit la fille Hippodamie, fit fl bien qu'il fe dé
OEN. OET. OEU. OFA. OFF. OGE. 49
faifoit de tous les Princes qui pretendoient à -fon alliance , après les
avoirvamcusalacûurfe. Pelopsfils de Tantale, ayant eu l'adrefl-e de
taire enrayer le chariot d'Oenomaus, vint à bout de ce qu'il fouhaitoit.
VoyczleS. Livre de Strabon.
OENOM AUS Philofophe célèbre dans le II. Siècle , en no;
* Eufebe , tn Chron. ■'
OENOTRUS, RoidesSabins, fclonVarron.ouArcadien com-
me veut Paufanias, peupla la côte du Golfe de Tarente, & donna le
nom d'Ocnotrie à ce pais , qui ayant depuis reçu de nouvelles peupla-
des de Grecs , prit dans la fuite des temps le nom de grande Grèce
* Virgile, /». 7. ^«ei(^. ° '•
Uinc ItaU gentes , etnnifcjue Oenotria tellus.
OETA, Montagne de Theffalie, fur les frontières d' Acha're ou Grèce
particulière, entre le Pinde au Septentrion, ôcleParnafleau Midi. Les
Thermopyles étoient un paflage de cette montagne , vers l'Orient. On
l'appelle aujourd'hui Bunina, Cette Montagne eft célèbre par la "mort
& par le fepulcre d'Hercule , qui s'y jetta dans un bûcher qu'il avoit pré-
paré pour un Sacrifice, après avoir mis la chemife que la femme Deja-
nire lui avoit envoyée. Voyez Dejanire. Ce fut de la, difent les Poètes,
que Jupiter enleva au Ciel l'Ame de ce Héros, ce que Silius Italicus
exprime en ces deux Vers , liv. 3
Inter cjus. fulget facratis ignibus Oete ,
Ingentémque Anhnam rafiunt ad jidera flammsl
Comme le Mont Oeta s'étend jufques à la Mer Egée , maintenant l'Ar-
chipel , où eft l'extrémité de l'Europe vers l'Orient , les Poètes ont feint
que le Soleil & les Etoiles felevoientà côté de cette Montagne , &qua
de là venoit le jour, & la nuit. Seneque m Hercule OetM, en parlé ainfi : '
Hâc , hue renatwn prima qui videt diem
Ora eligatur.
Silius, au Livre 6.
Vix dum clara dies fummâ lu/lrabat in Oet» '
Hersulei monumenta rogi.
Et Virgile in Culice :
Et figer attrato ftocedit Vefper ah Oeta.
Tite-Live en rapporte la raifon, //t/ 46. lorfqu'il dit, Extremos adOrien-
tem montes Oetam vacant , on appelle Oeta cette longue chaîne de Mon-
tagnes qui eft à l'extrémité de la Grèce vers l'Orient. On fait que les
Poètes font fortir le Soleil de la Mer àfon lever, &que les plus hautes
Montagnesenreçoiventles rayons les premières. Ainfi le Mont Oeta
étant fur le bord de la Mer Egée, & d'une hauteur extraordinaire, on
en a parlé comme de celui qui étoit le premier éclairé de la lumière du
Soleil levant: c'eft pourquoi le même Seneque, in Hercule Furente, hit
cette dcfcription du commencement du jour:
Jam caruleis evelîus equis
Titan fumtnum frofpicit Oetam.
Le Mont Oeta eft couvert de Forêts en plufieurs endroits, & fertile
en très-bon Ellébore. Le Golfe deZeiton étoit autrefois nommé Si-
nusOetms, pa'ce que cette Montagne s'étend îufques-là. *Ptolomée
Paufanias, Phne. SU P. ^
OEUF, Château de la ville de Naples, fituédanslamer, fur un ro-
cher , tenoit autrefois au Conrinent , dont il fut féparé par l'ordre de Lu-
cuUus, & auquel il eft maintenant rejoint par un beau pont. Il fut bâti de
forme ovale par Guillaume III. Normand. *Guichaidin, lib.i.. SUP.
O F.
L' /"^ F A N T E , que les Larins nomment Aufidius, Rivière d'I-
■ ■ talie entre la Capitanate & la terre de Bari , fe décharge dans
X^-^ la Mer Adriarique.
OFFA, Roi des Merciens en Angleterre, fe 'mit fur le Trône par
la mortdeBenrcd. Il fit faire un large foffé pour la défenfe d'une par-
rie de fes Etats; & fit la guerre à fes voifins les Rois de Kent , deWeftfes
& d'Eftangle , & aflaflTina lâchement ce dernier nommé Ethelbert , qu'il
avoit attire chez lui , fous prétexte de lui vouloir faire époufer fa fille.
Après diverfes conquêtes , il voulut alTurer fes vieux jours par d'il-
luftres alliances ; & fe reconcilier avec Dieu par une fincere pénitence.
Et en effet , il fit un pèlerinage à Rome , donna une parrie de fes biens
aux Eglifes & aux pauvres, & remit la Couronne à fon fils Egford fur la
findu VIII. Siècle. 'Polydore Virgile,/<.4.ii//Z.DuChefne,ayZ./.^;zff/
OFFEMBOURG, Ville Impériale d'Allemagne, capitale du pais
d'Ortnau en Alface. Elle eft à la Maifon d'Autriche , à une licuc du Rhin
& de Strasbourg.
O F F E N , Ville de Hongrie. Cherchez Bude.
O G.
OG , Roi de Bafan de la race des Geans , fe voulut oppcfer au paf-
fagedeslfraëlites; mais ceux-ci ruinèrent fon périt Royaume ^
quis'appelloitArgob, ou Thraconitide. %mbres, ii, Deu^
teronome, 3. &c.
OGENTI. Cherchez Ugento.
OGER , dont le nom eft célèbre dans les anciens Romans, fous celuî
dOger le Danois, vivoit du temps de Charlemagne. Il y a apparence
qu il eft le même dont parle le Moine de S. Gai ; lequel fe retira chezBi-
dier Roi des Lombards; & celui qu'Anaftafe nomme Antearius. Quoi
qu'il en foit, Oger rendit de grands fervices à Chariemagne durant fes
guerres , & fut confidéré en la Cour de ce Prin ce. Mais enfin dégoûté du
Siècle , il fe fit Religieux en l' Abbaie de St. Faron de Meaux , où il attira
un de fes amis , nommé Benoît. Ce fut à leur confidéradon que Charie-
magne donna la terre de Rez , & fit d'autres biens à cette Abbaie , où ces
deux bons Religieux moururent dans le IX. Siècle, en réputation d'une
grande pieté. On y voit leur Tombeau, undesplusilluftresmonumens
de nos andquitez du bas Empire ; & on connoît par ces deux vers , qui y
font écrits en anciens caradlercs , qu'Oger avoit une fœur nomméa
Auda mariée au célèbre Roland :
Auds, conjugium tibi do , Rolande , fororis ,
Perpetuumque met focialis fœdiis amoris.
Le Père Antoine Yepez a crû, après du Chefne, que le tombeau de
cet Oger, étoit celui d'un Gentilhomme de ce nom, Sieur de Char-
G. meo-!
OGÏ. OGN. OGY. OIE. OIN. OIS.OKI. OKÏl. OLA. OLB.
50 OGÏ.
mentrai près deMeaux, qui fe fit auffi Religieux de faint Benoît dans
la mêmeAbbaïedeS.Faron,rurlafinduXl. Siècle. Ce fut à Foccajion
d'une de fes fœurs nommée Gibeline, qui vivoit reciufe près de la même
Abbaïe. 11 y a pourtant bien des raifons qui perfuadcnt que ce même
tombeau eltdu premier Oger : ce que Dom Jean Mabillon prouvefo-
lidement dans le IV. Siècle des Vies des Saints de l'Ordre de famtBe- -• , c r- !. c" j ^ «^ q d- ■ r ^,
noit. Ceftauffi ce qu'on peutiugerdel'Epitaphe decetOger &deBe- Orore,/M.Tormel.!5alian&Sponde,^. Af.zijS. Ricaoh, Chron rc
i Monde,636. après le Déluge univerfel de Noé, 986. devant les Olympia-
1 des, & 1438. devant la mort d'Alexandre le Grand. Cette opinion eft
autorifée par le témoignage d'un ancien Auteur , cité par Cedrene.
D'autres en font auffi mention. * Cedrene , in Cotnpend. Hijl. Jule
; Africain dans Eufebe./i. i.dePnpar. Evang. Saint Auguftin , /;. 10. de
j Civ. c. 8. Saint Juftin ,/«/■?». ai |e»*. Clément Alexandrin , /i. i.Strçm,
noîtcompofé par Foulques ou Fûlceius de Beauvais, qui avoit étudié a
Meaux & écrivit dans le XI. Siècle, avant la mort même du Sieur de
Charmentrai. Cette Epitaphe, quoique barbare , n'cft pas mdigne de la
curiofité de ceux qui aiment les antiquitez. Gabriel Simeonis dePio- ^
rence la rapporte dans fes Voyages ; mais il ne favoit pas de qui elle |
étoit. La voici,
G}uàm maie difcermt quod amatjvelqualiafpermt,
Cu! f lacet aura SeLi , difflicet aura Poli!
Exul in externâ procul à regione fufernâ ,
Captus amorc vi£ , non meminit patris.
Militis Ogerii converjîo digna videri
Sujficit ad Jpeculum , quo Jiatuas ocidum.
Legis erat pondus , locitples , à Rege fecundtts ,
Nobilis cj' fapiens ,ftrenuus (y- patiens.
Tloribus his feptus : pnftabile culmen adeptus
Omnia pofihabuit , feque Deo tribuit,
'Evocat inviSîum rerum comitem Benediâîtif» ,
Ut par milttii. participet patris.
Criex fimul accipitur , Crucis c locus ifte fubitur:
C(ijar cr exuitur , Câfar e? induitur.
Ite pares anims. , per qudibet agmina primi , .
'Fortes Cefarei ,fortia membra Det.
Fortes Athleta ; per fecula cunâîa valete. .
Par Crucis e(i ipccies , par erit c requies.
O quàm par pukrum ! par vivere , parque fefulcrum ,
Par fuit £?■ tiimulns , par erit v" cumulus,
* Le Moine de Saint Gai, *reJ.C;irff/i Magniji. z. c z6. Yepez,.^»-
nul. Bened. T. II. Dom Mabillon , /. P. Ssc. IV. ce.
OGIER (Charles) naquit l'an 1595. à Paris, de Pierre Ogier, Pro-
cureur au Parlement. H 'apprit les Langues & le Droit à Bourges &:
puis à Valence en Dauphiné.Dansla fuite il fut Avocat au Parlement
de Paris; mais cette forte d'emploi n'étant pas conforme à fon inclina-
tion, il fut Secrétaire de Claude de Mefmes, Comte d'Avaux que le Roi
Louis XI IL envoya l'an 1637. AmbalTadeur en Suéde , Dannemark
& Pologne. Ogier fit un Journal de cette Ambaflade qu'on a pu-
blié après fa mort, en 1656. Il faifoit affez hcureufement les vers La-
tins.&eutpartàl'eftime des Hommes de Lettres de fon tems. Au re-
tour de fes voyageSjil tomba dans une maladie fàcheufe dont il perdit
l'œil gauche. Cela l'empêcha en parcie d'exécuter un deflein qu'il avoir
fait d'entrer parmi les Chartreux. 11 fe retira parmi les Chanoines Ré-
guliers de fainte Geneviève de Paris ; mais fes incommoditez conti-
nuelles l'ayant obligé de fe faire porter dans lamaifon de fon père, il y
mourut 9. mois après, le 11. Août de l'an 1654. qui étoit 1659. de fon
âge. Son corps fut enterré dansl'Eglifede S.Jean en Grève. Il s'étoit
lui-même fait cette Epitaphe qui eft comme l'abrégé de fa vie.
Plo Viatori. *
Perlege , parva mora efl; îumulo decumhit in ijla
Carolus Ogerius. f
Katus Parifiis , Mederici fonte renatus.
Prima elemtnta puer
Parijiis didicit. Humanis artibus illum
Inflituit Biturix.
Inde Valentinà ,fiudiis non fegnibus , haujn
Jura Latina , feholâ,
Parijio demum exercens utcumque Senatu ,
Munera Caujïdici ;
Heu fat a ! heu levitas! mutatur & ad nova verùf
illico confilia.
Ergo abit ad Danos , ad Suecos , atque Polonos ,
Memmiademque fequens
Per mare , per terras , vires amijit eundo :
Atque Jtniftro oculo
Captus ; fcribendis animum , qui plurima vidit ,
Apfulit Hiftorïts.
Tors fortem mutajftt adhuc ,fixijfet in ifio
Hune nifi mors tumulo.
Charles Ogier étoit frère de François O g i e R,Ecclefiaftique d'un
mérite fingulier qui étoit avec le Comte d'Avaux à la paix deMunfter
en 1648. 11 publia , en 1665. un recueil de fe^ Sermons fous le nom
d'Aâions publiques. C'eft lui qui avoit auffi fait imprimer le Voyage
de fon frère.
OGIGES {Og'^ges) fut Roi du ,païs d'Ogygie & d'Afte , qu'on ap-
pella depuisBeotie &Attique. On lui attribue la preniieiefondationde
Thebes & d'Eleufine. C'eft de fon tems qu'arriva un déluge dont quel-
ques-uns croyent qu'il fe fauva & d'autres aflurent qu'il y périt avec la
plupart de fes Sujets. On eftauffi en peine de fixer le temps auquel ce
déluge arriva. Torniel, Salian, Sponde, Riccioli 5c divers autres, fui vant
les Anciens, Jule Africain, Clément Alexandrin, &c. mettent cette inon-
d.ition célèbre l'an deux mil deux cens cinquante huit , du Monde ,
en la 60. de Jacob , 1010. devant le rétablilTement des Olympiades, &
1043. devant la fondation de Rome. LeP. Petau l'a mis dans fa Chro-
nique l'an 2951. ou 58. de la Période Julienne: Mais il changea depuis
de fentiment. Car dans fon Regître des tems , il place ce déluge en
l'année 1937. delà même Période ;fe fondant fur l'autorité de l'ancien
Chronologue de Smyrne , qui avoit gravé quelques Epoques fur des
Tables de marbre, tranfportées en Angleterre, par les foins du Comte
d'Arondel. II y en a d'autres qui fixent cette Epoque en l'année 1291. du
Oi
form. //. 3 . £. I . ». 4. Cfc.
OGINE ou O G ivE, Reine de France, femme du Roi Charles IH.
dit /e5i»!;)/e, étoit fille d'Edoiiard I. & fœur d'AdeIftan ouEdelftanRoi
d'Angleterre. Elle eut de Charles , Louis IV. qu'on furnomma d'Ou-
tremer; parce que cette PrinceflTe ayant fû la nouvelle de la prifon du
Roi fon époux , chercha un refuge à fon fils dans la Cour du Prince
Anglois fon trere. Auffi Louis fut rappcUé d'Angleterre , pour être mis
fur le Trône , comme je le dis ailleurs. Il fit venir , vers l'an neuf cens
trente-huit , fa mère à Léon , qui en fortit en 95 1. âgée de plus de 4^.
ans. Ogive fe remaria alors avec Herbert de "Vermandois Comte de
Troyes.fils de Herbert II. qui avoit tenu Charles fon mari en prifon.
Le Roi fon fils en témoigna un déplaifir extrême. De ce îecond maria-
ge, elle eut Etienne mort fans lignée en 1019. Se Agnès féconde fem-
me de Charles Duc de Lorraine , mort av.e.c lui en prifon à Orléans. *
Sainte Marthe , Mezerai , Hift. de France.
OGNA SANCHA , Comteflfe de Caftille, vivoit environ l'an 990.
Etant veuve, elle devint paiEonnément amoureufe d'un Prince Maure,
& ayant réfolu de l'époufer , elle forma le deflein d'empoifonner fon
fils Sanche Garcia Comte de Caftille, lequel pouvoir s'y oppofer. Gar-
cia eu fut averti ;& étant à table, comme on lui eut préfenté du vin
empoifonné par l'ordre de cette Princefle , il diffimula ce qu'il favoit,
& par civilité pria fa Merc de boire la première. Ogna voyant fon cri-
me découvert, & defefpcrant d'en obtenir le pardon, bût tout ce qui
étoit dans la coupe , & mourut peu de tems après. On dit que de là
vint la coutume en Caftille, de faire boire les femmes les premières:
Ce qui s'obferve encore aujourd'hui en divers endroits d'Efpagne , par
manière de civilité. Le Comte de Caftille qui n'avoit peut-être point
d'autre deflein que de découvrir la vérité , parut fenfiblement touché
de ce malheur , & fonda le Monaftere, de S. Sauveur d'Ogna , d'où on a
depuis ôté les Religieufes, pour y mettre des Religieux. • Louis de
Mayerne Turquet , Hiftoire d'Efpagne. S UP.
OGYGES. Cherchez Ogiges.
01.
I E , Ville & Comté de France en Picardie,quî s'étend depuis Ca-
lais jufques à Gravelines & Dunkerque. Ce pais a été plufieurs
fois pris & repris. Les Anglois l'ont gardé durant plus de deux cens
ans. Les Efpagnols l'avoient auffi pris durant les guerres civiles de la
Ligue ; mais ils le rendirent par la paix de Vervins.
OIE, petite Ifle près de celle de Ré.
OINGTS; Hérétiques Anglois, dans le XVI. Siècle , qui difoienî
que ic'feul péché qu'on pouvoir faire au monde , étoit de ne pas em-
bralTer leur doélrine. *Genebrard, in Pio V. SUP.
OiSE, Rivière de France, que les Auteurs Latins nomment Oe^a
ou j^fîa. Elle a fa fource en Picardie , vers les limites du Hainaut &
de la Champagne.à huit lieues au deflus de Guife près de Vervins. C'eft
à Hieflbn en "Tierache. Elle traverfe la même Province de Picardie.arro-
fe Guife, la Fere où elle reçoit la Sarre ,pafle près deNoyon & à Corn-
piegne;& reçoit au defl"ous de cette Villel'Aifnc,>4A;D»<?, dont la four-
ce eft au Barrois fur Clermont près de Souilli ; L'Oife pafTe auffi avi
Pont S. Maixant.à Creil.à Beaumont,au Pont dit de rOife,& fous
Pontoife vers Poiffi elle fe décharge dans la Seine , au lieu dit Fin
d'Oife. C'eft à fixlicuës de Paris, du côté de Rouen. Papyre MafTon,
Defc.flum. Gall,
OK.
OKINI. Cherchez Ochin.
OKRAINA , Province. Cherchez Ukraine.
OL.
OLAUS ou OLACjRoi de Norwege, vivoit dans rc'nziéme Siè-
cle. Il agit avec un zèle extrême pour établir la Foi Orthodo-
xe dans fes Etats; & parce que certains hommesquifeméloient
de magie s'y oppofoient, il les chafla de fon Royaume- Canut Roi de
Dannemark & d'Angleterre, quil'avoitdétrônéune fais, fut caufe que
quelques-uns de fes Sujets l'aflaffinerent. Ainfî il mourut pour la Foi ,
& le Ciel approuva fa fainteté par des miracles. 11 mourut environ l'an
ioi8. * Adam deBremen, li. r. Hift. Fccl. c.4 cfeq. Olaiis Magnus, &c.
OLAUS II. vivoit auffi dans l'onzième Siècle. Les autres en met-
tent des Rois de Danemark & de Suéde. Mais ces remarques font peu
importantes. Il fuffit de voir les Tables des fucceffions Chronologi-
ques que je mets, fous les noms de D.innemark & de Suéde,
OLAUS MAGNUS. Voyez Magnus.
OLBERT,OsBERT ou Ai.bert, Abbé de faint Jaques , puis de
Gemblours.recommandablepar fa pieté & par fà fcience; & qui félon
Sigebert , devoir être préféré ou du moins comparé aux plus dodes.
Il étoit en eftime dans le XII. Siècle. Il naquit à Ledern dans le Païs-
Bas;il fut élevé dans le Monaftere de Lobes, & enfuice étant venu à
Paris, il refta quelque tems dans celui de faint Germain, où il s'adon-
na à l'étude, & fut difciple de Fulbert de Chartres, & deBurchard de
■Wormes. Cependant on le fit Abbé de Gembleu ou Gemblours. 11 écri-
vit l'Hiftoire du Vieux & Nouveau Teftament , & quelques Vies des
Saints, & mourut en r 148. Sigebert parle de lui en divers endroits. Vol-
fius eftime qu'Olbert Abbé eft différent de celui de Lobes, quoi qu'en
difent Arnoul'Wion, Se ValereAndié qui rapporte cettfe Epitaphe :
Hic jacet Abbatum fpeculum , decus c" Monachorum , '
Abbas Olhertus ,flos , paradife , tuus.
Préfuit Ecctefiis normali tramne binis.
Legia , corpus habes , Cembla carendo doles,
» Si-
OLB. OLD OLE.
■^Sigthat, lie Script. Eccl. c. 141. e? in Chron, Gimblac. Amoul Wioni
de Ltgno vils. Valere André , Bibl. Belg^ Le Mire , Bibl. Bdg. Voïîius,
OLBERT FOLIETA de Gènes. Cherchez Foglieta.
OLBERT DE LOBES. Cherchez Albert, &C.
OLBOR. Cherchez Osbor.
OLDCASTEL, Hérétique qui prêchoit les erreurs de Wiclef*, par-
mi lesAngloiS,en i4i3.Ilétoitfiadroitqu'ilfecachoit ou dans des ca-
ves ou dans des bois, quand les Officiers de la Juftice fe mettoient en état
de le prendre» Il eft vrai qu'il fut à la fin furpris , lorfqu'il pufalioit fes
, impoftures avec plus d'opiniâtreté & d'infolence. Il fut livré au bras fé-
culieren I4i6.&puni defes blafphêmes. * Harpsfeld, Hifl. Wiclef. c. 13.
Walfingham , ^. C. 1417. Sponde, inAnnd. A.C. 1413.». 3. 141J.
». 65. .
OLDEMBOURG , Ville de l'Empire en Weilphalie. Elle eft fur
la petite Rivière de Hont qui fejette dans le Vefer , où les Comtes d'Ol-
dembourg ont droit de péage. CetteVille eft la capitale d'un Comté à qui
elle donne fon nom , & qui eft entre la Frife, le Diocéfe de Munikr, le
Duché de Bremen &laMerGermanique.OnyjointleComtédeDal-
menhorft. Cepais appartient préfentement au Roi deDanncmark.qui
eft de la Maifon des Comtes d'Oldembourg. Je remarque fous le nom
d'Ho!face,commeonacnique cette Maifon defcend de celle de Saxe
fondée par Witikind le Grand. Theodoric U fortuné. Comte d'Oldem-
bourg, eut trois fils, comme je le dis au même endroit. G£RARD,qu'on
furnomma le Courageux, étoit le troifiéme, & il mourut en exil en 1499.
ou 1500. Il avoit époufé en 1453. Adélaïde, Comtefle deTecklen-
bourgqui mourut l'an 1477. & il en eut cinq fils & cinq filles ; Gérard ,
mort en France : Diaterich , décédé en jeunefTe : Othon, mort en 1 500.
Adolfe,quiufurparOftfrife,fut prifonnier durant fept ans,& mourut
à la guerre en 1500. Jean qui fuit, &c. Jean qui étoit le XIV. Comte
d'Oldembourg de ce nom, mourut en 1516. 11 avoit pris alliance dès l'an
1498. avec Anne de la Maifon des Comtes d'Anhalt, morte l'an 1531.
Leurs enfans furent Jean XV. né en 1499. & mort en 1548. George, né
en if,o-L. & mort enijsi.Chriftophle, né en 1504. & mort en 1566.
fans laifTer lignée : Antoine, qui fuit; Et Anne, femme d'Ennon II.
Comte d'Ôftfrife, née en 1501. & morte en 157^. Antoine qui fut
Comte d'Oldembourg du confentement de fes frères, étoit né l'an 1 50^.
& il mourut le 12. Janvier de l'an 1573. Ilavoit époufé en r5;37. So-
phie DuchelTe de Lawembourg, dont il eut Jean XVI. Comte d'Oldem-
bourg : Antoine Comte de Delmenhorft,clont je parlerai après avoir
fait mention de fon amé; Anne mariée à Gontier^Comte de Schwartzen-
berg, morte en 1579. Catherine, femme d'Albert Comte d'Oye;Et
Claire morte fans alliance l'an 1598. Jean XVI. Comte d'Oldembourg
naquit en 1540. & époufa en 1576. Elizabeth , fille du Comte de
Schwartzburg , dont il eut Jean-Frederic , mort en enfance, en 1580.
Antoine Gontier qui fuit : Catherine femme d'Augufte ,EJuc de Saxe:
Anne-Sophie , née en 1 5 79. Marie-Elizabeth , née l'an 1 5 8 1 . & Magde-
leine , femme de Rodolphe d'Anhalt , Prince de Zerbft. Antoine-Gon-
't-ier, Comte d'Oldembourg né le i. Novembre 1583. prit alliancc^au
mois de Juin del'an 1634. ou 35. avecSophie-Catherinefilled' Alexan-
dre, Duc de Holface-Sunderburg j & il eft mort fans lignée en 1667. Le
Roi de Danemark & fes autres coufins paternels ont été héritiers des
biens propres de fa Famille; Scies enfans de fa fœurMagdeleine, Prin-
celTe de Zerbft, lui ont fuccédéau Comté de Jevern qu'il avoit eu par
aquifition. Antoine d'Oldembourg , Comte de Delmenhorftnàquit
en 1550. & mourut l'an 1619. ayant eu de Sibylle , fille de Henri, Duc
de Brunfvvic-Danneberg , Antoine Henri , né le 8. Février 1604. &
mort eni6ii. Chriftien,néle26.Septembrei6iz. & mort le 13. Mai
1647. Sophie-Urfule.femme du Comte de Barbi: Catherine- Elizabeth
morte fans alliance, l'an 1649. Claire mariée en 1645. à Aiigufte-Phi-
iippe. Duc de Holface-Sunderburg, morte en 1647, Sidonie, alliée
avec le même Duc, en 1649. & morte eniéjo.Anne femme dejean-
Chrifticrne , Duc d'Holface-Sunderburg , frère aîné d'Augufte-Philippe:
Emilie mariée à Louis Gontier , Comte de Schwartzenberg ; Et Julien-
lie,alliéeen 1652. avec Mainfroi, Duc de Wirtemberg à Brentz-Weil-
tingcn. Voyez Holface,& confultez les Auteurs que je cite à lafinde
cet Article.
OLDENDORPIUS (Jean) Jurifconfulte étoit de Hambourg, ne-'
Veu d'Albert Crantz, a été en grande confidération , dans le feiziéme
Siècle. Il fe rendit habile dans le Droit , & l'enfeigna avec réputation à
Cologne & à Marpurg . où il mourut le troifiéme Juin de l'an 1567.
Nous avons plufieurs Traitez de fa façon, comme des Commentaires
fur diverfes Queftions du Droit. Praâîicaaiîionumforenjîiim. VaruLec-
tionesyVc * C\\'jX.x«.us , in Saxon. Nigidius,"»» e/f»c^o. Profejf. Mar-
furg. Pantaleon, It. 3. Profop. Melchior Adam, in Vit. 'Jurifc.Ger-
man. vc
OLDENSEL ou Oldenseel , Ville de l'Over-Iflel dans le
Pais-Bas. Elle étoit autrefois forte; mais les HoUandois l'ayant prife en
î6i6.ils démolirent les fortifications; & depuis ce tems-là ils en font
les maîtres. Oldenfeel eft une affez jolie Ville.
OLDERIC ou Orderic Vitalis. Cherchez Vitalis.
OLDON, Moine Efpagnol de la Congrégation deCluni, eft Au-
teur d'un Traité des divers Offices, miiulé , nationale di-umorum Offi'
eiorum & de quelques Vies des Saints. On connoît qu'il vivoit dans le
XIII. Siècle en 1117. par ces deux vers, qui fontau commencement
du premier de fes Ouvrages que je viens de citer:
Oldonius librum fer Chrifium confiât iflaift
Bis dents annis feftem fufra mille ducentis.
OLDRADUS, natif de Lodi en Italie , étoit un excellent Jurif-
confulte qui vivoit en 1330. II écrivit divers Traitez. Tritheme parle de
lui , de Script. Eccl.
OLEARIO ou DE Ulariis (Barthelemi) Cardinal, Evê-
que de Florence dans le XIV. Siècle, étoit de Padouë. 11 entra jeune
parmi les Religieux de faint François, & s'y diftingua. Il fut élevé en
fuite fur le Siège Epifcopal de Florence , & aquit Je Chapeau de
Tom. lY.
OLE. OLG. OLL |î
Cardinal , que le Pape Boniface' IX. lui donna en 1389. Ce I^ohti.
fe employa Oleano en diverfes affaires importantes , & il l'envoya
Légat dans le Royaume de Naples.où il mourut à Gayette,]e i6
Avril 1396. * Angelo Portaneri . li. ^. .. 9. Ciaconius/ Wadinge ,
étn?^S^7^.'^ (Jérôme) Religieux de l'Ordre de faint Dominique
etoit natif de Lisbonne en Portugal , ou , félon d'autres , de Azambu ja
quidl un Bourg près du Tage. Çeft peut-être pour cette raifon que
les Portugais 1 ont furnommé Oleafter de Azambuja. Quoi qu'il en
YVT 11 ni'^'flP'"' ^'''"u ^T'P? "î"" fon Ordre ait eu dans le
XVI. Siec e. Okafter etoit un bon Philofophe de la manière qu'on l'étoit
alors; folide Thco ogien ; habile dans l'intelligence des Langues,
pnncipalement dans 1 Hébraïque, la Gréque & la Latine. C'eft parleur
fecours qu il fit un grand progrès en l'étude de l'Ecriture Sainte Sa
réputation le fit fouhaiter en Italie, où il fit un voyage en U4c &
fut un des Théologiens que Jean III. de ce nom , Roi de Portusal
choifit pour affifter de fa part au Concile de Trente. Oleafter s'y fit
admirer. A fon retour en Portugal, le Roi le nomma à l'Evêché de
1 lile de S. -Tome en Afrique; mais il s'en difpenfa. On le fit depuis
InquiUteur de la Foi, il eut les principales Charges de fon Ordre dans
ft Province; & il mourut l'an 1563. Oleafter avoit compofé divers
Commentaires fur l'Ecriture; mais nous n'avons que ceux qu'il a faits
furlePentateuque, & fur Ifaie. 'Antoine de Sienne, Bibl.Domin
Nicolas Antonio & Andréas Schotus, Bibl. Hifp. Le Mire, de Script.
OLEN , Prêtre Grec, de la Ville de Dymedans VAchaïe , Provin-
f^,n I^S',^"-^ ' '^°™P°'"» des Hymnes fort belles que l'on chantoitdans
1 111e de Delos, pendant les cérémonies que l'on y faifoit pour les mala-
des, en jettantfur eux la pouffiere que l'on ramalToit fur le fépulcre de
la DeeiTc Ops ou Cybele, que les Grecs appelloient Hecaërge , c'eft-à-di-
re, gut a la vertu d'opérer loi». Quelques-uns ont crû que ce Poè-
te a été l'Inventeur des Vers hexamètres. * Faufanias , in Phoc,
SU P.
^t9^^^9^ ou Oloron fur le Gave , Rivière dite d'Oleron,
Ville de France en Bearn , avec Evêché SufFragant d'Auch. Les
Anciens 1 ont nommée diverfement, lluro, llurane , horonenhum, & Fh
lorenimm civuas, Elorona & Olero. La Ville, qui étoit grande & belle,
tut ruinée par les Normans dans le IX. Siècle, &: enfuite rebâtie vers
lan 1080.. parCentuIle, Vicomte de Bearn& d'Oleron. Elle eft iituée
lur une eminence, avec une vieille Tourjarrofée de la Rivière du Gave,
qui la fepare d'un fauxbourg dit de Sainte-Marie, où eft le Siège Epifco-
pal. Saint GratEvêque d'Oleron affifta au Concile d'Agde,en 506. U-
cere fe trouva au IV.de Paris en cinq cens feptante trois , & au II de
Maçon en. sSj.Abienta foufcrit au VIII.de Tolède en fix cens cin-
quante fept. La Ville d'Oleron fouffrit beaucoup dans le feiziéme Siè-
cle, que les Calviniftes y étoient les maîtres,& que Gérard le Roux ou
Rouflcl de leur parti , fut mis fur le Siège Epifcopal de cette Ville par la
Reine de Navarre. Le Gave d'Oleron eft formé de ceux d'Afpe&d'Of-
feauquifejoignpntaudcfîbusdela Ville. * De Marca, Hifi. de Bearn.
ArnouldOihenart,//.3.N«)«>. utriufque Vafcon.c. ït.. Sainte Marthe
Gall. Chrift.. l j 3 ,
OLERON , Ifle de France fur les côtes de Xaintonge , avec une
Forterefl^edemêmenom. Les Latins la nomment Vliarus. Elle a cinq
lieuës de longueur, & dix ou douze de circuit. C'eft l'Olarion deSido-
iiius ApoUinaris , féconde en lapins , comme Savaron l'a remarqué. Sca-
liger&Merulafe font trompez, en croyant queSidonius vouloir parler'
de la Ville de ce nom. Car Pierre de Marca nous affure qu'on n'y trouve
point de lapins. Au contraire l'Ifle d'Oleron en a beaucoup.
_ OLE VI AN (Gafpar) Miniftre Proteftant d'Allemagne , étoit fils
d'un Boulanger de Trêves , où il naquit le 10. Août de l'an IÎ36. Il
étudia le Droit à Paris & à Bourges , & la Théologie à Genève. De là
étant revenu dans fon Pais , il voulut enfeigner laPhilofophie & prêcher
la dodrinc des Proteftans , mais le Clergé de Trêves s'y oppofa, & Ole-
vian prit le parti de fe retirer à Heidelberg. Il y enfeigna quelque tems,
il fut enfuite Miniftre dans quelques Bourgs ;& mourut le 15. ÀJars de
ran1587.agedes1.ans. Gafpar Olevian lailTa quelques Ouvrages peu
importans. Deux Livres de Dialedique. Des remarques fur les évan-
giles, &c. Voyez la Relation de fa vie & de fa mort delà façon deTeari
Pifcator.
OLGERD.E, Grand Duc deLithuanie,fuccéda en i3zs.àfonpe-
re Gedimin , qui mérita ce nom de Grand Duc, parce qu'il avoit fait Je
grandes conquêtes qui s'ètendoientjufqu'auPont-Euxin. Il mourut en
1381. & eut pour fuccefleur fon fils Jagellon , qui époufa une Frincelfe
Chrétienne, & s' étant fait baptifer , prit le nom d'Uladiflas.*Hornmss
Orb. Imper.
OLIBRIUS ( Flavius Anicius ) fut fi confîdéré, que Léon Empe-
reur d'Orient lui fit donner en mariage Placide fille de Valentinien ,
que Genferic Roi des Vandales renvoya à Conftantinople, comme je le
disailleurs. Depuis il fucceda à l'Empire à Anthemius, par la faveur
de Ricimer. Mais il ne jouît pas long-tems de cette dignité, car fept
mois après il fut tué par les Gots, qui mirent Glycere à fa place, en
471. Il lailTa une fille nommée Julienne , mariée à Areobinde,quele
peuple voulut mettre à la place d'Anaftafe.*Cafliodore & Marcellin,
en fa Chron.
OLIBRIUS, Général de l'armée de l'Empereur Aurelien , à qui
cet Empereur donna vers l'an 274. la garde des frontières de l'Empire du
côté de l'Euphrate. Ayant alors un pouvoir abfolu dans toute la Pifidie
Province de l'Afie Mineure, il y perfécuta les Chrétiens avec beaucoup
de cruauté , & fit mourir fainte Marguerite.parce qu'elle étoit Chrétien-
ne, & qu'elle refufa del'époufer. * Pierre de Natalibus. Metaphrafte,
dans le récit dit Mariage de fainte Marguerite. S UP.
OLIBRIUS ou olybrius ( Hermogenianus ) Proconful d'Afrique ,
fous Conftantin leGrattd, en CCCLIV. & enfuite Préfet de la Ville.
ou Gouverneur de Rome. Il eft fouvent fait mention de lui dans le Code
Theodofien,& il y a encore une infcription à Rome en fon honneur.Il y
aeudeuxautresO/yérwfunpeu plus récens, Jac.Gothofredus in Profo-
pogr. Cod. Theodofiani.]
G 3, OLIER
n
O L î.
OLIER Mâqu") Inftituteur & Fondateur du Séminaire de faintr
Sulpice à Paris, naquit en cette Ville le lo. Septembre 1608. 8c étoit fils j
de M Olier Maître des Requêtes. Après avoir fait fes études, & pris le |
dearé'de Bachelier enThèologie il fit- un voyage à Rome,& à Nôtre-Da-
me de Lorette. Etant de retour à Paris, il fut aflbcié par M. Vincent à
la compagnie des Millionnaires ;& après avoir reçu l'Ordre dePrêtrife
en 1633. il entreprit de faire uneMifTion en Auvergne, où étoit fituéc
fon Abbaïe de Pebarc. Au bout de fix mois, il fut obligé , par les pour-
fuites de ceux qui s'oppofoient à la réforme de cette Abbaïe de revenir à
raris. Y étant, il quitta fon (:arroflre& fon train, 8c fe prépara à une fe-
tondeMiffion en Auvergne.qu'il fit pendant-dix-huit mois, avec unluc-
.cès admirable. L'an 1038. il fit un voyage en Bretagne, pour y refor-
mer unMonaftere de Religieufes , où il rétablit l'Oblervance Réguliè-
re. L'année fuivante le Cardinal de Richelieu lui écrivit que le Roi
l'avoit nommé à la Coadjutorerie de l'Evéché de Châlons fur Marne , 8c
lui envoya en même tems le Brevet ; mais Olier refufa cette di-
gnité : 8c quelque tems après il s'engagea avec plufieurs E-clefiafti-
ques dans le defl'ein d établir un Séminaire pour difpofer aux faints
Ordres , &c aux fondions Sacerdotales ceux qui embraflent l'Etat
Ecclefiaftique : à quoi il fut excité par le Père Condren , Général
de la Con<'régation de l'Oratoire. Olier fut deftiné Supérieur de ce Sé-
minaire, que fon effaya d'établir premièrement à Chartres : mais enfuite
on jugea à propos de fare cet établiiîeraent à Paris , ou aux environs. Au
commencement del'année 1642. Olierloiia uneMaifonà Vaugirard;
Se quatre mois après , M. de Ficique , Curé de faint Sulpice, le pria d'ac-
cepter fa Cure qu'il vouloir quitter à caufe des defordres qu'il voyoit
dans la Paroifle. Olier y confentit , parce qu'il avoir un grand zélé
pour la gloire de Dieu; 8c après avoir refule un Evêché, il prit poflTef-
■fion de cette Cure au mois d'Août 1641. En même tems il appella au-
près de lui ksEcclefiaftiques qui écoient à Vaugirard , 8c appliqua les uns
au fervice de la Paroiffe,8c les autres à la conduite du Seminaire.dont l'é-
tabliffement fut approuvé 8c confirmé par l'autorité des Supérieurs Ec-
defiaftiques,8c par des Lettres patentes du Roi. En 1652. il tomba ma-
lade , &i fe démit de fa Cure entre les mains de l'Abbé de S. Germain des
Prez, qui la conféra à M. de Bretonvilliers. Etant réchappé de cette ma-
ladie', il alla établir un quatrième Séminaire au Pui en Vêlai : car outre
celui de Paris, il en avoir encore établi deux, l'un à Nantes 8c l'autre à
Viviers. Il fit enfuite une Million générale dans le Vivarais , 8c rétablit
l'exercice de la Religion Catholique dans la ville de Privas,d'où elle étoit
bannie depuis plus de trente ans. De là il revint à Paris, pour y conti-
nuer fesfaints exercices: mais l'année fui vante, étant alors âgé de qua-
iante-quatreans,il fut attaqué d'une apoplexie , qui le rendit paralyti-
que de la moitié du corps En 1654. il envoya de fes Ecclefiaftiques à
Clermont en Auvergne, pouryetablirunSeminaire.il en donna d'au-
ttespour accompagner une Colonie de François quialloit habiter l'Ifle
de Mont-real dans la Nouvelle France, 8c pour travailler à la converfion
des Sauvages. Enfin après avoir rendu de fignnds fervices à l'Eglife, il
mourut faintement le 2. Avril 1657. âgé de quarante-huit ans 8c demi.
Il a laiffé des Ouvrages de pieté , qui font remplis de Dieu , Si que toutes
les Perfonnes Dévotes 8c Spirituelles elliment fort. * Le P. Gui, Vie
des Grands Serviteurs de Dieu.
OLIMPE {Olympus) montagne de ThelTalie, près d'Oiîa ScdePe-
lion. Caftalde 8c le Noir lui donnent le nom de /lar^a. Il y en avoir une
autre dans la Myfie en Afie, près de la ville de Prufe , que les Turcs nom-
ment diverfement , Anatolaidag , Emerdag , Emiodag , 8i Kefrhifdag.
Une dansia Lycie, avec une Ville de ce nom; 8c une dans Chypre.qu'E-
tienne de Luzignan nomme TrudJe. Pline, Ptolomée,Strabon 8c Solin
parlent de quelques autres Montagnes de ce nom ; mais elles ne font pas
fi confidérables. 11 ne les faut pas confondre avec le mont Olympe, en
Champagne vers la Meufè.
OLIMPIA FULVIA MORATA. Cherchez Fulvia Mo-
rata.
OLIMPIAS, (Olympias) fœur d'Alexandre Roi dés Epirotes,
époufa Philippe Roi de Macédoine , 8c fut mère d'Alexandre le Grand
Son humeur altiere la mit mal avec fon mari , qui en époufa une autre.
On dit dit même qu'il la foupçonna d'adultère. Après la mort de Philip-
pe , elle fe moqua de la vanité de fon fils , qui vouloit faire accroire
qu'il étoit né de Jupiter. Elle lui écrivit de ne la point mettre mal avec
Junon , & de ne la pas expofer à la haine de cette Déeffe , puis qu'elle
n'avoitrien fait qui mérirât ce châtiment. Après la mort d'Alexandre
en 430 de Rome, elle fit affaffiner Aridée, Eurydice, Nicanor 8c cent
îlluftres Macédoniens. Caffander l'ayant fû étant devant Tegée en Arca-
die, vint afiiéger Pidne,oii cette cruelle Princeffe étoit. 111a prit 8c la
fit mourir, l'an 438. de Rome. *Flutarque ,/» vita Alexand. Quinte-
Curfe , lullin , &:c.
OLIMPIAS , fainte veuve Se Diaconifie de l'Eglife de Conftanti-
nople , du tems de S. Jean Chryfoftome. Elle étoit fille du Comte
Anilius ?><. nièce du Préfet Abla vins , célèbre du tems deConftantin lé
Grand: mais fa vertu étoit encore plus illuftre que fa naiflance. Ne-
bridius l'époufa 8c le Menologe des Grecs dit qu'il mourut avant la
confommation du mariage, de forte qu'elle demeura vierge ?<. veuve
tout enfemble. Mais P?.llade écrit qu'elle demeura avec lui vingt mois
feulement. Les plus célèbres Evèques de l'Orient furent invitez à fes
noces ; 8c faint Grégoire de Nazianze n'y pouvant venir , lui envoya un
excellent Epithalame. En perdant Nebridius , elle étoit devenue extrê-
mement riche; & l'Empereur Theodofe la voulut remarier à Elpidius
qui étoit fon coufin; elle le refufa, 8c'quoi que le Prince nefutpasfatis-
fait de ce refus, elle vainquit par fa confiance :8c par fa vie pénitente,
elle fe rendit la gloire de l'EghTe de Conitantinople , dont elle étoit
Diaconifle , comme je l'ai dit. Elle n'employa fes biens que pour les
Eglifes 8c pour les pauvres. On l'envoya en exil dans le tems que faint
Chryfoftome y fur envoyé , 8c elle moUrur faintement, vers l'an 404.
Le Menologe des Grecs en fait mémoire le 2 y. Juillet. *Pallade, LauJ.
Hifi. c. 41. £?* de Vit. Chryfofl. Sozomene U. 8. Baronius , iw ^»m«^
OLIMPIODORE, (Oiyw/Wore) Moine Grec que quelques-uns
font Philorophe Peripateticica , & d'autres Diacre de Conftantinople
O L î.
ou d'Alexandrie , vivoit dans le IX. ou X. Siècle, & même dans le XT. au
fentiraent de Bellarmin. 11 fit des Commentaires fur l'Ecclefiafte &
fur Job que nous avons dans la BibUothéque des Pères 8c ailleurs. Six-
te de Sienne met deux Ohmpiodores , un Moine 8c l'autre Diacre.
* Sixte de Sienne , /;, 4. Bibl S. Bellarmin , de Script. Eccl, Poflevin ,
in Appar. Sacr. c^c.
OLIMPIODORE , originaire de Thebes en Egypte , Hiftorien
Si Poète Payen , vivoit dans le V. Siècle. Il compofa une Hiftoire
qu'il diftingua en vingt-deux Livres , 8c qu'il commença au leptié-
me Comblât des Empereurs Honorius 8c Theodofe le Jeune , à qui
il dédia fon Ouvrage. Elle va jufqu'-à la première année de l'Empire
de Valentinien ; c'eft-à-dire, depuis l'an 407. jufqu'en 425, Son
ftile avoir de la clarté, mais foible: de fortequefa pièce ne pouvoit
paffer que pour des Mémoires. Voyez ce qui nous en refte dans l'hotius ,
ceid. 80.
OLIMPIODORE, dont parle Suidas, qui étoit d'Alexandrie,
Philofophe Peripateticien, qu'on fait Précepteur de Proclus 8c Auteur
desCommentairesfur quelques Traitez d'Ariltote ôc de Platon. Il vi-
voit en 480.
Olimpiques, (Olympiques) Jeux célèbres de Grèce. Hercule les inftitua
environ l'an 2836. du Monde ; 8c 441, ans après Iphitus les rétablit Ils fe
célebroient de quatre en quatre ans versleSolftice d'Eté, durant cinq
jours, fur les bords du Fleuve Alphé, proche de la ville dOlympie,
dite aujourd'hui Langanica,où étoit le fameuxTemple dejupiter Olym-
pien. Athénée dit queCorœbus y fut couronné le premier, ayant lur-
monté les autres à la courfe. Il y avoir des prix pour d'autres exercices.
J'ai déjà fixé ailleurs le tems de cette célèbre Epoque,avant laq uel le ^'ar-
ron ne trouvoit que fables 8c que ténèbres dans l'Hiftoire des Gre^:s.Pour
ne pas répeter ce que j'ai déjà dit, cherchez Iphitus 8c confultez Paul
Cruùiis , ti.de Epoch. Origan. T.I. Ephem. Scz\iger , de emendat Temp.
li. I. e?' 5. Perau , de doH. c in Ration. temp.Tormel , Salian 8c Spon-
de, in Annal, vet. Te/l. Lange, de Ann, ChriJlijKizziolifChron.re-
form. T. 1. li. 3. c. 2. u-c.
[ OLIMPIUS , ou plutôt Olympius , Maître des Offices dans la
Cour d'Honorius en CCCCVllI.Zofîme en fait fouvent mention, auffi
bien que le Code Theodofien;8c il y a deux Lettres de S. Auguftin , qui
lui font adrcffées. Jac. Gothofredi Profopographia, Cod. Theodofiani. ]
OLINDE , Ville deBrefil en l'Amérique Méridionale, en la Capi-
tainie de Fernambuco dont elle eft capitale. Elle eft fituée fur une coline,
avec un Port vers l'embouchure du Fleuve Bibiribe,8c une f - rterefle dite
de S. George. Les Hollandois la prirent en 1629. mais enfuite ils l'aban-
donnèrent; de forte que depuis ce tems-là les Portugais en font les maî-
tres, auffi-bien que de rour le territoire.
OLIVA (Alexandre) Général de l'Ordre de faint Auguftin & puis
Cardinal, n'a eu pour caufe de fon élévation que fon mérite. Il
naquit à Saxoferrato qui a été honorée par la naiflance de Barthole 8c de
Nicolas Perrot Archevêque de Siponte. Ses parens étoient pauvres des
biens de la fortune. A l'âge de trois ans il reçût une féconde naiirince.
11 tomba dans un refervoir d'eau 8c on l'en tira mort. Sa mère qui avoit
beaucoup de pieté, le porta dans une Eglife de la fainte Vierge, 8c il y re-,
vint en fanté. Ce miracle fut admiré de tout le monde. Cette bonne
mereatoit fait vœu de confacrer à Dieu lejeune Alexandre 8c le remit
aux Auguftins, Cette éducation fainte fervit merveilleufement à fortifier
les inclinations , qu'il avoit pour la pieté 8c pour la fcience. Il étudia à Ri-
mini, -à Bologne & à Peroufe , 8c fit un fi grand progrès dans la connoif-
fance des Lettres faintes , qu'ayant profen"é la Philofophie dansia der-
nière de ces villes, il fur encore nommé pour y enfeigner la Théologie.
Cependant il fut élu Provincial , 8c quelque -tems après on l'obhgea
d'accepter la charge de Procureur Général de l'Ordre. C'eftcequi l'o-
bligea d'aller à Rome,oii fon favoir 8c fa vertu furent admirez, Ale-
xandreOliva cachoir pourtant avec foin toutes cesgrandesqualitez;8c
le Cardinal de Tarenre Protecteur de fon Ordre ne pût jamais lui per-
fuader de fe trouver dans lesdifputespubhques , où tout le monde fou-
haitoit d'y voir éclater fa grande érudition 8c fa (ubrilité. Il ne pût
pourtant pasfe difpenfer de prêcher 8c d'écrire; 8c comme il étoit fu-
blime Théologien 8c éloquent, il écrivoit 8c prêchoit avec tant de force
que le vice 8c le defordre ne lui refiftoient que par leur naturelle opinià-
rreté. 11 partit fur les Chaires des premières "Villes d'Italie ; 8c Rome , Na-
ples , Venife , Bologne, Florence, Mantouë 8c Ferrarel'admircrenr éga-
lement. Cependant il fut élu Vicaire Général de fon Ordre, puis Géné-
ral en 1459. &c enfin Cardinal en r46cs. C'eft le Pape Pie II. qui le mie
au nombre des Cardinaux. Ce fut un effet du difcernement de ce
grand Pape, qui étant Im-même le plus favant homme de fon tems,
pouvoit juger du mériteT8c fefitun plaifir d'élever Alexandre Oliva.
Pie II. lui donna enfuite l'Evêché de Camerino, &c fe fervit de lui
dans diverfes occafions. Ce grand homme mourut peu de tems après
à Tivoli , où étoit la Cour Romaine, Se où on le confidéra comme un
Saint. Ce fut le 21. Août de l'année 1463. en la 5;. de fon âge. Son
corps fut porré dans l'Eghfe des Auguftins de Rome , où l'on voit
fon Tombeau de marbre avec cette E^it^çhs: Alexandre Oliv^Saxo-
ferratenfi Theol. Clariffîmo Eremit. S. Augu/lini ab Infantia fpei maxtmét
Alumn, Sjui cum ejjet fui Ordinis Generalis , ob jingidarem Doâlrinam ©•
vit£ SanHimoniam Cardinalis à Pio IL ignorans creatus efi. Vixit annis LV,
Obiit anno falutis M. CCCC. LXUJ.
Vt tibifola âedit probitas , non gratia foli ,
Digno cardintum nomine , réque decus;
Sic eadem indignis raptum dum tollit ad aftra ,
Fœlix hoc, inquit. Principe Koma foret.
Alexandre Oliva laifla divers Traitez : De Chrifli ortu Sermones cen-
tum. De cœna cum ApoftoUs fa^a. De peccato in Spiritiim fanc-
tum. Orationes élégantes , Li. L <a-t,_ * Jofeph Pamphilius , Chron.
Ord. S.Aug. Ambrolius Coriolanus, in Chron. Auguft. Onuphre, in
Chron. Thomas Gratiani, in Anaflafi. Antoine Poflevin , in Appar.
facro. Bzovius , in Annal. Eccl. T. XVII. ad Ann. 1463. n. 34.
Cornélius Curtius, in elog, viror. illujlr. Augufi. Auberi , Hiji. des
Cardin. Hfc.
OLI-
OLL
'OLÎVA (Jean Paul) Général des Jefuites, naquit àGénesehiôo.
d'une illullre famille qui a donné deux Doges à cette République. 11 fc
faifoit admirer dans fes prédications & comme il n'avoit pas moins de
fageiFe pour gouverner, que d'éloquence pourperfuader, onlui don-
na la conduite du Collège des AUemans, puis celle du Noviciat ,& en-
fin il fut élu Général de l'Ordre en 1661. 11 ne quitta pas pour cela les
exercices delaChaire; & le Pape Innocent X. l'ayant fait Prédicateur
du Palais Apoftolique.il continua cet emploi l'ous trois autres Papes,
Alexandre 'Vil. Clément IX. & Clément X. Umouruten i68i.dansla
Maifon du Noviciat à Rome , après avoir pafle plus de 65. ans dans la So-
ciété, & en avoir été plus de vingt ans Général. C'eil lui qui a fait conf-
truire & peindre cette belle Eglilcdesjefuites, qui eft une des merveil-
les de Rome. La mort de ce grand homme fut beaucoup regretéé.
Plufieurs Perf^pnes illuftres fe faifoient un plaifir d'avoir commerce
de Lettres avec lui. Ce Père y correfpondoit par les liennes,dont on
a fait un recueil impriméà 'Venife en 1681. par lefquelles on peut
juger de la réputation qu'il s'étoit aquifc, auffi-bien que par fes au-
nes Ouvrages imprimez à Lyon. *Mémoires du Tems. SUF.
OLIVARES, Comté d'tfpagne dans la Caftille 'Vieille, proche
de 'Valladolid. Henri de Guzman Comte d'Olivarès , fut Ambalfadeur
à Rome fous Philippe II. Roi d'Elpagne. La faveur de fon fils Gafpard
deGuzman Comte-Duc d'Olivarès fous Philippe IV, eftauffi contiuë
que la difgrace. On l'accufa d'avoir porté par fon orgueil les Portugais
à la révolte. Marguerite de Savoye, autrefois DuchefTe de Mantouë,
aVoit la 'Viceroyauté de cet Etat. Michel 'Vafconcellos, Secrétaire du
Comte-Duc, y traitoit très-durement les peuples, fans fe foucier des
ordres de la Princelîe. Après que les Portugais eurent fecoué le joug
des Efpagnols en 1640. Marguerite ôcl^Ambafladéur de l'Empereur en
firent leurs plaintes au Roi d'Efpagne, & ils accuferent le Comte-Duc
d'Olivarès d'être feul la caufe des malheurs de l'Etat. Le Roi lui ccim-
nianda de fe retirer de la Cour ; & il en mourut peu après de déplaifir.
11 eut pour fucceffeur en fa faveur Don Louis de Haro-Guzman , qui
étoit fon neveu , mais qui n'avoit pas fujet de l'aimer. Celui-ci a été
Duc de Carpio, Comte- Duc d'Qhvarès, &c.ScMiniftre d'Etat. Il con-
clut l'an ^[659. avec leCatdinal Mazarinla paix des deux Couronnes,
& pour cette raifon , le Roi d'Elpagne lui érigea en 1660 le Mar-
quifat de Carpio en Duché Grandeffe de la première claffe , il lui don-
na auffi lefurnom de la Paz, pour éternifer dans fa Famille la mémoi-
re de ce grand Ouvrage de la paix. Nous avons dlverfes Relations de la
difgrace du Comte-Duc d'Olivarès.
OLIVE. Cherchez Olifi. ■
OLIVENÇA , Ville de Pottugal dans la Ptovince d'AlertceU.Eile
eft fituéefur la Guadiana , bien fortifiée 5î confidérable. Les Efpagnols
la prirent en 165 8. mais elle fut rendue par la paix de Lisbonne de 1668.
Olivença eft au deflbus de Badajox.
OLIVET, ou Mont des Olives; ce lieu a tiré fon nom des Oli-
tiers, qu'on y voyoit autrefois. Le Sauveur du Monde s'y retira le foir
de fa Paffion; & ce fut fur ce Mont , qu'il fut enlevé aux y eux de fes Apô-
tres. On ettime que ce fut en ce même lieu que David fuyantfonfils
, Abfalon, fe profterna devant Dieu. * S. Jérôme , de locis Hebr. AH. Apoft.
Saint Pauhn, epifi. ii.adSev. Sulpice Severe, in Hifi. Bede , de loch
Sanâîisi c. 7. Optât, //. 6, in Parm. Baronius, A. C. 34. Juvencus,
li. 4.
Montis Ollvêti cohfcindunt culmina cm6ii,
OLI'VET. Cherchez Monte-Oliveto.
OLIVET, ou O LI vE Tô. Principauté du Royaume de Naples ,
Vers le milieu de la Bafilicate.
OLIVETAN (Robert) parent de Jean Calvin,- eft le premier qui
ait ofé publier une Bible Françoile fur l'Hébreu & fur le Grec pour les
Proteftans des Vallées, qui l'engagèrent à ce travail. Elle a été impri-
mée à Neufchvitel en 155:3. qui eft la première année de la prétendue
réformation des Huguenots. Olivetan entreprit detraduirela Biblefur
l'Hébreu, fans avoir une connoiffance fufBfante de cette Lahgue , en
confuhant les anciens Interprètes derEcriture,auiri-bien que les nou-
veaux; & préférant la Verlion des Septante, ou celle de Saint Jérôme,
lorfqu'il croyoit qu'elles faifoient un meilleur fens , que celles qui ont
été tirées des Rabbins. Avectout cela fa Traduction ne fut pas tout-à-
fait approuvée de Calvin, qui la trouva écrite en un langage trop dur
& barbare. C'eft pourquoi il travailla dans la fuite du tems à en adou-
cir les expre(rions,ouplûtôtà la refaire: de forte qu'il n'y a eu qu'u-
ne Edition de la Bible d'Olivetan , qui eft devenue aflez rare. On a attri-
bué celle qui fuivit à Calvin, qui aflurément ne favoit pas plus d'Hé-
breu que fon parent Olivetan : mais il avoit une bien plus grande fa-
cilité que lui à écrire en François. * Richard Simon. SUP.
OLIVETO, Général de l'Ordre des Jeronimitains. Cherchez
Loup d'Oliveto.
OLIVI ou OliVe (Pierre Jean) dé Sdgnano àU Diocefe de Be-
aiers. Religieux de l'Ordre des Mineurs, qui vivoit dans le XIII. Siè-
cle. Il fut accufé d'avoir foûtenu par écrit des opinions particulières,
au fujet de la fainte Vierge, qui furent caufe qu'on le condamna à
brûler fes Livres. L'amour qu'il avoitpourlapauvrcté&pourl'étroite
oblervance de fa Règle , lui fit des ennemis de fes frères , qui déterrant
fon corps après fa mort , arrivée environ l'an mil deux cens quatre-
vingt-dix-fept , le condamnèrent comme hérétique , & brûlèrent fes
Livres. Cependant Agne Clareno Huberrin de Cafal,& d'autres qui
ont écrit des Apologies pour lui , foûdennent que c'étoit un faint Hom-
me, & que même après fa mort. Dieu approuva fa faintetépardes mi-
racles. * Antonin ,f;f. 14. c.p. §. II. CP'iS. Wadinge, iw Annal. Min.
r.J/.Sponde,.4.C. 1178. «iZo.O" 1x97.». 7. Sandere, Sixte de Sien-
ne, &c.
OLIVIER , Abbé. Cherchez du Bois;
OLIVIER (François) Chancelier de France, étoit fils de Jaques,
Premier Préfident , dont je parle ci-après, & de Geneviève deTulieu
fa premierefemme.il n'égala pas feulement fon père enfcience &en
ÔLî. ÔL
Vertti; tftàis.il lefurpafla en dignité & en grandeur: Car après avoit éfë
ConfeiUer de la Cour , & s'être très-bien aquitté de plufieuts Ambaf-
fades importantes ,enfin parfon propre mérite&à la recommandation
de Marguerite Reine de Navarre , fœur du Roi François 1. ce grand
Monarque lui donna un Office de Préfident au Moitier, au Parlement
de Paris, le douzienie Juin 1543. Il avoit déjà été Chef du Confcil &
Chanceherde la même Reine. Il parvint à cette première- Charge de la
Robe en France. Car ayant été dabord commis à la Garde des Sceaux
qu'on avoit ôtezàMatthieu de Longuejouë.il fut enfuitenomméChan- ■
telier de France, par Lettres données âRemorentin le 18. Avril iC4<.
Olivier étoit dodle , éloquent .judicieux , fincere , bon ami , & ce qui eft
plus confidérable en la pcrfonnc d'un fouverain M.tgiftrat& d'un grand
Miniftre.il étoit doué d'un courage inflexible, & d'une force d'efprit
qui ne fc relâçhoit jamais de ce qu'il devoit à fon Roi & à fa Patrie Aorès
la mort de François I. Henri 11. fon fils, àla perfuaflon de la Duchefle
de Valendnois, lui ôta les Sceaux, fous prétexte delefoulagerdans fes
infirmîtez & dans fa vieilleflTe. Et en effet ce grand homme avoit été
attaqué de paralyfie, & enfuite s'étant remis un peutroptôtà^exel■ci-
: ce de fa Charge , il fut extrémémentincommodéde la vue par unedet
I cente d'humeur fur les yeux. En quittant fa Charge il en obtint là
I referve des droits & honneurs, par Lettres données àChamborlez.
; Janvier 15 51. Après cela, il fe retira chez lui, & en 1559. le Roi Fran-
; çois II. lerappellaàlaCour ,& il le remit en l'exercice de fa Charge. II
! eft vrai que ce fut pour peu de tems : car il mourut à Amboife le 30.
[ Mars 1560. Son corps fut rapporté à Paris, & enterré a faint Germairi
! de l'Auxerrois près de fon peie. Les Auteurs parlent très-avantageufe-
ment du Chancelier Olivier , de fa fermeté & de i'on courage. L'iimpe-
reur Ferdinand I. envoya l'Evêque de Trente , Ambaffadeur en FrancCj
pour y demander la reftiturion de Mets , Toul & Verdun. Cétoit au
commencement du règne de François II. 8c l'Empereur s'étoit fervià
delTein de la conjonfture favorable du règne d'un Roi pupille pour ga-
gner quelqu'un du Confeil. Mais le ChanceHer qui y préfidoit heureule-
ment, & qui a voit trop d'expérience pour ne pas découvrir les intentions
de l'Evêque de Trente, ouvrit lui-même les avis dans le Confeil , & il dit
hardiment. Qu'il falloit faire trancher la tête à celui qui favoriferoit les
demandes de l'Empereur. Une propofition fi hardie ferma la bouche à
ceux que l'Evêque de Trente avoit gagnez. Le Chancelier Olivier avoit
époufé Antoinette deCeriiai, fiUede Nicolas, Sieur de Rivières, dont
il eut entre autres enfansjE AN OLiviEk I. du nom, Sieur de Leu-
ville. Celui-ci prit alliance avecSufanne de Chanbanes, fille de Char-
les Sieur de la PalilTe , & il eut Jean Olivier II. du nom , Sieur de Leu-
ville mariée à Madelaine Laubefpine, fille de Guillaume, Sieur de
Châteauneuf & de Marie de la Chaftre. Leurs enfaris furent Louis qui
fuit : Claude , Chevalier de Malihe : Anne femme de Pierre de Mornai^
Sieur de Villarceaux: Marie &MagdeIaine. Louis Olivier I. du nom.
Marquis de Leuville, Maréchal des Camps & Armées du Roi, époufa
en mil fix cens trente- fix Mari* Morand, fille de Thomas, Baron dii
Mefnil-Granier , ConfeiUer dEtat & de Jeanne Couchon fa première
femme , dont il eut Louis IL qui fuit : Et Marie- Anne Olivier , femme
d'Antoine Ruzé II. du nom , Marquis d'Effiat , premier Ecuyer de M,
le Ducd'Orleans. Louis OLiviERlI.dunom, Marquis deLeuvilIe^
Cornette des Chevaux-legers de la garde du Roi mourut au com-
mencement du mois deNovembre de l'an 1671. fanslaiflerdesenfansde
N. de Laigue , fille de N. Sieur de Laigue & Baron de Chandieu dans le
Viennois en Dauphiné. Divers Aureurs ont parié avec éloge du Chance-
lier Olivier & de fa Famille , comme De Thou , Godefroi , &c.
OLIVIER (Jaques) Premier Préfident au Parlement de Paris j
étoit en grande eftime au commencement du XVI. Siècle. Le Roi Louïâ
XII. perfuadé de fa capacité & defbn mérite le nomma fon Avocat
Général au Pariement de Paris, où il étoir déjà très-confideré. Les fer-
vices qu'il rendit au Roi & au public dans (Jet emploi ,perfuaderent à fa
Majefté qu'il en meritoit de plus importans.En 1507, elle l'honora de
l'Office d'un des Prefidens à la Cour , & trois ans après elle le créa Chan-
celier de fon Duché de Milan, dont le brave Gafton de Foix étoit Gou-
verneur. Depuis le Roi François I.l'éleva à la première Dignité du Par-
lement de Paris. Ce fut en 15 17. &ilmourut leio.NoverSbreisîçf,
il étoit Seigneur de Leuville , Puifieux , Sec.
OLIVIER (Jean) Cherchez du Bois.
OLIVIER (Séraphin) Cardinal , Evêque de Rennes eii Bretaghé.'
étoit narif de Lyon. Il étudia à Bologne en Droit Civil & Canon ; & enr
fuite étant alléàRome,lePapeFie IV. le fit Auditeur de Rote, dont il
fut Doyen , ayant exercé cet emploi durant quarante ans. Grégoire
Xill. Sixte IV. & Clément "VIII. l'employèrent en diverfes Nonciatu-
res. Ce dernier J'ayantfait Patriarche d'Alexandrie, lui donna en 1604.
le Chapeau de Cardinal , à la recommandation du Roi Henri le Grand.
Il fut Evêque de Rennes après le Cardinal d'Oflat , & il mourut en
i6op.*Jufte Lipfe, f/.53.C7' 56. Cch^. 5.D'Ofl"at //é. 2. e/). 4. a' Ub.
S. ep. 143. Frizon , Gall. Purpur. Sandere, de Cardin. Spondc, in An-
nal. Sainte Marthe , Gall. Chrift. de Epifc. Redon.
OLIVIER DE CLISSON. Cherchez Cliflbn.
OLIVIER LE DAIN, Barbier. Cherchez le Dain Olivier.
OLIVIER DE MALMESBURY, que d'autres appellent El-
mer ou Egelmer, Religieux Benedidin, étoit Anglois,& vivoit dans
le XI. Siècle. Il étoit très-favant dans les Mathématiques , particuliè-
rement dans l'Aftrologie , & fe mêloit de prédire l'avenir. Comme
il fe plaifoit aux chofcs extraordinaires, il voulut un jour imiter
Dédale & voler en l'air. Dans ce deflein il monta fur le haut d'une
Tour, d'oij il s'élança en l'air, mais les aîles qu'il avoit attachées à
fes bras à & fes pies ne le portèrent qu'environ fix- vingts pas loin de
cette Tour; & étant malheureufcment tombé , il fe calla les jambes,
dont il mourut à Malmesburi en 1060. * Pitfeus , de llhift. AngU
SUP.
OLLER (Bernard) dit communément Olerius ScOllenfîs, Géné-
ral de l'Ordre des Carmes, étoit de Manrefa petite Ville de Catalo-
gne fur le Cardonner.il étoit favant, homme de bien, & bon Religieux.
Ces qualitezle firent efti mer dans fon Ordre, & en 1375. onlechoifit
G 3 pou?
54 OLL. OLM. OLN. OLO.
pour en être le chef, dans le Chapitre général qui fut tenu au Pui. Il
croit occupé à la vilite de fesMonafteres en 1378. lors que 1 Eghje fut
déchirée par un Schifme entre Urbain VI. & Clément V 11 Bernard Ol-
1er prit de bonne foi le parti de ce dernier. Ce procède offenfa Urbain,
qui fit élire Général Melchior de Bologne. Plufieiirs Monafteres furent
pourtant toujours fournis à Oller, lequel mourut l'an 13S8. à Bruges
dans le tems qu'on y tenoit le Chapitre général. lia lailîé quelques Ou-
vrages, De Origine Ordinis Carmelttani. De Jmmaciilata Virginis Conceptio-
ne crc. * Poffevin , in /ippar. Sacr. Boëriius, in Catal. Gemral. Carm. Lu-
ciu's , in Bibl. Carm. Alegre, in Parad. Carmcl. Le Mire, in Autl. de Script.
Eccl. vc o ■ j 1
OLLIERS: certains Anti- Luthériens ou Sacramentaires dans le
XVI. Siècle, qui fe regaloient tour à tour ,& fe plaifoient à faire bon-
ne chère. * Prateole. SVP. ,
OLMO (Francifco) Médecin de Brefle en Itahe,a ete en réputa-
tion fur la fin duXVl. Siècle, 11 étoit favant en toute forte de litera-
ture , & on le confulta fouvent de toutes les parties de l'Europe. Il
mourutl'an 1600 à Difenzano près de Breile.Nous avons divers Ouvra-
ges de fa façon en profe& en vers.* Ghilini,X«a*. dHmm. Letter. Van-
der Linden , fkc. , . n- , ,
OLNEI (Jean) Chartreux d'Angleterre , efoit en eltime dans le
XIV. Siècle, vers l'an mil trois cens cinquante. Il fit divers Traitez
de pieté, comme les Miracles de la fainte Vierge en cinq Livres, &
des Méditations folitaires. ♦ Petreius , Bihl. Cart. Pitfeus, de Script.
L'OLONOIS fameux Aventurier du XVII. Siècle, natif de Poi-
tou, proche d'Olone, dont il a retenu le nom. Il quitta laFrancedèsfa
jeunelle , & s'embarqua à la Rochelle où il s'engagea a un habitant des
Jfles de l'Amérique, qui l'y emmena, & le fit lervir trois ans en qua-
lité d'Engagé. Etant forti de fervitude , il fe retira fur la Cote de S.Do-
niingue,oii il fe joignit aux Boucaniers. Ayant mené cette vie quel-
que tems , il voulut aller faire quelque courfe avec les Aventu-
riers François, qui fe retiroient àVIfie de la Tortue , proche la gran-
de Ifle Efpagnole.il fit fort peu de voyages en quahte de Compagnon;
car fes Camarades le prirent bien-tôt pour Maître , & lui donnèrent
un VaifTeau.avec lequel il fit quelques prifes. Ayant été pris desEfpa-
gnols , qui tuèrent prefque tout fon monde , & le blefferent , il fe mit
parmi les morts, & fauvafavie par ce ftratagême. Puis les Efpagnols
s'ctant retirez , il prit l'habit d'un Efpagnol qui avoit été tue dans le
combat, & s'approcha de la ville de Campêche,où il trouva moyen
de parlera quelques Efclaves, à qui il promit de les mettre en liberté,
s'ils vouloient lui obéir, ce qu'ils acceptèrent. Ces Efclaves amenèrent
le Canot de leur Maître en un lieu où l'Olonois les attendoit , afin de
s'embarquer & de fefauver. Cela leur réuffit fi bien, qu'en peudejours
ils furent à laTortuë. Cependant les Efpagnols qui croyoïent l'avoir
tué , firent des feux de joye de fa mort. Mais ils apprirent bien-tôt
qu'il étoit en état deleurfairedelapeitït.LcGouverneur delà Havana
ayant été averti que l'Olonois croifoit proche de cette Côte, avec deux
Canots.où il y avoit onze hommes dans chacun , fit équiper une Arma-
dilla , c'eft-àdire , une Frégate légère , armée de dix pièces de canon , &
de quatre-vingts hommes d'élite : mais après un rude combat, l'Olo-
nois s'en rendit maître, & coupa lui-même la tête à tous les Efpagnols ,
qu'il fit pafler devant lui l'un après l'autre, ne pardonnant qu'au der-
nier,qu'il envoya au Gouverneur de la Havana, pour lui dire que s'il
pouvoit , il lui teroit le même traitement. Il prit enfuite deux grands
Vaifleaux Efpagnols, & ayant attire à fon parti plufieurs autres Aven-
OLO. OLY.
turiers , il forma une Flotte avec laquelle il alla piller la ville de Ma-
racaïbo , ou Marecaye, dans la Province de Venezuela , fur le bord dû
Lac de Marecaye: puis celle de Gibraltar fur l'autre bord' de ce Lac,
qu'il fit brûler. Après plufieurs autres exploits où il fit paroître fon
courage , en allant croifer devant Carthagene , il fut engagé d'aller à
terre pour piller quelque Bourgade , où il fut pris par les Indiens fau-
vages,qui le hachèrent par quartiers, le firent rôtir, 8cle mangèrent*
*Oëxmelin,Hi/2. des Indes Occidentales. SU P.
OLORON. Cherchez Oleron.
OLYBlUS,Illull:re Citoyen de Padouë, dans le Tombeau duquel
on trouva, dit-on, une Lampe, qui y étoit allumée depuis environ
1500. ans, entre deux vafes, l'un d'or.St l'autre d'argent ^ remplis d'u-
ne liqueur très-claire, avec une Infcription , dont voici les deux der-
niers Vers : m
Hortum hoc maximum Maximns Olybius
Plutoni facrum facit.
Cette Lampe fut trouvée en fouiflant dans un champ du terroir
d'Atefte , maintenant Elle , dans l'Etat de la Répubhque de Venife,
proche de Padouë , vers l'an 1500. Quelques-uns ont crû que cet
Olybius étoit un Payen fort favant , & qui croyoit l'immortalité de
l'Ame , qu'il avoit marquée par ce feu qui ne s'éteighoit point : &
que de ces deux phioles , celle qui étoit d'or , fignifioit la Volonté ; 8c
l'autre qui étoit d'argent , reprefcntoit l'Efprit. D'autres fe font ima-
ginez que ces phioles étoient pleines d'une eflence qui contenoit les
Elemens chymiques,8c la matière de la Pierre Philofophale. *Licet.
de Lucernis Antiq. S UP.
OLYMPE. Cherchez Olimpe.
OLYMPE , Evêque Arien , blafphemant un jour à Carthage con-ï
tre la Divinité du Fils de Dieu , fut tué de trois coups de foudre , &
fon corps réduit en cendres par le feu du Ciel , comme le témoigne
P. Diacre. * Sigebert , en fa Chronique, & Sabellic , li.z. Ennead. 8. SUP.
OLYMPIADE, efpace de quatre années , ainfi nommé des Jeux
01ympi<îues qui fe célebroient de quatre ans en quatre ans , vers le Solf-
tice d'Eté, fur les bords du fleuve Alphée, proche de la ville dePife,
& du Temple de Jupiter Olympien , dans l'Elide, Province du Pelo-
ponnefe. Ces Jeux furent rétablis par Iphitus , 441. ans après qu'ils
eurent été premièrement inftituez par Hercule. Ce rétabliflement fe
fit 11. ou 13. ans avantlaFondationdeRome,&lesHiftoriensGrecs
commencèrent un nouveau compte à Ja première année de la première
Olympiade. Il faut remarquer , qu'à pajler jufte, toute année Olym-
piadique appartient à deux années Juliennes : favoir les fix premiers
mois depuis Juillet jufqu'en Janvier à la précédente, & les fix derniers
mois depuis Janvier jufqu'en Juillet à la fuivante. Mais la plupart
des Auteurs parlent des Olympiades comme fi elles avoient commen-
cé au premier jour de Janvier: de forte que , par exemple , c'eft le
même de dire: Cela s'eft fait en la i. année de la 6. Olympiade ; que
de dire : Cela s'eft fait en l'Année Julienne , en laquelle a commencé
la fixiéme Olympiade. Pour entendre la Chronologie qui eft marquée
par les Olympiades , connoître à quelles années devant Jesus-
Christ elles fe rapportent , on ne peut trouver de moyen plus
prompt ni plus certain que les Tables fuivantes qui font difpofées
d'une manière où l'on voit l'analogie des Nombres entre les rangs &
les colonnes. Chaque quarré inférieur diminuant 10. du fuperieur;
8c chaque collatéral, 4. du précèdent.
ta:
O L.
O L.
ss
TABLE
POUR LA REDUCTION DES OLYMPIADES
AUX ANNE'ES DEVANT LA NAISSANCE DE JESUS-CHRIST
Olynt- •ytn-
piadei. nées.
s- Ohm- ^n- !
Cïgi pta4^s. nées.
xAa) divMt & Olym-
Cs-^rt ptaaes.
nées.
OiH, devant ^ Olym.
Jefus . ChrtJI. f£ fUdes.
an-
nées.
jini-, devant f.
JefKS - Chu/!.
O L.
O L.
O L.
O L.
T7
^ns àevATit
Jefus-Chrifv,
i^^^^
240
239
238
^-37
ZlO
2ip
218
ÎI7
^^^^
ZOO
1(59
198
197
ï8o
17P
178
177
^^^^
i6o
159
ifS
H7
140
I3P
138
'57
* Le nombre des années Olympiadiques ou Iphitiques , jufques à la NaifTance de J e s u s-C h r i s t , eft de 775.
:elui des Années de Rome n'effc que de7f3. parce que la première Olympiade commence zj. ans avant la Fonda-»
ion de R omp
celu
tion de Rome.
Tome IV.
a
OLYM-:
js
OLY. OMA.
OLYMPIE, Villed'ElidedanslePeloponnefe.oùily avoit un fa-
meux Temple dédié à Jupiter, furnommé Olympien, du nom de la
ville. La ftruûure de ce Temple étoit admirable, & il y avoir des richef-
fes immenfes , à caufe des Oracles qui s'y rendoient , & des Jeux Olym -
piques , qu'on célebroit aux environs en l'honneur de ce Dieu : mais la
Statue de Jupiter faite par Phidias , étoit ce qu'on y eftimoit le plus . &
on la mit au nombre des Merveilles duMonde.Paufaniasen faitainlila
defcription. On voit le Dieu afTis dans unThrône, quieft d'or & d'y-
voire, de même que la Statue. 11 a fur la tête une couronne qui femble
être de branches d'olivier : dans la main droite il porte une Vidoire d'y-
voire .laquelle a une couronne fur fa coëfFure qui eft toute d'or ; & il
tient à la main gauche un Sceptre fait d'un alliage de tous les métaux ,
&furmonté d'une Aigle. La chauifure de Jupiter eft toute d'or; & fur
fa draperie , qui en eft auffi , il y a des animaux , & des fleurs-de-Iys en
grand nombre. Le Thrône ell enriclii d'y voire, d'ébene, d'or, de pier-
reries, & de plufieurs figures en bas relief: & l'on voit aux quatre piés
de ce Thrône quatre "Viaoires,& deux aux deux piés de la Statue. Aux
deux piés de devant du Thrône, on a mis encore d'un côté , des Sphinx
qui enlèvent déjeunes Thebains; & de l'autre , les Enfans de Niobé
qu'Apollon & Diane tuent à coups de flèches. Entre les piés de ce Thrô-
ne,ou a repréfenté Thefée & les autres Héros qui accompagnèrent Her-
cule , pour aller faire la guerre aux Amazones , & plufieurs Athlètes.
Tout le lieu qui environne le Thrône, eft enrichi de Tableaux qui re-
préfentent les principaux combats d'Hercule, & plufieurs autres Sujets
illuftres de l'Hiftoire Au plus haut du Thrône .Phidias a mis d'un côté
lesGraces,& del'autreles Heures, parcequeles unes & les autres font
Filles de Jupiter, félon les Poètes. Sur le marchepié, où l'on a pofé des
Lions d'or, on voit encore le combat des Amazones & de Thefée. Sur
la bafe il y a plufieurs figures d'or , favoir le Soleil montant fur fon
char; Jupiter. & Junon ; les Grâces. Mercure, Vefta, & Venus qui
reçoit l'Amour. Outre ces figures on y trouve celle d'Apollon, de Diane,
de Minerve, d'Hercule , d'Amphitrite , de Neptune, & de la Lune
que l'on a repréfentée fur un cheval. 'Voilà ce qu'en dit Paufanias. Quoi
que cet Ouvrage ait été l'admiration de tous les anciens, Strabon y a
remarqué un grand défaut , en ce qui regarde la proportion , parce jue
cette ftatuë étoit d'une grandeur fi prodigieufe, qu'elle n'auroit pu être
debout fans percer la voûte. Dion , Suétone , & Jofeph ont écrit que
l'Empereur Caligula voulut faire enlever ce Jupiter; & ces Hiftoriens
rapportent les prodiges quile détournèrent de cette entreprife. Il faut
encore ici remarquer que dans ce Temple on y voyoit plufieurs Au-
te\s,doni\lY emyoifandéàié ^ux Dieux Inconnus: ce qui a du rapport
à l'Autel d Athènes, dont l'Infcription étoit au Dieu Inconnu. * Che-
vreau , Htfioire du Monde. SU P.
OLYMPIENS, nom que les Athéniens donnoient aux douze
Dieux principaux aufquels ils avoient dédié un Autel fort magnifique.
Ces faufl"es Divinitez étoient Jupiter. Mars, Mercure, Neptune, 'Vul-
cain , Apollon , Junon . Vefta . Minerve , Cerès , Diane , & Venus. On
dit qu'Alexandre, après avoir conquis la Perfc, écrivit aux Athéniens
pour leur demander que fa ftatuë fut mife au nombre de ces Dieux & fur
le même Autel: ce que la fuperftition des Grecs lui fit facilement ob-
tenir. *DeiTipfter,/» Ko/». , iElian,/ii'. 5. SUP.
'"OLYMPiODORE, Capitaine Athénien , vivoit environ l'an du
Monde 3730.11 commanda une armée pour les Atheniens.contreDe-
metriusfilsd'Antigonus ,undesfuccefFeiirs d'Alexandre /e Grand ,<\Vl"\\
vainquit , quoi qu'il n'eût pas un fi grand nombre de Soldats. Il reprit le
Mufée dont les Macédoniens s'étoient emparez, & les ayant chaflez de
ce Fort , il délivra fa ville de leur domination. 11 vainquit enfuite Cafl'an-
der parlefecours des Ètoliens : 8c défit enfin les Macédoniens dans un
troifiéme combat, avec une troupedEleufiniens.il mérita ainfi qu'en
reconnoiflance de fa vertu, & des fervices rendus à fa patrie, le Sénat lui
décernât aprèsfa mortl'honneur d'une ftatuë d'airain qui lui fut élevée
à Delphes. * Paufanias,;» Attic. SU P.
OM.
OMAN, Faux Dieu des Perfans, que les Mages étoient obligez d'a-
-iorer tous les jours, & de lui chanter des hymnes pendant une
lieure , ayant leur tiare fur la tête , & portant delà verveine à la
main. D'autres le nomment Aman.* Strabon,/;. 15. Vofllus,^e/(/o/. 5' I7P.
OMAK I. fécond Calife , ou fucceifeur deMahomet.il fut élevé à
cette dignité après laMoit d'Abubequer en 634. 11 eut guerre d'abord
contre Ali, qui étoit le légitime fuccefleur de Mahomet, fuivant l'in-
tention de ce faux Prophète. & qui s'étoit retiré dans l'Arabie après
avoir été frjftré de fon droit. Ayant défait Ali, pris la ville de Bofra,&
beaucoup d'autres Places de l'Arabie, il tourna fes armes contre les Chré-
tiens; & entra dans la Syrie , oîi il gagna la bataille contre Théodore
Bogairc , frère -de l'Empereur Heraclius : puis il retourna viétorieux en
Arabie. L'Empereurqui étoit alors à Jerufalem, voulant pourvoir à fa
fureté, prit les Reliques & les ornemens les plus précieux du Temple , &
laifl'ant Théodore avec Bahame,fe retira à Conftantinople. L'an 635.
Omar raflembla fes troupes , & marcha contre Darnas , qu'il prit
l'an 636. & enfuite toute laPhenicie , faifant mille violences pour con-
traindre les peuples à embraffer fa Religion. L'année fuivante une partie
de fon armée prit la ville d' Alexandrie, & après, toute l'Egypte, d'oii
elle chaiïa les garnifons de l'Empereur. Cependant, Omar allaenper-
fonne attaquer la villede Jerufalem, &après un fiége de deux ans, il y
entra vidlorieux l'an 638. llferevétitd'unehaire & d'un habit de gros
drap pour aller au Temple de Salomon , & fit laver d'eaux de fenteur ,
l'Autel, &toutes lespartiesde cet Edifice, voulantparlà le purifier, &
leconfacrer de nouveau pour l'exercice de fa Religions Cela fit dire à
l'Evêc{\ie So^htomusqusc'étoitVi l'exécration abominable prédite par le
Prophète Daniel. Omarréduifitenfuitetoutela Judée fpusfon obéifTan-
ce : & Jerufalem fut poiTédée depuis par les Infidèles , jufques à la con-
quête de Godefroi de Bouillon en 1099. L'an 639. il s'affujettit toute
laMefopotamie:&encemêmetemsil fit bâtir la ville du Caire, proche
des ruines de Memphis en Egypte. Enfin ran643. ce Calife fe rendit
maître de la Perfe. Depuis la prife de Jerufalem , il y fit fa réfidence
OMA. OMB.OMM.
ordinaire, & il y bâtit un Temple magnifique en l'honneur de Mahomet;
Après avoir régné dix ans, il fut tué par un Perfan qui étoit de fes domef-
tiques,& fut enterré à Medine en 644. Il fit un Recueil des Mémoires de
Mahomet , qui fut nommé Hanefia, ou Afafia , c eft-à-dire Roi de Reli-
gion & de Pieté :& ordonna qu'on lût publiquement cet Alcoran, dans
toutes les Mofquées , au mois de Septembre. Voyez Abubequer. • Mar-
mol,(/e l'Afrique, /il), 2. [Ce que l'on dit ici du "Temple de Salomon 8c
de fon autel eft ridicule, puifqu'iln'enreftoitrien du tout alors.Voyez
la Bibliothèque Orientale de Barth. Dherbelot.
OMAR II. du nom dixième Calife, ou xo. Succefleur de Maho-
met, fut élu après la mort de fon coufin Soliman Hafcein,au commen-
cement de l'année 711. le fiége étant devant Conftantinople :8c fut fur-
nommé Aced Ala, ouLion de Dieu. Il aflembla toutes (es forces pour
battre la ville avec toutes les machines que l'artifice des hommes peut
inventer ; mais les affiégez faifoient merveille avec leurs feux d'artifice :
8c enfin il fut contraint de faire lever le fiege. A peine Marvan ouMa-
felma , Général de l'armée étoit-il hors du canal de Conftantinople,
qu'une eflTroyable tempête coula à fond la plupart de fes vaifTeaux 8c
quantité d'autres furent confumez du feu du Ciel, dont on voyoit bouil-
lonner la mer : de forte que de trois mille vaifleaux , il n'en échappa
que quinze , dont cinq furent pris par les Chrétiens , 8c les dix autres al-
lèrent porter la nouvelle de la défaite au Calife Omar: lequel s'imaginant
que le Ciel étoit irrité contre lui, parce qu'il permettoit aux Chrétiens
d'exercer leur Religion dans fon Empire , voulut que tous ceux qui
étoient nez de père , ou de mère Mahometans, embraflaflent fur Iheu-
re le Mahometifme , fur peine de la vie, 8c que nul ne fut fi hardi que de
manger de la chair de pourceau, ni de faire du vin, ou d'en boire. Il
déchargeoit de toutes lottes d'impôts 8c de tributs, les Chrétiens qui fe
rendoient Mahometans , 8c perfécutoit cruellement les autres. 11 ofa
même par un faux zèle, folhciter l'Empereur Léon Ifiurique , d'embraf-
ferfafeâe ,8c lui envoya un Renégat, pour l'en inftruire: mais il mou-
rut bien-tôt après , n'ayant régné que deux ans.*Marmol,ie/'4/r;^«*,
liv. 1. SU P.
OMAR. Cherchez Homar.
OMBIASSES,dans l'Ifle de Madagafcar, font les Prêtres 8c Doc*
teurs de la faulTe Religion des peuples de ce pais. Ils font comme ceux
qu'on nomme Marabousau Cap-Verd, c'ert-à-direMédedns,Magiciens
8c Sorciers. Il y en a de deux fortes , les Ompanorats, 8c les Ompitfiqui-
lis: les Ompanorats font les maîtres Ecrivains, qui enfeignent l'Ara-
be en apprenant à écrire, 8c fe font diftingucz en plufieurs ordres, qui
ont , fans comparaifon, quelque rapport à nos dignitez Ecclefîaftiques,
8c dont voici les noms. Malé , c'eft comme qui diroit , Clerc qui ap-
prend encore à écrire: Ombiajje , Ecrivain ou Médecin: Tibou, Soû-
diacre : Mouladzi , Diacre : Faquihi , Prêtre : Catibou , Evêque : Lamla^
way&^î. Archevêque: Sabaha, Pape ou Calife. Us font àts Hitid&i , Ow
Talifmans 8c autres charmes , qu'ils vendent aux Grands . 8c aux riches ,
pour les préferver de mille accidens, 8c pour faire périr leurs ennemis.
Ils donnent aufli des Auli; qui font de petits marmoufets de bois .que
l'on enferme dans des boëtes , d'où on les tire pour les confulter , 8c
pour les prier d'être favorables dans les occafîons où ils ont du pou-
voir : car il y en a qui rendent riches , d'autres qui détournent les mal-
heurs, 8c d'autres dont la puiftance s'étend à plufieurs effets merveilleux.
Ces Fourbes font fort redoutez du peuple , qui les tient polir S orciers ; *e
les Grands les ont employez quelquefois contre les François : mais leurs
artifices ont été inutiles,8cils fe font voulu excufer , en difant qu'ils n'a-
voient aucun pouvoir fur les François, parce qu'ils font d'une autre loi
qu'eux. Ces OmbialTes ont des Ecoles publiques dans le païs de Matata-
ne,où ils enfeignent leurs fuperftitions S>i leurs factileges. Les Ompitfl-
quilis s'adonnent à la Geomance,&cfquillent ou tracent leurs figures fur
une petite planche couverte de menu fable. Les malades vont à eux pour
connoîtreles moyens 8c le tems de leur guerifon , les autres pour fa-
voir l'événement de leurs affaires , le fuccès d'un voyage, 8c femblables
chofes;car ces peuples n'entreprennent prefque rien fans confulrer l'Ora-
cle du Squille, ou de la Geomance. En marquant leurs figures avec
le doigt fur la planche, ils obfervent l'heure, la Planète, le figne 8c les
autres fuperftitions de cet Art. Les Ombiaffes ont plufieurs Livres , dans
lefquels il y a quelques Chapitres de rAlcoran:8c d'autres pour appren-
dre la Langue Arabe, ou les remèdes des maladies 8c des bleffures. Au
fond ce font de grands Impofteurs, qui féduifent les Princes 8c le peuple.
* Flacourt , Hijloire de Madagafcar. SU P.
OMBRIE, Province de l'Etat Ecclefîaftique en ïtille , Ùmbria ou
l'Umbra. On la divifoit autrefois enVilombrieouOmbrie dedelà l'A-
pennin, quicontenoit la Romandiole, le Duché d'Urbin, 6cc. &c en
Olombrie ou partie de deçà l'Apennin .qui comprenoitl'Ombrie pro-
pre, dire auffi Duché de Spolete . qui eft fa Ville Capitale. Les autres font
Foligni. Afîîfe, Todi, Terni. Nocere. Narni, Rieti , Norcia, 8cc. '
Quelques-uns ont eftimé que le nom d'Ombrie eft tiré de celui de
l'Ombre de l'Apennin, qui règne en divers endroits de cette Province,
D'autres en cherchent l'originejufques au déluge Si tirent fon nom du
mot Imber: mais cela eft trop fabuleux. Il fuffit de remarquer qu'elle a
eu diverfes Provinces: ce qu'en voit dans les Auteurs, Se dans les an-
ciennes Infcriptions : Umbria Thufca. Umbria Sabina. Umbria Cruflomi-
na. Umbria Fidenata, Senonia ,vc: Strabon //.i. Pline ,/. 3. s. y. ct" 14.
Merula , P. 11. Cofmogr. ïib. 4. Jacobilli , Defcr.'Umbr. Leander Alberti,
Defcr. ital. ' ■ . v
• OMMIADES,nomde la première race des Rois de Fez. La famille
d'Ommias ayant été chaffée du Califat de Syrie, par les Abbazides, fe re-
tira vers l'an 800. d'e Jesus-Christ, partie en Afrique , 8c partie en Efpa-
gne,oùelleétablit de nouvelles Souverainetez. Un de cesPrinces^nom-
niéldris, bâtit la ville de Fez dans la Mauritanie, qu'il fit la capitale de
fon Royaume, 8c ptit le titre de Calife. Vers l'an-Sio. cesOmmiades fe
rendirent maîtres de l'iflede Sicile, 8c de celle de Crète , où ils bâtirent
làT ville de Candie, qui a depuis donné le nom à toute l'Ifle. Mais vers
l'an 950. les Zenetes peuples d'Afriqueexterminerent entièrement la
r.icedes Ommiades , 8c s'emparèrent du Roy.iume de Fez.*Hornius,
Orb. Imper. [On trouvera un détail plus exadidececidansIa£;Ww;W-
l que Orientale de Barthel. Dherbelot. 1
^ OMLAN-
OML.OMP.OMR.ONN.ONA.ONE.
OMLANDE, Contrée des Païs-BàsdanslaProvincedeFrife. Elle
eft aux environs de Groningue, & c'eft un pais bien peuplé , Se abondant
en pâturages. Il y a divers Villages, & les peuples font membres de l'E-
tat de Groningue. Voyez Guichardin, Defcr.du Paii-Bas.
OMPHALE, Reine de Lydie, femme d'Hercule. On a feint
qu'ellele ibûmit fi bien à fes charmes, qu'ayant quiité fa maffue il filoit
auprès d'elle, avec les autres femmes. On dit aulîi qu'Hercule tua
près du Fleuve Sangaris un fcrpent qui défoloit le pais; ce qui le rendit
cher à Omphale. * Properce, Itb.i.el.ii. Seneque, inHipf>ol. Athé-
née, lib. 6. Plutarque, in TheJ. Ovide, de arte amandi , in epifi. de
De]an. V in Fall. Natalis Comes , M'^th. za'o.
OMP H ALIUS (Jaques) Jurifconfulte Allemand qui vivoit dans
le XVI. Siècle, étoit d'Andernac. Il fut Confeillerdu DucdeCleves&
îlenfeigna à Cologne. Omphalius avoit un grand fonds de literature, ce
'qu'on peut voir dans les Ouvrages que nous avons de fa façon , qui font :
De O$cio V potefiau Principis in Rep. Li. X. De ufurpatione Legum c
"torum fludiis Lib.VlIL De civili politiâ. Nomologia. De elocutione , imi-
tatione çs- apparatu. Comment, in Ciçeronis Orat, III. O'c 11 mourut l'an
Ï570. *Pantaleon , li. i- Profipegr. Simier, in Epit. Gejn. Melchior
Adam , in Vit. Jurifc. Germ.
OMRAS ou Omhras, Seigneurs de la Cour du Grand Mogol
Empereur des Indes. Ce font la plupart des Avanturiers & des Etrangers
de toutes fortes de Nations, principalement de Perfe: car il n'y a point en
cetEmpire, deDuchez, nideComtez, ni deMarquifats: &le Grand
jMogol poffede toutes les terres en propre. D'ailleurs les fils d'Omhras
ne font point héritiers ni fucceiïèurs de leur père; & l'Empereur leur
donne feulement quelque petite penfîon: fi ce n'eft que leur père les ait
avancez par fa faveur , ce qui arrive lors qu'ils font bien faits , blancs de
vifagc, & qu'ils peuvent pafler pour vrais Mogols: (car comme j'ai re-
marqué dans l'article de Mogols , ces peuples font blancs , au lieu que les
Indiens, originaires dupais, font noirs.) Entre les Omhras, les uns
commandent mille chevaux ; les autres, deux mille ; & ainli en augmen-
tant jufqu'à douze mille Leur paye eft plus ou moins grande, à propor-
tion du nombre des chevaux , qui furpafle fouvent celui des Cavaliers :
tarpour être mieux en état de fervir dans les pais chauds, un Cavalier
doit avoir deux chevaux, afin de changer. Il y a toujours vingt-cinq ou
trente de ces Omhras à la Cour: ce font ceux-là qui parviennent aux
Gouvernemens des Provinces, & aux principales Charges du Royaume:
& qui font, com me ils s'appellent , les Colonnes de l'Empire. Outre ces
jgrands Seigneurs, ils y a de petits Omhras qu'on nomme Manfeb-dars,
c'eft-à-dire , des Cavaliers à Manfeb , qui eft une paye plus confidérable ,
que celle des autres Cavaliers. Ils n'ont point d'aiitre Chef que le Roi ,
& de ce rang, ils paflent à la dignité d'Omhras, * Bcrnier, Hiftoire du
Grand Mogol. S U P.
. O M R A S : on donne aufïi ce nom aux Grands Seigneurs dans le
lîoyaume de Golconde , dans la Prefqu'Ifle de l'Inde au deçà du Golfe
de Bengala. Ils font la plupart Perfans, ou fils de Perfans. Lorsqu'ils
vont par la ville , ils font précédez par un ou deux Elephans , fur lefquels
!1 y a trois hommes qui portent des bannières. Après ces Elephans ,
marchent cinquante ou foixante Cavaliers bien montez fur des chevaux
dePerfeoudeTartarie, avec des arcs, & des flèches, l'épée au côté,
&]e bouclier fur le dos: & ceux-ci font fuivis d'autres gens à cheval,
qui jouent des trompettes & des fifres. L'Omra vient après eux à
cheval , entouré de trente ou quarante valets de pié. On voit enfui-
telePalanquin porté parquatrehommes; & cette pompe finit par un
chameau ou deux, montezpardesgensquibattentdestymbaks. Lors
qu'il plaît àl'Omra il fe met dans fon Palanquin, &alors fou cheval
eft mené en lefte. Il y a des Omras qui ne font pas fi riches, & qui
proportionnent leur train à leurs facultez. * Thevenot, Voyage des
Indes tom. 3. SU P.
O N»
ON N A (Pierre de) Evêque de Gajette en Italie dans le Royaume
de Naples, étoit Efpagnol natif de Burgos. Il entra jeune parmi
les Religieux de la Merci , & s'y rendit très-habile, dans la Philo-
fophie de l'Ecole. Il enfeigna avec tant de réputation dans le Monaftere
d'Alcala , que les ProfeflTeurs de cette célèbre Univerfité réfolurent dans
une affemblée publique qu'on n'y enfeigneroit que la Logique du Père
Pierre de Onna,qu'il avoit publiée fous ctmxe,Artium curfus.W compo-
fa auIE des Commentaires fur la Dialeftique & fur la Phyfique d'Arifto-
te.des Sermons, Sec. CependantleRoiPhiHppellI. perluadédu mérite
deceReligieuxlenommal'aniôoi. àl'Evêché de Venefuela dans l'A-
mérique Méridionale; & peu après il eut celui de Gajette en Italie. Pierre
de Onna y mourut l'an 1616. &: non pas en 1634. comme Ughel l'a crû.
On l'enterra dans la Cathédrale où l'on voit fon Epitaphe. *iËgidius
GundifalvusDavilaJ»7^Ê«.i»^.£cd. Ughel, Ital.facr. Nicolas Anto-
nio , Éibl. Script. Hifp.
ONASIME ou Onefimc qui écrivit la vie de Probus & de
quelques autres , comme nous l'apprenons de Vopifcus , in Ca-
ro ce.
ONASIME de Cypre , ou félon d'autres , de Sparte , Sophifte , &
Oratcurvivoit au commencement du IV. Siècle du tems de Conftan-
tinleGrand. 11 écrivitdivers Ouvrages, dont on pourra voir le dénom-
brement dans Suidas. •
ONEGA , grand Lac de Mofcovie que ceux du pais appellent Onega
Ozero. Les Géographes avouent qu'il eft un des plus confidérables de
l'Europe. Car il a cinquante lieues de longueur, dix-huit de large, &
cent vingt de circuit. Il eft entre la mer Blanche & le Lac dit Ladoga ou
Ladesko, où il fe décharge parle canal d'une rivière. La partie de ce
Lac qui eft au Septentrion appartient aux Suédois , & celle qui eft vers
le Midi eft aux Mofcovites.
O N E I L L E , ou Oneglia , Ville & Marquifat d'Italie , fur
la côte de Gencs , au Duc de Savoye. C'eft une Vallée agréable.
Tome IV, "
ONE. ONG. ONT. ONK.
59
extrêmement fertile , & féconde , en oliviers , en vin & en autres
fruits.
ONESICRITE, d'Ègine , Philorophe & Hiftorien qui a vécu en
430. de Rome. 11 étoit feft.ueur de Diogene le Cynique, & il fuivit
à la guerre Alexandre le Oraml dont il écrivit l'Hiftoire; mais remplie
de tant de fiibles , qu'Onelicrite eu fut raillé d'un chacun. C'eft ce
qu'onpeutconclurredujugementdesAnciens. ■* Diogene Laërce, lib.
ô.VitiPhil. Strabon, /;è. iç. V\\iXzx(\UQ in Alexand. Aulu-Gelle', /;/.
9. c. 4. Elien, Quinte-Curfe, Arrian , Suidas & divers autres citez
par Voiïius, ié. i. de Hift. Gmc. c. ro. crc.
O N E S [ L U S , Roi de Salamine en Cypre, s'empara de la Couron-
ne en l'abfence de fon frère Gorgo , qui étoit allé commander l'armée
navale de XerxèsRoi de Perfe, contre les Ioniens. Il affiegea la ville
d'Amathonte, mais lesPerfes vinrent aufecours de ce peuple, gagnè-
rent la bataille contre Onefilus , (k lui coupèrent la tête , qu'ils portèrent
fur les créneaux des murailles d'Amathonte. On dit qu'un effain d'abeil-
i les la remplit prefqu'auffi-tôt dé miel ; ce que les habitans ayant re-
gardé comme un prodige, ils confulterent l'Oracle, qui leur ordon-
na d'inhumer cette tête , & de lui faire des facrifices. * Hérodote.
SUP.
S. ONESIME , Evêque d'Ephefe & Martyr , dans le I. Siè-
cle de l'Eglife , étoit de Phtygie. U fut premièrement efclave de
Philemon , qu'il vola , & enluite il fut voir S. Paul captif à Ro-
me. Le faint Apôtre lui ayant parlé , non feulement le porta à
fe repentir de fa faute , mais le convertit , l'inftruifit & le bapti-
fa. Il le retint durant quelque-temps , & enluite le renvoya à Phi-
lemon , à qui il le recommanda , dans cette hpître que nous avons
entre les Canoniques. Ce dernier le reçût avec beaucoup d'atFeâiori
& le mit en liberté. Onefimedevintdepuis fi éminent en vertu, qu'il
fut Evêque d'Ephefe , & St. Ignace lui donne de grandes louanges.
Il mourut pour la Foi fous l'Empire de Trajan , ayant été lapidé
à Rome , où il étoit venu à la prière du Proconful. * S. Paul ,
Epift. ad Philemon. St. Ignace , Epift. ad Ephef. Baronius , in An-
yial.
ONGOSCHIO , Grand Seigneur de la Cour de l'Empereur du Ja-
pon , fut choifi par Taicko , pour Tuteur du Prince Fideri , que cet Em-
pereur laifiToit en mourant, fuccelTeur de fa Couronne , à l'âge de fix ans.
Il accepta latutele , & promit par un Aélefignédefon fang qu'il refti-
tueroit la Couronne à Fideri, dès qu'il feroit parvenu à l'âge de quinze
ans, & qu'il le feroit couronner Empereur par le Daire. Maisfon ambi-
tion lui fit prendre le deflrin de s'élever fur le thrône. Il fit èpoufer fa fille
au Prince Fideri , & cependant leva une puilTante armée , pour fe rendre
maître du Royaume. Fideri voulut foûtenir là qualité l'Empereur,
mais il ne pût refifler aux forces d'Ongofchio , qui l'affiegea dans la ville
d'Ozaçha, où il s'étoit retiré, &• le brûla dans fon Palais avec fa fem-
me, qui ètoitfa propre fille, &plufieursperfonnes de qualité qui les ac-
compagnoient. Ce Tyran ne fe contenta pas de cette cruauté, il fit
auffi mourir tous les Seigneurs qui s'étoient déclarez pour Fideri , ou
qui avoient eu la moindre intelligence avec lui: & par ce moyen de-
ineura en pofTeflàon de l'Empire du Japon. • Mandeflo , Voyage dis.
Indes. SUP.
O N I A S I. de ce nom , Grand Pontife des Juifs , fuccéda à
Jaddus. Il gouverna environ quatorze ans, durant le règne de Ptolomée
fils de Lagus en Egypte. Il eut Simeon lejuftepour fuccefleur. Onias
II. fils de ce Simeon, penfaêtre la caufc de la ruine des Juifs, pour
avoir manqué de payer un tribut à Ptolomée Evergetes. Il lailTa Si-
meon II. &celui-ci Onias III. C'eft de fon temps qu'arriva l'Hiftoi-
re d'Heliodore , dont je parle ailleurs. On dit que ce fut lui , qui
ayant été obligé de fuir en Egypte , y bâtit à la ville d'Heliopolis uiï
Temple femblable à celui de Jerufalem , qui fubfifta jufques au temps de
Vefpafien. Antiochus Epiphane lui ôta le Pontificat pour le donner à
Jafon frère d'Onias.qui l'acheta : & celui qui en avoit étélelégitime pof-
felTeur, fut aflaffiné environ l'an 3881. duMonde. *Torniel, SalianSc
Sponde, in Annal, vet. Teft.
O N K E L O S , furnommé le Profelyte , fameux Rabbin , vivoit
vers le temps de Jesos-Christ, fi nous en croyons les Auteurs Hé-
breux. Azarias, Auteur du l.,jvrc intitulé Meor Enaitn ^ (c'eft-à-dire,
la Lumière des yeux) dit qu'Onkclosfe fit Profelyte du temps d'Hillel,
&deSammai, & qu'il avoit vu Jonathan fils d'Uziel. ( Ces trois Doc-
teurs floriflToient l'an du Monde 3718. c'eft-à-dire l^. ans avant la venue
du Meffie , félon la Chronologie de Gans Auteur Juif.) Il ajoute qu'On-
kelos étoit contemporain de l'ancien Gamaliel (qui vivoit l'an du Mon-
de^3768. félon Gans, i8. ans après Jesus-Christ.) Cependant le
même Gans met Onkelos l'an du Monde 3840. c'eft-à-dire roo. ans
après Nôtre- Seigneur , fuivant fon calcul ; & pour accorder fon opinion
avec celle d' Azarias , il dit qu'Onkelos a vécu fort long-temps. Cet On-
kelos cftl'Auteurde la première Paraphrafe ChaldaïquefurlePentateu-
quedeMoife. Il n'étoit point fils d'une fœurdel'Empereur'Tite, com-
me ont crû quelques Juifs; ni le mêmequ'Aquila, ce célèbre Auteur
d'une Verfion Gréque , comme l'ont afluré quelques-uns de nos Doc-
teurs. C'eft lui, au rapport desThalmudiftes, quifitles funérailles du
Rabbin Gamaliel , que le favant Schifckard prend pour le Précepteur
de Saint Paul, & qui pour les rendre plus magnifiques, brûla des meu-
bles pour la valeur de fept raille écusmonnoye de Conftantinople. Le
Thalmud marque foixante-dix mines deTyr. La mine poids de Tyr
contenoit vingt-cinq Sela , ou ficles , & chaque Sela valoit quatre deniers
d'argent. Le denier d'argent, étoit un écu monnoyé de Conftantinople.
Ainfi7o. mines, faifoient 7000. écus. La coutume des Hébreux étoit
de brûler le lit;& les autres meubles des Rois après leur mort, pour mon-
trer peut être que perfonne n'étoit digne de s'en fervir après eux : Et
comme ils ne portoientgueres moins de refped aux Préfidens de la Sy-
nagogue, ( tel qu'étoit Gamaliel) qu'ils en portoient aux Rois mêmes,
ils brûloient auffi dans leurs funérailles leur lit & leurs meubles. Abraham
de Zacuth , Auteur du Juchafin parle de cette prodigieufe dépenfe.
■yorftius au lieu d'y lire Tfonri , qui fignifie meubles , a lu Tfori , qui veut
dire baume : mais il n'a pas fait réflexion que ce n'étoit point la coutume
des Juifs de brûler des aromates ,- dans la cérémonie des funérailles.
Ha " comme
6o ONO.ONS.ONU.OPA.GPE.OPH.
comme faifoient les Romains dans la pompe funèbre, 8c dans le j
bûcher du défunt. * Fcrrand , Réflexions fur la Religion Chrétienne.
SXJ P.
ONOCENTAUREl, animal monftrueux, qui a un vifage d'hom-
me, le fein d'une femme, ôc le bas du corps d'un afne. Saint Jérôme
tâche de prouver par l'Ecriture Sainte qu'il y a eu de ces fortes d'ani-
maux. Theodoret dit que ces Onocentaures étoient des Démons noc-
turnes', ou des Spedres qui paroiflbient de nuit. * S. Jérôme , con-
tra Vigilant. Theodoret, Ifaïe, c 13. cr 34- Bochart , Hierozotc.
SUP. , „
ONOMACRITE, Poète Grec , eft eftime Auteur des Poëmes
qu'on attribue à Orphée, 8c des oracles de Mufée. 11 vivoit environ la
LXVI. Olympiade , qu'il fut chalTé d'Athènes par Hipparque un des
fils de Pififtrate. * Hérodote, 8c Suidas, in Onomac.
ONOR, Royaume d'Aiie dans le Bifnagar, en la prefqu'Ifledi l'In-
de au deçà du Gange , Se le long de la côte de Malabar. Ceux du pais l'ap-
pellent Ponaran. Il y a une Ville qui donne fon nom au Royaume où les
Portugais ont une ForterelTe 8c un Port. Il y a du poivre fort pefant , 8c
du ris noir meilleur que le blanc.
ONSPACH, ou hXii^'àà\,Onoldium,Onffachiumo\l Anffachtum,
Ville avec un Marquifat de l'Empire dans la Franconie.il appartient à
un Prince de la Maifon de Brandebourg, 8c il eft entre Nuremberg 8c
Bamberg. Cherchez Anfpach ?^ Brandebourg.
ONUPHRE PANVINI de Vérone , Religieux de l'Ordre de
Saint Auguftin , étoit en eftime dansée XVI. Siècle. Il continua la Vie
des Papes de Platine; ôc compofa divers autres Ouvrages , concernant
]es antiquité! Ecckfiaftiques. Il dédia les Vies desPapes à Fie V. en 1 566.
Jaques Strada de Mantouë fon ami, lui av oit arraché cet Ouvrage 8c
l'avoir publié, à Venife en 1 557. Onuphrey reconnût diverfes fautes 8c
travailla à les corriger. Il préparoit une Hiftoire générale des Papes &!.
des Cardinaux, quand il mourut àPalermeen Sicile en 1568. âgé de
39.ans.Ily étoit avecle Cardinal Alexandre Farnefe. Outre les Ouvra-
ges dont j'ai parlé, il en fit plufieuts autres qui font aujourd'hui le plus
grand ornement des Bibliothèques , comme Deprimatu Pétri. Chroni^
tum Ecelefiafticum. De antiquo ritu baptizandi Catechumenos ej" de origi-
m baptizandi Imagines. Fefti c triumphi Romanerttm. De Sibyllis. Corn'-
ment. Reifi. Roman. Comment, de Triumpho. Comment, in Vafios Con-
fulares. Lib. IV. De Imper. Roman. Gracis , Latin, e^c. De Thou ,
jiiji. lib. 43. Paul Manuce, in Epifi. Curtius in elog. Petramellarius,
mPnfat. Poffevin, in Appar. Sacr. g'c.
o p.
OPALES , fêtes en l'honneur de la Déefle Ops , femme de Sa-
turne, que les Romains cclebroient le 14. des Calendes de Jan-
vier, c'eftàdirele 19.de Décembre, qui étoit le troiCéme jour
des Saturnales. Saturne 8c Ops étoient adorez comme des Dieux qui
préfidoient aux biens de la terre, c'eft pourquoi on leurfaifoit desfa-
ciifices après avoir reiferré tous les grains 8c tous les fruits; &z l'on
faifoit des feftins aux Efclaves qui avoient travaillé à cuhiver la ter-
re, 8c à faire la moiflbn. *Macrob. Saturn. l. i. c. 10, Varron, de
L. Zat. l. 5. SUP.
OPERA: Comédie en Mufîque , avec des machines. L'Abbé Per-
lin , qui avoit été Introducteur des AmbaiTadeurs auprès de feu Mon-
lieur le Duc d'Orléans, fut le premier qui en l'année 161^9. obtint du
Roi, le privilège d'étaUir dans Paris un Opéra, à l'imitation de ceux
de Wnife , fous le titre d'Académie des Opéra en Mufîque. La dépenfe
exceffive, que demandoit un pareil établiffement , obligea cet Abbé d'af-
focier à fon Privilège , une Perfonne de qualité , d'un génie très-fingulier
pour les machines de Théâtre, &: le Sieur Champeron qui étoit fort ri-
che. Après cet accord,cestroisAflbciez firent venir de Languedoc les
plus fameux Mufîciens, dont les principaux furent Clediere , Bauma-
viel &C Miracle. Lambert, Organifle de Saint Honoré, fut choifî
pour la compofition de la Mufique de l'Opéra , ?>c ayant ramaficles
meilleures voix qu'il put trouver pour joindre auxMuficiensde Lan-
guedoc, il commença fes répétitions dans la grande Sale de l'Hôtel de
îJevers, où étoit auparavant la BibUothéque du Cardinal Mazarin. Après
ces préparatifs , ayant drelTè un Théâtre dans le Jeu de paûrae de la
Rue Mazarin,vis-à- vis de la Rue de Guenegaud,on y reprèfenta au mois
de Mars i67î.Pomone , dont la compofition étoit de la façon de l'Abbé
Perrin ; &c la Mufique de Lambert. Ces fortes de repréfen tarions fu-
rent continuées , avec un grand.fuccès : Mais un an après , la divifion qui
arriva entre les Afl'ociezobligeal'AbbéPcrrindecéderronPrivilegeà J.
Baptifte Lulli, Sur-Intendant de la Mufique de la Chambre du Roi, mo-
yennant une fomme. Lulli fit conftruire un autre Théâtre, proche
du Palais d'Orléans, parles foins de Vigarani Machinifte du Roi , qu'il
aflbcia aveclui. Enfin la Troupe des Comédiens du Roi établie dansla
Sale du Palais Royal, ayant perdu l'illufire Molière, qui en étoit le Chef,
le 1 7 • Février 1673. Lulli eut la j ouiffance de cette Sale du Palais Royal,
8c les Comédiens qui y jouoient auparavant s'acommoderent du I
Théâtre de l'Opéra dans la rue Mazarin. *Brice, DefiriptiondelaViUe
ie Paris. SUP.
OPHELTES, fils de Lycurgue. Cherchez Archemore.'
OPHIOGENES, mot Grec qui fignifie , engendrez, de Ser-
fens. C'eil le nom que portoit une famille qui étoit anciennement dans
rifle de Cypre, que l'on difoit avoir tiré fon origine des Serpens , qui
ne leur faifoient aucun mal; mais au contraire , ces Ophiogenes avoient
la vertu de guérir par leur feul attouchement les piquûres de ces ani-
maux, 8c de faire fortir avec leurs mains le venin des playes qu'on en
avoit reçues. On dit qu'un de cette famille, nommé Hexagon, étant
venu en Ambaflade à Rome , les Romains, pour éprouver la vérité de ce
qu'on en publioit, l'engagèrent à fe mettre dans un tonneau plein de
OPH.
ceux qui étoient véritables Ophiogenes» on les faifoit piqiier par quel-
que couleuvre dont lapiquûrene nuifoit point à ceux de cette famille j
6c tuoit au contraire ceux qui n'en étoient pas. 11 y avoit encore d'au-
tres marques pour les connoître, parce, qu'au printemps ilfortoitdè
leur corps une odeur particulière, 8c leurfueur,de même que leur
falive , étoit un remède contre les venins. On dit aufll , qu'il y
avoit des peuples proche de l'Hellefpont , qui avoient naturelle-
ment la vertu de guérir les morfures des fcrpens , comme les Pfyl-
les 8c les Marfes. * Pline , /. 7. c. x. 8c /. z8. c 3. Àulu-GellCj
li. 16. SUP.\
OPHIONE'E, Chef des Démons qui fe révoltèrent contre jupi^
fer , au rapport de Pherecydes Syrien. Les anciens Payens ont eu dé
certaines connoilTances obfcures de quelques veritez de l'Ecriture Sain-
te. Peut-être qu'ils avoient ouï parler de la chute du Démon, lequel
eft fort bien defigné par le nom d'Ophionée, qui fignifie Serpen-
tin , le Démon ayant premièrement paru fous la figure d'un Serpent.
* Juftin Martyr , Orat. ad Gentil. Marfile Ficin , in Afolog. Sacr,
Cœl. Rhodig. LeH. Antiq. lib. i. Pfanner , S'jflem. Theol. Gentih
SVP.
OPHIOPHAGES, peuples d'Ethiopie en Afrique, qui fe nour^
riffoient de ferpens. Ce nom vient à."îçiii, Serpent; & ^iyc^ manger.
* Pline , liv. 6. ch. 19. S UP.
O P H I R : certaine Région où Salomon envoyoit des Navires
pour en apporter de l'or. On eft fort en peine de favoiroù étoit cet-
te Terre d'Ophir. Pour entendre les divers fentimens des Inter-
prètes , il faut fuppofer , 8c cela paroît clair par l'Ecriture Sainte ,
que les Flottes qui alloient en Ophir s'embarquoient fur la Mer-
Rouge, qu'elles étoient trois ans à leur voyage, 5c qu'elles rapor-
toient de l'or , de l'argent , des dents d'Eléphant , des Singes^,
des Paons , des Perroquets , toutes fortes de pierres précieufes',
des bois de fenteur , èi. autres chofes de prix; Il faloit donc
que la Terre d'Ophir portât de toutes ces marchandifes. Jo-
feph Acofta croit que comme on donne le nom d'Inde aux pais les
plus éloignez, 8c que l'on appelle ainfi l'Amérique j le Mexique,
le Brefil, 8c la Chine; de même dans l'Ecriture- Sainte, on en-
tend par Ophir, les Terres qui font fort loin de la Judée. Selon
cette opinion , foit que la Flotte de Salomon ait voyagé dans l'A-
mérique , dans l'Afrique, ou dans l'Afie, on peut dire qu'elle a
été dans la Terre d'Ophir, puis que ces pais font fort éloignez^
Mais il n'y a point d'app.irence que ce nom d'Ophir ait une ligni-
fication fi Vague , 8c les plus favans tombent d'accord que c'eft
quelque lieu certain, qui a été nommé ainfi. On peut remar-
quertrois opinions différentes fur ce fujet. La première eft de ceux
qui difent qu'Ophir eil dans l'Afrique. La féconde, de ceux qui
le placent dans l'Amérique. La troifiéme , de ceux qui le mettent
dans l'Afie vers l'Orient. Mais chacune de ces opinions fe partage
encore en plufieurs autres. A l'égard de l'Afrique, Nihufius, Vola-
terran, & les autres Portugais, veulent qu'Ophir foit Melinde, ou
Sofala fur la Côte Orientale de l'Ethiopie en Afrique; parce que fur
les bords de la Mer on y a trouvé de l'or, 8c que plus avant dans les
terres il y a des mines très-riches. Cornehusi Lapide prétend que c'eft
Angola fur la Côte Occidentale de l'Afrique, 8c rapporte le témoigna-
ge de Jofeph , qui afiTure que la Flotte de Salomon , outre beaucoup
d'or , rapportoit auffi des marchandifes d'Afrique, & des Eklaves d'E-
thiopie. Ces opinions ont quelque vrai-femblance ,• mais on peut les
combattre par de bonnes raifons. Car Angola n'eft pas un pais ma-
ritime ,8c les raines d'orn'yfont pas fort abondantes. Melinde 8c So-
fala n'ont point de mines d'argent, ni de Perles, ni de Paons, dont
il ^ft parlé dans l'Ecriture; 8c ces pais ne font pas affez éloignez, pour
y employer trois années à faire ce voyage. Il y a même eu des Au-
teurs qui ont avancé qu'Ophir étoit Carthage , ne faifant pasréflexiort
que la ville de Carthàgc a été bâtie plus de cent ans après la mort de
Salomon.
Ceux qui prétendent qu'Ophir étoit en Amérique , le placent dans
rifle fc fpagnole , autrement de Saint Domingue , à l'entrée du Golfe de
Mexique; dans le Pérou, |ou dans le Mexique. Genebrard ScVatable
mettent Ophir dans l'Efpagnole , ?>z aflTurent que Chriftophle Colomb,
qui découvrit le premier cette Ifle en 149Ï. avoit accoutumé dedir-e
qu'il avoit trouvé l'Ophir de Salomon , parce qu'il y avoit trouvé del'or.
Ils difent que les VaifTeaux partoient d'Aziongaber fur la Mer-Rouge,
entroient dans la Mer des Indes.côtoyoient laPrefqu'Ifle au deçà duGol-
fe de Bengala, 8c alloient reconnoîtreMalaca, 8c l'Ifle deSumatra-.qu'en-
fuite après avoit doublé Ma dagafcar 8c le Cap de Bonne-Efperarice , ils
venoient reconnoîtrele Brefil, d'où ils arrivoient à l'Ifle Efpagnole. Go-
ropius , Poftel ii quelques autres difent qu'Ophir eft le Pérou , 8c que
Salomon faifoit à peu près ce que font aujourd'hui les Efpagnols : Que
fes Vâifl"eaux tranfportoient l'or du Peroujufqu'àl'Ifthme de Panama:
que de là ils venoient prendre des rafraichiflfemens aux Ifles de Cuba Se
de S. Domingue , puis doubloientleCapdeBonne-Eferance; 8c en ra-
fantles Côtes Orientales d'Afrique,rentroient dansla Mer-Rouge.Arias
Montanus imagine un plus belle navigation , les faifant aller droit en
Orient , pafler les Moluques , traverfer ces mers immenfes , quiféparent
les Moluques du Mexique , arriver au Pérou , y charger de l'or : puis cô-
toyer le Chili, pafl"er le Détroit de Magellan, doubler le Cap de Bonne-
Efperance , 8c rentrer enfuite dans la Mer-Rouge.
François Ribera , Torniel,Adricbomius, Bochart, Maffée, 8c plu-
fieurs autres, mettent Ophir en Afie dans les Indes.lls fe fondentfur
l'autorité de Jofeph , qui dit que la Flotte de Salomon alloit aux In-
des à une Terre appellée Terre-d'or. Il eft confiant, au rapport de
Diodorc Sicilien, que de tout tems les Ethiopiens avoient grand com-
merce par mer avec les Indiens. Strabon dit que les Marchands d'Ale-
xandrie envoyoient des marchandifes ausindespar le Golfe Arabique;
8c Pline affurequ'il fe faifoit de fon tems, 8c plufieurs Siècles aupara-
vant, un grand commerce de l'Egypte aux Indes par la Mer-Rouge.
Il y a donc apparence que la Flotte de Salomon alloit de ce côté là.d'au-
tantplus que, félon le témoignage de Pline, de Diodore 8c de Philof^
ferpens, qui ne lui firent aucun mal. Ordinairement pour diftinguei, tiate, on y trouvoit toutes les marchandifes dont les Vaifieaiix de Salo-
ïnou
OPH. OPM. OPÏ. OPO.
mon revenoient chargez. Maisles Auteursneconviiennent pas du lieu
«les Indes, oùetoitOphir. Quelques-uns veulent que ce foiiOrmus, à '
l'entrée du Golfe Perfique , ou l'Ifle d'Urphen dans la Mer-Rouge:
mais il n'auroit pas falu trois ans pour en faire le voyage.
Bochart dit qu'il y a eu deux Terres d'Ophir, l'une dan^l' Arabie, d'où
David fit venir une grande quantité d'or; & l'autre dans l'Inde où Sa-
lomon envoya fa Flotte -.que celle-ci étoit la Taprobane des Anciens,
maintenant l'IUe deCeylan, où il y a un Port nommé Hippor, que
les Phéniciens appelloient Ophir. MafFée affure quec'eltlePegu, où
il y a encore aujourd'hui beaucoup de mines d'or & d'argent : il fon-
de fon opinion furies Lettres du Père Bomfer, Corddier François,
qui dit que les Peguans prétendent venir des Juifs exilez & condam-
liezpar Salomon à travailler aux mines d'or du pais. Pererius dit que
c'eftMalaca, fur le Détroit de même nom, à l'Orient de llfle de Su-
matra. Jean Tzetza veut que ce foit rifle deftjmatra, oùilyaencore
desminesd'or. Enfin, Lipenius,(}ui a fait un Traité exprès furOphir,
prétend , fuivant l'avis de S. Jérôme , qu'un petit-fils d'Hebcr fils de
Koé, nommé Ophir, donna fon nom à la partie de l'Inde au delà du
Ganoe: &ainfi il nomme Terre d'Ophir non feulement la Cherfonéfe
d'or que Jofeph appelle Terre d'or, aujourd'hui Malaca , maisencore
les Ifles de Java & de Sumatra , & les Royaumes de Siam , du Pegu ,
& de Bengala. En efïet, on y trouve encore à prefent tout ce que les
Navires de Salomon rapportoient à Jcrufalem ; & le voyage pouvoir
durer trois ans : car les Navires, en fortant de la Mer-Rouge, côtoyoient
l'Arabie, la Perfe, & le Mogol : puis ils faifoient le tour de la Pref-
qu'Iflc au-deçà du Golfe de Bengala, &prenoientdesdiamansàGol-
conde , & des étofes précieufes à Bengala. Enfuite ils alloient charger
de l'or & des rubis au Pegu, &de là à Sumatra: d'où ils remontoient
le long de la Cherfonéfe d'or ou Malaca , jufques à Siam , où ils trou-
voient des dents d'Eléphant , 8c même de l'or. Ce fentîment fur Ophir ,
qui paroît affurément le plus raifonnable, détruit les autres , & princi-
palement l'opinion de ceux qui mettent Ophir en Amérique , & qui ,
pour y aller, font faire le tour du Monde aux Vaifleaux de Salomon ,
dans un temps où la BoufTole n'étant pas encore inventée, on n'ofoit
prefque perdre la terre de vûë. Voyez Tharfis. * L'Abbé de Choifi, Vie
^e Salomon. Lipenias. Voyez encore là-defTus le Traité de P.Dan.Huet
Evêqued'Avranche, qui a été inféré dans le recueuil des Critiques de
la Bible, de l'Edition d'Amfterdam. SU P.
OPHÎRj filsdejcdan, dont il efl parlé dans la Genefe. Quelques
'Auteurs elliment que c'eft lui qui donna fon nom à la Région d'Ophir,
dont j'ai parlé. *Genefe, c. lo. -vf. 18.
OPHITES , Hérétiques qui s'élevèrent dans le II. Siècle , & qui
étoientfoftis des Nicolaïtes & des Gnoltiques. Origene dit qu'un cer-
tain Euphrate en fut l'auteur. Ils honoroient un ferpent : & les uns
difoient que celui qui avoit tenté Eve étoit Jésus Christ, les autres,
qu'il fc changeoit en cet animal. Quand leurs Prêtres célebroient leurs
myftercs , ils faifoient fortir d'un trou un de ces animaux ; & après qu'il
s'étoit roulé fur les chofes qui fe dévoient ofFiir en facrifice , ils di-
foient que Jesus-Christ les avoit fan difiées: & les donnoient au peu-
ple qui les adoroit. * Origene, lib. 6. cont. Celfum. Tcrtullien , de PrAjcr.
tai>.4T. Saint Irenée,//é.i.(;. 34. S. Epiphane,A<£r.37. S. Auguftin , (/e
hxr. Theodoret, hir.fab.lib.ï. Baronius, .4. C. 14J.
OPHNI & P H IN EE s, fils du grand Prêtre Heh, vi voient avec tant
de dérèglement, que pour les punir. Dieu permit qu'ils furent tuez à
la bataille contre les Philiftins, qui prirent aufîi l'Arche. *I. desRois
tap. I. Voyez Eli.
OPHRATE'El. de ce nom, Roi d'AfTyric , fuccéda à Piricade
en 3 104.. ®naio. ans. Op HR ate'e II. ou Ophratane lui fuccéda,
& régna jufqu'à l'année 3173. du Monde, comme nous l'apprenons
d'Eufebe , en la Qhron. Torniel , in Annal, -vet. Teft.
OPIGENE, en Latin Opigena, étoit la même que Junon. On
l'avoit ainfi nommée à caufe de l'aide qu'on croyoit qu'elle donnoit
aux femmesquiétoient en travail d'enfant, lefquelles pour ce fujet l'in-
voquoient avec une grande confiance, au rapport de Feftus. Ops en
Latin , fignifie fecours : & geno , ancien Verbe , engendrer. S U P.
OPILIUS. Cherchez Aurelius.
OPILIUS MACRINUS. Cherchez Macrin.
OPINION, Divinité des anciens Payens, qui étoit révérée com-
me celle qui prélidoit à tous les fcntimens des hommes. En effet , la plu-
part des hommes ne parlent des chofes que par opinion, & fans avoir
«ne connoifTance certaine de ce qu'ils difent. Les Statues de cette DéefTe
la reprefentoient comme une jeune femme d'un air & d'un regard
afTez hardi , mais d'une démarche & d'une contenance mal-alTurée.
* Laflance. SU P.
OPINION ISTES: On donna ce nom à certains errans qui s'éleve-
lent dutems du Pape Paul IL parce qu'infatuez de plufieurs opinions
ridicu]cs,ils les foûtenoient avec opiniâtreté. Leur principale erreur con-
liftoit à fe vanter d'une pauvreté afFeôée; ce qui leur faifoit dire qu'il
n'y avoit point de véritable Vicaire de Jesus-Christ en terre, que celui
qui pratiquait cette vertu, *Sponde , ji.C.ii\6i.num.\x.
O P M E E R ( Pierre ) étoit d'Amfterdam , où il naquit le quinziè-
me Septembre de l'an 1515. Comme il avoit le génie propre pour les
Sciences il y fit un très-grand progrès : car il favoit les Langues , les
belles Lettres , la Philofophie , la Théologie , & il parloir de tout avec
facilité. Opmeer fut cependant plus illuftre par fon zèle pour la Reli-
gion Catholique. 11 fut obligé de fe retirera Leiden , & puis à Delft ,
où il mourut le dixième Novembre de l'an 1595. âgé de 69. ans. Opmeer
2 fait divers Ouvrages. Ajjertio Hiftorica. De Officia Mijft. Hiftoria Alarty-
rum Corcemienfium , Hollandi^que. Opus Chronographicum , c-c. Sa Vie eft
en tête de ce dernier Ouvrage, de la façon de Valere André. J'ai re-
marqué ailleurs qu'il finit en 1580. & que Beyerlink l'a continué juf-
qu'en 1610.
OPORIN (Jean) Imprimeur étoit de Bafle , où il naquit le vingt-
cinquième Janvier de l'an 1507. Son père Jean Hebit étoit un Pein-
tre peu accommodé des biens de la fortune. Il enfeigna lui-même les
élemens de la Langue Latine à fon fils , qui l'apprit enfuite à Stras-
bourg, auffi bien que la Grequc, Oporin chargea le nom de fa fa-
OPP.
^î
mille ; comme ce fut la manie de plufieurs hommes de Lettres de fori
tems. Il s'attacha à celui d'Oporin , qui eft Grec en lifant ces vers da
Martial :
si darit àiitumnus mihi nomen, Ivae^vn effem;
Horridu ji brama Jidsra i x"^^(^^^'<>i.
Ce qu'il y eut de particulier en ce changement de nom , c'eft qu'Oporiiî
s'aflbcia depuis avec un autre Imprimeur nommé Robert Winterqui
prit le nom de Chimennus. Cependant comme Oporin n'avoit pas de-
quoi vivre , il fe fit Maître d'Ecole , & enfuite décrivit des Manufcrits .
& corrigea des Livres qu'on imprimoit. Il fe maria avec une Vieil-
le femme. Dans la fuite , il prit trois autres alliances différentes.
Ses amis lui confeillerent d'étudier en Médecine , & il fut difciplc
de Paracelfe.- Peu après il enfeigna le Grec : & enfin devint Impri-
meur. Il s'afTocia avec Winter, dontj'aiparlé : mais comme ils n'avoienc
pas beaucoup d'œconomie, ils firent des pertes confiderables. Celui-
ci mourut même infolvable , & l'autre ne pût fuffire à lés dépenfes
qu'avec le fecours de fes amis. Il mourutle 6. Juillet de l'an 1560. 11 faut
cependant avouer que le public lui fut très-obligé du foin qu'il eut de
bienimprimer les Ouvrages des Anciens, & de les corriger avec une très-
grande exadlitude. Il fit lui- même des Notes fur divers Auteurs, &des
Tables très-amplesde quelques autres, comme de Platon, d'Ariftote,
dePline, &c. * Andréas Locifcus Ora*. de vitao" obitiiOj>orini , Pant*-
leon, /i. 3. Prôjop. MelchiorAdam , invit.Phd.Germ. Urftifius, (!/i;>,
Hift. Bajil. [On a publié diverfes Lettres de lui, dans un Recueil de
Lettres imprimé à Utrecht en 1697.]
_OPPAW, Ville d'Allemagne dans la Silefie, fur un Fleuve de ce
nom. Elle a titre de bûché avec une ancienne Forterefle. LesAUemans '
la nomment Troppaw , & les Auteurs Latins Oppavia.
O P P E D E ( Jean Mey nier , Baron d' ) Premier Préfident au Parle-
ment d'Aix en Provence, étoit fort zélé pour la Religion Catholique.
Il fuccéda en cette Charge au célèbre Jurifconfulte Barthelemi Chalfa-
née, & fit exécuter l'Arrêt rendu contre les Vaudois, dont fon pré»
decefleur avoit toujours empêché l'exécution. Cet Arrêt du 18. Novem-
bre 1 540. condamnoit par contumace dix-neuf de ces Hérétiques à être
brûlez, Scordonnoit que toutes les Maifons de Merindol , remplies de
ces mêmes Hérétiques, fuffent entièrement démolies, aufii bien que
tous les Châteaux & tous les Forts qu'ils occupoient. Cette Sefte ayant
été exterminée en: 545. comme on peut voir dans l'Article de Merin-
dol, la Dame deCental, dont les Villages &les Châteaux avoient
été brûlez 8c défolez,en demanda Jufliice au Roi François I. lequel,avant
que de mourir, recommanda à fon Fils Henri II. de faire bien exami-
ner cette Affaire. Ce Prince étant parvenu à la Couronne, donna des
Juges aux Parties , pour en connoître. Mais après qu'elle eût trainé près
de quatre ans, avant qu'on pût venir à la difcuffion du fond , il or-
donna par fes Lettres patentesdu i7.Marsi;5i. qu'elle fût jugée par
le Parlement de Paris. Il n'y eut jamais de caufe plus folennellement
plaidée : elle tint cinquante Audiences confecutivement. Le Parlement
de Provence, le Premier Préfident d'Oppede, les quatre Commiffaires
pour l'expédition de Merindol, le Baron de la Garde, & la Dame de
Cental, qui étoit leur principale Partie, eurent chacunlcur Avocat. Le
Sieur Auberi, Lieutenant Civil , (lequel fut commis à la fonéîion de
l'Avocat General, en place du Sieur Pierre Seguier, qui avoit été re-
cufé pour avoir affilié au Confcil des Parties ) y fit durant fept Audiences
ce grand Plaidoyer , que Louis Auberi a fait imprimer en 164^,
où il conclut très-peu favorablement pour le Préfident d'Oppede , 8c
pour les CommifTaires de Provence. Pierre Robert Avocat du Préfi-
dent, tint neuf Audiences: mais celui qui fit fans contredit le mieux de
tous , fut le Préfident même , qui fe défendit avec une merveilleufe for-
ce en cet excellent Plaidoyer qu'il fit par écrit 8c qu'il commença par
ces paroles du Prophète Roi , Judica me Deus er difcerne caujam meam
de ginte non fanSla. C'efl là qu'il tâche de prouver que le procédé de fon
Parlement , iii. le fien en qualité de Lieutenant de Roi , avoit été très-juf-
tc , puis qu'ils n'avoient fait en cela qu'exécuter les ordres très-précis
de SaMajefté, contre la plus méchante nation qui fût jamais; 8c que le
Roi, au cas qu'elle n'abjurât fes hérefies, avoit commandé qu'on exter-
minât , comme Dieu avoit ordonné à Saiil (qui exécuta mal fes ordres , )
d'exterminertouslcs Amalecites. Il fe juftifia fi-bien par ce Plaidoyé,
qu'il fut renvoyé pleinement abfous; ScTAvocat Général G uerin, qui
avoit donné trop de licence aux Soldats, 8c qui fut d'ailleurs convain-
cu du crime de faux, eut la tête coupée en Grève. Le Préfident d'Oppe-
de vécut encore quelques années , exerçant fa Charge avec beaucoup
d'honneur , jufques à fa mort qui avint en l'an 1558. Les Ecrivains
Proteftans, 8c après eux le Préfident de Thou 8c Dupleix, difent quel»
Juftice Divine, pour le punir de fa cruauté, le fit mourir dans des dou-
leurs horribles ; mais ils euffent mieux fait de déclarer en finceres Hifto-
riens, dit Maimbourg, la vrayc caufe de ces douleurs, qui fut la tra-
hifon d'un Operateur Proteftant, lequel, pour venger ceux de fa fedle,
lui caufa cette mort violente,en le fondant avec une fonde empoifonnée.
* Maimbourg , Hijioire du Calvinifme. S U P.
OPPELEN, Ville d'Allemagne dans la Province de Silefie, avec
un titre de Duché. Elle eft fur l'Oder. Les Polonois l'ont eu autrefois
en gage , avec tout le pais ; 8c les Suédois la prirent dans les derniè-
res guerres d'Allemagne, mais elle fut rendue parla paix de Munfter,
en 1648.
OPPI A , que d'autres appellent Pompilia , étoit une Veftale de Ro-
me, c'eft-à-dire, une de ces Vierges qui fe confacroient au fervice de
la Déefle Vefta:mais parce qu'elle fut convaincue d'avoir violé la pureté
à laquelle cet état l'engageoit ; elle fut enfermée toute vive dans la terre,
félon l'Ordonnance portée contre celles qui manquoient à leur honneur
pendant qu'elles étoient dédiées au fervice de cette Déeffe. * T. Live,
J. Scaliger, Animad. in Eufeb. S U P.
O P P I A , Loi qui défendoit aux Dames Romaines le luxe i<. l'er-
ceflTive dépenfe des habits , fut airîfi appellée du nom de C. Oppius Tri-
bun du peuple, qui la fit recevoir dans Rome fous le Confulat de Q.Fa-
bius Maximus 8c de SemproniusGracchus, pendant la féconde guerre
H 3 di
#
6^ OPP.OPS.OPT.OPU.ORA,
de Carthage. Cette Loi défendoit aux femmes , de porter plus d'une de-
mi-once d'or fur leurs habits ,qui he dévoient être que d'une couleur :
comme auffi d'aller en carrofle dans la Ville, ou à mille pas aux environs,
fi ccn'etoitpour quelque chofe qui regardât la Religion & les Sacrifices.
Mais après qu'on eut fubjugué l'Afrique &rEfpagne,M. Fundanius &
L."Valerias i ribuns du peuple, entreprirent d'abolir cette Loi contre
Brutus& TJunius, qui la maintenoient. Il fe forma alors deux puil-
fans Partis; ce qui, caufa de grands troubles dans la "Ville durant plu-
fieurs jours; & les femmes venoient en foule autour dti Sénat pour prier
les Sénateurs & les autres Magiftrats de les remettre dans leur première
liberté. Enfin elles firent tant de brigues, qu'elles obtinrent leur deman-
de, & firent abolir cette Loi, vingt ans après qu'elle avoit été établie.
*Joan. Gerund./r^. 6. Parai Hifpank. SU P.
OPPIAN, Poëte & Grammairien, étoit d'Anazarbe, Ville de
Cilicie, &a vécu dans le II. Siècle. Il compofa unPoëmedelachafle
& un autre de la pêche , qu'il dédia à Antonin Câracalla , & non pas le
Fhilofophe , comme a crû Eufebe; & cet Empereur fut fi fatisfait de
l'Ouvrage d'Oppian, qu'il lui fit donner un écu d'or pour chaque vers.
Cefl pour cela qu'on dit les vers dorez d'Oppian, quoi qu'ils ayent mé-
rité ce nom par leur élégance. Il avoit compofé quelques autres Ouvra-
ges que l'on a perdus. Il mourut en fon pais âgé feulement de 30. ans.
Ses Citoyens lui drefl'erent une ftatuë , & mirent uneEpitaphefurfon
tombeau, qui fiifoit entendre que les Dieux Favoient fait mourir, par-
ce qu'il aurôit furpafl"é tous les mortels. * Eufebe , in chron. Suidas,
SczXigtx ; cxerc. zi8. z:)' 115. iv Poét. isrc. [La meilleure édition de ce
Poëte eft celle de Leide en 1597. avec les notes de Conrad Rhtershu-
Jitis , à la tête de laquelle on trouve la Vie d'Oppian , que l'on pourra con-
fulter.]
ÔPPIDO, Ville du Royaume de Naples, dans la Calibre Ulté-
rieure, avec titre d'Evêché Suffragant de Rheggio. Les Auteurs Latins
la nomment Oppidum.
O F F 1 U S ou OfiLius , dont plufieurs Autetifs font mention , &
particulièrement Macrobe, li. 2. Saturn. c. 14. c? 15.
OP^IUS. qu'on nomme auffi Caius Oppius, Hiftorien Latin, à
qui quelques-uns attribuoient les Commentaires de Cefar, touchant
les guerres d'Alexandrie , en Afrique & en hfpagne. Suétone en fait
mention. On croitauffiqu'il afaitunTraité des Hommes Illuftres. Ta-
cite dit qu'il fut un des premiers à qui Cefar donna le pouvoir de trai-
. ter de la paix&delaguetre. "Suétone, in Cétf.c. 53. Tàdîe, Hift.lib.z.
Aula-GeWe, lib.l.Noùl.Attic. cap. i. Pline, Bifl.nat.l. 11. 1:4/1.145. VoflSus,
lib,x. de H'ift. Lat. cap. 1 3, crc
OPPIUS CHARES, Grammairien, qui énfeignoit dans les Gau-
les, comme nous l'apprenons de Suétone, M/>. ^.de illufi.Grammat.
O F S. Cherchez Cibelé.
OkTAT , Evêque de Mileve en Afrique, étoit en eftime dansle
IV. Siècle , fous l'Empire de Valentinien & de 'Valens. 11 écrivit environ
l'an trois (^ens foixante-huit , fes fept excellens Livres du Schifme des
Donatiftes contre Parmenien Evêque de ces errans. Nous avons une
édition de ce Traité, faite en 163 1. à Paris, avec les Notes de Fran-
çois Baudoin, celles du doâe Gabriel de l'Aubefpine , Evêque d'Or-
léans, & diverfes autres pièces fur le même fejet. On nous en donna
en 1676. une féconde, plus belle & plus exaâ:e.[Meric Cafaubom tra-
vaillé fur cet Auteur & en a donné une édition à Londres, que l'on a
éftimée la meilleure , mais tout ce qu'il y avoit & plufieurs ,autres chol'es
retrouvant dans celle d'ElliesduPm ,impriméea Amlkrdarnen 1701.
celle-ci a effacé toutes les précédentes.] Samt Auguftin parle d'Optat
comme d'un faint Prélat, & d'un excellent defenléur des VeritezOr-
thodoxes. 11 mourut environ l'an 380. l'Eglife en fait mémoire le 4.
Juin. * S. Jérôme , de Scnft- Eccl. c. no. S. Auguftin , dedoH. Chrift lib. z.
c. 40. co7it. Parm. c?c. Honoré d' Autun , de lumin. Eccl. Tritheme & Bel-
larmin ,deScript. Ecclef. Baronius , in Annal. e? Martyr. Baudoin & f Au-
befpine , in notis , Pithou , Poflevin , &c.
[OP'TAT , Conful avec Paulin , l'an cccxxxiv. fous Tonflantin. Il
y a eu un Optât Patricien fous le même, dont parle Zo/(we Liv. II. Il
y en a eu un troifiémefousTheodofe/e Gr^?.'^,Préfet Auguftal.Ileneft
parlé dans le CodeTheodofien , dans les Lettres de Libanius, & dans
Sccrate Liv. vue. 16. Jac. Gothofredi Profopogr. Cod Theod.]
[OPTIME , Evêque d'Antioche en fifidie, fous Théo Jofe le Grand
en cccLxxxi. Il en ell fait mention dans le Code Theodofien , 1, 3. ds
fide Catholica. S. Bafile lui a écrit fa cccxvii. Lettre ^ac. Gothofredi
in Profopographia Cod. Theodos]
OPUN l'E, Ville de Grèce dans la Bœotie, près du Golfe de Negre-
pont.Elle a eu autrefois titre d'Evêché Suffragant d'Athènes. *Strabon,
Pline , Ptclomée , &c. en font mention. Confultez auffi Ovide, lib. i.de
Ponto , eleg. 4.
OR.
ORACLE. Plufieurs Nations ont eu des Oracles: mais il n'y en a
pointde plus célebresqueceux qui ontété chez les Grecs. Quel-
ques Auteurs feperfuadent que ces Oraciesn'étoient que des ar-
tifices des hommes, & non pas des prédi étions faites par le Démon. Ils di-
fent que fi on examine ces Oracles avec application, on trouvera qu'il n'y
a eu en cela que de la faulTeté & de la fuperfti tion ;& que lesSacrificateurs,
qui étoient intcrelTez en cette affaire , ont impofé au peuple. Voici leurs
remarques & leurs raifons-L'oiigine des Oracles des Payens eft fort an-
cienne, puis qu'Hom ère , qui eft un de leurs plus anciens Auteurs , en fait
mention. II parle de celui de Dodone,quiferendoit par lemoyend'un
Chêne , & dit dans fon Livre 14. de lOd'ype , qu'Ulyfle l'alla confulter. Il
fait auffi mention de celui AtYid'phti ,danUelivre%.defonOdyj[ée ,oh.
il cite un Oracle qui fut rendu à Agamemnon. Quand on vientaconfi-
dérer les Hiftoires fur lefquelles on appuyé ces OracIes,elles reiîemblent
plutôt à des Fablesqu'à de véritables Hiftoires. Hérodote, (/<2»îyîi»/é-
cond Livre intitulé tEuterpe , décrit affez au long l'origine de celui de
Dodone, qui eft le plus ancien de tous. Il rapporte que les Prêtres de ce
lieu-là difoientquedeuxColombesnoiress'étoient envolées de Thebes
en Eg ypte , dont l'une étoit allée en Libye , & l'autre étoit venue chez
eux : que celle-ci s'étant perchée fur un Chêne , on l'avoit entendue par-
ORA;
ler,& dire qu'il falloit drelTer en ce liéu-Ià Un Oracle à Jupiter. Ce qù*
les Prêtres exécutèrent auffi- tôt , fe perfuadant que cela leur étoit annon-
cé de la part des Dieux. A l'égard de l'autre Colombe qui alla en Libye >
elle fervit à établir l'Oracle de Jupiter Amraon.
Comme on voit manifeftementque ce difcours eft une Fable , Héro-
dote a tâché d'y trouver un fens hiftorique dans ce mêm.e endroit que
nous venons de citer. Il prétend que ces deux Colombes étoient deux
femmes de Thebes en Egypte , lefquelles avoientété enlevées par les
Phéniciens , & vendues l'une en Grèce , & l'autre en Libye ; es la Fable
marque que c' étoient des Colombes, parce qu'elles étoient Barbares ou
Etrangères. Et comme leur Langage n'étoit entendu de perfonne , on
crut qu'il étoit femblableàcelui des Oifeaux. Onjdit auffi que ces Co-
lombes étoient noires, parce que ces femmes étoient Egyptiennes, &
qu'avec le tems elles apprirent la Langue du pais,ce qui a fait dire que ces
Colombes parlèrent le laj^age des hommes. On les fait venir d'Egyp-
te,parce qu'en effet l'Egypte eft la fource & l'origine de tc^s les Oracles:
6c les Grecs ont pris de ce pais-là tout ce qui regarde les divinations. Le
Philofophe Hermeias rapporte une autre raifon de cette Fable. 11 dit que
l'on a prétendu que c'étoit un Chêne qui rendoit à Dodone ces Oracles;
parce que c'étoient des femmesappellées Colombes , qui avoient la tête
couronnée de chênes ;& que leur nom & leur couronne a donné occa-
fion à la Fiable. Plutarque fur Pyrrhus, fait cet Oracle plus ancien : car-
il veut queDeucalion&Pyrrha ayent été le confulter pour la répara-
tion du Genre humain , après le Déluge Univerfel. Cequia donné oc-
câfion à Goropius d'inventer une explication fubtile de cette Fable. II
prétend que par Deucalionil faut entendre Noé;&par les deux Colom-
bes , deux Navires avec lefquels il aborda au Peloponnefe. 11 ajoute qu'il
nomma ces deux Navires Colombes , en mémoire delà Colombe qu'il en-
voya par deux fois horsdel'Arche. Mais iln'yaguéres d'apparence de
vérité à toute cette Hiftoire : car fi l'on confulte les anciens Auteurs qui
en ont écrit, ils ne s'accordent pas du lieu où étoit cet Oracle nommé
Dodone. Les uns le mettent en Epire, les autres en Theflalie, & d'autres
dans le Peloponnefe. C'eft ce qui paroîtdeStrabon,dePhne,&dePau-
fanias. Mais en quelque part qu'il ait été, fi on examine de près cet Ora-
cle, & même tous les autres que les Payens ont confultez, on n'ytrou-
verarien d'extraordinaire. Ils n'étoient fondez que fur des réponfes am-
biguës.&furl'artifice des Sacrificateurs. Paufanias rapporte certains Vers
anciens , qui difent que des hommes venus des Hyperborécns, fondèrent
les Oracles, nommez Pagafe & Agye. Ces Hyperboréens font des peu-
ples de Sarmatie , qui habitent au deiTus des Arimafpes proch: de la Mer
Glaciale. Heïodots,dansfonUvre 4. intitulé Mclporfiene,raconK qnc deux
filles vinrent anciennement en Grèce , ovi elles apportèrent de petites
chapelles enveloppées dans de la paille de froment, qui furent en gran-
de vénération dans l'ifle de Delos. Les habitans de Delos difent , que des
Hyperboréens elles vinrentauxScythes,&c que des Scythes, après avoir
pafle quelques peuples, elles parvinrent jufques dans l'Occident, & de là
fe répandant vers le Midi , elles furent reçues de ceux de Dodone, d'où
elles furent tranfportées en plufieurs autres endroits de la Grèce , &
enfin dans l'ifle de Delos. Si l'on fait reflexion fur les noms qu'Héro-
dote donne à ces deux filles, on reconnoîtra facilement qu'il n'y a rien
dans ce récit que de fabuleux. Il lesappelleHyperoché 8c Laodice,q«i
font des noms purement Grecs, & qui ne peuvent avoir aucun rapport
avec le langage barbare du pais d'où on dit que ces filles étoient for-
ties.
Quoi-qu'il en foit , de toutes ces Hiftoires&deplufieursautresqu'oii
trouve dans les anciens Auteurs lorfqu'ils traitent de l'origine des Ora-
cles, il eft ïifé de faire voir, ( difent les Savans,) que toutes leurs ré-
ponfes , qu'on attribue aux Démons , n'ont été que des impoftures des
Prêtres Payens, qui répondoient eux-mêmes par la bouche de la Pythie,
ôc faifoient accroire au fimple peuple qu'un Démon-, ou demi-Dieu
avoit parlé. Ce fentiment eft appuyé fur des témoignages de plufieurs
grands hommes tant ChrétiensquePayens. Clément d'Alexandrie par-
lant de ces Oracles dans Ion difcours intitulé Protrepticos , qui eft:
une exhortation aux Gentils, dit que toutes ces fureurs extatiques
font de véritables tromiperies d'hommes infidèles. Eufebe , qui traite
cette queftion aflez au long dans fes Livres de la Préparation à l'E-
vangile , avoue que ceux qui voudront prendre la peine d'examiner cet-
te affaire avec foin, trouveront qu'il n'y a que de l'artifice Se de la trom-
perie: que ces Oracles ne peuvent venir ni de Dieu, ni du Diable , mais
que cefontdesverscompofez par deshommes qui avoient quelque ha-
bileté , & qui les vendoient comme des Oracles des Dieux. Il ajoute,que
la prévention oii les peuples étoientdepuis long-temps touchant ladi-
vinité de ces Oracles avoit beaucoup contribué à les faire valoir, auffi-
bien que les ténèbres parmi lefquelles on les prononçoit,& les cavernes
& heux fecrets où l'on entroit pour les compofer. Le même Eufebe s'ap-
puye auffi fur l'opinion des anciens Philofophes,pour faire voir qu'il
n'y avoit que de la faufleté 8c de la tromperie dans les réponfes des Ora-
cles. Il produit entr'autres Ariftote & tous les Peripâtcticiens,qui ont.
afluréqu'iln'yavoit dansles Oracles que de l'artifice de la part des Prê-
tres, qui abufoient le peuple fous prétexte de Divinité. C\cer6n,dans fon
livre 7.. de la Divination, parle d'autres feftes de Philofophes qui avoient
les mêmes fentimens touchant les Oracles, 8c qui fe moquoient princi-
palement del'Oraclefameux rendu à Crefus. Ciceron ajoute que ce-
lui d'Ennius, viio teJEacida Romanos vincere poffe , eH. femblable ; qu'il
a été fait à l'imitation de l'autre. Si plus ridiculement, parce qu'Apol-
lon n'a jamais parlé Latin. Demofthene, long-tems avant Ciceron,
avoit découvert cette fourberie des Oracles, fe plaignant que la Pythie
Philippifoit , c'eft-à-dire, qu'étant corrompue par argent elle donnoit
des réponfes favorables à Philippe Roi deMacedoine. Minutius Félix
ne parle point auffi autrement des Oracles dans fin Oâîavius ,oi\i\àit
que celui de Delphes, qui ne donnoit que des réponl'es ambiguës 8c plei-
nes d'artifice , s'eft évanoui lorfque les hommes ont commencé d'être
plus polis 8c moins crédules. C'eft pourquoi Ciceron alTure que de
ion tems, 8c mêmelong-teras avant lui , on n'avoit que du mépris
pour l'Oracle de Delphes. Ce qui fervit auffi beaucoup à donner de
la réputation aux Oracles, fut que ceux qui gouvcrnoient des Etats au-
torifoient leurs Loix par le moyen de ces Oracles, comme fit Lycur-
S'JÇ
ê
ORÀ.
gueàl'égarddesLacedemoniens. Themiftocle eut auffi recoursàî'O-
raclepour appuyer l'avis qu'il donna aux Athéniens d'abandonner leur
VilleauxPerfes, & de monter fur les vaifleaux, afin de les combattre.
Le peuple,qui|ne pouvoir entendre à cette propofîtion,8<: qui aimoit au-
tant mourir que d'abandonner fa Ville &fes Dieux, fut enfin perfuadé
parla rcponfe d'Apollon qui leur commanda de le faire. Ce fut au moins
de cette manière que l'Oracle fut interprété.comme on le peut voir dans
le feptiéme Livre d'Hérodote intitulé Polymnia. Plutarque dit en par-
lant de Themiltocle, que defefperant d'attirer le peuple à fon opinion
par des raifons humaines , il s'avil'a d'avoir recours aux Signes celeftes ,
_ aux Oracles, & aux réponfes des Dieux. Lorfque Pompée voulut réta-
' blirPtolomée dans l'Egypte, il fit entendre aux Romains qu'il y avoit
un Oracle de la Sibylle, quidifoit que le Royaume d'Egypte venant
à manquer , il naîtroit un Prince qui feroit Roi de toute la terre.
Ainfi l'autorité des Magiftrats fortifioit les tromperies des Ora-
cles.
Outreces témoignages, on peut aufli apporter quelques raifons pour
prouver que ce n'étoit aucune Divinité , ni aucun Démon qui rendit ces
Oracles; & qu'il n'y avoit que les Prêtres Payens qui les compofoient.
On peut voir dans Plutarque , lorfqu'il parle de la ceiTation des Oracles ,
que devant qu'on les coniultât il falloit immoler une vidime, dont les
Prêtres obfervoient avec attention les entrailles, & quand ils ne les trou-
voient pas telles qu'ils fouhaitoient , ils n'introduifoient point la Pythie
dans la Grotte: Ce qu'ils faifoient , parcequ'ils conjeduroientles cho-
fes futures par les entrailles des viâimcs', félon la divination ordinai-
re qui étoit en ufage chez les Payens; & les Sacrificateurs y accoramo-
doient les réponfes qu'ils vouloient donner à ceux qui venoient les con-
fulter. De plus, il y avoit toujours un grand nombre de Poètes à l'entour
del'Oracle, qui réduifoient en vers les réponfes de la Pythie. La trom-
perie qui fe faifoit à l'Oracle de Dodone étoit plus groffiere : car , félon
Suidas Jur le mot Dodone , ce n'étoit autre chofe qu'une ftatuë pofée fur
une colonne,tenant en fa main une verge dont elle frapoit un baflin d'ai-
rain , lorfqu'un chêne étoit agité duvent; &quandonentendoitcefon
qui rendoit quelque harmonie , les Propheteffes crioient que Jupiter
avoit répondu : de forte que fi nous nous en rapportons à Suidas, les voix
de ces Démonsn'étoientpoint articulées. Il rapporte encore que l'Ora-
cle de Dodone étoit tout environné de vaiffeaux d'airain qui fe tou-
choientl'un l'autre; ce qui faifoit que l'un étant frappé, les autres ren-
doientenfuite un fon harmonieux pendant quelque efpace de temps. Il
ajoute qu'Ariftotefefnoquoit de cet artifice, prétendant que ce n'étoit
autre chofe que deux colonnes , fur l'une defquelles il y avoit un vailTeau
d'airain, & fur l'autre l'effigie d'un enfant qui tenoit un fouet en fa main ,
dontles courroyes étoient auffi d'airain, & quand elles étoient agitées du
vent & pouflees contre le vaiffeau , elles rendoient un fon aifez agréa-
ble ; d'où eft venu ce proverbe chez les Grecs , l'airain de Dodone,
dont ils fe fervent , dît Suidas , contre ceux qui s'arrêtent à peu de
chofe.
On peut faire quelques objeffions cotitre ce qu'on vient de dire tou-
chant les Oracles. On objedepremierementque les Oracles ont cefie
à la venue de Nôtre-Seigneur; & on le prouve par un ouvrage de Plutar-
que qui a fait un traité ovi il tâche d'apporter des raifons de la celTatioa de
ces Oracles. Il récite même une Hii^oire étrange de la mort du grand
Pan , qui arriva fous l'Empereur Tibère : d'où l'on conclut qu'il falloit
que les Oracles fuflent rendus par des Démons;autrement les Sacrifica-
teurs Payens, s'ils avoient été en effet les Auteurs des Oracles, les euf-
fent plutôt augmentez qu'abolis au temps des Chrétiens qui s'en mo-
quoient. On répond à cela que les Oracles, du filence defquels Plutar-
que fe plaint, avoient ceffé plus de quatre cens ans avant la venue de Nô-
tre-Seigneur : A quoi l'on peut ajouter que ceux qui étoient en vigueur
devant fa Naiffance , fubfifterent encore avec éclat après fa mort. On ne
trouve point danslesHiftoiresqu'ilfoitfaitmention d'un Oracle après
la guerre des Perfes , finon de celui de Delphes. Les Oracles d' Am phia-
raiis, de Ptolis, de Branchide& les autres n'eurent plus aucun crédit.
Plutarque même, dans fon Traité de la ceflation des Oracles , voulant
prouver qu'ils avoient été autrefois en grande efl:ime , ne produit point
d'exemples de leurs réponfes plus nouveaux , que de celles qu'ils donn e-
rent dans le temps de la guerre des Perfes. Etcefutpource fujet qu'il
publia ce Traité, où il ne donne pas des raifons pour prouver que les
Oracles avoient ceffé de fon temps, mais il cherche pourquoi ils n'é-
toient plus en vigueur depuis un fi long-temps. Pour ce qui eft de la
mort du grand Pan , c'eft une Fable que Plutarque rapporte avec plu-
sieurs autres dont il a coutume d'orner fon difcours : Quand on fup-
poferoit même ce conte véritable , on n'en pourroit conclure autre cho-
fe, finon que les Démons, après avoir vécu long-temps, meurent aufli-
bien que les hommes. C'eft le fens qu'on doit donneraux paroles de
Plutarque ; & Eufebe ne l'explique point d'une autre manière dans fon
Livre delà Préparation à l'Evangile. On objeéle en fécond lieu, que les
DémonsmêmesonttémoignédansleursOraclesquela crainte du nom
de Jésus- Christ les empêchoit de répondre à leur ordinaire; com-
me fit celui de Delphes à Augufte touchant fon Succeffeur , que Cedre-
hus a cité d'Eufebc. Suidas &Nicephore ajoutent à cela qu' Augufte é-
tant retourné à Rome fit dreffer un Autel au Capitole avec cette Infcrip-
tion Ara primogeniti Dei. Il y a de plus, dit-on, des Oracles qui ont
attribué non feulement à Nôtre-Seigneur cette vertu; mais auffi aux
Martyrs, comme celui qui futrendu à Julien l'Apoftat dans le Temple
deDaphné, proche d'Antioche, quidifoit que les morts enterrez au-
près de lui empêchoientfes réponfes, &par ces morts ilcntendoit les
os du Martyr Babylas, que Julien fit tranfporter ailleurs pour ce fujet,
parles CHrétiens. C'eft ce qu'on peut voir dans l'Hift. Ecclef. de Theo-
doret2w.3. ce. lo. & ce qui eft auffi rapporté par Socrate & par Sozo-
mene. Il eft facile de répondre à cette objeélion , car il eft certain
que les Oracles n'ont point ceffé entièrement en ce temps-là , comme
on le peut prouver par Plutarque qui fait mention de quelques-uns qui
fubfiftoient encore, & il affure même que de fon temps l'Oracle de
Delphes étoit en plus grande réputation qu'il eût jamais été. A l'égard de
3'Oracle que Cedrenus a cité d'Eufebe , il eft manifeftement faux : car il
a'y a aucun Hiftorien qui ait fait mention qu' Augufte ait jamais conful-
^
I té l'Oracle de Delphes. Il n'y a de plus aucune apparence qu' Augufte
ait été en fa vieilleffe de Rome à Delphes , pour favoir qui feroit fbii fuc-
ceffeur,ayant deftinépour cela Tiberc:il eft même confiant qu' Augufte»
après les guerres Civiles, n'eft point forti d'italie.f Pour ce qui eft de l'ob-
jedlion qu'on tire de l'Oracle deDaphné qui retufa de répondre à l'Em-
pereur Julien , on peut dire que toute cette affaire ne fut qu'une rufe des
Sacrificateurs ennemis des Chrétiens , lefquels crurent pouffer Julien par
cet artifice à détruire entièrement ces Reliques. On ne dit point que l'O-
racle répondit, après que les Reliques furent tranfportées en uri autre
lieu: Et en effet il y a de l'apparence que Julien facrifia feulement àApol-
lonen ce lieu-là,comme le rapporte Zofime. llneparoîtpasmêmequ'il
y eût là aucun Oracle , mais feulement un Temple qu'Antiochus
Epiphanes y avoit fait bâtir , félon le témoignage d'Ammian Mar-
cellin.
Au refte , on peut dire que les Oracles, qUi étoient fi célèbres chez les
Grecs, ont ceffé la plupart après la guerre des Perfes ; parce qu'avant ce
temps-là la Grèce étoit très-riche, & remplie d'un grand nombre de peu-
ples ignorans & fuperftitieux:ce qui donna occafion aux Prêtres d'inven-
ter & de multiplier les Oracles. Mais après les guerres qui défolerent les
Villes & des Provinces entières ; les Prêtres furent obligez d'abandonner
leurs poftcs , & de fe retirer dans les lieux que les guerres n'avoient point
ruinez: c'eft pourquoi les Oracles que les Prêtres avoient abandonner,
difparurent bien-tôt. 11 fe peut auffi faire que les Temples de Grèce
ayant été brûlez par Xerxès, une grande partie de ces Oracles furent
détruits. La caufedeleurccffation après Jesus-Christ doit être attri-
buée à la Prédication de l'Evangile, qui fit découvrir les tromperies &
les rufcs des Sacrificateurs. '"'R.Simon. [Voyez le Livre de Oraculis de
van Dale , fmprimé à Amfterdam en 1683. où l'Auteur foûtient que
les Oracles n'étoient que des impoftures des Prêtres.]
Voilà l'opinion de quelques Savans, mais la plupart croyent que fi
les Oracles des Payens ont été fou vent des impoftures faites par les Sa-
crificateurs qui abufoient de la fimplicité du peuple , cela n'empêche
pas que le Démon n'y ait eu part , pour s'attirer quelque culte , & pour
augmenter lafuperftition. LesPhilofophesPayens ont été de ce fenti-
ment , fpécialement Platon , Xcnocrate , Chryfippc , Democrite , avant
la Naiffance de Jesds-Christ , Porphyre, lamblique, & autres qui
ont vécu dans les premiers Siècles de l'Egiife. Ces f hilofophes attri-
buent les Oracles non feulement aux Dieux Seaux bons Génies; mais
auffi aux mauvais. Ils difént que les Dieux Scies bons Démons ne trom-
pent jamais, &ne confeillentriend'injufte: & que les mauvais men-
tent dans leurs Oracles,& donnent de pernicieux Confeils. Tous les Au-
teurs Chrétiens de la primitive Eglifc ont crû que le Démon avoit ren-
du des Oracles; entr'autresAthenagoras, TertuUien, Minucius Félix,
Origene, Eufebe, Firmicus , Sec. Voici ce que Tcrtullien dit des
Démons : ils veulent imiter la. Divinité , en s attribuant la divination.
Mais les Crœfiis , C? les Pyrrhus favent avec quel artifice ils rendent leurs
Oracles ambigus , peur les accommoder aux évenemens. Minucius Félix,
en parle ainfi. Ces Démons V Efprits impurs , comme ont montré les Ma-
ges, les Philosophes , çy Platon, fe cachent fous les Statues v" les Images
'qui leur font confacrées ,crc. ils rendent des Oracles , envelopez de plufieurs
faftjfetez; car ils fe trompent , ne fâchant pas la vérité; & ils trompent
les autres , ne découvrant pas celles qu'ils peuvent favoir. Eufebe s'é-
tend fort fur les artifices ôc les tromperies de ceux qui féduifoient
le peuple par leurs faux Oracles , mais après il ajoute qu'il faut
avouer, fuivant le fentiment des Pères de l'Egiife , que les Démons
ont auffi rendu des Oracles dans les Statues qui leur étoient con-
facrées , ou par les perfonnes qu'ils poffédoient. Entre les Auteurs
récens , le favant Voffius foûtient, que fi quelques Oracles ont été dts
impoftures de perfonnes cachées , il ne s'enfuit pas qu'il n'y en ait point eu
qui ajmt été rendus par les Démons pour féduire a' tromper ceux qui les
confuhoient : CT que s'il y avott des équivoques , ceft que les Démons ne fa-
vent pas l'avenir , iy n'en peuvent avoir que quelques conjeâlures fubtiles ,
mais fujettes à l'erreur : C'eft pourquoi ils étoient obligez, de fi fervir de
paroles obfcures c ambiguës , afin de faire croire qu'on n' avoit pas bien
entendu le fens de l'Oracle , fi l'événement n étoit pas tel qu'on ï avoit ef-
peré. Il eft fait mention de ces Oracles du Démon dans l'Ecriture Sain-
te. Au IV. Livre des Rois fA^/i. I. il eft dit qu'Ochofias Roi d'Ifraël
envoya confulter Beelzebub Dieu d'Accaron , fur l'événement de fa
maladie, & que le Prophète Elle alla de la part du vrai Dieu au de-
vant des Officiers de ce Roi pour leur demander pourquoi ilsalloient
confulter ce faux Dieu d'Accaron. Il eft parlé d'une Pythoniffe à la-
quelle Saiil eut recours, dans le I. Livre des Rois, chap. 28. &: d'une
autre Pythoniffe dont laint Paul chaffa le Diable qui lui faifoit devi-
ner l'avenir, aux Ades des Apôtres, c^/T/'. 16. Je finis cet Article avec
les paroles^e Cœlius Rhodiginus , liv. 2. chap. 1 1. des anciennes Leçons:
Omnino non abfique D&monum participatu hac traHabatur negocialto , ut
quidquid fenfiro promam ingénue. Après avoir rapporté toutes les im-
poftures des Sacrificateurs, il conclut ainfi. Certainement tout cela ne
fi faifoit point fans la participation cr Ventremife des Démons, pour dire
ingénument ce que j'en penfi. Les Oracles les plus célèbres étoient ceux
d'Apollon dans le Temple de Delphes , ville de laPhocide en Grèce : de
Jupiter Dodonéen, dans l'Epire: de Jupiter Ammon, dans l'Afrique:
d'Apollon Clarius proche deColophon, ville d'Ionie dans l'Afie Mi-
neure: de Serapis, à Alexandrie d'Egypte: de Trophonius, dans la
Bœocie: de la Sibylle de Cumes , en Italie , cyc *Tertullien,^/'o%/.
chap 11. Minucius Félix, in Oâiavio. Eufebe, Pr£par. Evang. liv. 4.
Voffius. de Idol.l.x. C.6. SU P.
ORAISON (Marthe d') Baronne d'Allemagne, 8c Vicomteffe de
Salernes, très-illuftre, par fa naiffance &c par fa pieté. Elle étoit fille
de François Marquis d'Oraifon èc de Madeleine de la Louve, &fut
mariée au Baron d'Allemagne des Maifons du Mas & de Caftellane,
qui fut tué en duel à Aix par le Baron de la Roque. LePereHilarion
de Cofte a fait l'éloge de cette illuftre Dame célèbre dans le XVIL
Siècle.
O R AN , Ville d' Afrique , fur la côte de Tremifen & dans le Royau-
me d'Alger. Les Efpagnols qui la nomment Orano , en font maîtres
depuis l'an 1 509, qu'ils la prirent fous le Cardinal Ximenès, Elle eft fur
ose
64 O R A.
une colinc > avec un port affez commode & une Fortereffe. Elle eft cen-
leedu Diocefe de Tolède, quoi qu'elle en Ibit extrêmement éloignée.
Les habitans du pais lui donnent le nom de Guharan. Elle a eu aiitrefois
celui de 'ituija. Les Turcs l'alTiegerenc inutilement en 1556.
^ ORANGii, Ville, Evêché & Frincipaute de France, en Proven-
ce,a une lieùë du Rhône ,ôc environ atroisd'Avignon. Les Anciens
l'ont nommée diverfement,^rfl«^5 Civaram ou Secundanorum, Araufi-
ca Civitnii/iAranfioyienjisurbs, qui elt le nom que lui donne Sido-
rius ApoUinaris. Quelques-uns ont eftnné qu'elle fut bâtie parles l^ho-
céehs , fondateurs de MarfeiUe: Mais a la vérité cette origine eft peu
certaine. 11 n'elt pourtant pas difficile de juger qu'Orange eft une
Ville très-ancienne , & qu'elle a été unportante , quand on conlidére ces
reftes de la magnificence des Romains que les Voyageurs ne manquent j
jaraaisd'y admirer. Car ony voit un Cirque, bâti avec beaucoup d'art;
& les lieux d'oii l'on tiroit les bêces , avec des aqueducs. Ony trouve '
une partie d'une grolfe Tour , que quelques-uns prennent pour un Tem-
ple de Diane, & uiverles autres pièces anciennes. iMais le refte d'un arc de
triomphe qui eft hors des murailles, mérite qu'on le conlidére. Caius
Marins & Luûatius Catulus le firent élever , après la viétoire rempor-
tée fur les Cimbres ë: les Teutons. La Ville étoit autrefois beaucoup
plus grande qu'elle n'eft aujourdfaui: mais elle a beaucoup fouffert par '
les courfes de divers Barbares. Sa fituation eft préfentement vers les pe-
tites Rivières d'Aiguës & de Maine,à une lieuë du Rhône, comme je l'ai
déjà dit. Sa ForterefTe , que Maurice de Naffau Prince d'Orange rendit
léguliere en i6iz. étoit fur une coline,8c faifoit confiderer Orange
comme une des plus fortes Villes de l'Europe. Mais elle a été rafée depuis
l'an 1600. comme tout le monde le fait. On prétend que Guillaume
furnommé le Cornet ou au Coari-Kcz,, fut Prince d'Orange dutemsde
Chaiiemagne, environ l'an 800. Ses defccndans en jouirent jufqu'à
Rambaud IV. qui étant mort fans enfans environ l'an ii77.Tiburge
porta cet Etat à Bertrand de Baux. Leur fils Guillaume commença la
féconde race des Princes d'Orange, quife continuajufqu'en 1393. que
Raimond V. mourut fans enfans mâles, & que Marie de Baux fa fille
transfera la Trincipauté dans la Maitbn de Chàlon , par fon mariage avec
Jean de Chàlon. Leur fils Louis eut Guillaume VIII. qui laiflajeanll.
père de Philibert. Ce dernier mourut fans enfans en ijoz. lailTa hé-
ritière fa fœur Claude , mariée a Henri de Naffau. Ainfî ce petit Etat
fut tranfporté dans cette quatrième Maifon. René fils de Henri de Naf-
fau & de Claude de Chàlon, PrincefTe d'Orange, en futhéritier: mais
étant mort fans enfans en I54^. il fit héritier Guillaume deNaflaufon
oncle paternel. On lait affez que Guillaume IX. de ce nom .eutdedi-
verfes femmes, Philippe, Guillaume, Maurice & Frédéric Henri, qui
tous ont été Princes d'Orange ; ik que ce dernier eut Guillaume de Naf-
fau , qui époufa Henriette - Marie, fille de Charles I. & qui eft
père du Prince d'Orange d'aujouid'hui.Ce que j'expliquerai. plus par-
ticulièrement dansla fuite , en parlant de tous les Princes d'Orange , de-
puis Guillaume I. Cette Principauté comprend Orange , Courthezon,
Jonquieres & Gigondas, clos de Murailles, avec quelques autres petits
Bourgs. Elle a quatre lieues delongueur, & quatre de largeur ,& elle
eft enclofe dans le Comté Venaiffin. Leterroiryeft extrémementfer-
tile , & fur tout en vins , en bleds , en fafran , &c. La Ville d'Orange a
Univeriïté établie par Raimond V. en 1 365.02: Parlement .fondé par
Guillaume de Chàlon en 1470. Il eft très-lur que les Comtes de Proven-
ce ont eu la haute Souveraineté de cet Etat; &que les Princes d'Oran-
ge leur en ont faithommage. Ainfi cette Principauté eft mouvanteen
fief 8c hommage-lige du Comté de Provence. L'EvêchéetlSuffragant
d'Arles, & il y a eu d'illjjftrcs Prélats; comme Confiance quife trouva
au Concile d'Aquiléé en'381. Saint Eutrope à qui le Pape Hilaire &J
Sidonius Apollinaris écrivirent, S. Florent, &c. 11 ne faut pas auflr ou-
blier que l'Ordre de Malte a eu une partie de la Seign eurie de liVillc d'O-
range , qui loufFrit extrêmement dans le XVI. Siècle, par la violence
des Calviniftes, foûtenus par l'autorité du Prince qui étoit de leur par-
ti.! lschafl*erentl'Evêque& les Chanoines, ruinèrent les Eglifes& les VI o-
îialleres , & le crtirent tout permis dans un tems de licence & de fureur,
îi'lais dans ce Siècle les Eglifes ont été réparées , l'Evêque a été rétabU,
& laRcligion Orthodoxe y refleuritparlesfoinsduRoi,quinommeà
l'Evêché , com m e premier Sou v erain en qualité de Comte de Proven ce,
parce que le Prince eft Proteftant. Le Roi Louis XI. avoir autrefois
foûmis la Principauté d'Orange au Parlement du Dauphiné : mais com-
me il n'étoit pas encore Comte de Provence , il ne pouvoit pas agir con-
tre le Principal Souverain de cet Etat -comme M. DuPuil'abienremar--
que. Mais la difcuffion de cette controverfe ne fait rien à mon fujet. 11
me fuffit de donner une connoifiance générale des Princes d'Orange. La
fucceflâon de ceux de la première race eft beaucoup incertainejufques à
Rambaud II. Comte d'Orange l'an 1096. On prétend que le premier
Gomteiou Prince étoit Guillaume 1. de ce nom, furnommé au Cor-
net, c'eft à dire au cor dechaife, qui fait encore aujourd'hui les armes
d'Orange. D'autres eftiment qu'il fut furnommé au court-nez , parce
qu'on lui avoir coupé le bout du nez avec une épée.U eft difficile de prou-
ver ces faits & de pouvoir dire fi ce Guillaume étoitBourguignon ou
fils d'un Vicomte de Narbonne, comme d'autres le prétendent On
croit communément que fon mérite lui fit avoir part dans les bonnes
grâces de Charlemagne, qui vivoit en 806. qu'il eut deux femmes . &
qu'il laifla un fils nommé Bernard. Sitouscesfaitsfont véritables il faut
conclurre que ce premier Comte d'Orange eft le même que S. Guil-
laume, Comte de Touloufe,filsdeThierri, Comte du teras de Pé-
pin. Il fonda l'Abbaïe deS.GuillemleDéferten8o4. & il mourut fain-
tement. Avant fa retraite il avoit époufé en prL mieres noces Chunegon-
de, & en fécondes Guiberge,?< il eut entre autresenfansBernardDuc
de Septimanie, Comte de Touloufe, deBarcelonne,&c. comme je le dis
en parlant du Languedoc. Quoi qu'il en foit, on dit que Guil-
laume au cornet eut aufll une fille nommée Herimbrue qui fur ma-
riée à un gr«pd Seigneur de Provence, dont elle eut Hugues, Mar-
quis d'Orange, dont la pofterité efl: inconnue , & Rorgon, Comte
d'Orange. Nous ignorons fa fucceffion auffi-bien que celles des fui-
vans qui ont poffédé le Comté d'Orange, favoir Alatais en 880.
Rambaud I. de ce nom , en 910. Bozon l'an 914, Geraui-Àdhe-
O R A.
MAR, l'an 1086. Et Rambaud II. Comte d'Orange, l'an 1096. Ce-
lui-ci fit le voysge de la Terre-fainte. Son origine n'eft pas connue;
mais on fait qu'il laifl'a vers l'an iiij. une fille nommée Tibur-
GE I. de ce nom, Princeile d'Orange, qui époufi Guillaume II. qui
avoit part à la même Principauté. Ils eurent deux fils qui partagèrent
également les biens de leur Maifon, & deux filles .Guillaume III, qui
fuit: Rambaud III. mort fans enfans : Tiburge II. héritière de fon
frerc Rambaud &: femme de Bertrand' de Baux; Et Tiburgette , ma-
riée avec Adhemar de Murvieux. Guillaume III. Prince d'Orange
en II 50. eut Guillaume IV. qui fuit ; Et Tibour qui eut par à la
Principauté d'Orange, & qui n'eut point de lignée de Rambaud Gui-
fan fon mari. Guillaume IV. Prince d'Orange pour le quart , en
1174. fut père de Rambaud IV, qui mourut fans enfans. Ainfi cet-
te Principaiité pafla dans la Maifon de Baux. Bertrand de Baux II,
de ce nom. Prince d'Orange, & puis Baron de Baux ^ eut deTibur-
ge 1 1. Princeffe d'Orange , Guillaume V. qui fuit : Bertrand &:
Hugues. Je parle de ces Seigneurs fous le nom de Baux , & il feroit
inutile de repeter ici la même chofe. Il fuffit de remarquer , que
Raimond de Baux V. du nom , Prince d''Qrange , mourut vers l'an.
1303. ayant eu de Jeanne de Genève fà femme , Marie PrincefTe
d'Orange, & Alix Baronne de Baux. Marie époufa Jean de Chà-
lon, Baron de Harlai, qui fit la troifiéme Race des Princes d'O-
range. Il mourut en 1417. laifTant Louis qui fuit. Jean , tige des
Comtes de Joigni: Alix, mariée à Guillaume de Vienne; Et Ma-
rie, femme du Comte de Frîhourg. Louis DE Chalon, Prince d'O-
range, époufa en premières noces Jeanne de Montbeillard , & en fé-
condes Eleonor d' Armagnac, & il mourut l'an 1463. C'étoit un Prin-
ce hardi & courageux. Le Duc de Savoye & lui s'étoient déclarez
partifans du Duc de Bourgogne contre le Roi Charles VII. & ils s'é-
toient promis de partager entre e.uxle Dauphiné. Louis de Gaucour
Gouverneur pour le Roi en cette Province rompit bien-tôt leurs me-
fures. Il défit, entre Colombiez & Anthon, le Prince jqui aima mieux
fauter dans le Rhône à cheval &: armé de toutes pièces pour lepaffet
à la nage, que de tomber entre les mains du vainqueur. Ce futeni4i9.
Defa première fem.me, il eut Guillaume VIII. quifuit;& de lafecon-
de , Jeanne de Chàlon, mariée à Louis, Comte de la Chambre. Guil-
laume DE Chalon VIII. du nom. Prince d'Orange, fe mit dans le
parti des Ducs de Bourgogne quinelui fut pas avantageux : Car aprè.<5
diverfes pertes, il fut fait prifonnier en 1473. & il ne Ibrtit de prifon
après deux ans , qu'après avoir promis de payer quarante mille écus
de rançon.